5. Services

L’accès pour le contribuable à tout un éventail de services efficaces et faciles à utiliser joue un rôle essentiel pour favoriser le respect des obligations fiscales. Bon nombre de ces services reposent sur des canaux de communication, dans une logique aussi bien réactive que proactive. Par le passé, les administrations transmettaient souvent ces communications — instructions, rappels, outils de calcul et de déclaration — à une multitude de contribuables en même temps. Elles indiquent cependant qu’elles ont, désormais, de plus en plus recours à des outils innovants qui permettent une plus grande personnalisation des communications en fonction de la situation particulière de chaque contribuable et que celles-ci sont transmises au moyen de canaux de communication de plus en plus nombreux et divers. Pour favoriser l’adoption du libre-service, ces outils sont opérationnels en temps réel, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Certains pays, comme l’Inde, ont investi dans des centres de communication ciblés qui permettent des interactions confidentielles en direct entre les services fiscaux et d’autres parties prenantes comme les contribuables, les fiscalistes, les experts et les responsables de l’action publique et qui peuvent également être transmises via les canaux des réseaux sociaux, lorsqu'il y a lieu.

Les administrations fiscales indiquent par ailleurs une croissance rapide de l’utilisation de la technologie pour transformer leurs modèles opérationnels. L’utilisation de techniques de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle, de l’apprentissage automatique et des communications de machine à machine crée de nouvelles possibilités de services pour les administrations fiscales qui permettent l'accès à un plus grand nombre d’approches de type « conformité dès la conception ». Cette tendance croissante devrait s’accélérer à mesure que les administrations fiscales continuent d’exploiter pleinement le potentiel de la transformation numérique.

L’utilisation croissante de la technologie a souvent été encouragée par le recours accru à des approches comportementales. Il s’agit d’un domaine de recherche interdisciplinaire qui utilise des principes issus des sciences comportementales telles que la psychologie, les neurosciences et l’économie comportementale pour comprendre comment les individus intègrent les informations, les traitent et y réagissent. Ces principes peuvent être utilisés pour concevoir des politiques et des interventions pratiques basées sur le comportement humain. Ils peuvent s’avérer particulièrement puissants lorsqu’ils sont conjugués aux enseignements tirés de l’analyse des volumes de plus en plus importants de données dont dispose l’administration fiscale, générées en interne et en externe.

Dans les précédentes éditions de cette publication, un nombre croissant d’administrations fiscales déclaraient employer des chercheurs en sciences comportementales et mettre à profit les enseignements de ces disciplines dans certains domaines pour influer sur le respect volontaire des obligations. Cette tendance s’est poursuivie et près de 70 % des administrations déclaraient avoir eu recours à des méthodes ou techniques relevant des sciences comportementales en 2020 (voir le graphique 6.1). Le chapitre 10 de l’édition 2019 de ce rapport apporte des informations complémentaires sur ces développements. Cette tendance s’est poursuivie et les approches comportementales sont de plus en plus souvent intégrées dans les stratégies et interventions générales de l’administration fiscale. Le rapport 2021 de la Communauté d’intérêts du FAF de l’OCDE sur les approches comportementales contient également des exemples de cette pratique (OCDE, 2021[1]).

Pour répondre aux préférences des contribuables, il est important de bien diversifier les canaux proposés. Bien que l’on constate une transition de plus en plus marquée vers les services électroniques pour des raisons de commodité et de rentabilité, une partie des contribuables n’y ont pas accès ou ne savent pas bien les utiliser. Il faut donc réfléchir à des stratégies permettant d’encourager la transition vers ces canaux pour les usagers auxquels ils offriraient de meilleurs résultats sans effets délétères sur les services proposés aux autres contribuables.

Bien entendu, ces stratégies doivent reposer sur une évaluation correcte et une bonne compréhension des besoins et des contraintes. Le tableau 5.1 met clairement en évidence la transition vers le numérique qui s’est opérée durant la pandémie, avec une augmentation significative de l’utilisation des canaux de communication en ligne, tandis que les circuits traditionnels (en personne et papier) cèdent rapidement du terrain. Il est intéressant de constater que le volume des appels n’a pas enregistré de hausse significative durant la pandémie, ce qui semble indiquer que les canaux numériques permettaient de répondre efficacement aux demandes des contribuables. Il sera intéressant de suivre la demande de service par canal dans les futures éditions de ce rapport afin d’analyser si la pandémie a provoqué une transformation structurelle.

