6. La participation des citoyens et des parties prenantes en Tunisie

La participation citoyenne est une composante démocratique clé et un des principes fondamentaux du gouvernement ouvert (OCDE, 2017[1]). Ce concept peut recouvrir plusieurs types de pratiques, certaines institutionnalisées – telles que les élections et les processus de consultations publiques –, mais également d’autres, plus informelles, permettant aux citoyens et OSC de faire entendre leur voix – telles que l’activisme ou les manifestations. Au cours des dernières années, de nombreux pays ont mis en place plusieurs modèles d’engagement des citoyens et de la société civile, tels que les auditions publiques, les consultations en ligne ou les mécanismes de pétitions (OCDE, 2020[2]). Des formes nouvelles de participation ont également vu le jour, aussi bien menées par l’administration publique que lancées par des citoyens et des associations (OCDE, 2020[2]). L’approfondissement et la systématisation de la participation, en complément des modes de démocratie représentative, figurent aujourd’hui parmi les principaux défis pour un gouvernement ouvert.

Dix ans après la révolution, la Tunisie a réalisé des progrès importants en matière de participation citoyenne, qui est l’un des acquis principaux de la transition démocratique. Ces progrès sont notamment illustrés par le classement de la Tunisie au niveau de l’indicateur relatif à la participation des OSC élaboré par le V-Dem Institute. Le Graphique ‎6.1 souligne ainsi les avancées de la Tunisie depuis 2010, le pic atteint en 2013 et le léger recul enregistré depuis. Le Graphique ‎6.2 permet quant à lui de voir où se situe la Tunisie en termes d’engagement avec la société civile par rapport à une sélection de pays de l’OCDE. Des textes législatifs ont introduit certaines formes de participation dans l’ordre juridique tunisien, telles que la consultation, et une multitude d’outils et d’initiatives d’engagement citoyen ont été conçus, élaborés et lancés, tant au niveau national que local. En parallèle, la « culture » de la participation s’affirme progressivement, et certains secteurs de l’administration publique s’ouvrent à une contribution croissante de la population dans le cycle des politiques publiques. De plus, l’existence d’une société civile active, compétente et engagée sur les questions de gouvernance (voir Chapitre 5) représente un atout déterminant pour la mise en œuvre d’une démocratie participative efficace, permettant d’atteindre les objectifs de politiques publiques du pays, et d’instaurer un véritable climat de confiance et de coopération entre les citoyens et l’État.

Cependant, la Tunisie étant une jeune démocratie encore en transition, avec certaines mesures introduites encore récemment (comme la démocratie participative au niveau local, instaurée par le Code des collectivités locales de 2018), la culture de l’ouverture et de la mise du citoyen au centre de l’action gagnerait encore à être approfondie, systématisée et installée dans la durée au sein de l’administration publique, en particulier dans les secteurs plus sensibles ou régaliens de l’État. La pleine mise en œuvre de la participation constitue un défi important pour le gouvernement, qui met régulièrement en place de nouveaux outils et mécanismes pour impliquer les citoyens, tout en surmontant d’autres défis d’ordre technique, politique et socioculturel. Des opportunités existent pour renforcer le cadre légal, harmoniser les outils et continuer à sensibiliser les autorités publiques, afin d’atteindre une affirmation complète du principe de participation dans la pratique.

Consacré par les circulaires administratives pour faciliter la transition démocratique en 2011, le principe de la participation a été intégré par le législateur tunisien dans la Constitution de 2014 (République tunisienne, 2014[4]). D’autres textes réglementaires relatifs à la mise en œuvre du principe de participation ont été promulgués par la suite.

Le principe de participation est consacré par la Constitution de 2014, au sein du Préambule et de l’article 139 concernant en particulier les collectivités locales (République tunisienne, 2014[4]).

Ainsi, le Préambule de la Constitution de 2014 a fondé « un régime républicain démocratique et participatif dans le cadre d’un État civil où la souveraineté appartient au peuple » (République tunisienne, 2014[4]). De plus, afin d’appuyer le processus de décentralisation, la Constitution a instauré la participation au niveau des collectivités locales dans son article 139, stipulant que « les collectivités locales adoptent les mécanismes de la démocratie participative et les principes de la gouvernance ouverte, afin de garantir une plus large participation des citoyens et de la société civile à l’élaboration des projets de développement et d’aménagement du territoire et le suivi de leur exécution, conformément à la loi » (République tunisienne, 2014[4]). Cette constitutionnalisation du principe de la participation citoyenne a par la suite été confirmée et détaillée dans le cadre légal, et notamment dans le Code des collectivités locales ainsi que dans des décrets gouvernementaux et des circulaires.

La loi organique n° 2018-29 du 9 mai 2018, relative au Code des collectivités locales, a consacré plusieurs articles à la promotion de la participation au niveau local (République tunisienne, 2018[5]). Dans ses articles 29 et 30, le Code des collectivités locales « garantit une participation effective de tous les habitants et de la société civile au cours des différentes étapes d’élaboration des programmes de développement et d’aménagement du territoire et lors du suivi de leur exécution et de leur évaluation » (République tunisienne, 2018[5]). Ces dispositions sont en ligne avec la disposition 8 de la Recommandation du Conseil de l’OCDE sur le Gouvernement Ouvert, qui appelle les États parties à associer les parties prenantes à toutes les phases du cycle des politiques publiques (OCDE, 2017[1]). De plus, la loi relative aux élections locales a instauré l’obligation d’impliquer les jeunes, les femmes et les « personnes vulnérables » dans les conseils municipaux (République tunisienne, 2014[6] ; République tunisienne, 2019[7]),1 visant ainsi à renforcer l’inclusion et la participation au niveau local des différentes parties prenantes et catégories de population parfois sous-représentées.

Au titre des articles 8 et 9 du décret n° 2019-401 relatif à la fixation des conditions et procédures de mise en œuvre de la démocratie participative prévues à l’article 30 du Code, les associations ont l’obligation de s’inscrire sur le Registre des composantes de la société civile, afin de pouvoir y consigner leurs avis et interrogations (Ministère des Affaires locales, 2019[8]). Or, le décret exige de la part des associations de fournir une preuve de leur inscription au RNE, obligatoire au titre de la loi n° 2018-52, pourtant contestée par la société civile du fait des obligations et difficultés administratives supplémentaires qu’elle semble poser (voir Chapitre 5). À titre d’exemple, en avril 2021, seules environ 2 100 associations étaient inscrites au RNE, contre près de 23 937 associations déclarées d’après les chiffres du Centre Ifeda.2 Cette disposition du décret tend à réduire le nombre réel d’associations actuellement en capacité d’utiliser ce mécanisme de démocratie participative à l’échelle des collectivités locales et gagnerait à être amendée.

Par ailleurs, les collectivités territoriales ont la possibilité, au titre des articles 31, 32 et 33 du Code, d’organiser un référendum local, dont les résultats sont contraignants si le taux de participation n’est pas inférieur au tiers des électeurs inscrits (République tunisienne, 2018[5]). Le référendum peut être organisé à l’initiative du président ou d’un tiers des membres du Conseil de la collectivité – à la suite d’un vote aux deux tiers au sein du Conseil – ou encore d’un dixième des électeurs locaux. Le gouverneur de la région peut néanmoins s’opposer à la tenue de ce référendum devant le tribunal administratif de première instance. Cependant, depuis la promulgation du Code des collectivités locales, aucun référendum local n’a été organisé en Tunisie et le potentiel de cet outil de participation n’a donc pas encore été exploité. Les autorités et la société civile pourraient encourager l’usage de ce mécanisme au niveau local, afin d’évaluer l’intérêt qu’il suscite auprès des citoyens et son impact.

Dans la pratique, depuis l’entrée en vigueur du Code des collectivités locales, la participation citoyenne est restée timide, limitée, et dans une certaine mesure dépendante du niveau de la mobilisation de la société civile et de la bonne volonté des dirigeants locaux dans chaque collectivité. La société civile parvient néanmoins à jouer un rôle fondamental dans la promotion de la participation des citoyens, tout en veillant à la mise en œuvre et à la consolidation des principes constitutionnels par les différentes autorités publiques. Afin de renforcer la participation citoyenne au niveau des collectivités territoriales, il serait également opportun de renforcer la mise en œuvre du cadre légal et de continuer à sensibiliser l’administration et les différents acteurs à l’usage des nombreux mécanismes prévus par la loi.

La Tunisie a promulgué un nombre important de décrets et circulaires pour faciliter l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de certaines initiatives de promotion de la participation, afin de rétablir une relation de confiance entre les autorités publiques et les citoyens :

  • décret gouvernemental n° 2018-328 du 29 mars 2018 relatif à l’organisation des consultations publiques ;

  • décret gouvernemental n° 2018-1067 du 25 décembre 2018, complétant le décret n° 93-982 du 3 mai 1993, fixant le cadre général de la relation entre l’administration et ses usagers ;

  • décret gouvernemental n° 2019-1242 du 19 décembre 2019 relatif au système de communication et d’interactivité en ligne avec le citoyen ;

  • décret gouvernemental n° 2019-401 du 6 mai 2019, fixant les conditions et les procédures de la mise en œuvre des mécanismes de la démocratie participative cités à l’article 30 du Code des collectivités locales ;

  • circulaire n° 12 datée du 21 mai 2011 relative à la participation des usagers de l’administration dans l’évaluation des services publics ;

  • circulaire n° 13 datée du 23 mai 2011 relative à la mise en œuvre de l’approche participative dans le rapprochement des services prioritaires ;

  • circulaire n° 14 datée du 27 mai 2011 relative à la qualité de la réglementation ;

  • circulaire n° 31 datée du 30 octobre 2014 relative à l’adoption d’un processus participatif dans l’élaboration des textes législatifs.

