3. Favoriser la résilience de la société face à la désinformation

Afin de lutter contre la désinformation et de renforcer l’intégrité de l’information, il est nécessaire d’œuvrer de manière concertée pour accroître la résilience de la société. De manière générale, la résilience consiste à s’attaquer aux causes profondes des crises tout en renforçant les capacités et les ressources d’un système pour faire face aux risques, aux tensions et aux chocs (OCDE, 2023[1]). Dans le contexte de la lutte contre la désinformation et du renforcement de l’intégrité de l’information, la résilience désigne la capacité d’une société à appréhender les menaces qui pèsent sur la sphère de l’information, à y résister et à s’en remettre. De fait, plusieurs pays considèrent la résilience de la société face aux menaces pesant sur l’intégrité de l’information comme faisant part d’un système de défense total, dans lequel chaque individu et chaque organisation devrait jouer un rôle, y-compris celui de contribuer à l’équilibre de l’écosystème informationnel.

Les individus ont donc besoin de compétences et de connaissances pour s’orienter de manière efficace et responsable dans la sphère de l’information. L’investissement public dans l’éducation au numérique, aux médias et à l’information — accompagné de mesures visant à faire en sorte que les entreprises privées contribuent activement aux efforts de renforcement de la résilience de la société — est un moyen essentiel de préparer les individus et de les immuniser contre les contenus inexacts et trompeurs. D’après les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2018, seuls 47 % des élèves de 15 ans dans la zone OCDE ont indiqué avoir appris à l’école à déceler une information subjective ou partiale (OCDE, 2021[2]). Une personne capable de s’orienter de manière responsable dans la sphère de l’information sera probablement mieux à même d’apprécier avec un sens critique les contenus rencontrés, de trouver des sources de meilleure qualité, de déceler les biais et de prendre des décisions éclairées.

La mise en place d’une fonction de communication publique détachée des objectifs politisés, qui serve de source d’informations justes et pertinentes et qui réponde aux besoins des citoyens dans l’intérêt général, constitue également un moyen important de renforcer la résilience de la société. De manière plus générale, l’importance de l’accès à l’information constitue une garantie démocratique essentielle, devenue plus manifeste ces dernières années. Diverses crises, de nature financière, sanitaire ou liées à la défense, ont accru en effet la nécessité et la demande d’informations exactes de la part des pouvoirs publics eux-mêmes (OCDE, 2022[3]).

Afin d’accroître la résilience de la société face à la désinformation, les pouvoirs publics devront en outre renforcer les dispositifs d’association de la population aux sujets liés à l’intégrité de l’information dans le cadre de l’action plus vaste menée pour consolider la démocratie et établir des relations de confiance. La coopération avec les citoyens et les acteurs non gouvernementaux devrait en définitive sous-tendre les efforts engagés pour protéger et renforcer l’espace civique en vue de favoriser une gouvernance plus ouverte, transparente et responsable (OCDE, 2022[3]). Il sera en outre essentiel d’approfondir l’étude et la compréhension de l’espace informationnel (à savoir l’interraction entrele public, les technologies de la communication, les algorithmes d’amplification et les contenus), et de veiller à ce que les résultats éclairent le processus d’élaboration des politiques (Wanless et Shapiro, 2022[4]). Les pouvoirs publics devraient donc s’attacher à accroître les compétences, les ressources et la portée des efforts déployés dans ce domaine afin de favoriser la mobilisation et la sensibilisation de l’ensemble des composantes de la société.

