5. Santé

Dans plus de deux tiers des pays de l’OCDE, les nouveau-nés peuvent espérer vivre jusqu’à plus de 80 ans (80.5 ans en moyenne dans l’ensemble de l’OCDE) et jusqu’à 84.2 ans au Japon (Graphique 5.2). L’espérance de vie s’est allongée dans tous les pays de l’OCDE au cours des dernières décennies : en 2017, elle était supérieure de plus de dix ans à ce qu’elle était en 1970 (OCDE, 2019[1]). Par rapport à 2010, l’espérance de vie moyenne a augmenté de près d’un an et deux mois (1.5 %). Elle progresse cependant moins vite dans certains pays : en Allemagne, en Grèce, en Islande et au Royaume-Uni, l’espérance de vie commence à plafonner, avec des gains inférieurs à 9 mois entre 2010 et 2017. Les États-Unis, qui affichaient une espérance de vie de 78.6 ans déjà inférieure à la moyenne de l’OCDE, n’ont enregistré aucun gain net sur cette période, après un recul temporaire entre 2014 et 2017. Les causes de ce ralentissement sont multiples : d’une part, le vieillissement démographique et la hausse des taux d’obésité et de diabète freinent les progrès dans le domaine des maladies cardiovasculaires ; d’autre part, on a observé un nombre comparativement élevé de décès dus à la grippe et à la pneumonie ces dix dernières années, ainsi qu’une augmentation des intoxications accidentelles liées aux drogues dans certains pays avec la crise des opioïdes (OCDE, 2019[1] ; Raleigh, 2019[2]). Cela dit, il y a aussi de bonnes nouvelles : de nombreux pays qui affichaient une espérance de vie comparativement plus faible se rapprochent aujourd’hui de la moyenne de l’OCDE. Depuis 2010, l’espérance de vie a ainsi augmenté de plus de deux ans au Chili, en Corée, en Estonie et en Lituanie.

En moyenne dans les pays de l’OCDE, de 6 à 7 personnes sur dix considèrent qu’elles sont en bonne santé (Graphique 5.3). Il existe néanmoins des différences notables entre les pays membres : en Asie, en Europe de l’Est et au Portugal, moins de 60 % des adultes jugent leur état de santé bon, contre plus de 80 % en Australie, au Canada, aux États-Unis, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et en Suisse (bien que dans certains de ces pays, des différences dans la formulation des questions puissent fausser les résultats à la hausse). Alors que la moyenne de l’OCDE est restée relativement stable, on a observé des tendances divergentes d’un pays à l’autre. Depuis 2010, c’est en Slovénie que l’état de santé perçu s’est le plus amélioré en (+5.7 points de pourcentage), tandis qu’à l’autre extrémité, on trouve la Lituanie (-6.5) et la Corée (-8.1).

La notion de « morts par désespoir » a été introduite récemment pour désigner les décès par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose (Case et Deaton, 2017[3]). En moyenne dans les pays de l’OCDE, le taux de mortalité correspondant à ces causes s’établit à 14.8 décès pour 100 000 habitants, ce qui ne représente qu’une faible proportion (1.8 %) du nombre total de décès (Graphique 5.4). Cela dit, ce chiffre constitue un indicateur important des maladies mentales graves, de la toxicomanie et de la dépendance à l’alcool au sein de la population (OCDE, 2019[4]). La Slovénie, la Lituanie et la Lettonie, ainsi que la Corée et le Danemark, enregistrent les taux de mortalité par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose les plus élevés dans les pays de l’OCDE, supérieurs à 20 décès pour 100 000 habitants. Le suicide est la première cause de mort par désespoir en Corée et en Lituanie, tandis que la consommation excessive aiguë d’alcool représente au moins un tiers du nombre total de morts par désespoir en Lettonie, au Danemark et en Slovénie (Graphique 5.4). À l’inverse, les taux globaux sont très faibles en Turquie (2.6), en Grèce (4.2) et en Colombie (5.2). Ces estimations doivent toutefois être interprétées avec prudence car il est probable que les actes de décès ne rendent pas pleinement compte du phénomène en raison de préjugés ou de pratiques d’enregistrement différentes (Encadré 5.1).

Depuis 2010, le nombre de morts par suicide (la forme la plus fréquente de « morts par désespoir », (Graphique 5.5) et par overdose a reculé dans un tiers des pays de l’OCDE, principalement sous l’effet de la baisse du nombre de suicides. Certains des pays qui rencontraient les plus grandes difficultés ont réalisé les progrès les plus importants : ainsi, la Corée, la Hongrie et le Japon ont réduit le nombre de morts par désespoir de plus de 25 %, l’Estonie de 23 % et la Lituanie de 15 %. Ailleurs, la situation s’est aggravée : depuis 2010, les morts par désespoir ont augmenté de 16 % aux États-Unis, 18 % en Slovénie (pays qui affiche le taux le plus élevé au sein de l’OCDE) et 30 % aux Pays-Bas. Dans ces trois pays, il y a eu une nette hausse de la mortalité par consommation excessive aiguë d’alcool et par overdose.

On ne dispose de données sur les symptômes dépressifs que pour les pays européens de l’OCDE où, en moyenne, 6 % des adultes indiquent avoir connu des symptômes dépressifs au cours des deux semaines précédentes (tels qu'éprouver peu d'intérêt pour la réalisation d'activités, se sentir fatigué, manger excessivement ou manquer d'appétit) (Graphique 5.6). Le pourcentage de personnes déclarant avoir souffert de dépression chronique (trouble mental le plus fréquent après les troubles de l’anxiété au sein de l’UE) au cours de l’année passée est légèrement plus élevé et s’établit à 8 % en moyenne (OCDE/Union européenne, 2018[5]).

