1. Les ressorts numériques d’une croissance inclusive en Afrique et en Amérique latine et Caraïbes

Bakary Traoré
Centre de développement de l’OCDE
Jose René Orozco
Centre de développement de l’OCDE
Juan Velandia
Centre de développement de l’OCDE

Les auteurs souhaitent remercier Federico Bonaglia, Sebastian Nieto Parra, Arthur Minsat et Juan Vazquez Zamora pour leurs orientations et leurs avis, ainsi que Mariana Lopes pour son aide lors du processus de révision.

  • En 2019, environ 58 % de la population en Afrique vivait dans une région couverte par des réseaux 4G, contre à peine 23 % en 2015. Le nombre de start-ups africaines spécialisées dans les technologies bénéficiant d’un soutien a progressé six fois plus vite que la moyenne mondiale entre 2015 et 2019.

  • En Amérique latine et dans les Caraïbes, la transformation numérique peut aider les pays à relever des défis à long terme tels qu’une faible croissance de la productivité. Quelque 70 % de la population utilise l’internet de façon régulière – soit presque deux fois plus qu’en 2010.

  • Dans les deux régions, les possibilités réelles de création d’emplois à grande échelle résident dans la diffusion dans le reste de l’économie des innovations numériques des grandes entreprises spécialisées dans ce secteur.

  • La coopération pour le développement axée sur les priorités dans le domaine du numérique devrait contribuer à remédier aux disparités sur les plans spatial et social et aux écarts de productivité. Le renforcement de la coordination régionale concernant les services numériques, la réglementation des données, la sécurité et le commerce demeure essentiel pour stimuler la croissance économique.

La transformation numérique ouvre de nombreuses perspectives d’aplanir les obstacles structurels qui freinent le développement et le soutien à l’appui d’une société plus inclusive et productive. Elle peut aider à améliorer la gouvernance, à améliorer l’accès à des services publics essentiels, à élargir les modes de collaboration entre les individus, et à permettre à la population de bénéficier d’un accès aux marchés mondiaux et d’une plus grande diversité de produits. On observe toutefois des disparités au sein des pays, et entre les pays, en termes de progrès, d’accès au numérique et d’adoption de ces technologies, aussi bien en Afrique qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Même si l’économie numérique est en pleine expansion en Afrique, une diffusion plus massive des technologies est nécessaire pour remédier à la crise de l’emploi et générer une croissance inclusive. Les principaux secteurs du numérique, malgré leur trajectoire de croissance, ne suffiront pas à offrir des perspectives d’emploi aux millions de jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail chaque année. Les retombées de la transformation numérique sur d’autres secteurs de l’économie peuvent contribuer à augmenter le nombre de débouchés commerciaux, d’entreprises et d’emplois. Mais les pays africains devront combler les écarts en termes d’accès, notamment pour les communautés rurales, les populations pauvres, les femmes et les autres groupes vulnérables.

Dans la région Amérique latine et Caraïbes, le développement économique rapide dont les pays ont bénéficié au début de ce siècle s’est essoufflé en raison de difficultés structurelles pernicieuses. Ce recul par rapport aux ambitions de la classe moyenne de la région a freiné le développement économique et porté un coup à la confiance vis-à-vis des autorités publiques. Pour relancer la dynamique, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes devront remédier aux inégalités en matière d’accès et de compétences, de sorte que les avancées technologiques se traduisent par des gains de productivité, qu’elles permettent aux économies nationales de prendre part aux chaînes de valeur mondiales de façon plus marquée, et qu’elles amènent un plus grand nombre de communautés et de secteurs à bénéficier des progrès et des avantages induits par la transformation numérique.

Dans les deux régions, la pandémie de COVID-19 a été l’élément déclencheur d’une plus vaste application des innovations numériques, à travers de nouvelles façons de faire des affaires et de fournir les services publics. Cette situation a révélé toute l’étendue de ce qui peut être accompli en un temps relativement bref. Elle a également mis en évidence les risques liés au fait d’avancer sur cette voie de façon inégalitaire, conduisant à amplifier plutôt qu’à résoudre les problèmes existants. Alors que la transformation numérique est source de perspectives et de défis qui transcendent les frontières, la coopération et la coordination au niveau international et de nouveaux partenariats sont essentiels pour en tirer le meilleur parti aux échelons local, national et international.

Étayé par les rapports Dynamiques du développement en Afrique 2021 (CUA/OCDE, 2021[1]), publié par la Commission de l’Union africaine et l’OCDE, et Latin American Economic Outlook 2020: Digital Transformation for Building Back Better (OCDE et al., 2020[2]), ce chapitre présente les lacunes à combler, les pièges à éviter et les priorités à prendre en compte aux niveaux stratégique et opérationnel pour que la transformation numérique donne lieu à une croissance inclusive dans les deux régions.

Avant la crise du COVID-19, la transformation numérique était déjà bien avancée en Afrique, avec plusieurs succès notoires et des écosystèmes dynamiques. À ce jour, plus de 640 pôles technologiques sont actifs sur le continent, et quatre villes africaines figurent parmi les 100 premières villes dans le monde pour leurs écosystèmes d’innovation technologique au service du secteur financier (fintech) : Johannesburg et Le Cap en Afrique du Sud, Nairobi au Kenya et Lagos au Nigéria (Findexable, 2019[3]). Toutefois, pour enclencher une dynamique de création d’emplois à grande échelle et de croissance inclusive, les politiques mises en œuvre doivent offrir des solutions numériques à l’économie non numérique. Cette section présente quatre domaines de l’action publique aux niveaux des pays, de la région et du continent visant à assurer une croissance inclusive en Afrique grâce à la transformation numérique.

La qualité des réseaux d’infrastructures de communication s’est nettement améliorée au cours de la dernière décennie, et les perspectives demeurent positives :

  • En 2018, le montant total des financements à l’appui de ces réseaux en Afrique s’est élevé à 7 milliards USD, dont 80 % ont été fournis par des investisseurs privés (Consortium pour les infrastructures en Afrique, 2018[4]).

