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Beaucoup voient la mer comme la nouvelle frontière économique. La mer recèle en effet
des ressources naturelles d’une immense richesse ainsi qu’un fort potentiel pour la
croissance, l’emploi et l’innovation. Il est par ailleurs de plus en plus certain
qu’elle aura une importance cruciale face à bon nombre des défis auxquels le monde
se verra confronté dans les décennies à venir, de la sécurité alimentaire et du changement
climatique à la production d’énergie en passant par l’approvisionnement en ressources
naturelles, sans oublier les progrès de la médecine. Cependant, si elle est susceptible
d’être d’une aide considérable lorsqu’il s’agira de relever ces défis, la mer se trouve
d’ores et déjà soumise à de fortes tensions résultant de la surexploitation de ses
ressources, de la pollution, du recul de la biodiversité et du changement climatique.
La réalisation de son plein potentiel exigera par conséquent l’adoption de stratégies
propres à assurer un développement économique maritime qui soit responsable et durable.
L’économie de la mer s’entend, comme son nom l’indique, des secteurs d’activité ayant
un lien avec la mer (transport maritime, pêche, éolien en mer, biotechnologies marines)
mais aussi des actifs naturels et des services écosystémiques que l’on doit à celle‑ci
(ressources halieutiques, voies de navigation, absorption de CO2, entre autres). Les
deux éléments étant intimement liés, le présent rapport traitera de nombreux aspects
des services et de la gestion écosystémiques, considérés à travers le prisme des activités
en rapport avec la mer.
À en juger par la contribution de ses secteurs d’activité aux résultats économiques
et à l’emploi, l’économie de la mer a un poids non négligeable au niveau mondial.
D’après les premiers calculs réalisés à partir de la Base de données de l’OCDE sur
l’économie de la mer, il est possible, sans s’avancer nullement, d’établir cette contribution
à 1 500 milliards USD pour l’année 2010, soit approximativement 2.5 % de la valeur
ajoutée brute (VAB) mondiale. L’exploitation de pétrole et de gaz en mer représente
à elle seule un tiers de la valeur ajoutée créée par les activités liées à la mer ;
viennent ensuite le tourisme maritime et côtier, les équipements maritimes et les
activités portuaires. Toujours en 2010, le nombre d’emplois directs à temps plein
portés par l’économie de la mer avoisinait quant à lui les 31 millions, les principaux
employeurs étant le secteur de la pêche industrielle, pour plus d’un tiers du total,
et celui du tourisme maritime et côtier, pour pratiquement un quart.
Les activités économiques tournées vers la mer connaissent une expansion rapide, déterminée
avant tout par les changements à l’œuvre à l’échelle mondiale en ce qui concerne la
démographie, la croissance économique, les échanges et la progression des revenus,
le climat et l’environnement ainsi que la technologie. À l’heure actuelle, la dégradation
des milieux marins pèse toutefois lourdement sur leur développement. Les émissions
anthropiques de carbone s’étant accrues au fil du temps, la mer en a absorbé une bonne
partie, ce qui est à l’origine de son acidification. À cela s’ajoutent l’élévation
de la température et du niveau de ses eaux ainsi que la modification des courants
marins, qui sont la cause d’un recul de la biodiversité et de disparitions d’habitats,
de modifications affectant la composition des réserves halieutiques et les habitudes
migratoires des poissons, et, dans le domaine de la météorologie, d’une augmentation
de la fréquence des phénomènes océaniques extrêmes. L’avenir du développement maritime
est assombri encore par la pollution due aux activités terrestres, et en particulier
par les ruissellements d’origine agricole, les produits chimiques, les plastiques
et les microplastiques que les rivières drainent jusqu’à leur embouchure, ainsi que
par la surpêche et l’épuisement des stocks de poisson en maints endroits du globe.
À l’horizon 2030, de nombreux secteurs d’activité liés à la mer pourraient bien afficher
une croissance supérieure à celle de l’économie mondiale prise dans son ensemble,
que ce soit en termes de valeur ajoutée ou en termes d’emploi. Les projections indiquent
en effet qu’entre 2010 et 2030, à supposer que les évolutions actuelles se poursuivent,
l’économie de la mer pourrait largement doubler sa contribution à la valeur ajoutée
mondiale et franchir la barre des 3 000 milliards USD. Une croissance particulièrement
forte est attendue en ce qui concerne l’aquaculture marine, l’éolien en mer, les activités
de transformation du poisson, ainsi que pour la construction et la réparation navales.
Les secteurs d’activité liés à la mer promettent également d’apporter une contribution
notable à la création d’emplois puisque l’on estime qu’en 2030, ils représenteront
approximativement 40 millions d’emplois en équivalent temps plein, toujours dans le
cadre d’un scénario au fil de l’eau. La progression la plus soutenue à cet égard est
attendue de l’éolien en mer, de l’aquaculture marine, du secteur de la transformation
du poisson et des activités portuaires.