Tous ces efforts forment ce que l’on appelle souvent une démarche menée à l’échelle de l’ensemble de la société. Cela dit, pour qu’une telle démarche soit efficace, il faut aussi protéger les droits humains des personnes ciblées par la désinformation. Il convient en outre de promouvoir l’éducation civique et de faire mieux comprendre les processus, les résultats attendus et les dispositifs, non seulement pour atténuer les risques, mais aussi pour tirer pleinement parti des possibilités de dialogue avec la population et les acteurs non gouvernementaux. À titre d’exemple, le rôle de la société civile et des universitaires dans la lutte contre la désinformation est explicitement indiqué dans la stratégie adoptée par le gouvernement néerlandais impliquant l’ensemble de l’administration en 2022 pour lutter efficacement contre la désinformation (Gouvernement des Pays-Bas, 2022[5]). De même, le programme de lutte contre la désinformation mis en place par la Lettonie en 2023 met en évidence l’importance de la coopération entre les pouvoirs publics et les diverses composantes de la société. Le code de bonnes pratiques de l’UE en matière de désinformation, qui a fait l’objet d’une révision en 2022, attribue par ailleurs des rôles plus importants et officiels aux vérificateurs de faits, tandis que la législation de l’UE sur les services numériques impose aux plateformes en ligne et aux moteurs de recherche de coopérer avec les vérificateurs de faits dans le cadre du code de bonnes pratiques (Union européenne, 2022[6]).

Pour renforcer la résilience de la société face aux risques de mésinformation et de désinformation et adopter une démarche à l’échelle de l’ensemble de la société, les pouvoirs publics devraient s’attacher à :

  • renforcer l’éducation aux médias et à l’information et améliorer les compétences numériques ;

  • veiller à ce que les citoyens soient bien informés grâce à une communication publique anticipative et détachée des objectifs politisés ;

  • renforcer la participation de la population à l’action menée en faveur de l’intégrité de l’information, ainsi que la compréhension de la sphère de l’information.

Améliorer la résilience de la société face aux défis posés par la désinformation suppose un effort systémique, à long terme, qui implique de développer l’éducation aux médias, aux outils numériques et à l’information afin que les citoyens puissent participer à l’environnement informationnel avec discernement et esprit critique. On trouve plusieurs définitions de l’éducation aux médias, aux outils numériques et à l’information. Pour la directive européenne sur les services de médias audiovisuels (SMAV), l’éducation aux médias désigne les compétences, les connaissances et la compréhension permettant aux citoyens d’utiliser les médias d’une manière sûre et efficace. Au-delà de l’apprentissage des outils, technologies et menaces spécifiques, elle vise plus largement à doter les citoyens de la réflexion critique nécessaire pour exercer un jugement, analyser des réalités complexes et reconnaître la différence entre des opinions et des faits (Union européenne, 2018[7]). L’Ofcom, l’autorité indépendante de régulation des communications au Royaume-Uni, définit l’éducation aux médias comme la capacité à utiliser, comprendre et créer des médias et des communications dans différents contextes (Ofcom, 2023[8]). L’UNESCO souligne de son côté que l’éducation aux médias et à l’information (EMI) « permet aux individus de penser de manière critique à l’information et à l’utilisation des outils numériques. Elle les aide à faire des choix éclairés sur la façon dont ils participent à la construction de la paix, à l’égalité, à la liberté d’expression, au dialogue, à l’accès à l’information et au développement durable » (UNESCO, 2023[9]). Quant à la culture numérique, elle est le fait de posséder les compétences nécessaires pour vivre et travailler dans une société où la communication et l’accès à l’information se font de plus en plus par le biais de technologies numériques (OCDE, 2022[10]).

Pour être exhaustive, la notion d’éducation aux médias, à l’information et aux outils numériques doit englober les compétences du public liées à l’accès, à l’analyse, à l’évaluation et à la création de contenus dans des contextes variés (Hill, 2022[11]). Cette palette de compétences inclut tant la compréhension du processus de création et de diffusion que la capacité à adopter un raisonnement critique pour évaluer la fiabilité de l’information. Les gouvernements reconnaissent largement l’importance de développer les aptitudes en matière de médias et d’information. En Europe, la directive européenne sur les services de médias audiovisuels (AVMSD) (Union européenne, 2018[7]), qui régit la coordination, à l’échelle de l’UE, des législations nationales couvrant tous les médias audiovisuels, comporte des dispositions spécifiques intimant aux États membres de promouvoir l’éducation aux médias et de faire rapport sur les actions menées en ce sens, et aux fournisseurs de services de médias et aux plateformes de partage de vidéos de mettre en œuvre des mesures d’éducation aux médias et de sensibiliser aux outils d’éducation numérique et d’éducation aux médias disponibles (Commission européenne, 2023[12]). Le Groupe des régulateurs européens pour les services de médias audiovisuels est en outre chargé d’échanger des expériences et des bonnes pratiques sur l’application du cadre réglementaire régissant les services de médias audiovisuels, notamment en matière d’accessibilité et d’éducation aux médias. En 2022, 18 États des États-Unis se sont dotés de leur côté de législations imposant aux autorités compétentes en matière d’éducation de mettre en place des programmes d’éducation aux médias dans les établissements scolaires (Media literacy now, 2022[13]).

