copy the linklink copied!3. Orienter l’industrie lourde vers un mode de production durable

Ce chapitre est consacré au secteur de l’industrie lourde, analysé sous l’angle du bien-être. La première partie examine plusieurs priorités qui, au-delà de la fourniture de produits, relient le secteur à des objectifs de bien-être et de durabilité plus généraux. Elle explique ensuite qu’il est nécessaire d’opérer une transition vers un mode de production circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources, afin de répondre aux priorités en question. La seconde partie propose une série d’indicateurs qui permettront aux responsables de l’action publique de suivre cette transition tout en évaluant les synergies entre les priorités climatiques et d’autres priorités au sein du secteur, ou ce qui les fait diverger.

    

Les données statistiques relatives à Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes concernées. L’OCDE utilise ces données sans préjuger du statut du Plateau du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies israéliennes en Cisjordanie, conformément aux dispositions du droit international.

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En Bref
Orienter l’industrie lourde vers un mode de production durable

Au cours du dernier siècle, l’industrie lourde s’est employée à maximiser la production pour répondre aux demandes engendrées par l’augmentation de la population mondiale, l’élévation des niveaux de vie et la progression de l’urbanisation. En ce sens, elle touche pratiquement tous les aspects de nos vies, dans la mesure où elle produit pratiquement tous les matériaux et produits chimiques que nous utilisons (fer et acier, ciment et aluminium, entre autres). La production mondiale de matières premières s’élève à plusieurs milliards de tonnes par an, progressant à un rythme plus de deux fois supérieur à celui de la croissance démographique.

Le problème, cependant, est que la production industrielle actuelle nuit à notre santé et à celle de la planète, pollue l’air que nous respirons, contamine les sols et l’eau, épuise les ressources mondiales et, pour couronner le tout, accentue le changement climatique. L’industrie lourde a contribué aux émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie à hauteur de 36 % environ en 2016 (émissions associées à l’électricité et au chauffage comprises).

Les choix que nous faisons aujourd’hui en matière de construction ou de rénovation d’usines resteront en place pendant 20 à 40 ans, verrouillant les modes de production de l’industrie lourde dans une trajectoire jusqu’au milieu du siècle, qu’elle soit durable ou non. Or, seuls certains procédés de l’industrie lourde peuvent être électrifiés directement et pour un coût faible ; par conséquent, la décarbonisation de ce secteur passera par la mise en place de nouveaux procédés. Bon nombre des solutions existantes sont coûteuses ou techniquement difficiles. Sachant que les prochaines décennies vont être marquées par une augmentation continue de la population, de l’urbanisation et des niveaux de vie, il est crucial de démontrer et de favoriser la viabilité commerciale de ces nouvelles technologies.

Un mode de production durable passe par une industrie lourde décarbonée et l’adoption de procédés de production circulaires et économes en ressources. Les entreprises vont devoir modifier leurs usines pour économiser l’énergie, fermer celles d’entre elles qui polluent le plus, utiliser davantage de matériaux recyclés et développer et déployer de nouveaux procédés de production, dans la mesure où il est pour l’instant impossible de se passer de combustibles fossiles pour la production de certains matériaux et processus chimiques. Nombre de ces mesures peuvent non seulement réduire les émissions de gaz à effet de serre mais aussi améliorer la qualité de l’environnement et contribuer à la gestion durable des ressources de la planète. Si l’on prend le cas de matériaux comme l’acier, par exemple, une utilisation accrue de la ferraille entraînerait une diminution de la consommation d’énergie, d’eau et de terres et réduirait les émissions de GES. Pour concrétiser ces possibilités, les autorités publiques devront se détourner de l’économie linéaire – qui extrait, transforme, consomme puis élimine les matières premières – et généraliser la décarbonisation, la circularité et l’utilisation efficace des ressources dans l’ensemble de l’économie.

Pour que ce changement puisse advenir, le secteur devra viser une productivité durable qui intègre les retombées sociales et environnementales dans les processus décisionnels, et donc élargir le champ de ses priorités stratégiques. À cet égard, des indicateurs permettant de savoir si les gains de production sont obtenus au prix de pollutions multiples (air, terres, eau, sols et pollution due à la production de matériaux) et d’émissions de GES seraient utiles. Ces indicateurs et d’autres visant à évaluer les divers effets de l’industrie lourde sur le bien-être devront être utilisés de manière systématique.

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Infographie 3.1. Orienter l’industrie lourde vers un mode de production durable
Infographie 3.1. Orienter l’industrie lourde vers un mode de production durable

copy the linklink copied!3.1. Introduction

Ce rapport propose l’adoption d’une approche axée sur le bien-être afin qu’elle serve de cadre aux politiques d’atténuation. Son premier volet vise à définir des objectifs sociaux sous l’angle du bien-être et à les traduire systématiquement dans le processus décisionnel de tous les secteurs de l’économie, en plaçant le bien-être des personnes au centre de l’élaboration des politiques. Le second a pour but de garantir que les décideurs prennent en compte de multiples objectifs de bien-être, au lieu de se concentrer sur une seule question (ou quelques-unes) dans l’ensemble des secteurs. Le dernier volet a pour objectif la compréhension approfondie du système dans lequel opère l’action publique en vue de saisir les interactions plus générales entre les différentes facettes du bien-être. Cette approche permet d’identifier et d’élaborer des politiques à même d’assurer un double alignement de l’atténuation du changement climatique et d’autres priorités en matière de bien-être afin que ces objectifs se renforcent mutuellement au lieu de s’opposer. Dans le présent chapitre, elle est appliquée à l’industrie lourde, qui regroupe des activités energivores et exposées à la concurrence internationale. L’accent est mis sur les secteurs du fer et de l’acier, du ciment, des métaux non ferreux (par ex. l’aluminium), de la pâte à papier et du papier, ainsi que des produits chimiques (tels que l’ammoniac). Les raffineries sont traitées dans d’autres chapitres.

L’industrie lourde renvoie à pratiquement tous les aspects du bien-être présent et futur. Elle transforme les matières premières fournies par la planète en produits destinés à la société. Au cours du dernier siècle, la planète a été marquée par la progression sans précédent de l’urbanisation, l’élévation des niveaux de vie et l’augmentation de la population, qui ont entraîné une demande croissante de produits de l’industrie lourde. En 1970, le monde a produit 22 milliards de tonnes de matières premières primaires (à savoir les matières brutes provenant des activités minières ou d’extraction et entrant dans l’économie pour la première fois) à l’échelle mondiale. Ce volume est passé à 70 milliards de tonnes en 20101, progressant ainsi deux fois plus vite que la population durant la même période (OCDE, 2019[1]). L’industrie lourde s’est principalement employée à maximiser sa production pour répondre de manière rentable à la demande croissante engendrée par l’évolution des niveaux de vie, l’accroissement de la population et l’urbanisation. Cela supposait d’augmenter sa production tout en réduisant ses coûts, généralement en améliorant l’efficience de la production, c’est-à-dire en minimisant les intrants (travail, capital, énergie et autres intrants intermédiaires) pour chaque unité produite.

L’industrie lourde est parvenue à répondre à la demande croissante de matériaux et de produits chimiques, mais a contribué, ce faisant, de manière significative au changement climatique. Elle nécessite des températures élevées pour la production de matériaux, les produits destinés à la chimie et d’autres procédés chimiques spécialisés, ce qui la rend hautement énergivore et émettrice de CO2. L’industrie lourde est responsable d’environ 36 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) produites annuellement à l’échelle mondiale (contre seulement 5.5 % pour le reste de l’industrie) (AIE, 2019[2]) ; ces émissions progressent à un rythme nettement plus rapide que les émissions mondiales de CO2 (Hoesly et al., 2018[3]).

L’industrie lourde est responsable d’environ 36 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2) produites annuellement à l’échelle mondiale (contre seulement 5.5 % pour le reste de l’industrie) (AIE, 2019[2]) ; ces émissions progressent à un rythme nettement plus rapide que les émissions mondiales de CO2 (Hoesly et al., 2018[3]).  
        

Pour ce qui est du bien-être au sens plus large, l’extraction et la transformation des matières premières peuvent modifier les écosystèmes de manière irréversible à travers l’altération physique du paysage, des déchets et d’autres sous-produits. Certaines des modifications subies par ces écosystèmes sont susceptibles d’altérer les conditions climatiques au niveau local, comme le montre la hausse des températures locales causée par la déforestation due à l’exploitation minière (Wolff et al., 2018[4]). La pollution de l’air, de l’eau et des sols environnants nuit à la biodiversité et menace la vie humaine. La dépendance de l’industrie lourde à l’égard des ressources de la planète (c’est-à-dire de l’énergie, des terres, de l’eau et des matières premières) pose donc des problèmes de durabilité en raison de la concurrence croissante entre les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’industrie. L’ampleur de cette concurrence dépend de la rapidité et de l’orientation de l’innovation dans ces secteurs.

