24. Afrique du Sud

En Afrique du Sud, le soutien aux producteurs s’est élevé à 4.5 % des recettes agricoles brutes en 2020-22, soit une légère hausse par rapport aux 3.9 % enregistrés en 2000-02. La part des transferts bruts aux producteurs susceptibles de créer le plus de distorsions – essentiellement composés du soutien des prix du marché (SPM) et du soutien à l’utilisation d’intrants variables sans contraintes – a légèrement diminué, passant d’une moyenne de 97 % en 2000-02 à 95 % en 2020-22. Toutefois, les prix intérieurs de la plupart des produits de base correspondent aux prix mondiaux. Le sucre fait exception, principalement en raison des droits de douane à l’importation, et le soutien correspondant (soutien au titre d’un seul produit) représente 35 % des recettes brutes. La plupart des paiements directs prennent la forme de subventions aux intrants (remboursement de la taxe sur les combustibles) ou de subventions à l’investissement destinées aux petites exploitations agricoles.

Le soutien aux services d’intérêt général du secteur (estimation du soutien aux services d’intérêt général, ESSG) a baissé par rapport à la taille du secteur. Au cours de la période 2020-22, l’ESSG a atteint en moyenne 1.3 % de la valeur de la production agricole, ce qui est moins élevé que les 3.8 % observés au début des années 2000 et que la moyenne des autres pays étudiés dans le présent rapport. La plupart des paiements comptabilisés dans l’ESSG sont consacrés au système de connaissances et d’innovation agricoles, ainsi qu’aux dépenses d’infrastructure (principalement liées aux réformes foncières, à l’irrigation et à d’autres infrastructures). Le soutien apporté dans ces domaines vise à instaurer un environnement favorable à l’agriculture à petite échelle, qui est devenue une priorité à la suite des réformes foncières. Les dépenses d’inspection et de contrôle constituent également un élément important et croissant des services. Au total, le soutien au secteur a diminué en valeur relative, passant d’une moyenne de 0.6 % du produit intérieur brut en 2000-02 à 0.3 % en 2020-22, plus des deux tiers du soutien étant transférés aux producteurs individuels.

L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur l’expropriation le 28 septembre 2022. Celui-ci doit toutefois encore être adopté par le Conseil national des provinces avant d’être signé par le Président. Ledit projet de loi prévoit l’expropriation sans indemnisation dans certaines circonstances, lorsque l’intérêt public l’exige, notamment dans le cas où les terres en question sont abandonnées, relèvent du domaine de l’État ou sont détenues à des fins spéculatives.

Le poste budgétaire national sur l’agriculture, la réforme foncière et le développement rural (Vote 29: Agriculture, Land Reform and Rural Development), adopté par l’Assemblée nationale en 2022, vise à assurer un accès équitable aux terres, un développement rural intégré, une agriculture durable et la sécurité alimentaire pour tous. Il dote le ministère compétent en la matière de ressources et d’un mandat pour développer les chaînes de valeur agricoles, fournir des intrants agricoles et faciliter le développement rural.

Le plan directeur pour l’agriculture et l’agro-industrie (Agriculture and Agro-processing Masterplan, AAMP) a été signé par le ministre de l’Agriculture, de la Réforme foncière et du Développement rural et les parties prenantes du secteur en mai 2022. Cet instrument vise à promouvoir les investissements dans les infrastructures essentielles à l’industrie et à faciliter l’expansion du marché.

En octobre 2022, un programme de financement mixte de 3.2 milliards ZAR (195.48 millions USD) a été mis en route par le ministère et la Lank Bank pour aider les agriculteurs. Ce système de financement double (prêt et subvention) vise à faciliter l’alignement sur l’AAMP pour une période de dix ans.

