2. Indemnités de chômage et emploi salarié atypique : Trouver l’équilibre entre sécurité des revenus et incitations au travail

Les formes atypiques d’emploi salarié (à savoir les emplois à temps partiel ou de courte durée) représentent une part importante de l’emploi salarié. En moyenne dans les pays de l’OCDE, l’emploi à temps partiel représente 16.5 % de l’emploi total – soit 2 points de plus qu’il y a vingt ans (OCDE, 2020[2]). L’emploi temporaire représente quant à lui 11.7 % de l’emploi salarié et il est resté relativement stable au cours des dernières années. Cependant, parmi les travailleurs jeunes, l’emploi temporaire correspond à 25.7 % de l’emploi salarié total – soit près de 2 points de plus qu’il y a 20 ans (OCDE, 2020[3]). Les formes atypiques d’emploi salarié sont associées à une précarité accrue sur le marché du travail, au sous-emploi et à la vulnérabilité économique, notamment chez les jeunes et les personnes non diplômées de l’enseignement supérieur (OCDE, 2019[1]).

Comme le soulignait déjà l’édition 2019 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE (OCDE, 2019[1]), dans de nombreux pays, les systèmes de protection sociale en général, et les régimes d’indemnisation chômage en particulier, ne se sont pas encore pleinement adaptés aux besoins et situations spécifiques des travailleurs qui occupent des emplois atypiques. Il ressort d’analyses des prestations sociales hors emploi menées dans six pays (Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, et Royaume-Uni) qu’en Espagne et en Italie, les salariés instables sont bien moins susceptibles de percevoir des prestations que les travailleurs réguliers (à savoir les travailleurs occupant des emplois à temps plein et à durée indéterminée). L’écart est également notable au Royaume-Uni. L’écart constaté en termes de protection sociale entre les travailleurs occupant un emploi traditionnel et ceux exerçant un emploi atypique est encore plus marqué lorsqu’il est mesuré à l’aune de la générosité des prestations (à savoir le montant des prestations en proportion du revenu médian), surtout en Espagne, en Grèce et en Italie (OCDE, 2019[1]),

En raison de leurs parcours professionnels inhabituels, il est possible que les chômeurs ayant occupé des emplois atypiques par le passé ne bénéficient pas du même accompagnement offert par l’indemnisation chômage que leurs homologues ayant exercé des formes d’emploi traditionnelles. De fait, l’accès des travailleurs atypiques aux allocations chômage est souvent plus difficile que pour les autres programmes d’assurance, comme les indemnités de maternité ou de maladie (Avlijas, 2019[4]). L’emploi salarié atypique peut aussi être l’une des raisons pour lesquelles, dans de nombreux pays de l’OCDE, seule une faible proportion de demandeurs d’emploi perçoit des indemnités de chômage – moins d’un tiers en moyenne dans 32 pays, (OCDE, 2019[5]).

Dans le même temps, selon la manière dont elles sont conçues, les indemnités de chômage peuvent contribuer à l’instabilité professionnelle. Elles peuvent par exemple inciter à alterner courtes périodes d’emploi et épisodes de chômage (Boeri, Cahuc et Zylberberg, 2015[6]). C’est ce qui peut se produire par exemple en l’absence de délais de carence, lorsque la durée minimale requise de cotisation est trop courte ou que les régimes de chômage partiel sont mal pensés (Kyyrä, 2010[7] ; Le Barbanchon, 2016[8] ; Fontaine et Malherbet, 2016[9]). Les résultats présentés dans OCDE (2019[1]) montrent que, dans certaines situations, les droits auxquels peuvent prétendre les personnes aux parcours professionnels discontinus peuvent être aussi généreux, voire plus, que ceux des travailleurs ayant eu une carrière plus stable.

Le présent chapitre propose un examen approfondi des principaux mécanismes d’action qui déterminent l’équilibre auquel parviennent les allocations chômage entre sécurité des revenus et incitations financières au travail pour les travailleurs aux parcours professionnels atypiques. En fournissant des estimations internationales comparables de la protection dont bénéficient les chômeurs selon leur parcours professionnel, ce chapitre vise à éclairer les discussions relatives à l’accessibilité, la pertinence et l’efficacité de l’indemnisation chômage pour différents types de travailleurs.

En règle générale, les droits aux allocations chômage dépendent des caractéristiques de l’emploi occupé avant la période de chômage (par ex. nombre de mois travaillés, salaire, nombre d’heures travaillées). Étant donné que ces caractéristiques se rapportent à une période plutôt que simplement à la situation précédant le chômage, ce chapitre évalue l’emploi salarié atypique en termes de parcours plutôt que de type de contrat (l’Encadré 2.1 précise comment les parcours professionnels sont définis et mesurés). Ainsi, l’emploi est observé et caractérisé sur une période continue, plutôt qu’à un moment précis dans le temps. Cette méthode permet d’évaluer plus précisément l’instabilité de l’emploi et de mesurer le risque de chômage associé à chaque type d’emploi. Par conséquent, cela permet une analyse plus nuancée et plus poussée des interactions entre l’assurance chômage et l’emploi atypique.

Le présent chapitre est structuré comme suit : la section 2.1 évalue l’ampleur et l’évolution de l’emploi salarié instable et à temps partiel et les caractéristiques des personnes qui occupent ce type d’emplois, et propose une comparaison avec les parcours professionnels caractérisés par des emplois stables à temps plein. La section 2.2 fait le bilan des dispositions juridiques relatives à l’indemnisation du chômage, susceptibles de favoriser les inégalités entre les salariés qui occupent des emplois traditionnels et ceux qui occupent des emplois atypiques. La section 2.3 illustre l’incidence et le montant des allocations chômage pour un certain nombre de parcours professionnels salariés atypiques, à l’aide de techniques de simulation. Par ailleurs, elle propose des indicateurs sur la sécurité des revenus et les incitations financières au travail pour un éventail de scénarios pertinents au regard de l’action publique, couvrant les emplois traditionnels, instables et à temps partiel. La section 2.4 analyse les principes qui devraient présider à l’élaboration des regimes d’assurance chômage afin d’assurer aux travailleurs qui occupent des formes d’emploi atypiques un accompagnement fiable et efficace.

Selon les données 2018 de l’OCDE, l’emploi à temps partiel représente 16.5 % de l’emploi total – soit 2 points de plus qu’il y a vingt ans (OCDE, 2020[2]). L’emploi temporaire représente quant à lui 11.7 % de l’emploi salarié, et il est resté relativement stable. Cependant, parmi les travailleurs jeunes, il correspond à 25.7 % de l’emploi salarié total – soit près de 2 points de plus qu’il y a 20 ans et 8 points de plus qu’en 1980 (OCDE, 2020[3]).

Si certains emplois atypiques, en particulier dans les professions très qualifiées, offrent des revenus élevés et stables et de bonnes conditions de travail, le travail atypique va de pair avec une qualité d’emploi inférieure, en particulier pour les travailleurs peu ou moyennement qualifiés. Les salaires sont généralement plus bas, l’emploi est moins protégé, l’accès aux prestations financées par l’employeur et aux prestations sociales est réduit, l’exposition aux risques d’accident du travail et aux maladies professionnelles est accrue, les investissements dans la formation continue sont plus faibles et la représentation syndicale est limitée (OCDE, 2014[10] ; OCDE, 2019[1]).

Les emplois atypiques se caractérisent également par une plus grande instabilité. Dans un contexte de polarisation de l’emploi (voir chapitre 4), certains travailleurs (en particulier ceux qui exercent des professions moyennement qualifiées) ne bénéficient pas forcément des aspects positifs de l’instabilité de l’emploi, comme la transition vers un emploi de meilleure qualité lorsque l’ancien disparaît. Selon de précédents travaux de l’OCDE (OCDE, 2013[12]), les cessations d’emploi involontaires se traduisent par une dégradation de la qualité de l’emploi après le retour à l’emploi. Alors que la plupart des licenciés économiques subissent une perte de revenu, l’ampleur de cet effet varie en fonction du pays (il est moindre dans les pays d’Europe du Nord, plus important dans les autres), de l’âge (il est plus important et durable pour les travailleurs âgés), du niveau de qualification (il est plus important pour les travailleurs peu qualifiés) et du sexe (il est plus important pour les hommes). En outre, les licenciés économiques sont davantage susceptibles de retrouver un emploi temporaire ou à temps partiel.

Les données de l’édition 2019 des Perspectives de l’emploi de l’OCDE (OCDE, 2019[1]) montrent que l’instabilité de l’emploi a augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE, une fois prise en compte l’évolution de la composition démographique de la population active. L’ancienneté moyenne dans l’emploi a diminué de 4.9 % (soit 5 mois environ) dans les pays de l’OCDE entre 2006 et 2007. Ce sont les travailleurs peu qualifiés (c’est-à-dire ceux qui ne sont pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire) qui ont enregistré le plus fort recul en termes de stabilité de l’emploi.

La présente section évalue la fréquence de l’emploi salarié instable et à temps partiel (voir Encadré 2.1 pour des définitions détaillées), les caractéristiques des personnes qui occupent ce type d’emploi et les tendances dans ce domaine, et propose une comparaison avec les parcours professionnels caractérisés par des emplois stables à temps plein.

Les travailleurs qui occupent des formes d’emploi atypiques représentent une proportion considérable de l’emploi salarié total. En moyenne, dans les 26 pays européens de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, l’emploi salarié atypique représente 22 % des emplois salariés, l’emploi à temps partiel 16 % et l’emploi instable 6 %. Concernant les salariés ayant connu des épisodes de chômage, 51 % ont exercé un emploi instable par le passé, 30 % une forme d’emploi typique, et 18 % un emploi à temps partiel.

La part des salariés ayant exercé un emploi instable ou à temps partiel varie considérablement d’un pays à l’autre. Les emplois instables représentent moins de 5 % de l’emploi salarié en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en Estonie, au Luxembourg, en Norvège, en République slovaque, en République tchèque et au Royaume-Uni, contre plus de 10 % en Espagne, en Finlande et en Grèce. La part de l’emploi à temps partiel est faible dans les pays d’Europe de l’Est, en Finlande et au Portugal, et supérieure à 25 % en Allemagne, en Belgique, et en Suisse. C’est aux Pays-Bas qu’elle est la plus élevée (41 %).

Dans la plupart des pays, les travailleurs ayant des antécédents d’emploi atypique représentent la majorité des chômeurs, ceux ayant occupé des emplois instables étant le groupe le plus important. Les travailleurs ayant des antécédents d’emploi instable représentent au moins la moitié des chômeurs en Autriche, en Espagne, en Finlande, en Grèce, en Islande, en Hongrie, au Royaume-Uni et en Suède. C’est en République slovaque et en République tchèque que leur part est la plus faible. La part des chômeurs ayant précédemment occupé un emploi à temps partiel est généralement faible (inférieure à 20 %), sauf en Allemagne, en Irlande et aux Pays-Bas, où elle atteint au moins 30 %, et dans une certaine mesure en Belgique, en France, en Italie et en Suisse.

