6. Brésil
Le Brésil est un exportateur de produits agricoles compétitif, comme on peut le voir à ses chiffres d’exportations relativement élevés et à son niveau relativement faible de soutien et de protection du secteur. Le soutien aux producteurs en pourcentage des recettes agricoles brutes (ESP) a chuté entre 2000-02 et 2019-21 pour passer de 7.6 % à 2.3 %. Sur les cinq dernières années, il a reculé aussi bien en valeur nominale qu’en pourcentage des recettes agricoles brutes, mais cette tendance s’est inversée en 2021 où l’ESP a augmenté en raison d’une hausse du soutien des prix de marché (SPM). Malgré tout, les prix intérieurs sont pratiquement alignés sur les cours mondiaux avec un ratio du prix à la production au prix à la frontière (CNP) à peine supérieur à un. Le soutien aux producteurs passe également par des paiements au titre des intrants, en particulier des crédits à taux préférentiels, et des assurances récolte. Les exploitants peuvent bénéficier de crédits bonifiés pour commercialiser leurs produits et améliorer leur trésorerie, mais aussi pour réaliser des investissements en capital fixe.
Les produits arrivant en tête pour le niveau des transferts au titre d’un seul produit (TSP) sont le maïs, le blé, le riz et le coton. Le soutien à ces produits a augmenté entre 2020 et 2021 à la suite de hausses des prix intérieurs à la production par un dispositif de SPM en faveur de ces cultures, en particulier du maïs. Depuis 2008, tous les paiements au titre de l’utilisation d’intrants (pour les crédits et les assurances, essentiellement) sont subordonnés au respect de critères environnementaux et à l’emploi de certaines pratiques agricoles.
Environ 90 % du soutien aux services d’intérêt général (indiqué par l’ESSG) va à la recherche-développement (R-D) agricole, aux transferts de technologies et aux services de vulgarisation. Cependant, les dépenses consacrées aux services d’intérêt général ont reculé, passant de 3.4 % de la production agricole en valeur en 2000-02 à 1 % en 2019-21, ce qui indique que les dépenses n’ont pas suivi le rythme de croissance du secteur. En pourcentage du PIB, l’EST a fléchi également, passant de 0.7 % en 2000-02 à 0.4 % en 2019-21.
Le ministère de l’Agriculture (MAPA) publie chaque année son plan de gestion de l'agriculture et de l'élevage. Ce plan définit les ressources maximum allouées et établit des directives pour les instruments d'action : 1) le crédit rural, 2) l’assurance agricole, 3) le soutien à la commercialisation, 4) le programme de zonage, et 5) les prix minimums et de référence pour chaque année de production. Pour la récolte 2021-22, l’enveloppe allouée au crédit s’est élevée à 251.2 milliards BRL (46.6 milliards USD), soit 6.3 % de plus qu’en 2020-21.
Les ressources affectées au programme ABC, qui fait partie du Plan national pour une agriculture bas carbone (Plan ABC), ont doublé entre 2020 et 2021, passant de 2.5 milliards BRL à 5 milliards BRL (927 millions USD). En 2021, le programme ABC a créé une ligne de crédit pour les bio-intrants et les engrais biologiques, les systèmes à énergie renouvelable et la production d'électricité à partir de biogaz et de biométhane. En 2021, le PRONAF, principal programme en faveur des petits agriculteurs, a introduit une nouvelle ligne de crédit intitulée Bio-Economia, réservée aux systèmes agroforestiers, à la production de bio-intrants et au tourisme rural. En même temps, les taux d’intérêt préférentiels applicables à tous les crédits agricoles ont progressé de 2 à 4 points de pourcentage. Les subventions à l’assurance rurale (programme PSR), qui couvrent quelque 150 millions d’hectares, ont augmenté de 34 % entre 2020-21 et 2021-22, passant de 881 millions BRL à 1.18 milliard BRL (219 millions USD).
