10. Coton

Au cours des dix prochaines années, la consommation mondiale de coton brut devrait croître de 1.8 % par an, soutenue par l’accroissement démographique et la hausse des revenus dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La consommation de coton brut continuera de dépendre de l’évolution de la demande dans les secteurs du textile et de l’habillement, ainsi que de la concurrence de produits de substitution. Des pays asiatiques tels que le Bangladesh et le Viet Nam alimenteront la croissance de la consommation de fibres de coton.

La répartition de la consommation de fibres de coton dans le monde dépend du lieu d’implantation des filatures de coton, qui sont souvent situées à proximité de l’industrie de la confection. Ces dernières décennies, on a observé un développement significatif des activités de filature du coton en Asie, et cette tendance devrait se maintenir au cours de la prochaine décennie. La consommation chinoise a atteint le haut de la vague en 2007 mais diminue depuis, car le durcissement de la réglementation en matière de travail et d’environnement, combiné à la hausse des coûts de main-d’œuvre, a déplacé ces activités vers d’autres pays d’Asie, en particulier le Viet Nam et le Bangladesh. Ces pays ont affiché une croissance vigoureuse de leur industrie textile ces dernières années et devraient enregistrer une nouvelle hausse de leurs capacités de filature au cours de la décennie à venir, qui sera soutenue par d’importants investissements étrangers. En revanche, la consommation des filatures chinoises est demeurée constante depuis 2016 et ces Perspectives prévoient que cette consommation restera stable les dix prochaines années. En Inde, autre grand consommateur de coton, la croissance prévue des produits textiles devrait se traduire par la hausse continue de la consommation des filatures.

Sur les dix prochaines années, la production mondiale de fibres de coton devrait progresser de 1.81 % par an pour atteindre 28.15 Mt en 2032.Cette augmentation s’expliquera avant tout par l’amélioration des rendements (1.4 % par an) et, dans une moindre mesure, par l’extension des superficies exploitées (0.4 % par an). La croissance des rendements sera alimentée par l’amélioration des caractéristiques génétiques des plants, de meilleures pratiques agricoles, de nouvelles technologies et la numérisation qui soutient l’agriculture de précision. Ces facteurs contribueront notablement à accroître la productivité. Une augmentation marginale des superficies récoltées aux États-Unis et au Brésil participera également à l’essor de la production de coton. Dans l’ensemble, l’Inde et la République populaire de Chine (ci-après la « Chine ») continueront de dominer la production mondiale de coton, avec une part de près de 46 % en 2032.

Le coton brut, ou coton égrené, est expédié dans le monde entier sous la forme de grandes balles (environ 225 kg) de fibres de coton fortement compressées, ce qui facilite le transport. Les présentes Perspectives prévoient une croissance des échanges mondiaux de coton égrené de 15.8 % par rapport à la période de référence, le volume dépassant 11.9 Mt en 2032. Par ailleurs, les échanges mondiaux devraient progresser légèrement plus rapidement que la consommation globale, étant donné que les pays où l’industrie textile est importante, comme le Bangladesh et le Viet Nam, s’appuient beaucoup sur les importations de matières premières. Cet écart croissant sera majoritairement comblé par les principaux pays producteurs, tels que le Brésil et les États-Unis, où le secteur du coton égrené est essentiellement à vocation exportatrice. Globalement, la structure du marché mondial du coton n’évoluera guère pendant la décennie à venir : la région de l’Afrique subsaharienne devrait conserver sa position de troisième exportateur mondial de coton brut d’ici 2032, derrière les États-Unis et le Brésil (Graphique 10.1).

En valeur réelle, les cours mondiaux du coton devraient s’orienter légèrement à la baisse à moyen terme. L’amélioration de la productivité, conjuguée aux prix faibles prévus des fibres synthétiques, devrait également influer sur les prix du coton, les tirant vers le bas.