Ces dix dernières années, l’emploi salarié atypique, notamment l’emploi à temps partiel, a légèrement progressé, notamment chez les jeunes. Toutefois, dans les pays européens de l’OCDE, cette hausse a été en moyenne faible et restreinte à l’emploi à temps partiel entre 2006-08 et 2016-18 (Graphique 2.2, partie A). Ces tendances sont néanmoins partiellement compensées par l’évolution de la composition démographique de la population active. Le vieillissement démographique et les réformes des retraites (qui limitent les dispositifs de retraite anticipée et reculent l’âge légal de la retraite) augmentent la part des travailleurs âgés1, qui occupent généralement des emplois stables et à temps plein (OCDE, 2019[1]).

Si l’on se concentre sur les jeunes salariés (âgés de 20 à 29 ans), l’emploi salarié atypique a progressé de 6 points en moyenne entre 2006-08 et 2016-18 (Graphique 2.2., partie B). Là encore, cette progression concerne, pour la plus grande part, l’emploi à temps partiel, l’emploi instable n’ayant gagné qu’un seul point. L’emploi instable a considérablement progressé chez les jeunes au Danemark, en Espagne, en Grèce, en Irlande et en Slovénie. En revanche, la part des jeunes salariés au parcours professionnel instable a diminué en Norvège et aux Pays-Bas, où elle a été compensée en partie par une hausse de l’emploi à temps partiel. De fait, l’emploi à temps partiel des jeunes a augmenté dans 20 pays sur 23. Cette hausse a été particulièrement importante (supérieure à 10 points) en Espagne, en Grèce, en Italie et en Irlande. Seul le Danemark a enregistré une baisse significative de la part des emplois à temps partiel chez les jeunes salariés. Ces évolutions peuvent être en partie influencées par le cycle économique, la période de référence (2006-08) étant susceptible de rendre partiellement compte des conséquences du ralentissement brutal causé par la Grande Récession sur le marché du travail.

Les parcours professionnels instables sont plus fréquents chez les travailleurs célibataires et jeunes dont le niveau de formation est inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, titulaires de contrats temporaires, exerçant des professions peu qualifiées et dont la rémunération est inférieure au salaire mensuel médian. Les résultats figurant dans le Tableau 2.1 montrent que les travailleurs titulaires de contrats temporaires sont plus susceptibles d’occuper des emplois instables. En moyenne, dans les pays indiqués, une personne titulaire d’un contrat temporaire a 17 % de risques en plus d’occuper un emploi instable qu’un salarié titulaire d’un contrat à durée indéterminée. La corrélation entre les contrats temporaires et l’instabilité de l’emploi est particulièrement forte en Autriche, en Espagne, en Estonie, en Finlande et en Grèce.

La plupart des travailleurs occupant un emploi instable sont titulaires d’un contrat temporaire – 64 % en moyenne dans les pays européens de l’OCDE (Graphique 2.3), mais les variations sont considérables d’un pays à l’autre. Les contrats temporaires représentent la grande majorité des travailleurs occupant un emploi instable en Pologne et dans les pays d’Europe du Sud. En revanche, en Autriche, au Danemark, en Irlande, en Islande, en Norvège, dans les pays baltes, au Royaume-Uni et en Suisse, la plupart des travailleurs occupant un emploi instable sont titulaires d’un contrat à durée indéterminée (moins de 30 % sont titulaires d’un contrat temporaire), ce qui rend compte en partie de la faible incidence des contrats temporaires et de la moindre protection des contrats à durée indéterminée contre le licenciement (voir chapitre 3).

Dans la plupart des pays, les personnes peu et moyennement qualifiées sont également plus susceptibles d’occuper un emploi instable, notamment en Autriche, en Espagne, aux Pays-Bas, et dans les pays d’Europe de l’Est (Tableau 2.1). L’emploi instable est également plus fréquent chez les jeunes, surtout dans les pays d’Europe du Nord ainsi qu’en France, en Hongrie et en Suisse. Dans de nombreux pays, les personnes dont le niveau de formation est inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont plus susceptibles d’occuper un emploi instable (en particulier en Grèce, en Hongrie, en Lettonie et en Pologne), mais en Allemagne et au Danemark, les estimations donnent à penser le contraire. Les femmes occupent plus fréquemment des emplois instables que les hommes en Belgique, en Finlande et en Suède, alors que c’est l’inverse en Allemagne, en Autriche et au Danemark. Dans la plupart des pays, les personnes en couple (c’est-à-dire mariées ou en union libre) sont moins susceptibles d’occuper un emploi instable ; c’est notamment le cas au Danemark, en Hongrie et en Lituanie. La corrélation entre le fait d’avoir des enfants et d’occuper un emploi instable est ambiguë ; elle est positive et significative en Allemagne, au Luxembourg, en Norvège et au Portugal, mais négative aux Pays-Bas, en Pologne et en République tchèque. Des salaires mensuels plus élevés (normalisés par rapport au salaire médian national) sont corrélés négativement à l’instabilité de l’emploi dans la plupart des pays, en particulier en Autriche, au Danemark, en Finlande et au Luxembourg ; toutefois, ces résultats doivent être considérés avec prudence car ils peuvent être faussés par les données salariales disponibles2.

Le travail à temps partiel peut être une solution pour les salariés qui ont besoin de réduire leur temps de travail sur une base permanente, bien qu’il se traduise généralement par une diminution des revenus et une dégradation des perspectives d’évolution professionnelle (OCDE, 2018[13] ; 2019[5]). Près d’un quart des femmes – souvent mères – travaillent à temps partiel dans les pays de l’OCDE. Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes d’occuper un emploi à temps partiel (Graphique 2.4).

Au-delà des chiffres moyens, l’emploi féminin à temps partiel varie largement d’un pays de l’OCDE à l’autre (Graphique 2.4), de moins de 15 % dans les pays d’Europe de l’Est et au Portugal à près de 60 % aux Pays-Bas. Dans l’ensemble des pays, les emplois à temps partiel sont majoritairement occupés par des femmes. En Autriche, en Belgique, au Luxembourg et en Suisse, environ quatre emplois à temps partiel sur cinq sont occupés par des femmes.

On ne peut tirer de conclusions définitives quant aux raisons pour lesquelles la part de l’emploi à temps partiel varie aussi largement d’un pays de l’OCDE à l’autre. Le cadre institutionnel peut contribuer à expliquer les différences entre les pays, mais il ne semble pas exister de corrélation claire entre la générosité de la protection des travailleurs à temps partiel et la fréquence du travail à temps partiel (OCDE, 2010[14]). Les politiques d’accueil de la petite enfance peuvent également jouer un rôle dans l’incitation des femmes à travailler à temps partiel. En particulier, plusieurs études mettent en évidence un effet positif de la baisse des frais de garde sur l’offre de main-d’œuvre maternelle (Baker, Gruber et Milligan, 2015[15] ; Berlinski et Galiani, 2007[16] ; Carta et Rizzica, 2018[17]).

Les salariés à temps partiel perçoivent généralement un salaire horaire inférieur dans l’ensemble des pays de l’OCDE (OCDE, 2010[14] ; 2019[5]). Les caractéristiques individuelles expliquent une partie de la pénalisation salariale des travailleurs à temps partiel, mais les différences de profil professionnel contribuent davantage à expliquer les écarts de rémunération entre les travailleurs à temps partiel et les travailleurs à temps plein (Manning et Petrongolo, 2008[18]). La précarité de l’emploi est plus importante chez les salariés à temps partiel, et touche davantage les hommes que les femmes. En outre, les travailleurs à temps partiel suivent moins de formations et se montrent généralement moins optimistes quant à leurs perspectives de carrière. Toutefois, le travail à temps partiel est le principal moyen utilisé par les travailleurs, notamment les femmes, pour maintenir l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle (Mas et Pallais, 2019[19]).

Malgré une plus grande précarité de l’emploi et des salaires inférieurs, les salariés à temps partiel choisissent délibérément de travailler moins dans la plupart des pays, même si ce choix est souvent dicté par des contraintes extérieures, comme l’inégal partage des responsabilités familiales au sein des couples (OCDE, 2019[5]). En 2018, le travail à temps partiel involontaire, qui désigne le fait de travailler moins d’heures que souhaité faute d’avoir trouvé un emploi à temps plein, ne représentait que 5.2 % des emplois à temps partiel occupés par des femmes (Graphique 2.4). Les données recueillies aux Pays-Bas, où la part de l’emploi à temps partiel est la plus importante, montrent que les femmes qui travaillent à temps partiel affichent un taux de satisfaction professionnelle élevé et n’ont pas pour objectif de travailler davantage (Booth et van Ours, 2013[20]). Il existe toutefois des exceptions. En Italie, au Chili, en France et en Espagne, dans lesquels la part du travail à temps partiel involontaire est la plus importante, la majorité des femmes occupant des emplois à temps partiel souhaiteraient travailler davantage (OCDE, 2019[1]).

Le taux de pauvreté monétaire (à savoir le fait de vivre dans un ménage dont le revenu annuel disponible est inférieur à 50 % de la médiane nationale) est plus élevé chez les travailleurs occupant des formes d’emploi atypiques. En moyenne, dans les 24 pays européens de l’OCDE, la part de travailleurs vivant dans des ménages dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté est de 10 % parmi ceux occupant un emploi à temps partiel, et de 19 % parmi ceux occupant un emploi instable ; en revanche, le taux de pauvreté des salariés traditionnels est de 3 % (Graphique 2.5).

Il existe des variations considérables d’un pays à l’autre. Chez les travailleurs dont le parcours professionnel est caractérisé par des emplois à temps partiel, le taux de pauvreté est inférieur à 5 % en Belgique et aux Pays-Bas, et avoisine ou dépasse 20 % en Espagne, en Grèce, en Lettonie et au Portugal. En outre, dans les pays baltes et en Suède, plus d’un travailleur au parcours professionnel instable sur quatre vit dans un ménage dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté des salariés typiques est inférieur et plus homogène d’un pays à l’autre. Il s’échelonne de moins de 1 % en Finlande, en Irlande et aux Pays-Bas, à un peu plus de 5 % en Estonie et au Luxembourg.

L’emploi salarié atypique peut être un facteur d’accroissement du risque de tomber dans la pauvreté, pour plusieurs raisons. Le potentiel de rémunération peut être réduit du fait que l’intensité de travail et les salaires actuels et futurs sont moindres.

Les salariés atypiques sont susceptibles de travailler moins d’heures dans un emploi à temps partiel et instable3. Les travailleurs avec un parcours professionnel salarié atypique peuvent également être pénalisés en termes de salaire horaire. Par rapport aux salariés typiques, les travailleurs occupant des emplois à temps partiel et temporaires sont non seulement pénalisés en termes de rémunération actuelle (salaires horaires inférieurs), mais sont également moins susceptibles de suivre une formation et d’obtenir une promotion, ce qui a un impact sur leurs revenus futurs (OCDE, 2010[21] ; OCDE, 2014[10])4. Les données de l’OCDE donnent également à penser que les caractéristiques personnelles jouent un rôle mineur dans l’explication de la pénalisation induite par le temps partiel, tandis que les caractéristiques de l’emploi (par ex. type de profession, secteur, taille de l’entreprise et type de contrat) sont beaucoup plus importantes (OCDE, 2010[21]).

