11. Autres produits

Les racines et les tubercules de certaines plantes contiennent de l’amidon (manioc, patate douce et igname dans le premier cas, par exemple ; pomme de terre et taro dans le second, entre autres). Ces produits sont principalement destinés à l’alimentation humaine (transformés ou non) et, comme la plupart des autres cultures de base, ils peuvent être utilisés pour nourrir les animaux ou produire notamment de la fécule, de l’éthanol et des boissons fermentées. À moins d’être transformés, ils se gâtent très vite une fois récoltés, ce qui limite les possibilités de commercialisation et de stockage.

Dans la famille des racines et des tubercules, la production mondiale est dominée par la pomme de terre, suivie de loin par le manioc. Dans le classement alimentaire mondial, la pomme de terre arrive quatrième après le maïs, le blé et le riz. Elle est plus riche en calories, pousse plus rapidement et plus densément, et peut être cultivée sous des climats variés. Cependant, la production de pommes de terre – qui constitue l’essentiel du secteur des racines et des tubercules dans les pays développés – diminue depuis plusieurs décennies, son taux de croissance se situant nettement en deçà de celui de la population.

La production de manioc progresse de plus de 3 % par an, soit presque trois fois plus que la démographie. Implantée principalement sous les tropiques et dans certaines des régions les plus pauvres du globe, elle a doublé en plus de vingt ans. Autrefois considéré comme une culture de subsistance, le manioc est aujourd’hui perçu comme un produit agricole essentiel pour la création de valeur, le développement rural et la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique ainsi que pour les importants avantages macroéconomiques qu’il procure. Ces considérations expliquent la commercialisation rapide de ce produit et les investissements considérables réalisés pour développer l’activité de transformation, le résultat étant une expansion substantielle de la production mondiale.

Les régions ayant produit le plus de racines et de tubercules au cours de la période de référence sont l’Asie (102 Mt) et l’Afrique (100 Mt). Les racines constituent un aliment de base important en Afrique subsaharienne. À l’échelle mondiale, quelque 130 Mt sont utilisées pour l’alimentation humaine, 57 Mt pour l’alimentation animale et 33 Mt pour d’autres usages, principalement la fabrication de biocarburant et de fécule. Du fait de leur caractère périssable – qui empêche leur commercialisation internationale à grande échelle à l’état frais –, ces produits sont généralement destinés à la consommation intérieure. Environ 15 Mt sont aujourd’hui commercialisées à l’étranger, principalement sous forme déshydratée ou de produit transformé. La Thaïlande et le Viet Nam en sont les principaux exportateurs, et la République populaire de Chine (ci-après « la Chine ») le premier importateur.

La production mondiale de racines et tubercules a atteint 251 Mt (de matière sèche) durant la période de référence (2020-22) et augmente d’environ 5 Mt par an depuis quelques années. Ce surplus de production a été destiné principalement à l’alimentation humaine. Les prix (dont la référence est le prix de gros de la farine de manioc à Bangkok) ont à nouveau enregistré une hausse considérable en 2022 sous l’effet d’une demande soutenue, en Chine notamment. Les quantités échangées à l’échelle mondiale ont progressé de 0.5 Mt.

La production de manioc nécessite peu d’intrants et permet de planifier la récolte avec souplesse, car le produit peut demeurer en terre un certain temps après être arrivé à maturité. Tolérante aux conditions météorologiques extrêmes (dont la sécheresse), cette culture est au cœur des stratégies d’adaptation au changement climatique. Par rapport à d’autres produits de base, le manioc se caractérise par des prix compétitifs et une diversité d’usages. La farine de manioc de haute qualité (HQCF) est de plus en plus convoitée par les pays d’Afrique qui la considèrent comme une culture vivrière stratégique aux prix moins volatils que ceux d’autres céréales importées. L’obligation de la mélanger avec de la farine de blé permet de réduire les volumes d’importation de cette céréale, et ainsi d’alléger la facture liée aux importations et de conserver des devises précieuses. En Asie, la recherche de sécurité énergétique et l’exigence d’incorporation dans l’essence ont entraîné la création de distilleries d’éthanol à base de manioc. Sur le plan commercial, le manioc transformé tire son épingle du jeu sur le marché mondial, face à la fécule de maïs et aux céréales utilisées pour l’alimentation animale notamment.

La pomme de terre est généralement réservée à l’alimentation humaine, où elle occupe une place importante dans les régions développées (particulièrement en Europe et en Amérique du Nord). La consommation humaine de pommes de terre est très élevée dans ces régions et a peut-être atteint le niveau de saturation, ce qui limite la possibilité pour la consommation de croître plus vite que la population. Les régions en développement donnent cependant un certain élan à la production de pommes de terre au niveau mondial.

La culture mondiale de patate douce a fléchi ces dernières années, du fait principalement d’une nette diminution des superficies cultivées (qui ne semble pas s’atténuer) en Chine, premier producteur mondial. Compte tenu de la viabilité commerciale limitée des autres usages, c’est sur la consommation humaine que repose l’essentiel du potentiel de croissance de la patate douce ainsi que d’autres racines et tubercules moins répandus. Les préférences des consommateurs et les prix jouent par conséquent un rôle important.

La production et la consommation mondiales de racines et de tubercules devraient s’accroître d’environ 18 % au cours de la prochaine décennie. Dans les régions à faible revenu, la production pourrait augmenter de 2.6 % par an, alors qu’une croissance annuelle de 0.3 % seulement est attendue dans les pays à revenu élevé. Au niveau mondial, la superficie des terres cultivées devrait gagner 6 millions d’hectares et s’établir à 71 millions d’hectares, moyennant des évolutions toutefois variables selon les régions. Si l’on en croit les projections, elle devrait augmenter dans les pays africains, et baisser en Europe et en Amérique. En outre, de nombreux agriculteurs thaïlandais ont délaissé la production de manioc au profit de celle de riz, cette dernière étant visée par des incitations plus intéressantes. La hausse de la production découlera avant tout des investissements réalisés en Afrique et en Asie pour améliorer les rendements, ainsi que par une utilisation plus intensive des terres dans ces régions.