Le risque est de perpétuer les pertes de bien-être, voire de les accentuer à l’avenir. Si les tendances actuelles se poursuivent, les modèles prévoient que la demande de matériaux doublera dans les 50 prochaines années, passant de 89 Gt en 2017 à 160 Gt en 2060 dans l’ensemble des principales catégories de matériaux (les minerais métalliques et non métalliques, la biomasse et les énergies fossiles) (OCDE, 2019[1]). Les effets négatifs susmentionnés sur le bien-être exigent non seulement de l’innovation, mais aussi le réexamen des priorités de l’industrie lourde et une réflexion plus poussée sur l’utilisation des ressources en vue de fournir des matériaux et des produits chimiques à la société.

L’adoption d’une approche axée sur le bien-être met rapidement en lumière l’inadéquation de l’économie dite « linéaire », c’est-à-dire qui extrait, transforme, consomme et élimine. L’industrie lourde ne pourra promouvoir le bien-être qu’à travers la transition de l’économie au sens large vers un modèle circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. Ces changements d’ensemble lui permettront d’adopter ce modèle à son tour.

Ce rapport se concentre sur la question de l’atténuation du changement climatique et met en évidence différentes stratégies visant à assurer la décarbonation de l’industrie lourde aussi bien du côté de l’offre que de la demande (GIEC, 2018[5]). Parmi les solutions disponibles figurent l’amélioration de l’efficacité énergétique ; l’utilisation accrue de l’électricité bas carbone ; le développement du recyclage des matériaux ; la modification des procédés existants en vue de recourir au captage, à l’utilisation et au stockage du carbone (CUSC) ; l’identification de nouvelles sources de chaleur pour les procédés en place ; voire le changement total des sources d’énergie (par ex. en faisant appel à l’électrification directe ou indirecte, aux matières premières bioénergétiques ou à l’hydrogène) (Bataille et al., 2018[6] ; Davis et al., 2018[7]). Le temps disponible pour atteindre les objectifs contraignants d’atténuation du changement climatique est limité. Les installations industrielles ayant une durée de vie de plusieurs décennies implique que l’ensemble des nouvelles structures présentent des émissions nettes nulles d’ici la période 2030-2055 afin de limiter la hausse de la température à 1.5 ou 2 °C (Bataille et al., 2018[6]). Les cycles d’investissement des installations durent généralement de 20 à 40 ans, ce qui signifie que les entreprises sont à un, voire tout au plus deux cycles d’investissement du milieu du siècle (Wyns, Robson et Khnadekar, 2018[8]).

Néanmoins, si l’on fait une comparaison avec d’autres secteurs tels que les transports, seuls certains procédés de l’industrie lourde peuvent être électrifiés directement et pour un coût faible ; par conséquent, de nouveaux procédés (par ex. de nouveaux procédés chimiques pour le ciment) devront être mis en place. Bon nombre des options disponibles sont coûteuses (par ex. le procédé HIsarna pour l’acier) ou techniquement difficiles (Bataille et al., 2018[6] ; Davis et al., 2018[7]). Toutefois, les possibilités offertes par la technologie en matière de décarbonation repoussent continuellement les frontières de l’innovation ; il est crucial de démontrer et de favoriser la viabilité commerciale de ces nouvelles technologies. La réduction de la demande de produits de l’industrie lourde, moyennant une utilisation plus efficace des matériaux, sera aussi importante que les mesures visant l’offre, mais la prudence devra rester de mise dans la hiérarchisation des priorités. Concentrer l’attention sur la demande est susceptible de ralentir le déploiement des technologies de production bas carbone, et donc le rythme de la réduction de l’intensité d’émission de la production de matériaux (AIE, 2019[9]).

Les méthodes de décarbonation de l’industrie lourde auront une forte incidence sur d’autres dimensions du bien-être, qui ne peuvent être ignorées. D’une part, l’industrie lourde est sensible à la hausse des coûts de production, ce qui complexifie les enjeux de compétitivité. La majeure partie de l’industrie lourde présente une rentabilité discontinue et est généralement exposée à la concurrence internationale ; elle a donc peu de possibilités de transférer les coûts aux consommateurs (1-5 % tout au plus). Par conséquent, les coûts supplémentaires dus à la décarbonation font souvent craindre que la compétitivité diminue et que, de ce fait, des emplois soient détruits ou que des collectivités « meurent », car l’industrie lourde se trouve généralement dans des régions rurales et isolées. D’autre part, divers mécanismes de décarbonation peuvent aider à gérer les ressources de la planète en réduisant la consommation d’énergie et d’eau ; d’autres peuvent contribuer à réduire les rejets de polluants et les déchets pour que l’environnement reste sain et sûr. À l’avenir, les pouvoirs publics devront démêler cet écheveau d’intérêts et d’inconnues pour définir avec soin des mesures à même d’assurer le double alignement de toutes les priorités en matière de bien-être.

Ce chapitre analyse les incidences de l’industrie lourde sur le bien-être d’aujourd’hui et de demain. La section 3.1 appelle à un élargissement des priorités de l’action publique pour orienter les décisions prises dans le secteur de manière à garantir des incidences positives sur le bien-être de plus grande ampleur, ainsi qu’à anticiper et éviter d’éventuelles divergences entre les objectifs. La section 3.2 propose, quant à elle, un ensemble d’indicateurs visant à suivre l’action consacrée aux différentes priorités et à aider les pays à hiérarchiser efficacement leurs interventions en vue de la mener à bien. Elle montre également que ces indicateurs peuvent compléter les Objectifs de développement durable (ODD) et le cadre d’évaluation du bien-être et du progrès de l’OCDE (dénommé « cadre du bien-être de l’OCDE » ci-après).

Le chapitre 8 (partie 2) s’appuie sur le présent chapitre et traite des mécanismes et des politiques de décarbonation nécessaires pour assurer la transition vers un mode de production circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. À l’instar des réflexions incluses dans le présent chapitre, il traite des politiques et des stratégies visant à assurer un double alignement des objectifs climatiques et des objectifs de bien-être en général, en abordant quelques-uns des principaux éléments qui peuvent les faire converger avec d’autres priorités de l’action publique ou les en faire diverger.

copy the linklink copied!3.2. Changer de perspective : au-delà de la maximisation de la production

En dépit de sa part relativement modeste dans le produit intérieur brut (PIB) mondial, l’industrie lourde est un pilier de l’économie actuelle et transforme pratiquement tous les matériaux et produits chimiques utilisés aujourd’hui (Wyns, Robson et Khnadekar, 2018[8]). Par conséquent, les pays estiment souvent qu’elle revêt une importance stratégique pour le développement économique (Silva et Mattera, 2018[10]). En particulier, le secteur de l’acier est non seulement considéré comme crucial pour l’économie, mais aussi pour la défense. Les décideurs tiennent souvent à garantir des sources nationales d’acier (Silva et Mattera, 2018[10]).

L’industrie lourde a des coûts fixes initiaux très élevés, ce qui l’amène à maximiser sa production, même durant les périodes de faible demande (Silva et Mattera, 2018[10]). L’élévation des niveaux de vie, l’urbanisation croissante et l’augmentation de la population entraînent, quant à elles, une hausse de la demande de produits. Tous ces facteurs incitent encore davantage à augmenter la production et à améliorer l’efficacité en vue de réduire les coûts, c’est-à-dire à minimiser les intrants par unité produite. Comme le montre le graphique 3.1, il s’agit de capital humain – par ex. les travailleurs et leurs compétences (encadré rouge) ; de capital naturel – par ex. l’eau, les terres et les matières premières (encadré bleu) ; et de capital produit – par ex. l’énergie et les machines (encadré jaune). En retour, l’industrie lourde génère les matériaux et les produits chimiques transformés dont la société a besoin (encadré jaune), les salaires des travailleurs (encadré rouge), ainsi que d’autres sous-produits moins désirables tels que des polluants, des déchets et des gaz à effet de serre (GES) (encadré bleu).

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Graphique 3.1. Les intrants et les extrants de la production dans l’industrie lourde
Graphique 3.1. Les intrants et les extrants de la production dans l’industrie lourde

L’industrie lourde suit le rythme de la demande. La production d’aluminium primaire a presque doublé ces dix dernières années, passant de 38 971 Mt en 2008 à 64 336 Mt en 2018, essentiellement sous l’effet de la hausse de la production en Chine (OCDE, 2019[1]). La production d’acier brut est quant à elle passée de 1.3 à 1.8 milliard de tonnes durant la même période (Mercier et Mabashi, 2019[11]). La croissance de la production mondiale crée des emplois et assure le développement de régions du monde entier. Les emplois en question ne représentent qu’une partie relativement modeste du marché de l’emploi à l’échelle mondiale, mais il existe des liens indirects avec d’autres secteurs dans l’ensemble de l’économie. Par exemple, le secteur de l’acier emploie seulement 6 millions de personnes dans le monde, mais il concerne de manière indirecte 42 millions d’emplois (World Steel Association, 2019[12]).