Les caractéristiques des ménages peuvent également jouer un rôle important dans la détermination du risque de pauvreté des salariés atypiques. Les données relatives aux salariés à temps partiel montrent qu’ils sont plus susceptibles d’avoir des revenus insuffisants si leur emploi est la principale source de revenus du ménage que s’ils cohabitent avec des salariés traditionnels mieux rémunérés (OCDE, 2015[22]).

Les travailleurs occupant un emploi à temps partiel et instable peuvent également être pénalisés en termes d’accès aux prestations et protections sociales. Dans de nombreux pays, les systèmes de protection sociale en général, et les régimes d’assurance chômage en particulier, ne se sont pas encore pleinement adaptés aux besoins et situations spécifiques des travailleurs occupant des emplois atypiques. Il ressort d’analyses des prestations sociales hors emploi menées dans six pays (Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, et Royaume-Uni) qu’en Espagne et en Italie, les salariés instables sont moins susceptibles d’avoir accès à des prestations que les travailleurs réguliers (OCDE, 2019[1]). L’écart est également notable au Royaume-Uni, même s’il n’est pas statistiquement significatif. L’écart constaté en termes de protection sociale entre travailleurs occupant un emploi typique et ceux exerçant un emploi atypique est plus marqué lorsqu’il est mesuré à l’aune de la générosité des prestations (à savoir le montant des prestations en proportion du revenu médian), surtout en Espagne, en Grèce et en Italie (Fernández, Immervoll et Pacifico, à paraître[23]),

En raison de leurs parcours professionnels inhabituels, il est possible que les chômeurs ayant occupé des emplois atypiques par le passé ne bénéficient pas du même accompagnement généralement offert par l’assurance chômage que leurs homologues ayant exercé des formes d’emploi typiques. L’accès des travailleurs atypiques aux allocations chômage en particulier est souvent plus difficile que pour les autres programmes d’assurance, comme les indemnités de maternité ou de maladie (Avlijas, 2019[4]). De fait, la faible couverture des allocations chômage – moins d’un demandeur d’emploi sur trois en moyenne touche des prestations de chômage dans les différents pays (OCDE, 2019[5]) – est principalement associée à l’emploi salarié atypique. Les conditions d’accès aux allocations chômage dans les pays de l’OCDE sont examinées à la section suivante.

Les critères de durée d’emploi ou de cotisation minimum sont plus difficiles à remplir pour les personnes qui exercent un emploi instable ou à temps partiel. En raison de la fréquence des changements et des pertes d’emploi, les travailleurs instables ont généralement une ancienneté relativement courte. Selon les pays, les différences entre les salariés traditionnels et atypiques peuvent aller au-delà d’une simple équivalence proportionnelle des droits et se traduire par des conditions d’accès moins favorables à l’assurance chômage, comme des prestations inférieures, une durée d’indemnisation plus courte ou des restrictions d’accès. En outre, les droits déjà acquis ne sont pas forcément conservés lorsque la personne change d’emploi ou de statut (par exemple, lorsqu’elle passe d’un emploi salarié à un emploi indépendant si les droits diffèrent selon les statuts, ou lorsqu’elle change de poste si les droits sont liés à une relation d’emploi spécifique). Pour remédier à ces différences, plusieurs pays ont mis en place des mesures spéciales, comme des dérogations pour certaines dispositions contractuelles atypiques, comme l’emploi occasionnel et le travail saisonnier (OCDE, 2019[1]).

Dans de nombreux pays de l’OCDE, il est possible de percevoir des allocations chômage tout en effectuant quelques heures de travail à temps partiel (« part-time unemployment benefit »), qui peuvent ouvrir ou non de nouveaux droits. Certains pays accordent des allocations partielles aux travailleurs confrontés à une réduction de leurs heures de travail (« short-time unemployment benefit ») – voir par ex. Cahuc (2018[24]). Dans les systèmes contributifs, les dispositifs visant les travailleurs instables sans emploi comprennent des clauses autorisant le report des périodes de cotisation ou des droits non utilisés à une période ultérieure.

Cette section décrit les principales règles d’indemnisation du chômage en mettant l’accent sur leur éventuelle adaptation – ou non-adaptation – à la situation particulière des travailleurs occupant un emploi à temps partiel ou instable. Officiellement, les travailleurs occupant un emploi à temps partiel et instable bénéficient du même accès aux allocations chômage que les travailleurs exerçant des formes typiques d’emploi. Dans la pratique, toutefois, si les critères d’accès ne sont pas adaptés à leur situation particulière, les niveaux d’accès et de protection dont ils bénéficient peuvent être extrêmement différents et, dans certains cas, inadéquats. C’est particulièrement le cas dans les systèmes contributifs, qui imposent une durée minimum d’emploi, un minimum d’heures travaillées et/ou de rémunération perçue.

La plupart des allocations chômage sont contributives dans les pays de l’OCDE, et l’accès à ces allocations dépend des critères d’emploi (Graphique 2.6). Les critères d’octroi des allocations chômage du premier pilier varient considérablement d’un pays de l’OCDE à l’autre. En moyenne, la durée minimale d’emploi est d’environ 12 mois, et s’échelonne de 3 mois en Islande et en Italie à 24 mois en République slovaque. La période de référence est d’environ 24 mois en moyenne, et est comprise entre 9 mois aux Pays-Bas et 6 ans en Espagne. Il est intéressant de noter que le pays où la durée minimale d’emploi est la plus longue, la République slovaque, autorise une période d’évaluation plus longue pour les travailleurs sous contrat temporaire.

Les critères en matière d’emploi s’appliquent également à certaines allocations chômage du deuxième pilier. Habituellement, la durée minimum d’emploi et les périodes de référence sont plus courtes que pour les allocations du premier pilier. En France toutefois, l’accès aux allocations du deuxième pilier nécessite d’avoir occupé un emploi pendant au moins 5 ans au cours des dix dernières années, ce qui vise généralement les chômeurs de longue durée plutôt que les salariés atypiques.

Certains pays imposent des restrictions sous la forme d’un montant minimum de cotisations ou de nombre d’heures travaillées, ce qui peut barrer l’accès aux salariés à temps partiel, qui sont moins susceptibles de remplir ces critères. La Pologne, par exemple, exige que les cotisations mensuelles soient basées sur les revenus supérieurs ou égaux au salaire minimum national. Au Royaume-Uni, un revenu d’activité minimum est requis pour pouvoir bénéficier de l’assurance chômage – environ 15 % du salaire moyen à temps plein au Royaume-Uni (OCDE, 2019[1]). En Finlande, les cotisations doivent être basées sur au moins 18 heures de travail hebdomadaire. En Australie, le Jobseeker Payment offre une protection sociale aux demandeurs d’emploi sous la forme de versements sous conditions de ressources qui sont indépendants des antécédents professionnels.

Le financement des allocations chômage contributives provient généralement, en partie du moins, des cotisations de sécurité sociale versées par les salariés et/ou les employeurs. Dans la plupart des pays, les cotisations de sécurité sociale incluent un « taux de cotisation à l’assurance chômage » correspondant à la part des cotisations affectée à la protection contre le chômage. Certains pays utilisent des taux de cotisation différenciés à l’assurance chômage afin d’inciter, sur le plan financier, employeurs et salariés à opter pour des relations de travail plus stables et de dissuader les ententes. L’Encadré 2.2 présente les règles d’indemnisation du chômage dans un sous-échantillon de pays de l’OCDE.

La conception des systèmes d’assurance chômage et, partant, la mesure dans laquelle ils soutiennent les revenus pendant la période de chômage et facilitent la recherche d’emploi varient considérablement d’un pays à l’autre. Le Graphique 2.7 résume certains des principaux détails institutionnels des prestations de chômage du premier et du deuxième piliers dans l’ensemble des pays de l’OCDE, à l’exception de la Colombie. Les allocations chômage du deuxième pilier protègent les demandeurs d’emploi qui n’ont pas (ou plus) droit aux allocations chômage contributives du premier pilier5. Les programmes spéciaux d’allocations chômage comme les allocations de formation, les allocations chômage complémentaires « de base »6, les prestations d’assistance sociale et d’autres programmes qui ne sont pas exclusivement destinés aux demandeurs d’emploi (par ex. les prestations familiales ou de maladie) ne sont pas pris en compte.

La plupart des allocations chômage sont contributives et ne sont pas soumises à conditions de ressources, surtout s’il s’agit d’allocations du premier pilier. Sur les 47 allocations chômage, 37 sont contributives et 10 ne le sont pas (Graphique 2.7, partie A). Il n’y a qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande que les allocations chômage du premier pilier ne sont pas contributives mais sont soumises à conditions de ressources. La plupart des allocations chômage du deuxième pilier ne sont pas contributives et sont soumises à conditions de ressources. Il n’y a qu’en Autriche et au Chili que les allocations chômage du deuxième pilier sont contributives et ne sont pas soumises à conditions de ressources. À l’inverse, en Espagne, en Estonie, en France et au Portugal, les allocations chômage du deuxième pilier sont à la fois contributives et soumises à conditions de ressources.

En règle générale, les allocations chômage du deuxième pilier sont soumises à des critères de revenu et de patrimoine stricts, ce qui peut empêcher les demandeurs d’emploi d’y accéder dans les ménages disposant d’autres sources de revenus, comme les revenus du conjoint. Parmi les pays de l’OCDE disposant d’une allocation chômage du deuxième pilier, seuls l’Autriche et le Chili ne soumettent pas cette allocation à conditions de ressources (Graphique 2.7, partie B). En Autriche, en France et en Grèce, les allocations chômage du deuxième pilier sont réservées aux personnes qui ont épuisé leurs droits aux allocations du premier pilier – elles ne sont donc pas accessibles aux demandeurs d’emploi qui n’avaient pas droit aux allocations du premier pilier en premier lieu.

Dans certains pays, l’accès des salariés atypiques aux allocations chômage du deuxième pilier est facilité du fait d’un assouplissement des conditions d’emploi. En Espagne, les allocations chômage du deuxième pilier sont subordonnées à une durée minimale d’emploi plus courte (six mois en général, trois mois en cas de responsabilités familiales). Au Royaume-Uni et en Finlande, les allocations chômage du deuxième pilier ne dépendent pas des antécédents professionnels.

Généralement, le montant des allocations chômage contributives du premier pilier s’inscrit dans une fourchette, tandis que les allocations chômage du deuxième pilier, non contributives et soumises à conditions de ressources, sont fixes. Les allocations chômage du premier pilier sont généralement bien plus élevées que celles du deuxième pilier, mais l’écart entre les deux varie selon que l’allocation du premier pilier se situe dans le bas ou le haut de la fourchette. La partie A du Graphique 2.7présente le montant de l’allocation pour un bénéficiaire qui gagnait auparavant un salaire équivalent aux deux tiers du salaire moyen dans le pays7. Dans ces conditions, dans la plupart des pays, le montant des allocations chômage du premier pilier dépasse largement celui des allocations du deuxième pilier (d’au moins 10 points de pourcentage du salaire moyen).

