Introduction : les indicateurs et leur structure

Regards sur l’Éducation 2021 : Les indicateurs de l’OCDE présente un jeu étoffé d’indicateurs comparables et à jour qui font l’état des lieux de l’éducation à l’échelle internationale sur la base d’une méthode validée par tous les experts concernés. Ces indicateurs décrivent les moyens humains et financiers mobilisés en faveur de l’éducation, le fonctionnement et l’évolution des systèmes d’éducation et d’apprentissage et le rendement des investissements consentis dans l’éducation. Ils sont agencés de manière thématique, et chacun d’entre eux est assorti de la description du contexte de l’action publique et de l’interprétation des données.

Les indicateurs de l’éducation s’intègrent dans une structure qui fait la distinction entre les acteurs des systèmes d’éducation, regroupe les indicateurs en fonction de leur thématique et analyse les facteurs contextuels qui influent sur l’action publique (voir le Graphique A). Outre ces dimensions, l’évolution de la situation dans le temps permet de décrire certains aspects de la dynamique de développement des systèmes d’éducation.

Les indicateurs de l’éducation de l’OCDE visent davantage à évaluer les performances globales des systèmes d’éducation des pays qu’à comparer les différents établissements ou les entités infranationales. Il est toutefois de plus en plus communément admis qu’il faut bien comprendre le rendement de l’apprentissage et sa corrélation avec les moyens mobilisés et les mécanismes à l’œuvre au niveau individuel et à l’échelle des établissements pour évaluer de nombreuses caractéristiques importantes du développement, du fonctionnement et de l’impact des systèmes d’éducation.

C’est pourquoi la première dimension de la structure du présent rapport fait la distinction entre les trois types d’acteurs des systèmes d’éducation :

  • les systèmes d’éducation dans leur ensemble

  • les prestataires de services d’éducation (établissements d’enseignement) et leur cadre pédagogique (classes, enseignants)

  • les personnes en formation, c’est-à-dire les enfants et les jeunes scolarisés durant leur formation initiale et les adultes pratiquant l’apprentissage tout au long de la vie.

La deuxième dimension du cadre structurel répartit les indicateurs entre trois catégories :

  • Les indicateurs sur la production, les retombées et les impacts des systèmes d’éducation : les indicateurs sur la production analysent les caractéristiques des effectifs scolarisés en fin de cursus, par exemple leur niveau de formation. Les indicateurs sur les retombées analysent les effets directs de la production des systèmes d’éducation, par exemple l’amélioration des perspectives professionnelles et salariales résultant de l’élévation du niveau de formation. Les indicateurs sur les impacts analysent les effets indirects à long terme de la production des systèmes d’éducation, par exemple les connaissances et les compétences acquises, la contribution à la croissance économique et au bien-être sociétal, la cohésion sociale et l’équité.

  • Les indicateurs sur la scolarisation et les parcours scolaires : ces indicateurs évaluent la probabilité d’accéder aux différents niveaux d’enseignement, de s’y inscrire et de les réussir et décrivent les divers parcours suivis entre les types de formation et les niveaux d’enseignement.

  • Les indicateurs sur les intrants des systèmes d’éducation et des environnements d’apprentissage : ces indicateurs décrivent les leviers politiques dont résultent les taux de scolarisation et les parcours scolaires ainsi que la production et les retombées des systèmes d’éducation à chaque niveau d’enseignement. Ces leviers politiques portent sur les ressources investies dans l’éducation, dont les moyens financiers, humains (enseignants et autres personnels de l’éducation) et matériels (bâtiments et infrastructures). Ces indicateurs décrivent aussi les orientations politiques, notamment l’environnement d’apprentissage en classe, les matières enseignées et les méthodes pédagogiques. Enfin, ils analysent l’organisation des établissements et des systèmes d’éducation, notamment la gouvernance et l’autonomie, et des politiques spécifiques visant à réguler l’accès à certaines formations.

Les leviers politiques ont généralement des antécédents, c’est-à-dire des facteurs externes qui conditionnent ou limitent l’action publique, mais qui ne sont pas en lien direct avec la thématique politique à l’étude. Les facteurs démographiques, socio-économiques et politiques sont autant de caractéristiques nationales dont il est important de tenir compte lors de l’interprétation des indicateurs. La crise financière de 2008 a par exemple été lourde de conséquences pour le budget public de l’éducation.

Les caractéristiques des individus scolarisés, notamment leur sexe, leur âge et leur milieu socio-économique ou culturel, sont également des facteurs contextuels qui influent dans une grande mesure sur les résultats de la politique de l’éducation.

Ce cadre multidimensionnel permet de comparer le fonctionnement de toute entité à vocation pédagogique, du système d’éducation dans son ensemble à l’une de ses plus petites unités, la classe, par niveau d’enseignement ou cursus.

