2. Effectifs et caractéristiques socio-démographiques de la diaspora sénégalaise

Les données disponibles les plus récentes indiquent qu’environ 400 000 émigrés sénégalais résidaient dans les pays de l’OCDE en 2020 (Graphique 2.1). Le Sénégal est donc le pays de l’UEMOA avec le plus grand nombre d’émigrés résidant dans les pays de l’OCDE, devant la Côte d’Ivoire (environ 240 000 émigrés) et le Mali (environ 170 000 émigrés). Depuis 2000, le nombre d’émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE a augmenté de façon très importante ; ils étaient en effet environ 140 000 en 2000, 258 000 en 2010 et 330 000 en 2015. Entre 2000 et 2020, leur effectif global dans les pays de l’OCDE a donc augmenté de 185 %. En termes relatifs, c’est moins que pour les diasporas ivoirienne et malienne, qui ont vu leur effectif augmenter de 245 %, mais la croissance de la diaspora sénégalaise a été plus importante en termes absolus (+26 000 personnes). Parmi les autres pays de l’UEMOA, qui ont des diasporas plus petites dans les pays de l’OCDE et pour lesquels on ne dispose pas des données les plus récentes, des évolutions très rapides ont également été observées : entre 2000 et 2015, l’effectif d’émigrés nés au Togo a augmenté de 235 %, tandis que celui des personnes nées au Burkina Faso a augmenté de 213 % ; sur cette même période, le nombre d’émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE avait augmenté de 130 %.

Les données concernant les émigrés sénégalais hors des pays de l’OCDE sont incomplètes et moins précises que celles disponibles pour les pays de l’OCDE (Graphique 2.2). Les estimations des Nations Unies font état d’environ 700 000 émigrés sénégalais résidant dans l’ensemble des pays du monde en 2020. Parmi eux, environ 33 % résideraient dans un pays d’Afrique de l’Ouest, soit un effectif d’environ 230 000 émigrés, dont plus de la moitié (133 000) en Gambie, pays quasiment enclavé dans le Sénégal. Selon ces estimations, les autres principaux pays de destination ouest-africains des émigrés sénégalais en 2020 étaient la Côte d’Ivoire (30 000 personnes), le Mali (24 000 personnes), la Mauritanie (19 000 émigrés) et la Guinée-Bissau (9 000 émigrés). En dehors de la région ouest-africaine, le Gabon (30 000 émigrés) et le Congo (13 000 émigrés) sont également des pays de destination significatifs pour les émigrés sénégalais.

Le Graphique 2.3 met en évidence la répartition géographique des émigrés sénégalais dans les principaux pays de destination de l’OCDE. La France est le pays de l’OCDE privilégié par les émigrés sénégalais : environ 160 000 émigrés sénégalais résidaient en France en 2020. Vient ensuite l’Italie, avec environ de 110 000 émigrés sénégalais en 2020. L’Espagne est la troisième destination des Sénégalais parmi les pays de l’OCDE, avec environ 57 000 personnes, devant les États-Unis avec 32 000 émigrés sénégalais. Les autres principaux pays de destination sont le Canada, pour lequel on ne dispose pas d’une estimation à jour du nombre d’émigrés sénégalais (9 000 en 2015/16), puis la Belgique (7 000 émigrés sénégalais en 2020) et le Royaume-Uni (2 500 émigrés sénégalais en 2015/16).

En valeur absolue, l’augmentation la plus importante revient aux émigrés sénégalais en Italie : on en dénombrait en effet 29 000 en 2000/01, leur effectif a donc augmenté de 80 000 en 20 ans. En termes relatifs, cet accroissement a induit une multiplication de leur nombre par 3.7. On retrouve un accroissement absolu presque aussi élevé en France (+77 000 personnes, × 1.9). L’Espagne reste toutefois le pays où le nombre d’émigrés sénégalais a augmenté le plus rapidement, puisque leur nombre est passé de 11 000 en 2000/01 à 57 000 en 2020, soit une multiplication par cinq. Aux États-Unis, les émigrés sénégalais ont vu leur nombre augmenter de 11 000 en 2000/01 à 32 000 en 2020 (× 2.9). Bien qu’on ne dispose pas de données concernant les émigrés sénégalais au Canada pour 2020, leur nombre avait augmenté de façon très rapide entre 2000/01 et 2015/16, passant de moins de 2000 à près de 9 000 (× 4.7). Enfin, concernant la Belgique, bien que l’accroissement en termes absolus reste limité, le nombre d’émigrés sénégalais passant de 1 500 en 2000/01 à 7 000 en 2020, l’accroissement relatif a été presqu’aussi rapide qu’en Espagne (× 4.9).