Dans certains pays, toutefois, les montants des allocations chômage du premier et du deuxième pilier sont similaires (Graphique 2.7, parties A). En Autriche, où l’accès aux allocations du deuxième pilier est subordonné à l’épuisement des allocations du premier pilier, le montant des allocations du deuxième pilier est seulement légèrement inférieur à celui des allocations du premier pilier, bien qu’il soit soumis à conditions de ressources et que les autres revenus du ménage soient déduits des droits. En Irlande et au Royaume-Uni, les montants des allocations du premier et du deuxième piliers sont égaux. Cela peut contribuer à expliquer pourquoi seuls 14 % des demandeurs d’allocations chômage au Royaume-Uni perçoivent l’allocation du premier pilier (Bradshaw et Bennett, 2017[30] ; Avlijas, 2019[4]).

En Espagne, en Estonie, en Finlande, en Grèce, au Portugal et en Suède, le montant de l’allocation forfaitaire du deuxième pilier soumise à conditions de ressources est similaire au montant minimale de l’allocation du premier pilier liée aux revenus du travail (Graphique 2.7, partie A). En ce qui concerne la Finlande, non seulement les montants sont identiques, mais les critères de ressources appliqués à l’allocation du deuxième pilier ont également un impact limité sur le montant des allocations, car de nombreuses sources de revenus ne sont pas du tout prises en compte (par ex. revenus du conjoint, aide sociale et aide au logement). Contrairement aux autres systèmes de sécurité sociale liés aux revenus du travail, le niveau des allocations du premier pilier n’est pas plafonné en Finlande. Ce dispositif vise à inciter les hauts salaires à contribuer au système.

La durée maximale des allocations chômage du premier pilier est généralement plus courte que celle des allocations du deuxième pilier. Dans la plupart des pays, la durée maximale des allocations chômage du premier pilier est de 36 mois, 24 mois étant la limite la plus fréquente (Graphique 2.7, partie B). En Australie et en Nouvelle-Zélande, la durée des allocations chômage du premier pilier non contributives et soumises à conditions de ressources n’est pas plafonnée. De même, aucun plafond de durée ne s’applique en Belgique, où les allocations chômage du premier pilier sont contributives et ne sont pas soumises à conditions de ressources. Dans plusieurs pays, les allocations chômage du deuxième pilier ne sont pas limitées dans le temps. Dans la plupart des cas, ces allocations d’une durée illimitée sont soumises à conditions de ressources. En Autriche, toutefois, les allocations ne sont pas soumises à un examen des ressources du ménage, bien qu’elles soient suspendues si les revenus du demandeur dépassent l’assiette minimale des cotisations sociales8. La durée de versement des allocations chômage du deuxième pilier à durée limitée s’échelonne de 9 mois en Estonie à 24 mois au Portugal.

Cette section décrit les règles détaillées des allocations chômage du premier et du deuxième pilier qui sont susceptibles d’avoir un impact différent sur les travailleurs occupant un emploi à temps partiel et instable par rapport aux salariés traditionnels. Les données s’appuient sur un questionnaire personnalisé soumis à 11 pays membres de l’OCDE (Australie, Autriche, Canada, Espagne, Finlande, France, Japon, Lettonie, Pays-Bas, Pologne, et Royaume-Uni). Cette sélection de pays vise à donner un aperçu des allocations chômage dans les pays européens et non européens, fondées sur des systèmes contributifs ou non contributifs, soumises ou non à conditions des ressources, et caractérisées par différents niveaux de complexité juridique et conditions d’accès. Les informations détaillées sur la législation relative l’indemnisation chômage sont résumées dans le Tableau 2.2.

Dans tous les pays sélectionnés, les demandeurs ayant des antécédents de travail à temps partiel sont soumis aux mêmes conditions d’accès que ceux ayant des antécédents de travail à temps plein. Le calcul du montant des allocations peut toutefois différer, notamment dans le cas des allocations du premier pilier. Dans la plupart des pays (Autriche, Canada, Espagne, France, Japon, Lettonie et Pays-Bas), le montant des allocations du premier pilier est calculé au prorata du salaire de l’emploi occupé précédemment, c’est-à-dire proportionnellement. En Australie, en Pologne et au Royaume-Uni, où le montant des allocations est forfaitaire, les chômeurs qui occupaient auparavant un emploi à temps partiel perçoivent des allocations d’un montant équivalent à celles perçues par les personnes qui travaillaient à temps plein. La Finlande est dotée d’un système hybride combinant une composante fixe et un supplément proportionnel aux revenus. En Finlande, en France et au Royaume-Uni, le montant des allocations du deuxième pilier est également indépendant du nombre d’heures travaillées précédemment. En revanche, en Autriche et en Espagne, le montant des allocations du deuxième pilier est calculé proportionnellement au nombre d’heures travaillées précédemment.

De nombreux pays ont recours à des régimes mixte chômage/emploi à temps partiel, qui permettent aux demandeurs de conserver une partie de leurs allocations chômage tout en occupant un emploi faiblement rémunéré. Ces programmes s’adressent aux personnes qui ont perdu un emploi à temps plein et ont trouvé un emploi à temps partiel ou ont perdu un emploi secondaire, et qui cherchent un nouvel emploi afin de travailler davantage (Cahuc, 2018[24]). En général, ces programmes sont restreints aux emplois temporaires ou soumis à des limites spécifiques en termes d’heures de travail et/ou de revenus.

À l’exception de la Lettonie et de la Pologne, tous les pays analysés sont dotés de dispositifs qui permettent de combiner chômage et emploi à temps partiel, bien que des conditions spécifiques s’appliquent. La plupart des pays fixent un plafond de rémunération implicite pour ces dispositifs. L’allocation est supprimée progressivement en la réduisant en fonction des salaires perçus. Certaines prestations de chômage sont toutefois soumises à des limites explicites fondées sur les revenus, le nombre d’heures ou la durée. Des plafonds de revenus explicites sont en place en Autriche (revenus inférieurs au seuil de rémunération des emplois marginaux, « Geringfügigkeitsgrenze »), et une allocation du deuxième pilier est en place au Japon (dans la limite d’un revenu de 80 000 JPY) et aux Pays-Bas (revenu ne dépassant pas 87.5 % du montant de l’allocation). Le nombre d’heures travaillées est limité en Finlande (80 % du temps plein), au Japon (20 heures par semaine) et en Espagne (70 % du temps plein). En France, l’allocation chômage du deuxième pilier est limitée dans la durée, exercice d’un emploi et allocation n’étant compatibles que pendant trois mois maximum.

Certains pays encouragent les bénéficiaires d’allocations chômage à travailler à temps partiel par le biais d’incitations financières qui permettent aux bénéficiaires de « conserver » une partie des revenus supplémentaires perçus sous forme de salaire en ne réduisant pas le montant des allocations proportionnellement. Les allocations chômage du premier et du deuxième pilier en Autriche et les allocations du deuxième pilier en France ne sont pas réduites en fonction du salaire perçu, bien que les deux pays appliquent des limites, comme nous l’avons vu plus haut. En Australie, au Canada, en Finlande, en France (allocation du premier pilier) et aux Pays-Bas, les allocations sont soumises à des « taux de dégressivité », qui réduisent le montant des allocations à un rythme plus lent que les salaires. En outre, l’Australie, la Finlande et le Royaume-Uni appliquent une franchise qui permet de cumuler partiellement l’allocation chômage avec des revenus d’activité. Seules l’Espagne et l’allocation du premier pilier au Japon ne prévoient aucune incitation financière.

Le Tableau 2.2, qui présente un récapitulatif des plafonds et des incitations à combiner chômage et emploi à temps partiel, indique dans quelle mesure il est possible de cumuler allocations chômage et revenus, en proportion du salaire moyen national. Ce cumul maximal s’échelonne de 9 % au Royaume-Uni à 70 % au Canada. Il peut même atteindre 40 % du salaire moyen en Autriche, en Finlande, en France, au Japon, aux Pays-Bas et en Espagne (allocation du premier pilier uniquement).

Les travailleurs occupant un emploi instable, avec des transitions récurrentes entre emploi et chômage, sont susceptibles de ne pas remplir toutes les conditions d’accès aux allocations chômage lorsqu’ils font une demande par la suite. Pour faciliter l’accès aux allocations, certains pays utilisent des règles de « rechargement » assorties de conditions d’accès spécifiques pour les demandeurs d’emploi dont ce n’est pas la première demande d’allocations chômage. En Autriche, par exemple, les personnes ayant déjà touché des allocations chômage par le passé bénéficient de critères en matière d’emploi plus favorables (28 semaines travaillées au cours des 12 derniers mois) que ceux auxquels sont soumis les premiers demandeurs (52 semaines au cours des 24 derniers mois).

Les règles facilitant les demandes récurrentes d’indemnisation peuvent inciter les travailleurs et les employeurs à ajuster leur comportement. Un accès facilité aux allocations chômage à l’issue des contrats temporaires peut entraîner des « effets de carrousel » (c’est-à-dire des entrées et sorties répétées du chômage) parce que les demandes de prestations ne sont pas restreintes aux situations où l’entreprise a une raison économique objective de licencier (OCDE, 2002[31]).

Certains pays réduisent le montant des allocations chômage du premier pilier après un certain temps afin d’encourager la recherche d’emploi (France, Lettonie, Pays-Bas et Espagne)9. Toutefois, ces réductions peuvent également inciter les travailleurs occupant un emploi de manière intermittente à planifier stratégiquement leurs périodes d’emploi de manière à maximiser le montant des allocations chômage (Fontaine et Malherbet, 2016[9] ; Kyyrä, 2010[7] ; Le Barbanchon, 2016[8]).

Dans certains pays, le demandeur d’emploi peut conserver les droits non utilisés s’il trouve un emploi à temps plein avant d’avoir épuisé ses droits. Les travailleurs occupant un emploi instable peuvent accéder à ces droits non utilisés lors d’une période de chômage ultérieure. Les règles de conservation des droits non utilisés varient considérablement d’un pays et d’un dispositif à l’autre. Les droits non utilisés sont entièrement perdus en Pologne et en Lettonie10, de sorte que les travailleurs doivent repartir de zéro à chaque fois qu’ils commencent une nouvelle période d’emploi. Au Canada, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, des conditions strictes déterminent si les droits peuvent être conservés en cas de chômage ultérieur11. En Espagne, les « anciens » droits (non utilisés) sont conservés, mais ne peuvent être cumulés avec les « nouveaux » droits. Si, en raison d’une période d’emploi récente, les demandeurs d’emploi ont obtenu de « nouveaux droits », ils doivent choisir entre les anciens et les nouveaux, et renoncer aux autres. En vertu des règles d’indemnisation du chômage du premier pilier en vigueur en France, les demandeurs d’emploi peuvent cumuler anciens et nouveaux droits, à condition d’écouler les anciens avant de faire valoir les nouveaux. Sinon, les demandeurs d’emploi disposent d’un droit d’option, qui leur permet de commencer à bénéficier des nouveaux droits, tout en renonçant aux anciens. Dans certains pays, comme la France et le Japon, les droits non utilisés peuvent être (partiellement) versés sous forme d’une prestation liée à l’exercice d’un emploi ou d’une allocation/prime de retour à l’emploi.

