Résumé

La campagne de vaccination est en cours, mais la propagation du virus reste problématique et des mesures de confinement sont toujours appliquées. Globalement, le Canada se caractérise par un nombre de décès par habitant liés au COVID-19 inférieur à celui de la zone OCDE, et nettement plus faible que ceux enregistrés par les pays les plus durement touchés. Comme ailleurs, l’âge constitue le principal facteur de vulnérabilité, puisqu'environ 90 % des décès liés au COVID-19 concernaient des personnes âgées de 70 ans ou plus. Les minorités racialisées présentent également un risque plus élevé d’infection par le COVID-19 et de mortalité liée à ce virus. La première vague de la pandémie a été concentrée au Québec et en Ontario, mais la diffusion du virus s’est généralisée lors de la deuxième vague. Au cours de celle-ci, les provinces et territoires ont décidé de manière sélective de prolonger des restrictions d’activité ou d’en imposer de nouvelles. Une campagne massive de vaccination a débuté au Canada en décembre, prévoyant suffisamment de doses pour vacciner chaque Canadien qui le souhaitera d’ici à septembre 2021. Certaines mesures limitant l'activité sont en train d'être levées.

Les personnes qui occupent des emplois faiblement rémunérés, notamment les jeunes travailleurs, les femmes et les membres de minorités racialisées, sont les plus durement touchées par la crise sur le plan économique, ce qui se traduit potentiellement par un creusement des inégalités. En outre, des données confirment que l’état de santé mentale de certaines personnes s’est dégradé pendant les confinements. Les méfaits et décès liés aux opioïdes ont fortement augmenté.

Après une phase de reprise rapide, mais partielle, suite à la levée du confinement du printemps 2020, l’économie canadienne a ralenti. La production a chuté de plus de 15 % au cours de la première vague de la pandémie, et le taux de chômage a atteint près de 14 %. Le rebond initial de l’activité économique a été rapide, mais le rythme de la croissance a diminué depuis. L’activité reste nettement en deçà de son niveau d’avant la crise dans les secteurs des voyages, des loisirs et des spectacles. La production a diminué de 5.4 % en 2020.

Les risques et les incertitudes demeurent considérables, notamment concernant la rapidité avec laquelle les restrictions pourront être levées à mesure que le vaccin sera déployé. Le rythme auquel les ménages commenceront à puiser dans leur épargne de précaution va aussi affecter la croissance future. L’instabilité des cours mondiaux de l’énergie a eu un effet dissuasif sur l’investissement dans le secteur du pétrole et du gaz. Du côté positif, la relance budgétaire attendue aux États-Unis pourrait se traduire par une forte hausse des exportations canadiennes.

Selon les prévisions de l’OCDE, la croissance annuelle de la production devrait être de l’ordre de 4.7 % en 2021 et de 4 % en 2022. La production pourrait ainsi retrouver des niveaux proches de la tendance observée avant la crise, et le taux de chômage devrait refluer. L’inflation, mesurée par l’indice général des prix à la consommation, va être affectée par les prix de l’énergie à court terme, et l’inflation sous-jacente augmentera progressivement.

Un taux directeur extrêmement bas et d’autres mesures monétaires continuent d’apporter un soutien considérable à l’économie.

La Banque du Canada a ramené son taux directeur à 0.25 % au début de la crise. Les indications prospectives de la Banque concernant son taux d’intérêt directeur, renforcées par ses achats de titres d'État, ont assoupli les conditions d’emprunt des ménages, des entreprises et des administrations publiques. La dissipation des risques sur certains fronts a permis à la Banque du Canada de retirer certaines mesures de soutien à la liquidité adoptées au début de la crise. Le renouvellement, en 2021, du régime de ciblage de l’inflation offre à la banque centrale l’occasion d’adapter son cadre de politique monétaire pour atteindre son objectif d’inflation de 2 % sur la durée et préserver l’ancrage des anticipations d'inflation dans un contexte de faiblesse persistante des taux d’intérêt directeurs à l’échelle mondiale et de risques pesant sur la reprise dans la sphère réelle de l’économie.

Les prix des logements augmentent depuis la fin du printemps, lorsqu'une première série de restrictions à la mobilité a été assouplie. L’endettement des ménages (notamment sous la forme d’emprunts hypothécaires) demeure élevé, mais la charge du service de leur dette s’est allégée. Il est par ailleurs possible que la faiblesse des coûts d’emprunt accroisse le volume déjà considérable des financements par émission d’obligations de sociétés à haut risque.

L’objectif prioritaire des autorités devrait être de veiller à ce que la politique budgétaire aide au mieux les ménages et les entreprises à sortir de la crise. Les autorités canadiennes ont agi dans un large éventail de domaines pour soutenir la demande et aider à la fois les ménages et les entreprises. Les mesures adoptées par le gouvernement fédéral ont représenté l’essentiel de la réponse budgétaire à la crise. Cette réponse, massive, a été rendue possible par la politique budgétaire prudente mise en œuvre ces dernières années.

Les autorités devraient continuer d’accorder une importance prioritaire au soutien budgétaire apporté à l’économie tant que celle-ci reste fragile. Le soutien budgétaire mobilisé pour lutter contre la crise pourra cesser lorsque l'activité économique se redressera. Il faut néanmoins établir une feuille de route claire et transparente pour empêcher une montée inexorable de la charge de la dette publique.