En 2019, environ 58 % de la population vivait dans une région couverte par les réseaux 4G, contre à peine 23 % en 2015 (Graphique 1.1, partie A). Les dépenses d’investissement engagées par les entreprises de télécommunications locales ont doublé entre 2009 et 2019, et la rentabilité des investissements est solide (Graphique 1.1, partie B).

  • Le réseau de fibre optique en Afrique est passé de 278 056 kilomètres en 2009 à 1.02 million de kilomètres en juin 2019. La capacité totale de la bande passante internationale entrante du continent a été multipliée par plus de 50 pour atteindre 15.1 téraoctets par seconde (Tbps) en décembre 2019, contre seulement 0.3 Tbps en 2009 (Hamilton Research, 2020[5]).

  • À l’heure actuelle, de nouveaux projets aident à étendre la capacité de transmission à large bande. En mai 2020, par exemple, Facebook et un groupe d’entreprises de télécommunications – dont China Mobile International, MTN GlobalConnect, Orange et Vodafone – ont lancé le déploiement de 37 000 kilomètres de nouveaux câbles sous-marins dans le cadre du projet 2Africa (CUA/OCDE, 2021[1]). D’ici 2024, ce nouveau réseau à haut débit devrait assurer à lui seul un accès supérieur à la capacité combinée totale de l’ensemble des 26 câbles sous-marins qui desservent actuellement l’Afrique. Par ailleurs, Google a annoncé en octobre 2021 avoir pour projet d’investir 1 milliard USD en Afrique au cours des cinq prochaines années afin d’offrir un accès plus rapide et moins coûteux à l’internet et de soutenir la transformation numérique du continent, avec le déploiement prévu d’ici 2025 d’un nouveau câble sous-marin, baptisé Equiano, le long de la côte atlantique du continent africain.

Ces développements reflètent la demande croissante de services de télécommunications et d’accès à l’internet dans presque tous les pays africains. En Afrique, le chiffre d’affaires annuel des entreprises de télécommunications a progressé, passant de 29 milliards USD en 2007 à 55 milliards USD en 2019. L’ouverture à la concurrence des activités de télécommunications mobiles, ainsi que d’autres réformes réglementaires majeures au cours des années 2000 ont contribué à rendre ce sous-secteur attrayant pour les nouveaux opérateurs et à améliorer la qualité de l’offre de services (CUA/OCDE, 2021[1]).

L’amélioration de la connectivité et le recours accru aux technologies numériques ont commencé à transformer les marchés de l’emploi en Afrique, à favoriser la modernisation du secteur bancaire, à élargir l’accès aux services financiers aux populations mal desservies et à ouvrir l’accès à des modèles commerciaux innovants aux petites et moyennes entreprises (PME) locales. En 2019, 643 pôles d’innovation et incubateurs étaient actifs sur l’ensemble du continent (AfriLabs et Briter Bridges, 2019[7]), portant une nouvelle génération d’entrepreneurs africains qui appliquent les technologies numériques à des modèles commerciaux à forte croissance. Le cas de Kobo360 en donne une illustration. Fondée en 2017, cette start-up nigériane a pour ambition de révolutionner le secteur des transports intérieurs et de la logistique du pays, mais aussi de mettre en relation les agriculteurs nigérians avec les acheteurs du monde entier. En août 2019, cette entreprise a levé 30 millions USD. Plusieurs autres start-ups tirent actuellement parti de la technologie pour améliorer le transport de marchandises en Afrique. Il s’agit notamment de Lori Systems au Kenya, une plateforme logistique tout-en-un, et d’AgroCenta au Ghana, qui fournit une plateforme de gestion de la chaîne d’approvisionnement qui facilite l’accès des petits exploitants agricoles aux grands marchés, ainsi qu’une plateforme d’inclusion financière.

Toutefois, les principaux secteurs du numérique ne sauraient offrir des perspectives d’emploi direct à toute la jeunesse africaine dans un avenir proche. À titre d’exemple, dans 43 pays africains, les entreprises de télécommunications comptaient seulement 270 000 travailleurs à temps plein en 2019, et les 20 principales start-ups totalisaient moins de 20 000 employés (CUA/OCDE, 2021[1]). Sachant que chaque année, entre aujourd’hui et 2030, 29 millions de jeunes arriveront en âge de travailler, les possibilités réelles de création d’emplois à grande échelle en Afrique tiennent à la diffusion dans le reste de l’économie des innovations numériques des entreprises de pointe.

Sachant que chaque année, entre aujourd’hui et 2030, 29 millions de jeunes arriveront en âge de travailler, les possibilités réelles de création d’emplois à grande échelle en Afrique tiennent à la diffusion dans le reste de l’économie des innovations numériques des entreprises de pointe.  
        

Des données portant sur plus de 30 000 entreprises de 38 pays en développement, dont 9 pays africains, font apparaître qu’une augmentation de 10 % de l’utilisation du courrier électronique par les entreprises dans une zone géographique donnée accroît de 37 à 38 % le montant total de leur chiffre d’affaires annuel, de 22 à 23 % leur chiffre d’affaires par travailleur et de 12 à 14 % le nombre de leurs travailleurs à plein temps (Cariolle, Le Goff et Santoni, 2018[8]). En 2007, l’entreprise Safaricom a lancé la première application de services bancaires mobiles en Afrique. Baptisée M-PESA, cette application installée sur téléphones portables visait à pallier le manque d’infrastructures bancaires au Kenya, notamment dans les régions mal desservies, et ce, en proposant des frais de transaction sensiblement réduits. Entre 2008 et 2014, cette innovation a permis à 185 000 femmes de changer d’activité principale et de délaisser l’agriculture de subsistance au profit de la gestion de petites entreprises ou de commerces de détail ; en outre, sur la même période, sa diffusion dans d’autres secteurs a aidé le Kenya à sortir au moins 194 000 ménages de l’extrême pauvreté (Suri et Jack, 2016[9]).