Environ la moitié des pays étudiés ont recours à des délais de carence pour encourager la recherche d’emploi pendant une période de chômage. Toutefois, ces dispositions peuvent également rendre les aides difficiles d’accès pour les personnes ayant un emploi instable. Le délai de carence dure généralement une semaine et s’applique à tous les demandeurs. Toutefois, dans certaines circonstances particulières, il peut être porté à un mois ou plus en Australie ou en Espagne (allocations du deuxième pilier). Dans certains pays, les délais de carence sont supprimés pour les personnes occupant un emploi instable, c’est-à-dire si les dernières allocations ont été versées peu de temps auparavant (12 semaines au Royaume-Uni et 12 mois en France).

Les allocations chômage offrent-elles une protection suffisante des revenus des demandeurs d’emploi qui occupaient un emploi salarié atypique, et de solides incitations au travail ? Dans quelle mesure les indicateurs de protection des revenus et d’incitation au travail diffèrent-ils pour les demandeurs d’emploi ayant un parcours professionnel atypique ? En vertu de quelles conditions et politiques les salariés atypiques sont-ils traités différemment des salariés traditionnels ? Existe-t-il des systèmes particuliers (par ex. fondés sur les cotisations ou les ressources) ou des mécanismes en vertu desquels les allocations chômage protègent mieux les salariés atypiques ?

Afin de répondre à ces questions, cette section définit de nouveaux indicateurs de l’impact des allocations chômage sur la protection des revenus et les incitations financières au travail pour les salariés atypiques. Ces indicateurs sont obtenus en simulant l’application des règles d’indemnisation du chômage à des scénarios d’emploi caractéristiques des salariés occupant des emplois typiques et atypiques, en utilisant des définitions comparables d’un pays à l’autre. Les simulations calculent les droits aux allocations chômage de personnes ayant travaillé le même nombre total d’heures et gagné le même salaire sur plusieurs années, mais en suivant un parcours professionnel différent.

Ces simulations s’inscrivent dans le même esprit que les calculs des modèles, tels ceux fondés sur le modèle impôts-prestations de l’OCDE (TaxBEN), qui sont couramment utilisés pour comparer les taux de remplacement et les incitations au travail. Toutefois, TaxBEN ne couvre pas l’indemnisation des emplois instables pour le moment. Les simulations se concentrent sur les allocations chômage du premier et du deuxième pilier décrites dans le Tableau 2.2. Les prestations de base, comme l’aide sociale, ainsi que les prestations liées à l’exercice d’un emploi et les dispositions fiscales, déterminent également les conséquences de ces différents types de parcours professionnels sur les revenus. La prise en compte de l’ensemble des moyens d’action en termes d’impôts et de prestations nécessiterait une extension du modèle TaxBEN afin de couvrir l’emploi instable, ce qui fera l’objet de futurs travaux. L’Encadré 2.3 donne une description détaillée de chaque scénario, ainsi que des hypothèses complémentaires.

Les simulations ont été réalisées pour quatre pays de l’OCDE sur les onze dont les allocations chômage sont décrites dans le Tableau 2.2 : l’Australie, l’Espagne, la France et la Lettonie. Alors que l’objectif à long terme serait d’inclure tous les pays de l’OCDE, les simulations relatives à ces quatre pays offrent un modèle pour de futures extensions. Ces pays ont été sélectionnés de manière à garantir une diversité en termes de géographie (pays européens et non européens), de systèmes d’indemnisation (contributifs et non contributifs), de complexité juridique et de conditions d’accès. Malgré cette diversité, étant donné le faible nombre de pays, les données obtenues par le biais des simulations visent à illustrer et à mettre en évidence les principaux enjeux plutôt qu’à être représentatives de tous les pays de l’OCDE.

Les allocations chômage offrent divers degrés de protection du revenu selon le type de parcours professionnel. On observe ces différences même lorsque les travailleurs possèdent les mêmes caractéristiques personnelles, touchent le même salaire, et ont occupé un emploi et été au chômage pendant le même nombre d’heures sur une période donnée.

En Australie, en France, en Lettonie et en Espagne, les travailleurs ayant un parcours professionnel typique bénéficient d’une protection du revenu au moins égale à celle de tout travailleur ayant un parcours professionnel atypique. Les Graphique 2.9 à Graphique 2.12 illustrent les droits aux allocations chômage pour chaque mois et chaque scénario décrit à l’Encadré 2.3. Pour résumer ces chiffres, le Graphique 2.13décompose la protection des revenus en deux indicateurs : la durée de perception et le niveau. La durée de perception correspond au nombre de mois pendant lesquels les allocations chômage sont perçues. Le niveau correspond au montant moyen des allocations chômage perçues sur la période de sept ans analysée (en ne tenant compte que des mois durant lesquels l’allocation est effectivement versée).

En Australie et en France, chaque mois où le travailleur est au chômage complet, il perçoit une allocation chômage dans l’ensemble des scénarios de simulation. En France, les travailleurs ayant un parcours professionnel instable (scénarios B et C) touchent des allocations chômage pendant le même nombre de mois (36 mois) que ceux occupant un emploi typique (scénario A). Ce n’est pas le cas en Australie, en Lettonie et en Espagne.

En Australie, les travailleurs ayant un parcours professionnel typique (scénario A) touchent des allocations chômage pendant 38 mois, les travailleurs qui entrent et sortent de l’emploi tous les six mois (scénario B) touchent des allocations chômage pendant 40 mois, et ceux qui entrent et sortent de l’emploi tous les mois (scénario C) en touchent pendant 60 mois. En Australie, les droits, les conditions de ressources et le versement des allocations chômage sont évalués tous les quinze jours sur la base des revenus de la quinzaine précédente. De ce fait, le versement des allocations est décalé de quinze jours et peut avoir lieu au cours d’un mois durant lequel la personne occupe un emploi (voir pics dans le Graphique 2.9). Cela explique pourquoi, dans le scénario C, l’allocation chômage est perçue pendant un plus grand nombre de mois que dans les scénarios A et B. Toutefois, si le nombre de versements était mesuré par quinzaine, le nombre de versements serait le même d’un scénario à l’autre.

En Lettonie, les travailleurs ayant un parcours professionnel instable (scénarios B et C) touchent des allocations chômage pendant 6 mois ou moins, alors que ceux occupant un emploi typique (scénario A) en touchent pendant 24 mois. En Lettonie, le droit aux allocations chômage est associé à une durée minimale d’emploi relativement longue (12 mois), alors que la période de référence en vigueur dans ce pays est la plus courte (16 mois) des quatre pays (Graphique 2.6). Les personnes occupant un emploi instable ont des difficultés à remplir ces conditions. La Lettonie ne dispose pas non plus d’allocation chômage du deuxième pilier offrant une protection supplémentaire aux personnes ayant cotisé moins longtemps.

En Espagne, les travailleurs ayant un parcours professionnel instable (scénarios B et C) touchent l’allocation chômage du premier pilier moitié moins longtemps que les salariés traditionnels (8 mois contre 16). Comme en Lettonie, cela s’explique en partie par le fait que l’allocation du premier pilier est subordonnée à une durée minimale d’emploi relativement longue (12 mois). En outre, après 6 mois d’emploi, les demandeurs d’emploi peuvent prétendre à l’allocation chômage du deuxième pilier. Après 6 mois de travail instable, les travailleurs peuvent préférer demander l’allocation du deuxième pilier, moins généreuse, au lieu d’attendre d’avoir travaillé 12 mois ; les mois utilisés pour prétendre à l’allocation du deuxième pilier ne peuvent pas être utilisés pour demander l’allocation du premier pilier (voir Tableau 2.2).

Dans les quatre pays analysés, les allocations chômage sont plus généreuses dans les systèmes contributifs que dans les systèmes non contributifs. En Australie, où l’assurance chômage est non contributive, le niveau des allocations est compris entre 10 et 15 % du salaire moyen pour les travailleurs ayant un parcours professionnel typique ou instable. Le niveau des allocations est bien plus élevé en France, en Lettonie et en Espagne, dont les systèmes sont contributifs.

En France, le niveau de prestations est le même pour les travailleurs ayant des parcours professionnels stables et instables. En Australie et en Espagne, le niveau des allocations est légèrement supérieur pour les travailleurs ayant un parcours stable, car ils sont moins sujets à des réductions dues aux délais de carence12, ou ont souvent droit à de nouvelles allocations plus généreuses. À l’inverse, en Lettonie, le niveau des allocations perçues par les travailleurs instables est plus élevé, du fait de périodes d’indemnisation plus courtes, moins affectées par la réduction du taux d’indemnisation à mesure de l’allongement de la période de chômage (Tableau 2.2)13.

Les travailleurs dont le parcours professionnel comprend des périodes durant lesquelles ils ont été au chômage et ont travaillé à temps partiel au cours d’un même mois (scénario D) touchent généralement des allocations chômage pendant un nombre de mois inférieur à celui des travailleurs occupant un emploi typique (scénario A). En Lettonie, l’accès est restreint parce que l’allocation chômage est incompatible avec tout type d’emploi (voir Tableau 2.2). En Australie, en Espagne et en France, l’allocation chômage est compatible avec certains emplois, mais parfois, l’accès dépend du salaire perçu dans l’emploi (dans les simulations présentées ici, le salaire se monte à 33.3 % du salaire moyen). En Australie, les critères de ressources réduisent l’allocation chômage à néant si les revenus sont supérieurs à un montant équivalent à 23 % du salaire moyen (voir Tableau 2.2). En Espagne, les allocations chômage sont réduites proportionnellement au nombre d’heures travaillées. En outre, l’allocation du deuxième pilier est soumise à conditions de ressources, ce qui rend la perception d’une allocation incompatible avec des revenus supérieurs à un montant équivalent à 29 % du salaire moyen (voir Tableau 2.2). En France, l’allocation du premier pilier est réduite sous l’effet d’un taux de dégressivité de 70 % ; en ce qui concerne l’allocation du deuxième pilier, il est possible de cumuler emploi et allocations pendant une durée maximale de trois mois, après quoi le versement de l’allocation est interrompu si l’activité professionnelle se poursuit.

Par rapport à un salarié traditionnel (scénario A), l’assurance chômage est également moins généreuse pour les travailleurs dont les parcours professionnels comprennent des périodes combinant chômage et emploi à temps partiel (scénario D). En effet, les droits sont réduits en fonction de la rémunération de l’emploi concomitant. En règle générale, les droits aux allocations chômage sont les mêmes, indépendamment de la manière dont les travailleurs ont réparti leurs heures de travail au cours d’un mois (par exemple, travail à temps partiel tous les jours ou à temps plein certains jours du mois). En France toutefois, l’allocation chômage diffère selon la répartition des heures de travail au cours du mois (voir Encadré 2.4).

