1. La fragilité dans un contexte de crises

Trois chocs systémiques – la pandémie de COVID-19, le changement climatique et la guerre délibérée, illégale et injustifiée engagée par la Russie en Ukraine – interviennent de façon prédominante dans la fragilité actuelle des États. Les crises qui en résultent frappent le monde entier et ont également des conséquences sur les perspectives collectives de prospérité et de paix, en particulier dans les 60 contextes fragiles retenus pour l’édition 2022 du Cadre multidimensionnel de l'OCDE sur la fragilité. Ces contextes fragiles représentent 24 % de la population mondiale (soit 1.9 milliard de personnes) mais 73 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté à l’échelle planétaire en 2022. Selon les calculs effectués pour le présent rapport, ce deuxième pourcentage pourrait s'élever à 86 % en 2030 (Gerszon Mahler et al., 2021[1] ; ONU DAES, 2019[2]). Les effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie continuent de se faire sentir (Encadré 1.1). Toutefois, à l'instar d'autres crises d’ampleur planétaire, ce conflit devrait avoir des répercussions particulièrement lourdes pour les contextes fragiles.

Dans la publication États de fragilité 2020, sur laquelle planait le spectre de la pandémie de COVID-19, l’OCDE avertissait que les contextes fragiles se trouvaient à la croisée des chemins en ce qui concerne la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Avec l'aide de leurs partenaires au développement, ces contextes pouvaient sortir de la crise du COVID-19 en repartant sur de meilleures bases et être au cœur d'un nouveau programme visant à s’acheminer vers un avenir durable et pacifique. En revanche, ils pouvaient aussi prendre encore plus de retard dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), en particulier si les ressources mobilisées par la communauté internationale s’avèrent insuffisantes. La croisée des chemins s’est transformée depuis en une période de crises, la possibilité d'une reprise équitable et inclusive devenant plus incertaine dans un paysage marqué par des changements radicaux. La pandémie, qui s’est prolongée du fait de l’apparition de plusieurs variants et de plusieurs vagues de contaminations, n’a été que l'un des nombreux défis concomitants auxquels ont été confrontés les contextes fragiles. À la fin juin 2022, seule une personne sur trois avait reçu une dose de vaccin anti-COVID-19 dans les contextes fragiles, contre trois sur quatre dans les pays de l’OCDE (Ritchie et al., 2022[3]). La pandémie a également provoqué un renversement de tendance sans précédent dans la réduction de la pauvreté, auquel s’ajoutent une inflation galopante et les conséquences de la guerre en Ukraine : d'après les prévisions, 33 millions de personnes supplémentaires seront en situation d’extrême pauvreté dans les contextes fragiles, soit 1.8 % de plus que prévu initialement1 (Gerszon Mahler et al., 2022[4]). Cette hausse est deux fois et demi supérieure à celle estimée dans le reste du monde.

Depuis sa création en 2015, chaque édition de la série États de fragilité s'articule autour d'un thème. Celui de cette année – la fragilité dans un contexte de crises – fait référence à la fois à l’état alarmant de la fragilité dans le contexte des crises actuelles, et également aux effets de ces dernières sur la façon dont la communauté internationale appréhende et analyse le concept de fragilité. Alors qu’ils doivent faire face à des défis d'une fréquence, d'une gravité et d'une ampleur croissantes, les partenaires au développement doivent résoudre une question centrale, à savoir comment établir des priorités lorsque tout est prioritaire. La réponse avancée dans ce rapport est que le remède à la fragilité passe par une approche multidimensionnelle. Cette approche est élaborée 1) en étudiant les caractéristiques clés de la fragilité en 2022 et les grandes tendances dans les contextes fragiles ; 2) en évaluant les moyens de financement disponibles pour remédier à la fragilité ainsi que les dispositifs et programmes mis en place par les apporteurs de coopération pour le développement dans les contextes fragiles ; 3) en exposant les options et les aspirations permettant de réagir efficacement aux crises et aux situations de fragilité.

Le message fondamental de chaque édition du rapport États de fragilité  est que la fragilité est un phénomène mondial qui revêt plusieurs dimensions et qui est perçu à des degrés divers dans les différents contextes. Ce sentiment très répandu de fragilité n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd'hui, dans un contexte de grande incertitude et de crises multiples. Entre 2020 et 2021, la fragilité s’est globalement accrue au niveau mondial – après une tendance à la baisse entre 2019 et 2020 – et a atteint des niveaux records dans les contextes extrêmement fragiles2 (Graphique 1.1). Le Cadre multidimensionnel de l’OCDE sur la fragilité est un outil permettant aux responsables de l’action publique et aux acteurs de terrain d’analyser avec précision les dimensions multiples, la complexité et l’universalité de la fragilité (Encadré 1.2). Cette année, un nombre record de contextes fragiles a été recensé, à savoir 60 sur les 176 contextes analysés. Depuis la précédente édition, la fragilité s’est systématiquement accrue pour toutes les dimensions, à des degrés divers. Les contextes fragiles présentent en outre des différences en termes de niveau de revenu, de région et de type de gouvernance, ce qui montre bien combien il est vain de vouloir utiliser une méthode standard pour s'attaquer aux causes profondes et aux facteurs de la fragilité multidimensionnelle. Cette section expose en détail les résultats de l’analyse.

Les résultats de l’analyse conduite pour le présent rapport (Graphique 1.1) confirment les premières estimations de l'impact de la pandémie de COVID-19 qui figuraient dans le rapport États de fragilité 2020 et avaient été élaborées à partir des données disponibles à l’époque. Ces résultats constituent par ailleurs un avertissement concernant les effets prévisibles de la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine, et appellent à un effort redoublé de la part de la communauté internationale et des contextes fragiles eux-mêmes pour s'attaquer efficacement aux causes profondes de la fragilité, en particulier dans les contextes extrêmement fragiles qui sont les plus en retard dans la mise en œuvre du développement durable et de la paix.

La fragilité croissante résulte en grande partie de ce que ce rapport surnomme les « 3 C », à savoir : le COVID-19, le conflit en cours (l’agression de grande ampleur commise par la Russie contre l’Ukraine) et le changement climatique. Ces chocs continueront d’être ressentis plus violemment dans les contextes fragiles, où ils s’ajoutent à des risques et des chocs devenant plus importants, plus fréquents et plus complexes. Selon le dernier Aperçu de la situation humanitaire mondiale des Nations Unies (ONU OCHA, 2022[13]), un nombre record de 274 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire et de protection en 2022, et un pourcentage ahurissant de 95 % d’entre elles – soit 260.2 millions – vivent dans des contextes fragiles. L'ampleur du défi se reflète dans le plan d'aide humanitaire pour l’Afghanistan lancé par l’ONU en 2022, dont le montant – 4.4 milliards USD – représente un niveau jamais atteint jusqu’ici pour un seul pays (ONU, 2022[14]). D'autres mesures mettent en évidence un état de fragilité tout aussi préoccupant. La Corne de l’Afrique – où se trouvent quatre contextes fragiles dont la Somalie, le plus fragile de tous les contextes examinés dans le présent rapport – connaît sa pire sécheresse depuis plus de quarante ans (ONU OCHA, 2022[15]). Au Yémen, qui est également l'un des contextes les plus fragiles, 19 millions de personnes (soit 63 % de la population) devraient se trouver en situation d’insécurité alimentaire d'ici décembre 2022 (Programme alimentaire mondial, 2022[16]). L'impact que devrait avoir l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur la disponibilité des produits alimentaires pourrait aggraver l’insécurité alimentaire du Yémen, où le revenu réel devrait baisser en moyenne de 3.1 % du fait de la hausse du prix du blé et du maïs, contre 1.6 % au niveau mondial (Gouvernement du Yémen/UNICEF, 2022[17] ; Artuc et al., 2022[18]).