En 2020, sur 1.2 milliard de détenteurs de compte de paiement mobile répartis dans le monde, près de la moitié étaient situés en Afrique, soit 562 millions d’utilisateurs. Plus de 500 entreprises proposent aujourd’hui des innovations technologiques dans le domaine des services financiers. Ces entreprises spécialisées dans les services financiers offrent à leurs clients un large éventail de produits financiers numériques (comptes de dépôt et d’épargne, virements nationaux et internationaux, ou systèmes de paiement mobile, par exemple). Certaines d’entre elles figurent aujourd’hui parmi les plus importants fournisseurs de services financiers en Afrique. Ainsi, en novembre 2019, Interswitch est devenue la première start-up africaine évaluée à plus d’un milliard de dollars – l’entreprise comptait alors plus de 1 000 employés et affichait un chiffre d’affaires annuel estimé à plus de 76 millions USD (CUA/OCDE, 2021[1]). En février 2020, la start-up sud-africaine JUMO a levé 55 millions USD pour étendre ses activités au Bangladesh, à la Côte d’Ivoire, à l’Inde et au Nigéria.

Dès l’éclosion de la pandémie, les autorités publiques, les fournisseurs de services de paiement mobile et les start-ups ont fait converger leurs efforts pour en atténuer les répercussions sur les citoyens et les entreprises spécialisées dans des secteurs tels que la finance, l’éducation et la santé. La plupart des banques centrales du continent ont encouragé la population à utiliser les services de paiement numérique. Dans l’ensemble de l’Afrique, la valeur des transactions par paiement mobile a augmenté de 23 %, pour atteindre 495 milliards USD en 2020 (GSMA, 2021[10]). Prompts à réagir, les ministères de l’Éducation de 27 pays africains ont réussi à mettre en place des plateformes d’apprentissage en ligne dès le mois de mai 2020 (UNESCO, 2020[11]). Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ont lancé, en collaboration avec 20 partenaires internationaux et fondations, une plateforme électronique pour aider les pouvoirs publics à se procurer des tests de diagnostic et du matériel médical auprès de fournisseurs agréés sur le marché mondial (CUA/OCDE, 2021[1]). Afin de réduire le poids de la pandémie sur des systèmes de santé fragiles, start-ups et entrepreneurs ont mis au point plus de 120 innovations technologiques dans le domaine de la santé en ligne, faisant appel aux technologies de l’information et des communications (TIC), à l’impression 3D, ou encore à la robotique (OMS Afrique, 2020[12] ; Zeufack et al., 2021[13]).

En Afrique, le nombre de start-ups spécialisées dans les technologies a lui aussi augmenté en 2020, avec une progression de 44 % entre 2019 et 2020 du nombre de start-ups ayant obtenu des financements ; entre 2015 à 2019, le nombre de start-ups africaines spécialisées dans les technologies bénéficiant d’un soutien a progressé six fois plus vite que la moyenne mondiale (Maher et al., 2021[14]). En août 2021, les financements consentis en faveur des start-ups technologiques africaines avaient augmenté de 69 % par rapport au niveau des apports de l’année précédente (Jackson, 2021[15]).

Malgré le développement de l’économie numérique en Afrique et les promesses offertes par de nouveaux investissements destinés à améliorer la connectivité, l’accès au numérique, son adoption et son accessibilité financière varient énormément. Le recours aux services en ligne demeure extrêmement inégal selon la situation professionnelle, la localisation, le genre et le niveau d’éducation (Graphique 1.2). Les services de données proposés sur le continent africain sont les plus onéreux dans le monde, et seulement 17 % de la population africaine a les moyens de s’offrir un gigaoctet de données. Dans une étude récente, la Commission de l’Union africaine et l’OCDE ont calculé que, dans 38 pays africains (sur 44 pour lesquels des données étaient disponibles), les prix actuels des services de données devraient être diminués de moitié de sorte à les rendre abordables pour 75 % de leurs populations (CUA/OCDE, 2021[1]).

Comme l’ont indiqué la Commission de l’Union africaine et l’OCDE dans le rapport Dynamiques du développement en Afrique 2021 (CUA/OCDE, 2021[1]), des politiques ciblant expressément ces inégalités sont indispensables pour parvenir à une transformation numérique inclusive en Afrique. Ce rapport définit quatre piliers destinés à orienter les responsables de l’action publique. En réponse aux principales contraintes pesant sur la transformation numérique du continent, ces piliers invitent à remédier aux disparités sur les plans spatial et social et aux écarts de productivité, et à améliorer l’intégration numérique.

Quelque 73 % des Africains vivront dans des villes intermédiaires et des zones rurales d’ici 2040. Pourtant, seules 35 % des villes intermédiaires sont connectées aux réseaux de fibre optique, malgré les avancées significatives obtenues en matière de développement des infrastructures. La Société Européenne des Satellites (S.E.S.), opérateur de satellites européen, estime que, pour des raisons techniques, environ 30 % de la population rurale en Afrique pourrait ne jamais être servie de façon rentable par les réseaux de fibre optique (AU-EU Digital Economy Task Force, 2019[17]). Les politiques d’attribution du spectre devraient faciliter les procédures d’octroi de licences aux fournisseurs de services de télécommunications qui ont pour objectif de couvrir ces zones géographiques mal desservies. À titre d’exemple, permettre aux petits opérateurs d’utiliser les équipements du réseau virtuel ou mobile peut améliorer la diversité de l’offre et la concurrence sur le marché.