Du côté de la demande, des facteurs d’incertitude clés pourraient influencer les résultats. Tout d’abord, l’évolution de l’économie mondiale pourrait agir sur la consommation de textiles et de vêtements, faisant ainsi évoluer la demande de coton. Ensuite, la concurrence plus forte que prévu exercée par les fibres synthétiques, notamment le polyester, pourrait avoir une incidence négative sur la demande de coton. Enfin, la préoccupation croissante manifestée par les gouvernements et les consommateurs vis-à-vis des impacts environnementaux de l’industrie du textile et de l’habillement pourrait donner lieu à un resserrement des règles et des normes qui influera sur la demande de coton.

Du point de vue de l’offre, les risques naturels, dont le changement climatique et les infestations de ravageurs, constituent la principale source d’incertitude. L’action publique joue également un rôle important sur les marchés du coton. Par exemple, la modification des mesures de stockage, des subventions aux intrants et de l’accès aux marchés pourrait affecter les résultats du secteur.

La consommation mondiale de coton brut devrait atteindre son plus bas niveau en dix ans au cours de la campagne 2022-23 (août-juillet). La demande de fibres de coton émanant de certains des principaux pays consommateurs, comme l’Inde et le Pakistan, devrait considérablement diminuer. Cette baisse attendue de la consommation reflète l’incertitude économique au niveau mondial et la poussée de l’inflation, qui font ralentir la demande de produits liés au coton. De plus, l’appréciation du dollar des États-Unis par rapport aux monnaies asiatiques a accentué le recul de la demande de fibres de coton, compte tenu du fait que les principaux consommateurs de coton brut sont très dépendants des importations.

Les cours mondiaux du coton ont enregistré d’importantes fluctuations au cours de la campagne 2022-23. La reprise économique mondiale, associée à la recrudescence de la demande de textiles de la saison précédente, a maintenu les prix à un niveau élevé jusqu’en mai 2022, où les prix ont atteint leur plus haut niveau depuis 11 ans. À la suite de la diminution de la demande mondiale de coton à partir de juin 2022, les prix du coton ont chuté de manière significative. Malgré cette baisse, en 2022, les prix ont été en moyenne supérieurs de 38 % à ceux observés un an plus tôt, entraînant une augmentation des superficies plantées en Inde et au Brésil.

La production mondiale de coton a légèrement diminué en 2022 en raison de conditions météorologiques extrêmes. Aux États-Unis, la sécheresse qu’a connue le Texas au début de la campagne a entraîné une contraction de près de 16 % de la production de fibres de coton, tandis qu’au Pakistan, les inondations survenues à la fin de la campagne ont fait chuter la production locale à son plus bas niveau en près de 40 ans. Toutefois, les hausses de production de coton en Chine et en Inde, principaux producteurs mondiaux, n’ont pas compensé les déficits de production à l’échelle mondiale.

Les échanges mondiaux de coton brut devraient marquer le pas par rapport à la campagne précédente. S’agissant de l’offre, les exportations devraient diminuer sensiblement, en raison du mauvais rendement de la campagne aux États-Unis, premier exportateur mondial. Du côté de la demande, le recul de la consommation mondiale de textiles a fait significativement baisser les importations de fibres de coton au Viet Nam, au Bangladesh et en Türkiye. En outre, au Pakistan, la forte dépréciation de la monnaie locale par rapport au dollar des États-Unis a entraîné un recul des importations, tandis que les échanges de la Chine sont restés stables par rapport à la campagne 2021-22.

La consommation de coton fait référence à l’utilisation de fibres de coton par les filatures pour les transformer en fil de coton. L’utilisation du coton par les filatures dépend essentiellement de deux facteurs : la demande mondiale de textiles et la concurrence des fibres synthétiques. Ces dernières décennies, la demande mondiale de fibres textiles a fortement augmenté, tirée par l’accroissement démographique et la hausse des revenus, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Cette demande croissante a été en grande partie satisfaite par les fibres chimiques (Graphique 10.2, panel a). Les différents avantages des fibres synthétiques par rapport au coton en termes de durabilité, de froissabilité, d’évacuation de l’humidité et de prix ont incité l’industrie textile à favoriser les fibres synthétiques au détriment de celles de coton. La consommation mondiale de fibres naturelles a donc atteint le haut de la vague en 2007 en affichant 26.5 Mt, avant de se rétracter à environ 24.4 Mt en 2020-22.