D’ici à 2032, la consommation de racines alimentaires par habitant augmentera de 1.4 kg par an à l’échelle mondiale, principalement sous l’influence de l’Afrique, où chaque individu pourrait consommer annuellement plus de 41 kg de racines et tubercules. Bien qu’elle ne représente actuellement que 3 % de la consommation, l’utilisation de ces produits pour la fabrication de biocarburants devrait progresser de 37 % sur les dix prochaines années, sous l’impulsion du secteur chinois des biocarburants. L’alimentation animale et les autres usages industriels se maintiendront à un niveau élevé, mais croîtront plus lentement, d’environ 10 % et 15 % respectivement, au cours de la période examinée.

Les échanges internationaux de racines et tubercules représentent environ 6 % du marché mondial. Ce pourcentage devrait rester stable sur le moyen terme. Les exportations de la Thaïlande et du Viet Nam sont en hausse et devraient se hisser à un total de 15 Mt, principalement pour approvisionner les secteurs chinois de la fécule et des biocarburants, qui sont en pleine expansion.

Les prix des racines et tubercules devraient baisser modérément en 2023 dans un contexte de fortes pressions sur les marchés du manioc en Thaïlande et de déficit de la production de pommes de terre en Ukraine. Puis, ils devraient suivre une tendance semblable à celle des prix des céréales à moyen terme, compte tenu de la substituabilité de ces produits sur les marchés de l’alimentation humaine et animale, qui se traduira par une hausse en valeur nominale mais une baisse en valeur réelle.

Les légumineuses sont les graines comestibles de certaines plantes. On en compte généralement 11 types1. Elles sont riches en protéines, fibres alimentaires, vitamines, minéraux, substances phytochimiques et glucides complexes. Outre leurs bienfaits nutritionnels, les légumineuses permettent aussi d’améliorer la digestion, de réduire la glycémie, d’atténuer les inflammations, d’abaisser le taux de cholestérol et de prévenir les maladies chroniques telles que diabète, maladies cardiaques et obésité. Leur niveau de consommation diffère cependant d’une région à l’autre selon les habitudes alimentaires, leur disponibilité et les conditions qui règnent.

La culture des légumineuses relève d’une longue tradition dans presque toutes les régions du monde. Depuis des siècles, les légumineuses jouent un rôle fondamental dans les systèmes agricoles traditionnels. Avant 2000, la production mondiale stagnait sous l’effet de la disparition généralisée des petites exploitations dans les pays en développement, laquelle avait entraîné le déclin de l’agriculture traditionnelle dont le système de rotation des cultures reposait entre autres sur les légumineuses. D’autres facteurs étaient en cause, comme la faible résistance aux maladies (due à la diversité génétique réduite des semences), l’accès limité à des variétés à haut rendement et l’absence de soutien des pouvoirs publics à l’égard des producteurs. Le secteur a commencé à se redynamiser au début des années 2000 et connaît depuis une croissance annuelle moyenne d’environ 3 % à l’échelle mondiale, dominée par l’Asie et l’Afrique. Ensemble, ces deux régions totalisaient plus de la moitié de la hausse de la production (+ 12 Mt) enregistrée au cours de la précédente décennie.

La consommation mondiale de légumineuses par habitant a commencé à diminuer dans les années 60 (Graphique 11.2), sous l’effet d’une hausse des prix due à la faible progression des rendements. La croissance des revenus et l’urbanisation ont conduit à une modification des préférences, les consommateurs se tournant vers une alimentation plus riche en protéines animales, sucre et matières grasses. Malgré cela, les légumineuses demeurent une importante source de protéines dans les pays en développement et la consommation mondiale par habitant s’est accrue pour atteindre quelque 7 kg/an à l’heure actuelle. Cette progression s’explique principalement par la hausse des revenus dans les pays où ces produits constituent une importante source de protéines, particulièrement en Inde, où environ 30 % de la population est végétarienne.

Les légumineuses peuvent être transformées et utilisées sous différentes formes : entières, décortiquées, en farine et en isolats en fonction de leurs composants (protéines, amidon et fibres). La farine et les isolats sont employés dans des secteurs comme les préparations à base de viande et les en-cas, la boulangerie et les boissons, et la pâte et la chapelure.

De loin le plus gros producteur de légumineuses, l’Inde a totalisé environ 25 % de la production mondiale au cours de la précédente décennie. Viennent ensuite le Canada (9 %), la Chine (6 %) et l’Union européenne (5 %). Le marché asiatique représente 52 % de la consommation totale mais seulement quelque 43 % de la production, ce qui en fait la principale destination des importations. Environ 21 % de la production mondiale est exportée ; le Canada arrive nettement en tête dans le classement des exportateurs (35 % des échanges internationaux) tandis que l’Inde est le plus gros importateur (19 % du commerce mondial). L’Afrique a encore augmenté sa production et sa consommation au cours des dix dernières années et demeure largement autosuffisante.

En 2022, le marché mondial des légumineuses a atteint un volume de 93 Mt, après une croissance moyenne de 1.7 % par an au cours de la précédente décennie, tirée par l’Asie et l’Afrique. Le commerce international s’est monté à 19 Mt, soit 0.5 Mt de plus qu’en 2021. Les prix mondiaux des légumineuses (dont la référence est le pois sec canadien) ont commencé à baisser après avoir atteint le niveau record de 359 USD/Mt en 2022, en raison du sursaut de production observé au Canada.

Les légumineuses présentent divers bienfaits et se substituent avantageusement à la viande du fait de leur teneur élevée en protéines. C’est pour cette raison que les consommateurs soucieux de leur santé et de l’environnement les intègrent de plus en plus dans leur régime alimentaire quotidien, ce qui se traduit par la croissance du marché de ces produits à l’échelle mondiale. L’urbanisation rapide, le changement des modes de vie et les rythmes de travail frénétiques conduisent la population active à se tourner vers une restauration rapide bonne pour la santé, et les légumineuses sont des ingrédients de plus en plus couramment utilisés dans les aliments prêts à consommer.

