Résumé

La convergence économique de la Bulgarie par rapport à des économies plus avancées s’est poursuivie au cours de la dernière décennie, qui a vu la croissance du PIB s’établir en moyenne à 2.3 %. En 2019, la Bulgarie était parvenue à un niveau correspondant à la moitié du revenu disponible moyen par habitant de la zone OCDE, mais sa convergence a été plus lente qu’avant la crise financière mondiale, et elle n’a pas réussi à dépasser des pays comparables à plus haut revenu (Graphique 1).

La hausse des prix de l’énergie, aggravée par la guerre d’agression contre l’Ukraine menée par la Russie, ainsi que le fléchissement de la demande mondiale, pèseront sur la croissance en 2023 (Tableau 1). L’économie bulgare était en train de rebondir après la pandémie lorsqu’elle a dû affronter, en février 2022, les nouvelles difficultés causées par la guerre en Ukraine. Dans la mesure où la plupart des approvisionnements énergétiques proviennent du charbon et de l’énergie nucléaire produits dans le pays, la dépendance au gaz russe était plus limitée que dans de nombreux autres pays. À l’exception du combustible nucléaire et du pétrole, la Bulgarie n’avait que des liens commerciaux modestes avec la Russie. L’interconnexion avec certains pays voisins a poussé les prix de l’électricité à la hausse sur le marché intérieur et stimulé les exportations d'énergie, faisant de la Bulgarie le troisième exportateur d'électricité en Europe. Après avoir fortement rebondi en 2021, la croissance a ralenti pour s’établir à 3.4 % en 2022 et elle devrait fléchir encore en 2023, avant de repartir ensuite à la hausse.

L’augmentation mondiale des prix de l’énergie et des produits alimentaires a hissé l’inflation à des niveaux inédits depuis plusieurs décennies (Graphique 2), mais l’inflation globale commence à refluer très progressivement, sur fond de modération des prix de l’énergie. L’inflation s’est généralisée et l’inflation sous-jacente a accéléré en 2022 à cause d’effets indirects provoqués par l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie, la vigueur de la consommation privée et la croissance robuste des salaires.

La dynamique des salaires est forte. Ces dernières années, les salaires réels ont fortement progressé, soutenus par des gains de productivité et des pénuries de main-d'œuvre. En 2022, la perte de pouvoir d’achat attribuable à l’inflation a été en partie compensée par une croissance des salaires nominaux vigoureuse et généralisée, ainsi que par des ajustements à la hausse des transferts sociaux. Les autorités ont relevé le salaire minimum d’environ 10 % en 2022, puis à nouveau de 10 % en janvier 2023. Dans le contexte actuel, ces évolutions risquent d’alimenter indirectement l’inflation.

En Bulgarie, les conditions monétaires sont calquées sur celles de la zone euro via un système de caisse d’émission. Le lev bulgare fait partie du mécanisme de change européen II (MCE II) depuis juillet 2020 et actuellement, les autorités visent une adoption de l’euro en janvier 2025. La caisse d’émission a contribué à assurer une situation macroéconomique saine et un taux de change stable, mais ce dispositif laisse un rôle central à la politique budgétaire pour ce qui est de gérer l’inflation.

Grâce à la discipline budgétaire, la dette publique est modeste. La crise du COVID étant passée et les aides énergétiques pouvant être financées grâce à des recettes exceptionnelles, le déficit est en train de se réduire. Toutefois, les tensions sur les dépenses provoquées par le vieillissement démographique, l'amélioration des infrastructures et le relèvement des compétences devront être financées par un renforcement de l’efficacité du recouvrement des impôts et une augmentation des taxes environnementales.

Un gel temporaire des prix de l’énergie et de l’eau en faveur des ménages, un mécanisme de subventions énergétiques destiné aux industries consommatrices d'électricité et d'autres mesures visant les gros consommateurs d’énergie ont été mis en place pour amortir les effets de la crise énergétique. Certaines mesures sont ciblées, mais la plupart d’entre elles ne le sont pas, ce qui réduit les signaux-prix pour les consommateurs. Le déficit des administrations publiques a été réduit, passant selon les estimations de 3.9 % en 2021 à 2.9 % en 2022. Mieux cibler les aides sur les plus vulnérables et faire en sorte qu’elles accompagnent les incitations à faire des économies d’énergie contribuerait à limiter les effets inflationnistes de la politique budgétaire.

La dette publique est peu élevée, mais les dépenses liées au vieillissement démographique augmentent, et dans plusieurs domaines, une augmentation des dépenses sociales pourrait renforcer la croissance et améliorer la situation sociale. Des dépenses plus importantes doivent être consacrées à l’éducation, pour en améliorer la qualité, et aux infrastructures, pour répondre aux importants besoins en la matière. La Bulgarie devrait recevoir d'importants montants issus de fonds de l’UE pendant la programmation en cours, mais elle n’a pas de stratégie globale d'investissement public. Le conseil budgétaire pourrait jouer un rôle accru dans la mise en place d'une approche à long terme de la politique budgétaire.