Les alliances entre secteur public et secteur privé sont également à l’origine de solutions rentables pour connecter les régions rurales. En Algérie, au Ghana, au Kenya et au Nigéria, le secteur public a établi un partenariat avec des compagnies de télécommunications mobiles et des fournisseurs d’équipements de télécommunications afin de doter les populations rurales du haut débit mobile. Le Bénin, le Ghana et le Rwanda orientent leurs Fonds pour l’accès et le service universels en faveur de programmes de développement des compétences destinés aux femmes entrepreneurs. Ces fonds semblent toutefois être sous-utilisés. Bien que 37 pays africains aient créé un Fonds pour l’accès et le service universels, 46 % des fonds mobilisés, soit 408 millions USD, n’avaient toujours pas été dépensés fin 2016 (Thakur, 2018[18]).

Pour la grande majorité de la population africaine d’âge actif, y compris les jeunes diplômés du secondaire ou de l’enseignement supérieur, la principale porte d’entrée sur les marchés de l’emploi reste les activités en tant que travailleur indépendant, le plus souvent informelles. D’ici 2040, si les tendances actuelles se poursuivent, les travailleurs indépendants et familiaux représenteront 65 % de l’emploi. S’ils veulent tirer parti de l’évolution des opportunités d’emploi dans l’économie numérique, ils devront acquérir les compétences correspondantes.

Les nouvelles formes de partenariat public-privé (notamment les pôles technologiques, les incubateurs et les entreprises technologiques) peuvent aider les travailleurs du secteur informel à s’orienter vers un emploi plus formel. Le Fonds d’investissement pour l’Afrique de Google a annoncé avoir pour projet de financer des start-ups africaines, à hauteur de 50 millions USD, mais aussi de les mettre en lien avec les collaborateurs de Google et leur donner accès aux réseaux et technologies de ces derniers (Reuters, 2021[19]). Bien que les nouvelles formes de travail indépendant par le biais des plateformes en ligne et des applications numériques puissent élargir les perspectives, il importe de définir des cadres réglementaires et des mécanismes de protection sociale visant à éviter toute précarité au niveau des conditions de travail. Fixer des normes internationales et promouvoir la certification à l’appui d’une gestion responsable des entreprises par les principales plateformes numériques peut permettre de lutter contre certaines pratiques inéquitables et de responsabiliser les plateformes sans menacer de priver les travailleurs locaux de leurs moyens de subsistance (CUA/OCDE, 2021[1]). En outre, les autorités publiques doivent veiller à favoriser une concurrence saine entre les opérateurs de télécommunications afin d’encourager la diversité et d’améliorer l’accessibilité financière des services du dernier kilomètre.

Les PME ont besoin d’être accompagnées afin de se doter des outils numériques adéquats pour l’innovation et les échanges commerciaux et de tirer parti de l’utilisation croissante des technologies numériques. Un site internet, par exemple, peut stimuler les exportations d’une entreprise : sa mise en place peut générer jusqu’à 5.5 % d’augmentation de la part des exportations directes dans les ventes d’une entreprise (CUA/OCDE, 2021[1]). Mais dans le secteur formel en Afrique, 31 % des entreprises seulement ont un site internet, contre 39 % en Asie et 48 % en Amérique latine et Caraïbes. Il est donc essentiel d’encourager le développement des entreprises africaines, aussi bien pour leur propre survie qu’au service de la création d’emplois. Les outils et compétences numériques, associés à un financement adéquat, peuvent permettre aux entrepreneurs de se passer d’infrastructures de transport et logistiques de mauvaise qualité.

Les responsables de l’action publique peuvent accompagner les PME en instaurant une réglementation agile à l’appui du commerce numérique, en facilitant la protection de la propriété intellectuelle, et en mettant des biens et services publics à la disposition des groupes de PME. À titre d’exemple, les procédures dématérialisées et les technologies d’approbation intelligentes permettent d’accroître la transparence, la prévisibilité et l’efficacité des procédures douanières aux frontières et facilitent les échanges commerciaux (voir le Chapitre 15). La Communauté d’Afrique de l’Est lance actuellement le Système électronique régional de suivi des marchandises et des conducteurs qui facilitera la délivrance de certificats de COVID-19 reconnus par les pays partenaires et réduira le temps perdu aux postes-frontière (CEA, 2021[20]). Ces procédures peuvent aussi aider à faire le lien entre acheteurs et fournisseurs, et ainsi diminuer le risque de corruption à petite échelle.

Seul un pays africain sur cinq dispose d’un cadre juridique en matière de cybersécurité et 11 pays seulement ont adopté des règles juridiques de fond pour lutter contre la cybercriminalité. Pourtant, le coût de la cybercriminalité en Afrique est en hausse et l’écosystème en ligne du continent est l’un des plus vulnérables au monde. Serianu Limited a estimé que le coût de la cybercriminalité en Afrique s’élevait à environ 3.5 milliards USD en 2017, le Kenya et le Nigéria subissant à eux seuls des pertes de respectivement 210 millions USD et 649 millions USD (Serianu Limited, 2017[21]). Compte tenu du caractère international de la cybercriminalité, il est également vital d’intensifier la coopération en matière de sécurité numérique.

En 2014, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine réunis en assemblée ont adopté une Convention sur la cybersécurité et la protection des données personnelles, amorçant une première étape vers la coopération au niveau du continental. Mais en juin 2020, seuls quatorze États membres de l’Union africaine avaient signé cette convention, et cinq seulement l’avaient ratifiée (Ghana, Guinée, Maurice, Namibie et Sénégal). Or quinze ratifications sont nécessaires pour que la Convention entre en vigueur.

Globalement, les difficultés liées à la transformation numérique que rencontre la région Amérique latine et Caraïbes sont pour beaucoup du même ordre que celles auxquelles doit faire face l’Afrique. Au niveau régional, les responsables publics en Amérique latine et dans les Caraïbes doivent adopter une démarche plus proactive pour élaborer des politiques qui permettent de tirer parti des bienfaits de la transformation numérique, d’en atténuer les risques et de faire en sorte que les stratégies nationales de reprise post-COVID-19 prennent en compte les priorités en matière de numérique, comme l’explique le rapport Latin American Economic Outlook 2020: Digital Transformation for Building Back Better (OCDE et al., 2020[2]).