Les gouvernements des pays producteurs, conscients des bénéfices sanitaires et environnementaux, viennent en aide aux agriculteurs, ce qui contribue au développement de ce marché. Le soutien à la production de légumineuses constitue un volet important de la stratégie de l’Union européenne en faveur des protéagineux. En outre, ces produits comptent parmi les principaux ingrédients de préparations telles que les substituts de viande. Selon l’évolution future de la demande de produits de ce type, les légumineuses pourraient voir leur part évoluer considérablement dans la production agricole.

Les légumineuses devraient regagner en importance dans les régimes alimentaires de nombreuses régions du monde. La présente édition des Perspectives prévoit une poursuite de la tendance mondiale et une hausse de la consommation humaine de légumineuses, laquelle s’établirait à 8.6 kg par an et par habitant à l’horizon 2032. La consommation par habitant devrait augmenter dans toutes les régions au cours de la prochaine décennie, tout particulièrement en Europe (+4 % par an) (Graphique 11.2).

L’offre mondiale devrait s’accroître de 29 Mt. Plus de la moitié de cette hausse sera enregistrée en Asie, et particulièrement en Inde, où se concentrera l’essentiel de la production mondiale. D’après les projections, l’amélioration soutenue des rendements permettra au pays de produire 11 Mt supplémentaires d’ici à 2032. L’Inde a introduit des semences hybrides à haut rendement, encouragé la mécanisation et instauré un prix minimum de soutien pour stabiliser les revenus des agriculteurs. De plus, le gouvernement central et certains États fédérés ont inclus les légumineuses dans leurs programmes d’achat, même si la couverture géographique n’est pas la même que pour le blé et le riz.

Cette augmentation escomptée de l’offre s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la production de légumineuses va poursuivre son intensification grâce à la hausse des rendements d’une part, et à l’utilisation plus intensive des terres d’autre part. Environ 60 % de la croissance de la production peuvent être attribués à l'intensification de l'utilisation des terres au cours de la période de projection, et les 40 % restants à l'amélioration des rendements. Sur le continent africain en particulier, la combinaison des deux facteurs pourrait faire progresser la production de quelque 0.6 Mt par an.

Selon les prévisions, la hausse de l’offre sera assurée par l’association de la culture des légumineuses avec celle des céréales, en particulier en Asie et en Afrique, où les petits producteurs occupent une place importante. L’amélioration prévue des rendements restera inférieure à celle des céréales et des oléagineux, car, dans la plupart des pays, les légumineuses ne sont pas concernées par les initiatives de développement de variétés à haut rendement ou d’amélioration des systèmes d’irrigation, ni par les mesures de soutien à l’agriculture.

Les échanges internationaux de légumineuses sont passés de 15 Mt à 19 Mt au cours des dix dernières années et devraient atteindre 23 Mt à l’horizon 2032. Le Canada restera le principal exportateur de légumineuses, avec des volumes qui devraient croître de 6.8 Mt aujourd’hui à 9.9 Mt en 2032 ; il sera suivi par la Russie et l’Australie, avec 2 Mt et 1.9 Mt d’exportations respectives en fin de période.

En valeur nominale, les prix mondiaux des légumineuses devraient continuer à décroître jusqu’en 2025 avant de connaître une légère hausse sur le reste de la décennie à venir, tandis qu’un fléchissement est attendu en valeur réelle.

La banane et les quatre principaux fruits tropicaux (mangue, ananas, avocat et papaye) jouent un rôle essentiel dans la production agricole mondiale, notamment en garantissant l’alimentation et la subsistance des petits exploitants dans les pays de production. Ces dernières décennies, la hausse des revenus et l'évolution des préférences des consommateurs sur les marchés tant émergents qu’à revenu élevé, mais aussi l’amélioration des transports et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ont favorisé la croissance rapide des échanges internationaux de ces produits. D’après les chiffres provisoires pour 2022, les exportations mondiales de bananes et des principaux fruits tropicaux génèrent respectivement autour de 10 milliards USD et 11 milliards USD par an. Bien que seuls 16 % et 7 % environ de la production mondiale de bananes et de principaux fruits tropicaux soient exportés (chiffres provisoires pour 2022), il importe de souligner que dans les pays exportateurs, qui sont majoritairement des pays à revenu faible à moyen, les recettes provenant de la production et du commerce de ces produits peuvent représenter une part importante du PIB de l’agriculture. En 2021, par exemple, les bananes ont pesé pour environ 50 % dans les recettes des exportations agricoles de l'Équateur, tandis que prises dans leur ensemble, les exportations d’ananas et de bananes ont représenté quelque 40 % des recettes des exportations agricoles au Costa Rica. Le commerce de bananes et des principaux fruits tropicaux a donc la capacité de générer d’importantes recettes à l’exportation dans les pays producteurs. Pour toutes ces raisons, il importe d’évaluer le développement potentiel futur de leur marché.

Des données et informations provisoires font apparaître que les échanges mondiaux de bananes et principaux fruits tropicaux ont continué de pâtir de divers facteurs sur le plan de l’offre en 2022, qui ont provoqué une hausse des coûts de production et des pénuries d’approvisionnement, tandis que la demande est restée stable sur les principaux marchés d’importation. D’après les représentants du secteur, les prix élevés conjugués à une moindre disponibilité des engrais en 2021 et au premier semestre 2022 ont forcé les agriculteurs à réduire l’utilisation de ces intrants, ce qui a nui à la productivité et à la qualité des bananes et principaux fruits tropicaux dans les grandes régions productrices. De mauvaises conditions météorologiques, telles qu’une vague de froid inhabituelle imputable au phénomène La Niña ainsi que la survenue d’une nouvelle tempête tropicale intense dans la région des Caraïbes ont, elles aussi, eu des conséquences en termes de quantités disponibles à l’exportation. En 2022, la pénurie de containers réfrigérés liée aux longues périodes de confinement instaurées dans certains pays asiatiques, ainsi que la hausse des coûts de transport à l’échelle mondiale au premier semestre, sont venues entraver la croissance des exportations.