Parallèlement, la paix a reculé sur l’ensemble de la planète et se trouve à son plus bas niveau depuis 15 ans (Institute for Economics and Peace, 2022[19]), tandis que les décès liés à la violence organisée ont augmenté entre 2020 et 2021 du fait des conflits en Afghanistan, en Éthiopie et au Yémen, qui sont tous inclus dans le Cadre de l’OCDE sur la fragilité. Cette hausse des décès contraste avec la tendance à la baisse observée entre 2014 et 2019. Dans les contextes fragiles, le nombre de décès associés à des conflits armés s’est accru de 104 % entre 2020 et 2021 (Graphique 1.2) (Davies, Pettersson et Öberg, 2022[20]). Les actes de violence politique à l’encontre des femmes sont également en augmentation et ont atteint un niveau record en 2020 en Afrique de l’Ouest, une sous-région où se trouvent 13 contextes fragiles (Kishi, 2022[21]).

Les contextes fragiles enregistrent des niveaux de risques relativement plus élevés dans les six dimensions de la fragilité et ne disposent pas de capacités suffisantes pour y faire face, contrairement aux contextes du reste du monde (Graphique 1.3). Entre 2019 et 2021 – qui correspond à la période s'écoulant entre le rapport États de fragilité 2020 et la présente édition –, la fragilité s’est accrue systématiquement dans toutes les dimensions en moyenne, à la fois pour les 15 contextes extrêmement fragiles et les 45 fragiles (Graphique 1.4). Le degré de variation relativement faible de certaines dimensions – principalement la dimension humaine – s'explique en partie par la disponibilité des données. Les résultats montrent toutefois globalement que les crises de ces deux dernières années ont eu des effets sur plusieurs dimensions de la fragilité, et que ces effets ont été particulièrement marqués sur la dimension économique.

Après une vue d’ensemble de la fragilité, la présente sous-section recense et examine l’évolution du degré de fragilité au niveau des contextes, ainsi que les mouvements d’entrée ou de sortie du Cadre depuis l'édition 2020. Pour la première fois depuis le lancement de la série « États de fragilité », aucun contexte n’est sorti du Cadre. Trois contextes – Bénin, Timor-Leste et Turkménistan – y ont fait leur entrée, tandis que la Guinée équatoriale et l’Érythrée sont devenus extrêmement fragiles. L’Encadré 1.3 récapitule les résultats de l'analyse du Cadre – examinés plus en détail dans Desai et Yabe (2022[23]) – et présente les raisons des mouvements précités.

Si la fragilité s’est accrue en moyenne dans les 15 contextes extrêmement fragiles entre 2019 et 2021, les évolutions enregistrées au niveau des dimensions de chacun de ces contextes présentent des différences substantielles (Graphique 1.5). À titre d’exemple, c’est dans les dimensions politique et sociétale que la fragilité a sensiblement augmenté en Afghanistan au cours de cette période, mais dans la dimension économique qu’elle s’est fortement aggravée au Soudan du Sud et en Iraq. Dans le même temps, Haïti a vu sa fragilité environnementale se dégrader. Parallèlement, le Soudan du Sud a enregistré un recul notable de sa fragilité politique, tandis que la République du Congo a vu sa fragilité environnementale diminuer. En plus de révéler des tendances importantes qui se dégagent en leur sein, l’analyse des contextes montre la capacité du Cadre à donner une image nuancée et détaillée de la fragilité, de manière à proposer des actions différenciées. La plateforme « States of Fragility » de l’OCDE, qui présente des données et des graphiques, s'appuie sur ces résultats pour offrir un niveau de détail accru pouvant permettre de proposer des axes d’intervention particuliers dans ces contextes fragiles.

Le Cadre multidimensionnel de l’OCDE sur la fragilité, représenté sur l’Infographie 1.1, offre un aperçu unique de la diversité des caractéristiques que présentent les 60 contextes fragiles dans toutes les dimensions de la fragilité. Les dégradés de couleurs utilisés pour les dimensions représentent les différents degrés de fragilité que connaît chaque contexte dans telle et telle dimension. En mettant en évidence cette diversité, le Cadre permet de concilier la complexité de la fragilité avec la simplicité requise pour proposer des actions efficaces et différenciées dans les contextes fragiles. De telles actions supposent une remise en question des postulats bien établis concernant la nature de la fragilité et son rôle dans les perspectives de prospérité et de paix pour l’avenir. L'un de ces postulats est que les contextes fragiles sont tous identiques. Un autre est qu’ils sont synonymes de sous-développement ou de situation de conflit, ce qui équivaut à confondre les symptômes de la fragilité avec ses causes profondes. La série des rapports « États de fragilité » n’a cessé de récuser ces généralisations en mettant en exergue le caractère multidimensionnel et la complexité de la fragilité, qui sont deux de ses grandes caractéristiques. Une troisième est l’interdépendance, la fragilité se manifestant à différents niveaux géographiques et évoluant avec le temps.

Les constats issus du Cadre de l’OCDE sur la fragilité remettent en cause les théories largement répandues sur les endroits où se concentre la fragilité, les publics concernés et la façon dont elle se manifeste. Les contextes fragiles présentent une grande diversité sur le plan de la géographie, des revenus, de la situation politique ainsi que de la présence de conflits (et leur intensité). Bien que 36 des 48 contextes situés en Afrique subsaharienne figurent dans le Cadre de l’OCDE, la fragilité ne frappe pas uniquement le sous-continent africain (Desai et Yabe, 2022[23]). Des exemples clairs sont l’Afghanistan et le Myanmar : entre 2019 et 2021, ces deux contextes fragiles ont enregistré la plus forte aggravation de la fragilité politique dans le monde. De même, dans la mesure où la fragilité et le développement économique sont étroitement liés, on dénombre aujourd'hui plus de contextes fragiles à revenu intermédiaire (33) qu’à faible revenu (26).3 La diversité des contextes fragiles se constate également au niveau du régime politique : 38 des 60 contextes fragiles sont considérés comme des régimes autoritaires, 3 des démocraties imparfaites et 16 des régimes hybrides. Près de la moitié de la population totale des contextes fragiles – soit 900 millions de personnes – vit aujourd'hui dans un régime autoritaire (Economist Intelligence Unit, 2021[26] ; ONU DAES, 2019[2]).4 Un autre exemple des fausses idées reçues qui existent concernant les contextes fragiles est que 51 des 60 contextes fragiles n’étaient pas en guerre en 2021. En vérité, de 2010 à 2020, 23 contextes fragiles ne se trouvaient pas dans une situation quelconque de conflit violent, d'après le Programme de données sur les conflits d’Uppsala (Davies, Pettersson et Öberg, 2022[20] ; Sundberg et Melander, 2013[22]). Ces tendances illustrent la nécessité, pour les partenaires au développement, d’aborder la fragilité sous un angle multidimensionnel adapté à chaque contexte. Le présent rapport examine d'autres tendances de la fragilité et ce qu’elles impliquent au regard des réponses à apporter et du rôle de la coopération pour le développement.

Les chocs de la pandémie de COVID-19, du changement climatique et du conflit en cours (l’agression de grande ampleur commise par la Russie contre l’Ukraine) sont autant de pressions qui pèsent sur les capacités d’adaptation des contextes fragiles. S'ajoutant aux fragilités et aux crises existantes, ces chocs sapent également les progrès réalisés par ces contextes en matière de développement durable et de paix. La présente section examine les cinq grandes tendances observées dans les contextes fragiles qui nuisent à leurs perspectives de prospérité. Bien que ces tendances ne soient en aucun cas les seules pressions qui s’exercent sur les contextes fragiles, elles montrent comment le caractère multidimensionnel de la fragilité a une incidence sur les communautés, les États et les systèmes, et constituent un obstacle aux progrès des 60 contextes fragiles figurant dans le Cadre de l’OCDE dans le domaine du développement durable et de la paix. Elles mettent aussi en évidence le lien entre la fragilité et les défis mondiaux ayant des effets sur les populations, la planète, la prospérité et la paix.

Parmi ces défis, le Secrétaire général des Nations Unies et d'autres responsables ont lancé des appels à l'action pour remettre en état un système multilatéral fragmenté, en particulier dans le contexte de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. « Our Common Agenda », le récent rapport du Secrétaire général, prend notamment pour engagements de ne laisser personne à la traîne, ou encore de faire en sorte que le monde soit préparé aux crises futures (ONU, 2022[27]). Il fournit un important cadre de référence utilisé dans cette section pour examiner les tendances qui requièrent la mise en œuvre d’une approche concertée, cohérente et multidimensionnelle de la part de la communauté internationale dans les contextes fragiles. Pour faire face à ces tendances et à leurs effets disproportionnés sur les contextes fragiles, il est important que les partenaires au développement abandonnent les interventions cloisonnées et sectorielles (Chapitre 2) pour se tourner vers des approches globales (Chapitre 3).