Il est important que ce cadre soit multidimensionnel, car de nombreuses caractéristiques des systèmes d’éducation ont des effets qui varient entre les différents niveaux des systèmes. Dans l’analyse de la situation à l’échelle de la classe, la relation entre les résultats des élèves et la taille des classes peut par exemple être négative si les interactions entre élèves et enseignants sont de meilleure qualité dans les classes moins denses. En revanche, à l’échelle des classes ou des établissements, les critères de regroupement sont tels qu’ils reviennent à concentrer les élèves moins performants ou issus de milieux défavorisés dans des classes plus petites, où un soutien plus personnalisé peut leur être accordé. À ce niveau, la relation entre les deux mêmes variables est donc souvent positive, ce qui suggère que les résultats scolaires sont meilleurs dans les classes de grande taille plutôt que de petite taille. À des niveaux supérieurs d’agrégation, la relation entre les résultats scolaires et la taille des classes dépend aussi du niveau socio-économique de l’effectif des établissements ou de facteurs liés à la culture d’apprentissage propre à chaque pays. Il est donc important de bien comprendre les relations entre tous ces aspects pour interpréter les indicateurs.

L’analyse de chacun des éléments du cadre et des interactions entre ces éléments permet de cerner un large éventail d’aspects de l’action publique :

  • la qualité de l’offre d’enseignement et du rendement de l’apprentissage

  • l’égalité des chances dans l’éducation et l’équité du rendement de l’apprentissage

  • l’adéquation des ressources investies dans l’éducation et l’efficacité et l’efficience de leur affectation

  • la pertinence des mesures prises par les pouvoirs publics pour améliorer le rendement de l’apprentissage.

Les indicateurs publiés dans la présente édition de Regards sur l’éducation ont été élaborés dans ce cadre. Les chapitres portent sur les systèmes d’éducation, mais les indicateurs sont désagrégés entre différents éléments des systèmes ou environnements d’apprentissage, de sorte qu’ils peuvent porter sur plus d’une dimension du cadre.

Le chapitre A, Résultats des établissements d’enseignement et impact de l’apprentissage, regroupe les indicateurs sur la production, le rendement et les impacts des systèmes d’éducation, à savoir ceux relatifs au niveau de formation de la population, au rendement de l’apprentissage et aux retombées économiques et sociales de l’éducation (voir le Graphique A). Grâce à cette analyse, les indicateurs de ce chapitre permettent de cerner les orientations de la politique relative à l’apprentissage tout au long de la vie par exemple. Ils décrivent aussi les leviers politiques à actionner pour améliorer la situation dans des domaines où le rendement et les impacts ne correspondent pas aux objectifs stratégiques nationaux.

Le chapitre B, Accès à l’éducation, participation et progression, porte sur tous les niveaux d’enseignement, de l’éducation de la petite enfance à l’enseignement tertiaire, et regroupe des indicateurs sur l’enchaînement des niveaux d’enseignement ainsi que sur leurs taux de scolarisation et de réussite (voir le Graphique A). Ces indicateurs décrivent des aspects combinant production et rendement, dans la mesure où la production de chaque niveau d’enseignement est l’intrant du niveau suivant et que la progression de niveau en niveau est le fruit des politiques et pratiques en classe, dans les établissements et dans les systèmes d’éducation. Ils permettent aussi de déterminer des domaines dans lesquels les pouvoirs publics doivent prendre des mesures, par exemple pour remédier à des inégalités ou encourager la mobilité internationale.

Les chapitres C et D portent sur les intrants des systèmes d’éducation (voir le Graphique A) :

  • Le chapitre C, Ressources financières investies dans l’éducation, regroupe les indicateurs sur les dépenses d’éducation et le budget des établissements et leur répartition entre le secteur public et le secteur privé ainsi que sur les frais de scolarité et les mécanismes financiers d’aide aux personnes en formation. Ces indicateurs portent essentiellement sur des leviers politiques, mais ils contribuent aussi à expliquer des aspects spécifiques du rendement de l’apprentissage. Les dépenses unitaires d’éducation sont par exemple un levier politique majeur : elles ont un impact on ne peut plus direct au niveau individuel, mais elles sont aussi des contraintes pour l’environnement d’apprentissage à l’école et en classe.

  • Le chapitre D, Enseignants, environnement d’apprentissage et organisation scolaire, regroupe les indicateurs sur le temps d’instruction ainsi que sur le temps de travail et le salaire des enseignants et des chefs d’établissement. Ces indicateurs portent sur des leviers politiques qu’il est possible d’actionner et décrivent des facteurs contextuels liés à la qualité de l’enseignement et aux résultats scolaires individuels. Enfin, ce chapitre analyse le profil des enseignants.

En plus de cette série habituelle d’indicateurs et de données statistiques, Regards sur l’éducation propose des encadrés sur des recherches qui permettent de mieux comprendre des indicateurs ou sur des analyses relatives à des groupes plus restreints de pays qui viennent compléter les constats plus généraux.

En septembre 2015, les dirigeants du monde entier se sont réunis afin de fixer des objectifs ambitieux pour l’avenir de l’humanité. Le quatrième de ces objectifs de développement durable est « d’assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et de promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Chaque cible de ce quatrième objectif est associée à au moins un indicateur mondial et à plusieurs indicateurs thématiques connexes conçus pour compléter l’analyse et l’évaluation de la cible.