À ce contexte difficile s’est ajoutée, toujours en 2022, la dépréciation de nombreuses devises par rapport au dollar des États-Unis (USD), qui a pesé sur les opérations conduites tout au long de la chaîne de valeur, les transactions effectuées dans les secteurs de la banane et des fruits tropicaux, comme l’achat d’intrants, étant habituellement réalisées en USD. Tous ces éléments ont tiré les prix à la hausse, que ce soit pour les producteurs, les exportateurs et les importateurs. Bien que les prix relevés tout le long des chaînes de valeur des bananes et des principaux fruits tropicaux aient manifesté une tendance à la hausse en réaction à un raffermissement de la demande sur les principaux marchés d’importation en 2022, cette augmentation n’a pas suffi, dans la plupart des cas, à compenser cette envolée des coûts. Tandis que les prix à la production seraient 40 % à 50 % supérieurs aux niveaux relevés avant la pandémie, les prix à l’exportation et à l’importation, ainsi que les prix de gros et de détail n’auraient progressé que de 10 % à 20 % en moyenne, ce qui porte à croire que la réduction considérable des marges bénéficiaires était au cœur des préoccupations du secteur en 2022.

Les premières estimations font apparaître que les exportations mondiales de bananes, à l’exception des bananes plantains, ont reculé de 4 % en 2022, ce qui contraste une nouvelle fois avec la croissance rapide relevée au cours des années précédant la pandémie. Les quantités exportées seraient ainsi passées de 20.5 Mt en 2021 à environ 19.6 Mt en 2022. Le maintien des coûts des engrais à niveau élevé, qui avait déjà conduit à une baisse de leur utilisation en 2021, est la première raison avancée par les producteurs pour justifier leur incapacité à fournir des bananes dans des quantités suffisantes et répondant aux normes de qualité attendues sur les marchés d’exportation du monde entier. De mauvaises conditions météorologiques ont par ailleurs continué d’affecter la production et les rendements au cours des neuf premiers mois de 2022, tandis que les coûts élevés du transport terrestre et des expéditions longue distance ont limité la capacité des exportateurs à approvisionner les marchés internationaux. La grande inquiétude liée à la propagation des maladies végétales, et en particulier de la fusariose de race tropicale 4 (TR4), dont les effets sont dévastateurs aux Philippines et la présence alarmante au Pérou et en Colombie, pèse toujours aussi lourdement sur le secteur, qui doit faire face à des coûts supplémentaires liés à la prévention de la maladie et aux pertes de production. Dans le contexte de la pandémie de la covid-19, il est resté en outre nécessaire d’appliquer des mesures sanitaires strictes et de conserver des règles de distanciation sociale afin de protéger les travailleurs, ce qui a engendré des coûts supplémentaires pour les producteurs et les opérateurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement, notamment au premier semestre 2022.

Parallèlement, on estime que le volume net des importations mondiales de bananes a reculé de 2.5 % en 2022, soit une baisse de près de 0.5 Mt par rapport à l’année précédente, pour s’établir à un peu moins de 19 Mt. Si la demande sur la plupart des marchés d’importation est restée constante, la croissance relevée au cours des sept premiers mois de l’année a été entravée par une offre d’exportation moins importante ainsi que par la persistance de goulets d’étranglement logistiques, qui ont empêché les marchandises d’atteindre leur destination. Au cours de cette période, ces facteurs ont particulièrement joué sur le volume des importations vers l’Union européenne, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et le Canada qui, pris dans leur ensemble, représentent quelque 60 % des importations mondiales. À l’opposé, les importations de la Chine, troisième pays importateur de bananes à l’échelle mondiale, ont continué de croître rapidement au cours des sept premiers mois de 2022, sous l’impulsion d'une forte demande intérieure et d’une offre d’exportation abondante de nouveaux producteurs en Asie du Sud-Est.

Étant donné la saturation croissante de la demande de bananes par habitant dans la plupart des régions, l’augmentation de la production et de la consommation mondiales devraient reposer essentiellement sur la dynamique des populations. Compte tenu du ralentissement de la croissance démographique mondiale, les projections de référence actuelles indiquent donc que la production et la consommation mondiales de bananes vont connaître une progression modérée de 1.5 % par an au cours de la période considérée. En supposant des conditions météorologiques normales et l’absence de nouveaux foyers de maladies végétales, la production mondiale de bananes atteindra 141 Mt à l’horizon 2032. Parallèlement, dans certaines économies émergentes – en Inde et en Chine, surtout –, la hausse rapide des revenus devrait favoriser la modification de la sensibilité à la santé et à l’alimentation et maintenir un niveau de demande supérieur à la croissance démographique. Par conséquent, l’essentiel de la production mondiale devrait continuer de se concentrer en Asie, avec 50 % du volume total et avec, dans le cas de l’Inde, une production qui devrait atteindre 35 Mt d’ici à 2032.

La production dans la principale région d’exportation – l’Amérique latine et les Caraïbes – devrait atteindre 37 Mt en 2032, grâce à l’accroissement de la demande sur les principaux marchés d’importation, en particulier dans l’Union européenne et aux États-Unis. Les pressions inflationnistes étant probablement amenées à perdurer en 2023, voire au-delà, la demande de bananes sur ces marchés sera vraisemblablement favorisée par un coût relativement abordable. La hausse de la demande d'importation en Chine, où la production intérieure devrait poursuivre son déclin, devrait également contribuer à faire augmenter la production en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les principaux pays exportateurs de cette région – Équateur, Guatemala, Colombie et Costa Rica – restent bien placés pour bénéficier de cet essor, sous réserve que la production puisse s’accroître sans subir les effets néfastes des phénomènes météorologiques imprévisibles et des maladies. L’augmentation de la demande d'importation dans l’Union européenne et au Royaume-Uni devrait quant à elle profiter à quelques pays exportateurs des Caraïbes, notamment la République dominicaine et le Belize, et d’Afrique, dont la croissance des ventes devrait croître de 1.8 % par an au cours de la période de projection, tirée par la Côte d’Ivoire, pour s’établir autour de 0.85 Mt en 2032. Dans ce contexte, les exportations mondiales de bananes devraient atteindre quelque 23.7 Mt à l’horizon 2032.