Comme nous l’avons souligné précédemment, les administrations fiscales développent leur offre en libre-service et élargissent leur éventail de services en accès libre, dont, par exemple, la possibilité de s’enregistrer, d’effectuer ses déclarations et de payer en ligne, ainsi qu’une gamme d’outils interactifs. Il en résulte des gains d’efficience au sein des administrations fiscales, ainsi que la possibilité d’offrir aux contribuables des services se rapprochant d’une disponibilité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ces services se sont révélés extrêmement précieux pendant la pandémie de COVID-19. Plusieurs administrations fiscales appliquent également les techniques de l’intelligence artificielle à la gestion des vastes quantités de données recueillies afin de poursuivre le développement de ces outils et ainsi de mieux répondre aux besoins des contribuables. Le chapitre 6 explique de quelle manière les activités de vérification utilisent ces volumes considérables de données.

L’édition précédente (OCDE, 2021[3]) de cette série soulignait que les administrations sont de plus en plus nombreuses à déclarer utiliser des assistants virtuels ou numériques pour répondre aux questions des contribuables et favoriser l’utilisation des services en libre accès. Comme l’indique le tableau 5.2, cette croissance a été extrêmement rapide et ces services sont désormais très courants. La pandémie de COVID-19 a probablement accéléré cette tendance, car ces services se sont révélés très précieux pour aider les administrations fiscales à faire face à la situation et ont permis de continuer d’apporter un soutien aux contribuables y compris lorsque les services étaient sous tension.

Compte tenu de leur succès, le développement de ces services se poursuit, les juridictions étudiant de quelle manière utiliser les progrès de l’intelligence artificielle (IA) pour offrir des niveaux de services toujours plus élevés. Le graphique 5.1 montre que 40 % des administrations qui ont mis en place un assistant virtuel utilisent l’IA, sous une forme ou une autre, pour améliorer le service. Le système est ainsi en mesure de répondre aux questions plus complexes posées par les contribuables et/ou d’apporter des réponses plus personnalisées. Cette fonction s’inscrit dans une tendance plus générale consistant à utiliser l’IA au sein des administrations fiscales, qui est également abordée au chapitre 9.

Dans le cadre de la transition vers les modèles de services en libre accès, les administrations fiscales investissent dans de nouveaux outils numériques favorisant la réalisation de leur objectif général : aider les contribuables à acquitter le juste montant d’impôt du premier coup. Ces outils offrent aux contribuables de nouveaux modes d’interaction avec les administrations fiscales et aident ces dernières à gagner en efficacité en ayant recours à des modèles de services en libre accès.

À mesure que la technologie évolue, ces services se sophistiquent davantage, dans le contexte du développement de la nouvelle génération de services électroniques « intelligents » qui ont recours à l’intelligence artificielle et permettent des interactions plus poussées avec les contribuables.

On constate une poursuite de la tendance récente à l’utilisation croissante des applications mobiles par les administrations fiscales, observée dans d’autres éditions de cette publication. Elles sont principalement employées pour la communication d’informations et d’instructions, mais deviennent aussi de plus en plus capables de traiter des opérations, et sont le principal moyen pour les contribuables d’accéder aux documents qui les concernent et à leurs comptes fiscaux personnels, de communiquer avec l’administration fiscale, de transmettre des informations et des déclarations de revenus ainsi que d’effectuer des paiements. L’élévation du degré de sophistication et l’accès croissant à la technologie mobile ont permis aux administrations fiscales des juridictions moins développées, où l’accès à l’Internet fixe est moins courant, d’avoir accès aux avantages de la transformation numérique. Cela permet à ces juridictions qui sont souvent dépourvues de systèmes numériques anciens de fournir une plateforme pour la transformation numérique.

Les services numériques sont essentiels pour permettre aux administrations fiscales d’offrir des services optimisés aux usagers, et de créer de nouvelles possibilités de services. À mesure que les services numériques se développent, les administrations fiscales sont de plus en plus conscientes que certains groupes n’y ont pas accès ou ne savent pas les utiliser. Le graphique 5.2 montre que 80 % des administrations proposent des services spécifiques pour aider les personnes qui n’ont pas d’accès en ligne et plus de 60 % s’assurent que les personnes atteintes d’une déficience peuvent accéder à leurs services. S’il reste encore beaucoup de progrès à accomplir à cet égard, ces programmes commencent à garantir que l’administration fiscale apporte une contribution efficace à l’ensemble des contribuables. Les administrations fiscales continuent donc d’investir dans des études détaillées pour comprendre les besoins et les facteurs déterminants pour ces groupes de contribuables et approfondir les stratégies envisagées pour répondre le mieux possible aux attentes de ces contribuables.