En plus de ces textes déjà en vigueur, une circulaire relative au décret gouvernemental n° 2018-328 relatif à l’organisation des consultations publiques (présenté dans la section ‎6.3.2) est en phase finale d’élaboration, selon les services en charge de la réforme administrative au sein de la Présidence du gouvernement, et visera à préciser les procédures et la méthodologie des consultations publiques en Tunisie.3

Malgré les efforts des gouvernements successifs pour faciliter la conception et la mise ou œuvre des initiatives relatives à la participation, il n’existe pas encore de cadre légal spécifique, holistique ou stratégique régissant la participation des parties prenantes en Tunisie. Les autorités gagneraient donc à élaborer une loi ou un décret spécifiquement dédié à la participation, comme la « loi pour la promotion et protection du droit à la participation démocratique » en Colombie (République colombienne, 2015[9]) ou la loi de participation citoyenne de la ville de Mexico, présentée dans l’Encadré ‎6.1. Un tel texte, en plus de définir la participation et les outils prévus à cet effet, pourrait rendre contraignantes les consultations dans les différentes phases du cycle des politiques et des services publics, et également préciser les délais, les responsabilités et les modalités de retours à donner sur les contributions reçues lors des consultations.

La promotion de la participation des parties prenantes a été consacrée dans certaines feuilles de route de politiques conçues par le gouvernement de manière participative, notamment les plans d’action nationaux (PAN) du Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO), la stratégie Smart Gov 2020, ou encore la stratégie nationale de l’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles en milieu rural (2017-20), pour ne citer que les principales. Il n’existe cependant pas de stratégie nationale spécifiquement dédiée à la promotion de la participation ; l’élaboration d’un tel document pourrait se révéler utile pour faciliter une compréhension commune du concept de participation citoyenne et fournir un cadre cohérent aux efforts déjà déployés.

La Tunisie a adhéré au PGO en 2014. Dans ce cadre, elle a élaboré quatre PAN, incluant notamment des engagements relatifs au renforcement de la participation citoyenne (voir Encadré ‎6.2). Chaque plan d’action a été élaboré de manière participative, grâce à des consultations en ligne et des ateliers de consultation. Un comité de pilotage mixte, incluant des représentants du gouvernement et de la société civile, a par la suite approuvé ou écarté les engagements proposés (voir Encadré ‎6.3).

C’est notamment dans le cadre de la mise en œuvre de ces plans d’action qu’a été mise en place la plateforme E-people.tn (évoquée plus en détail dans la Section ‎6.5.1). Cependant, la réalisation des différents engagements relatifs au renforcement de la participation citoyenne et de ceux portant spécifiquement sur l’engagement des jeunes est demeurée limitée, d’après les rapports produits par le mécanisme de rapport indépendant du PGO (Independant Reporting Mechanism, IRM) (Haliou, 2017[12] ; Sfaxi, 2019[13] ; Anguelov, 2021[14]). À titre d’exemple, la Tunisie pourrait encore adopter un cadre légal relatif au droit de pétition, précisant sous quelles formes et à quelles occasions les citoyens pourraient envoyer leurs suggestions aux autorités, ainsi que la réponse attendue de l’administration publique. Selon les entretiens menés pour ce scan,4 nombre de décideurs politiques semblent considérer la pétition comme un mécanisme jugé intéressant.

La stratégie nationale « Smart Gov » 2016-20 est une vision stratégique du gouvernement focalisée sur la modernisation de l’administration publique et les prestations administratives (Unité de l'administration électronique, 2016[16]). La Tunisie s’est engagée à améliorer les prestations des services administratifs, afin que ces derniers soient plus ouverts, efficaces et transparents, en plaçant le citoyen au centre du processus. L’instauration des principes de transparence, de participation et de responsabilité est au cœur des orientations de cette stratégie. En effet, dans sa septième orientation, la stratégie prévoit « des citoyens mieux informés, plus actifs dans la vie publique, et qui communiquent plus facilement avec leurs administrations, grâce à un usage intelligent et renforcé du numérique » (Unité de l'administration électronique, 2016[16]).

Pour ce faire, six projets ont été fixés dans le cadre de la stratégie :

  • la mise en place d’un cadre institutionnel pour l’appui à l’e-participation ;

  • la mise en place d’un programme de communication et de formation ;

  • la mise en place d’un programme d’appui à l’e-participation au niveau local ;

  • la mise en place d’une plateforme électronique pour la gestion des plaintes et des dénonciations des cas de corruption ;

  • le développement d’un service d’e-pétition ;

  • le développement d’un service en ligne de demande d’accès aux informations publiques.

Malgré des avancées importantes, certains de ces projets n’ont pas encore été entièrement achevés à l’échéance de la stratégie en 2020, comme il sera détaillé dans la suite de ce chapitre.

En Tunisie, 32 % des femmes et des filles vivent en milieu rural dans des conditions défavorables à tout accès aux services publics de première nécessité (Ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, 2017[17]). Ces femmes et filles sont fortement touchées par les défis socio-économiques de la Tunisie et sont par la suite très peu représentées dans les politiques publiques. La stratégie nationale de l’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles en milieu rural est une feuille de route mise en place par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, en s’appuyant sur une approche participative. L’objectif est d’apporter un soutien particulier aux femmes et filles en milieu rural, pour faciliter leur accès aux services administratifs et leur participation à la vie publique.

Dans son 3e axe, la stratégie œuvre sur « la participation des femmes à la vie publique et à la gouvernance locale », pour garantir leur représentativité dans l’élaboration des politiques publiques. Un comité de pilotage composé de représentants des structures publiques et des OSC a été créé en tant que mécanisme de coordination et de suivi du plan d’action relatif à la stratégie (Ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, 2017[17]).

La Tunisie a adhéré à la Recommandation du Conseil de l’OCDE sur le Gouvernement Ouvert en 2019, qui définit les différentes modalités de la participation des parties prenantes (voir Encadré ‎6.4). Dans ce cadre, des initiatives pour la réalisation des trois niveaux de participation des parties prenantes cités dans la Recommandation ont été mises en place.

L’information est consacrée en tant que droit constitutionnel dans la Constitution de 2014. L’article 32 du deuxième chapitre de la Constitution de 2014 relatif aux droits et libertés garantit ainsi le « droit à l’information et le droit d’accès à l’information ». Selon le même article, « l’État œuvre en vue de garantir le droit d’accès aux réseaux de communication » (République tunisienne, 2014[4]).

Dans son article 3 de la loi organique n° 2016-22 du 24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’information, le législateur tunisien a défini l’accès à l’information par « la publication proactive de l’information par l’organisme concerné et le droit d’y accéder sur demande ». Dans le même texte, tous les organismes concernés par la loi doivent obligatoirement « publier les informations ayant fait l’objet d’au moins deux demandes répétitives » (article 8) (République tunisienne, 2016[18]). Le droit d’accès à l’information a par la suite été concrétisé par la création des mécanismes numériques et institutionnels. L’Instance nationale d’accès à l’information (INAI) veille sur la protection et la mise en œuvre de ce droit, en renforçant la capacité des agents chargés de l’accès à l’information dans les institutions publiques.

En outre, plusieurs plateformes et portails de données ouvertes (open data) au niveau central et local ont été créés pour améliorer la publication proactive de l’information, afin d’accroître la transparence, la redevabilité et la participation. Parmi les portails nationaux de données ouvertes, il est adéquat de citer, à titre d’exemple, le portail du budget ouvert du ministère des Finances « Notre Budget » (Ministère des Finances, s.d.[19]), le portail de données ouvertes du ministère de l’Intérieur (Ministère de l'Intérieur, s.d.[20]), le portail de données ouvertes du ministère des Transports (Ministère des Transports, s.d.[21]) ou encore le portail de données ouvertes de l’Institut national de la statistique (Institut national de la statistique, s.d.[22]).

Un décret gouvernemental instaurant le cadre légal et organisationnel facilitant l’ouverture des données publiques a été promulgué le 6 janvier 2021. Ce décret est une mise en œuvre de l’engagement 2 du troisième PAN du PGO.

Ce cadre légal vise à :

  • « Promouvoir les principes de transparence et de reddition des comptes.

  • Soutenir la participation du public à l’élaboration des politiques publiques, ainsi qu’au suivi de leur mise en œuvre et de leur évaluation.

  • Moderniser l’administration et améliorer la qualité et l’efficacité des services publics.

  • Contribuer à la mise en place d’un cadre approprié pour favoriser le développement économique et créer des opportunités d’emploi supplémentaires, notamment en stimulant la création des start-up qui œuvrent pour la création de nouveaux usages innovants en exploitant des données publiques » (Chef du gouvernement, 2021[23]).