D’après des données préliminaires, les exportations mondiales de mangues, mangoustans et goyaves ont totalisé autour de 2.1 Mt en 2022, soit une baisse de 5 % (0.12 Mt) par rapport à l’année précédente. Ce recul s’explique principalement par la chute non négligeable des exportations thaïlandaises de mangoustans, ainsi que par le recul des exportations brésiliennes et péruviennes de mangues, qui n’ont pas été compensées par la hausse des exportations du premier producteur mondial, le Mexique. Si l’on regarde les exportations mondiales par produit, les mangues ont représenté environ 83 % des expéditions, contre quelque 16 % pour les mangoustans. Comme par le passé, la goyave affiche une faible disponibilité sur les marchés d’importation car ce produit supporte assez mal le transport, notamment.

On estime que les importations mondiales totales de mangues, mangoustans et goyaves frais ont fléchi de 1 % en 2022, à environ 2 Mt, comme l’indiquent les données commerciales mensuelles disponibles jusqu’en août 2022. Les États-Unis et l’Union européenne demeurent les deux premiers importateurs à l’échelle mondiale, avec des parts respectives d’environ 26 % et 18 %. Sur ces deux marchés, les représentants du secteur indiquent que la demande de mangues progresse en dépit d’une forte inflation. Cette tendance s’inscrit dans un contexte de prise de conscience autour des bienfaits supposés de ces fruits pour la santé. Au cours des huit premiers moins de l’année, la croissance des importations américaines a cependant été quelque peu freinée par les tensions sur l’offre observées au Pérou et au Brésil, qui ne sont autres que les deuxième et troisième pays fournisseurs de mangues aux États-Unis. La hausse des importations en provenance du Mexique n’a pas suffi à combler totalement cet écart entre l’offre et la demande. Globalement, les importations américaines sont restées stables en 2022 par rapport à l’année précédente, autour de 0.56 Mt. En revanche, dans l’Union européenne, on estime que les importations ont atteint quelque 0.39 Mt en 2022, soit une baisse de 5 %, qui s’explique également par des pénuries d’approvisionnement dans les deux premiers pays fournisseurs de mangues de la région, le Brésil et le Pérou.

La production mondiale de mangues, mangoustans et goyaves devrait connaître une augmentation annuelle de 3.3 % au cours de la décennie à venir, et atteindre 84 Mt d’ici à 2032. À l’instar de ce qui devrait être observé pour la plupart des autres fruits tropicaux, la croissance de la production de mangues sera essentiellement dictée par une hausse de la demande liée à la progression des revenus dans les pays producteurs ainsi que par la croissance démographique. On prévoit que l’Asie, d’où proviennent la mangue et le mangoustan, représentera toujours quelque 70 % de la production mondiale en 2032. Cela s’expliquera principalement par une forte augmentation de la demande intérieure en Inde, qui n’est autre que le premier producteur et consommateur mondial de mangues, sous l’influence de la hausse des revenus et des changements de préférences alimentaires qui y seront associés. En Inde, la production de mangues, qui est destinée en grande partie aux marchés informels, devrait donc représenter près de 38 Mt en 2032, soit 45 % de la production mondiale. Dans ce pays, la consommation par habitant devrait croître de 2.4 % par an au cours de la période de projection et se hisser à 24.8 kg en 2032, contre 18.3 kg pendant la période de référence. Au Mexique et en Thaïlande, premiers pays exportateurs de fruits tropicaux sur les marchés mondiaux, la hausse de la production devrait au contraire suivre la demande d’importations à l’échelle mondiale. Dans ces deux pays, la part de la production destinée à être exportée devrait atteindre respectivement 31 % et 26 % en 2032. Cela dit, avec des volumes de production respectifs de 3.2 et 1.8 Mt prévus en 2032, le Mexique et la Thaïlande ne représenteront qu’une part relativement faible de la production mondiale.

Les exportations mondiales de mangues, mangoustans et goyaves devraient se monter à 2.8 Mt d’ici à 2032, contre 2.2 Mt au cours de la période de référence, grâce à une augmentation des achats aux États-Unis, en Chine et dans l’Union européenne. Le Mexique, qui est le principal fournisseur de mangues, devrait bénéficier de l’essor de la demande d’importation sur son marché le plus important – les États-Unis – et être à la tête de 35 % des exportations mondiales en 2032. Les expéditions thaïlandaises, presque exclusivement composées de mangoustans, répondront principalement à une hausse de la demande d'importation en Chine, tandis que les mangues produites au Pérou et au Brésil, deux pays exportateurs en devenir, seront pour la plupart destinées à l’Union européenne. La Thaïlande et le Pérou devraient tous deux détenir une part de 15 % dans les exportations mondiales en 2032, suivis par le Brésil, avec quelque 11 %. La Chine, où la consommation de mangues, mangoustans et goyaves s’est établie à 2.6 kg par habitant au cours de la période de référence, ce qui est relativement faible comparé aux autres pays asiatiques, devrait voir ses importations croître de 3 % par an, jusqu’à atteindre 0.36 Mt en 2032. Cette progression sera surtout due à une forte hausse de la demande de mangoustans – elle-même liée à l’augmentation des revenus – non satisfaite par la production intérieure, qui demeure restreinte en Chine.