Même si beaucoup d’administrations fiscales développent leurs propres applications en interne, le graphique 5.3 montre qu’un grand nombre d’entre elles créent également des interfaces de programmation d’application (API) et que 75 % d’entre elles les mettent à la disposition de développeurs tiers. Par ailleurs, près de 60 % des administrations participent au processus de développement conjoint des API avec des tiers.

Les API permettent d’assurer la connectivité entre les systèmes, les personnes et les objets sans donner un accès direct et il s’agit de dispositifs clés pour favoriser les nombreux services innovants décrits dans ce rapport. Cette collaboration est indispensable à la transformation numérique de l’administration fiscale abordée dans le rapport intitulé Tax Administration 3.0(OCDE, 2020[2]).

Le rapport de l’OCDE intitulé Unlocking the digital economy — a guide to unlocking application programming interfaces in government (OCDE, 2019[4]) donne un aperçu des pratiques, techniques et normes utilisées pour offrir aux contribuables des services numériques efficaces qui répondent aux besoins actuels en utilisant des API. L’encadré 5.5 donne quelques exemples d’utilisation des API par les administrations fiscales.

À mesure que ces services offerts par les API se sophistiquent et deviennent de plus en plus déterminants pour fournir aux contribuables des services de qualité, les administrations fiscales doivent investir davantage dans la gestion et le contrôle de leurs API. L’Encadré 5.8 présente une partie des travaux réalisés dans ce domaine. L’efficacité de la collaboration avec les tiers en vue de garantir le fonctionnement sans heurts des systèmes, leur précision, leur sécurité et leurs performances à l'égard des contribuables est au cœur de ces initiatives.

Cette collaboration crée également de nouvelles possibilités de développement de services, en grande partie sous l'impulsion du secteur privé. Le graphique 5.4 montre comment a évolué le partage de données courantes au sein de l’administration et le rapport intitulé Tax Administration 2019  fait apparaître que les administrations fiscales opèrent de manière de plus en plus décloisonnée avec d’autres fonctions administratives pour offrir des services plus performants aux citoyens (OCDE, 2019[5]).

Ces efforts de décloisonnement avec les autres administrations incluent souvent une approche de « collecte unique pour une utilisation multiple ». Les administrations fiscales (ainsi que les organismes de sécurité sociale) occupent à cet égard une place particulière au sein de l’administration, puisqu’elles détiennent souvent des informations vérifiées et à jour sur l’identité des contribuables, sont impliquées dans la réception et le versement de paiements ainsi que la réception et l’envoi d’informations à des tiers (comme les institutions financières et les employeurs).

Depuis la dernière édition de ce rapport, les administrations fiscales ont déclaré renforcer leur collaboration avec un plus grand nombre d’organisations non gouvernementales, notamment pour le développement de nouveaux services décloisonnés.

Bibliographie

[3] OCDE (2021), Administration fiscale 2021 : Informations comparatives sur les pays de l’OCDE et autres économies avancées et émergentes, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/a1b690b6-fr.

[1] OCDE (2021), Behavioural Insights for Better Tax Administration: A Brief Guide, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/tax/forum-on-tax-administration/publications-and-products/behavioural-insights-for-better-tax-administration-a-brief-guide.htm (consulté le 13 May 2022).

[2] OCDE (2020), Tax Administration 3.0: The Digital Transformation of Tax Administration, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/tax/forum-on-tax-administration/publications-and-products/tax-administration-3-0-the-digital-transformation-of-tax-administration.htm (consulté le 13 May 2022).

[5] OCDE (2019), Tax Administration 2019: Comparative Information on OECD and other Advanced and Emerging Economies, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/74d162b6-en.

[4] OCDE (2019), Unlocking the Digital Economy: A guide to implementing application programming interfaces in Government, OCDE, Paris, https://www.oecd.org/tax/forum-on-tax-administration/publications-and-products/unlocking-the-digital-economy-guide-to-implementing-application-programming-interfaces-in-government.htm (consulté le 13 May 2022).

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