Les allocations chômage visent à fournir une protection du revenu adéquate aux demandeurs d’emploi et à leur famille, tout en maintenant les incitations au travail. Il est important d’améliorer les incitations au travail et de faciliter le retour à l’autosuffisance, car le risque de pauvreté à long terme est beaucoup plus élevé pour les chômeurs percevant des allocations que pour les personnes occupant un emploi à temps plein. En outre, le coût des filets de sécurité pour les gouvernements disposant d’un budget limité renforce la nécessité d’inciter les personnes – qui le peuvent – à reprendre le travail (OCDE, 2005[36]).

Lorsque le montant des allocations chômage perçues par les demandeurs d’emploi est élevé par rapport au salaire qu’ils peuvent tirer de leur travail, ils peuvent se retrouver dans un « piège de l’inactivité » – c’est-à-dire être découragés de chercher un nouvel emploi (OCDE, 2005[36]). Dans la littérature (OCDE, 2008[37] ; OCDE, 2020[38]), l’incitation financière d’un demandeur d’emploi à trouver un nouvel emploi est généralement mesurée par les taux de remplacement (TR). Cette sous-section s’appuie sur une variante de l’indicateur du taux de remplacement (taux de remplacement ajusté, TRA), qui est ajusté de manière à tenir compte des spécificités des scénarios simulés (Encadré 2.5).

Le TRA en vigueur la dernière année des 16 scénarios décrits dans le Graphique 2.15, est présenté pour l’Australie, l’Espagne, la France et la Lettonie dans le Graphique 2.16. Le TRA est un indicateur des désincitations financières au travail – plus il est élevé, plus les incitations financières à travailler davantage sont faibles. Le TRA correspond au revenu total (salaires et allocations) qu’un travailleur toucherait par rapport à un salaire à temps plein (Encadré 2.5).

Comme les travailleurs occupant un emploi atypique touchent un salaire équivalent à 50 % d’un salaire à temps plein, leur TRA atteint au moins 50 %. Le TRA des travailleurs au chômage complet constitue une valeur de référence pour évaluer les incitations d’un travailleur à ne pas travailler du tout.

Les incitations au travail varient considérablement en fonction des pays, des parcours professionnels actuels et antérieurs. En moyenne, les TRA sont plus élevés en France, suivie de l’Australie, de l’Espagne et de la Lettonie. Parmi les personnes suivant actuellement un parcours professionnel atypique, le TRA est plus élevé chez les travailleurs occupant un emploi instable. Sur l’ensemble des parcours professionnels antérieurs, le TRA est, sans surprise, plus élevé chez les travailleurs qui occupaient précédemment un emploi typique, sauf en Australie.

En Australie, un travailleur occupant un emploi à temps partiel obtiendrait un revenu équivalent à 53 % d’un salaire à temps plein. Ainsi, s’il travaillait à temps plein, son revenu augmenterait de 47 % d’un salaire à temps plein. S’il ne travaillait pas du tout, son revenu diminuerait de 18 % d’un salaire à temps plein, car le TRA au chômage complet est de 35 %. À l’inverse, le TRA d’un travailleur occupant un emploi instable serait de 68 %, un emploi à temps plein augmenterait le revenu de 32 % d’un salaire à temps plein, et un chômage complet réduirait le revenu de 33 % d’un salaire à temps plein.

En France, les travailleurs instables sont moins incités à accepter un emploi à temps plein. Un travailleur occupant un emploi instable bénéficierait d’allocations équivalentes à 78 % d’un salaire à temps plein, mais en ne travaillant que la moitié du temps. S’il ne travaillait pas du tout, son revenu diminuerait de 21% d’un salaire à temps plein, car le TRA au chômage complet est de 57%. En revanche, le TRA d’un travailleur à temps partiel est de 64 %. Si ce dernier ne travaillait pas du tout, son revenu diminuerait de seulement 7 % d’un salaire à temps plein. Les antécédents d’emploi instable produisent les mêmes incitations au travail que les antécédents d’emploi stable. Toutefois, pour ce qui est des personnes qui occupaient précédemment des emplois à temps partiel, les taux de remplacement ajustés sont plus faibles – inférieurs de 18 points pour les chômeurs à temps plein, et inférieurs d’environ 9 points pour les travailleurs occupant actuellement un emploi atypique.

En Lettonie, les résultats sont dans une large mesure conditionnés par le parcours professionnel antérieur. Dans les scénarios envisagés ici, les travailleurs ayant connu un parcours professionnel antérieur instable n’auraient droit à aucune allocation chômage, car les conditions de cotisation minimale imposent 12 cotisations au cours des 16 derniers mois (Graphique 2.6). Indépendamment des parcours professionnels antérieurs, le travailleur ne percevrait pas non plus d’allocations chômage s’il travaille à temps partiel, car l’allocation lettone est incompatible avec tout travail (dans le scénario D, la petite partie du TRA liée aux allocations est due au mois de chômage complet). Les travailleurs occupant actuellement un emploi instable et dont l’emploi précédent était stable toucheraient des allocations avec un taux de remplacement important. Un travailleur effectuant des transitions mensuelles entre le chômage et l’emploi percevrait un montant équivalent à 79 % d’un salaire à temps plein. S’il ne travaillait pas du tout, son revenu diminuerait de 52 % d’un salaire à temps plein, car le TRA au chômage complet est de 27 %. Les taux de remplacement ajustés sont légèrement inférieurs pour les travailleurs qui entrent et sortent actuellement de l’emploi tous les six mois, et pour ceux qui occupaient auparavant un emploi à temps partiel.

En Espagne, les parcours professionnels antérieurs jouent également un rôle important dans la détermination du montant des futures allocations chômage. Les travailleurs sans antécédents d’emploi typique n’auraient pas droit à l’allocation chômage du premier pilier, en raison des conditions de cotisation minimale et des critères de ressources (telles qu’examinés dans la section 2.3.1). Ils auraient toutefois droit à l’allocation du deuxième pilier pendant quelques mois. Les travailleurs occupant actuellement ou ayant précédemment occupé des emplois à temps partiel n’auraient droit à aucune allocation chômage. À l’inverse, un travailleur dont l’emploi actuel est instable et dont l’emploi précédent était stable percevrait des allocations avec un taux de remplacement important (73 %). S’il ne travaillait pas du tout, son revenu diminuerait de 37 % d’un salaire à temps plein, car le TRA au chômage complet est de 36 %. Le taux de remplacement ajusté est plus faible pour un travailleur occupant actuellement un emploi à temps partiel et ayant précédemment occupé un emploi stable (64 %).

Cette section analyse certaines caractéristiques essentielles des systèmes d’indemnisation du chômage et examine les possibilités d’action pour améliorer leur fiabilité et leur efficacité afin de soutenir les travailleurs ayant des parcours professionnels atypiques. Au vu des éléments fournis dans les sections précédentes, l’analyse porte sur la neutralité des allocations, les incitations au travail, l’accès à l’emploi et la protection en période de ralentissement économique. Le Tableau 2.3 récapitule les arguments ci-dessous en présentant une synthèse des instruments d’indemnisation du chômage en termes d’objectifs, d’arbitrages et d’impact sur les travailleurs ayant des parcours professionnels salariés atypiques, et des possibilités d’ajustement afin de trouver le juste équilibre entre des objectifs contradictoires.

En général, pour les pays examinés dans ce chapitre, les allocations chômage ne sont pas neutres eu égard à la répartition du temps entre l’emploi salarié et le chômage avant la demande d’indemnisation. Les éléments recueillis dans la section 2.3 mettent en évidence des différences considérables quant à l’étendue de la protection offerte par les allocations chômage à des travailleurs qui, à moyen terme, ont travaillé autant.

Des critères stricts en matière d’emploi pénalisent généralement les travailleurs au parcours professionnel instable, en particulier lorsque la durée minimale d’emploi est relativement longue et que la période de référence est courte. L’instabilité de l’emploi prolonge la période pendant laquelle les travailleurs doivent travailler pour satisfaire le critère de durée minimale, ce qui les empêche de prétendre à une indemnisation. Si les critères en matière d’emploi sont des caractéristiques importantes des allocations chômage – ils constituent des incitations au travail, évitent les abus et protègent la viabilité financière du système – certains ajustements peuvent contribuer à réduire cette pénalisation de l’instabilité. La différence entre la durée de la période de référence et la durée minimale d’emploi peut être définie de manière à être suffisamment longue pour tenir compte des emplois instables ou être prolongée spécifiquement pour les travailleurs plus prédisposés à l’instabilité de l’emploi, comme en Autriche (jeunes travailleurs) et en République slovaque (contrats temporaires).

La déduction des salaires du chômage à temps partiel du montant des prestations pénalise les demandeurs d’emploi susceptibles de travailler occasionnellement à temps partiel tout en recherchant un emploi adéquat à temps plein. Dans certains pays, la pénalisation est absolue parce que les allocations chômage sont incompatibles avec tout type de travail. La réduction du montant des prestations en fonction des salaires se justifie par la nécessité de lisser les revenus et d’éviter l’utilisation abusive des allocations chômage comme une sorte de subvention salariale. D’autre part, outre la neutralité, le cumul du chômage avec un emploi à temps partiel peut avoir des effets bénéfiques, comme l’amélioration de l’employabilité des demandeurs d’emploi grâce à un « effet de tremplin » (Kyyrä, Arranz et García-Serrano, 2019[39]). Les incitations financières, comme les mécanismes de cumul et les taux de dégressivité réduits, encouragent les bénéficiaires d’allocations chômage à exercer un emploi à temps partiel en leur permettant de conserver une partie des revenus supplémentaires perçus sous forme de salaire, et peuvent être des instruments efficaces pour équilibrer les objectifs. Toutefois, les allocations de chômage partiel peuvent également produire des « effets de verrouillage », en réduisant le taux de sortie de l’emploi à temps partiel vers l’emploi à temps plein. Ainsi, comme pour d’autres mesures d’activation, il est important de recourir à des « stratégies mixtes » qui définissent et contrôlent l’effet des emplois à temps partiel occasionnels sur l’employabilité à long terme des demandeurs d’emploi (OCDE, 2019[40]).

L’impact potentiellement négatif des systèmes d’assurance chômage sur les incitations au travail est une préoccupation majeure dans de nombreux pays, en particulier pour les chômeurs de longue durée. En outre, des allocations chômage mal conçues peuvent favoriser les emplois instables.

Des conditions d’accès souples peuvent générer un carrousel de transitions entre les périodes d’emploi de courte durée et les périodes de chômage, tout en accordant de généreuses allocations. Différentes mesures peuvent être utilisées pour empêcher ces distorsions : délais de carence, durée minimale d’emploi requise relativement longue, réduction des prestations en cas de demandes d’indemnisation fréquentes. Il est aussi possible d’utiliser des taux de cotisation différenciés à l’assurance chômage afin d’inciter, sur le plan financier, employeurs et salariés à opter pour des relations de travail plus stables et de dissuader les ententes (OCDE, 2004[41] ; OCDE, 2019[1]).