À partir des années 1990, les fibres autres que le coton se sont solidement établies au sein de l’industrie textile. En 2022, la part de marché des utilisations finales a atteint 76.7 % pour les fibres chimiques et seulement 23.3 % pour le coton. De même, la consommation par habitant de fibres autres que le coton dépasse largement celle de fibres de coton et continue de progresser à un rythme soutenu. En revanche, la consommation de coton par habitant est restée stable au fil des années et tend à diminuer ces dernières années (Graphique 10.2, panel b).

Les perspectives de la consommation mondiale de coton reposent essentiellement sur son évolution dans les économies en développement et émergentes. La demande de ces régions, qui ont un niveau de consommation absolu inférieur mais une plus grande réactivité aux revenus, devrait exercer une pression à la hausse sur la demande mondiale de coton, étant donné que les revenus et la population de ces pays devraient augmenter. Par conséquent, les Perspectives prévoient que la croissance de la consommation mondiale de produits en coton devancera légèrement celle de la population mondiale au cours de la décennie à venir. Parallèlement, les volumes consommés par les filatures devraient croître de quelque 1.8 % par an au cours des dix prochaines années à l’échelle mondiale.

La répartition géographique de la demande de fibres de coton dépend du lieu d’implantation des filatures, qui transforment les fibres naturelles et synthétiques en fils. Traditionnellement, l’industrie de la filature est principalement implantée en Asie, où les conditions, par exemple le coût de la main-d’œuvre, sont intéressantes pour la filière. La Chine est le premier consommateur mondial de coton depuis les années 1960. Toutefois, les changements majeurs intervenus dans le paysage de la production de coton en Chine ont remodelé les marchés mondiaux du coton ces dix dernières années. Actuellement, avec 90 % du coton produit dans la région du Xianjiang et un contingent tarifaire restreignant les importations de coton, la production de fil de coton se déplace progressivement dans d’autres pays asiatiques.

La consommation des filatures de coton de la Chine diminue depuis la suppression du système de prix de soutien en 2014. Les prix artificiellement élevés avaient conduit à une réorientation de la demande de coton vers les fibres synthétiques. La diminution de la demande de coton témoigne également de changements structurels qui a eu lieu en raison de la hausse des coûts de main-d’œuvre et de réglementations plus strictes en matière de travail et d’environnement. Ces changements ont entraîné la réimplantation de ces activités dans d’autres pays d’Asie, notamment au Viet Nam et au Bangladesh. Ces dernières années, les volumes consommés par les filatures chinoises ont regagné une partie du terrain cédé, notamment parce que les prix du coton sur le marché intérieur ont gagné en attrait face au polyester, qui semble avoir pâti des mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre la pollution industrielle. Les volumes utilisés par les filatures chinoises devraient donc rester stables au cours des dix prochaines années si les marges sont rémunératrices.

En Inde, le développement de l’industrie textile, associé à la compétitivité des coûts de la main-d’œuvre, et le soutien fourni par le gouvernement au secteur devraient se traduire par une croissance continue de la consommation des filatures. Le coton joue un rôle majeur dans l’économie indienne, l’industrie textile du pays se fondant essentiellement sur cette fibre. Néanmoins, la filière textile est confrontée à plusieurs difficultés, dont l’obsolescence technologique, le coût élevé des intrants et un manque d’accès au crédit. Le gouvernement encourage les investissements dans le secteur et a mis en place plusieurs mécanismes ces dernières années pour encourager l’industrie textile et améliorer les moyens de subsistance des personnes qui y travaillent.