Néanmoins, l’automatisation vient progressivement remplacer ces emplois : l’industrie lourde se dirige vers l’automatisation des procédés, à l’instar des constructeurs automobiles (Kherat, 2019[13]). Les robots industriels devraient se substituer à près de 20 millions d’emplois manufacturiers (environ 8.5 %) à l’échelle mondiale d’ici 2030 (Oxford Economics, 2019[14]). La baisse de leur coût et leurs capacités croissantes (faisant appel à l’intelligence artificielle), associées à la hausse continue de la demande de biens, incitent les principaux producteurs tels que la Chine à consacrer des investissements colossaux à l’automatisation (Oxford Economics, 2019[14]). Depuis 2000, l’Union européenne a perdu 400 000 emplois à cause de l’automatisation, la Chine 550 000, les États-Unis 260 000 et la Corée du Sud 340 000 (Oxford Economics, 2019[14]). La nécessité de faire quelque chose pour les personnes ayant perdu leur emploi, afin d’éviter la perpétuation des inégalités sociales, est de plus en plus reconnue. En effet, les zones rurales peu peuplées et à faibles revenus seront les plus exposées aux pertes d’emplois dues à l’automatisation et à la transition vers une économie bas carbone (Oxford Economics, 2019[14]). Cette dernière fait partie des sujets abordés en 2015 dans les Principes directeurs de l’OIT pour une transition juste (OIT, 2015[15]).

Malgré cette tendance, l’industrie lourde – et la politique industrielle – maximisent la production au détriment d’autres aspects du bien-être présent et futur. L’augmentation de la production enregistrée par le secteur ces dernières décennies a entraîné une hausse considérable des émissions de GES liées à l’énergie, aggravant encore le changement climatique. L’industrie lourde a rejeté 11.8 GtCO2 (36 % des émissions de CO2 mondiales) en 2016, plus 3.1 GtCO2 (9 %) pour la production de combustibles fossiles (généralement imputée à l’industrie lourde), ce qui en fait le principal secteur émetteur si les émissions de CO2 de l’électricité sont attribuées aux secteurs consommateurs (flèche bleue dans le Graphique 3.1) (AIE, 2019[2]). Les principaux émetteurs de l’industrie lourde sont le fer et l’acier (31 %) ainsi que le ciment et le béton (19 %) (pour obtenir une ventilation plus détaillée, voir le graphique 3.2).

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Graphique 3.2. Ventilation des émissions de CO2 liées à l’énergie par sous-secteur
Graphique 3.2. Ventilation des émissions de CO2 liées à l’énergie par sous-secteur

Source: (AIE, 2019[2]).

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933993047

Les sous-produits de l’industrie lourde – à savoir les déchets, les boues et les poussières (flèche bleue dans le graphique 3.1) – polluent l’air, l’eau et les sols dans certaines parties du monde, portant ainsi atteinte à la biodiversité à travers l’acidification de l’eau, l’eutrophisation et l’écotoxicité des eaux et des sols (OCDE, 2019[1]). L’exposition aux dangers qu’ils représentent peut-être persistante, comme dans le cas des pluies acides dues à la combustion de charbon qui a touché le Nord-Est des États-Unis jusqu’aux années 1990. Elle peut aussi être très aigüe, comme à la suite de la rupture des barrages de Brumadinho en 2019 et de Mariana en 2015, accidents qui ont entraîné le rejet de millions de litres de déchets de mines de fer au Brésil, fait plusieurs morts et détruit la biodiversité. Cette pollution peut porter atteinte à la santé des êtres humains de manière directe et indirecte, à travers la contamination des produits alimentaires et de l’eau (Tableau 3.1). L’utilisation des ressources de la planète, c’est-à-dire des terres, de l’eau et des matières premières (encadré bleu) d’une part, et de l’énergie (encadré jaune) d’autre part, est susceptible de poser des problèmes de durabilité à l’avenir en raison de la concurrence croissante que se livrent l’industrie lourde, l’agriculture et l’énergie pour en disposer (OCDE, 2017[16]). En janvier 2018, Le Cap a été confrontée à la dure réalité d’une pénurie d’eau qui a duré trois mois ; la ville a surmonté cette crise en coupant l’accès de l’industrie à l’eau potable. Ce type de choix sera de plus en plus courant à l’avenir : la demande mondiale totale d’eau (c’est-à-dire le volume prélevé dans les sources d’eau douce) devrait augmenter de 23 % entre 2015 et 2060 ; l’industrie représente 38 % de cette demande (OCDE, 2017[16]). On ne sait pas comment il sera possible de répondre à cette demande croissante dans l’éventualité d’une pénurie de ressources à l’avenir.

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Tableau 3.1. Exemples de l’incidence de l’industrie lourde sur le bien-être

Sous-produits de l’industrie lourde

Effet sur le bien-être

Exemples

Pollution de l’eau

Diminution de la biodiversité.

Le cuivre (utilisé, par exemple, dans les parties électromécaniques des bâtiments) sera le principal facteur d’acidification dans les 50 années à venir (OCDE, 2019[1]), entraînant l’écotoxicité des eaux douces et la mort de nombreuses espèces d’algues, d’invertébrés, d’insectes et de poissons (par ex. le risque de est élevé pour le saumon, la truite et le gardon) (Tang et al., 2014[17]).

Pollution des sols

Les métaux non ferreux libèrent des substances toxiques dans les écosystèmes, source d’écotoxicité terrestre. Parmi les incidences sur les insectes figurent la perte des œufs, la réduction de la valeur adaptative de leur progéniture et les problèmes de comportement, entraînant une baisse générale de la taille des populations et de la diversité des espèces sur les sites contaminés. Le déclin des populations d’insectes pourrait, à son tour, perturber les services écosystémiques tels que la production de denrées alimentaires (Mogren et Trumble, 2010[18]).

Pollution de l'air

Dangereux pour les êtres humains.

L’industrie lourde, notamment dans les économies émergentes, rejette une quantité excessive de polluants riches en dioxyde de soufre et en matières particulaires, soit les composants du smog. En Chine, les effets du smog sur la santé se font sentir très rapidement (par exemple, à travers une sensation d’oppression dans la poitrine 10 ou 15 minutes après l’inhalation), provoquant des problèmes à long terme tels que l’asthme, des décès prématurés et les anomalies congénitales.

Eaux usées, boues et résidus

Les eaux usées, les résidus et les boues provenant de l’industrie lourde (fer et métaux non ferreux, par exemple) sont dangereux pour la santé, même à des niveaux de contamination très faibles (Gunatilake SK, 2015[19]). La contamination des eaux usées par les métaux provoque des cancers, des lésions des organes et du système nerveux, voire des décès dans les cas extrêmes. Elle entrave également la croissance et le développement des enfants, notamment à travers la contamination de l’eau consommée et des denrées alimentaires, comme cela a été observé en Inde (Gunatilake SK, 2015[19]).

Poussière

L’exposition aux poussières contenant des métaux lourds par ingestion, inhalation ou absorption à travers la peau, comme cela a été le cas en Chine (Leung et al., 2008[20] ; Zheng et al., 2010[21]), en Inde et au Pakistan (Farooq, Anwar et Rashid, 2008[22]), nuit aux systèmes nerveux périphérique et central, aux composants sanguins, aux poumons, aux reins et au foie, et peut même être fatale (Leung et al., 2008[20]).

Utilisation de l’eau

Diminution des ressources naturelles.

La demande mondiale totale d’eau (c’est-à-dire le volume prélevé dans les sources d’eau douce) devrait augmenter de 23 % entre 2015 et 2060. L’industrie est responsable de 38 % de cette augmentation (OCDE, 2017[20]). Alors que l’eau se fait rare dans les régions où l’industrie lourde fabrique ses produits, les méthodes de production inefficaces représentent un danger pour l’activité, surtout si les autorités locales ferment le robinet ou taxent lourdement l’utilisation de l’eau et la pollution.

Utilisation des terres

Les installations de l’industrie lourde, ainsi que les décharges, occupent des terres requises à d’autres fins (Giam, Olden et Simberloff, 2018[23]).

La demande de matériaux et de produits chimiques de l’industrie lourde est appelée à augmenter dans les prochaines décennies ; l’ampleur de cette augmentation dépendra de la réaction de la société aux défis à venir. Par exemple, si les tendances se poursuivent à l’échelle mondiale (et si la structure économique demeure à peu près identique), la production de métaux primaires et secondaires – par ex. l’aluminium, le cuivre, le fer et l’acier – devrait poursuivre sa croissance au même rythme durant les cinquante prochaines années (OCDE, 2019[1]). Selon les projections, en cas de maintien des tendances actuelles, la demande de matières primaires (issues des matières premières extraites) devrait doubler entre 2017 et 2060, principalement du fait des pays émergents et en développement (OCDE, 2019[1]). Bien que cela puisse apporter des emplois et favoriser le développement régional, le nombre d’emplois créés dépendra des progrès et de la rapidité d’adoption de l’automatisation. Toutefois, les incidences environnementales de la production de matières primaires – par ex. les GES, l’acidification, l’eutrophisation, l’utilisation des terres et la toxicité pour les organismes aquatiques et terrestres) – devraient pratiquement doubler elles aussi (Tableau 3.1) (OCDE, 2019[1]). Cela placerait les objectifs de l’Accord de Paris hors d’atteinte, compromettant ainsi les perspectives de bien-être des générations futures.

