30. Viet Nam

Négative depuis 2014, l’estimation du soutien aux producteurs s’élève à environ -10 % des recettes agricoles brutes depuis 2018 et a enregistré une moyenne de -10.5 % en 2020-22. Ces taux sont largement le fait d’un soutien des prix du marché (SPM) négatif, ce qui signifie que les producteurs sont taxés. Le maïs, la canne à sucre ainsi que la viande bovine et ovine font partie des produits concurrencés par les importations pour lesquels il existe une protection douanière, auquel cas le SPM est positif. Cependant, certains des principaux produits exportés, dont la viande de volaille, le thé et le caoutchouc naturel, font l’objet d’une taxation implicite. Les prix agricoles à la production sont en moyenne inférieurs de 10 % aux cours de référence internationaux.

Les transferts budgétaires aux producteurs sont relativement faibles et dominés par les paiements au titre de l’utilisation d’intrants variables, principalement pour couvrir le coût de l’exonération de redevance pour les services d’irrigation dont les producteurs bénéficient. Le gouvernement soutient la production de riz en garantissant aux producteurs des bénéfices d’un niveau moyen de 30 %, en achetant à cet effet du riz pour la réserve stratégique nationale, en imposant des fourchettes de prix et en finançant le maintien d’une surface de culture d’au moins 3.5 millions d’hectares. Tout le soutien apporté aux producteurs consiste en des mesures susceptibles de fausser la production et les échanges1.

L’estimation du soutien aux services d’intérêt général bénéficiant à l’agriculture est restée égale à 2.2 % de la valeur de la production. Ce soutien prend majoritairement la forme d’allocations aux infrastructures hydrauliques, en particulier pour l’irrigation, et au développement des infrastructures dans les communes rurales, notamment des routes et des systèmes d’irrigation à petite échelle.

Dans le cadre de la Stratégie sur dix ans en faveur du développement socio-économique pour la période 2021-30, plusieurs résolutions, décrets et décisions du gouvernement établissent des plans et des cibles pour les cinq à dix prochaines années et formulent une vision pour les 25 ou 30 années à venir. Il s’agit notamment de la Stratégie nationale pour une agriculture et un développement rural durables pour 2021-30 et de la Vision pour 2050, qui fixe des niveaux cibles moyens à atteindre en ce qui concerne la croissance de la valeur ajoutée de l’agriculture, de la productivité du travail et de la valeur des exportations. En outre, le Plan d’action national en faveur d’une croissance écologique pour la période 2021-30 définit des tâches et des activités à entreprendre en vue de mettre en place un secteur agricole durable, à faibles émissions de gaz à effet de serre et pouvant s’adapter face au changement climatique.

Le Viet Nam continue de fixer des objectifs ambitieux en matière d’atténuation des effets du changement climatique dans le domaine de l’agriculture et a commencé à se doter de mécanismes pour favoriser l’adaptation dans ce secteur. Un décret publié en début d’année 2022 a révisé l’objectif d’atténuation national à la hausse, qui consiste désormais à réduire les émissions de gaz à effet de serre, y compris celles dues à l’utilisation d’énergie au service de l’agriculture, d’au moins 14 % pour atteindre 129.8 Mt éq. CO2. Par comparaison, la contribution déterminée au niveau national soumise par le Viet Nam en 2020 dans le cadre de l’Accord de Paris prévoyait le maintien du statu quo d’ici à 2030. S’agissant de l’adaptation au changement climatique, le gouvernement a approuvé une stratégie nationale pour adapter la production agricole selon une approche intelligente et défini des indicateurs pour suivre et évaluer les progrès vers la réalisation des objectifs fixés.

En tant que membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Brunei, le Cambodge, le Laos, Singapour, la Thaïlande et le Viet Nam ont établi le Partenariat économique régional global avec quatre pays déjà parties à un accord de libre-échange avec l’ASEAN – la République populaire de Chine (ci-après la « Chine »), le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande –, entré en vigueur le 1er janvier 2022. Le Viet Nam paraît déjà avoir bénéficié de ce partenariat d’après les données préliminaires, qui témoignent d’une augmentation d’environ 12 % de la valeur des exportations du pays au cours des 11 premiers mois de 2022, et indiquent que la Chine a importé la majeure partie des produits vietnamiens issus de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche2.