La conservation des droits non utilisés pour une utilisation future peut favoriser de fréquentes périodes d’emploi instable (comme nous l’avons vu plus haut) et inciter à prolonger excessivement la durée de l’indemnisation chômage, favorisant ainsi le chômage de longue durée. La restriction des possibilités de conservation et de cumul des anciens et nouveaux droits peut faciliter l’arbitrage entre les incitations au travail et les droits acquis.

La coordination entre les prestations liées à l’exercice d’un emploi et hors emploi peut produire d’importantes incitations au retour à l’emploi. On pourrait envisager d’étendre aux travailleurs à bas revenu exerçant un emploi à temps plein la possibilité de cumuler les allocations chômage et les revenus du travail, comme c’est le cas pour le chômage et le travail à temps partiel (Hijzen et Salvatori, 2020[42]). Autre possibilité, la mise en place de prestations liées à l’exercice d’un emploi, comme le Earned Income Tax Credit aux États-Unis ou la prime d’activité en France (Carcillo et al., 2019[43]). On pourrait également intégrer les prestations liées à l’exercice d’un emploi et les prestations hors emploi dans une stratégie globale unique (par exemple, le Universal Credit du Royaume-Uni).

Les critères d’activation des allocations chômage jouent également un rôle dans le renforcement des incitations à rechercher, préparer et accepter un emploi. Il est prouvé que les programmes d’indemnisation du chômage prévoyant un suivi de la recherche d’emploi et des sanctions ont des effets positifs sur l’emploi, tandis que des critères d’admission trop stricts peuvent exclure certains bénéficiaires potentiels (Immervoll et Knotz, 2018[44]). Des sanctions trop strictes et un recours excessif aux incitations à la recherche d’emploi pourraient être contre-productifs et accroître le taux de sortie du chômage vers des emplois instables. Le profilage joue un rôle crucial. Les travailleurs qui ont besoin de services d’activation plus intensifs (comme une formation) doivent être identifiés et soutenus (OCDE, 2019[40]).

Selon la Stratégie de l’OCDE pour l’emploi 2018, les allocations chômage peuvent jouer un rôle central dans la réussite des stratégies d’activation, grâce à l’application rigoureuse d’un « cadre d’obligations mutuelles » (OCDE, 2019[40]). Dans un cadre d’obligations mutuelles, les gouvernements ont le devoir de fournir aux demandeurs d’emploi des prestations et des services efficaces pour leur permettre de trouver du travail. En contrepartie, les bénéficiaires doivent prendre des mesures actives pour trouver du travail ou améliorer leur employabilité. La menace d’éventuelles sanctions, comme un retrait des allocations, renforce considérablement l’incitation financière à rechercher et à accepter un emploi rémunéré, ainsi qu’à participer sérieusement à des programmes actifs. Ainsi, les bénéficiaires d’allocations chômage sont orientés vers les services de l’emploi.

Les allocations chômage sont essentielles pour mettre ne contacte chômeurs et programmes actifs du marché du travail, en orientant les premiers vers les services de l’emploi, qui assurent une aide à la recherche d’emploi ou des interventions visant à accroître l’employabilité. En l’absence d’allocations chômage (ou d’aide sociale), il est souvent difficile de se mettre en relation avec les personnes rencontrant de nombreux obstacles à l’emploi, qui risquent d’être laissées pour compte. De même, en l’absence de politiques actives du marché du travail efficaces, il existe un risque que les allocations chômage réduisent les incitations au travail et aggravent l’exclusion du marché du travail. Les politiques passives et actives doivent donc être conçues simultanément plutôt qu’isolément (OCDE, 2019[40]).

L’amélioration de l’accès des travailleurs occupant un emploi salarié atypique à l’assurance chômage est donc un bon moyen de promouvoir la sécurité et l’inclusion sur le marché du travail, à condition qu’elle s’accompagne de l’application rigoureuse d’un cadre d’« obligations mutuelles » afin de préserver les incitations au travail.

En tant qu’instruments clés de protection sociale, les allocations chômage jouent un rôle essentiel pour garantir une aide au revenu et des possibilités d’emploi durant toutes les phases du cycle économique. Ce rôle est plus encore prépondérant pendant et après un choc économique. En aidant les individus et les familles à faire face aux conséquences des chocs économiques, les allocations chômage permettent d’éviter que des problèmes économiques temporaires ne leur portent préjudice à long terme (OCDE, 2014[45]).

Les allocations chômage doivent être en mesure de s’adapter à l’évolution de la situation à la suite d’un choc économique. Dans les pays où l’accès aux allocations chômage et leur durée sont limités, il peut être justifié d’assouplir temporairement les critères en matière d’emploi et les autres critères, et de prolonger la durée maximale de versement de la prestation (par ex. au Canada et aux États-Unis). Dans un contexte de réduction des possibilités d’emploi, les politiques actives du marché du travail peuvent temporairement s’écarter de stratégies « d’emploi d’abord » (« work-first ») pour donner la priorité à la formation, en particulier pour les demandeurs d’emploi difficiles à placer (OCDE, 2019[40]).

En complément de l’analyse générale du chapitre 1 sur les défis posés par la crise du COVID-19, l’Encadré 2.6 examine les mesures mises en place par les pays qui ont révisé pendant la crise les composantes des allocations chômage afin de renforcer la protection des travailleurs atypiques contre le chômage.

Le présent chapitre propose un examen approfondi des principaux mécanismes d’action qui déterminent l’équilibre auquel parviennent les allocations chômage entre sécurité des revenus et incitations financières au travail pour les travailleurs aux parcours professionnels atypiques. Il présente de nouveaux éléments relatifs à l’ampleur et à l’évolution de l’emploi salarié instable et à temps partiel, et aux caractéristiques des travailleurs ayant de tels parcours. Il montre notamment que les travailleurs ayant exercé des emplois salariés atypiques représentent une part considérable de l’emploi salarié, et la majorité des chômeurs ; que leur part a augmenté parmi les salariés, notamment parmi les jeunes travailleurs ; et que leur taux de pauvreté est plusieurs fois supérieur à celui des travailleurs exerçant un emploi traditionnel.

Le chapitre répertorie et analyse également les dispositions juridiques en matière d’allocations chômage qui s’appliquent aux salariés atypiques, et la manière dont elles peuvent donner lieu à un traitement inégal des salariés traditionnels et atypiques. Les règles d’indemnisation du chômage peuvent entraîner des différences considérables entre les travailleurs ayant des parcours professionnels salariés typiques et atypiques, en termes de durée des droits aux allocations et de niveau des prestations, certains critères étant plus difficiles à remplir pour les personnes occupant un emploi instable ou à temps partiel.

Des simulations de droits en fonction de plusieurs parcours professionnels types ont été réalisées pour quatre pays de l’OCDE (Australie, France, Lettonie et Espagne) et montrent que les allocations chômage offrent différents niveaux de soutien en fonction du parcours professionnel. Ces différences sont observées même lorsque les travailleurs possèdent les mêmes caractéristiques personnelles, touchent le même salaire et ont été dans l’emploi et au chômage pendant le même nombre d’heures sur une période donnée. En d’autres termes, les systèmes ne sont pas neutres en termes de protection sociale et d’incitations. Les demandeurs d’emploi ayant un parcours professionnel instable (travaillant soit un mois sur deux, soit un semestre sur deux) ont droit au même nombre de mois et au même montant d’allocations chômage en Australie et en France, mais leurs droits sont bien moindres en Lettonie et en Espagne, où les critères de cotisation sont plus stricts. Dans l’ensemble des quatre pays, les travailleurs dont le parcours comprend des périodes combinant chômage et travail partiel ont droit à des allocations chômage moins élevées que les travailleurs ayant des parcours professionnels typiques.

Ce chapitre montre qu’il existe plusieurs outils pouvant être mis en œuvre pour concevoir des systèmes d’allocations chômage permettant d’atteindre le juste équilibre entre les objectifs parfois contradictoires de la sécurité des revenus et des incitations au travail pour les personnes ayant des antécédents d’emploi instables. Ainsi :

On pourrait recourir à des allongements personnalisés des périodes de référence pour les groupes plus prédisposés à l’instabilité de l’emploi, comme les jeunes travailleurs et les personnes titulaires d’un contrat temporaire.

Les mécanismes de franchise et les taux de dégressivité appliqués aux allocations des demandeurs d’emploi touchant des revenus provenant d’un emploi occasionnel ou à temps partiel peuvent être calibrés pour leur permettre d’utiliser cet emploi comme un tremplin vers un meilleur emploi.

Différentes mesures peuvent être utilisées pour réduire les incitations à suivre un parcours professionnel instable : délais de carence, durée minimale d’emploi requise relativement longue, réduction des prestations en cas de demandes d’indemnisation fréquentes et plafonnement du cumul des anciens et des nouveaux droits.

Des taux différenciés de cotisation à l’assurance chômage pourraient inciter, sur le plan financier, employeurs et salariés à opter pour des relations de travail plus stables et dissuader les ententes qui réduisent le salaire des travailleurs et maximisent les droits.

Enfin, l’intégration ou, tout au moins, une meilleure coordination des prestations liées à l’exercice d’un emploi et hors emploi peuvent renforcer les incitations au travail. Les mesures d’activation peuvent également renforcer les incitations à rechercher et à accepter un emploi stable.

Références

[4] Avlijas, S. (2019), « The Dynamism of the New Economy: Non-Standard Employment and Access to Social Security in EU-28 », SSRN Electronic Journal, https://doi.org/10.2139/ssrn.3354463.

[15] Baker, M., J. Gruber et K. Milligan (2015), Non-cognitive deficits and young adult outcomes: the long-run impacts of a universal child care program, National Bureau of Economic Research, http://www.nber.org/papers/w21571.

[16] Berlinski, S. et S. Galiani (2007), « The effect of a large expansion of pre-primary school facilities on preschool attendance and maternal employment », Labour Economics, vol. 14/3, pp. 665-680, https://doi.org/10.1016/j.labeco.2007.01.003.

[6] Boeri, T., P. Cahuc et A. Zylberberg (2015), The Costs of Flexibility-Enhancing Structural Reforms: A Literature Review, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5jrs558c5r5f-en.

[20] Booth, A. et J. van Ours (2013), « Part-time jobs: What women want? », Journal of Population Economics, vol. 26/1, pp. 263-283, https://doi.org/10.1007/s00148-012-0417-9.

[30] Bradshaw, J. et F. Bennett (2017), ESPN Thematic Report on Access to social protection of people working as self-employed or on non-standard contracts United Kingdom, https://ora.ox.ac.uk/objects/uuid:f6d86772-fba0-4088-858c-9e96a9b1fcbf.