Les ODD représentent le cadre permettant l’harmonisation du développement durable (Ingram et Pipa, 2022[28]). Leur réalisation est une priorité fondamentale des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE et de leurs partenaires dans les contextes fragiles. En juillet 2022, 56 des 60 contextes fragiles ont présenté un examen national volontaire lors du forum politique de haut niveau des Nations Unies ; ils étaient respectivement 11 et 6 à l’avoir fait pour la première fois en 2021 et en 2022. La pandémie de COVID-19 a fourni une opportunité d'utiliser les ODD comme une feuille de route commune pour s'acheminer vers la reprise (OCDE, 2022[29]).

Malgré l’engagement pris dans le cadre des examens nationaux volontaires, la réalisation des ODD ne progresse pas, voire recule, dans plus de la moitié des contextes fragiles pour 11 des 15 objectifs5 (Sachs et al., 2022[30]). De plus, il existe encore un manque persistant de données et d'éléments d’observation pour suivre les progrès de la réalisation des ODD (Encadré 1.4). Ces insuffisances soulèvent des interrogations quant à la possibilité d’effectuer un suivi précis et exhaustif des objectifs. En dépit de cela, le présent rapport fournit une première analyse à partir des sources existantes (Sachs et al., 2022[30]). Aucun contexte fragile n’est en voie d'atteindre les ODD relatifs à la faim, la bonne santé et l’égalité des genres, tous ces aspects subissant avec force les effets de la pandémie de COVID-19, de la crise climatique et de la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine. À l’inverse, plus de 85 % des contextes fragiles pour lesquels des données sont disponibles sont bien placés pour atteindre les ODD 12 (consommation et production responsables) et 13 (action climatique). Cela s’explique vraisemblablement par leurs faibles niveaux de croissance économique et de consommation, ainsi que par le volume réduit de leurs émissions polluantes. Dans le reste du monde, les progrès s’accélèrent et 13 des 17 ODD sont en voie d’être réalisés, ce qui montre une fois de plus que les contextes fragiles sont bien laissés de côté dans le paysage international d'aujourd'hui. Cela est particulièrement vrai pour les contextes extrêmement fragiles : ces 15 contextes n’atteindront probablement que quatre des objectifs (Sachs et al., 2022[30]), mais aucun n’est susceptible de parvenir à l’ODD 1 (pas de pauvreté). Le Graphique 1.6 représente les progrès variables accomplis par les trois catégories de contextes dans la réalisation des ODD.

Les sous-sections qui suivent présentent les tendances ayant une incidence sur la réalisation par les contextes fragiles de certains ODD et certaines cibles. Les tendances qui ont été sélectionnées mettent en évidence le lien d’interdépendance entre les différentes dimensions de la fragilité ainsi que la transversalité du Programme 2030. Les quatre tendances examinées concernent les conflits et la violence, les inégalités, l’insécurité alimentaire et les déplacements forcés.

L'analyse montre qu’il existe un lien bidirectionnel entre la fragilité et les conflits (Infographie 1.2). La perception qu’ont les populations des contextes fragiles de la sécurité ou de l'insécurité dans laquelle elles se trouvent est un autre aspect qui complète l’image nuancée de la situation. Comme le montre le Graphique 1.8, une majorité de personnes interrogées en Afghanistan, dans la République bolivarienne du Venezuela (Venezuela) et en Zambie, par exemple, ont indiqué qu’elles se sentaient moins en sécurité en 2019 qu’en 2014 (Lloyd’s Register Foundation, 2019[35]), une perception qui reflète l'évolution des dimensions politique, sociétale et de sécurité de la fragilité dans les trois contextes. À l’inverse, la plupart des habitants du Cambodge, de la République démocratique populaire lao et du Tadjikistan ayant répondu à l’enquête mondiale sur les risques (World Risk Poll) en 2019 ont indiqué se sentir plus en sécurité que cinq ans plus tôt, ce qui confirme que la fragilité et la perception d’insécurité sont certes liées mais pas synonymes.

Quatre autres phénomènes mettent en évidence le lien entre la violence et la fragilité : l’augmentation de la violence non étatique et de celle commise par l’État à l’encontre de ses citoyens ; la fréquence accrue des mouvements de protestation ; la forte progression du nombre de coups d’État en 2021 ; l’ampleur et la gravité des violences commises à l’égard des femmes et des filles dans les contextes fragiles.

Les épisodes de violence non étatique ont augmenté de 48 % entre 2011 et 2021, avec un niveau record en 2017. Les décès causés par ce type de violence se sont accrus chaque année de 2018 à 2021, où ils ont atteint le niveau le plus élevé depuis 2015. Parallèlement, les épisodes de répression et de ciblage des citoyens par les autorités ont atteint un niveau exceptionnellement élevé pendant la période 2020-2021 (Davies, Pettersson et Öberg, 2022[36] ; Sundberg et Melander, 2013[22]). Cette évolution de la violence est en corrélation avec l’intensification de la fragilité économique, politique et sociétale au fil du temps (Desai et Yabe, 2022[23]). S'agissant en particulier de la fragilité politique, la progression ces dernières années des régimes autocratiques – notamment la légère hausse, de 25 à 30, du nombre d'autocraties fermées entre 2020 et 2021 – s’est accompagnée d'une augmentation de la répression et de la violence étatiques (ACLED, 2022[44] ; Boese et al., 2022[45]).

Si les mouvements de protestation des citoyens dans les contextes fragiles sont le reflet de l’engagement politique des intéressés, ils témoignent aussi du caractère multidimensionnel de la fragilité. L’augmentation de la violence politique est le signe d'un affaiblissement du contrat social entre l’État et les citoyens, ainsi que d'une insatisfaction croissante au sujet des arrangements qui, conclus entre les membres de l’élite, bénéficient à quelques privilégiés au détriment de la majorité (Cloutier et al., 2022[46]). La pandémie de COVID-19 a aggravé les difficultés socioéconomiques qui avaient contribué aux mouvements de protestation apparus entre 2019 et 2022 ; elle a également, du fait des restrictions de déplacement visant à stopper la propagation du virus, eu des conséquences sur le calendrier et la fréquence des manifestations (Graphique 1.9) (ACLED, 2022[44]). La hausse du prix des produits alimentaires résultant de la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine pourrait aussi provoquer des troubles civils, comme l’a averti le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce en mars 2022 (Elliott, 2022[47]). D'autre part, la multiplication récente des coups d’État peut être interprétée comme l’expression d'un mécontentement lié à l’intensification des causes profondes de la fragilité multidimensionnelle, en particulier dans les dimensions politique, sociétale et de sécurité (Encadré 1.5).

Au-delà des préjudices physiques et psychologiques qu’elles entraînent, les violences sexuelles et sexistes privent les femmes et les filles de la possibilité d'améliorer leur existence ainsi que de participer à l’économie et à la société au sens large. Ces violences ont, par conséquent, une incidence sur les actions engagées pour réduire les inégalités générales entre les femmes et les hommes dans les contextes fragiles, d'autant que, comment le montrent Loudon, Goemans et Koester (2021[55]), il existe un lien inextricable entre les inégalités et la fragilité (Infographie 1.3).