  • Le Viet Nam a pris et renforcé des engagements pour s’adapter au changement climatique et en atténuer les effets, comme énoncé dans la stratégie nationale et d’autres documents de planification. En ce qui concerne l’adaptation, le Viet Nam a planifié et mis en œuvre des activités relatives non seulement aux infrastructures, mais aussi aux technologies, aux comportements, à la culture, à la société et aux institutions. Ces mesures ont notamment consisté à améliorer les infrastructures d’approvisionnement en eau, à créer de nouvelles variétés de riz résistantes à l’intrusion saline, ainsi qu’à élaborer des cadres juridiques et de gouvernance à l’appui d’une croissance écologique. Ces actions favorisent la résilience à moyen et à long terme. Pour atteindre les objectifs fixés, le Viet Nam a pris la décision louable et nécessaire d’établir des indicateurs de suivi et d’évaluation des activités d’adaptation. Il devrait désormais poursuivre ses efforts en consignant la mise en œuvre des activités d’adaptation afin d’en démontrer l’impact.

  • Bien que le Viet Nam cherche à accroître la productivité agricole de manière durable, il reste à déterminer si et dans quelle mesure les activités proposées permettront de réduire les dommages considérables que les systèmes de production actuels causent à l’environnement. Le Plan d’action national en faveur d’une croissance écologique prévoit d’étendre la superficie des terres irriguées, ce qui ne fera qu’augmenter l’utilisation déjà importante d’eau et d’énergie. Selon les cultures, les émissions de gaz à effet de serre, les excédents de nutriments et la détérioration de la qualité de l’eau pourraient également suivre une tendance à la hausse. Il semble nécessaire d’examiner la manière dont les plans et les visions stratégiques élaborés au niveau national renforcent ou entravent la capacité du Viet Nam à atteindre ses objectifs en matière d’adaptation et d’atténuation, et profitent ou nuisent à la viabilité à long terme du secteur agricole.

  • Bien que des progrès aient été accomplis en matière de réforme des entreprises publiques, celles-ci continuent de jouir d’un accès préférentiel aux crédits et aux terres, ainsi que d’exercer une influence sur l’exportation de produits essentiels. Les producteurs de ces derniers sont donc soumis à une taxation implicite en ce qu’ils vendent leurs produits à un prix inférieur aux cours de référence internationaux. Des efforts devraient être déployés en vue de mettre progressivement fin au traitement préférentiel des entreprises publiques pour favoriser la compétition et permettre au secteur privé d’accéder aux ressources productives sur un pied d’égalité.

  • L’intégration du Viet Nam dans le système économique mondial à travers la conclusion d’accords de libre-échange tels que le Partenariat économique régional global marque un pas important vers l’élargissement et la diversification de ses marchés d’exportation. Les producteurs intérieurs rencontrent des difficultés d’accès aux marchés étrangers qui découlent, par exemple, de l’application de normes plus strictes en matière d’hygiène des aliments, de sécurité et de caractéristiques techniques. Le pays a élaboré des plans pour améliorer la qualité et la sûreté des produits agricoles, cependant, il devrait désormais travailler à en faire progresser la mise en œuvre. Par ailleurs, la production intérieure se trouvera en concurrence croissante avec les importations. Face à cette situation, le Viet Nam devrait augmenter les investissements afin d’aider les producteurs intérieurs à renforcer leur compétitivité, ce qui suppose notamment d’accroître la part des dépenses consacrées aux infrastructures et à la formation.

Référence

[1] Hai, L. (2012), The Rice Situation in Viet Nam, Banque asiatique de développement, https://www.adb.org/sites/default/files/project-documents//43430-012-reg-tacr-04.pdf (consulté le 14 juin 2023).

Notes

← 1. L’objectif de garantir des bénéfices d’un niveau moyen de 30 % est fixé dans la résolution no 63/NQ-CP. Pour l’atteindre, le gouvernement a la possibilité d’imposer des seuils de prix minimum et maximum (Hai, 2012[1]).

← 2. https://www.ciie.org/zbh/en/news/exhibition/focus/20230130/36147.html.

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