Une telle feuille de route permettrait de répondre à la nécessité de ressources supplémentaires dans certains domaines de l’action publique. Remédier aux lacunes mises en évidence par la crise en matière d’assistance socioéconomique et de soins de santé nécessitera sans doute des ressources supplémentaires à plus longue échéance. De plus, les tensions sur les dépenses liées au vieillissement qui existaient avant la pandémie ne vont pas disparaître. Pour faire face à ces exigences budgétaires à moyen et à long terme, il faudrait soit trouver le moyen de faire des économies sur d'autres postes de dépenses publiques, soit augmenter les impôts.

Il est possible de réformer le système fiscal de manière à introduire des améliorations structurelles et à générer des recettes supplémentaires. Les recettes des taxes environnementales en proportion du PIB sont notamment plus faibles au Canada que dans la plupart des autres pays. La hausse du prix plancher du carbone doit s’accélérer pour que le Canada puisse respecter ses engagements officiels. Les récentes propositions d’augmentation du prix du carbone annoncées par le gouvernement fédéral dans le cadre du plan climatique renforcé sont encourageantes.

De nombreuses entreprises sont toujours en difficulté, et la crise accélère les transformations structurelles en matière de demande et d’activité des entreprises. Le gouvernement fédéral devrait se tenir prêt à adopter de nouvelles mesures pour aider les entreprises. Les dispositifs de prêt sont bienvenus, mais les autorités devraient envisager de favoriser d’autres formes de financement et d’améliorer les procédures d’insolvabilité.

Les obstacles non tarifaires au commerce entre les provinces, découlant des différences de réglementation des marchés des biens, des services et du travail, continuent d’entraver l’activité des entreprises. S’agissant des services à haut débit, il existe des préoccupations de longue date concernant la vigueur de la concurrence entre les fournisseurs d’accès, et l’accessibilité de ces services pour les ménages vivant dans les zones rurales et éloignées, notamment pour les peuples autochtones, demeure problématique. Le Canada est bien classé à l’aune des indicateurs internationaux de corruption au niveau national. Néanmoins, son système d’enregistrement de la propriété immobilière est souvent exploité aux fins de blanchiment de capitaux.

L’adoption par les pouvoirs publics d’une approche plus structurée du bien-être aiderait la société et l'économie canadiennes à devenir résilientes et saines après la pandémie de COVID-19. Le gouvernement fédéral étudie la possibilité d'intégrer un tableau de bord complet d’indicateurs de la qualité de vie dans les processus de prise de décisions et de budgétisation. De nombreux pays utilisent des tableaux de bord de ce type, qui comprennent des indicateurs du bien-être actuel et futur des individus et, souvent, des mesures d’inclusivité sociale et de durabilité environnementale. Le Canada est bien placé pour élaborer un tel tableau de bord. Il dispose de données de qualité concernant la mesure du bien-être et a acquis une expérience de l’intégration de certaines dimensions du bien-être dans l’action publique, par le biais de la Budgétisation sensible au genre plus.

Une fois adopté à la suite de consultations publiques, ce tableau de bord devrait être intégré dans le processus budgétaire, afin de s’assurer que tous les ministères et organismes publics fondent leurs réformes économiques et sociales sur les mêmes critères. Un choix essentiel concernant l’utilisation de ce tableau de bord consistera à déterminer s’il doit être uniquement appliqué sur les nouveaux engagements budgétaires, ou pour l’ensemble des éléments de la fiscalité et des dépenses, ainsi que pour les analyses d’impact de la réglementation et les analyses coûts-avantages.

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière des lacunes dans le système canadien de prise en charge des personnes âgées et de protection sociale. Environ 80 % des décès imputables au COVID-19 lors de la vague d'infections initiale ont eu lieu dans les établissements de retraite et de soins de longue durée. Cela a non seulement mis en évidence les difficultés de contrôle de la propagation du virus, mais aussi des problèmes plus généraux de qualité des soins de longue durée. La pandémie a également fait apparaître des problèmes de ressources des services de santé publique, et souligné les inconvénients liés au fait que les produits pharmaceutiques ne soient pas couverts par le régime public national d’assurance maladie, ainsi qu’au caractère limité des indemnités versées en cas de congé de maladie.

La crise a accru l’importance de plusieurs autres problèmes socioéconomiques. Ainsi, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes travaillant à temps plein est supérieur de près de 5 points de pourcentage à la moyenne de l’OCDE. Pour y remédier, il faudrait notamment améliorer encore l’accès à des services abordables de garde d’enfants, afin que les femmes puissent plus aisément faire des carrières épanouissantes. En outre, un problème plus général d’insuffisance du soutien apporté aux chômeurs ou aux personnes en situation de pauvreté subsiste, malgré la stratégie nationale de réduction de la pauvreté récemment mise en œuvre.

L’accessibilité au logement et le phénomène des sans-abris sont des questions essentielles. La faiblesse prolongée des taux d’intérêt a contribué à la hausse des prix de l’immobilier résidentiel. L’offre de logements sociaux et d’autres formes de logements abordables est limitée, et les listes d’attente sont longues. Les initiatives lancées par les pouvoirs publics sont bienvenues, mais il serait possible d’aller plus loin.

Les peuples autochtones restent défavorisés dans la plupart des dimensions socioéconomiques, notamment en matière de revenus, d’emploi, de sécurité, de logement, d’espérance de vie et de santé physique et mentale. Des progrès ont été accomplis en termes d’autonomisation de leurs autorités, notamment grâce à l’adoption d’une approche fondée sur les distinctions, suivant laquelle davantage d’efforts sont déployés pour adapter spécifiquement l’action publique à chacun des trois peuples autochtones, à savoir les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Néanmoins, il est nécessaire de poursuivre le renforcement de l’autodétermination, ainsi que d’accroître les ressources mobilisées pour éliminer les disparités existant entre les peuples autochtones et les autres Canadiens.

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