D’après les données préliminaires, on estime que les exportations mondiales d’ananas ont reculé de 1.5 % en 2022, avec un peu moins de 3.2 Mt, ce qui s’explique en grande partie par une réduction de la production au Costa Rica, premier pays exportateur avec une part de marché de presque 70 %. Les représentants du secteur indiquent que de mauvaises conditions météorologiques, la hausse des prix de l’énergie et des problèmes de conteneurs ont nui à la production et à l’offre d’exportation du Costa Rica en 2022. Les expéditions de ce pays devraient donc accuser une baisse de l’ordre de 2 % (0.05 Mt) en 2022, et s’établir à moins de 2.2 Mt, ce qui tranchera nettement avec la progression de 11 % relevée en 2021. S’agissant des principaux pays destinataires, les expéditions d’ananas du Costa Rica sont restées presque exclusivement destinées aux marchés des États-Unis et de l’Union européenne.

Les données préliminaires font apparaître un déclin des importations mondiales, qui se sont montées à 2.9 Mt en 2022, soit une baisse de 1 % par rapport à 2021, qui est liée à un déficit d’offre de la part du premier pays producteur mondial, le Costa Rica. La demande étant restée forte aux États-Unis et dans l’Union européenne au cours de neuf premiers mois de l’année, la valeur unitaire indicative moyenne des importations a eu tendance à augmenter dans ces deux régions clés. Favorisées par un dollar fort et une envolée des ventes dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, les importations américaines ont connu une hausse estimée à 4 % en 2022, et se sont hissées à 1.1 Mt. À l’inverse, les achats de la deuxième région importatrice, l’Union européenne, ont chuté de 8 %, les pénuries d’approvisionnement et problèmes d’expédition ayant réduit les quantités pouvant être acheminées sur place durant les neuf premiers mois de l’année. Un contexte économique plus fragile et la faiblesse de l’euro par rapport au dollar des États-Unis se sont également révélés problématiques. On estime que sur l’ensemble de l’année, les importations de l’Union européenne auront reculé d’environ 0.76 Mt et atteindront un niveau 17 % inférieur à la moyenne précédemment relevée sur cinq ans. Les estimations font donc apparaître que les États-Unis ont acquis environ 39 % de l’offre d’exportation sur l’ensemble de l’année 2022, contre 26 % pour l’Union européenne.

Compte tenu d’une extension de 1.7 % de la surface récoltée, la production mondiale d’ananas devrait s’accroître de 2 % par an au cours de la décennie à venir, pour s’établir à 32 Mt en 2032. L’Asie devrait conserver le haut du podium en matière de volume de production et concentrer quelque 44 % du total mondial, avec une offre importante aux Philippines, en Thaïlande, en Inde, en Indonésie et en Chine. En Asie, la production d’ananas continuera à satisfaire principalement la demande intérieure et devrait augmenter fortement sous l’effet de l’évolution démographique et de la croissance des revenus, en particulier en Inde, en Indonésie et en Chine. De même, en Amérique latine et dans les Caraïbes, la production d’ananas – qui devrait arriver au deuxième rang mondial avec 34 % en 2032 – sera en grande partie conditionnée par l’évolution des besoins de la population, qui s’accroît et devient de plus en plus aisée. Seuls le Costa Rica et les Philippines, deux grands producteurs et principaux exportateurs d’ananas sur les marchés mondiaux, devraient voir leur production grandir sous l’effet d'une hausse de la demande d’importation, avec des exportations qui devraient représenter environ 68 % et 18 % des ananas frais produits au Costa Rica et aux Philippines en 2032, respectivement.

Les exportations mondiales d’ananas devraient progresser de 1.3 % par an et atteindre 3.5 Mt en 2032, principalement sous l’effet de la demande d’importations des États-Unis et de l’Union européenne. Avec des quantités importées estimées à 1.1 Mt en 2032 – soit 34 % du total mondial –, les États-Unis resteront le plus gros importateur devant l’Union européenne (qui représentera quelque 26 % des importations totales). Sur ces deux marchés clés, la demande d’ananas frais devrait bénéficier de prix unitaires toujours peu élevés et, dans une certaine mesure, de l’introduction de nouvelles variétés de plus grande qualité. La hausse de la demande d'importations de la Chine, où la consommation a progressé plus rapidement que la production ces dernières années, devrait également favoriser l’essor des exportations mondiales. À l’horizon 2032, les importations chinoises d’ananas devraient avoisiner 0.39 Mt par an, et provenir en majeure partie des Philippines.

Les estimations indiquent que les exportations mondiales d’avocat ont fléchi de 6 % en 2022, à moins de 2.4 Mt, à la suite d’une baisse de l’offre imputable à de très mauvaises conditions météorologiques au Mexique, premier exportateur mondial. Bien que les données et informations préliminaires montrent que les exportations de la plupart des autres pays producteurs continuent de croître relativement rapidement, il semble que ces augmentations n’aient pas suffi à compenser ces ruptures d’approvisionnement sans précédent au Mexique. Les données mensuelles relatives aux exportations mexicaines pour la période allant de janvier à août 2022 montrent que les expéditions ont chuté de 32 % d’une année sur l’autre, laissant entrevoir un total de 1 Mt exportées sur l’année complète, soit un recul de quelque 0.38 Mt par rapport à l’année précédente.

À l’échelle mondiale, les importations mondiales d’avocats ont elles aussi connu une diminution estimée à 6 % en 2022, atteignant environ 2.3 Mt. Malgré une demande perpétuellement soutenue sur les deux principaux marchés d’importation, les États-Unis et l’Union européenne, qui représentaient respectivement 45 % et 25 % des importations mondiales en 2022, la croissance globale des importations a été freinée par les ruptures d’approvisionnement survenues au Mexique. On estime que les importations des États-Unis ont baissé de 11 % en 2022, pour s’établir autour de 1 Mt. Ce pays est particulièrement exposé aux variations de l’offre observées au Mexique, d’où proviennent près de 90 % des avocats qu'il importe. Du côté de l’Union européenne, les importations semblent être restées relativement stables, à environ 0.58 Mt, affichant une légère tendance à la baisse. À l’instar de ce qui est observé aux États-Unis, les consommateurs européens, de plus en plus soucieux de leur santé, continuent de plébisciter massivement l’avocat, qui est communément perçu comme étant un fruit de bonne qualité nutritive.