Par ailleurs, parmi l’ensemble des Sénégalais résidant à l’étranger, les estimations actuelles indiquent qu’environ 14 000 sont réfugiés (Encadré 2.1). Ces réfugiés sont théoriquement comptabilisés dans les chiffres de population née à l’étranger dans leurs pays d’accueil respectifs mais cela dépend en pratique des sources de données et des pratiques des pays hôtes.

Une autre catégorie spécifique d’émigrés sénégalais sont les étudiants en mobilité internationale. Plus de 12 600 étudiants sénégalais étaient en mobilité internationale en 2019 (Graphique 2.5). Parmi eux, 80 % étudiaient en France et 12 % en Amérique du Nord. L’effectif total d’étudiants sénégalais à l’étranger a augmenté significativement entre 2014 et 2019, passant de 9 600 à 12 600, soit une augmentation de 31 %. Après la France, les principaux pays de destination des étudiants sénégalais sont le Canada (près de 1 000 étudiants) et les États-Unis (environ 500 étudiants). En dehors de la France, où le nombre d’étudiants sénégalais a augmenté de 36 % entre 2014 et 2019, une croissance non négligeable est également observée au Canada (+42 %), en Allemagne (+27 %) et en Turquie (+60 %). En revanche, le nombre d’étudiants sénégalais a fortement chuté en Italie.

La répartition régionale des émigrés sénégalais dans leurs principaux pays de destination suit globalement la répartition spatiale de la population immigrée dans ces pays. Toutefois, ils apparaissent souvent plus concentrés dans un nombre limité de régions que ne l’est la population immigrée. Dans le cas de la France, principale destination dans les pays de l’OCDE, 50 % des émigrés sénégalais vivaient en Ile-de-France – région de la capitale – en 2018/19, alors que cette région n’accueillait que 38 % de l’ensemble des immigrés et 19 % de la population totale (Graphique 2.6). Les autres régions françaises principales de résidence des émigrés sénégalais étaient la Provence-Alpes-Côte d’Azur (8 %), l’Auvergne-Rhône-Alpes (7 %) et la Normandie (6 %). À l’exception de la Normandie, la part des émigrés sénégalais dans ces régions est toutefois largement inférieure à leur poids dans la population immigrée et plus encore dans la population totale.

Les émigrés sénégalais diplômés du supérieur ne sont pas plus dispersés ou concentrés que l’ensemble des émigrés sénégalais. L’Ile-de-France accueille ainsi 48 % des Sénégalais diplômés du supérieur, contre 50 % de l’ensemble des émigrés sénégalais. Globalement, les émigrés sénégalais en France sont moins concentrés géographiquement que leurs homologues ivoiriens et surtout maliens (qui résident pour 80 % d’entre eux en Ile-de-France).

En Italie et en Espagne, où la répartition régionale de la population immigrée est nettement moins polarisée qu’en France, on retrouve une répartition plus homogène pour les émigrés sénégalais (ou, dans le cas de l’Italie, pour les ressortissants sénégalais). En Italie, 29 % des Sénégalais résident en Lombardie, dans le Nord du pays, leur principale région de résidence, qui accueille 23 % des étrangers et 17 % de la population totale du pays (Graphique 2.7). Les ressortissants sénégalais sont également surreprésentés dans le Piémont (12 %, contre 8 % des étrangers et 7 % de la population totale) et en Émilie-Romagne. À l’inverse, les Sénégalais sont sous-représentés dans le Latium, région où se situe la capitale italienne : seuls 5 % d’entre eux y résident, alors que c’est le cas de 12 % de l’ensemble des étrangers et de 10 % de la population totale.

