Dépenses de soins de longue durée et coûts unitaires

Alors que les dépenses consacrées aux soins de longue durée ont augmenté moins rapidement que les dépenses globales de santé dans la plupart des pays de l’OCDE depuis le début de la pandémie, les soins de longue durée ont été l’activité qui a connu la plus forte croissance, donnant ainsi lieu à cette situation d’urgence sanitaire. Il est probable que la croissance des dépenses dans les soins de longue durée soit de nouveau supérieure à celle des dépenses de santé dans les années à venir, en raison de plusieurs facteurs. Le vieillissement démographique s’accompagnera d’une augmentation du nombre de personnes nécessitant une prise en charge médico-sociale permanente ; la hausse des revenus suscite de fortes attentes en termes de qualité de vie pendant la vieillesse ; l’offre de soins informels risque de diminuer et les gains de productivité sont difficiles à réaliser dans ce secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Tous ces facteurs exercent une pression à la hausse sur les coûts, et devraient donner lieu à d’autres augmentations importantes des dépenses consacrées aux soins de longue durée dans les pays de l’OCDE au cours des prochaines années.

En 2021, 1.8 % du produit intérieur brut (PIB) était en moyenne consacré aux soins de longue durée (à la fois le volet santé et le volet aide sociale) dans les pays de l’OCDE (Graphique 10.23). Les Pays-Bas sont le pays qui a consacré le plus de moyens à ce secteur (4.4 % du PIB), devant les pays nordiques – Norvège (3.5 %), Suède (3.4 %) et Danemark (3.2 %). À l’autre extrémité, la Grèce, la Pologne et la Lettonie n’ont consacré qu’environ 0.5 % de leur PIB ou moins aux services de soins de longue durée. Cet écart s’explique en partie par des différences de structure démographique, mais surtout par l’état de développement des systèmes formels de prise en charge de la dépendance par opposition à des dispositifs plus informels reposant essentiellement sur la prise en charge assurée par des membres de la famille non rémunérés. Il est possible que ces dépenses soient sous-estimées dans les pays qui sont dans l’incapacité de rapporter les dépenses consacrées au volet social des soins de longue durée. Dans les pays de l’OCDE, quatre dollars dépensés dans les soins de longue durée sur cinq proviennent de sources publiques.

L’organisation des soins de longue durée dans les pays influence la composition des dépenses dans ce domaine, et peut également avoir un impact sur le montant global de ces dépenses. Dans les pays de l’OCDE, environ la moitié des dépenses consacrées aux soins de longue durée (volet sanitaire et volet social) en 2021 ont eu lieu dans des établissements médicalisés de long séjour (Graphique 10.24). Dans la plupart de pays de l’OCDE, ces prestataires représentent la majorité des dépenses de soins de longue durée. En moyenne, environ un cinquième du total des dépenses était consacré à la fourniture de soins professionnels (médicaux) à domicile. Les autres prestataires sont notamment les hôpitaux, les ménages (lorsqu’il existe une allocation-dépendance qui rémunère les aidants informels) et les prestataires de soins de longue durée à orientation sociale. Ces prestataires représentent chacun environ un dixième des dépenses totales en soins de longue durée dans les pays de l’OCDE. L’importance de ces modes de fourniture varie fortement d’un pays à l’autre, en fonction de l’organisation des soins et des priorités stratégiques.

Les régimes publics contribuent largement à ce que les coûts des soins de longue durée aux personnes âgées de 65 ans et plus restent abordables. Sans le soutien financier public, les coûts totaux des soins de longue durée seraient supérieurs aux revenus médians des personnes âgées dans la plupart des pays de l’OCDE. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les soins en établissement des personnes fortement dépendantes coûteraient plus de deux fois le revenu médian des personnes âgées (Graphique 10.25). Parmi les pays qui ont fourni des données en 2022, ces soins représenteraient même plus de quatre fois leur revenu médian aux Pays-Bas, au Danemark, en Finlande et en Suède. Il n’y a qu’en Slovénie et en Hongrie qu’une personne âgée très dépendante au revenu médian est capable de prendre en charge, sur ses seuls revenus et sans soutien public, la totalité des coûts des soins en établissement. En plus de leur revenu, les personnes âgées peuvent parfois compter sur d’autres sources (leurs économies, leur patrimoine, ou l’aide de la famille ou des proches) pour financer les soins dont elles ont besoin. Les systèmes publics de protection sociale sont indispensables pour garantir que les personnes âgées puissent accéder aux soins requis sans tomber dans la pauvreté. Grâce à ces systèmes, les coûts réels auxquels doivent faire face les personnes âgées sont sensiblement plus faibles que ceux présentés dans le Graphique 10.25 dans une majorité de pays (Oliveira Hashiguchi and Llena-Nozal, 2020[1]).

Références

[2] Muir, T. (2017), “Measuring social protection for long-term care”, Documents de travail de l’OCDE sur la santé, No. 93, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/a411500a-en.

[1] Oliveira Hashiguchi, T. and A. Llena-Nozal (2020), “The effectiveness of social protection for long-term care in old age: Is social protection reducing the risk of poverty associated with care needs?”, Documents de travail de l’OCDE sur la santé, No. 117, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/2592f06e-en.

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