Résumé

Le rapport Le financement des PME et des entrepreneurs 2022 : Tableau de bord de l’OCDE livre des informations sur les tendances et les politiques publiques en matière de financement des PME dans 48 pays sur la période comprise entre 2007 et le premier semestre de 2021. Il présente des indicateurs relatifs au financement par l’endettement, par apport de capitaux propres, par nantissement d’actifs, et aux conditions-cadres du financement des PME et de l’entrepreneuriat, complétés par des informations sur la demande, et sur les récentes initiatives publiques et privées en faveur du financement des PME. L’ensemble de ces indicateurs composent un cadre complet permettant aux décideurs et à d’autres parties prenantes d’évaluer les besoins de financement des PME. Le Tableau de bord constitue également un outil précieux à l’appui de la conception et de l’évaluation des interventions publiques, mais aussi de l’observation des retombées des réformes financières sur l’accès au financement et les conditions de financement des PME au fil du temps.

L’édition 2022 du Tableau de bord donne à voir une évolution inédite du financement des PME et de l’entrepreneuriat. La pandémie de COVID-19 a provoqué un choc économique majeur en 2020, qui s’est traduit par une contraction de 3.4 % du PIB mondial et une baisse des échanges de 8.5 % en termes réels (OCDE, 2021[1]). Les PME et les entrepreneurs ont subi de plein fouet les conséquences de cette crise. Sous l’effet conjugué de l’arrêt prolongé de leurs activités, d’une demande en berne et des perturbations des chaînes de valeur, les PME ont été soumises à des difficultés opérationnelles et financières considérables mettant en péril la survie de bon nombre d’entreprises et d’entrepreneurs par ailleurs viables (OCDE, 2021[2]). Si l’économie mondiale a regagné 5.6 % en 2021, la reprise demeure inégale et la perspective de nouvelles vagues de contamination et leurs lots de fermetures n’est pas à exclure (OCDE, 2021[1]). Les PME rencontrent en outre des difficultés supplémentaires liées à la crise en Ukraine. L’inflation, en particulier la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, la volatilité des marchés de capitaux ainsi que les perturbations des chaînes d’approvisionnement et des échanges ont tous des effets négatifs sur les activités et les résultats des PME, et mettent en péril la reprise. On ne mesure pas encore les effets à moyen et à long terme sur le financement des PME.

À mesure que la crise du COVID-19 prenait de l’ampleur, la mobilisation massive des pouvoirs publics a permis aux flux de financement de continuer d’irriguer l’économie, y compris les PME et les entrepreneurs à court de liquidités. Les conditions de crédit se sont assouplies sous l’effet d’importants plans de relance budgétaire et monétaire : en 2020, les taux d’intérêt affichaient des niveaux historiquement bas dans un grand nombre de pays, les écarts de taux se sont considérablement réduits dans la plupart des pays du Tableau de bord, et une baisse généralisée des exigences de garantie a été observée. Dans ce contexte, les nouveaux prêts ont augmenté dans la moitié environ des pays du Tableau de bord, une évolution soutenue par les dispositifs de garantie de crédit et une augmentation sensible des prêts directs émanant d’institutions publiques. Même dans les économies où la croissance des nouveaux prêts était moindre, voire négative, des mesures complémentaires telles que les reports de paiements et les moratoires sur le remboursement des dettes ont permis d’alléger les difficultés de trésorerie des PME. La conjonction de ces diverses mesures explique également que l’encours des prêts aux PME ait connu la croissance la plus forte jamais enregistrée dans l’histoire du Tableau de bord (4.9 % en 2020 contre une croissance annuelle moyenne de 1.2 % les cinq années précédentes).

Dans la plupart des pays, la majorité des mesures de soutien étaient diversifiées et accessibles à toutes les PME. Elles ont permis au plus grand nombre d’entreprises de continuer à exercer leurs activités, d’où une baisse du nombre de faillites dans la majorité des pays du Tableau de bord en 2020, le taux médian de faillites étant en recul de 11.7 %. Il n’en demeure pas moins que certains pays, en particulier au sein de l’Union européenne, se sont efforcés d’axer les prêts et les mesures de soutien sur les PME qui n’étaient pas en difficulté financière avant la crise, ce qui semble avoir limité les effets de distorsion dans les pays concernés.