Dans le cas de l’Espagne, quatre régions principales accueillent les émigrés sénégalais : la Catalogne (30 %), l’Andalousie (17 %), Valence (8 %) et le Pays Basque (7 %) (Graphique 2.8). Par rapport à l’ensemble des immigrés résidant en Espagne, les émigrés sénégalais sont sous-représentés dans les régions de Valence et de Madrid, mais ils sont nettement surreprésentés en Andalousie et en Catalogne.

En 2015/16, 37 % des émigrés sénégalais vivant dans les pays de l’OCDE étaient des femmes. Cette proportion est très largement inférieure à celle de l’ensemble des immigrés (51.5 %) et de l’ensemble de la population née dans les pays de l’OCDE (51 %). La diaspora sénégalaise est l’une des moins féminisées des pays de l’UEMOA, à quasi-égalité avec la diaspora malienne, comme le montre le Graphique 2.9. La diaspora ivoirienne est la plus féminisée, avec 49 % de femmes, suivie par les diasporas nigérienne et togolaise, avec respectivement 46 % et 45 % de femmes.

La répartition des émigrés sénégalais par genre varie toutefois selon le pays d’accueil. En effet, la proportion de femmes parmi les émigrés sénégalais est plus élevée en France que dans d’autres pays de destination (voir également Graphique 2.11). En 2018/19, on comptait environ 47 % de femmes parmi les émigrés sénégalais en France. En Italie et en Espagne, la part des femmes parmi les émigrés sénégalais est nettement plus faible (respectivement 27 % et 19 % en 2015/16). Aux États-Unis, en 2015/16, environ 40 % des émigrés originaires du Sénégal étaient des femmes, tandis que cette part était de 44 % au Canada.

Par rapport à l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE, les émigrés sénégalais sont dans l’ensemble plus jeunes, avec une part des 15-24 ans similaire (environ 10 %) mais une part des migrants de 65 ans et plus nettement plus faible. Ce dernier groupe ne représente en effet que 5 % des émigrés sénégalais, alors qu’il représente 15 % de l’ensemble des personnes nées à l’étranger vivant dans les pays de l’OCDE (Graphique 2.10). Au total, 90 % des émigrés sénégalais sont d’âge actif (15-64 ans). La distribution par âge des émigrés sénégalais est très proche de celle de l’ensemble des émigrés originaires des pays de l’UEMOA, avec toutefois une part légèrement plus faible d’enfants et de jeunes de 15 à 24 ans parmi les émigrés sénégalais et une part un peu plus importante de personnes de 65 ans et plus. Par ailleurs, la comparaison avec la distribution par âge de la population sénégalaise rappelle que les émigrés sont en très grande majorité issus de groupes d’âge qui n’ont pas forcément le même poids dans la population d’origine. En l’occurrence, la population sénégalais étant très jeune (43 % d’enfants de 0 à 14 ans), l’âge moyen des émigrés est nécessairement supérieur à l’âge moyen de la population du Sénégal. Par rapport aux natifs des pays de destination, les émigrés sénégalais sont à la fois sous-représentés parmi les enfants et parmi les personnes âgées.

