Migrations internationales de médecins et de personnel infirmier

Alors qu’il faut de nombreuses années pour former de nouveaux médecins et infirmiers, les recruter à l’étranger peut constituer une solution plus rapide aux pénuries immédiates, mais aussi exacerber les pénuries dans les pays d’origine. Plusieurs pays de l’OCDE, notamment l’Australie, le Canada, les États-Unis, l’Irlande, Israël, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la Suisse, dépendent depuis longtemps du recrutement international de médecins et d’infirmiers. Dans certains pays, cette dépendance s’est renforcée à la suite de la pandémie (OCDE, 2023[1]).

En 2021, près d’un cinquième (19 %) des médecins exerçant dans les pays de l’OCDE avaient obtenu, au minimum, leur premier diplôme à l’étranger (Graphique 8.24), contre 15 % dix ans plus tôt. S’agissant des infirmiers, 9 % en moyenne avaient obtenu leur diplôme dans un autre pays en 2021 (Graphique 8.25), contre 5 % dix ans plus tôt. Ces évolutions sont intervenues en parallèle d’une hausse du nombre de médecins et d’infirmiers nouvellement diplômés formés localement dans la plupart des pays de l’OCDE (voir les sections « Médecins nouvellement diplômés » et « Personnel infirmier nouvellement diplômé »), signe d’une forte évolution de la demande dans ces professions.

En 2021, la proportion de médecins formés à l’étranger allait de 3 %, voire moins, en Lituanie, en Italie et en Pologne, à environ 40 % en Suisse, en Irlande, en Norvège et en Nouvelle-Zélande, et à près de 60 % en Israël. Cependant, près de la moitié des médecins formés à l’étranger en Israël sont des étudiants israéliens qui ont obtenu leur premier diplôme à l’étranger et sont revenus en Israël pour y terminer leur formation et y travailler. Une grande partie des médecins formés à l’étranger en Norvège, Suède et Finlande sont également des médecins qui sont nés dans ces pays et sont partis étudier à l’étranger avant de rentrer travailler dans leur pays. Cette situation reflète davantage l’internationalisation des formations médicales et le développement d’un « marché » des diplômes médicaux (OCDE, 2019[2]), plutôt qu’un phénomène de « fuite des cerveaux ».

Dans la plupart des pays de l’OCDE, la part des infirmiers formés à l’étranger est inférieure à 5 %, et bien plus faible que celle des médecins formés à l’étranger, avec quelques exceptions. Près de 50 % du personnel infirmier en Irlande est formé à l’étranger, et ce pourcentage va de 25 % à 30 % en Nouvelle-Zélande et en Suisse, et est d’environ 18 % en Australie et au Royaume-Uni.

Le pourcentage de médecins formés à l’étranger a augmenté entre 2010 et 2021 dans certains des principaux pays de destination (Graphique 8.26). Au Royaume-Uni, la part des médecins formés à l’étranger a légèrement chuté entre 2010 et 2015, mais a augmenté ces dernières années pour atteindre plus de 30 % en 2021. En Suisse, cette proportion a augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie, alimentée par le nombre croissant de médecins formés en France, en Allemagne, en Autriche et en Italie. En France et en Allemagne, le nombre et la part des médecins formés à l’étranger ont également progressé constamment ces dix dernières années, le pourcentage passant de 7 % de tous les médecins en 2010 à 12-14 % en 2021.

La part des infirmiers formés à l’étranger a fortement augmenté depuis 2010 en Suisse et au Royaume-Uni (Graphique 8.27). En Suisse, cette hausse est principalement due au nombre croissant d’infirmiers formés en France, en Allemagne, et, dans une moindre mesure, en Italie. Au Royaume-Uni, le recrutement international du personnel infirmier a atteint son plus haut niveau en 2021/22, mais les pays d’origine des infirmiers formés à l’étranger ont fortement changé au cours de la dernière décennie. Entre 2010 et 2016, ils venaient principalement des pays de l’UE. Suite au vote du Brexit en 2016 et à l’introduction de nouvelles exigences relatives à l’examen d’anglais pour les infirmiers, le recrutement issu des pays de l’UE a fortement baissé, mais cette baisse a été plus que compensée par le recrutement dans des pays hors UE, comme les Philippines et l’Inde, mais aussi le Nigéria, le Ghana et le Zimbabwe (OCDE, 2023[1]).

Le recrutement international d’infirmiers formés à l’étranger a également augmenté au cours de la dernière décennie en Allemagne et au Canada. Il a atteint un niveau record au Canada en 2021, et devrait continuer de progresser car les autorités fédérales et provinciales continuent d’encourager les infirmiers étrangers à venir exercer dans le pays (OCDE, 2023[1]).

Références

[1] OCDE (2023), Ready for the Next Crisis? Investing in Health System Resilience, Études de l’OCDE sur les politiques de santé, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/1e53cf80-en.

[2] OCDE (2019), Recent Trends in International Migration of Doctors, Nurses and Medical Students, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5571ef48-en.

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