Les normes et les attitudes discriminatoires à l’égard de la violence sont une cause profonde des violences sexuelles et sexistes, ce qui explique en partie leur importance en tant qu’indicateur de la dimension de sécurité de la fragilité (Organisation mondiale de la Santé, 2021[56]). Dans les contextes fragiles, 32 % des femmes âgées de 15 ans à 49 ans ayant vécu en couple indiquent avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire au cours de leur vie, contre 26 % à l’échelle mondiale ; par ailleurs, tous les contextes dans lesquels plus de 50 % des filles sont déjà mariées à l’âge de 18 ans sont fragiles (Stasieluk, 2022[57]). Ces normes et ces attitudes, de même que d'autres facteurs comme les restrictions de déplacement et leurs conséquences générales sur le plan socioéconomique, expliquent en partie l’augmentation des violences sexuelles et sexistes pendant la pandémie de COVID-19, en particulier dans les contextes fragiles et touchés par des conflits (Vahedi, Anania et Kelly, 2021[58]). Selon une étude de l’OCDE (2019[59]), les normes relatives à la masculinité sont une autre explication de poids aux violences sexuelles et sexistes, de même que les inégalités entre les genres qui prévalent globalement au sein de la société.

Les inégalités entre les genres restent très prononcées à l’échelle mondiale, et les efforts pour les réduire progressent particulièrement lentement dans les contextes fragiles (Chancel et al., 2022[60]). Neuf des dix pays dans lesquels ces inégalités sont les plus fortes figurent dans le Cadre sur la fragilité (Forum économique mondial, 2021[61]). Les femmes et les filles sont victimes de nombreuses formes différentes d'inégalités dans la fourniture des services de base (tels que la santé, l’éducation et la justice), en particulier dans les contextes fragiles (Stasieluk, 2022[57]). Ainsi, malgré la progression de l’accès des filles à l’éducation dans le monde entier, celles vivant dans des contextes fragiles quittent l’école plus souvent et plus tôt que les garçons. Cette dynamique se vérifie tout particulièrement dans les contextes extrêmement fragiles que sont l’Afghanistan, la République centrafricaine et le Yémen, où les gains relatifs enregistrés par les filles au regard de l’éducation (par rapport aux garçons) est le plus faible parmi les 126 pays examinés (Evans, Akmal et Jakiela, 2021, p. 5[62]). Ce constat amène à des préoccupations plus générales concernant les systèmes éducatifs, qui s’efforcent de faire face à la croissance démographique rapide, aux conflits, aux chocs climatiques et à l’absence de services de base – autant de contraintes rendues encore plus difficiles à gérer par des lacunes critiques en ce qui concerne le soutien politique ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques (Hickey, Hossain et Jackman, 2019[63]).

L'absence de progrès en matière de réduction des inégalités entre les genres est en contradiction avec la hausse importante et continue du volume de l’APD des membres du CAD dont l'objectif principal ou significatif est l'égalité des genres et l’autonomisation des femmes. Cette APD s'élevait à 22.1 milliards USD en 2020, soit 47 % du total des engagements d’APD des membres du CAD à l’égard des contextes fragiles. Il s'agit du pourcentage le plus élevé depuis 2009, même si 5 % seulement de ce montant sont alloués à l'égalité des genres et l’autonomisation des femmes en tant qu’objectif principal.

Malgré la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes, des évolutions positives sont à mettre en avant. À titre d’exemple, les mutilations génitales des femmes ne cessent de reculer depuis les 30 dernières années, même si la quasi-totalité des contextes où son taux d'incidence est supérieur à 1 % figurent dans le Cadre sur la fragilité (UNICEF, 2022[64]). Le taux d’incidence des mariages précoces est lui aussi en légère baisse à l’échelle mondiale. Ces évolutions sont menacées par les conflits, le changement climatique et d'autres crises encore (UNICEF, 2022[65]). En Éthiopie, par exemple, où l’âge médian pour se marier est passé de 16 ans en 1985 à 19 ans en 2010, les mariages précoces ont bondi de 119 % entre janvier-avril 2021 et la même période de 2022 dans toutes les régions les plus durement frappées par la sécheresse. Cette hausse, en Éthiopie et plus généralement dans la Corne de l’Afrique, s’explique par le besoin accru de dots de la part des familles vivant dans des communautés touchées par la sécheresse, afin de pouvoir assurer leur subsistance.

L’intensification et la diversification des facteurs créent des inégalités au sein des contextes fragiles et entre eux, ainsi qu’entre ces contextes et le reste du monde. Cette sous-section examine trois des facteurs d'aggravation de ces risques : la pandémie de COVID-19, le passage au numérique et l’accès à la justice.

L'impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 a entraîné en 2020, pour la première fois depuis que le concept a fait son apparition en 1990, un recul du développement humain à l'échelle mondiale (PNUD, 2020[70]). Il a également stoppé et inversé la tendance à la baisse du nombre de personnes en situation d’extrême pauvreté (Kharas et Dooley, 2021[71]) ; une hausse des inégalités entre les pays a en outre été observée (Adarov, 2022[72]). D'après les estimations, au début de l’année 2022, les contextes fragiles abritaient presque un quart de la population mondiale (24 %) (Graphique 1.11) mais aussi près des trois quarts (73 %) des personnes vivant dans l’extrême pauvreté (Graphique 1.12). En 2030, 86 % de la population mondiale en situation d’extrême pauvreté vivront vraisemblablement dans des contextes fragiles (Gerszon Mahler et al., 2021[1]). Par ailleurs, la répartition géographique des populations vivant dans un dénuement extrême devrait se déplacer vers les contextes extrêmement fragiles, qui en abriteront un tiers d’ici 2030 (Graphique 1.12). Une telle concentration de la pauvreté extrême expose les habitants des contextes fragiles à tout un éventail de risques supplémentaires qui ont une incidence sur leurs moyens de subsistance et leur résilience. Ces risques, qui ont une portée transnationale, sont hautement politiques et influent sur différentes dimensions de la fragilité. L'étendue de ces risques se reflète dans la perception qu’ont un grand nombre d'habitants des contextes fragiles de leur situation : le chômage et la rupture de leurs moyens de subsistance sont leurs principaux sujets de préoccupation, suivis par l’endettement, l’effondrement de l’État et l’inflation (Forum économique mondial, 2022, pp. 96-108[73]). L’Infographie 1.4 représente l’impact de la pandémie sur les contextes fragiles et certaines des mesures qui ont été prises pour y faire face, sous forme d'actions des pouvoirs publics (comme les campagnes de vaccination).

La transformation numérique qui touche le monde entier ne présente pas que des avantages (OCDE, 2021[77]). Si l’accès à la technologie numérique peut être très utile pour parvenir à un développement durable, son contraire risque de pérenniser les inégalités existantes et d’en générer de nouvelles (PNUD, 2019[78]). La fracture numérique est particulièrement profonde dans les contextes fragiles, où l'accès aux services numériques (comme l’internet, un abonnement à la téléphonie fixe et une connexion fixe haut débit) est très variable. Entre 2002 et 2019, la Gambie, le Kenya et le Nigeria faisaient partie des pays les plus performants d'Afrique subsaharienne en ce qui concerne le taux d'accès au numérique et la croissance des technologies de l’information et des communications ; à l’inverse, le Burundi, le Niger, la République centrafricaine et le Tchad étaient les moins performants (Kouladoum, Wirajing et Nchofoung, 2022[79]). En Amérique latine et dans les Caraïbes, 35 % seulement de la population haïtienne avait accès à l’internet en 2020, ce qui a des effets négatifs sur les perspectives de croissance du pays et sur sa résilience face aux impacts du COVID-19 (Banque mondiale, 2020[80]). La fracture numérique se constate également entre les milieux urbain et rural : en Afrique centrale et de l’Ouest, 26 % seulement des ménages vivant dans les zones rurales possèdent un téléviseur, contre 73 % en zone urbaine ; l’écart n’est pas sans conséquences, dans la mesure où l’apprentissage à distance mis en place après la fermeture des écoles reposait sur l’utilisation de supports audiovisuels (Banque mondiale/UNESCO/UNICEF, 2021, p. 23[81]). Avant la pandémie, les populations vivant dans des contextes fragiles d’Amérique latine et d'Afrique subsaharienne avaient cité la fracture numérique comme un risque majeur à court terme (Forum économique mondial, 2022, p. 20[73]).