Parmi les principaux fruits tropicaux, l’avocat présente le niveau de production le plus faible, mais connaît également la croissance la plus rapide depuis quelques décennies, et devrait voir cette tendance se maintenir au cours de la période de projection. La forte demande mondiale, des rendements importants par hectare et le niveau élevé des prix unitaires à l’exportation restent les principaux moteurs de cette hausse, qui favorise des investissements dans l’extension des surfaces cultivées, que ce soit dans les zones de production émergentes ou bien établies. Ainsi, la production annuelle devrait atteindre 12 Mt en 2032, soit plus de trois fois son niveau de 2010. Bien que de nouvelles régions de culture aient émergé rapidement ces dernières années, il est probable que la production d’avocats continue de se concentrer dans un petit nombre de régions et de pays. Les cinq premiers pays producteurs – Mexique, Colombie, Pérou et République dominicaine – devraient voir leur production croître considérablement au cours de la décennie à venir et représenter à eux seuls plus de 50 % de la production mondiale en 2032, sachant que la Colombie et le Pérou devraient voir leurs niveaux de production augmenter de 60 à 70 % par rapport à la période de référence. Quelque 66 % de la production d’avocat devrait donc demeurer en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui jouissent de conditions propices à la culture de ce produit.

En réponse à la hausse soutenue de la demande mondiale et dans un contexte de croissance rapide de la production, l’avocat est en voie de devenir le principal fruit tropical échangé d’ici à 2032 avec 3.8 Mt de produits exportés, et dépasser ainsi l’ananas et la mangue. Compte tenu de prix unitaires moyens élevés, on estime que la valeur totale des exportations pourrait atteindre 8.7 milliards USD constants de 2014-16, ce qui fait de l’avocat l’un des fruits les plus lucratifs. Malgré une concurrence de plus en plus forte imposée par de nouveaux exportateurs, le Mexique devrait se maintenir à la tête des exportations mondiales, avec une part de 40 % en 2032. Le pays tirera en effet parti d’une croissance annuelle de la production de 3.6 % au cours de la décennie à venir ainsi que de la hausse continue de la demande aux États-Unis, premier pays importateur d’avocats mexicains. Le Pérou, deuxième pays exportateur d’avocats, devrait quant à lui être à l’origine de 24 % des expéditions mondiales, ces dernières étant principalement destinées à répondre à la croissance de la demande observée dans l’Union européenne.

Les États-Unis et l’Union européenne, où l’intérêt pour l’avocat provient de ses bienfaits déclarés pour la santé, devraient se maintenir à la tête des importations mondiales, respectivement à hauteur de 44 % et 27 % en 2032. Cependant, les importations devraient progresser également rapidement dans de nombreux autres pays, tels que la Chine et certains pays du Moyen-Orient, en raison de l’augmentation des revenus et de l’évolution des préférences des consommateurs sur ces marchés. De la même manière, la consommation d’avocats par habitant devrait augmenter sous l’effet de la croissance des revenus dans de nombreux pays producteurs, notamment en Colombie, en République dominicaine et en Indonésie. Cependant, il importe de souligner que la demande d’avocats, tant sur les marchés intérieurs que sur les marchés d'importation, peut varier en fonction des prévisions macroéconomiques. Compte tenu de valeurs unitaires généralement élevées ainsi que d’une élasticité-revenu et prix relativement importante, l’évolution des revenus des consommateurs – ou des prix – pourrait rapidement peser sur la demande. Cela dit, la demande d’importation d’avocat s’est montrée relativement résistante face aux variations de revenus sur les deux principaux marchés d'importations, les États-Unis et l’Union européenne, où la demande semble également dictée par l’évolution des préférences des consommateurs, comme l’a prouvé la croissance ininterrompue observée au cours de la décennie passée.

Les données préliminaires révèlent que les exportations mondiales de papayes ont augmenté de 1 % en 2022, pour atteindre quelque 0.37 Mt. Au Mexique, premier exportateur mondial, les ventes semblent avoir progressé d’environ 4 % sur l’ensemble de l’année, sous l’effet d'une croissance de la production. La quasi-totalité des exportations mexicaines de papayes sont destinées aux États-Unis qui, ayant réalisé plus de la moitié des importations mondiales de papayes en 2022, se positionnent en tant que principal importateur mondial. L’essentiel de la production mexicaine de papayes est cependant destiné à la consommation intérieure, ce qui sous-entend que les résultats commerciaux dépendent très largement de l’évolution des marchés intérieur et étrangers.

Les importations mondiales sont quant à elles restées globalement stables, autour de 0.34 Mt en 2022, bien qu’affichant une légère tendance au fléchissement, de l’ordre de 0.3 %. Les données disponibles montrent que les importations américaines se sont accrues d’environ 1 % en 2022, à quelque 0.19 Mt, dans un contexte d’offre abondante au Mexique, premier fournisseur de papayes aux États-Unis. Bien que la croissance ait sensiblement ralenti par rapport à 2021, époque à laquelle les importations des États-Unis progressaient de 5 % d’une année sur l’autre, les représentants du secteur affirment que la demande américaine de papayes est restée forte au cours des neuf premiers mois de 2022. L’Union européenne demeure le deuxième importateur mondial de papayes, mais avec une part de seulement 10 %. La papaye reste un produit méconnu dans l’Union européenne en raison principalement de sa fragilité lors du transport. De ce fait, une croissance significative sur ce marché semble difficilement atteignable.