L’espérance de vie à la naissance est plus élevée chez les femmes (83.2 ans en moyenne) que chez les hommes (77.9 ans) dans tous les pays de l’OCDE. En revanche, 70 % des hommes jugent leur état de santé « bon » contre seulement 60 % des femmes en moyenne. Les écarts entre femmes et hommes sont variables selon les pays, mais ils continuent de suivre une évolution cohérente dans la plupart des cas (Graphique 5.7). Les pays d’Europe de l’Est sont ceux qui se situent le plus loin de la parité pour les deux indicateurs.

Dans tous les pays de l’OCDE, la mortalité par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool ou overdose est beaucoup plus élevée chez les hommes que chez les femmes, en moyenne près de quatre fois plus (Graphique 5.8). C’est en Pologne que l’écart entre hommes et femmes est le plus marqué, avec un ratio de 8.2. Même dans le pays où l’écart est le plus faible (Luxembourg), le taux de « décès par désespoir » des hommes est deux fois supérieur à celui des femmes.

L’écart entre femmes et hommes pour ce type de décès se réduit dans 20 pays de l’OCDE depuis 2010. Dans plus de la moitié des cas, cette évolution est due à une hausse ou une stagnation du taux de mortalité chez les femmes, conjuguée à une diminution du nombre de décès chez les hommes. Dans l’ensemble, la mortalité par suicide ou abus de substances a augmenté chez les femmes dans plus d’un tiers des pays de l’OCDE (14) depuis 2010. En outre, dans deux des pays où les inégalités étaient les plus fortes (Islande, Lituanie), l’écart entre hommes et femmes s’est encore creusé, la mortalité ayant baissé plus rapidement chez ces dernières.

Dans les pays européens de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, les femmes sont plus nombreuses (8 %) que les hommes (6 %) à indiquer avoir connu récemment des symptômes dépressifs (OCDE/Union européenne, 2018[5]).

Il y a des inégalités marquées d’espérance de vie et de perception de l’état de santé liées aux écarts de niveau d’études et de revenu. Dans les 18 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, l’écart moyen d’espérance de vie à 25 ans entre les personnes ayant un haut niveau d’études et les personnes ayant un faible niveau d’études est de 7.6 ans pour les hommes et 4.8 ans pour les femmes (Graphique 5.9). À 65 ans, les écarts sont, respectivement, de 3.6 et 2.6 ans (Murtin et al., 2017[6]). De même, dans tous les pays de l’OCDE, les personnes plus instruites sont en meilleure santé physique et mentale : en moyenne, 78 % des personnes ayant fait des études supérieures jugent leur état de santé « bon » contre 65 % des personnes ayant un niveau d’études secondaire (OCDE – base de données sur l’état de santé). Dans les pays européens de l’OCDE, 4 % des personnes diplômées de l’enseignement supérieur contre 6 % des personnes diplômées de l’enseignement secondaire disent avoir connu récemment des symptômes dépressifs (OCDE/Union européenne, 2018[5]).

Sans exception, les personnes à revenus élevés se disent en meilleure santé. En moyenne dans les pays de l’OCDE, 79 % des personnes situés dans le quintile de revenu supérieur considèrent que leur état de santé est bon, contre 60 % seulement dans le quintile inférieur (Graphique 5.10). Les pays d’Europe de l’Est sont ceux où les différences liées aux revenus sont les plus importantes, avec des écarts supérieurs à 25 points de pourcentage pour l’état de santé perçu. En République tchèque, en Lettonie et en Estonie, l’écart lié au revenu a également augmenté de plus de 10 points de pourcentage depuis 2010.

Références

[3] Case, A. et A. Deaton (2017), « Mortality and Morbidity in the 21st Century », Brookings Papers on Economic Activity, http://brookings.edu/wp-content/uploads/2017/08/casetextsp17bpea.pdf (consulté le 26 septembre 2019).

[6] Murtin, F. et al. (2017), « Inequalities in longevity by education in OECD countries : Insights from new OECD estimates », OECD Statistics Working Papers, n° 2017/2, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/6b64d9cf-en.

[4] OCDE (2019), Addressing Problematic Opioid Use in OECD Countries, Études de l’OCDE sur les politiques de santé, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/a18286f0-en.

[8] OCDE (2019), OECD Mental Health Performance Framework, http://oecd.org/health/health-systems/OECD-Mental-Health-Performance-Framework-2019.pdf (consulté le 14 janvier 2020).

[1] OCDE (2019), Panorama de la santé 2019 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5f5b6833-fr.

[5] OCDE/Union européenne (2018), Health at a Glance: Europe 2018 : State of Health in the EU Cycle, Éditions OCDE, Paris/Union européenne, Brussels, https://dx.doi.org/10.1787/health_glance_eur-2018-en.

[10] Organisation des Nations Unies (2005), Budapest Initiative Task Force on Measurement of Health Status: Survey module for measuring health state, https://digitallibrary.un.org/record/747214 (consulté le 16 septembre 2019).

[7] Patel, V. et al. (2018), « The Lancet Commission on global mental health and sustainable development », The Lancet Commissions, vol. 392/10157, pp. 1553-1598, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31612-X/fulltext.

[2] Raleigh, V. (2019), « Trends in life expectancy in EU and other OECD countries  : Why are improvements slowing? », Documents de travail de l’OCDE sur la santé, n° 108, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/223159ab-en.

[9] Washington Group on Disability Statistics (2016), The Washington Group Short Set on Functioning (WG-SS), http://washingtongroup-disability.com (consulté le 16 septembre 2019).

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