La fracture numérique a de profondes répercussions sur toutes les dimensions de la fragilité. Pour citer un exemple, la technologie numérique est un facteur important d'inclusion financière, en particulier pour les femmes et autres groupes défavorisés de la société (Davico et al., 2022[82]). Au Bangladesh, la pression exercée par les autorités pour que les paiements s’effectuent par voie numérique durant la pandémie de COVID-19 a permis à 2 millions de personnes d’obtenir un compte en ligne en seulement 25 jours, une première pour un grand nombre de ces utilisateurs (Poutiainen et Rees, 2021[83]). L'inclusion financière numérique peut, en retour, accélérer la croissance économique (Khera et al., 2021[84]). L'accès à la technologie numérique a par ailleurs permis aux populations d’être mieux sensibilisées aux enjeux planétaires ; bien que cela procure de nombreux avantages, cela peut aussi exacerber les doléances sur des sujets comme la disparité des richesses et les inégalités, et créer un élan de contestations politiques et de manifestations de violence (ONU/Banque mondiale, 2018, p. 51[53]). Enfin, la technologie numérique a des effets importants en termes de résultats éducatifs (Vincent-Lancrin, 2022[85]), un élément central de la dimension humaine de la fragilité qui est analysée pour la première fois dans cette édition du Cadre de l’OCDE sur la fragilité.

La fracture numérique entre les femmes et les hommes dans certains contextes fragiles (Graphique 1.13) a renforcé les inégalités existantes entre les genres durant la pandémie de COVID-19 tout en mettant en évidence diverses difficultés telles que l’accessibilité financière, le manque de culture technologique ainsi que l’existence de normes sociétales plus générales ayant joué un rôle dans la création de la fracture (OCDE, 2018[86]). Au Kenya, 22 % des enfants seulement ont eu accès aux cours en ligne lors de la fermeture des écoles, et les élèves des établissements privés avaient deux fois plus de chances d'y avoir accès que les élèves des écoles publiques. Les données recueillies montrent en outre que les fermetures des écoles dans ce pays ont frappé de façon disproportionnée les filles et les enfants provenant de ménages pauvres et moins éduqués (Cameron et al., 2022[87]). Des constats similaires se dégagent en Ouganda, où les résultats des élèves défavorisés scolarisés dans les petites classes se sont sensiblement dégradés (Sandefur, 2022[88]).

Les disparités en matière d’accès à la justice sont une troisième manifestation importante du lien entre la fragilité et les inégalités (Desai, à paraître[90]). La publication de l’OCDE intitulée « Good Practice Principles for People-Centred Justice » présente les caractéristiques essentielles d'une justice centrée sur les citoyens, par exemple son attention portée aux besoins juridiques des différents groupes vulnérables de la population (OCDE, 2021[91]). L’exclusion de l’accès à la justice est une réalité quotidienne et se manifeste de différentes manières : depuis la négation du droit à la terre, au travail ou à disposer de son corps jusqu’à l'impossibilité d’exprimer des plaintes par le biais des mécanismes officiels de règlement des différends. Ces exclusions ont tendance à ancrer les inégalités dans la société au bénéfice de l’élite au pouvoir, en particulier dans les contextes fragiles où les systèmes de justice informelle et coutumière prédominent en raison du manque de capacités de l’État à fournir des services judiciaires (Organisation internationale de droit du développement, 2019[92]). En Somalie, par exemple, 80 % à 90 % des personnes souhaitant faire appel à la justice ont recours aux systèmes informels car ils sont plus rapides, plus efficaces et plus accessibles que le système officiel (Organisation internationale de droit du développement, 2022[93]). Dans les contextes fragiles, des groupes entiers sont systématiquement exclus de l’accès à la justice : une personne sur trois ne possède pas de document d'identité légal, et deux enfants sur cinq ne sont pas enregistrés à la naissance (Desai, à paraître[90]). Ces individus n’existent donc pas officiellement dans les systèmes juridiques, ce qui les empêche d’exercer leurs droits les plus fondamentaux. Pour les groupes ayant accès à ces systèmes d'une manière ou d'une autre, il existe un déficit de qualité des services juridiques.

Dans les contextes fragiles, la justice civile et administrative connaît de nombreux problèmes. Selon des estimations établies d'après les résultats de l’enquête mondiale sur les perceptions de l’accès à la justice réalisée en 2019 dans le cadre du projet « World Justice Project », 1.4 milliard de personnes dans le monde n’ont pu satisfaire leurs besoins en matière de justice civile ou administrative au cours des deux précédentes années (World Justice Project, 2019[94]). En extrapolant ces estimations, cela signifie que plus de 800 millions d'habitants des contextes fragiles se trouvent dans cette situation (Desai, à paraître[90]).

Malgré les grandes disparités en matière d’accès à la justice, le volume d’APD versée par les membres du CAD pour soutenir ce secteur dans les contextes fragiles a chuté de 64 % entre 2010 et 2020 (OCDE, 2022[41]). Le manque de financements et de programmes en faveur de ce secteur est emblématique des différents écueils que connaissent les contextes fragiles en ce qui concerne le développement des services juridiques et judiciaires. L’un de ces écueils est l'absence d'attention pour les aspects politiques de la réforme du secteur de la justice, en particulier à différents niveaux de l’État et de la société. Comme c’est le cas dans de nombreux autres secteurs de la coopération pour le développement, la réforme de la justice est abordée comme un exercice technique centré sur les processus ou les différentes institutions, et non comme un moyen de faire face au caractère multidimensionnel des facteurs, comme par exemple les normes sociales et les comportements à l’égard de certains groupes qui contribuent aux inégalités en matière d'accès à la justice (Stewart, 2022[95]). Dans les environnements où ces facteurs existent, il est utile d'apporter un soutien aux processus de l’action publique à l’échelle nationale ainsi qu'aux organisations locales et aux services d'assistance juridique, dont la mission est de fournir des conseils de base aux groupes vulnérables et qui sont donc bien placés pour combler le manque de services juridiques officiels (Organisation internationale de droit du développement, 2021[96]). Un ciblage plus précis de l'aide au développement existante et la coordination entre les différents partenaires intervenant dans ce domaine pourraient permettre de renforcer l’offre de services juridiques de manière plus efficace et plus économique (Manuel et Manuel, 2021[97]). L’Infographie 1.5 examine le lien entre la fragilité et les inégalités au travers de différentes mesures (genre, santé, éducation et revenus). Tous ces thèmes font partie de la nouvelle dimension humaine.

Les systèmes alimentaires du monde entier sont soumis à une pression énorme. Dans de nombreux contextes fragiles, ils atteignent un point de rupture à mesure que les besoins explosent, en particulier à cause de l’inflation des prix de l’alimentation depuis les deux dernières années, à laquelle s'ajoute l'impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie (Baffes et Temaj, 2022[99]). Selon le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (Food Security Information Network), 193 millions de personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë et ont besoin d'une aide d’urgence dans 53 pays et territoires, dont 48 figurent dans le Cadre de l’OCDE sur la fragilité. Cela représente presque 40 millions de personnes de plus que lors du précédent record, en 2020 (Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, 2022, pp. 6, 30-33[100] ; Tschunkert et Delgado, 2022, p. 2[101]). Les dix pays enregistrant le plus grand nombre d’habitants en situation d’insécurité alimentaire aiguë en 2021 – dont 17.5 millions d’enfants considérés comme squelettiques – sont des contextes fragiles (Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, 2022, p. 7[100]). En 2022, les contextes fragiles représentaient 22 des 23 « zones de concentration » de l’insécurité alimentaire (FAO/PAM, 2022, p. 11[37]). Si ces tendances se poursuivent, les contextes fragiles seront au centre d'une incapacité critique à progresser dans la réalisation de l’ODD 2 (faim « zéro »).

L’insécurité alimentaire était déjà en hausse dans les contextes fragiles avant la pandémie (OCDE, 2020, p. 38[102]). Cette dernière a mis au jour des fragilités, des inégalités et des injustices dans les systèmes alimentaires des contextes fragiles, qui se manifestent par des pertes de revenus, de l’inflation, des perturbations des chaînes d'approvisionnement et une baisse du pouvoir d'achat (Graphique 1.14). Dans certains contextes fragiles, les effets de la pandémie se sont combinés avec d'autres causes de fragilité, provoquant des dégradations supplémentaires de ces systèmes. Ainsi, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë s’est fortement accru au Soudan du Sud, au Venezuela et au Zimbabwe, qui connaissaient déjà une forte inflation des prix de l’alimentation avant la pandémie (Townsend et al., 2021, p. 9[103]). Les filets de protection sociale mis en place pour atténuer l’impact de la pandémie se sont avérés souvent inadaptés dans les contextes fragiles, laissant de nombreuses personnes démunies et dans l’incapacité d’absorber les hausses des prix de l’alimentation (CARE, 2022[104]).