La suppression progressive des dispositions de l’Arrangement multifibres (contingents fixes d’importation de l’Europe et des États-Unis en provenance des pays en développement, négociés bilatéralement), qui s’est achevée en 2005, devait selon les prévisions favoriser les producteurs de textile chinois, aux dépens de leurs rivaux implantés dans de plus petits pays asiatiques. En pratique, l’industrie textile de pays comme le Bangladesh, le Viet Nam et l’Indonésie a affiché une croissance vigoureuse qui s’explique par l’abondance de la main-d’œuvre, le faible niveau des coûts de production et les mesures de soutien du gouvernement. En outre, l’escalade des différends commerciaux entre la Chine et les États-Unis a favorisé la hausse des volumes consommés par les filatures au Bangladesh et au Viet Nam. Dans le cas du Viet Nam, cette croissance s’explique en partie par l’adhésion du pays à l’Organisation mondiale du commerce en 2007 et par les investissements directs étrangers (IDE), réalisés notamment par les entrepreneurs chinois.

L’évolution structurelle de la production de coton en Chine, combinée à l’essor d’industries textiles plus solides au Viet Nam, au Bangladesh et dans d’autres économies d’Asie centrale, a stimulé la croissance de la consommation des filatures ces dernières années et celle-ci devrait continuer à progresser durant la prochaine décennie. Le Viet Nam affichera la plus forte augmentation annuelle de consommation des filatures. La ratification de l’accord de libre-échange (ALE) avec l’Union européenne mi-2020 devrait contribuer à cette croissance. Au Bangladesh et en Indonésie, la demande croissante de fil de coton et de tissu émanant des industries nationales de la confection et du textile stimule les investissements dans de nouvelles filatures ou dans l’augmentation de la capacité de production des filatures existantes. La consommation de fibres de coton devrait donc progresser respectivement de 3.4 % par an et 3.2 % par an dans ces pays.

L’amélioration des rendements stimule la croissance, mais la durabilité de la production reste la préoccupation majeure

Le coton est cultivé sous les climats subtropicaux et à saisons alternées (saison des pluies, saison sèche) dans l’hémisphère Nord aussi bien que dans l’hémisphère Sud, bien que la majeure partie des volumes soient produits au nord de l’équateur. Les principaux pays producteurs sont l’Inde, la Chine, les États-Unis, le Brésil et le Pakistan. Ensemble, ces pays représentent environ 78 % de la production mondiale en 2032 (Graphique 10.1)

La production mondiale de coton devrait progresser régulièrement pour atteindre 28.15 Mt en 2032, soit une hausse de 12 % par rapport à la période de référence (Graphique 10.4). L’augmentation prévue sera principalement alimentée par la croissance dans les principaux pays producteurs de coton : les États-Unis représenteront environ 29 % de la hausse mondiale, suivis par l’Inde (25 %) et la Chine (7 %). Dans l’ensemble, la hausse de la production de coton proviendra essentiellement de l’accroissement des rendements, et dans une moindre mesure, de l’expansion de la superficie récoltée.

Selon les projections, les rendements mondiaux moyens progresseront de 8 % par rapport à la période de référence. Des facteurs comme l’amélioration des caractéristiques génétiques des plants, l’adoption de meilleures pratiques agricoles et la numérisation à l’appui de l’agriculture de précision contribueront sensiblement à améliorer la productivité et la durabilité. Ces vingt dernières années, les rendements mondiaux moyens ont stagné, ce qui laisse penser que les rendements sont stationnaires ou en baisse chez certains grands producteurs. Par exemple, en 2022, les rendements de la Chine et du Brésil étaient deux fois plus élevés que la moyenne mondiale, tandis que celui de l’Inde, premier producteur de coton, s’affichait nettement au-dessous (environ 0.5 fois le rendement mondial moyen). Ces différences devraient légèrement s’accroître pendant la période de projection (Graphique 10.5, panel a.). La superficie consacrée à la culture du coton devrait augmenter de 4 % par rapport à la période de référence.