Le chapitre 4 du présent scan aborde plus en détail la question de l’accès à l’information et des données ouvertes.

La consultation publique est définie dans le décret gouvernemental n° 2018-328 comme un « processus interactif permettant aux parties prenantes de présenter leurs propositions et commentaires concernant une politique publique dans la phase de sa préparation par l’organisme concerné » (article 3) (République tunisienne, 2018[24]). Les parties prenantes identifiées dans ce contexte sont les citoyens de manière générale, les acteurs publics et non publics, et « toute personne physique ou morale concernée par la participation à la consultation publique incluant les experts, universitaires, spécialistes, organisations de la société civile, entreprises économiques et organismes publics » (République tunisienne, 2018[24]).

Selon le décret, la consultation publique vise à atteindre les objectifs suivants :

  • Renforcer l’ouverture de l’administration publique sur son environnement et consolider les mécanismes de communication avec les citoyens et la société civile.

  • Consacrer les principes de la transparence et de la participation dans la prise de décision.

  • Consacrer la légitimité des politiques publiques.

  • Renforcer la confiance du citoyen envers l’administration publique.

  • Améliorer la qualité et l’efficience des politiques publiques.

Malgré ce cadre réglementaire et les outils mis à la disposition des parties prenantes, le recours à la consultation publique demeure inégal parmi les acteurs publics. Le décret ne définit pas avec précision les outils à disposition et les formes de consultation pouvant être mises en place, et concerne principalement les consultations en ligne à travers le site legislation.tn.

Pour pallier certaines faiblesses du décret, un projet de circulaire relatif au décret gouvernemental de 2018 organisant la consultation publique vise à clarifier la méthodologie de la mise en œuvre des consultations publiques au sein des différentes administrations, pour lesquelles les dispositions du décret gouvernemental peuvent demeurer floues. Ce projet de circulaire a été élaboré par la Direction générale des réformes et prospectives administratives (DGRPA) au ministère de la Fonction publique et transmis au chef du gouvernement pour signature. L’équipe de recherche de ce scan n’a cependant pas pu y avoir accès. Afin de faciliter et d’approfondir la mise en œuvre par les organismes publics de processus de consultation, un guide ou référentiel présentant les normes, les modalités et les différentes options pour mener une consultation publique ou un processus d’engagement, incluant les différentes étapes, pourrait également être élaboré, à l’image des « Standards de la participation publique » élaborés par l’Autriche (Gouvernement autrichien, s.d.[25]). Il contribuerait ainsi à faciliter l’appropriation et la mise en pratique des mécanismes existants par les fonctionnaires en charge de mener des initiatives de participation.

L’engagement est un niveau avancé de la participation, qui consiste à engager les parties prenantes et à leur donner les moyens de collaborer tout au long du processus d’élaboration, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques publiques. Parmi les bonnes pratiques tunisiennes d’engagement, on peut citer le comité de pilotage du PGO, dans le cadre duquel la société civile, les institutions publiques et le secteur privé participent à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du PAN.

D’autres formes d’engagement sont à la disposition des parties prenantes, comme l’outil de la charte du citoyen et le budget participatif au niveau local, décrites dans la section ‎6.5 de ce chapitre (République tunisienne, 2018[26] ; République tunisienne, 2019[27]).

Cependant, l’usage de ces outils gagnerait à être renforcé, en particulier au cours des phases de suivi et d’évaluation, l’engagement avec les citoyens et les efforts de consultation étant souvent mis en œuvre essentiellement au stade de l’élaboration. En outre, il reste à identifier des exemples de réelle « cocréation » de politiques, programmes ou services publics conçus et rédigés conjointement entre autorités et société civile, agissant en tant que partenaires égaux.

En s’appuyant sur les trois niveaux de participation tels que définis par l’OCDE, la Tunisie pourrait continuer à accroître la diffusion proactive de l’information, en partant des progrès considérables déjà réalisés en matière d’accès à l’information, et systématiser et institutionnaliser les consultations en amont de la conception de tout texte légal, de toute politique publique ou de tout programme gouvernemental. Les autorités pourraient également piloter des éléments de cocréation des politiques, des stratégies et des services publics, s’inspirant des expériences positives déjà mises en œuvre, notamment dans le cadre de l’élaboration des PAN pour le PGO.

Il existe en Tunisie des structures qui ont des fonctions liées à la participation citoyenne et qui pourraient jouer un rôle accru dans ce domaine, en l’absence d’une institution spécifiquement en charge de la participation.

La Tunisie est dotée d’une Direction générale de la relation avec la société civile, rattachée à la Présidence du gouvernement et qui appartenait, jusqu’en août 2018, au ministère des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des droits de l’homme, supprimé depuis. En plus de prérogatives relatives à l’environnement opérationnel des OSC, ce département est également en charge d’« œuvrer à mettre en place les mécanismes à même de consacrer un dialogue continu entre le gouvernement et la société civile » et d’« œuvrer à renforcer la relation entre le gouvernement et la société civile et la faire participer dans la fixation [des] choix et [des] programmes gouvernementaux » (voir Chapitre 5) (République tunisienne, 2016[28])

Compte tenu du potentiel qu’elle représente, la Direction générale de la relation avec la société civile pourrait jouer le rôle de coordinateur ou facilitateur des processus de consultation et d’engagement avec les organisations de la société civile entrepris par les autres ministères sectoriels. Pour ce faire, elle aurait besoin de renforcer les chaînes de communication institutionnalisée et formelle avec les différents bureaux chargés d’organiser des consultations, afin d’avoir une vue d’ensemble sur ces processus, les méthodes utilisées et les résultats obtenus.

Par ailleurs, le décret-loi n° 93-1549 a institué en 1993 des bureaux des relations avec le citoyen (BRC) au sein de chaque ministère et gouvernorat (République tunisienne, 1993[29]). Ces bureaux sont chargés des missions suivantes :

  • Accueillir les citoyens, recevoir leurs requêtes et, en collaboration avec les services concernés, instruire ces requêtes en vue de leur trouver les solutions appropriées.

  • Répondre aux citoyens directement ou par correspondance.

  • Renseigner les citoyens sur les procédures et formalités administratives concernant l’octroi des diverses prestations.

  • Centraliser et étudier les dossiers émanant du médiateur administratif, ainsi qu’assurer la coordination avec les différents services du ministère en vue de trouver les solutions adéquates à ces dossiers.

  • Déceler, à travers une analyse approfondie des requêtes des citoyens, les lourdeurs et complications au niveau des procédures administratives, et proposer les réformes susceptibles de les surmonter (article premier).

Une révision du décret-loi en mai 1998 charge par ailleurs les BRC, relevant de ministères entretenant des rapports de partenariat, de coopération et d’interaction avec les associations, de consolider les liens avec celles-ci (article 3) (Présidence du gouvernement, 1998[30]). Le décret-loi n° 93-1549 crée également un Bureau central des relations avec le citoyen (BCRC), chargé de la coordination et du suivi des activités des BRC, ainsi que de la communication autour des réformes de l’administration. Ce bureau a été rattaché à la Présidence du gouvernement en 2017 (République tunisienne, 1993[29]).

Aujourd’hui, selon le BCRC,5 il existe soixante-dix BRC, dont la composition varie d’un organisme à l’autre en fonction de l’activité de cet organisme, l’effectif pouvant aller de trois personnes à une vingtaine. Les BRC n’ont pas d’organigramme fixé par un texte réglementaire, mais sont généralement articulés autour d’une cellule d’accueil et d’information directe (recevant les citoyens en personne), d’une cellule d’accueil et d’information téléphonique, et d’une cellule de traitement des requêtes et statistiques.

Cet outil, qui vise à faciliter la relation qu’entretiennent les citoyens avec l’administration, pourrait être davantage exploité, selon les entretiens menés pour ce scan – et bien qu’il n’y ait pas de statistiques sur le nombre de citoyens qui appellent ou se rendent dans l’ensemble des BRC existants. En effet, les BRC font face à plusieurs défis. En premier lieu, certains ont été fortement touchés par l’instabilité politique. À titre d’exemple, les responsables du BRC au ministère de la Santé ont changé à chaque remaniement ministériel, ce qui a compromis la continuité et le travail de ce service, en compliquant la relation du ministère avec les citoyens et la société civile.6 En second lieu, la coordination et la communication entre les bureaux des différentes institutions publiques pourraient être améliorées. À titre d’exemple, on pourrait chercher à raccourcir le délai pour le transfert d’une requête d’un BRC au BRC de l’établissement compétent pour répondre à l’objet de la requête.7

Alors que l’organisation du système des BRC fait l’objet de réflexions au sein du gouvernement, il est important d’impliquer la société civile dans toute évaluation de la performance des BRC et proposition de réforme. Une collaboration plus étroite, voire une intégration ou une fusion, de ces structures avec la Direction générale de la relation avec la société civile ou l’Unité de l’administration électronique, point focal du processus du gouvernement ouvert en Tunisie, pourrait être envisagée. Si le rôle des BRC devait être réformé, il serait opportun d’accroître les efforts de communication envers les citoyens, de renforcer les outils de coordination entre les différents BRC, et d’uniformiser leurs structures et procédures. Il convient de mettre en lumière un autre cadre institutionnel de participation, le « dialogue sociétal sur les politiques, les stratégies et les plans nationaux de santé », lancé en 2012 par le ministère de la Santé pour mener des réformes dans le secteur de la santé en impliquant toutes les parties prenantes. Le BRC du ministère considère cette initiative comme l’une des plus importantes occasions de communiquer davantage sur sa mission et d’augmenter la visibilité de ses activités. Pour ce BRC, le dialogue sociétal est un outil pour renforcer les liens et la relation entre les associations et le bureau.8

Pour organiser le cadre de la participation de la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques des ministères, les différentes collaborations peuvent prendre la forme d’une convention signée entre les ministères en question et toute association souhaitant s’impliquer et s’engager dans les activités de celles-ci. Généralement, les conventions conclues entre une institution publique et une association quelconque fixent minutieusement toutes les formes de collaboration prévues entre les deux parties, sans oublier de préciser préalablement la date de la fin du partenariat.