L’analyse de l’insécurité alimentaire ainsi que d'autres causes de fragilité met en évidence un risque accru d'augmentation rapide du nombre de contextes classés en situation d’urgence ou de catastrophe, d'après le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire.6 En Éthiopie uniquement, le nombre de personnes en situation d’urgence est passé d’environ 1.4 million fin 2020 à 4.3 millions en mai-juin 2021 du fait de la combinaison de la guerre et de la sécheresse (Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, 2022, p. 42[100]). Le nombre total d'individus en situation d’urgence (39.2 millions dans 36 contextes fragiles) et de crise (131.1 millions dans 41 contextes fragiles) fait craindre que l’aggravation des risques n’entraîne une augmentation de la fragilité dans de nombreux contextes. Ces contextes sont notamment la RDC (27.3 millions), Haïti (4.4 millions), le Guatemala (3.73 millions), le Zimbabwe (3.4 millions) et le Mozambique (2.9 millions), qui connaissent en outre un degré élevé de fragilité dans les dimensions environnementale, politique, sociétale et de sécurité (Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, 2022, pp. 35-55[100]). L’Afrique de l’Ouest et le Sahel, l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord enregistrent tous depuis six ans une hausse importante du nombre de personnes en situation de crise alimentaire ou plus (Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, 2022, pp. 48-49[100]).

La fragilité environnementale se retrouve dans tous les contextes frappés par l'insécurité alimentaire, mais son impact n’est pas le même partout. Ainsi, cinq des dix zones de concentration de la faim sont des contextes fragiles connaissant une grande fragilité environnementale : Somalie, Yémen, Afghanistan, Haïti et RDC (par ordre décroissant du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë). S’agissant de l’Éthiopie, de la République arabe syrienne et d'autres contextes fragiles se classant dans les dix premières places, le niveau de fragilité environnementale y est très élevé mais les risques proviennent davantage d'un sous-ensemble de considérations telles que l’eau (OCDE, 2022[106]). Le changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des principaux facteurs influant sur la sécurité alimentaire mondiale, mais ce ne sont pas les seules préoccupations environnementales. Cela est particulièrement vrai dans les pays en développement dépendant de la nature, où l’essentiel du PIB provient de l’agriculture, de l’exploitation forestière ou de la pêche. En Éthiopie, la construction du grand barrage de la Renaissance représente des risques politiques et sécuritaires pour la région, les zones montagneuses du pays fournissant plus de 85 % de l’eau du fleuve Nil (Mbaku, 2020[107]). Ces risques sont accrus par l’association d'une fragilité environnementale, sociétale et économique en RDC, où l’ampleur de la déforestation modifie les cycles hydrologiques dans la région et contribue à une réduction des flux hydriques en Éthiopie. La perte de biodiversité et la dégradation de l’environnement dues à la pollution ou à la mauvaise gestion sont tout aussi importantes – voire plus – dans certains contextes fragiles. Lorsqu’aucune attention n’est portée aux liens qui existent entre les causes de la fragilité, des aléas naturels comme des sécheresses, des inondations et des cyclones peuvent engendrer des retours en arrière, même lorsque les pays avaient réussi à mettre en place des systèmes alimentaires résilients (Townsend et al., 2021[103]). La situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord montre l'interdépendance qui existe entre des dimensions qui ont des effets préjudiciables sur des États déjà affaiblis, avec un niveau élevé de fragilité environnementale, politique et de sécurité (Encadré 1.6).

Les capacités à faire face sont particulièrement mises à mal dans les contextes fragiles touchés par un conflit où la culture des terres, les infrastructures et l'accès aux marchés sont souvent sérieusement compromis. L'insécurité alimentaire est un facteur de conflit, et le conflit fait obstacle à la reprise et à la résilience des systèmes alimentaires. Les différends terrestres et maritimes ainsi que la répartition inégale des ressources naturelles sont des facteurs courants de violence et de conflit dans de nombreux contextes fragiles (Sturgess et Flower, 2013[112]). Les contextes fragiles touchés par un conflit coïncident avec les dix crises alimentaires les plus sévères enregistrées en 2020 (Tschunkert et Delgado, 2022, p. 4[101]). Dans de tels contextes, les combats ont souvent pour effet de cibler les infrastructures, de restreindre radicalement les transports, de bouleverser ou stopper l’agriculture, ainsi que de perturber l’accès local aux (maigres) réserves alimentaires. Les systèmes alimentaires peuvent être utilisés de façon détournée pour exacerber la fragilité et intensifier le conflit et la violence en provoquant des pénuries, en limitant l’accès à la production ou en alimentant le mécontentement au sujet des questions de société et des prix de l’alimentation.

Les contextes fragiles sont au cœur du phénomène mondial des déplacements forcés (Infographie 1.6). Même avant la guerre d'agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les déplacements forcés avaient atteint des niveaux sans précédent à l'échelle mondiale, avec plus de 95 millions de réfugiés et de déplacés internes en 2021,7 y compris dans le cadre de conflits et de catastrophes naturelles (HCR, 2022[113] ; Observatoire des situations de déplacement interne, 2022[114]). Les contextes fragiles sont le point de départ de la majorité des déplacements forcés. Plus de 70 millions de réfugiés et de déplacés internes sont originaires de contextes fragiles ; ils représentent 75 % de l’ensemble des réfugiés fuyant des contextes fragiles et plus de 78 % de l’ensemble des populations déplacées de force dans le monde. Les contextes fragiles sont également le point d’arrivée de la grande majorité des réfugiés et des déplacés internes au niveau mondial : 61 millions de personnes déplacées de force ont trouvé refuge dans ces contextes, soit 64 % des populations déplacées de force dans le monde. La place qu’occupent les contextes fragiles en tant que points d'arrivée est particulièrement manifeste en ce qui concerne les déplacements internes : plus de 80 % de l’ensemble des déplacés internes vivent dans des contextes fragiles, contre environ 39 % pour l’ensemble des réfugiés (Graphique 1.15). L'immense majorité des réfugiés et des déplacés internes demeurent dans les pays d'accueil pendant plus de cinq ans.

Le renforcement mutuel entre la fragilité et les déplacements forcés a d'importantes répercussions à trois égards :

  • L'interdépendance entre les différentes dimensions de la fragilité a entraîné un niveau sans précédent de déplacements forcés. Ce phénomène touche majoritairement la région située à la périphérie des contextes fragiles car l'immense majorité des personnes déplacées de force sont soit déplacées à l’intérieur de leur pays, soit fuient en tant que réfugiés dans les pays voisins.

  • L'accueil des populations déplacées de force peut exacerber les fragilités préexistantes et a un coût économique. L'impact économique à court terme – qui frappe de façon disproportionnée les régions infranationales et les communautés accueillant les déplacés – est notamment une pression considérable sur les services sociaux et les ressources naturelles. Sur le moyen à long terme, une répartition appropriée et des politiques d'inclusion peuvent réduire les coûts budgétaires, voire offrir de véritables possibilités d'intégration socioéconomique, tant aux personnes déplacées qu’aux communautés d'accueil.

  • La fragilité est un obstacle qui empêche les réfugiés et les déplacés internes de parvenir à des solutions durables. Du fait des perspectives d'évolution négatives qui existent sur le plan économique, environnemental, politique, sécuritaire ou sociétal dans les contextes fragiles de départ, les personnes déplacées n'ont souvent pas la capacité, ou la volonté, d'y retourner. Parallèlement, les populations déplacées de force se heurtent souvent à un « piège de la capacité » (capability trap) dans les contextes fragiles qui les accueillent lorsque l’État ou la communauté d'accueil n'a rien à leur offrir dans le domaine social ou économique. Même avec des politiques publiques adaptées, un contexte fragile n’a pas vraiment la possibilité d'offrir des solutions concrètes pour mettre fin aux déplacements forcés, comme par exemple l’autonomisation socioéconomique des déplacés (Marley, Stasieluk et Hesemann, 2022[11]).