La production devrait augmenter de quelque 2.5 % par an en Inde au cours de la prochaine décennie, ce qui sera à mettre au compte de l’amélioration des rendements plus que de l’expansion des surfaces, le coton étant déjà en concurrence avec d’autres cultures telles que le soja et les légumineuses pour les superficies cultivées. La productivité du coton brut stagne ces dernières années et fait partie des plus faibles à l’échelle mondiale. En effet, les producteurs de coton se trouvent confrontés à des conditions météorologiques défavorables, aux ravageurs et aux maladies. En outre, le coton est traditionnellement cultivé dans de petites exploitations, ce qui limite l’adoption de technologies d’exploitation intensive. Toutefois, la demande croissante émanant de l’industrie de la confection du pays continue de stimuler l’investissement dans le secteur et ces Perspectives tablent sur une hausse des rendements qui reflètera le recours croissant à la mécanisation intelligente, à la mise au point de nouvelles variétés et aux pratiques de lutte contre les ravageurs. Néanmoins, la majorité du coton étant cultivé sans irrigation, le changement climatique pourrait réduire le potentiel de hausse des rendements.

Le coton chinois affiche actuellement les rendements les plus élevés (1.90 t/ha en moyenne en 2020-22), qui sont plus deux fois supérieurs à la moyenne mondiale. Ces vingt dernières années, la surface dévolue au coton en Chine recule, du fait notamment de l’évolution des politiques publiques. Cependant, cette tendance semble s’être ralentie depuis 2016. La superficie des cultures de coton devrait diminuer de 0.4 % par an durant la période de projection.

Au Brésil, une partie du coton est cultivé de manière séquentielle en alternance avec le soja ou le maïs. Récemment, la production a grimpé en flèche dans les principales régions productrices telles que l’État du Mato Grosso, où l’on récolte actuellement 70 % du coton brésilien. La production de coton devrait croître de 3.9 % par an, ce qui est à mettre au compte de la hausse des rendements et de l’utilisation de semences génétiquement modifiées et d’engrais. De récents investissements dans la capacité de production de coton et l’acquisition de nouveaux équipements (semoirs, récolteuses et capacité d’égrenage) devraient doper la production dans les années à venir. En raison de la forte concurrence avec les autres cultures, principalement le soja, la superficie plantée dépend grandement de la rentabilité du coton par rapport à d’autres produits.

Les questions de durabilité jouent un rôle important et influeront sur les marchés du coton à moyen terme. Dans un contexte où les effets du changement climatique et les considérations socio-environnementales font l’objet d’une attention croissante, de nouvelles initiatives ont été mises en place pour encourager la durabilité tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Parmi les normes en vigueur, la Better Cotton Initiative occupe une place prépondérante à l’échelle mondiale. En 2021, la production mondiale de coton durable de l’ensemble des partenaires a atteint 20 % de la production mondiale de coton (Graphique 10.6) . D’autres stratégies1 encouragent de meilleures pratiques agricoles afin d’atténuer le changement climatique et fournissent des conseils aux marques et aux distributeurs du secteur textile pour s’approvisionner auprès de producteurs de coton durable reconnus et certifiés. La demande de coton plus durable devrait continuer à s’accroître, alimentée par les engagements pris par les marques et la sensibilisation des jeunes. Ainsi, la tendance croissante à la consommation de produits en coton plus durables devrait donner un coup de fouet à la production de coton dans des pays tels que le Brésil, où environ 84 % du coton est déjà produit conformément aux normes de durabilité. La région de l’Afrique subsaharienne devrait également profiter de cette tendance, étant donné que des programmes tels que Cotton Made in Africa (CMIA) représentent 13 % de la production durable mondiale.

Selon les prévisions, les échanges mondiaux de coton devraient croître régulièrement au cours de la prochaine décennie et atteindre 11.2 Mt à l’horizon 2032, soit 16 % de plus que pendant la période de référence. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation notable des volumes consommés par les filatures dans les pays asiatiques, notamment au Viet Nam et au Bangladesh, où la quasi-totalité du coton est importée pour approvisionner leur secteur textile national en plein essor. À l’horizon 2032, les importations de la Chine devraient diminuer de 7 %, s’établissant à 2 Mt. La modification de l’emplacement de la zone de plantation qui a eu lieu lors de la précédente décennie a remodelé le marché du coton chinois. Les distances physiques entre les filatures chinoises et les champs de coton, de même que le contingent tarifaire imposé pour les importations, ont conduit l’industrie textile chinoise à remplacer les importations de coton brut par des importations de fil de coton, ces dernières ayant augmenté de 21.7 % par an durant la période 2012-21. Par conséquent, la demande de fibres de coton a été absorbée par d’autres économies asiatiques (Graphique 10.7, panel b).