Les sources alternatives de financement, auxquelles les PME avaient de plus en plus recours avant la crise, ont perdu du terrain en 2020. Le crédit-bail, la location-vente et l’affacturage ont ainsi connu une baisse sans précédent. Si le recul du crédit-bail constitue un renversement de tendance par rapport à l’évolution positive d’avant la crise, la baisse de l’affacturage confirme le ralentissement de cette activité observé avant 2020.

Les données sur le financement par apport de capitaux propres donnent à voir une assez bonne résilience du secteur du capital-risque malgré la pandémie. La moitié des pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur ont connu une croissance positive en 2020, notamment ceux affichant déjà une part de marché conséquente, et cette tendance s’est poursuivie en 2021.

Dans la plupart des pays, les activités de financement alternatif en ligne ont confirmé leur croissance rapide en partie favorisée par les nouvelles opportunités offertes par la crise.

On trouvera dans le chapitre 2 de ce rapport une évaluation des mesures de soutien au financement des PME prévues dans les plans de relance nationaux et visant à accélérer la croissance et à favoriser la transformation structurelle au sortir de la crise. Des comparaisons sont établies avec les mesures d’urgence mises en place pour limiter les répercussions économiques et sociales de la pandémie de COVID-19. Il ressort de cette analyse que les plans de relance font peu de place aux PME, les politiques publiques les concernant représentant à peine 4.1 % de l’ensemble des mesures, et le financement ciblé sur les PME à peine 2.2 % de l’enveloppe globale (contre respectivement 17 % et 25.5 % dans les plans d’urgence).

On notera tout particulièrement la baisse du soutien à la trésorerie pendant la phase de relance. Les mesures visant à remédier aux problèmes de trésorerie au moyen de prêts, de subventions et de reports de paiement pèsent moins lourd dans les plans de relance (4.5 % du volume total de financement) que dans les mesures d’urgence (43.2 %) et sont de plus en plus ciblées sur les entreprises viables et les entreprises n’ayant pas eu accès aux aides, ayant à leur tête des personnes issues des catégories de population vulnérables. Les plans de relance ont par ailleurs davantage centré leur action sur les jeunes entreprises, les mesures les concernant représentant près d’un quart de l’ensemble des mesures relatives aux PME (contre 2 % dans les plans d’urgence).

S’agissant des objectifs stratégiques, les plans de relance ont mis l’accent sur l’innovation, la transformation numérique et le verdissement, l’innovation se taillant la part du lion en nombre de mesures relatives aux PME, et la transformation numérique en volume de soutien financier. Parallèlement, les politiques clairement axées sur les PME et relatives au verdissement et à la durabilité ne représentent que 2.44 % de l’aide financière dans ce domaine selon l’analyse des résultats de l’outil de suivi des politiques, même si les chiffres sont plus élevés pour l’Europe (environ 5 %). Ce chiffre montre qu’il faut prendre des mesures supplémentaires pour faire en sorte que les PME soient en mesure de financer les actions nécessaires pour réduire leur empreinte carbone et contribuer à la réalisation des objectifs de durabilité. En offrant un espace de mise en commun des connaissances et de dialogue sur l’action à mener en matière de financement durable pour les PME, la nouvelle plateforme de l’OCDE sur le financement des PME à l’appui de la durabilité servira ces objectifs.

Les plans de relance restant axés sur les modes de financement traditionnels, il est peu probable qu’ils donnent le coup de pouce nécessaire pour développer le recours aux sources alternatives de financement des PME. À terme, les pouvoirs publics pourront souhaiter envisager d’autres dispositifs pour favoriser la diversification des sources de financement des PME, en application des Principes de haut niveau du G20 et de l’OCDE sur le financement des PME. Les technologies financières (fintech) sont particulièrement prometteuses pour aider les PME à prospérer pendant la phase de relance post-pandémie, qui, selon toutes probabilités, se caractérisera par un niveau d’endettement résolument élevé des PME et par des difficultés sur le plan de l’évaluation des risques pour certaines entreprises et certains secteurs.

Il pourrait également être nécessaire de prendre des mesures supplémentaires face à la question de l’insolvabilité des PME, à laquelle les plans de relance n’apportent que des réponses bien modestes sous forme de solutions de restructuration de la dette ou d’actions visant à renforcer les capacités des systèmes de gestion de l’insolvabilité.

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