17. Japon
Au cours des dix dernières années, le Japon a réduit peu à peu son soutien à l’agriculture, mais le niveau de transfert s’est stabilisé dernièrement. Le soutien aux producteurs (ESP) en pourcentage des recettes agricoles brutes (41 % en 2019-21) reste plus de deux fois supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE. L’estimation du soutien total à l’agriculture (EST) représentait 0.9 % du PIB du Japon en 2019-21. La majeure partie a été consacrée au soutien direct aux producteurs.
Le soutien des prix de marché (SPM) demeure la principale composante du soutien à l’agriculture du Japon en raison d’importantes mesures à la frontière, notamment pour le riz, la viande porcine et le lait. Par conséquent, globalement, les prix moyens à la production restent 60 % supérieurs aux cours mondiaux de référence. La part des formes de soutien pouvant créer le plus de distorsions (soutien des prix du marché, soutien fondé sur la production et l’utilisation d’intrants variables sans contrainte) a diminué, mais elle représente encore 84 % de l’ESP en 2019-21. Les paiements budgétaires aux producteurs prennent principalement la forme de paiements au titre de la superficie et des revenus.
Les dépenses consacrées aux services d’intérêt général (ESSG) équivalent à 22 % du soutien total du Japon au secteur. Rapporté à la taille du secteur, l’ESSG représente près de 13 % de la production agricole en valeur, un chiffre supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE, mais inférieur à ceux des années 1990. Plus de 80 % de l’ESSG est consacrée au développement et à l’entretien des infrastructures agricoles, notamment les systèmes d’irrigation, tandis que 10 % servent à financer les systèmes de connaissances et d’innovation agricoles.
En mai 2021, le ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche a publié la stratégie pour des systèmes alimentaires durables – Mesures pour atteindre l’objectif de décarbonisation et la résilience par l’innovation (MeaDRI) – qui vise à transformer les systèmes alimentaires du Japon, ainsi qu’à améliorer la durabilité et la productivité d’ici 2050 en renforçant la participation des parties prenantes à chaque étape des chaînes d’approvisionnement alimentaire et en encourageant l’innovation afin de réduire la charge environnementale. Cette stratégie inclut 14 indicateurs de performance clés et une feuille de route pour élaborer et mettre en œuvre des technologies et des méthodes de production innovantes à l’horizon 2050. Les indicateurs en lien avec l’agriculture prévoient des objectifs de réduction des applications d’engrais et de pesticides chimiques, et d’augmentation des terres cultivées en agriculture biologique.
En octobre 2021, dans sa contribution déterminée au niveau national (CDN), le Japon s’est fixé l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 46 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2013, et un objectif à plus long terme d’émissions nettes nulles à l’horizon 2050. En accord avec l’initiative MeaDRI, le MAFF a révisé le plan d’atténuation du changement climatique de 2017 pour les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche et a relevé l’objectif de réduction des émissions d’un total de 38.8 Mt éq. CO2 à 49.5 Mt éq. CO2 d’ici à 2030. Cela représente 3.5 % des engagements en matière de réduction des émissions pris dans la CDN. Dans le plan de réduction des émissions, les surfaces boisées jouent un rôle important en tant que puits de carbone pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de GES, et différents paiements et dispositifs de crédit sont actuellement mis en œuvre pour encourager les réductions d’émissions de GES dans la production agricole.
Le Partenariat économique régional global (RCEP) avec 14 pays de la région Asie-Pacifique est entré en vigueur en janvier 2022. Le RCEP est le premier accord de partenariat économique que le Japon conclut avec la République populaire de Chine (ci-après la « Chine ») et la Corée. Le Japon a supprimé les droits de douane sur 56 % des importations agricoles en provenance de Chine, sur 49 % de celles en provenance de Corée et sur 61 % de celles provenant des pays membres de l’ASEAN, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Les produits agricoles sensibles tels que le riz, le blé, la viande bovine, la viande porcine, les produits laitiers, le sucre et la fécule sont exemptés de réduction tarifaire.
La part des émissions de GES d’origine agricole du Japon dans les émissions totales est la plus faible des pays de l’OCDE. Toutefois, le secteur agricole est responsable de près de 80 % des émissions totales de méthane (CH4), qui proviennent essentiellement de la riziculture et de la fermentation entérique du bétail. Par conséquent, les mesures visant à minimiser les émissions de CH4 générées par les rizières et la production animale se révéleront particulièrement efficaces pour réduire les émissions de GES provenant du secteur agricole.
Le Japon a fait des progrès en matière de réforme des mesures de soutien à l’agriculture depuis le début des années 2000, mais le soutien aux producteurs reste plus de deux fois supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE et reste dominé par le SPM, qui fausse les marchés. Il serait souhaitable d’envisager d’autres améliorations pour réduire le SPM et supprimer les mesures qui masquent les signaux du marché.
La valeur annuelle des exportations issues de l’agriculture, du secteur alimentaire, de la sylviculture et de la pêche a continué à augmenter ces dernières années. Si ces changements témoignent d’une évolution vers un secteur agricole plus orienté par le marché, l’exclusion de produits clés des accords commerciaux, dont le RCEP, limite les gains de l’ouverture du pays au commerce international. Une réduction progressive des obstacles aux échanges de produits agricoles contribuerait à l’évolution structurelle et à la croissance de la productivité du secteur agroalimentaire japonais.
La nouvelle approche systémique du Japon, MeaDRI, constitue une initiative sectorielle prometteuse pour accroître la durabilité et la productivité de ses systèmes alimentaires, mais devra être accompagnée de mesures complémentaires pour être efficace.
Les 14 indicateurs de performance clés et la feuille de route pour une transition durable qui visent à renforcer la participation des parties intéressées aux chaînes d’approvisionnement alimentaire de l’initiative MeaDRI sont des initiatives bienvenues. Le gouvernement devrait améliorer ou mettre au point des mesures incitant les agriculteurs et les autres parties prenantes à adopter des technologies et des méthodes de production innovantes en s’appuyant sur la R-D, les échanges d’informations, le renforcement des capacités, les conseils stratégiques et les partenariats multi-acteurs.
La stratégie MeaDRI donne la priorité à la R-D dans les nouvelles technologies pour réduire l’impact sur l’environnement et accroître la productivité agricole. L’amélioration des compétences et le transfert des connaissances devraient être renforcés afin de récolter les bénéfices des innovations technologiques. Les systèmes d’enseignement, de formation et de vulgarisation agricoles devraient également être améliorés afin de mettre à niveau les compétences et les connaissances des agriculteurs parallèlement aux avancées technologiques et industrielles.