Les États-Unis resteront le premier exportateur mondial sur la période de projection. Les exportations des États-Unis se sont stabilisées ces dernières années, regagnant en vigueur après les niveaux bas de 2016. Leur part dans les échanges mondiaux devrait s’élever à 33 % en 2032 (à 3.6 Mt environ). Malgré les changements majeurs intervenus dans l’industrie textile chinoise, les États-Unis demeurent le principal partenaire commercial du pays. À moyen terme, les volumes des exportations vers la Chine diminueront, mais gagneront légèrement du terrain dans les autres économies asiatiques.

Les exportations brésiliennes devraient connaître un coup de fouet sur les dix prochaines années, consolidant la position du pays au deuxième rang des exportateurs d’ici 2032, devant l’Afrique subsaharienne (Graphique 10.7, panel a). En Afrique subsaharienne, le coton est une culture d’exportation essentielle et la région assure environ 13 % des exportations mondiales Globalement, la production de coton dans la région augmente depuis plusieurs années du fait de l’expansion des surfaces et de l’amélioration des rendements. La région restera exposée aux ravageurs et aux maladies qui réduisent les récoltes de coton.

Les volumes d’exportation de l’Afrique subsaharienne devraient continuer de croître au rythme d’environ 1.9 % par an sur les dix prochaines années, les principaux destinataires des exportations étant l’Asie du Sud et du Sud-Est. Par ailleurs, l’industrie du textile et de la confection se développe dans des pays tels que l’Éthiopie, soutenue par des conditions économiques favorables, les flux d’investissement directs étrangers et les investissements gouvernementaux. À long terme, l’essor de cette industrie pourrait entraîner une augmentation de la consommation des filatures et donc faire évoluer le statut d’exportateur net de l’Afrique subsaharienne.

Les cours mondiaux du coton diminueront en valeur réelle à moyen terme

En valeur réelle, les cours mondiaux du coton devraient s’orienter légèrement à la baisse à moyen terme (Graphique 10.8). La concurrence des fibres synthétiques et l’évolution des préférences des consommateurs continueront d’avoir une incidence déterminante sur les prix.

Depuis le début des années 1970, lorsque le prix du polyester est devenu compétitif, la courbe de prix du coton a eu tendance à suivre celle de son substitut synthétique. Par exemple, les prix du coton n’étaient que 5 % supérieurs à ceux de la fibre de polyester entre 1972 et 2009. Depuis 2010, toutefois, le coton affiche des prix en moyenne près de 40 % supérieurs à ceux du polyester, en valeur nominale. L’année dernière, les prix du coton ont augmenté plus rapidement que ceux du polyester, creusant l’écart de prix. Néanmoins, la compétitivité relative de ces deux types de fibre ne devrait pas changer radicalement durant la période de projection.

La croissance économique et l’urbanisation continueront d’être les principaux facteurs influant sur la demande de textiles par habitant dans les économies en développement et émergentes. Les tendances de la demande de textiles auront un impact notable sur la demande de fibres de coton. Étant donné que la consommation de textiles et de vêtements réagit davantage aux revenus que la consommation de produits alimentaires, des écarts par rapport aux conditions économiques escomptées dans les Perspectives pourraient modifier notablement les projections en matière de consommation, de production et d’échanges de coton.

À court terme, les projections seront sans doute impactées par la hausse des prix de l’énergie enregistrée en 2022. De plus, les conditions macroéconomiques actuelles devraient jouer un rôle important dans les décisions d’investissement à court terme, étant donné que le niveau élevé de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt influent sur le coût des emprunts. De plus, pour les pays asiatiques fortement tributaires des importations de coton, l’appréciation du dollar des États-Unis par rapport aux monnaies asiatiques aura également une incidence sur le marché du coton à brève échéance.