Dans l’ensemble, pour intégrer au mieux les initiatives d’éducation aux médias et à l’information dans les efforts plus larges visant à renforcer la résilience de la société aux risques pesant sur l’espace informationnel, les gouvernements devraient donner la priorité aux éléments suivants :

  • les initiatives d’éducation aux médias et à l’information devraient être considérées comme faisant partie d’un objectif plus général de renforcement de l’intégrité de l’information, notamment en les incorporant dans les cursus officiels et en cherchant à toucher toutes les catégories d’âge par des initiatives ciblées ;

  • les efforts de communication publique proactifs ainsi que les initiatives de réfutation anticipative, ou de « pre-bunking », peuvent constituer de bons outils d’éducation aux médias et à l’information, dans une optique de renforcement de la résilience de la société ;

  • l’évaluation et la mesure de l’impact des activités d’éducation aux médias et à l’information.

Les initiatives d’éducation aux médias, à l’information et aux outils numérique ont pour objectif principal de donner aux citoyens les outils nécessaires pour opérer des choix conscients en ligne, reconnaître ce qui est fiable, et comprendre la façon dont fonctionnent les plateformes afin de les utiliser dans leur propre intérêt (Forum sur l’information et la démocratie, 2023[14]). L’éducation aux médias et à l’information devrait être pensée comme un élément d’une approche plus globale du développement de la culture numérique, notamment en l’axant sur la compréhension du fonctionnement des algorithmes de recommandation et de l’IA générative, ainsi que de l’éducation civique, par exemple en enseignant l’importance des principes et processus démocratiques et en ciblant non seulement les personnes d’âge scolaire, mais également les adultes et les seniors.

En définitive, les initiatives d’éducation aux médias sont d’autant plus pertinentes qu’elles contribuent à des objectifs plus larges liés au renforcement de l’intégrité de l’information. À cet égard, le Plan national d’éducation aux médias du Portugal souligne que l’éducation aux médias est une composante fondamentale de la défense de la liberté d’expression et d’information, et qu’elle est le gage de la participation démocratique et de la « concrétisation des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux » (Gouvernement du Portugal, 2017[15]). L’approche finlandaise a ceci de notable qu’elle conçoit de longue date la question de l’éducation aux médias comme s’inscrivant dans un effort plus général d’amélioration de la résilience de la société face à la désinformation. La Finlande a mis en place des initiatives d’éducation aux médias dans les établissements scolaires dès les années 1950, et s’est attelée à stimuler la volonté et la capacité des citoyens à consommer, utiliser et partager les informations de manière responsable, et, in fine, à les faire participer activement à la société (voir Encadré ‎3.1).

Dans certains pays membres de l’OCDE, l’éducation aux médias et à l’information est coordonnée au niveau central, par exemple par l’Institut national de l’audiovisuel (KAVI) en Finlande, le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) en France (voir Encadré ‎3.2) ou encore, au Luxembourg, l’Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (ALIA), qui coordonne les activités d’éducation aux médias avec les parties prenantes nationales et européennes concernées. Au Portugal, l’Autorité de régulation des médias a contribué à faciliter l’éducation aux médias en cartographiant les initiatives en place afin de promouvoir et de développer ce domaine dans le pays (Portuguese Regulatory Authority for the Media, 2023[17]). Dans d’autres pays, les responsabilités sont réparties entre différentes institutions telles que les ministères de l’Éducation, d’autres ministères de tutelle ou des autorités de régulation nationales.