Plusieurs associations ont exploré cette possibilité, non seulement au niveau national avec des ministères – comme c’est le cas pour des associations féministes avec le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance –, mais aussi au niveau local. Entre autres, il est possible de citer l’exemple de l’Association Renouvellement et Appartenance (ARA) dans la ville de Béja. Elle a signé une convention avec la commune en 2019 afin d’encadrer son partenariat avec la municipalité, dans le but de mettre en œuvre des activités relatives au projet de la charte du citoyen pour le service de la collecte des taxes municipales.9

Plusieurs outils ont été créés et mis à la disposition des parties prenantes pour promouvoir leur participation dans la conception, l’évaluation et le suivi des politiques publiques. Le gouvernement central et les autorités locales ont surtout misé sur le numérique, tout en recourant à d’autres formes et mécanismes pour répondre aux particularités des parties prenantes cibles de chaque mécanisme de participation créé. Malgré les efforts mis en place pour leur création, plusieurs de ces outils pourraient davantage être utilisés et d’autres ont été abandonnés. Sans se vouloir exhaustive, cette section propose une brève revue des outils et mécanismes les plus intéressants mis en place en Tunisie.

Selon l’indice de l’e-participation, la Tunisie a été classée 73e parmi 193 pays en 2020, après avoir occupé le 53rang en 2018 (United Nations, 2020[31]). Malgré ce classement, l’indice de l’e-participation en Tunisie (0.6905) reste élevé, avec un score de données gouvernementales ouvertes médium, à savoir 0.7838 (United Nations, 2020[31]).

Le gouvernement tunisien a saisi les opportunités que présente le numérique comme vecteur de participation des citoyens. Plusieurs plateformes nationales ont été développées pour faciliter l’e-participation des parties prenantes, à travers la consultation, l’accès à l’information, le dépôt de requêtes et de suggestions, des forums ou encore des mécanismes d’alerte (voir Tableau ‎6.1). Cependant, l’usage de ces outils numériques de participation demeure limité, aussi bien de la part des administrations que de celle des citoyens, et gagnerait à être renforcé au vu du potentiel que représente la participation numérique en Tunisie. Cette situation s’explique en partie par la multiplication des plateformes de participation au cours des dernières années – rendant l’écosystème de l’e-participation peu lisible pour le citoyen et l’administration –, le manque de communication autour de ces plateformes et des exercices de consultation en cours, l’absence d’une architecture technique globale qui favoriserait l’ouverture et la réutilisation des composants, et enfin l’insuffisante mise en valeur sur les plateformes des interactions et commentaires des citoyens, les sites étant davantage orientés vers l’administration (OCDE, 2019[32]). Pour pallier la multiplication des plateformes et faciliter l’usage du numérique comme vecteur de participation, il pourrait être opportun d’unifier l’ensemble ou une partie de ces fonctions en un portail destiné uniquement à la participation ou, à défaut, de créer des liens entre ces différents sites Internet. La plateforme espagnole Transparencia représente à ce titre un exemple de guichet unique pour l’accès à l’information et les consultations publiques (voir Encadré ‎6.6). Il serait également pertinent de relancer des campagnes de communication pour faire connaître les plateformes de participation, ainsi que de renforcer le back office de l’e-participation en recrutant ou affectant des fonctionnaires publics en charge uniquement de la gestion et la promotion des outils et mécanismes de l’e-participation. Cela permettrait en particulier d’assurer un retour sur les propositions formulées par les citoyens, ce qui constitue un élément déterminant pour favoriser un plus grand usage et une appropriation accrue de ces plateformes par les citoyens.

Face à ces constats et aux opportunités que représente l’e-participation, le gouvernement tunisien s’est publiquement engagé – dans le cadre de l’engagement n° 9 du 4e PAN du PGO – à poursuivre le développement et l’amélioration des portails nationaux de participation, tout en œuvrant à l’amélioration de la fréquence de leur utilisation par les citoyens à travers la mise en œuvre d’un plan de communication (Présidence du gouvernement, 2021[33]). Cette tâche pourrait être appuyée par l’élaboration d’un plan d’action pour la mise en œuvre des recommandations élaborées dans le cadre de l’évaluation de ces plateformes effectuée par l’OCDE en 2019 (OCDE, 2019[32]). Par ailleurs, l’intérêt du gouvernement tunisien pour le numérique comme outil de participation a été illustrée en janvier 2022 à travers l’organisation d’une consultation nationale de grande en ampleur sur une plateforme en ligne créée pour l’occasion (voir Encadré ‎6.5).

En outre, les initiatives de la société civile se sont également multipliées dans le même sens, pour mettre à la disposition des parties prenantes plusieurs outils, modalités et mécanismes facilitant leur participation (voir Tableau ‎6.2).

La Tunisie pourrait également s’inspirer d’une initiative mise en place par l’Espagne, le portail Transparencia pour la participation (voir Encadré ‎6.6).

Le budget participatif est un levier important de participation citoyenne et fait partie des premiers outils mis en œuvre et rapidement institutionnalisés en Tunisie après la révolution. Lancé en 2013 par l’association Action associative, le principe du budget participatif a été consacré par la suite dans l’article 130 du Code des collectivités locales, qui prévoit que les collectivités « s’engagent, lors de la préparation de leur budget annuel, à observer la transparence et à adopter la méthode participative » (République tunisienne, 2018[5]). Cette approche doit permettre aux parties prenantes d’orienter les choix budgétaires de la municipalité vers des décisions qui répondent aux besoins et attentes des citoyens.

En effet, chaque municipalité a le droit de consacrer un montant précis à la mise en œuvre du processus du budget participatif, pour couvrir l’appel à un expert, les frais de la campagne de communication et la logistique. En 2018, 18 municipalités ont adopté le budget participatif, impliquant 6 500 citoyens dans le processus. Bien qu’elle reste très limitée, cette pratique a contribué à l’amélioration de la relation entre les citoyens et les collectivités locales, dans la mesure où les citoyens prennent pleinement part au processus, de l’élaboration au suivi des projets d’investissements municipaux (OCDE, 2018[41]).

Les médias locaux et associatifs sont des vecteurs déterminants de la participation citoyenne, et permettent de garantir l’inclusion de certains groupes régionaux et sociaux spécifiques dans la vie publique, en s’assurant que leurs voix sont entendues (OCDE, 2019[42]). Le cadre légal tunisien reconnaît l’existence des médias associatifs (République tunisienne, 2011[43]), ce qui a permis l’éclosion d’un nombre important de radios locales et en ligne au cours des dernières années, jouant un rôle important dans l’animation du débat citoyen (OCDE, 2019[42]).

Si cette question a déjà été traitée en profondeur dans le rapport de l’OCDE La Voix citoyenne en Tunisie : Le rôle de la communication publique et des médias pour un gouvernement plus ouvert (OCDE, 2019[42]), on peut ici rappeler quelques exemples d’initiatives réussies. Plusieurs radios locales ont ainsi été lancées par des municipalités tunisiennes pour améliorer la participation des citoyens, comme Radio Ward Ariana de la municipalité de l’Ariana ou encore la webradio Enfidha de la municipalité Enfidha (dans le gouvernorat de Sousse). Ces initiatives ont encouragé d’autres municipalités à lancer leur propre radio Web, comme la commune de Sidi El Hani (Sousse), qui a récemment finalisé son projet de radio Web, Sidi El Hani.

Cette initiative n’est pas limitée aux collectivités locales. L’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), à titre d’exemple, s’est dotée d’une webradio, Radio Nazaha, pour sensibiliser et promouvoir la participation des citoyens dans la lutte contre la corruption.

Certaines autorités publiques ont mis un numéro vert à la disposition des citoyens, pour faciliter la communication, la consultation et la gestion des plaintes. Parmi les numéros verts les plus communiqués à l’échelle nationale, on peut citer le 80102222 de l’INLUCC, pour signaler des cas de corruption, ou encore le 1881 du BCRC.