La pandémie a frappé la région alors que celle-ci était en pleine stagnation économique. Depuis 2011, la croissance économique et les avancées obtenues sur le plan socio-économique ont ralenti, enrayant les progrès accomplis par la région au début du siècle. La pandémie a également pesé sur le passage au numérique dans l’ensemble des pays, amplifiant les pièges structurels existants en matière de développement (OCDE et al., 2019[22]). La faible productivité du travail, les aspirations grandissantes de la classe moyenne et l’impact économique et social de la pandémie de COVID-19 sont représentatifs de l’évolution de la situation dans la région.

La crise du COVID-19 a néanmoins stimulé le développement et l’adoption des technologies numériques, notamment dans les secteurs des affaires et de l’éducation où le télétravail et l’apprentissage en ligne se sont imposés comme de véritables piliers pendant les périodes de confinement. Et les avantages du passage au numérique peuvent être davantage étendus, notamment en faveur des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui concentrent près des deux tiers des emplois dans la région Amérique latine et Caraïbes. Toutefois, pour maintenir cette dynamique et tirer le meilleur parti de toutes les possibilités existantes afin de remédier aux écarts de productivité et aux autres inégalités existant de longue date, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes doivent intensifier les investissements à l’appui du développement des infrastructures et des compétences, renforcer la coopération et la collaboration à l’échelle nationale et internationale, et repenser l’élaboration et la mise en œuvre des politiques (OCDE et al., 2020[2]).

Les avantages du passage au numérique peuvent être davantage étendus, notamment en faveur des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) qui concentrent près des deux tiers des emplois dans la région Amérique latine et Caraïbes.  
        

En Amérique latine et dans les Caraïbes, la transformation numérique est étroitement corrélée au degré d’adoption des technologies de l’information et des communications, à l’accès au haut débit et à l’utilisation de l’internet. En 2019, environ 70 % de la population utilisait l’internet de façon régulière – une proportion deux fois plus importante qu’en 2010, mais inférieure à la moyenne de l’OCDE en 2019, qui s’établissait à près de 85 %. Des mesures globales, innovantes et coordonnées sont nécessaires pour garantir à chacun la possibilité d’accéder aux nouvelles technologies, de les utiliser et d’en tirer profit. La coordination des politiques publiques requiert une planification stratégique, à savoir des cadres complets intégrés aux plans de développement nationaux, et conformes aux priorités spécifiques relevant du domaine du numérique (OCDE et al., 2020[2]).

Dans la région, l’adoption des technologies numériques varie selon la taille des entreprises, les plus grandes d’entre elles utilisant bien plus souvent les outils numériques tels que les sites internet et la messagerie électronique. Dans certains pays de la région Amérique latine et Caraïbes, l’écart entre les petites et les grandes entreprises possédant leur propre site internet est supérieur à 30 points de pourcentage. Les inégalités sont également flagrantes concernant la façon dont les entreprises utilisent ces outils dans certains pays : parmi celles qui ont recours aux courriers électroniques, les petites entreprises sont deux fois moins susceptibles de les utiliser pour interagir avec les clients ou les fournisseurs que les entreprises de moyenne et grande taille.

Le potentiel de la révolution numérique ne doit toutefois pas être sous-estimé, notamment concernant les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), compte tenu de l’importance de leur rôle dans l’économie formelle de la région. Les MPME représentent 99.5 % de l’ensemble des entreprises et 61.2 % des emplois dans la région Amérique latine et Caraïbes, mais seulement 24.6 % de la production dans la région (Dini et Stumpo, 2018[23]). Au Chili, par exemple, le programme « Le numérique pour ta PME » (Digitalise Your SME) propose un test de diagnostic permettant de déterminer le niveau de maturité numérique d’une entreprise et formule des recommandations fondées sur les besoins de l’entreprise en matière de transformation numérique. Par exemple, les entreprises de vente au détail sont encouragées à s’engager dans le commerce en ligne au vu des effets positifs potentiels sur les ventes (Ministère chilien de l’Économie, du Développement et du Tourisme, 2021[24]).

De nombreuses possibilités existent aussi pour promouvoir la recherche-développement, de nouveaux modèles commerciaux et des ajustements à effectuer sur les chaînes de production. Selon les conclusions d’une analyse menée sur onze catégories d’initiatives promues par les pouvoirs publics – classées selon un degré de complexité croissante allant de la création d’un écosystème pour l’adoption des technologies numériques à la transformation des capacités technologiques et stratégiques des entreprises –, la plupart de ces initiatives n’ont pas été mises en œuvre. Malgré les efforts déployés pour faciliter l’adoption des technologies numériques par les MPME, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour corréler ces efforts aux stratégies nationales à l’appui d’une transformation productive, sans se limiter aux leviers et aux politiques permettant de développer les capacités (OCDE et al., 2019[22]). Ainsi, le défi pour la région Amérique latine et Caraïbes consiste à passer de politiques qui promeuvent l’adoption des technologies numériques auprès du secteur industriel à une transformation complète du processus de production appuyée par ces nouvelles technologies (Heredia, 2020[25]).

Le défi pour la région Amérique latine et Caraïbes consiste à passer de politiques qui promeuvent l’adoption des technologies numériques auprès du secteur industriel à une transformation complète du processus de production appuyée par ces nouvelles technologies (Heredia, 2020[25]).  
        