La distribution par âge, et sexe, des émigrés sénégalais varie toutefois selon les pays de destination. Comme le montre le Graphique 2.11, les émigrés sénégalais vivant en France sont en moyenne nettement plus âgés que ceux résidant dans les autres principaux pays de destination : la part des personnes âgées de plus de 55 ans (hommes et femmes) atteint ainsi 26 % dans le cas de la France, alors qu’elle n’est que de 13 % en Italie et aux États-Unis, 7 % en Espagne et 6 % au Canada. La part des jeunes d’âge actif est particulièrement élevée au Canada, en particulier parmi les femmes : les 15-34 ans représentent ainsi 58 % des femmes de 15 à 64 ans au Canada, contre environ un tiers en France ou aux États-Unis. Du point de vue de la part des enfants parmi les émigrés sénégalais, le Canada et l’Espagne représentent deux situations extrêmes : alors que les enfants de moins de 15 ans représentent 4 % de l’ensemble des émigrés sénégalais vivant en Espagne, cette proportion est de 9 % au Canada. Cela reflète la prépondérance de l’immigration de travail des Sénégalais en Espagne et la part plus importante de l’immigration familiale à vocation permanente au Canada. La distribution par âge et sexe des émigrés sénégalais en Espagne se distingue par une part élevée des hommes de 25 à 44 ans, qui représentent la moitié de cette population, contre 21 % en France, 31 % en Italie, 33 % au Canada et 30 % aux États-Unis. La structure par âge et la très faible proportion de femmes dans l’émigration sénégalaise vers l’Espagne reflètent la précarité des conditions de migration et d’emploi des migrants sénégalais dans ce pays.

Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, en 2015/16, 17 % des émigrés sénégalais vivaient dans leur pays d’accueil depuis moins de cinq ans, tandis que 59 % d’entre eux étaient installés à l’étranger depuis plus de dix ans (Graphique 2.12). Les émigrés sénégalais constituent en moyenne dans les pays de l’OCDE une diaspora légèrement plus ancienne que l’ensemble des émigrés nés dans l’UEMOA. La part des émigrés récents au sein de la diaspora ivoirienne est ainsi supérieure à 20 %, avec moins de 60 % d’émigrés installés depuis plus de dix ans. La différence est encore plus marquée si l’on considère l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE, parmi lesquels 70 % sont installés dans leur pays de destination depuis plus de dix ans et environ 15 % sont des migrants récents arrivés depuis moins de cinq ans.

Ces différences tiennent à deux principaux facteurs : l’ancienneté relative des flux migratoires vers les pays de l’OCDE et leur dynamique récente, ainsi que la nature et l’importance des migrations de retour. Si les migrations de retour sont significatives et qu’elles interviennent relativement tôt, dans un contexte où les flux temporaires sont importants, la durée de séjour moyenne des immigrés sera plus faible que si la plupart des immigrés ne repartent pas vers leur pays d’origine ou s’ils le font seulement à la fin de leur vie active. Dans le cas du Sénégal, on manque malheureusement d’informations quantitatives pour caractériser finement les migrations de retour (voir Chapitre 5).

Les différences dans la distribution de la durée de séjour des émigrés sénégalais selon les pays de destination permettent d’identifier les différentes dynamiques migratoires à l’œuvre vers les pays de l’OCDE (Graphique 2.13). Parmi les principaux pays de destination de l’OCDE, la France et les États-Unis apparaissent comme les pays où la durée de séjour est en moyenne la plus élevée, avec respectivement 71 % et 63 % de séjours supérieurs à dix ans. A l’inverse, plus de 55 % des émigrés sénégalais vivant en Suisse y résident depuis moins de cinq ans, ce qui reflète une part importante de migrations temporaires dans ce pays et relativement peu de perspectives d’installation à long terme. Dans le cas du Canada, bien que la part des migrants récents soit également élevée (42 %), cela est surtout dû à la croissance récente des flux migratoires sénégalais vers de ce pays.

En 2015/16, plus de la moitié des émigrés sénégalais vivant dans les pays de l’OCDE (54 %) avaient un niveau d’éducation faible, ayant atteint au plus le premier cycle de l’enseignement secondaire (Graphique 2.14). Ils étaient 25 % à avoir un niveau d’éducation intermédiaire correspondant au second cycle de l’enseignement secondaire et 21 % un niveau d’éducation élevé. Par rapport à 2000/01, le niveau d’éducation des émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE a légèrement augmenté. La part des émigrés sénégalais ayant un faible niveau d’éducation a diminué de 3 points de pourcentage, tandis que la part de ceux ayant un diplôme du supérieur a augmenté de 2 points de pourcentage. Le niveau d’éducation de l’ensemble des immigrés vivant dans les pays de l’OCDE a connu une dynamique nettement plus favorable, avec une augmentation de plus de 7 points de pourcentage des diplômés du supérieur.