En outre, en 2016, le ministère de la Femme, de la Famille et des Seniors a lancé le 1899, une ligne téléphonique gratuite, mise à la disposition des femmes victimes de violences, pour une prise en charge multisectorielle,10 ainsi que d’autres services en matière de « coordination avec les parties prenantes des structures gouvernementales et des associations le cas échéant ». Depuis la pandémie de COVID-19, le nombre de recours et plaintes enregistrés sur la ligne verte s’est multiplié (Ayadi, 2020[44]). La pression sur la ligne a incité le ministère de la Femme à lancer une seconde ligne verte, à la disposition des enfants et des familles pour tout soutien psychologique pendant le confinement. Entre le 23 mars et le 31 mai 2020, 9 800 appels ont été enregistrés sur les deux numéros, soit neuf fois plus qu’en temps normal (Ayadi, 2020[44]).

La participation des jeunes représente un enjeu important en Tunisie (voir Encadré ‎6.7), ce qui a poussé le gouvernement tunisien à mettre en place certaines initiatives ciblées. Lancés en 2019 pour mettre en œuvre l’engagement 10 du troisième PAN du PGO en partenariat entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Fonction publique, les conseils locaux des jeunes est une initiative qui vise à impliquer les jeunes dans le processus de la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques au niveau local.

Le gouvernement a organisé des élections et mis en place cinq conseils pilotes dans les municipalités d’Ibn Khaldoun, de Testour, de Ben Guerdane, de Kasserine et d’El Kef. Cette initiative a suscité un certain enthousiasme et pas moins de 800 jeunes ont voté dans la seule municipalité de Ben Guerdane, selon un entretien. Les conseils ont commencé leur travail avec des objectifs ambitieux, mais, après la fin du cycle du plan d’action en 2020, le ministère de la Jeunesse et des Sports aurait diminué son soutien actif et certains conseils ont été contraints de réduire, voire de cesser leurs activités (Anguelov, 2021[14]). L’Observatoire national de la jeunesse a cependant salué cette initiative, en insistant sur l’importance de procéder à son évaluation avant de passer à la généralisation et à l’institutionnalisation des conseils locaux de la jeunesse au niveau local, pour éviter tout détournement politique de cet outil (Présidence du gouvernement, s.d.[11]).

La charte du citoyen est un autre type d’outil, qui consiste à impliquer les parties prenantes (société civile, citoyens et autorités publiques) pour élaborer et mettre en œuvre des engagements dans le but d’améliorer la qualité des services publics (République tunisienne, 2018[26]). Cet outil a été réglementé par le décret gouvernemental n° 2018-1067 du 25 décembre 2018, complétant le décret n° 93-982 du 3 mai 1993, fixant le cadre général de la relation entre l’administration et ses usagers, renforcé par la suite par une circulaire pour expliquer la méthodologie et les procédures des trois étapes de l’adoption de la charte du citoyen (Ministère des Affaires locales et de l'Environnement, 2019[48]).

La charte du citoyen a été élaborée et adoptée dans certaines collectivités locales pilotes, pour donner la possibilité à la société civile d’appuyer l’application des engagements pris par l’autorité publique et de veiller à la mise en œuvre de la charte à travers la fixation préalable des indicateurs de mesures. En effet, avec la supervision de la Direction générale des réformes et prospectives administratives (DGRPA) et l’appui technique de l’OCDE, huit municipalités (Béjà, Tozeur, Sidi Ali Ben Oun, Cebbelat Ouled Asker, Ghomrassen, Bir Lahmer, Sidi El Heni et Enfidha), deux hôpitaux publics (le CHU Sahloul de Sousse et l’hôpital Charles Nicolle de Tunis), ainsi que la chambre régionale du tribunal administratif de Sidi Bouzid ont conçu et mis en œuvre une charte du citoyen de manière participative. Les domaines d’intervention des chartes élaborées diffèrent d’une collectivité locale à une autre et recouvrent aussi bien la collecte des déchets, la collecte des impôts, la gestion des plaintes ou la communication, que les services d’accueil et les consultations externes pour la santé.

Cependant, selon le décret, la charte devrait être obligatoire pour toute administration publique en contact direct avec les citoyens, ce qui n’est pas encore le cas. Il serait donc opportun d’étendre et de généraliser l’adoption de cet outil en ligne avec le décret n° 2018-1067, d’autant plus qu’il s’agit d’un outil innovant de participation citoyenne, qui a su faire ses preuves dans les différents projets pilotes menés.

L’espace citoyen est une initiative créée au niveau d’un certain nombre d’institutions publiques pour améliorer la qualité des services publics, ainsi que pour appuyer la démarche e-services du gouvernement tunisien et la qualité de l’interaction (GIZ, 2015[49]). Un espace citoyen est un bureau de proximité pour les citoyens, dont l’objectif est de centraliser les démarches administratives municipales dans un seul espace, suivre en ligne des demandes, et réduire les délais et les temps d’attente.

Avec l’appui de la GIZ, 20 municipalités ont adopté cet outil, pour faire suite à la directive du 22 décembre 2015 relative à la mise en place du système de gestion des plaintes de la Direction générale des collectivités locales et de la Caisse des prêts et de soutien des collectivités locales, relevant du ministère des Affaires locales et de l’Environnement. Depuis son lancement en 2013, cet outil a été étendu au niveau de plusieurs municipalités tunisiennes, en créant un espace d’interaction entre la municipalité et les citoyens, tout en améliorant un certain nombre de services administratifs, comme le dépôt de différents types de demandes d’autorisation et de dossiers, ou encore la provision des réclamations, plaintes et suggestions.

Les informations recueillies pendant les entretiens menés dans le cadre du présent scan montrent cependant un faible taux d’utilisation de ces outils par les citoyens.11 Cette situation s’explique principalement par le manque de visibilité et de communication autour des services en ligne créés au niveau des sites Internet des municipalités, ainsi que par les chargés de la gestion des services en ligne au niveau de certains services publics.

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a mis en place un certain nombre de mécanismes et d’outils, afin de renforcer la participation des OSC à ses travaux et, plus largement, l’interaction avec les citoyens.12

Le règlement intérieur de l’ARP prévoit par exemple la possibilité d’inviter des OSC lors des travaux des commissions (article 60), ainsi que l’ouverture des séances plénières aux représentants de la société civile, des médias et des citoyens (article 101).13 Il n’existe cependant pas de cadre juridique régissant explicitement la relation entre les OSC et l’ARP. Afin d’amorcer l’institutionnalisation de l’engagement entre ces deux entités, l’ARP a adopté, le 10 juillet 2020, une charte élaborée afin de poser les fondements et principes directeurs de cette relation. Sa signature par le président du Parlement et les représentants de la société civile a eu lieu le 30 juin 2021, après un retard dû à l’amplification de la crise du COVID-19 (Webmanager Center, 2021[50]).

L’ARP a également travaillé au renforcement de ses relations avec les OSC situées dans les régions éloignées de la capitale, à travers l’élaboration d’un programme de « parlement de proximité ». Celui-ci vise à organiser régulièrement des visites de terrain d’une vingtaine de députés dans les régions, au cours desquelles des réunions avec les associations locales et les citoyens seraient mises en place.14

Une plateforme facilitant la communication et la participation des associations dans l’élaboration des textes juridiques et des politiques publiques a été mise à la disposition de la société civile (societecivile.arp.tn). Si l’usage de cette plateforme gagnerait à être renforcé, notamment à travers davantage de sensibilisation des députés et des OSC sur son existence et son mode d’utilisation, cet outil a le potentiel de renforcer la participation des parties prenantes aux travaux de l’ARP. Un Parlement plus transparent, ouvert et impliquant les citoyens contribuerait considérablement au passage du gouvernement ouvert à un État ouvert, tel que préconisé par la Recommandation de l’OCDE sur le gouvernement ouvert (OCDE, 2017[1]).

La crise politique de 2021, et notamment la suspension de l’ARP annoncée par le président de la République le 25 juillet 2021 et formalisée dans le décret 2021-80 du 29 juillet, implique cependant la suspension de ces différentes initiatives, dont l’avenir devra être analysé en fonction de l’évolution du contexte au sein du Parlement (Présidence de la République, 2021[51]).

Une innovation intéressante dont la Tunisie pourrait s’inspirer concerne le recours à des processus délibératifs. Au cours des dernières années, et en particulier depuis 2010, des autorités publiques dans les pays de l’OCDE et ailleurs ont mis en place des initiatives innovantes et intéressantes de participation citoyenne (OCDE, 2020[2]). On peut citer en particulier les processus d’assemblées délibératives. Il s’agit d’initiatives dans lesquelles des citoyens, ayant fait l’objet d’un tirage au sort, consacrent un temps significatif à s’informer et à collaborer, dans le cadre d’une délibération facilitée, en vue de formuler des recommandations collectives éclairées à l’intention des autorités publiques, y compris sur des sujets complexes. Un récent rapport de l’OCDE a compilé et analysé 289 cas d’étude, montrant que ces formes de participation citoyenne innovante font jouer aux citoyens un rôle plus direct dans la formulation des décisions publiques qui les affectent, et contribuent à obtenir de meilleurs résultats de l’action publique, à une légitimité accrue pour faire des choix difficiles et au renforcement de la confiance à l’égard des pouvoirs publics (OCDE, 2020[2]). La communauté germanophone de Belgique présente un des exemples les plus avancés d’assemblée citoyenne délibérative (voir Encadré ‎6.8).