Les besoins de dépenses courantes supplémentaires pourraient être financés par une amélioration de l’efficacité du recouvrement des recettes et par l’imposition de taxes environnementales, d’impôts fonciers et de droits de succession. L'économie informelle est d'une grande ampleur, et prend notamment la forme de salaires versés en partie sous la forme « d’enveloppes » non déclarées. La moitié des contribuables déclarent des revenus correspondant au salaire minimum (Graphique 3). Réduire la sous-déclaration des revenus aux fins de l’imposition et des cotisations de sécurité sociale, rendre plus difficile le transfert de bénéfices à l’étranger pour les entreprises multinationales, améliorer la discipline fiscale concernant la TVA et envisager de transférer à l’administration centrale la responsabilité administrative de la collecte des impôts fonciers sont autant de mesures qui pourraient rapporter des recettes supplémentaires.

La croissance est bridée par le faible niveau de l’investissement et par des tendances démographiques défavorables. Ces dernières années, la productivité a été le principal moteur de la croissance, mais un programme ambitieux de réformes structurelles pourrait l’améliorer encore.

Le taux d’investissement, qui est de 20 % du PIB, est relativement faible, mais à 3.4 %, l’investissement public est conforme à la moyenne de l’OCDE. Pour attirer des capitaux privés, il faudrait rationaliser les procédures relatives à l’entrée et à la sortie des entreprises. Sur le plan de l’éducation, les résultats se sont améliorés et parmi les cohortes les plus jeunes, on compte 40 % de diplômés de l’enseignement supérieur. Améliorer encore et rehausser la qualité des résultats scolaires permettrait d’engranger d’importants gains de productivité à long terme.

La corruption implique des coûts de transaction élevés pour les entreprises. La protection des lanceurs d’alerte est désormais inscrite dans la loi. Cependant, le système de détection et d’enquête concernant les faits de corruption est fragmenté, et comporte certaines zones grises. La création d'un nouvel organisme doté de pouvoirs d’investigation est la bienvenue, mais une plus grande transparence et une réglementation plus stricte permettraient plus facilement de repérer les cas de corruption et d’en faire état. Les enquêtes devraient pouvoir être menées sans obstruction et il faudrait prévoir des mécanismes efficaces permettant d’enquêter sur le procureur général.

Depuis 2010, la population d’âge actif a diminué d’environ 19 %, tandis que le nombre de personnes de plus de 65 ans augmentait de 12.6 %. Ces évolutions démographiques défavorables réduisent le potentiel de croissance de l’économie.

Le taux de fertilité moyen, qui ressort à 1.58, est proche de la moyenne de l’OCDE, mais masque des taux de natalité faibles chez les femmes instruites, qui ont moins d’enfants qu’elles ne le souhaiteraient. Du fait du taux d’emploi solide des femmes occupant des postes de direction et de leur proportion élevée, ainsi que du faible écart salarial mesuré entre les femmes et les hommes, le coût d’opportunité de la maternité est élevé pour les femmes très qualifiées. Il n’existe pas de structures d'accueil des jeunes enfants partout dans le pays, et leur qualité n’est souvent pas jugée appropriée. Par ailleurs, de nombreux enfants appartiennent à des foyers défavorisés.

L’émigration nette contribue depuis des décennies à la diminution de la population. Il faudrait envisager de déployer des efforts plus ciblés et plus ambitieux pour faire de la Bulgarie un pays où il fait bon vivre et pour encourager des travailleurs à s’y rendre, notamment en s’engageant davantage auprès de la diaspora afin d'inciter au retour et en revoyant les politiques d’immigration.

Bien que la population diminue, beaucoup de personnes sont sans travail. Du fait de l’absence de structures d'accueil de jeunes enfants et de personnes âgées, beaucoup de Bulgares, surtout des femmes, s’occupent de leurs proches et restent en dehors de la population active. Un sixième de la main-d’œuvre touche des prestations d'invalidité, qui sont plus généreuses que l’aide sociale et n’obligent pas à s’inscrire à l’agence pour l’emploi.

Aucune formation pratique n’est prévue dans l’enseignement supérieur et professionnel. Une fraction importante des inactifs et des chômeurs est constituée de diplômés de l’enseignement supérieur, en particulier dans les cohortes les plus jeunes (Graphique 4). L’enseignement supérieur s’est développé rapidement, mais la qualité n’a pas suivi, et il n’est pas axé sur la pratique. La formation professionnelle ne permet souvent pas aux élèves d’acquérir des compétences pratiques, car elle n’est pas toujours dispensée en milieu professionnel.

L’intensité énergétique de l’économie a diminué dans les années 2000 mais s’est stabilisée depuis lors. Les émissions, imputables surtout aux secteurs de l’énergie et des transports, se situent à des niveaux élevés depuis deux décennies. Une stratégie globale visant à atteindre la neutralité en gaz à effet de serre d’ici à 2050 reste encore à définir.

Malgré une baisse sensible au cours des dernières décennies (Graphique 5), le charbon reste une source d’énergie majeure, et aucune feuille de route n’a été établie en vue de son abandon progressif. L’énergie nucléaire, en tant que source d’électricité de base, joue un rôle essentiel dans la transition énergétique de la Bulgarie. L’investissement dans les énergies renouvelables, qui représentent un cinquième des approvisionnements énergétiques, doit accélérer. Il faut aussi investir dans la modernisation du réseau et le développement des installations de stockage pour généraliser le recours à des énergies de sources renouvelables.

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