Globalement les émigrés sénégalais résidant dans les pays de l’OCDE ont une distribution de l’éducation moins favorable que celle de l’ensemble des immigrés ou des natifs des pays de l’OCDE : au sein de ces groupes, on compte respectivement un tiers et un quart de diplômés du supérieur (contre à peine un cinquième pour les émigrés sénégalais). En revanche, les émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE sont très nettement plus éduqués que l’ensemble de la population sénégalaise, ce qui reflète la très forte sélection positive de l’émigration en provenance des pays en développement et à destination des pays de l’OCDE. Même si la part des diplômés du supérieur au Sénégal a augmenté entre 2000 et 2015 (de 2 % à 3.2 %), elle reste faible et elle a cru moins vite que parmi les émigrés sénégalais ; l’écart s’est donc creusé avec les émigrés.

Par rapport aux émigrés originaires des autres pays de l’UEMOA, la part des émigrés sénégalais ayant un diplôme de l’enseignement supérieur est parmi les plus faibles, avec les émigrés maliens et bissau-guinéens (Graphique 2.15). À l’inverse, plus de la moitié des émigrés béninois, 45 % des émigrés nigériens et un tiers des émigrés ivoiriens sont diplômés de l’enseignement supérieur.

Le niveau d’éducation des émigrés sénégalais varie selon les pays dans lesquels ils résident (Graphique 2.16). En 2015/16, 78 % des émigrés sénégalais résidant en Italie avaient un faible niveau d’éducation. En revanche, seuls 8 % des émigrés sénégalais vivant au Canada et 13 % de ceux résidant aux États-Unis avaient un niveau d’éducation faible en 2015/16. En 2017-19, aux États-Unis, la proportion d’émigrés sénégalais ayant un niveau d’éducation faible n’était que de 11 % (contre 20 % pour l’ensemble des immigrés). L’Amérique du Nord est ainsi la région qui accueille en proportion le moins d’émigrés sénégalais ayant un niveau d’éducation faible. Les pays anglo-saxons accueillent aussi en proportion le plus d’émigrés sénégalais diplômés du supérieur. En effet, près de 79 % des émigrés sénégalais au Canada étaient diplômés du supérieur en 2015/16, cette proportion étant de 47 % au Royaume-Uni et de 45 % aux États-Unis. À l’inverse, l’Italie est le pays où la part de de diplômés du supérieur parmi les émigrés sénégalais est la plus faible – avec seulement 3 %.

En France, la répartition des émigrés sénégalais par niveau d’éducation est intermédiaire entre les pays d’Amérique du Nord et ceux d’Europe du Sud : en 2018-19, la part des diplômés du supérieur était de 33 %, tandis que la part des personnes ayant un niveau d’éducation faible était de 38 %.

Si les États-Unis et le Canada accueillent une proportion plus élevée d’émigrés avec un niveau d’éducation supérieur, la France reste le pays qui accueille le plus grand nombre d’émigrés sénégalais diplômés du supérieur des pays de l’OCDE puisqu’environ 60 % d’entre eux vivent en France. Les États-Unis accueillent pour leur part environ 15 % des émigrés sénégalais diplômés du supérieur.

L’Italie est le pays qui accueille le plus grand nombre d’émigrés sénégalais ayant un faible niveau d’éducation. Près de quatre émigrés sénégalais sur dix avec un niveau d’éducation faible vivent en Italie (38 % contre 53 % tous niveaux d’étude confondus) ; 30 % vivent en France quart d’entre eux vit en Italie et seulement 2 % vivent aux États-Unis.

Les femmes émigrées sénégalaises ont en moyenne un niveau d’éducation plus élevé que les hommes. En 2015/16, dans les pays de l’OCDE, 24 % des femmes émigrées sénégalaises avaient un niveau d’éducation élevé – tandis que c’était le cas pour 19.5 % des hommes – et 48 % avaient un niveau d’éducation faible – contre 58 % pour les hommes (Graphique 2.17).

