Résumé

Cette publication examine la gouvernance des affaires de la jeunesse au Maroc et fournit des recommandations opérationnelles pour accompagner les acteurs de la jeunesse marocains dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et services publics qui répondent aux besoins des jeunes.

S’il existe aujourd’hui un cadre légal solide en faveur de la jeunesse, il reste limité dans certains domaines (élections locales, engagement associatif). De plus, son application et opérationnalisation doivent être approfondies à tous les niveaux de gouvernement.

  • Engager une réflexion pour compléter et améliorer le cadre légal et réglementaire existant, notamment pour favoriser l’élection des jeunes aux élections locales et leur présence au sein des partis politiques.

  • Décliner le cadre réglementaire existant pour préciser la gouvernance, la composition, le rôle et les moyens des mécanismes et institutions participatifs existants propres à la jeunesse.

  • Poursuivre le développement du cadre juridique relatif à l’engagement associatif.

Le Maroc a engagé d’importants efforts pour développer une approche plus stratégique encadrant les affaires de la jeunesse, notamment à travers la stratégie sectorielle de la jeunesse et une politique nationale intégrée de la jeunesse, lesquelles sont respectivement en cours de déploiement et en attente d’adoption après avoir été approuvée par le Conseil du Gouvernement. Cependant, celles-ci ne sont pas encore pleinement opérationnalisées. Des efforts de cohérence et de clarification de l’approche gouvernementale dans ce domaine sont à envisager.

Par ailleurs, des mesures ont été engagées pour faciliter la territorialisation des politiques de jeunesse dans le cadre de la régionalisation avancée. L’intégration des questions de jeunesse dans les affaires des collectivités territoriales demeure néanmoins inégale sur le territoire.

  • Actualiser et mettre en place un cadre intégré de gouvernance pour la jeunesse qui comprendrait un comité interministériel pour la jeunesse (sur la base de celui existant pour la politique sectorielle), un plan d’action précis et concret associé à une communication institutionnelle adaptée aux attentes des jeunes, ainsi qu’un système de suivi et évaluation permettant d’actualiser régulièrement la pertinence des actions envisagées.

  • Soutenir la territorialisation des politiques de jeunesse en intégrant la jeunesse dans l’ensemble du cycle des plans de développement des collectivités territoriales, en renforçant la performance du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports au niveau régional et en autonomisant les acteurs territoriaux dans le domaine de la jeunesse.

Au Maroc, le vieillissement et faible renouvellement du personnel au sein des institutions en charge de la jeunesse et la coordination horizontale et verticale limitées constituent des défis importants. Par ailleurs, la gouvernance des institutions et mécanismes dédiés à la jeunesse doit être davantage renforcée.

  • Engager une réflexion sur la modernisation de la gestion des ressources humaines de la jeunesse, notamment sur la répartition des compétences, la formation du personnel et l’identification d’opportunités de mobilité pour développer leur action et leurs capacités et permettre une plus grande agilité.

  • Consolider la coordination institutionnelle horizontale et verticale, notamment au travers du renforcement de la gouvernance du comité interministériel de la jeunesse et de la mutualisation des compétences entre tous les niveaux de gouvernement.

  • Soutenir les capacités techniques, financières et humaines des institutions et mécanismes dédiés à la jeunesse (maisons de jeunes, Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative) dans leur ensemble et des échanges plus réguliers entre les différents niveaux de gouvernement.

  • Garantir la pleine opérationnalisation et l’institutionnalisation des instances de consultation des jeunes aux niveaux régional et local.

Il existe de nombreux outils de gouvernance innovants permettant aux gouvernements d’aligner leurs politiques et services sur les besoins des jeunes et d’analyser leur impact potentiel sur cette partie de la population.

L’existence de ces outils au Maroc s’accroît (notamment la budgétisation participative des jeunes, déjà mise en place au niveau local) mais demeure restreinte.

  • Capitaliser sur les outils et mécanismes existants (comme les initiatives de budget participatif développées avec les jeunes) pour systématiser leur utilisation, notamment afin de favoriser le développement d’un processus budgétaire prenant en compte les dépenses publiques axées sur la jeunesse et dont l’information est accessible aux jeunes.

  • Renforcer les capacités des décideurs publics à anticiper l’impact de nouvelles lois et règlements sur les différents groupes de la population en fonction de leur âge, leur sexe ou encore de leur région.

  • Renforcer la collecte et la mise à disposition de données ventilées par âge et par sexe en optimisant notamment le recours aux organismes de collecte de données et d’informations existant au Maroc.

La confiance limitée des jeunes dans les institutions publiques et les obstacles auxquels ils se heurtent pour faire entendre leurs voix restreignent leur participation au sein de structures et processus décisionnels. Pourtant, au Maroc les jeunes participent de manière croissante au débat public, sur des sujets d’intérêt général et par le biais de canaux variés de participation souvent non institutionnalisés.

  • Reconnaître, protéger et promouvoir l’espace civique en tant qu’environnement propice à la relation des jeunes avec les institutions publiques.

  • Mettre en place des mesures incitatives et des formes de participation innovantes pour remobiliser l’intérêt des jeunes et faciliter leur participation à la prise de décision politique.

  • Repenser de façon globale la participation des jeunes tout au long du cycle des politiques publiques à travers une planification stratégique et cohérente des opportunités de participation, une information et une communication adaptées à une participation avisée, et le renforcement des mécanismes de participation existants pour soutenir une évolution des modes de dialogue vers plus de régularité, de réciprocité et des formats plus innovants.

  • Soutenir l’acquisition d’une culture de l’engagement et de la participation dès le plus jeune âge à travers le renforcement de l’enseignement civique et à la citoyenneté - à l’école et en dehors – ainsi que de l’engagement associatif.

Disclaimers

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