Pour les décennies à venir, on fonde de grands espoirs sur les progrès de la science
et de la technologie, aussi bien pour trouver le remède à bon nombre des menaces touchant
les milieux marins dont il a été question plus haut que pour contribuer au développement
des activités économiques liées à la mer. Les innovations dans les domaines des matériaux
avancés, de l’ingénierie et de la technologie sous‑marines, des capteurs et de l’imagerie,
des technologies satellites, de l’informatisation et de l’analytique de données massives,
des systèmes autonomes, des biotechnologies et des nanotechnologies auront une incidence
sur tous les secteurs de l’économie de la mer.
Dans un tel contexte en mutation rapide, il sera bien difficile pour la réglementation
et la gouvernance d’évoluer à un rythme comparable. Le monde devient de plus en plus
multipolaire et, quand bien même la COP21 a marqué récemment un tournant, il s’avère
toujours plus ardu de réunir un consensus international sur des questions d’envergure
mondiale ou régionale qui sont lourdes d’enjeux pour le milieu marin et les activités
liées à la mer. Pour autant qu’on puisse prévoir, la réglementation de ces activités
devrait conserver pour l’essentiel un caractère sectoriel puisqu’elle tendra avant
tout à intégrer les secteurs d’activité émergents dans des cadres existants et distincts.
Une croissance future des secteurs d’activité liés à la mer de l’ordre de celle décrite
dans le présent rapport laisse présager une accentuation des pressions exercées sur
des ressources marines et des espaces maritimes déjà soumis à d’intenses contraintes,
à commercer par les zones économiques exclusives (ZEE), qui concentrent l’essentiel
de l’activité. Il n’a encore jamais été possible d’opposer à ces contraintes une action
efficace et rapide, ce qui s’expliquerait en grande partie par le fait que la gestion
des activités marines obéit depuis toujours à une approche sectorielle. Cependant,
on a vu ces dernières années augmenter de façon significative le nombre de pays et
de régions ayant mis en place des cadres stratégiques censés leur permettre de mieux
gérer l’espace maritime compris dans leur ZEE. Malgré cela, bien des obstacles continuent
de s’opposer à une gestion des mers intégrées et efficace qui demanderont à être levés
dans un proche avenir.
Afin d’élargir les perspectives de développement à long terme des nouveaux secteurs
d’activité liés à la mer et d’en intensifier la contribution à la croissance et à
l’emploi tout en veillant à une gestion responsable et pérenne de la mer, différentes
recommandations visant à favoriser le développement durable de l’économie de la mer
sont mises en avant dans le présent rapport.
Favoriser la coopération internationale dans les domaines des sciences et technologies
maritimes en tant que moyen de stimuler l’innovation et d’engager l’économie de la
mer plus avant sur la voie du développement durable.
Cela suppose, entre autres, d’entreprendre des analyses et des examens comparatifs
portant sur l’influence que la politique publique exerce sur les clusters maritimes
de par le monde, notamment au regard de l’efficacité avec laquelle ces derniers suscitent
et encouragent des innovations technologiques intersectorielles intéressant le domaine
maritime ; de mettre en place des réseaux internationaux pour le partage d’idées et
de données d’expérience au sujet de la création de centres d’excellence, d’incubateurs
et d’autres structures dédiées à l’innovation dans le champ des technologies maritimes
intersectorielles ; et de renforcer la diffusion des technologies et de l’innovation
entre pays à différents stades de développement.
Renforcer la gestion intégrée des mers.
Cela suppose en particulier de s’appuyer davantage sur les analyses et outils économiques
disponibles, à travers par exemple la mise en place de plateformes internationales
d’échange de connaissances, de données d’expériences et de bonnes pratiques et l’accentuation
des efforts visant à apprécier l’efficacité économique des investissements publics
consacrés à la recherche et à l’observation marines. Il conviendrait également de
s’employer à promouvoir l’innovation, tant dans les structures et processus de gouvernance
que dans l’engagement des parties prenantes, afin que la gestion intégrée des mers
soit rendue plus efficace, efficience et inclusive.
Consolider les bases statistiques et méthodologiques nationales et internationales
servant à apprécier la taille et la performance des secteurs d’activité liés à la
mer et leur contribution à l’économie globale.
Ce volet pourrait comprendre, entre autres activités, le développement de la Base
de données de l’OCDE sur l’économie de la mer.
Étoffer les capacités de prospective du secteur maritime
, avec notamment l’évaluation des changements à venir dans les secteurs d’activité
liés à la mer et le renforcement des moyens dont l’OCDE dispose actuellement pour
modéliser les tendances qui se dessineront demain pour l’économie de la mer à l’échelle
mondiale.
La reproduction de ce résumé est autorisée à condition que la mention OCDE et le titre
original de la publication soient
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Les résumés multilingues sont des extraits traduits de publications de l’OCDE parues
à l’origine en anglais et
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