Bien que l’augmentation du niveau d’éducation des émigrés sénégalais ait concerné les hommes et les femmes, le niveau d’éducation a progressé davantage parmi les femmes que parmi les hommes. La part des émigrés sénégalais masculins ayant un niveau d’éducation faible a diminué de 2 points de pourcentage entre 2000/01 et 2015/16 pour s’établir à 58 %, tandis que celle des diplômés du supérieur a augmenté de 1.5 point de pourcentage sur la même période (passant de 18 % à 19.5 %). Parmi les femmes émigrées sénégalaises, la part de celles ayant un faible niveau d’éducation a baissé de 2 points de pourcentage (passant de 50 % à 48 %), tandis que la part des diplômées du supérieur a augmenté de 3 points de pourcentage (passant de 21 % à 24 %).

Bien que le nombre d’émigrés sénégalais dans les pays de l’OCDE reste relativement faible par rapport à la population du Sénégal, ce pays a le taux d’émigration le plus élevé de tous les pays de l’UEMOA : en 2015/16 le taux d’émigration du Sénégal vers les pays de l’OCDE était de 3.5 % (Graphique 2.18). Ce taux a augmenté relativement à 2000/01, puisqu’il était alors de 2.3 %. Le taux d’émigration du Sénégal est notamment supérieur au taux d’émigration de la Côte d’Ivoire (1.4 %) et du Mali (1.1 %).

Au niveau du continent africain, le Sénégal fait partie des 15 pays ayant les taux d’émigration les plus élevés (OCDE, 2019[2]). Le niveau relativement élevé du taux d’émigration du Sénégal vers les pays de l’OCDE peut notamment s’expliquer par le caractère plus ancien de l’émigration sénégalaise, ce qui a permis de constituer au fil du temps des réseaux pouvant faciliter l’émigration et l’installation dans les pays de destination. Comme dans l’ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne, les Sénégalais souhaitant émigrer font toutefois face à des contraintes de liquidité, ainsi qu’au caractère sélectif des politiques migratoires des pays de l’OCDE.

En décomposant le taux d’émigration des Sénégalais vers les pays de l’OCDE selon le sexe et le niveau d’éducation, deux constats apparaissent. Premièrement, le taux d’émigration augmente de façon très importante avec le niveau d’éducation. Ainsi, le taux d’émigration des personnes nées au Sénégal et ayant au maximum atteint le premier cycle du secondaire était de 2 % en 2015/16. Pour les personnes ayant un niveau d’éducation intermédiaire (deuxième cycle du secondaire), le taux d’émigration était de 10 %, tandis qu’il était de 19 % pour les diplômés du supérieur. Ce gradient du taux d’émigration en fonction du niveau d’éducation se retrouve de façon générale pour la plupart des pays en développement, en particulier en Afrique (d’Aiglepierre et al., 2020[3]). Deuxièmement, alors que le taux d’émigration des femmes est plus faible que celui des hommes pour les personnes peu éduquées, l’inverse est vrai pour les diplômés du supérieur. Alors que le ratio entre le taux d’émigration des femmes et celui des hommes est de 0.4 pour les personnes peu éduquées, il est de 1 pour les personnes ayant un niveau d’éducation intermédiaire et de 1.2 pour les diplômés du supérieur (Graphique 2.19).

Références

[3] d’Aiglepierre, R. et al. (2020), « A global profile of emigrants to OECD countries : Younger and more skilled migrants from more diverse countries », Documents de travail de l’OCDE sur les questions sociales, l’emploi et les migrations, n° 239, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/0cb305d3-en.

[1] Lutz, W. et al. (2018), Demographic and Human Capital Scenarios for the 21st Century: 2018 assessment for 201 countries, Publications Office of the European Union, https://doi.org/10.2760/835878.

[2] OCDE (2019), « Are the characteristics and scope of African migration outside of the continent changing? », Migration Data Brief 5, https://www.oecd.org/migration/mig/Migration-data-brief-5-EN.pdf.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2022

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.