Les tendances décrites dans cette section ne reflètent en aucun cas l’ensemble des difficultés auxquelles les contextes fragiles sont confrontés pour progresser sur la voie du développement durable et de la paix. Elles montrent en revanche la nécessité d'adopter une approche multidimensionnelle pour s'attaquer aux origines profondes de ces difficultés et améliorer la capacité des contextes fragiles à y faire face. Une telle approche suppose de mettre l’accent non pas sur les infrastructures mais sur les systèmes, en particulier dans les contextes où le lien direct de cause à effet entre une action et son résultat est difficile à établir, et où la nature d'une solution politique peut restreindre les points de départ et les possibilités d'élaboration de mesures en matière de développement. Le chapitre 2 s'intéresse aux dispositifs financiers et aux actions publiques pouvant être adoptés pour répondre aux causes et aux conséquences complexes de la fragilité. Le chapitre 3 décrit comment les partenaires au développement peuvent se frayer un chemin à travers la fragilité et aider les contextes fragiles à faire face à la période de crises que nous traversons.

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[73] Forum économique mondial (2022), The Global Risks Report 2022, https://www3.weforum.org/docs/WEF_The_Global_Risks_Report_2022.pdf.

[61] Forum économique mondial (2021), Global Gender Gap Report 2021, https://www3.weforum.org/docs/WEF_GGGR_2021.pdf.

[4] Gerszon Mahler, D. et al. (2022), « Pandémie, inflation et pauvreté », Blog de données de la Banque mondiale, https://blogs.worldbank.org/fr/opendata/pandemie-inflation-et-pauvrete.

[1] Gerszon Mahler, D. et al. (2021), « Updated estimates of the impact of COVID-19 on global poverty: Turning the corner on the pandemic in 2021? », Blog de données de la Banque mondiale, https://blogs.worldbank.org/opendata/updated-estimates-impact-covid-19-global-poverty-turning-corner-pandemic-2021.

[110] Golmohammadi, V. (2021), Water Scarcity in the Middle East: Beyond an Environmental Risk, Observer Research Foundation, New Delhi, https://www.orfonline.org/expert-speak/water-scarcity-middle-east-beyond-environmental-risk/#_edn3.

[17] Gouvernement du Yémen/UNICEF (2022), The Socio-economic Repercussions of the Russia-Ukraine War on Yemen, https://reliefweb.int/report/yemen/socio-economic-repercussions-russia-ukraine-war-yemen-analytic-paper-3-june-2022-enar.

[6] Gray Molina, G., M. Montoya-Aguirre et E. Ortiz-Juarez (2022), Addressing the Cost of Living Crisis in Vulnerable Countries, Programme des Nations Unies pour le développement, New York, https://www.undp.org/publications/addressing-cost-living-crisis-developing-countries-poverty-and-vulnerability-projections-and-policy-responses.

[50] Hammou, S. (2022), « When civilian protests facilitate coups d’etat: Reflecting on revolution and counter-revolution in Sudan », Political Violence at a Glance, https://politicalviolenceataglance.org/2022/04/14/when-civilian-protests-facilitate-coups-detat-reflecting-on-revolution-and-counter-revolution-in-sudan/.

[116] HCR (2022), Refugee Data Finder, https://www.unhcr.org/refugee-statistics/download/?url=2z1B08.

[113] HCR (2022), Tendances mondiales : déplacement forcé en 2021, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), New York, https://www.unhcr.org/fr/62aae6e24.

[63] Hickey, S., N. Hossain et D. Jackman (2019), « Identifying the political drivers of quality education: A comparative analysis », dans Hickey, S. et N. Hossain (dir. pub.), The Politics of Education in Developing Countries : From Schooling to Learning, Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni, http://fdslive.oup.com/www.oup.com/academic/pdf/openaccess/9780198835684.pdf.

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[19] Institute for Economics and Peace (2022), Global Peace Index 2022: Measuring Peace in a Complex World, https://www.visionofhumanity.org/wp-content/uploads/2022/06/GPI-2022-web.pdf.

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[31] Kitzmueller, L., B. Stacy et D. Gerszon Mahler (2021), « Are we there yet? Many countries don’t report progress on all SDGs according to the World Bank’s new Statistical Performance Indicators », Blog de données de la Banque mondiale, https://blogs.worldbank.org/opendata/are-we-there-yet-many-countries-dont-report-progress-all-sdgs-according-world-banks-new.

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[11] Marley, J., W. Stasieluk et J. Hesemann (2022), Fragility in focus: Half way on Agenda 2030.

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[115] Observatoire des situations de déplacement interne (2022), Global Internal Displacement Database, https://www.internal-displacement.org/database/displacement-data.

[114] Observatoire des situations de déplacement interne (2022), Rapport mondial sur le déplacement interne 2022, https://www.internal-displacement.org/global-report/grid2022/french/.

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[14] ONU (2022), Afghanistan: UN launches largest single country aid appeal ever, https://news.un.org/en/story/2022/01/1109492.

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[32] ONU (2022), Programme: Sustainable Development Goal 5 and interlinkages with other SDGs - Gender equality, Forum politique de haut niveau sur le développement durable, Nations Unies (ONU), New York, https://hlpf.un.org/2022/programme/sdgs-in-focus-sdg-5-and-interlinkages-with-other-sdgs-gender-equality.

[25] ONU (2022), « Sri Lanka: UN experts sound alarm on economic crisis », https://www.ohchr.org/en/press-releases/2022/07/sri-lanka-un-experts-sound-alarm-economic-crisis.

[2] ONU DAES (2019), 2019 Revision of World Population Prospects (base de données), Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (ONU DAES), https://population.un.org/wpp/.

[13] ONU OCHA (2022), Global Humanitarian Overview 2022, Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (ONU OCHA), New York, https://reliefweb.int/report/world/aper-u-humanitaire-mondial-2022-version-abr-g-e.

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[53] ONU/Banque mondiale (2018), Pathways for Peace: Inclusive Approaches to Preventing Violent Conflict, Banque mondiale, Washington, D.C., https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/28337.

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[96] Organisation internationale de droit du développement (2021), Community Paralegals and Customary and Informal Justice, https://www.idlo.int/publications/community-paralegals-and-customary-and-informal-justice.

[92] Organisation internationale de droit du développement (2019), Navigating Complex Pathways to Justice: Engagement with Customary and Informal Justice Systems, https://www.idlo.int/sites/default/files/pdfs/publications/IDLO-Policy-and-Issue-Brief-Customary-and-Informal-Justice-web-FINAL.pdf.

[56] Organisation mondiale de la Santé (2021), Principaux repères : Violence à l’encontre des femmes, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/violence-against-women.

[33] PARIS21 (2016), Statistical Capacity Building in Fragile and Conflict-affected States, Éditions OCDE, Paris, https://www.paris21.org/sites/default/files/Fragile%20States%20Strategy-March2016-final.pdf.

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[75] PNUD (2022), base de données COVID-19 Global Gender Response Tracker (base de données), https://data.undp.org/gendertracker/.

[69] PNUD (2022), Dashboard 2. Life-course gender gap (base de données), Programme des Nations Unies pour le développement, New York, https://hdr.undp.org/data-center/documentation-and-downloads.

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[78] PNUD (2019), Rapport sur le développement humain 2019 - Au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIème siècle, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), New York, https://hdr.undp.org/system/files/documents/hdr2019frpdf_1.pdf.

[83] Poutiainen, T. et D. Rees (2021), « How digital payment systems can boost Bangladesh’s push to meet the SDGs », Forum économique mondial - blog Agenda, https://www.weforum.org/agenda/2021/05/bangladesh-ready-made-garments-digital-payment.

[16] Programme alimentaire mondial (2022), Urgences - Urgence Yémen (page web), https://fr.wfp.org/urgences/urgence-yemen?_ga=2.221786648.1496149638.1664979212-789461029.1661528434.

[48] Raleigh, C. et al. (2010), « Introducing ACLED-Armed Conflict Location and Event Data », Journal of Peace Research, vol. 47/5, pp. 651-660.