Il convient de procéder à un réajustement des priorités dans l’industrie lourde afin d’éviter ces pertes de bien-être – et la répétition des erreurs du dernier siècle. L’industrie lourde devra toujours continuer à produire et se préoccuper du sort des travailleurs, mais sans que cela se fasse au détriment d’autres aspects du bien-être, notamment la lutte contre le changement climatique, la préservation d’un environnement sain et sûr, et l’utilisation durable des ressources de la planète telles que l’énergie, les terres, l’eau et les matières premières.

L’industrie lourde ne peut pas garantir la réalisation des priorités précitées dans le cadre de l’économie linéaire émettrice de CO2 qui prédomine aujourd’hui. Il est essentiel d’amorcer une transition mondiale vers une économie circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. Ce type d’économie doit permettre d’atteindre des émissions de GES nettes nulles d’ici le milieu du siècle et de « garder les produits, les composants et les matériaux dans l’économie aussi longtemps que possible, en tentant de ne plus produire de déchets et de ne plus utiliser de ressources vierges » (McCarthy, Dellink et Bibas, 2018[24]). Impératif, chacun de ces changements est complémentaire des autres : la décarbonation de la production est nécessaire en complément de la circularité et de l’utilisation efficace des ressources. La transformation de l’économie prendra beaucoup de temps étant donné qu’il s’agira de changer le comportement de milliards de consommateurs et de producteurs – ainsi que des secteurs d’utilisation finale des produits industriels (par ex. les normes de construction). De plus, le recyclage s’accompagne d’une déperdition qualitative et quantitative, en vertu de quoi il faudra recourir aussi à des matières primaires neuves pour répondre à la demande croissante (par ex. les avions ont besoin d’un aluminium plus pur que les boîtes de conserve). Par ailleurs, certains matériaux employés actuellement ne peuvent pas être immédiatement réutilisés ou recyclés (par ex. les bâtiments présentent un cycle de vie de plusieurs décennies). Par conséquent, des matières primaires neuves demeureront nécessaires pour satisfaire la demande courante (van Ewijk, 2018[25]), ce qui signifie que l’industrie lourde doit décarboner son mode de production.

Il existe plusieurs mécanismes de décarbonation de l’industrie lourde, du côté de la demande comme de l’offre. Pour ce qui est des deux secteurs les plus émetteurs, c’est-à-dire le fer/l’acier et le béton/le ciment, l’Energy Transitions Commission (Energy Transitions Commission, 2018[26]) estime :

  • qu’il serait possible de réduire jusqu’à 38 % des émissions du secteur du fer et de l’acier à travers la gestion de la demande (accroissement et amélioration du recyclage de la ferraille, remaniement de la conception des produits pour utiliser moins de matières et accroître la circularité) ; jusqu’à 20 % grâce à l’efficacité énergétique (réutilisation du gaz haute pression pour alimenter d’autres équipements, extinction à sec du coke, fermeture des usines inefficaces) ; et jusqu’à 100 % à l’aide de technologies de décarbonation (fours électriques à arc pour les ferrailles, à condition de disposer d’électricité à faibles émissions de GES ; fer préréduit à l’aide de gaz naturel (transition) ; fer préréduit à l’aide d’hydrogène ; captage et stockage du carbone [CSC] ; et électrolyse directe du minerai de fer fondu).

  • qu’il serait possible de réduire jusqu’à de 34 % des émissions de CO2 du secteur du ciment et du béton à travers la gestion de la demande (en concevant des bâtiments plus efficaces, en recyclant le ciment non hydraté, en réutilisant le béton et en le remplaçant par le bois) ; de 10 % grâce à l’efficacité énergétique (par ex. fours secs, cyclones successifs et réduction du rapport clinker/ciment) ; et, pour le reste, en faisant appel à des technologies de décarbonation (par ex. gaz, production de chaleur à partir de la biomasse/des déchets et électrification des fours).

Dans un scénario compatible avec l’objectif des 2 °C, les projections indiquent que les émissions dues à la production d’électricité sont appelées à baisser d’environ 90 % par rapport au niveau de 2010, contre une baisse d’environ 50 % seulement pour l’industrie. Par conséquent, la majeure partie des réductions requises pour atteindre un objectif de 1.5 °C plutôt que de 2 °C demanderont des baisses majeures de la part de l’industrie et d’autres secteurs de la demande (le bâtiment et les transports), qui sont susceptibles d’être confrontés à des coûts marginaux largement supérieurs (Luderer et al., 2018[27]). Le chapitre 8 (partie 2) du présent rapport examine de manière détaillée chacun de ces mécanismes, ainsi que leurs répercussions sur d’autres priorités dans le domaine du bien-être.

Néanmoins, toute modification du déroulement de la production entraîne une perte de bien-être tout à fait palpable chez certains individus, à savoir les employés de l’industrie lourde. Si toutes les régions du monde mettaient en place une taxe de 50 USD (dollars des États-Unis) par tonne de carbone rejetée aujourd’hui, le secteur de l’exploitation minière et des énergies fossiles perdrait environ 8 % de ses emplois dans les pays de l’OCDE et 6 % dans les pays hors OCDE. Les secteurs du bâtiment, des produits chimiques et d’autres industries lourdes accuseraient, quant à eux, une perte de moins de 5 % à l’échelle mondiale (Chateau, Bibas et Lanzi, 2018[28]). En valeur absolue, le nombre total d’emplois perdus dans un tel scénario serait de 21 millions seulement, soit du même ordre que celui des pertes d’emplois que devrait entraîner globalement l’automatisation d’ici 2030. L’automatisation fait peser une plus grande menace sur les populations concernées que la décarbonation, mais les évolutions de la production s’accompagneront également de l’apparition de nouveaux débouchés. Par exemple, près de 6 millions d’emplois peuvent être créés à l’échelle mondiale si l’économie linéaire cède la place au recyclage, à la réutilisation, au réusinage, à la location et à l’allongement de la durée de vie des biens (OIT, 2018[29]).

Même si le nombre d’emplois supprimés du fait de cette transition est relativement modeste et s’il n’est pas exclu de pouvoir redéployer la main-d’œuvre, les actifs qui travaillent directement dans ces industries émettrices et gourmandes en ressources sont des personnes en chair et en os. Si l’on a une conception à courte vue de l’atténuation, souvent, modifier la production expose à une réalité dans laquelle ces personnes se retrouvent sans emploi et des communautés risquent de se disloquer. L’approche axée sur le bien-être offre quant à elle une clé, en permettant de concevoir des politiques adaptées et les outils de mesure à même de guider leur élaboration de manière à tenir compte des travailleurs et des collectivités concernées. Elle amène les décideurs à évaluer ces coûts, à identifier ces collectivités et à mettre en place des outils de mesure adaptés pour suivre l’action menée et l’améliorer. La section suivante fournit un exemple d’indicateur à même de mettre en évidence les collectivités « menacées ». Le chapitre 8 (partie 2) offre, quant à lui, des exemples de moyens permettant d’assurer leur transition.

D’autres priorités de l’industrie lourde – maintenir la production et s’occuper des travailleurs, utiliser les ressources plus efficacement ou réduire la pollution – peuvent contribuer à endiguer le changement climatique et à parvenir à un double alignement. Par exemple, la symbiose de Kalundborg est le premier exemple de symbiose industrielle qui fonctionne (c’est-à-dire qui permet une utilisation plus efficace des ressources). Elle regroupe plusieurs installations (publiques et privées) qui échangent de l’énergie, de l’eau et des matériaux au sein de boucles fermées. En 2015, Kalundborg a réduit sa consommation d’eau de 3.6 millions m3 et de matériaux de 87 000 t (le gypse, les cendres volantes, le soufre, le sable et l’éthanol), tout en diminuant ses émissions de 635 MtCO2 (ce qui équivaut aux émissions de CO2 par habitant de 75 000 Danois) (Ellen MacArthur Foundation, 2017[30]). Le Tableau 3.2 explique que ces autres priorités peuvent être alignées avec les actions pour l’atténuation du changement climatique ou en diverger.

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Tableau 3.2. Avantages potentiels d’un double alignement découlant d’une approche axée sur le bien-être dans l’industrie lourde

Autre priorité de l’action publique

Contribue à limiter le changement climatique

en générant des synergies

en évitant/réduisant les divergences

Maintenir la production et s’occuper des travailleurs

L’élimination des distorsions du marché et des interdictions d’importation de la ferraille accroît l’efficacité du marché des produits de l’industrie lourde. Cela contribue à la fermeture des usines émettrices de CO2 inefficientes et à l’utilisation accrue de ferraille dans la production, réduisant ainsi les émissions directes (par ex. en utilisant des fours à arc électrique pour produire de l’acier plutôt que des hauts-fourneaux-convertisseurs à l’oxygène).

Les politiques actives du marché du travail facilitent la transition vers d’autres emplois et aident les communautés où les moyens de subsistance sont tributaires d’installations de l’industrie lourde à forte intensité d’émission et inefficaces, de façon à éviter de protéger les emplois au détriment de l’atténuation.

Préserver un environnement sain et sûr

La préservation d’un environnement sain et sûr réduit la pollution de l’air, de l’eau et des sols imputable à l’industrie lourde à travers l’utilisation des technologies CSC, l’amélioration de l’efficacité énergétique des usines et l’électrification (par ex. des fours à arc électrique alimentés avec de l’électricité bas carbone). De même l’identification de nouvelles sources de chaleur permet également de réduire les émissions de GES.