Parmi les autres tendances de la demande qui influent sur les projections figure l’activité de recyclage de l’industrie textile qui crée un marché secondaire compétitif fournissant des matières premières aux producteurs de textiles et de produits non textiles de moindre qualité. Cette tendance, ainsi que la concurrence plus forte que prévu exercée par les fibres synthétiques, pourrait avoir une incidence négative sur la demande de coton. La préoccupation croissante manifestée par les gouvernements et les consommateurs vis-à-vis des impacts de l’industrie du textile et de l’habillement sur l’environnement pourrait également influencer la demande de coton. Cependant, l’adoption plus généralisée de normes de durabilité dans les chaînes d’approvisionnement pourrait stimuler la demande de coton.

Comme les autres cultures, la production de coton est sensible aux ravageurs, aux maladies et au changement climatique. Ce dernier facteur pourrait augmenter la fréquence des sécheresses, des inondations et d’autres conditions météorologiques défavorables. Comme nous l’avons déjà évoqué, les rendements n’ont progressé qu’à faible allure dans plusieurs pays au cours des vingt années passées. L’amélioration plus rapide que prévue des caractéristiques génétiques des plants et des techniques d’édition génomique (p. ex., facilitée en partie par un meilleur décryptage du génome du coton) et une lutte plus efficace contre les nuisibles pourraient permettre aux rendements d’augmenter davantage que ne le prévoient ces Perspectives. La mise au point et le déploiement de telles innovations prennent toutefois du temps et, dans le cas du coton transgénique, suscitent parfois la controverse. Au Burkina Faso, l’introduction du coton Bt en 2008 a permis de lutter efficacement contre le ver rose, mais cette variété a produit des fibres plus courtes (donc de moindre qualité et vendues moins cher), ce qui a incité les pouvoirs publics à mettre un terme à son utilisation en 2015.

L’action publique joue également un rôle important sur les marchés mondiaux du coton. Des mesures prises par les pouvoirs publics, outre celles supposées dans les Perspectives, comme les mesures de soutien aux industries textiles ou les subventions à l’achat d’intrants, pourraient modifier les projections qui en résultent. La politique commerciale et les tensions géopolitiques ont également un effet sur l’évolution des marchés des fibres de coton. Par exemple, le litige actuel entre les États-Unis et la Chine ainsi que la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours (Uyghur forced labour prevention Act)2 des États-Unis entrée en vigueur en juin 2022, ont des conséquences non négligeables et ont provoqué des perturbations tout au long de la chaîne d’approvisionnement en Chine. Enfin, les questions associées à la durabilité économique, sociale et environnementale (p. ex., l’empreinte environnementale de produit, ou EEP, et la Stratégie de l’UE pour des textiles durables et circulaires) revêtent de plus en plus d’importance aux yeux des consommateurs, de l’industrie et des décideurs dans de nombreux pays.

Parmi les mesures des pouvoirs publics influant sur la consommation figure, par exemple, la décision de plusieurs pays d’Afrique de l’Est de décourager de plus en plus les importations de vêtements de seconde main. Cette décision pourrait stimuler la consommation de coton et encourager la création de valeur ajoutée en Afrique. En Afrique de l’Ouest, le gouvernement et le secteur privé s’efforcent d’accroître les capacités de transformation du coton dans l’ensemble des pays.

Notes

← 1. https://bettercotton.org/who-we-are/our-aims-strategy/2030-strategy/ et https://textileexchange.org/2025-sustainable-cotton-challenge/.

← 2. La loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours interdit l’importation de marchandises produites dans la province chinoise du Xianjiang. L’importateur doit clairement prouver que la marchandise provenant de cette région n’est pas le fruit du travail forcé.

Mentions légales et droits

Ce document, ainsi que les données et cartes qu’il peut comprendre, sont sans préjudice du statut de tout territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région. Des extraits de publications sont susceptibles de faire l'objet d'avertissements supplémentaires, qui sont inclus dans la version complète de la publication, disponible sous le lien fourni à cet effet.

© OCDE/FAO 2023

L’utilisation de ce contenu, qu’il soit numérique ou imprimé, est régie par les conditions d’utilisation suivantes : https://www.oecd.org/fr/conditionsdutilisation.