L’approche la plus couramment retenue consiste à dispenser une éducation aux médias dans les établissements scolaires (voir l’exemple de l’Estonie dans l’Encadré ‎3.3), soit dans le cadre d’un programme ad hoc, soit en l’intégrant à d’autres disciplines (les langues, les mathématiques, l’histoire, l’éducation civique, par exemple). Au Portugal, l’éducation aux médias est intégrée aux cours consacrés à la citoyenneté et aux technologies de l’information. Le pays a également adopté des lignes directrices en matière d’éducation aux médias (Referencial para a Educação para os Media), actualisées en décembre 2023, qui soulignent sa nature interdisciplinaire et recommandent de la renforcer dans tous les domaines d’apprentissage ainsi que dans le cadre de projets menés avec le Réseau national des bibliothèques scolaires et des organisations externes.

Les pays de l’OCDE produisent également des manuels et des guides pour comprendre et contrer les menaces liées à la mésinformation et à la désinformation. Ils sont diffusés sur les sites Internet officiels et en format papier afin d’être mis à disposition dans les établissements scolaires et les bibliothèques publiques. Par exemple, en 2022, la Chancellerie d’État de Lettonie a publié un livre numérique intitulé « Manuel contre la désinformation : reconnaître et contrer » (Rokasgrāmata pret dezinformāciju : atpazīt un pretoties)1. Ce manuel présente de manière synthétique des conseils pratiques destinés aux agents de l’administration centrale et des collectivités locales, ainsi qu’à l’ensemble des résidents lettons, pour se prémunir contre la manipulation de l’information. Il est mis à disposition dans les bibliothèques de l’ensemble du pays. Le ministère de l’Intérieur des Pays-Bas finance quant à lui la création et le fonctionnement d’un site Internet intitulé « Est-ce vraiment le cas ? »,2 qui apprend à la population à identifier la mésinformation et la désinformation.

Les initiatives d’éducation aux médias et à l’information sont souvent conçues et mises en œuvre en partenariat avec un large éventail d’organisations de la société civile. Cette tendance à adopter une approche à l’échelle de l’ensemble de la société est attestée par le nombre d’associations, de médias et d’organisations autres qui travaillent dans ce domaine. Le Royaume-Uni a ainsi recensé plus de 175 organisations axées sur l’éducation aux médias tandis qu’en Finlande, le KAVI en a identifié près de 100. L’Autorité norvégienne des médias a pour sa part créé un réseau d’éducation aux médias afin que les instituts de recherche, les entreprises, les organisations de la société civile et les organismes gouvernementaux disposent d’un espace pour échanger des informations et identifier les questions à traiter en priorité. Enfin, aux Pays-Bas, le Réseau néerlandais d’éducation aux médias rassemble quelque 1 000 organisations non gouvernementales (voir Encadré ‎3.4).

Les pouvoirs publics s’associent fréquemment à des organisations non gouvernementales pour proposer des initiatives d’éducation aux médias, et avec lesquelles ils travaillent main dans la main à l’élaboration de campagnes, de supports d’information et d’étude, de contenus ludiques et de vidéos de formation. En Norvège, la campagne « Stop.Tenk.Sjekk » (« Faites une pause, réfléchissez, vérifiez ») conçue avant les élections de 2021 est le fruit d’une coopération entre l’Autorité norvégienne des médias, le service de vérification des faits Faktisk.no, l’Association nationale de la presse locale et la Direction norvégienne de la protection civile (DSB), avec le soutien de Meta. La campagne présente six questions que les citoyens devraient se poser lorsqu’ils lisent du contenu en ligne, dans le but de les aider à réfléchir de manière critique à la fiabilité d’un article, d’une publication ou d’une actualité. La campagne a ensuite été déclinée en deux autres versions, en 2022 pour mettre l’accent sur les événements en Ukraine, puis en amont des élections de 2023 (Norwegian Media Authority, 2021[20]). En Irlande, la campagne Be Media Smart insiste également sur la nécessité d’apprendre à vérifier les informations, et fournit des astuces et des conseils pour évaluer leur exactitude et leur fiabilité ainsi que pour trouver de l’aide et se former (voir Encadré ‎3.5).