Une évaluation adaptée des coûts et des avantages de différentes technologies visant à réduire la pollution de l’air est susceptible d’écarter les solutions qui permettent de lutter contre la pollution, mais entraînent une hausse des émissions de CO2, et vice-versa. Par exemple, le coût de la construction d’installations CSC pour la production, la transformation et le transport du fer, de l’acier, de l’aluminium, du ciment, etc. ainsi que des édifices nécessaires pour bâtir l’installation l’emporte sur les avantages qui en découlent.

Gérer les ressources de la planète de manière durable

L’utilisation plus efficace des ressources par la symbiose industrielle (par ex. Kalundborg) permet de réutiliser les déchets et les sous-produits d’un procédé à l’autre (par ex. la réutilisation des cendres volantes issues du fer et de l’acier dans le secteur du ciment), réduisant ainsi les déchets et la quantité de ressources nécessaires (telles que l’eau et l’énergie). Tout cela contribue à améliorer la gestion des ressources de la planète et à réduire les émissions.

La réintégration des ramasseurs informels dans les circuits officiels de gestion des déchets solides permet d’éviter la concurrence entre le recyclage informel et la gestion des déchets solides et d’assurer l’accès à la ferraille. En retour, l’utilisation accrue de ferraille dans l’industrie lourde (par ex. en recourant aux fours à arc électrique plutôt qu’aux convertisseurs à oxygène pour la production d’acier) entraîne une réduction des émissions.

copy the linklink copied!3.3. Indicateurs visant à surveiller la contribution de l’industrie lourde au bien-être

La section 3.2 préconise d’élargir les priorités de l’industrie lourde au-delà du maintien la production et du soin des travailleurs, et ce de manière à éviter de perpétuer les pertes de bien-être, voire de les aggraver dans l’avenir. Cet ensemble plus large de priorités comprend la lutte contre le changement climatique, le maintien d’un environnement sain et sûr et l’utilisation durable des ressources de la planète. Il en découle que dans l’ère qui s’ouvre, la production devra réduire ses émissions nettes à zéro, être circulaire, et économe en ressources. Au cours de cette transition, les décideurs auront besoin d’indicateurs pour s’assurer que l’industrie lourde atteint ces priorités, et produit ce dont la société a besoin sans compromettre le bien-être, la lutte contre le changement climatique, etc.

Bien que ce rapport ne soit pas le premier à proposer un ensemble d’indicateurs capables de brosser un tableau plus complet du bien-être, il est l’un des premiers à le faire à un niveau sectoriel. Les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE ont jeté les bases des priorités et des indicateurs de bien-être à l’échelle de l’économie dans son ensemble. D’ailleurs, les priorités décrites ici renvoient clairement à celles de ces cadres existants. Le Tableau 3.3 les énumère et les met en correspondance avec les objectifs pertinents du cadre du bien-être de l’OCDE et des ODD. La présente section passe en revue les priorités de bien-être dans le secteur de l’industrie lourde étape par étape et propose des indicateurs pouvant aider à transformer les objectifs en résultats mesurables. Elle aborde également le lien entre les indicateurs proposés et ceux actuellement inclus dans les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE. La liste fournie est non exhaustive et propose plutôt des catégories d’indicateurs qui pourraient être utiles et les améliorations nécessaires en termes de données.

Cette section diffère d’un rapport classique sur l’atténuation du changement climatique dans le secteur industriel. Les indicateurs proposés ne fournissent pas de mesures détaillées pour les facteurs d’émission car cela reviendrait à répéter le travail effectué depuis de nombreuses années par d’autres institutions. Il est surtout question, ici, de s’intéresser à des indicateurs capables de mesurer des résultats eu égard à différents objectifs de l’action publique, afin de comprendre les interactions entre diverses facettes du bien-être, ainsi que leurs effets. Recourir à ces types d’indicateurs, notamment de manière simultanée, aidera à mettre en évidence les possibilités de double alignement. En effet, il sera possible de mieux définir les incidences positives et négatives potentielles des différents mécanismes de décarbonation (voir le chapitre 8, partie 2) sur les diverses priorités de bien-être.

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Tableau 3.3. Priorités dans l’industrie lourde et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE

Priorité

ODD et cibles

Domaine du bien-être (OCDE)

Dimension du bien-être (OCDE)

Maintenir la production et s’occuper des travailleurs

8.5. D’ici à 2030, parvenir au plein emploi productif et garantir un travail décent à toutes les femmes et à tous les hommes.

Bien-être futur : ressources.

Capital économique.

9.2. Promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et, d’ici 2030, augmenter nettement la contribution de l’industrie à l’emploi et au produit intérieur brut, en fonction du contexte national, et la multiplier par deux dans les pays les moins avancés.

12.2. D’ici à 2030, parvenir à une gestion durable et à une utilisation rationnelle des ressources naturelles.

Conditions matérielles.

Emploi et salaires.

Limiter le changement climatique

13. Prendre d'urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

Préserver un environnement sain et sûr

3.9. D’ici à 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses et à la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et du sol.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

9.2. Promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et, d’ici à 2030, augmenter nettement la contribution de l’industrie à l’emploi et au produit intérieur brut, en fonction du contexte national, et la multiplier par deux dans les pays les moins avancés.

15.5. Prendre d’urgence des mesures énergiques pour réduire la dégradation du milieu naturel.

Bien-être futur : ressources.

Capital économique.

Gérer durablement les ressources de la planète

6.4. D’ici à 2030, faire en sorte que les ressources en eau soient utilisées beaucoup plus efficacement dans tous les secteurs.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

8.4. Améliorer progressivement, jusqu’en 2030, l’efficacité de l’utilisation des ressources mondiales dans les modes de consommation et de production.

12.5. D’ici à 2030, réduire considérablement la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation.

15.3. D’ici à 2030, s’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des terres.

3.3.1. Maintenir la production et s’occuper des travailleurs

La section précédente préconise d’orienter l’industrie lourde vers un mode de production circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. Cela est reflété dans l’ODD 9.2, « promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et, d’ici 2030, augmenter nettement la contribution de l’industrie à l’emploi et au produit intérieur brut, en fonction du contexte national, et la multiplier par deux dans les pays les moins avancés », ainsi que dans la dimension du cadre du bien-être de l’OCDE sur les « ressources futures », qui comprend le capital économique et naturel (Tableau 3.3). Pour favoriser une industrialisation durable, il convient d’ajuster les mesures actuelles du succès (comme indiqué dans le chapitre 1). Les mesures de la productivité doivent explicitement évaluer les apports de l’environnement et sa qualité, ce qui permettrait de créer un double alignement (du moins en termes de mesure) entre, d’une part, les objectifs de production, et d’autre part, la limitation du changement climatique, l’utilisation durable des ressources de la planète et la préservation d’un environnement sain et sûr. Historiquement, l’augmentation de la productivité est associée à une hausse majeure des émissions de CO2 et d’autres polluants (Empora et Mamuneas, 2011[31] ; Kalaitzidakis, Mamuneas et Stengos, 2018[32]), ce qui montre que les mesures de la productivité ne rendent pas pleinement compte du bien-être.

Les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE n’offrent aucun indicateur viable à même de se substituer aux mesures classiques de la productivité. L’indicateur clé de l’ODD 9.2, dénommé « valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière, en proportion du PIB », mesure la contribution d’un secteur donné à l’économie à l’aide du système de comptabilité nationale, malgré les efforts constants mis en œuvre dans ce contexte pour suffisamment rendre compte de l’environnement à travers le système de comptabilité économique et environnementale. Dans le cadre actuel des ODD, il existe un décalage entre la cible 9.2 et l’indicateur correspondant. Par conséquent, si cet indicateur est utilisé dans le processus de décision, il en découlera des choix non durables qui perpétueront les déperditions de bien-être. Le cadre du bien-être de l’OCDE ne propose pas des mesures alternatives de la productivité.

L’indicateur de productivité multifactorielle corrigée des incidences environnementales (EAMFP), qui fait partie de la base de données des indicateurs de croissance verte (couvrant 51 pays depuis 1990), comble les lacunes des cadres et des mesures existantes. La productivité multifactorielle (aussi connue sous le nom de productivité totale des facteurs) mesure généralement la part de la production qui ne peut pas être expliquée par le travail ou le capital. Les économistes la considèrent comme une mesure de l’efficience, c’est-à-dire de l’innovation technologique, bien que cette approche ait fait l’objet de critiques. En revanche, l’EAMFP mesure la part de la production qui ne peut pas être attribuée à un ensemble donné d’intrants, tout en tenant compte de la consommation des ressources naturelles et des incidences sur l’environnement (Cárdenas Rodríguez, Haščič et Souchier, 2018[33]). L’EAMFP n’est pas le seul indicateur qui vient ajuster les mesures de la productivité ; il s’agit simplement d’un exemple des types d’indicateurs qui pourraient être utiles.