Sur le marché du travail, la transformation numérique est porteuse de nouveaux défis et de nouvelles opportunités. Le risque de l’automatisation plane sur deux emplois sur dix dans la région Amérique latine et Caraïbes et quatre emplois sur dix pourraient être profondément transformés quant aux tâches impliquées, et ce, de façon hétérogène à l’échelle de la région (OCDE et al., 2020[2]). Dans l’État plurinational de Bolivie, seulement 5 % des emplois sont menacés par l’automatisation, tandis qu’en Uruguay, ce pourcentage atteint 29 % (CEPALC, 2019[26]). La proportion des emplois dans les secteurs à faible productivité, qui va de 30 % au Chili à plus de 70 % dans d’autres pays, est l’un des facteurs essentiels qui concourt au risque d’automatisation (Weller, Gontero et Campbell, 2019[27]). Du fait que les technologies numériques ouvrent également de nouvelles perspectives d’emploi, les politiques à l’appui de la reconversion des travailleurs dans les secteurs industriels en déclin sont primordiales (OCDE et al., 2020[2]). Le Plan TIC 2018-22 de la Colombie insistait sur l’importance d’encourager les travailleurs à développer leurs compétences numériques, et proposait le déploiement d’au moins 10 000 facilitateurs en vue de renforcer l’environnement des affaires pour les entreprises et de permettre aux employés d’accéder à des formations (Ministère colombien des Technologies de l’information et de la communication, 2018[28]).

La pandémie de COVID-19 a eu de terribles répercussions socio-économiques en Amérique latine et dans les Caraïbes. La région a terminé l’année 2020 embourbée dans le pire ralentissement économique recensé depuis deux siècles, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) annualisé légèrement inférieure à -7.0 % (OCDE et al., 2021[29]). Après la performance solide enregistrée au début des années 2000, la croissance économique et les avancées obtenues sur le plan socio-économique dans la région ont commencé à ralentir en 2011. Entre 2014 et 2019, l’Amérique latine et les Caraïbes ont enregistré leur plus faible croissance depuis les années 50. Les mouvements populaires qui ont éclaté en 2019 ont rappelé que la pauvreté, les inégalités et la vulnérabilité sociale sont aujourd’hui encore des sujets de préoccupation (OCDE, 2020[30]).

Dans ce contexte de stagnation dans l’ensemble de la région, la crise du COVID-19 a renforcé la nécessité de procéder aux réformes indispensables pour que chacun puisse profiter des bienfaits de la transformation numérique (OCDE et al., 2020[2]). Un nombre accru d’individus et d’entreprises ont adopté le télétravail et les cours en ligne pendant les périodes de confinement ; et les technologies numériques et l’utilisation plus prononcée de l’internet ont joué un rôle décisif dans la continuité des activités commerciales et éducatives. Dans les pays dotés d’infrastructures de communication fiables, les pouvoirs publics ont pu proposer des mises à jour en temps réel des informations relatives à la pandémie et suivre les cas en cours afin d’étayer les décisions en matière d’action publique. Aujourd’hui, la difficulté réside dans la pleine concrétisation du potentiel de la transformation numérique en tant que moteur d’une croissance économique renouvelée et en tant que levier pour remédier aux inégalités et aux pièges en matière de développement propres à la région.

La transformation numérique peut aider les économies de l’Amérique latine et des Caraïbes à contourner les pièges en matière de développement qui surviennent lorsque de nouveaux problèmes se posent à des pays déjà en proie à des insuffisances ancrées de longue date. Les technologies numériques peuvent accroître la productivité en aidant les entreprises à accéder à de nouveaux marchés, à concevoir de nouveaux produits et services, et à produire de façon plus efficace et productive. Elles peuvent créer des emplois et rendre les services publics plus accessibles, atténuant ainsi la vulnérabilité sociale. Le passage au numérique peut amener les pouvoirs publics à gagner en fiabilité et en efficacité et à être plus ouverts et innovants. Cela peut contribuer à restaurer la confiance entre pouvoirs publics et citoyens. Enfin, cette voie peut aider à générer une croissance verte et durable (voir le Chapitre 19). Parallèlement aux perspectives offertes, certains risques existent, qui appellent une gestion spécifique.

Depuis 1950, la productivité globale du travail dans la région Amérique latine et Caraïbes a fléchi ou n’a connu que des phases de faible croissance continue. La productivité de la région a diminué en comparaison avec le reste du monde depuis les années 60, et la croissance de son PIB peut être davantage attribuée à l’expansion de la main-d’œuvre qu’à des gains de productivité (OCDE et al., 2020, p. 52[2]). La faible participation de l’Amérique latine et des Caraïbes aux chaînes de valeur mondiales exacerbe la concentration de ses exportations dans le secteur primaire et les industries extractives. Cette situation va de pair avec une adoption modérée des technologies et de trop rares mesures incitatives en faveur des investissements dans la capacité de production. Globalement, la compétitivité reste faible, ce qui nuit à la transition vers les segments à plus forte valeur ajoutée des chaînes de valeur mondiales. Cet état de fait alimente un cercle vicieux qui retentit sur la productivité (OCDE et al., 2019[22]).

L’adoption des technologies numériques par les différents secteurs et entreprises est très hétérogène, ce qui peut expliquer le paradoxe de la productivité, à savoir que la plus grande disponibilité des technologies ne se traduit pas par une plus forte productivité au niveau national. Cette hétérogénéité est d’autant plus tangible dans les secteurs ayant par nature peu recours aux technologies numériques, tels que l’agriculture, l’exploitation minière ou l’immobilier, par rapport à d’autres tels que les services de télécommunications et les services liés aux technologies de l’information à forte intensité numérique. De la même façon, la transformation numérique sous tous ses aspects ne concerne pas l’ensemble des secteurs d’activité ; certains n’utilisent qu’une partie des différentes technologies, ce qui accentue l’hétérogénéité globale (OCDE, 2019[32]). Même parmi les entreprises opérant dans les secteurs où les TIC sont très utilisées, l’hétérogénéité demeure forte quant à l’adoption du numérique.

