30. Viet Nam

Le soutien au secteur agricole du Viet Nam fluctue entre des niveaux bas et négatifs en fonction des variations du soutien des prix de marché (SPM). En 2019-21, l’estimation du soutien aux producteurs (ESP) du pays s’élevait à -7.7 %, indiquant une taxation globale implicite, alors que le soutien était positif et égal à 6.4 % en 2000-02. Le SPM varie d’un produit agricole à l’autre. Les producteurs de produits en concurrence avec des importations, tels que le maïs, la canne à sucre et la viande bovine, bénéficient d’une protection douanière, tandis que les producteurs de viande porcine et de volaille, de poivre, de café, de thé et de caoutchouc sont implicitement taxés. Les prix effectifs perçus par les producteurs étaient en moyenne inférieurs de 7 % aux cours mondiaux en 2019-21, avec toutefois des écarts importants entre les produits. Les riziculteurs bénéficient également de mesures de soutien des prix intérieurs destinées à leur garantir un profit égal à 30 % de leur coût de production moyen. En dépit de ces mesures, le prix reçu par les agriculteurs ces dernières années était moins élevé que le prix de référence à l’exportation, et le SPM a donc été négatif. Les transferts budgétaires aux producteurs sont relativement faibles et dominés par les paiements au titre de l’utilisation d’intrants variables, principalement les dépenses destinées à compenser l’exonération de redevance pour les services d’irrigation.

Le soutien aux services d’intérêt général bénéficiant à l’agriculture (mesuré par l’ESSG) équivalait à 2.4 % de la valeur de la production agricole en 2019-21, en hausse par rapport aux 2.2 % de 2000-02. Les dépenses visant à développer et à entretenir les infrastructures, en particulier les infrastructures d’irrigation, en constituent le poste le plus important. Le soutien total à l’agriculture (EST) varie entre des valeurs positives et négatives car les transferts budgétaires aux producteurs ajoutés aux dépenses consacrées aux services d’intérêt général ne compensent pas toujours le SPM négatif.

Conformément à son cycle de planification normal, le gouvernement a publié un grand nombre de résolutions, de décrets et de décisions au début de la présente décennie, dans lesquels des plans et des objectifs sont exposés pour les 5 à 10 années à venir et au-delà. Les plus importants s’agissant de l’agriculture sont la résolution pour garantir la sécurité alimentaire nationale jusqu’en 2030, le plan structurel pour le secteur agricole pour 2021-2025, et le programme de restructuration du secteur rizicole du Viet Nam à l’horizon 2025 et 2030. En janvier 2021, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MARD) a approuvé son plan destiné à la mise en œuvre des besoins définis dans le plan national d'adaptation au changement climatique de 2020. Le plan énonce les actions à mener à bien à l’horizon 2025 et 2030. Pour beaucoup d’entre elles, il s’agit d’appliquer à grande échelle des techniques et des modèles de production existants.

Les mécanismes de soutien mis en place en 2020 pour atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 ont été maintenus en 2021. Ils comprennent le report de paiement des impôts, le versement d'aides monétaires et l’octroi de crédits à des conditions préférentielles, avec des modifications mineures destinées à améliorer la fourniture de ces aides. Le MARD a en outre créé deux groupes de travail chargés d’aider à résoudre les problèmes de production et de distribution des produits depuis les zones rurales jusqu’aux villes qui se posent du fait des restrictions imposées pour limiter la propagation du virus. Plus de 250 000 tonnes de riz ont été prélevées sur les réserves en 2021 pour être distribuées, dont environ un tiers provenant d’entreprises exportatrices de riz enjointes d’utiliser les stocks de réserve qu’elles sont tenues de conserver pour ce type de situations. Les droits de douane ont également été abaissés pour certains produits, par exemple pour le blé, le maïs, la viande de porc congelée et les semences végétales, afin d’atténuer la pression des coûts.

Dans le domaine commercial, l’évolution la plus importante a été l’entrée en vigueur du Partenariat économique régional global (RCEP) le 1er janvier 2022. Le RCEP est le plus grand accord de libre-échange du monde, qui devrait ouvrir de nouveaux débouchés extérieurs aux produits agricoles vietnamiens.

  • Le Viet Nam a pris d’importants engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau national et pour l’agriculture, laquelle reste une source majeure d’émissions. À la 26e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) en 2021, le pays s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il a aussi signé l’engagement mondial concernant le méthane, qui vise à réduire les émissions mondiales de méthane d'au moins 30 % entre 2020 et 2030. La riziculture est une importante source d’émissions de méthane au Viet Nam. Le gouvernement a également fixé comme objectif national de réduire les émissions de GES dans l’agriculture et les zones rurales de 20 % tous les 10 ans. Mais si le Viet Nam a annoncé de nombreux objectifs ambitieux, peu de mesures concrètes ont été prises jusqu’ici. Il importe d’engager des actions sans tarder pour que le secteur agricole ait le temps de procéder aux ajustements structurels et aux changements de pratiques agricoles nécessaires au respect des engagements pris.

  • L’intégration du Viet Nam dans l’économie mondiale, notamment par sa participation aux accords de libre-échange tels que le RCEP et l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, offre au secteur agricole des possibilités de se développer et de diversifier ses exportations et ses marchés. Toutefois, ces accords mettent à la peine les producteurs vietnamiens, qui doivent notamment affronter une concurrence plus forte des importations du fait de la réduction des droits de douane sur les produits agroalimentaires, et respecter des normes techniques, d’hygiène alimentaire et de sécurité des aliments rigoureuses sur les marchés d’exportation.

  • Des efforts sont nécessaires pour améliorer la compétitivité du secteur et sa durabilité environnementale. Les possibilités d’accroître la production en augmentant la superficie agricole et en utilisant davantage d’engrais sont pleinement exploitées et les effets négatifs sur l’environnement se font de plus en plus sentir. Ces problèmes environnementaux représentent un véritable défi pour le Viet Nam, mais ils peuvent aussi donner une motivation économique pour adopter de nouvelles technologies, pour regrouper les exploitations et augmenter ainsi l’échelle de production, et pour mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité.

  • Le faible coût de l’eau encourage sa surexploitation et accroît la vulnérabilité du secteur agricole à la sécheresse. Des obligations légales de réintroduire une redevance pour les services d’irrigation ont été instaurées, mais elles ne sont pas encore appliquées. Elles réduiraient la charge qui pèse sur le budget de l’État et inciteraient davantage à augmenter la productivité de l’usage de l’eau. Un taux plus élevé de récupération des coûts permettrait aussi d’augmenter progressivement les budgets des entreprises de gestion de services d’irrigation, ce qui devrait se traduire par des services de meilleure qualité.

  • Le regroupement des exploitations au moyen de diverses formes de coopération entre agriculteurs pourrait être encouragé afin d’améliorer l’affectation des ressources foncières qui sont très limitées. Par ailleurs, les restrictions imposées sur le choix des cultures devraient être supprimées. De telles mesures pourraient aider les petites exploitations familiales à saisir les opportunités du marché et à participer aux différents segments de la chaîne de valeur.

  • L’examen des réglementations encadrant les exportations de riz offre une occasion d’améliorer la compétitivité et la qualité. Ces vingt dernières années, le Viet Nam a beaucoup travaillé à ouvrir les exportations de riz à la concurrence, et il devrait continuer de le faire à la suite de l’examen actuel.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2022

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.