Tout d’abord, l’EAMFP considère le coût privé pris en charge par les entreprises pour extraire le capital naturel (rentes de ressources comprises) de 14 gisements d’énergie fossile (charbon, charbon bitumineux, gaz, pétrole) et de minerais (or, minerai de fer, plomb, nickel, phosphate, bauxite, cuivre, argent, étain et zinc), englobant ainsi bon nombre des principales matières premières utilisées par l’industrie lourde. L’évaluation de l’extraction des matières premières permet aux décideurs de comparer le coût des matières primaires avec celui des matières secondaires de manière plus précise en vue de mieux gérer les ressources naturelles non renouvelables. Grâce à cette évaluation, il est possible de calculer la part de croissance du PIB imputable à l’extraction du capital naturel. Cet indicateur contribue donc à la gestion durable des ressources de la planète et favorise un double alignement de ces priorités. D’autres formes de capital naturel telles que les terres ou l’eau pourraient également être incluses. Cárdenas Rodríguez, Haščič et Souchier (Cárdenas Rodríguez, Haščič et Souchier, 2018[33]) fournissent des précisions sur la méthodologie.

De plus, l’EAMFP évalue des productions indésirables, telles que les émissions dans l’air de trois GES (CO2, CH4, N2O) et de cinq polluants atmosphériques – les oxydes de soufre, les oxydes d’azote, les PM10, le monoxyde de carbone et les composés organiques volatiles non méthaniques. Le calcul du prix fictif du nombre d’unités auxquelles il faut renoncer pour éliminer une unité de pollution permet d’obtenir une estimation de la croissance du PIB corrigée de la pollution, soit un élément essentiel de la préservation d’un environnement sain et sûr et de la limitation du changement climatique. Cet indicateur se démarque ainsi des mesures classiques de la productivité multifactorielle, qui n’évaluent pas explicitement la pollution ou les émissions, dont le prix est rarement chiffré.

Si les mesures de la productivité évaluent pleinement la qualité environnementale et l’environnement naturel, la production se détournera des installations à forte intensité d’émission et gourmandes en ressources, ce qui entraînera la perte d’emplois. Un autre indicateur accompagnant l’EAMFP (ou d’autres mesures similaires) met donc en évidence les régions menacées d’être les « perdantes » de la mise en place d’un mode de production durable, en vue de mieux cibler les politiques destinées à aider les travailleurs et les collectivités concernés. Les indicateurs des ODD 8.5 (relatif au taux de chômage) et 9.2 (relatif à la part de l’industrie manufacturière dans l’emploi) ne possèdent pas la granularité nécessaire pour identifier concrètement les politiques à utiliser afin de mesurer les incidences d’un mode de production circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. En revanche, un exemple d’indicateur permettant d’y parvenir est l’U.S. Cluster Mapping Project, une initiative nationale rassemblant plus de 50 millions d’enregistrements de données ouvertes sur les agrégats (clusters) aux États-Unis. Dirigé par l’Université Harvard, le ministère américain du Commerce et l’Economic Development Administration, ce projet regroupe les activités en agrégats, comme l’agrégat biopharmaceutique par exemple (US Cluster Mapping, 2019[34]). Chaque agrégat possède un tableau de bord livrant des informations sur les résultats économiques, la présence géographique, ainsi que la composition par sous-agrégats et activités. Il est possible de visualiser la présence géographique de chaque sous-agrégat au niveau des États, de zones économiques, des régions métro/micropolitaines et des comtés. Parmi les indicateurs économiques figurent le niveau de spécialisation, le nombre d’emplois en valeur absolue, le taux de croissance de l’emploi, les créations d’emplois, le salaire annuel, le taux de croissance du salaire annuel, le nombre d’établissements, le taux de croissance des établissements, les créations d’établissements, le nombre de brevets (indicateur d’innovation) et le taux de croissance du nombre de brevets. Élaboré à l’aide de données de l’US Cluster Mapping, le graphique 3.3 fournit un exemple de l’évolution de l’emploi (le nombre d’emplois) dans le travail du fer et de l’acier (sous-agrégat de la fabrication de métaux en amont) aux États-Unis, entre 2010 et 2016 et par État.

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Graphique 3.3. Évolution de l’emploi entre 2010 et 2016 par État dans le travail du fer et de l’acier
Graphique 3.3. Évolution de l’emploi entre 2010 et 2016 par État dans le travail du fer et de l’acier

Source: (US Cluster Mapping, 2019[34])

 StatLink https://doi.org/10.1787/888933993066

Le Tableau 3.4 résume les principaux points abordés dans la section ci-dessus. Les colonnes bleues indiquent la priorité de bien-être pour l’industrie lourde, les ODD correspondants, et la dimension et le domaine de bien-être concernés (présentés dans le Tableau 3.3), ainsi que les indicateurs qui leurs sont associés, pour montrer comment l’EAMFP et le Cluster Map peuvent les compléter.

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Tableau 3.4. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès réalisés en vue de maintenir la production et de s’occuper des travailleurs, et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE

Priorité

Indicateurs proposés

ODD et cibles

Indicateurs des ODD

Domaines/dimensions

du bien-être (OCDE)

Indicateurs de bien-être de l’OCDE

Maintenir la production et s’occuper des travailleurs

EAMFP (issu des indicateurs de croissance verte).

9.2. Promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous.

9.2.1. Valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière.

Bien-être futur : ressources.

Capital économique.

Aucune mesure de productivité.

12.2. D’ici à 2030, parvenir à une gestion durable et à une utilisation rationnelle des ressources naturelles.

12.2.1. Empreinte matérielle.

12.2.2. Consommation matérielle nationale.

Emplois, recette et nombre d’installations par concentration géographique des industries lourdes.

8.5. D’ici à 2030, parvenir au plein emploi productif et garantir un travail décent à toutes les femmes et à tous les hommes.

8.5.1. Rémunération horaire moyenne.

8.5.2. Taux de chômage.

Conditions matérielles.

Emploi et salaires.

Taux d’emploi.

3.3.2. Limiter le changement climatique

L’industrie lourde doit parvenir à des émissions nettes nulles d’ici le milieu du XXIe siècle, ce qui est reflété dans l’ODD 13, « Prendre d'urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions », et le cadre du bien-être de l’OCDE qui répertorie le capital naturel dans la dimension des « ressources futures ». Aucun de ces cadres ne fournit d’indicateurs des émissions de l’industrie lourde. Par conséquent, la présente section suggère des indicateurs des émissions provenant : a) de la consommation d’énergie ; et b) des procédés utilisés dans les transformations chimiques et physiques réalisées dans l’industrie lourde. En complément, une grande quantité de travaux examinent déjà les facteurs d’émission dans ce secteur (qui n’entrent pas dans le champ du présent chapitre), par ex. Tracking Industrial Energy Efficiency and CO2 Emissions (suivre l’efficacité énergétique et les émissions de CO2 dans l’industrie) (AIE, 2007[35]).

Fournir une estimation des émissions liées aux procédés n’est pas facile étant donné qu’elles varient selon la technologie utilisée dans le cadre de la production et du lieu où se trouve l’usine. Pour calculer la quantité de GES liés aux procédés par unité de PIB pour chaque sous-secteur et/ou par unité physique produite, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) propose trois méthodes : les méthodes de niveau 1, 2 et 3 ; la précision augmentant avec chaque niveau. Les méthodes de niveau 1 et de niveau 2 s’appuient sur la production : les volumes de production sont multipliés par des facteurs d’émission. Au niveau 1, on utilise les facteurs d’émission par défaut du GIEC (GIEC, 2006[36]) ; au niveau 2, ces facteurs d’émission sont ajustés en fonction de valeurs spécifiques à chaque pays. Au niveau 3, les émissions sont calculées sur la base des intrants carbonés ; plus complexe, cette méthode nécessite une analyse des flux de matières dans l’ensemble de la filière d’approvisionnement de la production. La quantité totale de GES par unité physique produite et par activité aide à déterminer si l’intensité d’émission diminue au fil du temps. Dans la mesure du possible, il serait utile de ventiler les émissions de CO2, d’une part, et des autres gaz, d’autre part, par unité produite, étant donné qu’ils présentent des durées de vie différentes dans l’atmosphère (pour de plus amples explications, voir l’encadré 1.2, chapitre 1).

Les émissions dues à l’utilisation d’énergie peuvent être calculées en multipliant la consommation d’électricité par unité de PIB de chaque sous-secteur et/ou par unité physique produite (pourcentage d’utilisation finale de l’énergie en l’absence de données sur les énergies fossiles) par l’intensité d’émission de la production d’électricité (par ex. les tonnes de GES par kWh).

Même si elle est considérée séparément, l’utilisation d’électricité par unité de PIB de chaque sous-secteur et/ou par unité physique produite permet d’identifier les industries susceptibles de subir une perte de compétitivité du fait de la hausse du prix de l’électricité. Cet indicateur peut également être utile aux producteurs d’électricité qui peuvent l’employer pour équilibrer leur réponse à la demande : il permet aux groupes de collecter des informations sur les techniques existantes de prévention et de lutte, d’une part, et d’intégrer les énergies renouvelables intermittentes dans le réseau et l’électrification des utilisations finales (par ex. le chauffage et les transports), d’autre part. Tout déséquilibre majeur entre la consommation et la production est susceptible de provoquer l’instabilité ou des fluctuations de tension importantes, ainsi que des pannes au sein du réseau électrique, portant ainsi atteinte au bien-être (abordé dans le détail au chapitre 2 sur l’électricité). La consommation d’électricité de l’industrie lourde constitue déjà un outil précieux pour maintenir un équilibre entre les besoins de consommation et de production.

