5. Australie

L’Australie est l’un des pays de l’OCDE où l’estimation du soutien aux producteurs (ESP) est la plus faible, s’établissant à 4.3 % des recettes agricoles brutes sur la période 2020-22, légèrement au-dessus du taux de 3.7 % observé il y a 20 ans. Les cadres d’action en vigueur mettent l’accent sur l’ouverture du marché, le renforcement de la résilience et les investissements dans des projets d’intérêt public, notamment la recherche-développement dans les infrastructures hydrauliques et la biosécurité.

Le soutien des prix du marché pour les producteurs a pris fin en 2000, et les prix intérieurs des principaux produits agricoles de l’Australie sont à parité avec les prix mondiaux depuis lors. L’essentiel du soutien accordé aux producteurs sur la période 2020-22 a pris la forme de paiements au titre de l’utilisation d’intrants. Une grande partie de ces fonds a servi à financer des prêts concessionnels destinés à des investissements dans les exploitations agricoles, y compris à la suite d’événements préjudiciables. Le reste du soutien aux producteurs (20 % environ de l’ESP) a été consacré aux paiements au titre des calamités, à l’aide au revenu et à des programmes de lissage des revenus conçus pour remédier aux fluctuations de trésorerie, tels que les dépôts de gestion agricole (Farm Management Deposits) et les mesures d’étalement de l’impôt sur le revenu.

Au cours de la période 2020-22, l’estimation du soutien aux services d’intérêt général s’est établie, en moyenne, à 2.4 % de la valeur de la production agricole, au-dessus du taux de 1.9 % du début des années 2000, mais en dessous de la moyenne OCDE sur la même période (3.4 %). Plus de la moitié de ce soutien était destinée aux activités de recherche-développement, à l’innovation et aux services de vulgarisation (1.3 % de la valeur de la production agricole, à comparer à une moyenne de 1.1 % pour les pays de l’OCDE). Le reste des dépenses publiques allouées aux services d’intérêt général a principalement été affecté au développement et à la modernisation des infrastructures (hydrauliques pour l’essentiel) et au renforcement de la biosécurité. L’estimation du soutien total à l’agriculture représentait 0.3 % du produit intérieur brut en 2020-22, un taux quasiment identique à celui de la période 2000-02.

Plusieurs initiatives liées au climat ont été mises en place et des fonds supplémentaires ont été alloués à des investissements dans l’agriculture climato-intelligente et durable dans le cadre de la prochaine phase du Natural Heritage Trust. Par ailleurs, le système de subventions accordées aux exploitations agricoles pour des investissements d’urgence dans les infrastructures hydrauliques a été prolongé jusqu’au 30 juin 2024 pour permettre aux exploitants touchés par des catastrophes naturelles de remettre en état ou de remplacer les infrastructures endommagées.

L’Australie s’est fixé un nouvel objectif visant à réduire, d’ici à 2030 et à l’échelle de l’ensemble de son économie, ses émissions de gaz à effet de serre de 43 % par rapport aux niveaux de 2005. Elle a signé, dans ce contexte, le Programme de percée de Glasgow pour l’agriculture, le Partenariat des leaders pour les forêts et le climat et l’Engagement mondial sur le méthane. Un nouveau programme de vulgarisation sur le carbone dans l’agriculture propose aux exploitants des modules de formation et des outils leur permettant de participer aux marchés du carbone et d’intégrer des technologies et des pratiques à faibles émissions dans leurs activités.

L’augmentation des fonds alloués au dispositif pour une bonne gestion de la biodiversité en agriculture permet de soutenir les approches fondées sur le marché en accordant des paiements aux agriculteurs qui améliorent la biodiversité dans le cadre du Projet pilote Carbone + Biodiversité et du Projet pilote d’enrichissement de la végétation pérenne. Le gouvernement a également créé une plateforme nationale d’échange de certificats de bonne gestion pour mettre en relation des agriculteurs et des acheteurs dans le cadre de transactions touchant à la biodiversité, et étudie les possibilités de mettre en place un programme national de certification de la biodiversité agricole, qui vise à certifier les exploitations agricoles pour leur gestion de la biodiversité.

Le Partenariat économique régional global est entré en vigueur le 1er janvier 2022, établissant un régime de libre-échange entre 15 pays de la région Asie-Pacifique. Un accord de libre-échange entre l’Australie et le Royaume-Uni est entré en vigueur le 31 mai 2023, et l’Accord de coopération économique et commerciale entre l’Australie et l’Inde a été signé le 2 avril 2022. Plusieurs initiatives visent à améliorer la transparence des chaînes d’approvisionnement agricoles. Un nouveau service d’inspection générale du bien-être animal a été établi en vue de renforcer la responsabilité et la transparence en matière de bien-être animal dans le cadre des exportations de bétail. La stratégie nationale de traçabilité agricole pour 2023-33 a pour objectif de soutenir les exportations et de renforcer la biosécurité et la sécurité des aliments en instaurant des systèmes de traçabilité interopérables couvrant l’ensemble des chaînes d’approvisionnement.