Bien que l’Amérique latine et les Caraïbes soient toujours dans une phase de transition, la transformation numérique ouvre déjà la voie au développement de nouveaux biens et services et l’accès à de nouveaux marchés pour les producteurs et les particuliers. En outre, elle peut aider à repenser les processus de production et les liens entre les différents secteurs, et accroître l’efficacité globale des entreprises (Katz, 2015[33]). Si la région devait combler son retard de productivité par rapport à la zone OCDE d’ici 2030, cela se traduirait par une hausse de 0.48 point de pourcentage de la croissance de la productivité multifactorielle de la région (Katz, Jung et Callorda, 2020[34]). À cette fin, les secteurs privé et public doivent investir massivement pour combler le déficit d’infrastructures, notamment dans les régions rurales, et répondre à une demande de connectivité grandissante (OCDE, 2019[32]).

Les progrès obtenus sur le plan social plus tôt dans la décennie dans l’ensemble de la région ont ralenti, et certains pays ont même vu leur situation régresser du fait du ralentissement économique et des répercussions de la pandémie, notamment sur les populations les plus vulnérables. Les principaux enjeux aujourd’hui consistent à protéger les travailleurs informels vulnérables dépourvus de protection sociale, et à éviter une généralisation de la pauvreté (OCDE, 2020[30]). Selon les estimations, le taux de pauvreté en 2020 dans la région Amérique latine et Caraïbes s’établissait à 37.3 % (OCDE et al., 2021[29] ; CEPALC, 2020[35]), un niveau jamais atteint depuis les douze années précédentes (OCDE et al., 2021[29]).

Malgré les avancées acquises ces dernières années, de fortes inégalités demeurent entre les différents groupes socio-économiques en matière de compétences numériques, mais aussi concernant l’accès aux technologies numériques et leur utilisation. Pendant la pandémie, ces inégalités se sont creusées, accentuant la polarisation entre les « gagnants » et les « perdants ». À titre d’exemple, dans la région Amérique latine et Caraïbes, moins de la moitié de la population disposait d’une expérience suffisante au regard des outils numériques pour effectuer des tâches professionnelles basiques, ces personnes étant alors de fait exclues de toute perspective de travail à distance (OCDE et al., 2020[2]).

Il importe d’ouvrir l’accès aux technologies de l’information et des communications et de proposer des formations dans ce domaine pour favoriser la transformation numérique. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, où la connectivité des ménages n’est pas générale, les écoles encouragent l’égalité concernant l’accès aux TIC et l’utilisation de ces dernières. En 2018, moins de 14 % des élèves du cycle primaire en situation de pauvreté disposaient chez eux d’un ordinateur connecté à l’internet, contre plus de 80 % des élèves riches à niveau d’éducation équivalent. En outre, pour plus de 5 % des élèves, seul le contexte scolaire offrait un accès à l’internet et aux autres technologies numériques. Avant la pandémie, peu d’écoles dans la région étaient suffisamment préparées à mettre en place un apprentissage en ligne. Parmi les élèves âgés de 15 ans, 58 % étudiaient dans des établissements dont la direction estimait que les enseignants disposaient des compétences techniques et pédagogiques nécessaires pour intégrer des outils numériques dans leur programme d’enseignement (OCDE et al., 2020[2]). Ces chiffres illustrent l’ampleur des besoins en formation au niveau des systèmes éducatifs de la région et les différences conséquentes en termes de capacités d’enseignement en ligne entre les écoles implantées dans des environnements favorisés sur le plan socio-économique et les autres (OCDE et al., 2020[2]).

Les pouvoirs publics sont confrontés à des défis nouveaux en matière de réglementation lorsqu’il s’agit de gérer les problèmes soulevés par la transformation numérique et de veiller à ce que cette dernière profite à tous (OCDE, 2019[36]). Ils doivent en outre s’atteler à leur propre passage au numérique.

Les pouvoirs publics des pays d’Amérique latine et des Caraïbes en sont à des stades différents de leur transformation numérique. Selon l’indice de développement de l’administration électronique des Nations Unies, ils se répartissent en deux groupes. L’Argentine, le Brésil, le Chili et l’Uruguay figurent parmi les 50 pays les mieux classés sur les 193 ayant fait l’objet de l’édition 2018 de l’enquête. Le Belize, Cuba, Haïti et le Nicaragua figurent quant à eux parmi les pays affichant les moins bonnes performances (ONU, 2019[37]). Les plus grands défis pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes concernent les infrastructures de communication et le capital humain.

La transformation numérique peut aider les pouvoirs publics à innover davantage au niveau de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques, en améliorant ainsi le processus d’élaboration. L’adoption des technologies et le passage au numérique des sociétés et des pouvoirs publics génèrent d’énormes quantités de données qui peuvent aider à stimuler l’innovation et à élaborer des politiques et des services publics mieux étayés et plus ciblés. De nombreux pays ont exploité des données de géolocalisation et de proximité produites par les smartphones afin de cartographier la diffusion géographique et l’évolution du COVID-19 ou de contrôler le respect des mesures de confinement. Pour tirer le meilleur parti possible de la transformation numérique, il convient de faire évoluer l’administration publique d’une approche centrée sur l’information à une approche s’appuyant sur les données, qui intègre les technologies numériques et les données dès le début du processus d’élaboration des politiques publiques.

Le piège environnemental est lié aux structures productives de la plupart des économies d’Amérique latine et des Caraïbes, qui ont été mises en place autour d’activités à forte intensité de matériaux et de ressources naturelles. Une telle concentration peut amener ces pays sur une dynamique non durable sur les plans environnemental et économique, et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, il est difficile et coûteux de sortir d’un schéma de croissance à forte intensité de carbone. En outre, les ressources naturelles sur lesquelles repose le modèle sont en voie d’épuisement. Ces deux défis ont gagné en importance au cours des dernières années avec un engagement accru à l’appui des efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique (OCDE et al., 2019[22]). Les technologies numériques ouvrent des perspectives en vue d’atténuer les risques liés au piège environnemental. Elles peuvent aider les pays à décarboner leurs économies en contribuant à créer des services ou produits dont l’impact environnemental est moindre, à améliorer l’efficacité de la production et à réduire les déchets dans l’ensemble des secteurs et des processus de production. Les nouvelles technologies peuvent aussi accroître l’efficacité au niveau de la production et de la consommation d’énergie et au niveau des transports.