Le Tableau 3.5 résume les principaux points abordés ci-dessus : la priorité de bien-être pour l’industrie lourde, les ODD correspondants, la dimension et le domaine de bien-être concernés (présentés dans le Tableau 3.3), ainsi que les indicateurs qui leur sont associés.

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Tableau 3.5. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de limitation du changement climatique et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE

Priorité

Indicateurs proposés

ODD et cibles

Indicateurs des ODD

Domaines/dimensions

du bien-être (OCDE)

Indicateurs de bien-être de l’OCDE

Limiter le changement climatique

GES émis lors de la production (énergie et procédés), taux CUSC.

13.2. Incorporer des mesures relatives aux changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales.

13.2.1. Nombre de pays ayant déclaré avoir mis en place ou mis en œuvre une politique/une stratégie/un plan intégré.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

Émissions de GES dues à la production intérieure.

3.3.3. Préserver un environnement sain et sûr

L’une des priorités de bien-être de l’industrie lourde consistera à faire en sorte que l’environnement reste sain et sûr pour protéger la santé humaine et la biodiversité, ce qui rappelle l’ODD 3.9, « réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus (…) à la pollution et à la contamination » ; l’ODD 15.5, « prendre d’urgence des mesures énergiques pour réduire la dégradation du milieu naturel » ; l’ODD 9.2, « promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous » ; et l’ODD 12.4, « parvenir à une gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques ». Les indicateurs associés à ces ODD et au cadre du bien-être de l’OCDE mesurent les taux de mortalité imputables aux polluants ou aux niveaux absolus de pollution. Ils ont pour inconvénient de faire l’impasse sur l’industrie lourde, notamment sur l’identification des installations polluantes et la quantité de pollution qui leur est due. Cette section propose des indicateurs supplémentaires permettant d’évaluer la qualité des installations de l’industrie lourde et leur contribution à la pollution.

Les meilleures techniques disponibles (les MTD, à ne pas confondre avec la meilleure technologie disponible) représentent un outil clé dans la prévention et la lutte contre la pollution due aux installations industrielles. Un nombre croissant de gouvernements font appel aux MTD en vue de fixer des valeurs limites d’émission juridiquement contraignantes dans le cadre des permis de rejets industriels dans l’air, l’eau et les sols. Les MTD sont des techniques ultramodernes de prévention et de lutte, élaborées à une échelle permettant leur mise en œuvre dans des conditions viables sur les plans technique et économique. Dans le cadre de l’octroi de permis environnementaux aux installations industrielles, l’emploi d’une approche fondée sur les MTD permet de fixer des conditions d’obtention reposant sur des preuves et un processus de décision participatif. Les permis environnementaux sont donc plus susceptibles d’offrir un niveau de protection élevé à la santé humaine et à l’environnement. Pour instaurer des MTD, les autorités établissent généralement des groupes de travail techniques sectoriels réunissant des représentants de l’administration, de l’industrie et d’organisations non gouvernementales de protection de l’environnement. Ces groupes collectent des informations sur les techniques existantes de prévention et de lutte, avant de procéder à leur évaluation approfondie, conformément à des critères environnementaux, économiques et techniques. Ce processus débouche sur un ensemble de MTD et les niveaux d’émission associés (présentés sous forme de plage), qui sont publiés dans les documents de référence sur les meilleures techniques disponibles (dénommés « BREF », pour best available techniques reference documents). Ceux-ci contiennent des informations clés qui servent de base pour établir des valeurs limites d’émission et les autres conditions inscrites dans les permis délivrés aux installations industrielles (OCDE, 2018[37]). Dans un secteur donné de l’industrie lourde, le niveau de conformité avec les valeurs limites d’émission basées sur les MTD est indiqué par le pourcentage d’installations industrielles qui respectent ces valeurs. On part du principe que ces dernières sont contraignantes. Pour obtenir de plus amples informations, voir Measuring the Effectiveness of BAT Policies (OCDE, 2019[38]) et Best Available Techniques for Preventing and Controlling Industrial Pollution (OCDE, 2018[37]).

L’ensemble d’indicateurs suivant permet de mesurer les polluants rejetés par les installations de l’industrie lourde. Le registre des rejets et transferts de polluants de l’UE (EU Pollutant Release and Transfer Register, E-PRTR)2 fait office de pionnier dans ce domaine. Les installations doivent transmettre leurs données annuelles à un référentiel national afin qu’elles soient ensuite enregistrées dans l’E-PRTR. Cette base de données regroupe plus de 30 000 installations industrielles et couvre 65 activités économiques dans 9 secteurs industriels : l’énergie, la production et la transformation des métaux, l’industrie minérale, l’industrie chimique, la gestion des déchets et des eaux usées, la fabrication et la transformation du papier et du bois, les produits d’origine animale et végétale issus du secteur alimentaire et des boissons, ainsi que d’autres activités. Le registre concerne 91 polluants rejetés dans l’air et dans l’eau, y compris les GES, d’autres gaz, des métaux lourds, des pesticides, des substances organiques chlorées, d’autres substances organiques et des substances inorganiques. Cette granularité permet d’identifier les installations qui sont nocives pour environnement et susceptibles de nuire indirectement à la santé humaine et à la biodiversité, et à cibler l’action publique.

Le Tableau 3.6 résume les principaux points abordés ci-dessus : la priorité de bien-être pour l’industrie lourde, les ODD correspondants, la dimension et le domaine de bien-être concernés (présentés dans le Tableau 3.3), ainsi que les indicateurs qui leur sont associés.

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Tableau 3.6. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de préservation de l’environnement et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE

Priorité

Indicateurs proposés

ODD et cibles

Indicateurs des ODD

Domaines/dimensions

du bien-être (OCDE)

Indicateurs de bien-être de l’OCDE

Préserver un environnement sain et sûr

Pollution annuelle de l’air, de l’eau et du sol par installation.

3.9. D’ici à 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses et à la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et du sol.

3.9.1. - 3.9.3. Taux de mortalité attribuable à la pollution de l’air dans les habitations et à la pollution de l’air ambiant ; à l’insalubrité de l’eau ; à un empoisonnement accidentel.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

Exposition aux PM2.5.

15.5. Prendre d’urgence des mesures énergiques pour réduire la dégradation du milieu naturel.

15.5.1. Indice Liste Rouge.

% d’installations conformes aux MTD.

9.2. Promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous.

s.o.

Bien-être futur : ressources.

Capital économique.

s.o.

3.3.4. La gestion durable des ressources de la planète

Le secteur de l’industrie lourde est l’un des nombreux autres exploitants des ressources de la planète, notamment des matières premières, des terres, de l’eau et de l’énergie. D’une part, les indicateurs relatifs à l’utilisation de ces ressources dans l’industrie lourde sont utiles pour éviter la concurrence entre les secteurs dans un monde où les ressources sont appelées à se raréfier. D’autre part, ils sont utiles dans le cadre de la production pour améliorer la circularité et l’efficacité de l’utilisation des ressources. Ces ambitions coïncident avec les objectifs des cadres existants, et plus particulièrement avec l’ODD 8.4, « améliorer progressivement, jusqu’en 2030, l’efficacité de l’utilisation des ressources mondiales dans les modes de consommation et de production », et avec le domaine « capital naturel » du cadre du bien-être de l’OCDE répertorié dans la dimension « ressources futures ». Organisée par ressources, cette sous-section est consacrée aux lacunes à combler dans les cadres actuels.

L’utilisation des matières – premières, primaires et secondaires

La transition qui doit s’opérer dans l’industrie lourde vise en partie à réduire autant que possible l’utilisation des matières premières (ODD 8.4) tout en admettant qu’il sera impossible de la supprimer totalement dans un futur proche, et à accroître l’utilisation des matières secondaires (ODD 12.5, « d’ici à 2030, réduire nettement la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation »). Produire avec des matières secondaires engendre moins d’émissions que produire avec des matières primaires, ce qui explique pourquoi la production de matière secondaire est plus aisée à décarboner (comme indiqué dans la section précédente). De plus, la transformation des matières secondaires génère moins de pollution, ce qui permet de préserver la qualité de l’environnement et l’établissement d’un double alignement entre l’ensemble des priorités de l’industrie lourde (OCDE, 2019[1]). Alors que les indicateurs existants permettent d’évaluer correctement l’utilisation des matières premières et la production de déchets, ils ne rendent pas compte de la circularité des ressources, ni de la possibilité de réutiliser ou non certains déchets à d’autres fins.