En 2021, le programme ZARC de zonage agricole s’est poursuivi avec le lancement du ZARC 4.0, qui intègre diverses données techniques afférentes aux risques : caractéristiques agroclimatiques, gestion, sols et indications des pertes de productivité. Trente cultures et systèmes de production ont été examinés par le ZARC en 2021. Une plateforme numérique (AGROMET) a été lancée par le MAPA en 2021 afin de rassembler des informations météorologiques et de faciliter l'accès en ligne à des services climatiques intéressant l’agriculture.
Dans sa contribution déterminée au niveau national (CDN), le Brésil s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030 et, à plus long terme, à atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050. Ces objectifs d'atténuation sont fixés pour l’ensemble de l’économie et non par secteur. À partir de 2010, le pays a commencé à appliquer des politiques agricoles, forestières et foncières qui contribuent aux efforts d’atténuation du changement climatique et d'adaptation à ses effets. Des objectifs sectoriels pourraient aider à accélérer la transition bas carbone du secteur AFAT (agriculture, foresterie et autres affectations des terres) et à mesurer les progrès accomplis en matière d’atténuation. Ce point est essentiel compte tenu de la contribution importante de ce secteur (43 %) aux émissions nationales de GES.
Les crédits agricoles à taux préférentiels constituent une part importante du soutien à l’agriculture au Brésil. Le système national de crédit rural (SNCR) est fondé sur des quotas obligatoires de dépôts bancaires réservés aux crédits ruraux. Une réforme du régime de prêts bonifiés pourrait prévoir de réduire les crédits de trésorerie à taux préférentiel accordés aux exploitations commerciales. La simplification de la réglementation et des procédures relatives aux crédits commerciaux pourrait faciliter l’accès des emprunteurs ruraux à ces crédits.
Certains programmes de crédit tournés vers l’innovation et la modernisation technologique des activités agricoles, comme Inovagro, Moderinfra et Moderagro, contribuent à faire progresser la productivité et peuvent aider à réduire les émissions. D’autres lignes de crédit sont disponibles pour financer des systèmes de production écologiquement viables dans le cadre de PRONAF, dont PRONAF-Agroecologia, PRONAF-Bioeconomia, FNE Verde, FNO Verde et FCO Verde. Ces programmes de crédit vont dans le bon sens et peuvent être améliorés et élargis. Le programme ABC, qui finance des projets technologiques axés spécifiquement sur la réduction des émissions, va également dans la bonne direction, mais il représente seulement une petite partie des crédits ruraux subventionnés en faveur de systèmes de production écologiquement viables et pourrait être déployé à plus grande échelle.
Les mesures de soutien dans le domaine de l’assurance et du crédit sont subordonnées à des critères environnementaux et à des règles de zonage bénéfiques à l’environnement, comme la préservation des forêts et de la végétation indigène. L’impact des prescriptions environnementales fixées par le cadastre environnemental rural (CAR), le programme de zonage en fonction des risques agricoles (ZARC) et le code forestier doit continuer d’être évalué sous l’angle des résultats obtenus par rapport aux objectifs relatifs à la déforestation et aux émissions de GES, par exemple. Cette évaluation devrait continuer de servir de fondement à l’amélioration des prescriptions environnementales et de programmes spécifiques comme le programme ABC et les initiatives de lutte contre la déforestation. Les programmes de subventions aux assurances doivent en outre faire l’objet d’activités de suivi et d’évaluation. Il est essentiel d’accumuler des informations sur ces programmes tout en veillant à la bonne utilisation des deniers publics, en surveillant leurs effets et en s’assurant qu’ils ne se substituent pas aux solutions de marché.
Le budget consacré aux services d’intérêt général (ESSG) est principalement investi dans la R-D, les transferts de technologies et les services de vulgarisation. Mais ces dépenses publiques ne représentent que 1 % de la valeur de la production agricole. Il importe de renforcer les importantes capacités de recherche et de vulgarisation du Brésil, notamment celles de l’Institut brésilien de recherche en agronomie (EMBRAPA), et de diffuser davantage les innovations auprès des petites et moyennes exploitations agricoles.