La biosécurité reste un enjeu essentiel pour le gouvernement australien, comme en témoigne le dispositif qui vise à consolider le système de biosécurité du pays par la mise en place de fonds d’urgence destinés à : renforcer la préparation en matière de biosécurité nationale, soutenir les avancées des pays voisins dans ce domaine, contribuer à améliorer les systèmes de traçabilité du bétail et accroître les capacités des chiens détecteurs et des maîtres-chiens. Des fonds supplémentaires ont été alloués à la lutte contre les ravageurs et les adventices dans le cadre du programme d’appui aux communautés pour la gestion des ravageurs et du programme national de surveillance des ravageurs forestiers.

  • L’adaptation est un impératif pour l’agriculture australienne, car le secteur est de plus en plus vulnérable aux effets du changement climatique. L’ensemble des politiques d’adaptation actuelles met notamment l’accent sur le renforcement de la résilience à la sécheresse dans le cadre du Fonds contre les futures sécheresses. Les investissements dans la plateforme consacrée aux services climatiques agricoles, sa plateforme en ligne My Climate View et l’outil d’auto-évaluation de la résilience à la sécheresse sont essentiels pour encourager l’adaptation à long terme, et pourraient appuyer la création de marchés d’assurances contre la sécheresse à l’aide de nouvelles approches telles que l’assurance indexée. Les prêts concessionnels, les dispositifs d’aide au revenu et les mesures d’assistance a posteriori en cas de sécheresse devraient faire l’objet d’un suivi afin de s’assurer qu’ils ne font pas obstacle aux ajustements structurels et aux changements transformateurs à long terme.

  • La recherche-développement est un élément clé du soutien au secteur et joue un rôle important dans le renforcement de la capacité des agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Les services de vulgarisation et d’enseignement agricole bénéficient de financements moins importants. Le déploiement à grande échelle des services de transfert des connaissances en partenariat avec le secteur privé peut faciliter l’innovation, favoriser une croissance durable de la productivité et renforcer les capacités de gestion des risques dans les exploitations.

  • Si les sociétés australiennes de recherche-développement rurale sont tout à fait en mesure de soutenir l’adaptation des systèmes de culture et d’élevage traditionnels, les travaux de recherche devraient également porter sur les moyens de faciliter la résilience à long terme et les changements transformateurs. De nouveaux investissements en faveur de l’agriculture climato-intelligente sont donc bienvenus à ce titre. Le développement des marchés du carbone et de la biodiversité pourrait permettre aux exploitants d’élargir et de diversifier leurs sources de revenus, à condition que ces marchés soient régis par des normes de performance et d’intégrité solides.

  • La gestion durable des ressources en eau est cruciale pour permettre aux agriculteurs australiens de s’adapter à la hausse des températures, à la baisse des précipitations hivernales, et à l’augmentation de la fréquence des sécheresses et des événements météorologiques extrêmes. Des aides sont prévues pour la modernisation des infrastructures hydrauliques et une gestion plus efficace des ressources en eau tant au niveau des exploitations qu’à plus grande échelle, au niveau des bassins hydrographiques. La modernisation des infrastructures de réutilisation de l’eau dans le bassin Murray-Darling devrait toutefois être étroitement liée aux résultats environnementaux, tout en tenant compte des effets d’une irrigation plus performante sur l’augmentation de la consommation d’eau et de la diminution des volumes restitués vers les eaux souterraines et les eaux de surface. Les subventions aux infrastructures d’irrigation devraient être mises en balance avec d’autres mesures de soutien telles que l’achat direct de droits de prélèvement d’eau, lesquels se sont avérés plus efficaces et plus rentables pour encourager la réutilisation de l’eau.

  • Le système de crédits carbone australiens (Australian Carbon Credit Unit – ACCU), précédemment connu sous le nom de fonds de réduction des émissions, soutient les projets visant à réduire ou à éviter les émissions de gaz à effet de serre ou à stocker du carbone, mais son efficacité reste encore à démontrer dans le secteur de l’agriculture, les réductions obtenues jusqu’en avril 2022 atteignant à peine 1.1 Mt éq. CO2. En l’absence d’un dispositif national de tarification du carbone, un recours plus large à l’ERF pourrait contribuer à atténuer les émissions provenant de l’agriculture.

  • Quand bien même les ACCU ont bonne réputation tant au niveau national qu’international, des questions se posent quant à l’additionnalité de certains crédits, notamment ceux liés à des projets de régénération ou à l’abandon de projets de déforestation. Une récente étude indépendante sur les ACCU a mis en avant ces problématiques et a établi une liste de 16 recommandations, que le gouvernement a acceptées sur le principe. Des mesures visant à renforcer la confiance à l’égard de la transparence et de l’intégrité des ACCU devront être prises pour alimenter la confiance dans le système et sa capacité à aider l’Australie à atteindre ses objectifs de réduction des émissions.

  • Les fonds investis dans le développement et la commercialisation de technologies de réduction des émissions ciblent, à raison, les émissions de méthane issues des activités d’élevage, qui représentent 79 % des émissions agricoles de l’Australie. On ignore cependant encore dans quelle mesure les technologies telles que les compléments alimentaires pourront être déployées à l’échelle des exploitations de bovins et d’ovins élevés à l’herbe. Pour aider le secteur de la viande de boucherie à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030, il conviendra d’apporter une réponse politique plus ferme sous la forme d’une panoplie de mesures (subventions, taxes sur les émissions, normes et règlements) afin d’inciter les agriculteurs à se doter de nouvelles technologies à faibles émissions.

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