En dépit des efforts du gouvernement pour la mise en place d’un environnement propice à la participation des parties prenantes à travers le cadre légal et le développement d’outils techniques, numériques et institutionnels, la participation citoyenne en Tunisie reste limitée et ad hoc, et ce à cause de plusieurs défis d’ordre politique, technique, culturel et financier.

L’instabilité politique que connaît la Tunisie depuis la révolution de 2011, alors que dix gouvernements se sont succédé en l’espace de dix ans, représente un des principaux obstacles à l’adoption des politiques ambitieuses et à long terme répondant aux préoccupations et aux besoins fondamentaux des citoyens. La stabilité et l’engagement politique des décideurs publics au niveau central et aussi au niveau local sont des éléments essentiels et indispensables afin d’assurer la continuité des initiatives et bonnes pratiques, et d’accélérer leur mise en œuvre. Les avancées, pourtant réelles, ont cependant été ralenties voire suspendues du fait de l’instabilité politique, qui a impliqué plusieurs changements de décideurs et de priorités stratégiques.

En plus de ressources humaines et de capacités techniques limitées pour promouvoir des processus d’engagement citoyen, il serait bon de mettre en place une structure qui puisse coordonner les efforts de participation et soutenir les ministères et autres institutions publiques qui voudraient lancer un processus participatif.

Comme indiqué dans la section ‎6.4, il existe des structures qui jouent déjà un rôle d’appui à la participation ou à l’engagement de la société civile, telles que l’UAE (point focal pour le gouvernement ouvert), la Direction de la relation avec la société civile, la Direction générale des réformes et prospectives administratives et le BCRC. Toutes ces structures se trouvant à présent rattachées à la Présidence du gouvernement, elles pourraient être mieux intégrées, ou bien l’une d’entre elles pourrait être officiellement chargée de coordonner les processus de participation. Ce rôle pourrait inclure la gestion d’une base de données des processus participatifs mis en place par toute l’administration publique, l’appui technique aux structures ayant l’intention de lancer des processus participatifs et la promotion du principe de la participation au sein de l’administration. Un tel organe pourrait également être chargé de renforcer la coordination et l’échange d’informations entre les ministères sur les différents processus d’engagement avec les citoyens et la société civile, ainsi que sur les méthodes et outils utilisés, tout en menant des évaluations et des analyses d’impact périodiques.

Selon les entretiens menés dans le cadre de ce scan, les ressources humaines et financières limitées comptent parmi les grands défis dans la promotion et le renforcement des mécanismes de participation des parties prenantes.15 Il faudrait ainsi augmenter les ressources mobilisées pour répondre aux attentes et aux besoins nécessaires pour lancer ou assurer la pérennité de certaines initiatives, en particulier celles relatives à l’e-participation. Le manque de ressources a affecté la qualité de la communication, ainsi que la mise en œuvre et l’évaluation des initiatives mises en place, qui pourraient être davantage connues, soutenues et donc utilisées.

Dans certains cas, le gouvernement a eu recours aux prêts pour mettre en œuvre certaines politiques publiques relatives à l’e-participation. Par exemple, pour son projet d’appui à la mise en place du plan national stratégique « Tunisie digitale 2020 », la Tunisie a sollicité un prêt de la Banque africaine de développement (BAD), ce qui démontre l’engagement du gouvernement tunisien dans ce processus. Ainsi, plusieurs initiatives de participation déjà citées ont reçu des contributions ou ont été financées en bonne mesure par des bailleurs internationaux.

En plus de ressources financières limitées, les effectifs sont parfois insuffisants dans certaines structures publiques, et ce malgré le nombre total élevé d’agents publics en Tunisie, soit plus de 800 000 fonctionnaires publics pour 11 millions d’habitants en 2020. Cette situation implique le besoin de réexaminer l’organisation et la priorisation des ressources humaines dans certains cas (Ben Gamra, 2020[52]).16 La participation étant un sujet relativement nouveau en Tunisie, il est nécessaire de continuer à renforcer les compétences et l’expertise des fonctionnaires publics en la matière, ainsi que de les sensibiliser sur les bénéfices d’impliquer davantage les citoyens dans le cadre de leur travail.

Ce manque de ressources est également un facteur limitant au niveau des collectivités locales, qui gagneraient à disposer de davantage de ressources humaines dédiées aux efforts d’engagement avec les citoyens et les OSC. Ces pratiques demeurant nouvelles et peu systématisées, il serait également pertinent de prévoir un travail pour continuer à instaurer une véritable culture participative et de collaboration au niveau des collectivités locales.

Il ressort des entretiens menés pour ce scan que la majorité des associations et des citoyens tunisiens ne connaissent ni les possibilités de participation offertes par la loi ni les outils à leur disposition, tels que les plateformes d’e-participation ou les séances de consultation.17 Même les associations œuvrant dans le domaine de la gouvernance, de la transparence ou de la participation sont peu informées de l’existence de plateformes numériques telles qu’E-people et E-Participation.tn, et avouent ne pas les utiliser.18

Les OSC disposent par ailleurs de peu d’informations et de visibilité sur les suites données aux discussions et recommandations effectuées à l’occasion des consultations. Un retour sur les processus de consultation et d’engagement auxquels elles ont participé tendrait à encourager leur participation dans des processus à venir, et promouvrait ainsi la systématisation des efforts de coopération et d’engagement entre les citoyens, les associations et le gouvernement.19 Il est donc nécessaire d’assurer un retour aux OSC mais également aux citoyens, afin de permettre aux différentes parties prenantes d’apprécier l’impact de leur participation et de leurs recommandations sur l’élaboration des politiques publiques, ou de leur expliquer de manière transparente les raisons pour lesquelles leurs contributions ont été écartées.

Ainsi, les processus de consultation pourraient faire l’objet d’une restitution expliquant et justifiant les choix effectués dans la prise de décision finale, tout en rendant compte des différents avis exprimés. En l’absence de tels mécanismes, les OSC peuvent percevoir les processus de consultation comme des exercices purement formels ou « cosmétiques » et à l’impact limité, entraînant à terme une forme de lassitude et un recul des efforts d’engagement avec le gouvernement.20

Une stratégie de communication semble donc nécessaire pour continuer à sensibiliser la population à la participation et l’informer sur les outils disponibles. Les campagnes de communication pourraient aussi expliquer la réponse des autorités aux contributions des citoyens et présenter des bonnes pratiques liées aux suggestions de la population qui ont été intégrées dans des textes légaux ou des programmes gouvernementaux. Dans le même temps, il serait bon d’envisager une diversification des outils au-delà des plateformes numériques et des applications mobiles, afin de ne pas écarter les catégories de population moins à l’aise avec les nouvelles technologies, dans un souci d’inclusivité.

Certaines parties prenantes interrogées admettent que la participation s’est dégradée depuis l’entrée en vigueur des mesures d’exception relatives au COVID-19.21 Alors que certains gouvernements ont profité de la pandémie de COVID-19 pour engager et renforcer la participation, d’autres ont suspendu ou bien ralenti la mise en œuvre de leurs engagements envers la participation des parties prenantes.22

En Tunisie, la société civile a par ailleurs prouvé son rôle déterminant dans le cadre de la pandémie, en créant des mécanismes de coordination pour apporter des aides sociales aux groupes vulnérables les plus touchés par la pandémie, soutenant ainsi l’administration dans la prestation de services publics en temps de crise. La société civile a également mis en place des campagnes de sensibilisation auprès de la population sur le danger que représente la pandémie, ainsi que sur les précautions et gestes à adopter afin d’en limiter la propagation (Solidarité Laïque, 2020[53]). De même, des associations de défense des droits humains et des minorités de genre ont pu mettre en place des relais sur le territoire, afin d’acheminer les médicaments nécessaires aux personnes touchées par le VIH ne pouvant se déplacer en raison des restrictions.23

Malgré cela, les règles de distanciation sociale et l’interdiction (ou la limitation) de l’organisation d’événements publics, d’ateliers et de réunions ont été citées par les OSC et les autorités comme une des raisons principales de la diminution des initiatives de consultation et engagement citoyen en 2020-21.

Cependant, le contexte difficile de la pandémie a aussi facilité des initiatives de participation intéressantes. Des projets gouvernementaux ont été mis en place pour appuyer les initiatives de la société civile, à l’image de l’initiative « Azima », lancée par les services des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des Droits de l’homme auprès de la Présidence du gouvernement, afin d’impliquer la société civile dans la lutte contre la pandémie à travers des actions sur le terrain (Webmanager Center, 2020[54]).

Les OSC ont aussi lancé plusieurs initiatives pour soutenir les efforts du gouvernement pour faire face à la pandémie. C’est par exemple le cas de la plateforme Belkamcha, créée par l’ONG I Watch pour suivre les mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation du virus et dénoncer les abus ou dépassements. D’autres initiatives ont été mises en place pour apporter un soutien psychologique, comme l’initiative « PsyCovid », lancée pour préserver la santé mentale des Tunisiens pendant la période du confinement, ainsi que la ligne verte gratuite « 80 105 050 », pour tout soutien psychologique. La plateforme « COVID fighters » de l’association Jamaity a rassemblé les initiatives créées pour une meilleure coordination et plus de visibilité.