[33] Bureau of Labor Statistics (2020), Glossary : U.S. Bureau of Labor Statistics, https://www.bls.gov/bls/glossary.htm#D (consulté le 23 avril 2020).

[24] Cahuc, P. (2018), Wage Insurance, Part-Time Unemployment Insurance and Short-Time Work in the XXI Century, IZA, http://ftp.iza.org/dp12045.pdf.

[25] Cahuc, P. et al. (2019), « Taxation of Temporary Jobs: Good Intentions with Bad Outcomes? », The Economic Journal, vol. 130/626, pp. 422-445, https://doi.org/10.1093/ej/uez062.

[43] Carcillo, S. et al. (2019), Assessing recent reforms and policy directions in France : Implementing the OECD Jobs Strategy, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/657a0b54-en.

[17] Carta, F. et L. Rizzica (2018), « Early kindergarten, maternal labor supply and children’s outcomes: Evidence from Italy », Journal of Public Economics, vol. 158, pp. 79-102, https://doi.org/10.1016/j.jpubeco.2017.12.012.

[29] Chetty, R., J. Friedman et E. Saez (2013), « Using differences in knowledge across neighborhoods to uncover the impacts of the EITC on earnings », American Economic Review, vol. 103/7, pp. 2683-2721, https://doi.org/10.1257/aer.103.7.2683.

[34] Division de statistique (2008), Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d’activité économique (CITI), Publication des Nations Unies.

[11] Eurostat (2018), Methodological Guidelines and Description of EU-SILC Target Variables (Version August 2017).

[32] Farber, H. (2017), « Employment, Hours, and Earnings Consequences of Job Loss: US Evidence from the Displaced Workers Survey », Journal of Labor Economics, vol. 35/S1, pp. S235-S272, https://doi.org/10.1086/692353.

[23] Fernández, R., H. Immervoll et D. Pacifico (à paraître), Beyond repair? Anatomy of income support for standard and non-standard workers in OECD countries, Éditions OCDE, Paris.

[9] Fontaine, F. et F. Malherbet (2016), CDD vs CDI : les effets d’un dualisme contractuel, Presses de Sciences Po, Paris.

[42] Hijzen, A. et A. Salvatori (2020), Designing fair and work-oriented unemployment benefits : The case of Belgium, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/ac17d171-en.

[44] Immervoll, H. et C. Knotz (2018), How demanding are activation requirements for jobseekers, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/2bdfecca-en.

[7] Kyyrä, T. (2010), « Partial unemployment insurance benefits and the transition rate to regular work », European Economic Review, vol. 54/7, pp. 911-930, https://doi.org/10.1016/j.euroecorev.2010.02.005.

[39] Kyyrä, T., J. Arranz et C. García-Serrano (2019), « Does subsidized part-time employment help unemployed workers to find full-time employment? », Labour Economics, vol. 56, pp. 68-83, https://doi.org/10.1016/j.labeco.2018.12.001.

[8] Le Barbanchon, T. (2016), Optimal Partial Unemployment Insurance: Evidence from Bunching in the U.S, https://www.semanticscholar.org/paper/Optimal-Partial-Unemployment-Insurance%3A-Evidence-in-Barbanchon/1ba1750d1779a5ff1c9b867c08413ac5efc393bc (consulté le 12 mai 2020).

[18] Manning, A. et B. Petrongolo (2008), « The Part‐Time Pay Penalty for Women in Britain », The Economic Journal, vol. 118/526, pp. F28-F51, https://doi.org/10.1111/j.1468-0297.2007.02115.x.

[19] Mas, A. et A. Pallais (2019), Alternative Work Arrangements, http://arks.princeton.edu/ark:/88435/dsp01bk128d78n (consulté le 7 avril 2020).

[28] Meyer, B. et D. Rosenbaum (2001), « Welfare, the Earned Income Tax Credit, and the Labor Supply of Single Mothers », The Quarterly Journal of Economics, vol. 116/3, pp. 1063-1114, https://doi.org/10.1162/00335530152466313.

[3] OCDE (2020), Emploi temporaire (indicateur), https://dx.doi.org/10.1787/e9c54afe-fr (consulté le 29 juillet 2020).

[46] OCDE (2020), Supporting people and companies to deal with the Covid-19 virus: Options for an immediate employment and social-policy response, Éditions OCDE, Paris, http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/supporting-people-and-companies-to-deal-with-the-covid-19-virus-options-for-an-immediate-employment-and-social-policy-response-d33dffe6/.

[2] OCDE (2020), Taux d’emploi à temps partiel (indicateur), https://dx.doi.org/10.1787/daef0ffa-fr (consulté le 29 juillet 2020).

[38] OCDE (2020), TaxBEN: The OECD tax-benefit simulation model - Methods and policy applications, OCDE, https://taxben.oecd.org/tax-ben-resources/OECD_TaxBEN_methodology.pdf.

[40] OCDE (2019), Des emplois de qualité pour tous dans un monde du travail en mutation : La stratégie de l’OCDE pour l’emploi, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/4e6a92fa-fr.

[35] OCDE (2019), Les impôts sur les salaires 2019, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/tax_wages-2019-fr.

[5] OCDE (2019), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2018, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/g2g9ed68-fr.

[1] OCDE (2019), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2019 : L’avenir du travail, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/b7e9e205-fr.

[13] OCDE (2018), Atteindre l’égalité femmes-hommes : Un combat difficile, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264203426-fr.

[22] OCDE (2015), Tous concernés : Pourquoi moins d’inégalité profite à tous, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264235519-fr.

[45] OCDE (2014), Panorama de la société 2014 : Les indicateurs sociaux de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/soc_glance-2014-fr.

[10] OCDE (2014), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2014, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2014-fr.

[12] OCDE (2013), Retrouver du travail : retour à l’emploi, salaire et utilisation des compétences suite à une perte d’emploi pour raison économique, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2013-8-fr.

[14] OCDE (2010), Le travail à temps partiel : une bonne option?, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2010-5-fr.

[21] OCDE (2010), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2010 : Sortir de la crise de l’emploi, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2010-fr.

[37] OCDE (2008), Prestations et salaires 2007 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/ben_wages-2007-fr.

[36] OCDE (2005), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2005, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2005-fr.

[41] OCDE (2004), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2004, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2004-fr.

[31] OCDE (2002), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2002, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/empl_outlook-2002-fr.

[26] Saez, E., M. Matsaganis et P. Tsakloglou (2012), « Earnings Determination and Taxes: Evidence From a Cohort-Based Payroll Tax Reform in Greece », The Quarterly Journal of Economics, vol. 127/1, pp. 493-533, https://doi.org/10.1093/qje/qjr052.

[27] Saez, E., B. Schoefer et D. Seim (2019), « Payroll taxes, firm behavior, and rent sharing: Evidence from a young workers’ tax cut in Sweden », American Economic Review, vol. 109/5, pp. 1717-1763, https://doi.org/10.1257/aer.20171937.

Notes

← 1. L’impact de l’évolution démographique sur la fréquence des emplois typiques et atypiques est principalement dû à un « effet d’âge » plutôt qu’à un « effet de cohorte ». Même chez les jeunes travailleurs, la fréquence de l’emploi typique augmente à mesure que la cohorte vieillit.

← 2. Le salaire mensuel moyen a été calculé en divisant le salaire annuel de l’année en cours par le nombre de mois de travail. Étant donné qu’il est peu probable que les personnes connaissant de nombreuses transitions aient changé de situation le premier ou le dernier jour civil de chaque mois, chaque mois de travail correspond vraisemblablement à un nombre d’heures de travail inférieur, par exemple, à celui d’un salarié traditionnel occupant le même emploi toute l’année. C’est particulièrement le cas pour ceux qui sont plus employables et donc moins susceptibles de passer la plus grande partie du mois sans travailler. Par conséquent, la fréquence des emplois instables parmi les personnes touchant un salaire inférieur à la médiane pourrait être en partie imputable à la sous-estimation de leurs salaires.

← 3. De précédentes données de l’OCDE donnent toutefois à penser que le nombre moyen d’heures travaillées par les salariés à temps partiel ne permet pas réellement d’expliquer les écarts observés entre les pays en termes de pauvreté (OCDE, 2010[21]).

← 4. De même, selon les résultats du Tableau 2.1, les travailleurs occupant un emploi instable perçoivent une rémunération inférieure, bien que ces résultats tiennent compte du nombre de mois et non du nombre d’heures travaillées.

← 5. Les demandeurs d’emploi qui n’ont pas droit aux allocations chômage du premier ou du deuxième pilier peuvent être couverts par des dispositifs de protection sociale, comme les prestations d’assistance sociale, sans condition d’emploi ni de disponibilité.

← 6. Certains pays prévoient des allocations chômage pour les demandeurs d’emploi qui n’ont pas droit aux allocations chômage du premier et du deuxième piliers. En Espagne, par exemple, le revenu d’intégration active (Renta Activa de Inserción) et l’allocation chômage extraordinaire (Subsidio extraordinario por desempleo) sont destinés aux chômeurs de longue durée qui n’ont plus accès aux prestations d’assurance et d’assistance chômage.

← 7. Tous les montants des allocations correspondent à une personne célibataire sans enfant et n’ayant droit à aucun supplément. Pour les autres situations familiales, consulter les notes annuelles par pays de l’OCDE sur les prélèvements et les prestations.

← 8. En 2020, l’assiette minimale des cotisations sociales était de 461 EUR par mois en Autriche.

← 9. En France, le montant de l’allocation n’est réduit que pour les demandeurs d’emploi qui touchaient un haut salaire (c’est-à-dire ceux qui gagnaient plus de 4 500 EUR par mois en moyenne avant de se retrouver au chômage).

← 10. En Lettonie, si le bénéficiaire occupe un travail pendant une durée maximale de deux mois, il peut suspendre son allocation sans perdre de droits.

← 11. Au Canada, les droits ne sont conservés que s’ils ont été suspendus du fait que le bénéficiaire a perçu des revenus élevés suite à une reprise partielle du travail. Aux Pays-Bas, les droits ne sont conservés que si le nouvel emploi garantit le même nombre d’heures de travail que l’emploi occupé avant la période de chômage, ou si les revenus du nouvel emploi représentent moins de 87.5 % des allocations chômage. Au Royaume-Uni, les droits sont conservés pendant 12 semaines.

← 12. Dans les Graphiques 2.9, 2.10 et 2.12 (AC_2), la première prestation, qui est également la plus faible, perçue au cours d’une période permet d’identifier les délais de carence. Les délais de carence modifient le moment auquel les allocations sont versées, mais pas la durée potentielle et le montant total potentiel de l’indemnisation, qui ne changent pas. Toutefois, par rapport aux cas où aucun délai de carence ne s’applique, la durée effective et le montant total effectif peuvent être inférieurs si le demandeur d’emploi trouve un emploi avant d’avoir épuisé ses droits.

← 13. Dans les Graphiques 2.11 et 2.12 (AC_1), les montants les plus faibles après quelques mois d’indemnisation permettent d’identifier les réductions imputables à la durée des périodes de versement.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE 2020

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : http://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.