La production mondiale de papayes devrait progresser de 1.9 % par an et atteindre 18 Mt en 2032. La part de papayes exportées étant particulièrement faible, autour de 2.5 % au cours de la période de référence, la production de ce fruit est essentiellement dictée par la demande intérieure, qui dépend de la croissance démographique et des revenus. Dans ce contexte, la croissance la plus forte est attendue en Asie, première région productrice au niveau mondial, où ces deux variables devraient avoir un poids conséquent. La part de l’Asie dans la production mondiale devrait ainsi atteindre 60 % à l’horizon 2032, contre 58 % au cours de la période de référence. L’Inde, premier pays producteur au monde, verra sa production augmenter de 1.6 % par an jusqu’à représenter 37 % de l’offre mondiale d’ici à 2032. La croissance de la population et des revenus seront les principaux facteurs de cette hausse, avec une consommation intérieure de papayes estimée à 4.4 kg par habitant en 2032, contre 4.1 kg pendant la période de référence. En Indonésie, la production devrait croître de 2.8 % par an au cours de la période de projection, dans le sillage de l’accroissement de la demande intérieure, les revenus par habitant devant augmenter de plus de 4 % par an.

Les exportations mondiales seront en grande partie stimulées par l’augmentation de la production au Mexique –premier exportateur mondial – et par celle de la demande des principaux importateurs, les États-Unis et l’Union européenne. Moyennant un taux de croissance annuel de 1.9 %, les exportations mondiales de papayes devraient dépasser 0.46 Mt à l’horizon 2032. Il existe toutefois un obstacle majeur au développement du commerce international de la papaye, à savoir sa grande périssabilité et sa fragilité dans les transports, qui rendent son expédition vers des destinations lointaines compliquée. Les innovations dans la chaîne du froid, l’emballage et le transport pourraient toutefois faciliter sa distribution à plus grande échelle, d’autant que la demande de fruits tropicaux est en hausse sur les marchés d’importation.

Du point de vue des projections, les échanges et la consommation de bananes et de principaux fruits tropicaux sont grandement menacés à plusieurs niveaux. D’une part, les taux d’inflation élevés, la hausse des charges d’intérêt et les fluctuations des taux de change risquent de freiner la demande, en particulier pour les consommateurs appartenant aux milieux économiques moins favorisés, qui vont devoir consacrer une part plus élevée de leurs revenus à leurs dépenses d’alimentation. Certains analystes tablent en outre sur une récession économique à l’échelle mondiale, et si les prévisions récemment publiées semblent écarter un tel scénario – au moins pour 2023 –, ce dernier pourrait venir contrarier un peu plus la croissance de la demande s'il venait à se concrétiser. Les incertitudes qui entourent la guerre menée par la Russie en Ukraine, et notamment ses conséquences pour les chaînes d’approvisionnement mondiales, les marchés des engrais, les axes de transport et l’accès aux marchés d’exportation viennent assombrir un peu plus les projections.

D’autre part, le réchauffement climatique accroît la fréquence des sécheresses, des inondations, des ouragans et d’autres catastrophes naturelles, qui rendent la production de plus en plus difficile et coûteuse. Compte tenu de la périssabilité des fruits tropicaux lors des phases de production, de commercialisation et de distribution, les défis environnementaux et le manque d’infrastructure continuent de menacer la production et l’approvisionnement des marchés internationaux. Le problème est d’autant plus aigu que l’immense majorité des fruits tropicaux sont produits dans un cadre informel et dans des zones reculées, que leur culture dépend beaucoup des précipitations, est sujette aux effets néfastes de phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles et est éloignée des grands axes de transport.

En outre, dans un contexte de hausse des températures, on observe une propagation plus rapide et plus intense des ravageurs et des maladies, à l’instar de la fusariose. La souche de la maladie qui se propage actuellement (appelée race tropicale 4, ou TR4) présente des risques particulièrement élevés pour l'approvisionnement mondial de bananes, car elle peut toucher une variété beaucoup plus grande de cultivars de bananes et de bananes plantains que les autres souches. Bien que des progrès aient été récemment réalisés dans l’élaboration de variétés résistantes, il n’existe actuellement aucun fongicide ou méthode d’éradication efficace contre la maladie. Selon les informations officielles, la TR4 est actuellement confirmée dans 21 pays, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est, mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique, en Océanie et en Amérique latine, où un premier cas a été détecté en Colombie en août 2019, au Pérou en avril 2021 et au Venezuela en janvier 2023. Une évaluation indicative de l’impact économique potentiel de la TR4 sur la production et le commerce de bananes au niveau mondial a montré que la propagation de la maladie entraînerait notamment une perte considérable de revenus et d’emplois dans le secteur bananier des pays concernés, ainsi qu’une hausse importante des prix au consommateur dans les pays importateurs, ces impacts atteignant des degrés variables selon la propagation effective.

Les bananes, ananas et avocats étant des produits particulièrement populaires sur les marchés d’importation, les acteurs du secteur se livrent une concurrence féroce tout au long des chaînes de valeur mondiales, jusqu’au commerce de détail. Cette rivalité a tiré les prix des bananes et des ananas vers le bas à chaque étape de la chaîne de valeur, ce qui a eu pour effet de maintenir les prix à la production à un faible niveau, avec peu de fluctuations. La hausse des coûts de production, les prix peu élevés et les faibles marges bénéficiaires empêchent de rémunérer convenablement les travailleurs et les petits exploitants dans ces secteurs et ne permettent absolument pas aux producteurs de faire face aux nouveaux défis et aux perturbations de la chaîne logistique qui s’imposent à eux. Les perspectives de production sont donc également compromises en raison d’un risque élevé de contraction du secteur, qui n’incitera pas les producteurs à poursuivre leur activité dans un contexte de marges bénéficiaires faibles, voire négatives, dont il découlera une baisse de l’offre sur les marchés mondiaux et, partant, une augmentation des prix des aliments. Les données relatives à l’évolution des marchés mondiaux d’exportation et d'importation courant 2022 vont d’ores et déjà dans ce sens, et aucune des principales régions ne semble épargnée.

Note

← 1. Les différents types de légumineuses sont les suivants : haricots secs, fèves sèches, pois secs, pois chiches, niébés, pois d’Angole, lentilles, pois bambara, vesces, lupins et légumineuses secondaires (non classifiées séparément).

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