Les entretiens menés dans le cadre de ce rapport ont révélé, au sein des OSC, un sentiment de recul des efforts de participation.24 Parmi les raisons de ce recul, on peut citer les restrictions liées à la pandémie, les tensions politiques exacerbées depuis les élections de 2019, une situation économique de plus en plus critique – qui ravive les revendications sociales –, mais aussi une volonté politique d’engager les citoyens qui, selon plusieurs associations, mériterait de connaître un nouvel élan après l’enthousiasme démocratique des années qui ont immédiatement suivi la révolution. Selon le gouvernement, ce recul se ressent principalement au niveau national, les initiatives d’engagement des citoyens continuant à progresser au niveau local.25

Après la révolution, les OSC ont profité d’un environnement favorable, qui leur a permis d’être largement impliquées dans le processus de transition démocratique et dans l’élaboration de politiques. Cependant, depuis quelques années, cet élan s’est épuisé et elles ont le sentiment d’avoir été progressivement mises à l’écart. L’exemple des partenariats établis entre certaines OSC (notamment sur le droit des femmes) et des ministères a été évoqué lors de la consultation du 26 février 2021 :26 ceux-ci continuent d’exister, mais ils sont devenus largement formels. Une relance de ces processus semble donc nécessaire ; les autorités pourraient ainsi la préparer en discutant au préalable avec des représentants de la société civile, afin de concevoir ensemble des processus participatifs et de nouveaux modes d’engagement en ligne avec les priorités des associations, et d’en établir conjointement les formes et les objectifs.

Références

[14] Anguelov, S. (2021), Independent Reporting Mechanism (IRM): Tunisia Transitional Results Report 2018-2020, https://www.opengovpartnership.org/wp-content/uploads/2021/08/Tunisia_Transitional-Results_Report_2018-2020_EN.pdf.

[45] Arab Barometer (2019), Arab Barometer - Wave V: Civic engagement in the Middle East and North Africa, https://www.arabbarometer.org/wp-content/uploads/AB_Civic_Engagement_public-opinion-2019-1.pdf.

[44] Ayadi, W. (2020), « Les Tunisiennes face aux violences : Les formes, et les raisons, selon une experte », Gnet News, https://news.gnet.tn/Les+Tunisiennes+faces+aux+violences+%3A+les+formes%2C+et+les+raisons%2C+selon+une+experte+.

[58] Banque mondiale (2021), Population active, total - Tunisie, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.TLF.TOTL.IN?locations=TN (consulté le 4 juillet 2021).

[52] Ben Gamra, A. (2020), « Tunisie : La masse salariale de la fonction publique freine l’investissement », Kapitalis, http://kapitalis.com/tunisie/2020/05/27/tunisie-la-masse-salariale-de-la-fonction-publique-freine-linvestissement/.

[23] Chef du gouvernement (2021), « Décret gouvernemental n° 2021-3 du 6 janvier 2021, relatif aux données publiques ouvertes », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 4, pp. 72-77, https://legislation-securite.tn/fr/law/104946.

[35] Dahmani, F. (2022), « Tunisie : une consultation nationale inédite et déjà contestée », Jeune Afrique, https://www.jeuneafrique.com/1298063/politique/tunisie-une-consultation-nationale-inedite-et-deja-contestee/ (consulté le 14 juin 2022).

[38] Elboudrari, M. (2022), Tunisie : pourquoi aussi peu de citoyens ont participé à la consultation numérique de Kaïs Saïed ?, https://information.tv5monde.com/afrique/tunisie-pourquoi-aussi-peu-de-citoyens-ont-participe-la-consultation-numerique-de-kais-saied (consulté le 14 juin 2022).

[49] GIZ (2015), Des municipalités digitales en Tunisie : Transparentes, efficaces et proches des citoyen·ne·s, https://www.giz.de/en/worldwide/32687.html (consulté le 2 juin 2021).

[37] Gnetnews (2022), Tunisie / Consultation nationale : L’anonymat des données est-il garanti ? (Avis de l’INPDP), https://news.gnet.tn/tunisie-linpdp-emet-son-avis-sur-la-plateforme-electronique-de-la-consultation-nationale/ (consulté le 16 juin 2022).

[25] Gouvernement autrichien (s.d.), Partizipation.at, https://partizipation.at/ (consulté le 15 septembre 2021).

[10] Gouvernement de la ville de Mexico (2019), « Ley de Participación Ciudadana de la Ciudad de México », http://www.contraloria.cdmx.gob.mx/docs/1908_LeyParticipacionCiudadanaN.pdf.

[40] Gouvernement espagnol (s.d.), Portail de la transparencia, https://transparencia.gob.es/transparencia/es/transparencia_Home/index/ParticipacionCiudadana/ParticipacionProyectosNormativos.html (consulté le 8 juin 2021).

[12] Haliou, J. (2017), Independent Reporting Mechanism (IRM) Tunisia : 2014-2016 End of Term Report, https://www.opengovpartnership.org/wp-content/uploads/2017/08/Tunisia_EOTR_2014-2016.pdf.

[57] Institut National de la Statistique (2020), Évolution de la population active selon le sexe, http://www.ins.tn/statistiques/151 (consulté le 12 juillet 2021).

[22] Institut national de la statistique (s.d.), Portail de données ouvertes de l’Institut national de la Statistique, http://dataportal.ins.tn/ (consulté le 7 juin 2021).

[36] Mimouna, A. (2022), « En Tunisie, les experts pointent les nombreux « points faibles » de la consultation nationale », Middle East Eye, https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/tunisie-experts-critiques-consultation-nationale-reformes-kais-saied (consulté le 14 juin 2022).

[17] Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance (2017), Note de présentation de la « stratégie nationale pour l’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles en milieu rural, 2017-2020 », http://www.femmes.gov.tn/wp-content/uploads/2017/07/Presentation_Strategie_FR_2017-2020.pdf.

[20] Ministère de l’Intérieur (s.d.), Site des données ouvertes du ministère de l’Intérieur tunisien, http://opendata.interieur.gov.tn/fr/ (consulté le 7 juin 2021).

[8] Ministère des Affaires locales (2019), « Décret gouvernemental n° 2019-401 du 6 mai 2019, fixant les conditions et procédures de la mise en œuvre des mécanismes de démocratie participative prévus par l’article 30 du Code des collectivités locales », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 39, https://legislation-securite.tn/law/104564.

[48] Ministère des Affaires locales et de l’Environnement (2019), « Circulaire n° 2019-17 du 5 août 2019, sur l’amélioration de la qualité des prestations administratives à travers le mécanisme « la charte du citoyen » ».

[19] Ministère des Finances (s.d.), Portail Mizaniatouna, http://www.mizaniatouna.gov.tn/tunisia/template_fr/index.html (consulté le 7 juin 2021).

[21] Ministère des Transports (s.d.), Portail des données ouvertes du transport, http://data.transport.tn/ (consulté le 7 juin 2021).

[39] Nafti, H. (2022), « Consultation nationale : l’heure du bilan », Nawaat.

[56] OCDE (2021), Panorama des administrations publiques 2021, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9556b25a-fr.

[47] OCDE (2021), Renforcer l’autonomie et la confiance des jeunes en Tunisie, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/122f7b9e-fr.

[2] OCDE (2020), Innovative Citizen Participation and New Democratic Institutions: Catching the Deliberative Wave, Éditions de l’OCDE, https://doi.org/10.1787/339306da-en.

[55] OCDE (2020), The Covid-19 Crisis: A Catalyst for Government Transformation?, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/1d0c0788-en.

[32] OCDE (2019), Évaluation des plateformes numériques de participation en Tunisie, https://www.oecd.org/mena/governance/evaluation-des-plateformes-numeriques-de-participation-citoyenne-en-tunisie.pdf.

[46] OCDE (2019), Panorama de la société 2019 : Les indicateurs sociaux de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/e9e2e91e-fr.

[42] OCDE (2019), Voix citoyenne en Tunisie : Le rôle de la communication et des médias pour un gouvernement plus ouvert, Examens de l’OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264306622-fr.

[41] OCDE (2018), Bonne gouvernance au niveau local pour accroître la transparence et la redevabilité dans la rpestation de services : Expériences de Tunisie et d’ailleurs, https://www.oecd.org/mena/governance/bonne-gouvernance-au-niveau-local-tunisie.pdf.

[1] OCDE (2017), Recommandation du Conseil de l’OCDE sur le Gouvernement Ouvert, OCDE, Paris, https://legalinstruments.oecd.org/fr/instruments/OECD-LEGAL-0438.

[34] Présidence de la République (2021), « Décret présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021, relatif aux mesures exceptionnelles », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 86, pp. 2196 - 2198.

[51] Présidence de la République (2021), « Décret présidentiel n° 2021-80 du 29 juillet 2021, relatif à la suspension des compétences de l’Assemblée des représentants du peuple », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 64, p. 2004.