Plusieurs institutions telles que le Programme des Nations Unies pour l’environnement, l’OCDE et l’Union européenne recueillent des données pour des indicateurs destinés à l’analyse des flux de matières, enrichissant ainsi la liste des indicateurs déjà proposés pour l’ODD 8.4. L’objectif est de décrire l’interaction entre l’économie d’un pays et l’environnement naturel en termes de flux de matières, considérées comme des « intrants » et des « extrants » matériels. La base de données mondiale des flux de matières3 du Panel international des ressources du Programme des Nations Unies pour l’environnement regroupe un ensemble d’indicateurs, des définitions et des données existantes. Par leur étendue, ces ensembles de données (facilement accessibles) vont au-delà de la consommation intérieure de matières et de l’empreinte matérielle.

Les indicateurs de l’ODD 12.5.1 se rapportent au taux de recyclage national et à la masse des matériaux recyclés. Toutefois, aucun d’entre eux n’indique si les déchets sont réutilisés (une mesure de la circularité dans l’économie) ; quels types de déchets sont produits et par qui (par ex. l’industrie lourde) ; ou si une partie des déchets éliminés pourrait être réutilisée à d’autres fins.

Le taux d’utilisation circulaire de matières (UCM)4 est le nouvel indicateur utilisé par l’Union européenne pour mesurer « la part de matières récupérées et réintroduites dans l’économie – économisant ainsi l’extraction de matières premières primaires – dans l’utilisation mondiale de matières » sur une base annuelle. Cet indicateur peut être ventilé par matière et représente un outil précieux étant donné qu’il évalue la capacité de l’économie à réutiliser ces matières et identifie les industries lourdes utilisant plus de ferraille (compte tenu de la ventilation par matière).

Les indicateurs de la quantité et du type de déchets générés pourraient aider l’industrie lourde et d’autres secteurs à minimiser et à réutiliser les déchets. La base de données5 exploitée par le Département du recyclage et de la réutilisation des ressources de Californie (Department of Resources Recycling and Recovery, CalRecycle) constitue un exemple de meilleure pratique. Dans le prolongement des ODD, elle mesure les quantités de déchets éliminés au fil des ans (par ex. mis en décharge, importés ou exportés), avec différents degrés de ventilation aux niveaux des comtés, des installations et des collectivités locales. Elle mesure également les exportations de matières recyclées et de biomasse.

De plus, CalRecycle suit les caractéristiques exactes des déchets en vue de déterminer quels acteurs seraient susceptibles de les réutiliser. Le « Waste Characterisation Tool »6 ou outil de caractérisation des déchets aide les autorités locales à déterminer le type et la quantité de matières éliminées et détournées du flux californien de déchets. L’État de la Californie collecte des échantillons provenant de trois sources de déchets – résidentiels, commerciaux/industriels et transportés par des non-professionnels des déchets – qui auraient mis en décharge. Par la suite, les échantillons sont triés et divisés en composants en vue de déterminer ce qui est réellement jeté. Ces données sont ensuite utilisées pour estimer le taux d’élimination et de détournement potentiel (vers le recyclage) par groupe d’activités, type de matières et lieu. Parmi les différentes matières prises en compte, plusieurs proviennent de l’industrie lourde, notamment des métaux (par ex. l’aluminium, ainsi que d’autres métaux ferreux et non ferreux) ; des déchets spéciaux (par ex. les cendres) ; des matériaux inertes et autres (par ex. le béton, les plaques de plâtre et des déchets de bois) ; des déchets ménagers dangereux (par ex. les batteries, les matériaux de véhicules et d’équipements) ; le verre ; les matériaux électroniques ; et le papier. Une fois les flux de déchets caractérisés, les collectivités peuvent tenter de les rediriger vers l’industrie lourde s’ils peuvent y servir de matières secondaires.

L’eau

L’utilisation de l’eau dans l’industrie lourde pourrait s’avérer problématique à l’avenir en cas de raréfaction de la ressource hydrique. Ainsi, au cours d’une sècheresse en Afrique du Sud, des communes ont coupé l’approvisionnement local en eau des installations industrielles, forçant ces dernières à trouver d’autres ressources et d’autres moyens d’accéder à l’eau et de la réutiliser (voir le chapitre 8). Pour assurer un approvisionnement régulier en matériaux et en énergie et l’utilisation durable des ressources de la planète, les indicateurs qui permettent de suivre la consommation d’eau peuvent signaler les secteurs où les ressources doivent être utilisées plus efficacement. Cela va dans le sens de l’ODD 6.4, qui prévoit de faire en sorte que les ressources en eau soient utilisées beaucoup plus efficacement dans tous les secteurs d’ici à 2030, à l’aide de deux indicateurs : la variation de l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau et le pourcentage de prélèvements d’eau douce en proportion des ressources en eau douce disponibles. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture fournit, quant à elle, un indicateur utile obtenu en divisant la valeur ajoutée par la quantité d’eau utilisée (USD/m3) au fil des ans par code CITI7.

Les terres

À l’avenir, les terres pourraient faire l’objet d’une concurrence de plus en plus vive entre les secteurs : celui de l’énergie en a besoin pour installer des panneaux solaires et des éoliennes ; l’agriculture pour nourrir notre population croissante et pour les cultures énergétiques ; et l’industrie – et les activités extractives – pour produire des matériaux et des combustibles. Les activités extractives – qui fournissent les intrants destinés à l’industrie lourde – utilisent les terres à différentes fins. La conversion des forêts (par ex. pour extraire de la bauxite en Malaisie) est un sujet de grande préoccupation, étant donné qu’elle aggrave le changement climatique du fait des d’émissions directes qui en résultent et de la suppression de puits de carbone.

Le Tableau 3.7 résume les principaux points abordés ci-dessus : la priorité de bien-être pour l’industrie lourde, les ODD correspondants, la dimension et le domaine de bien-être concernés (présentés dans le Tableau 3.3), ainsi que les indicateurs qui leur sont associés.

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Tableau 3.7. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de gestion durable des ressources de la planète et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE

Priorité

Indicateurs proposés

ODD et cibles

Indicateurs des ODD

Domaines/dimensions

du bien-être (OCDE)

Indicateurs de bien-être de l’OCDE

Gérer de façon durable les ressources de la planète

  • Indicateurs des flux de matières.

  • Taux UCM.

  • Taux d’élimination par collectivité, année et acteur.

  • Indicateurs de caractérisation des déchets.

  • % des ressources en eau prélevées en vue d’une utilisation industrielle.

  • % d’utilisation des terres imputable à l’extraction de matières premières.

8.4. Améliorer progressivement, jusqu’en 2030, l’efficacité de l’utilisation des ressources mondiales dans les modes de consommation et de production.

8.4.1. Empreinte matérielle.

8.4.2. Consommation matérielle nationale.

Bien-être futur : ressources.

Capital naturel.

Superficie boisée.

12.5. D’ici à 2030, réduire nettement la production de déchets par la prévention, la réduction, le recyclage et la réutilisation.

12.5.1. Taux de recyclage national, tonnes de matériaux recyclés.

6.4. D’ici à 2030, faire en sorte que les ressources en eau soient utilisées beaucoup plus efficacement dans tous les secteurs.

6.4.1. Variation de l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau. 6.4.2. Prélèvements d’eau douce en proportion des ressources disponibles.

15.3. S’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des terres.

15.3.1. Surface des terres dégradées, en proportion de la surface terrestre.

copy the linklink copied!3.4. Conclusion et présentation du chapitre 8 (partie 2)

Ce chapitre préconise l’élargissement des priorités de l’industrie lourde en vue de préserver le bien-être, présent comme futur. Le secteur devrait maintenir la production et, simultanément, tenir compte des besoins des travailleurs et des collectivités, limiter le changement climatique, garantir un environnement sain et sûr, et gérer les ressources de la planète de manière durable. Pour y parvenir, il doit adopter un mode de production circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. Dans la dernière section sont identifiés plusieurs indicateurs – tels que l’EAMFP et le taux UMC – qui reflètent ces multiples priorités en vue d’évaluer les synergies et les arbitrages apparaissant à cause de différentes mesures et stratégies.

Le chapitre 8 (partie 2) évalue des politiques d’atténuation applicables dans l’industrie lourde en adoptant une approche axée sur le bien-être. Pour ce faire, il fait appel à ces indicateurs de manière à déterminer l’incidence de la lutte contre le changement climatique sur d’autres priorités. Tout programme d’action en faveur de la décarbonation doit prendre appui sur des plans de transition tenant compte des transformations de l’économie dans son ensemble ainsi que des progrès réalisés en vue de mettre en place un modèle économique circulaire, à émissions nettes nulles et économe en ressources. L’élaboration de ces plans avec la collaboration des acteurs concernés dans l’industrie lourde s’appuie sur les compétences de ceux-ci pour identifier les mécanismes réalistes permettant d’atteindre l’objectif (Bataille et al., 2018[6] ; Davis et al., 2018[7]). Les plans de transition peuvent dès lors orienter les politiques nécessaires et favoriser les investissements en vue de faciliter la transition de l’industrie lourde. Toutefois, ils doivent, pour cela, se fonder sur un ensemble de politiques essentielles, notamment en matière de tarification du carbone ; de recherche, conception et développement ciblés ; et d’efficacité d’utilisation des ressources. Enfin, ils doivent s’accompagner de plusieurs politiques de facilitation, dont la suppression des distorsions du marché et des barrières commerciales, et d’une meilleure classification des échanges, des MTD et de la gestion/réduction des déchets.

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