Espérance de vie et espérance de vie en bonne santé à 65 ans
Tous les pays de l’OCDE ont connu une forte augmentation de l’espérance de vie à 65 ans pour les hommes comme pour les femmes au cours des dernières décennies : elle a ainsi augmenté en moyenne de 5.7 ans entre 1970 et 2019 (Graphique 10.3). Sur cette même période, sept pays (Australie, Corée, Espagne, Finlande, Irlande, Japon et Luxembourg) ont enregistré des hausses de plus de sept ans, tandis que deux pays (la Lituanie et le Mexique) ont connu une hausse de moins de trois ans entre 1970 et 2019.
En moyenne dans l’OCDE en 2019, les personnes âgées de 65 ans pouvaient espérer vivre 19.9 années supplémentaires. Les femmes ont une espérance de vie à 65 ans supérieure d’environ 3.3 années à celle des hommes. Cet écart n’a pas vraiment évolué depuis 1970 puisque l’espérance de vie à 65 ans était alors supérieure de 2.9 années pour les femmes. Dans la zone OCDE, l’espérance de vie à l’âge de 65 ans en 2019 était la plus élevée au Japon pour les femmes (24.6 ans) et en Suisse pour les hommes (20.3 ans). Elle était la plus basse en Hongrie pour les femmes (18.6 ans), et en Lettonie pour les hommes (14.4 ans).
Entre 1970 et 2019, tous les pays de l’OCDE ont connu une amélioration de l’espérance de vie à 65 ans, mais toutes ces années supplémentaires ne sont pas vécues en bonne santé. Le nombre d’années de vie en bonne santé à 65 ans varie fortement d’un pays de l’OCDE à l’autre (Graphique 10.4). Dans l’Union européenne (UE), un indicateur de l’espérance de vie sans incapacité ou « années de vie en bonne santé » est calculé régulièrement, à partir d’une question générale sur l’incapacité posée dans l’enquête EU-SILC (Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie). En moyenne dans les pays de l’OCDE participant à l’enquête, le nombre d’années de vie en bonne santé à 65 ans était de 9.8 ans pour les femmes et de 9.7 ans pour les hommes en 2019, une différence bien moins importante que celle observée pour l’espérance de vie à 65 ans en général. L’espérance de vie en bonne santé à 65 ans était proche ou supérieure à 16 ans pour les hommes et les femmes en Norvège et en Suède ; pour les hommes, cela fait presque trois ans de plus que dans les pays qui viennent ensuite (l’Islande et l’Irlande). L’espérance de vie en bonne santé à 65 ans était inférieure à 5 années tant pour les hommes que pour les femmes en République slovaque et en Lettonie. Dans ces pays, les femmes passent plus de trois quarts des années de vie supplémentaires en mauvaise santé, contre un quart ou moins en Norvège et en Suède.
La progression de l’espérance de vie à 65 ans s’est ralentie ces dernières années. Ceci s’explique en partie par les problèmes de santé qui affectent les personnes âgées de manière disproportionnée, comme la forte épidémie de grippe de 2014-15, qui a particulièrement touché les personnes âgées et les plus fragiles. Plus récemment, la pandémie de COVID-19 a fortement affecté l’espérance de vie en 2020, en particulier celle des personnes âgées. Dans 21 pays de l’OCDE, 93 % des décès imputés au COVID-19 ont concerné des individus de 60 ans et plus, dont près de trois cinquième des personnes de plus de 80 ans (OCDE, à paraître[3]). Entre 2019 et 2020, l’espérance de vie à 65 ans a baissé dans 18 des 25 pays de l’OCDE disposant de données, chutant en moyenne de 7.4 mois (7.1 mois pour les femmes et 7.7 mois pour les hommes). Avec le vieillissement de la population, les pays de l’OCDE vont devoir anticiper certains problèmes sanitaires, comme la pandémie de COVID-19, des épidémies de grippe et d’autres maladies infectieuses, susceptibles d’affecter anormalement les plus âgés, et se préparer à y faire face, y compris en veillant à obtenir des taux de vaccination élevés parmi la population âgée.
L’espérance de vie mesure le nombre moyen d’années pendant lesquelles un individu peut espérer vivre, dans l’hypothèse de taux de mortalité stables. Il n’est cependant pas possible de connaître à l’avance le taux effectif de mortalité d’une cohorte. Si les taux baissent (comme ce fut le cas ces dernières décennies dans les pays de l’OCDE), la durée de vie effective des individus sera supérieure à l’espérance de vie calculée sur la base des taux de mortalité actuels. La méthodologie utilisée pour calculer l’espérance de vie peut légèrement varier d’un pays à l’autre, ces différences pouvant induire des écarts qui restent inférieurs à un an. L’espérance de vie à 65 ans est la moyenne non pondérée des espérances de vie des hommes et des femmes.
L’espérance de vie sans incapacité, ou « années de vie en bonne santé », mesure le nombre d’années passées sans limitation d’activité. En Europe, les années de vie en bonne santé sont calculées chaque année par Eurostat pour les pays de l’Union européenne et certains pays de l’Association européenne de libre-échange. La mesure de l’incapacité repose sur la question relative à l’indicateur général de limitation de l’activité (GALI) de l’enquête EU-SILC : « Êtes-vous limité(e), depuis au moins six mois, en raison d’un problème de santé, dans vos activités habituelles ? ». Les réponses possibles sont : « Oui, fortement limité(e) ; Oui, limité(e) ; Non, pas limité(e) du tout ». Bien que les années de vie en bonne santé fournissent aujourd’hui les données les plus comparables, des problèmes subsistent quant à la manière d’interpréter l’indicateur de limitation globale de l’activité, même s’il semble refléter de façon satisfaisante d’autres mesures de la santé et de l’incapacité (Jagger et al., 2010[1]).
Les données relatives à la structure de la population sont extraites des Données historiques et projections de l’OCDE de la population (1950-2050). Les projections retenues correspondent à la variante moyenne des projections démographiques les plus récentes des Nations Unies (Perspectives de la population mondiale : Révision de 2019).