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) supervise le programme de ce quatrième objectif relatif à l’éducation dans le cadre établi sous l’égide des Nations Unies. En tant qu’organisme responsable de la plupart des indicateurs du quatrième objectif de développement durable, l’Institut de statistique (ISU) de l’UNESCO coordonne les efforts consentis à l’échelle mondiale pour élaborer le cadre de suivi des progrès par cible. L’ISU recueille des données et élabore avec des partenaires de nouveaux indicateurs, de nouvelles approches statistiques et de nouveaux instruments de suivi pour mieux évaluer les progrès réalisés dans les cibles relatives à l’éducation.

Dans ce cadre, les programmes de l’OCDE sur l’éducation ont un rôle clé à jouer dans les initiatives à prendre pour atteindre le quatrième objectif et ses cibles ainsi que dans l’évaluation des progrès accomplis en ce sens. Il existe une forte complémentarité entre le programme d’action du quatrième objectif et les outils, instruments, données et plateformes de dialogue proposés par l’OCDE dans le domaine de l’éducation. L’OCDE travaille avec l’ISU, le Comité directeur « Éducation 2030 » responsable du quatrième objectif de développement durable et les groupes techniques mis en place par l’UNESCO et ses partenaires pour élaborer un système global de données qui permette de rendre compte de la situation dans le monde et convenir des sources de données et des méthodes à retenir dans le suivi des indicateurs mondiaux du quatrième objectif et d’un ensemble d’indicateurs thématiques dans les pays membres et partenaires de l’OCDE.

Dans le cadre de ces efforts consentis à l’échelle mondiale pour alimenter le dialogue et améliorer le suivi du quatrième objectif, Regards sur l’éducation consacre une nouvelle fois un indicateur à ce programme mondial en faveur de l’éducation. Cet indicateur montre où les pays membres et partenaires de l’OCDE se situent par rapport aux cibles des objectifs de développement durable. Selon la priorité thématique de chaque édition, les indicateurs mondiaux et thématiques relatifs au quatrième objectif présentés varient parfois d’une année à l’autre. Le chapitre sur le quatrième objectif de développement durable suit le cadre général de Regards sur l’éducation.

L’équité est le thème central de l’édition de 2021 de Regards sur l’éducation. Par équité, on entend dans le cadre de l’éducation la possibilité offerte à tous sur un pied d’égalité de faire et de réussir des études et d’accéder à un enseignement de qualité sans que des caractéristiques personnelles ou sociales – le sexe, le milieu socio-économique ou le fait d’être issu de l’immigration – ne fassent obstacle à l’exploitation du potentiel d’apprentissage. C’est pourquoi cette édition fait une large place aux indicateurs relatifs aux taux de scolarisation et à l’enchaînement des cursus ainsi qu’aux retombées de l’éducation dans un certain nombre de dimensions propres à l’équité, dont le sexe, le fait d’être issu de l’immigration ou le pays d’origine et la situation infranationale. La dimension socio-économique est évaluée dans l’analyse d’indicateurs sur l’éducation par type d’établissement (public ou privé) ainsi que sur les aspects financiers de l’éducation. Un nouvel indicateur sur les critères d’allocation des fonds publics aux établissements complète cette analyse. Ce nouvel indicateur montre en quoi les mécanismes d’allocation budgétaire peuvent appuyer les efforts déployés pour améliorer l’équité dans les établissements, compte tenu des différences de taille (effectif scolarisé, personnel enseignant et non enseignant et infrastructures scolaires), de situation (zones urbaines, rurales et reculées), de programmes de cours (cursus pour élèves ayant des besoins spécifiques d’éducation et cursus de la filière professionnelle, sportive ou artistique, par exemple) et de caractéristiques de l’effectif scolarisé (éléments spécifiques des milieux défavorisés, par exemple). Un deuxième nouvel indicateur étudie le taux d’attrition des enseignantes et des enseignants en complément de l’analyse du degré de parité du corps enseignant.

Dans le droit fil de la thématique générale de cette édition de Regards sur l’éducation, l’indicateur sur le quatrième objectif de développement durable porte sur la cible 4.5 : « Éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation et assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle » d’ici à 2030.

Promouvoir l’équité s’est révélé particulièrement difficile durant la pandémie de COVID-19. Les jeunes défavorisés sont les plus susceptibles d’éprouver des difficultés à suivre les cours à distance et sont plus exposés au risque de décrochage scolaire en cas de longue fermeture des établissements. Et le marché de l’emploi est plus incertain et plus instable pour les moins instruits. Un rapport spécial sur le COVID-19 publié avec la présente édition complète l’examen de la thématique de l’équité. Il analyse de manière plus approfondie la riposte à la pandémie dans l’éducation, à savoir les mesures prises dans le monde entier pour garantir la continuité pédagogique et promouvoir l’apprentissage de tous sur un pied d’égalité pendant la fermeture des établissements (OCDE, 2021[1]).

Le tableau A résume les chapitres et les indicateurs qui analysent l’équité dans la présente édition de Regards sur l’éducation.

Références

[1] OCDE (2021), The State of Global Education: 18 Months into the Pandemic, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/1a23bb23-en.

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