[100] Réseau d’information sur la sécurité alimentaire (2022), 2022 Global Report on Food Crises, https://www.fsinplatform.org/sites/default/files/resources/files/GRFC%202022%20Final%20Report.pdf.

[3] Ritchie, H. et al. (2022), Coronavirus Pandemic (COVID-19) (base de données), OurWorldinData, https://ourworldindata.org/coronavirus.

[30] Sachs, J. et al. (2022), Sustainable Development Report 2022, Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni, https://s3.amazonaws.com/sustainabledevelopment.report/2022/2022-sustainable-development-report.pdf.

[88] Sandefur, J. (2022), « Uganda’s record-breaking two-year school closure led to… no decline in the number of kids who can read? », Center for Global Development blog, https://www.cgdev.org/blog/ugandas-record-breaking-two-year-school-closure-led-to-no-decline-number-kids-who-can-read.

[52] Sävström, J. (2021), « Commentary: Constitutional coups have often preceded military ones », Nordic Africa Institute, https://nai.uu.se/news-and-events/news/2021-10-07-constitutional-coups-have-often-preceded-military-ones.html.

[9] Sidiropoulos, E. (2022), « How do Global South politics of non-alignment and solidarity explain South Africa’s position on Ukraine? », Brookings Africa in Focus blog, https://www.brookings.edu/blog/africa-in-focus/2022/08/02/how-do-global-south-politics-of-non-alignment-and-solidarity-explain-south-africas-position-on-ukraine/.

[57] Stasieluk, W. (2022), How fragile contexts affect the wellbeing and potential of women and girls, Éditions OCDE, Paris, https://www.oecd.org/dac/2022-women-girls-fragility.pdf.

[95] Stewart, S. (2022), The Relationship Between Justice and Inequality, Center on International Cooperation, New York University, New York, https://cic.nyu.edu/sites/default/files/relationship_between_justice_and_equality-2022.pdf.

[112] Sturgess, P. et C. Flower (2013), Land and Conflict in Sierra Leone, Department for International Development du Royaume-Uni, Londres, https://assets.publishing.service.gov.uk/media/57a08a1240f0b649740003e2/EoD_HD101_Dec2103_Land_Rights_Conflict_SL.pdf.

[22] Sundberg, R. et E. Melander (2013), « Introducing the UCDP Georeferenced Event Dataset », Journal of Peace Research, vol. 50/4, https://doi.org/10.1177/2F0022343313484347.

[10] Thompson, J., C. Doxsee et J. Bermudez (2022), Tracking the Arrival of Russia’s Wagner Group in Mali, Center for Strategic and International Studies, Washington, D.C., https://www.csis.org/analysis/tracking-arrival-russias-wagner-group-mali.

[103] Townsend, R. et al. (2021), Future of Food: Building Stronger Food Systems in Fragility, Conflict, and Violence Settings, Banque mondiale, Washington, D.C., https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/36497.

[101] Tschunkert, K. et C. Delgado (2022), Food Systems in Conflict and Peacebuilding Settings, Stockholm International Peace Research Institute, Stockholm, https://www.sipri.org/publications/2022/other-publications/food-systems-conflict-and-peacebuilding-settings-ways-forward.

[89] UIT (2022), Centre de données de l’UIT (base de données), Union internationale des télécommunications, Genève, https://datahub.itu.int/.

[111] UNICEF (2022), As the war in Ukraine continues, millions of children in the Middle East and North Africa at increased risk of malnutrition amid food price hikes, https://www.unicef.org/mena/press-releases/war-ukraine-continues-millions-children-middle-east-and-north-africa-increased-risk.

[65] UNICEF (2022), « Child marriage on the rise in Horn of Africa as drought crisis intensifies », https://www.unicef.org/press-releases/child-marriage-rise-horn-africa-drought-crisis-intensifies.

[64] UNICEF (2022), Reopening with Resilience: Lessons from Remote Learning during COVID-19 in Europe and Central Asia, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), New York, https://www.unicef-irc.org/publications/pdf/Reopening-with-Resilience-Lessons-from-Remote-Learning-during-COVID-19%E2%80%93Europe-and-Central-Asia.pdf.

[58] Vahedi, L., J. Anania et J. Kelly (2021), Gender-Based Violence and COVID-19 in Fragile Settings: A Syndemic Model, United States Institute of Peace, Washington, D.C., https://www.usip.org/pug/publications/2021/08/gender-based-violence-and-covid-19-fragile-settings-syndemic-model.

[85] Vincent-Lancrin, S. (2022), « Educational innovation and digitalisation during the COVID-19 crisis: lessons for the future », dans How Learning Continued during the COVID-19 Pandemic : Global Lessons from Initiatives to Support Learners and Teachers, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/93c3dc5e-en.

[94] World Justice Project (2019), Global Insights on Access to Justice, https://worldjusticeproject.org/our-work/publications/special-reports/global-insights-access-justice-2019.

Notes

← 1. Calculs effectués par les auteurs d'après les estimations présentées dans Gerszon Mahler et al. (2021[1]). Les auteurs remercient Daniel Gerszon Mahler et Nishant Yonzan pour leurs conseils concernant l'utilisation de ces données.

← 2. Compte tenu de la période à laquelle les données ont été recueillies, l’année la plus récente est celle de 2021. Ces données ont servi de base aux résultats issus du Cadre sur la fragilité des États de fragilité 2022. Les comparaisons entre 2019 et 2021 qui figurent dans ce rapport correspondent à l’évolution de la fragilité entre les éditions 2020 et 2022 du rapport « États de fragilité ».

← 3. Ce chiffre provient de la classification des catégories de revenus de la Banque mondiale, datant de juillet 2022. Il manque à ces chiffres le 60e contexte fragile, le Venezuela, qui était auparavant classé dans la catégorie des revenus intermédiaires de la tranche supérieure mais n’est aujourd'hui pas classé du fait de l’absence de données imputable à la crise économique et politique que connaît encore le pays.

← 4. La diversité qui caractérise les contextes fragiles est également apparente dans la classification des « régimes du monde » de l’Institut V-DEM : 35 des 60 contextes fragiles sont des autocraties électorales, 15 des autocraties fermées et 9 des démocraties électorales. Aucune classification n’était disponible pour la Cisjordanie et la bande de Gaza dans les données sources.

← 5. Les ODD sont au nombre de 17. Les 15 objectifs auxquels il est fait allusion ici sont ceux pour lesquels il existe suffisamment de données disponibles pour procéder à l’évaluation.

← 6. Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire classe l’insécurité alimentaire aiguë en cinq phases, de la phase 1 (insécurité nulle/minimale) à la phase 5 (catastrophe/famine). La phase 3 correspond à la phase de crise, où les ménages ont une consommation alimentaire insuffisante qui se traduit par une malnutrition aiguë grave ou inhabituelle, ou sont une minorité à pouvoir satisfaire leurs besoins alimentaires minimums et, le cas échéant, ne le font qu’au prix des avoirs relatifs à leurs moyens d’existence ou en recourant à des stratégies pour faire face aux crises. Lors de cette phase, une action est requise en urgence pour protéger les moyens de subsistance et réduire les manques en matière de consommation alimentaire. Pour en savoir plus, voir https://www.ipcinfo.org/.

← 7. Pour les besoins de l’analyse du lien entre la fragilité et les déplacements forcés internationaux, le terme « réfugié » ne se limite pas à sa définition juridique mais inclut également : les demandeurs d'asile qui peuvent être ou non des réfugiés ; les réfugiés au titre de la mission de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient ; enfin, les individus se trouvant dans une situation assimilable à celle de réfugiés, comme par exemple les Vénézuéliens déplacés à l’étranger et les personnes bénéficiant de mesures de protection temporaires. Les données se rapportant à chacune des catégories de population susmentionnées proviennent de la publication « Global Trends: Forced Displacement in 2021 » (Tendances mondiales : les déplacements forcés en 2021) de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. S'agissant des déplacés internes, les statistiques sont issues du Rapport mondial sur le déplacement interne 2022 de l’Observatoire des situations de déplacement interne, dont les données concernent l’année 2021.

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