  • Des mesures utiles ont été prises aux fins de l’élaboration de plans et de programmes visant à améliorer l’adaptation de l’agriculture au changement climatique. Toutefois, il est urgent de passer de la planification à la mise en œuvre, notamment en ce qui concerne le système d’alerte précoce prévu, compte tenu, en particulier, de la vulnérabilité de l’agriculture sud-africaine face aux catastrophes naturelles telles que les sécheresses, les inondations et les tempêtes. Au regard des défis persistants liés à la pauvreté et au chômage, il conviendrait d’accorder la priorité aux mesures d’adaptation qui présentent des avantages conjoints avec les objectifs relatifs au système alimentaire (atténuation, etc.). Le soutien aux capacités de transformation devrait en outre être intensifié afin d’aider les agriculteurs à devenir, plus résilients face au changement climatique sur le long terme.

  • Les taxes sur le carbone entrées en vigueur en janvier 2022 en vertu de la loi sur la taxe carbone ne s’appliquent pas aux émissions agricoles. L’Afrique du Sud pourrait envisager d’élargir le champ d’application de sa taxe carbone de façon à y inclure progressivement les émissions agricoles, ainsi que de mettre en place des filets de sécurité sociale pour compenser les augmentations potentielles des prix des denrées alimentaires et les pertes de revenus des ménages et des producteurs pauvres, provoquées par ce changement. En outre, il conviendrait de fixer un objectif d’émissions sectorielles pour l’agriculture, dans le cadre du projet de loi sur le changement climatique, une fois que celui-ci aura été adopté. Un tel objectif pourrait en effet contribuer à cibler les efforts d’atténuation et à évaluer les progrès accomplis.

  • Grâce aux grandes réformes du milieu des années 1990, l’Afrique du Sud a ouvert ses marchés agricoles en éliminant le SPM pour la plupart des produits, à l’exception du sucre. Si le soutien global est aujourd’hui faible, les dispositifs qui restent en place entraînent de fortes distorsions et devraient être progressivement supprimés.

  • Les dépenses budgétaires continuent d’être orientées vers la réforme foncière et ses bénéficiaires (principalement les petites exploitations et les nouvelles exploitations commerciales), sous la forme de services d’intérêt général pour le secteur (recherche-développement, transfert de connaissances, infrastructure, etc.). Il reste difficile de financer en temps voulu des projets économiquement viables et de coordonner et cibler des programmes de soutien adaptés aux besoins des nouveaux agriculteurs.

  • Pour pouvoir aider les nouveaux entrepreneurs à devenir des producteurs commerciaux, les programmes de soutien doivent tirer parti de l’expérience des agriculteurs commerciaux qui ont réussi. Plus précisément, les partenariats public-privé et les associations du secteur peuvent remédier aux faiblesses des programmes et des services des autorités publiques.

  • L’expropriation de biens sans compensation reste un sujet de préoccupation. Bien que la Constitution n’ait pas pu être modifiée dans ce sens, les incertitudes qui entourent les droits de propriété demeurent intactes et pourraient nuire à la confiance des investisseurs dans ce secteur.

  • La réforme foncière devrait être menée au rythme de la mise en place d’un environnement favorable pour ses bénéficiaires, notamment en termes d’enseignement, d’infrastructures et d’accès à des équipements agricoles modernes, aux financements et aux marchés. À ce titre, il conviendra tout particulièrement d’améliorer les compétences des agents de vulgarisation agricole et de leur donner les moyens de venir en aide aux communautés rurales et aux nouveaux producteurs commerciaux. Il est possible de mettre à profit les capacités du secteur privé et des institutions d’enseignement et de formation pour redynamiser plus rapidement les services publics de vulgarisation. Dans le cas contraire, la redistribution des terres ne pourra pas produire les résultats escomptés, tels que l’amélioration des conditions de vie de la population noire vivant dans les zones rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire en milieu rural et le développement d’un secteur commercial pérenne.

  • Très faibles (et même négatif en ce qui concerne l’azote), les bilans des éléments nutritifs en Afrique du Sud suscitent des interrogations quant à la fertilité des sols dans certaines régions du pays. Les pouvoirs publics devraient s’attacher à améliorer la fertilité des sols grâce aux pratiques agricoles en faveur de la conservation des sols et en facilitant l’accès aux engrais, le cas échéant.

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