[33] Présidence du gouvernement (2021), 4ème plan d’action national du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert, http://www.ogptunisie.gov.tn/fr/index.php/2021/06/25/quatrieme-plan-daction-national-du-pgo-2021-2023/.

[15] Présidence du gouvernement (2021), Comité mixte chargé du suivi de l’élaboration et de la mise en œuvre du 4ème plan d’action national du PGO (2021-2023), http://www.ogptunisie.gov.tn/fr/index.php/2021/01/22/comite-mixte-charge-du-suivi-de-lelaboration-et-de-la-mise-en-oeuvre-du-4eme-plan-daction-national-du-pgo-2021-2022/.

[30] Présidence du gouvernement (1998), « Décret n° 98-1152 du 25 mai 1988, modifiant le décret n° 93-1549 du 26 juillet 1993, portant création des bureaux des relations avec le citoyen », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 44, https://legislation-securite.tn/fr/law/42323.

[11] Présidence du gouvernement (s.d.), OGP Tunisia, http://www.ogptunisie.gov.tn/fr/.

[9] République colombienne (2015), « Ley estatutaria 1757 de 2015 por la cual se dictan disposiciones en materia de promoción y protección del derecho a la participación democrática », https://www.funcionpublica.gov.co/eva/gestornormativo/norma.php?i=65335.

[27] République tunisienne (2019), « Décret gouvernemental n° 2019-401 du 6 mai 2019, fixant les conditions et procédures de la mise en œuvre des mécanismes de démocratie participative prévus par l’article 30 du Code des collectivités locales », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 39, pp. 1422-1425.

[7] République tunisienne (2019), « Loi organique n° 2019-76 du 30 août 2019, modifiant et complétant la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et aux référendums », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 70, https://legislation-securite.tn/fr/law/104633.

[26] République tunisienne (2018), « Décret gouvernemental n° 2018-1067 du 25 décembre 2018, complétant le décret n° 93-982 du 3 mai 1993, fixant le cadre général de la relation entre l’administration et ses usagers », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 2, pp. 5-6.

[24] République tunisienne (2018), « Décret gouvernemental n° 2018-328 du 29 mars 2018, relatif à l’organisation des consultations publiques », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 28.

[5] République tunisienne (2018), « Loi organique n° 2018-29 du 9 mai 2018, relative au Code des collectivités locales », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 39, pp. 1653-1716, http://www.collectiviteslocales.gov.tn/wp-content/uploads/2019/11/Code_CL_Loi2018_29.pdf.

[28] République tunisienne (2016), « Décret gouvernemental n° 2016-465 du 11 avril 2016, portant création du Ministère de la Relation avec les Instances constitutionnelles et la Société civile et des Sroits de l’Homme et fixant ses compétences et ses attributions », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 30, pp. 1186-1188.

[18] République tunisienne (2016), « Loi organique n° 2016-22 du 24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’information », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 26, pp. 949-956, http://www.inai.tn/wp-content/uploads/2018/09/loi_organique_N22_2016_du_2432016.pdf.

[4] République tunisienne (2014), Constitution de la République tunisienne, https://lib.ohchr.org/HRBodies/UPR/Documents/Session27/TN/6Annexe4Constitution_fr.pdf.

[6] République tunisienne (2014), « Loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et référendums », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 42, pp. 1310-1331, http://www.isie.tn/wp-content/uploads/2018/01/Loi-Organique-n%C2%B02014-16.pdf.

[43] République tunisienne (2011), « Décret-loi n° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création d’une Haute Instance indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 84, pp. 2430-2439, https://legislation-securite.tn/law/43555.

[29] République tunisienne (1993), « Décret-loi n° 92-1549 du 26 Juillet 1993, portant création des bureaux des relations », Journal officiel de la République tunisienne, vol. 57, https://legislation-securite.tn/fr/law/41049.

[13] Sfaxi, E. (2019), Independent Reporting Mechanism (IRM): Tunisia End-of Term Report 2016-2018, https://www.opengovpartnership.org/wp-content/uploads/2020/08/Tunisia_End-of-Term_Report_2016-2018_EN.pdf.

[53] Solidarité Laïque (2020), Covid-19 : La société civile tunisienne se mobilise, https://www.solidarite-laique.org/informe/covid-19%E2%80%AF-la-societe-civile-tunisienne-se-mobilise/ (consulté le 2 juin 2021).

[16] Unité de l’administration électronique (2016), Projet d’appui à la mise en œuvre de l’e-Government et de l’Open Government en Tunisie – Présentation de la stratégie et de la feuille de route du programme « Smart Gov 2020 ».

[31] United Nations (2020), E-Government Survey 2020: Digital Government in the Decade of Action for Sustainable Development, United Nations, https://publicadministration.un.org/egovkb/Portals/egovkb/Documents/un/2020-Survey/2020%20UN%20E-Government%20Survey%20(Full%20Report).pdf.

[3] V-Dem Institute (2020), Variable Graph, https://www.v-dem.net/data_analysis/VariableGraph/ (consulté le 12 janvier 2022).

[50] Webmanager Center (2021), « Le Parlement et la société civile signent une charte de coopération environnementale », Webmanager Center, https://www.webmanagercenter.com/2021/07/02/470121/le-parlement-et-societe-civile-signent-une-charte-de-cooperation-environnementale/ (consulté le 3 août 2021).

[54] Webmanager Center (2020), « Lutte contre le coronavirus : Séance de travail entre Faouzi Mahdi et Thouraya Jeribi », Webmanager Center.

Notes

← 1. Articles 49 nonies, decies et undecies, loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et référendums, telle que modifiée et complétée par la loi organique n° 2019-76 du 30 août 2019.

← 2. Entretien avec le Centre national du Registre des entreprises.

← 3. Séance d’échange entre l’Espagne et la Tunisie organisée par l’OCDE les 10 et 11 juin 2021.

← 4. Entretien avec la Présidence du gouvernement, 8 décembre 2021.

← 5. Correspondance avec le BCRC, 6 décembre 2021.

← 6. Entretien avec le ministère de la Santé, 6 juillet 2021.

← 7. Ibid. et correspondance du BCRC, 6 décembre 2021.

← 8. Ibid.

← 9. Le projet de la charte du citoyen est mis en œuvre avec l’appui du Royaume-Uni et de l’OCDE, voir https://www.oecd.org/fr/sites/mena/gouvernance/anti-corruption-tunisie.htm

← 10. Il s’agit de la plateforme « SOS Femmes Violences », visitable en suivant ce lien : http://www.sosfemmesviolences.tn/?page_id=10396&lang=fr.

← 11. Table ronde avec des OSC, 29 avril 2021.

← 12. Entretien avec un membre de l’ARP, 9 juin 2021 ; entretien avec l’administration de l’ARP, 11 juin 2021.

← 13. Règlement intérieur de l’ARP, adopté lors de la séance plénière du lundi 2 février 2015.

← 14. Entretien avec un membre de l’ARP, 9 juin 2021 ; entretien avec l’administration de l’ARP, 11 juin 2021.

← 15. La plupart des fonctionnaires publics interrogés ont cité la faiblesse des moyens disponibles comme un des défis principaux pour une plus grande participation citoyenne.

← 16. Si l’estimation de 800 000 fonctionnaires publics, souvent citée, est correcte, le pourcentage d’employés publics sur le total de la population employée (4 188 200 selon les dernières données de l’Institut national des statistiques pour le troisième trimestre 2020 et 4 107 933 selon la Banque mondiale pour 2020) se situe entre 19 % et 20 %, ce qui est plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE (17.9 % en 2019 tel qu’indiqué dans le rapport Panorama des administrations publiques 2021 de l’OCDE) ; (Institut National de la Statistique, 2020[57] ; Banque mondiale, 2021[58] ; OCDE, 2021[56]).

← 17. Table ronde avec des OSC, 29 avril 2021.

← 18. Entretiens avec des OSC, 14 juin et 4 août et 2021.

← 19. Séance de consultation de la société civile, Tunis, 26 février 2021.

← 20. Séance de consultation de la société civile, Tunis, 26 février 2021 ; table ronde avec des OSC, 29 avril 2021 ; entretien avec une OSC, 20 mai 2021.

← 21. Séance de consultation de la société civile, Tunis, 26 février 2021.

← 22. Pour une analyse de l’impact de la pandémie sur les principes du gouvernement ouvert, du gouvernement numérique et l’innovation publique dans le monde : OCDE (2020[55]), The Covid-19 Crisis: A Catalyst for Government Transformation?, Éditions OCDE, Paris.

← 23. Entretien avec une OSC de défense des droits des minorités, 6 mai 2021.

← 24. Séance de consultation de la société civile, Tunis, 26 février 2021 ; table ronde avec des OSC, 29 avril 2021.

← 25. Entretien avec la Présidence du gouvernement, 18 novembre 2021.

← 26. Séance d’information et de consultation de la société civile organisée par la Direction générale de la relation avec la société civile et la Direction générale de la relation avec les instances constitutionnelles auprès de la Présidence du gouvernement et l’OCDE le 26 février 2021.

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