Aussi bien en Afrique qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, un grand nombre des perspectives et des défis liés à la transformation numérique dépassent les frontières, qu’ils relèvent de la fiscalité et des échanges commerciaux, des flux de données transfrontières, de la sécurité numérique et de la protection des données, ou encore des investissements à l’appui du développement d’infrastructures et de compétences qui profitent à tous. Le renforcement de la coopération supranationale et l’harmonisation des actions mises en place autour des cadres de réglementation des données sont d’une importance cruciale. L’harmonisation des initiatives peut stimuler une croissance économique durable.

La coopération à l’échelle de la région et du continent appuierait l’ambition des dirigeants africains de créer un marché unique numérique en Afrique (voir le Chapitre 15). Par exemple, un cadre de réglementation des données à l’échelle du continent pourrait établir un ensemble de principes et de lignes directrices pour les entreprises exerçant leurs activités dans n’importe quel pays africain, à l’image du Règlement général sur la protection des données à caractère personnel instauré par l’Union européenne (voir le Chapitre 29). Les chaînes de valeur des données numériques ont une portée internationale, et il est avéré que la plupart des pays africains paient déjà le prix fort du fait de leur manque de coopération à l’échelle du continent au regard des menaces et des pertes connexes potentielles auxquels ils sont exposés (CUA/OCDE, 2021, p. 60[1]).

Des cadres de réglementation des données solides et agiles, harmonisés dans l’ensemble des pays, sont tout aussi essentiels pour favoriser la création de contenus numériques. Toutefois, seuls 28 pays en Afrique sont déjà dotés d’une législation complète relative à la protection des données à caractère personnel. De la même façon, l’interopérabilité et la coopération régionale à l’appui de services d’itinérance mobile abordables seraient bénéfiques à l’intégration régionale de l’Afrique. Pourtant, les données disponibles provenant de 64 pays pour la période 2006-16 révèlent que les tentatives isolées visant à restreindre la circulation des données transfrontières ou à exiger le stockage local des données ont entravé le commerce de services et réduit la productivité des entreprises locales. Afin d’aider les pays africains à gérer ces problématiques, l’Union africaine pilote quinze initiatives dans différents domaines de la transformation numérique. La Stratégie de transformation digitale pour l’Afrique de la Commission de l’Union africaine et d’autres projets élaborés en concertation avec des partenaires internationaux ont vocation à mettre en place un marché unique numérique d’ici 2030 et à renforcer le rôle de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale. L’Initiative de politique et de réglementation pour l’Afrique digitale, l’Initiative Économie digitale pour l’Afrique 2020-30 et la mise en place d’un Système panafricain de paiement et de règlement font partie de ces projets.

De même, l’intégration régionale pourrait aider à concrétiser le potentiel numérique de l’Amérique latine et des Caraïbes. Bien souvent, les cadres réglementaires de la région applicables au numérique et les efforts de coopération régionale et infrarégionale ne sont pas harmonisés. Un marché numérique à l’échelon régional pourrait contribuer au développement en aidant les pays à améliorer les infrastructures de communication et à étendre les échanges commerciaux qui ont fortement pâti de la crise du COVID-19. Les initiatives à l’appui de la coopération régionale, à l’image de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes et le Programme numérique pour l’Amérique latine et les Caraïbes 2020, pourraient être utiles aux multiples parties prenantes et pays souhaitant adapter les cadres réglementaires aux stades de développement numérique, échanger sur leurs expériences respectives et mettre en place des dialogues sur les politiques à suivre (CEPALC, 2018[38]).

Le COVID-19 a mis en évidence l’importance de la coopération internationale et des outils numériques. La coordination des politiques au niveau international est tout aussi fondamentale pour promouvoir une transformation numérique inclusive, à l’image des politiques visant à créer un marché unique numérique. Les initiatives de coopération triangulaire, telles que le Centre de technologie environnementale au Pérou, peuvent faciliter la coordination des politiques environnementales avec de nouveaux outils afin de renforcer les capacités nécessaires pour relever les défis en matière de développement (OCDE et al., 2020[2]).

Compte tenu du caractère extrêmement transversal de l’impact des outils numériques, repenser la coopération pourrait aider les pays de la région Amérique latine et Caraïbes à contourner les pièges en matière de développement et à renforcer les capacités au niveau national par le biais d’un réseau de partenaires élargi qui englobe le secteur privé et la société civile. La coopération internationale peut aider ces pays à appréhender le contexte mondial en contribuant à la productivité, à la cohésion sociale, à l’amélioration des institutions et à la promotion d’économies vertes, en adoptant ainsi une approche davantage centrée sur l’humain – à l’image de la Stratégie numérique de l’Union européenne – afin de concevoir et mettre en œuvre des technologies qui répondent en priorité aux besoins et aux droits des citoyens (OCDE et al., 2020[2]).

Références

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[27] Weller, J., S. Gontero et S. Campbell (2019), Cambio tecnológico y empleo: Na perspectiva latinoamericana – Riesgos de la sustitución tecnológica del trabajo humano y desafíos de la generación de nuevos puestos de trabajo [Évolution technologique et emploi : perspective latino-américaine], Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Santiago, https://www.cepal.org/sites/default/files/publication/files/44637/S1900367_es.pdf.

[13] Zeufack, A. et al. (2021), Africa’s Pulse, N° 23, Banque mondiale, Washington, D.C., https://doi.org/10.1596/978-1-4 648-1714-4.

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