Les « semaines de l’éducation aux médias », telles que celles organisées par l’UNESCO, celles dans l’ensemble de l’Union européenne ou dans plusieurs autres pays, constituent un autre mode de coopération. En Finlande par exemple, une trentaine de supports ou campagnes différents sont élaborés chaque année en coopération avec une cinquantaine d’organisations partenaires issues de tous les secteurs de la société, parmi lesquelles des institutions publiques, des ONG et des entreprises privées (Media Literacy Week, 2023[23]).

Les initiatives en matière d’éducation aux médias et à l’information peuvent également inclure des efforts pour mieux comprendre et cibler des catégories susceptibles d’être victimes de la mésinformation et de la désinformation, mais que les initiatives plus traditionnelles ne parviennent pas à atteindre, comme les personnes âgées, les diasporas et les communautés de langue étrangère, les groupes défavorisés sur le plan socio-économique, les personnes en situation de handicap ou encore les migrants. En ce qui concerne les personnes âgées, elles ont généralement des compétences numériques moindres et sont plus portées à partager des informations fausses ou trompeuses que les catégories plus jeunes de la population (Guess, Nagler et Tucker, 2019[24]). Parmi les efforts mis en œuvre pour s’adresser à ce groupe figurent des projets destinés à renforcer la culture médiatique des retraités par le biais de centres pour personnes âgées, de bibliothèques publiques et d’autres structures communautaires. L’Autorité norvégienne des médias a par exemple collaboré avec l’organisation non gouvernementale Seniornet pour créer des ressources éducatives à l’intention des personnes âgées, avec notamment des brochures imprimées, des présentations ainsi que des réunions physiques pour étoffer les connaissances médiatiques et numériques de cette population.

Les diasporas et les communautés de langue étrangère font également partie des groupes vulnérables spécialement ciblés par des activités d’éducation aux médias et à l’information. En ce sens, les États baltes ont conçu des campagnes spécifiques pour atteindre les russophones, à l’image du projet mené par le gouvernement letton avec l’OSC Baltic Centre for Media Excellence. En sus des efforts déployés en milieu scolaire, les gouvernements devraient donc identifier des approches permettant d’étendre les actions d’éducation aux médias et à l’information aux catégories de la population que les programmes traditionnels pourraient ne pas atteindre (voir Encadré ‎3.6 pour des exemples issus du Royaume-Uni).

Les pouvoirs publics peuvent également aider à préparer la société à mieux comprendre les rouages de la désinformation et les risques qu’elle comporte en « immunisant » les citoyens contre ses manifestations potentielles. Ces initiatives de réfutation par anticipation visent à « avertir le public de la possibilité d’être exposé à des tentatives de manipulation par la désinformation, tout en lui apprenant à contre-argumenter s’il s’y trouve confronté », et ainsi à diminuer leur vulnérabilité face aux contenus faux et trompeurs (Roozenbeek et van der Linden, 2021[26]) (Van der Linden, 2023[27]). Les techniques de réfutation et de communication anticipatives peuvent consister à signaler les acteurs de la désinformation et les sources d’information douteuses, ou se concentrer sur l’évaluation et la compréhension des stratagèmes mis en œuvre pour élaborer et propager des contenus trompeurs (OCDE, 2023[28]).

À cette fin, les pouvoirs publics ont élaboré et diffusé des supports ainsi que des campagnes en ligne pour informer le public des dangers de la mésinformation et de la désinformation, dénoncer les acteurs malveillants et démontrer par l’exemple la façon dont les tentatives de manipulation par l’information et les faux récits se répandent. Plusieurs pays comme la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande ou encore la République tchèque publient depuis quelques années des rapports analytiques et des évaluations des menaces, notamment par l’intermédiaire de leurs agences de renseignement. Ils font généralement une large place à l’environnement informationnel, et notamment aux acteurs malveillants, aux exemples parlants d’attaques et de manipulations, et aux publics cibles. Ces rapports fournissent au public des informations fiables sur les principales menaces (voir Encadré ‎3.7).

Les pouvoirs publics se sont servis de ces évaluations pour élaborer des cours spécifiques à destination de représentants de la société civile, des médias, d’universités et d’entreprises sur les thèmes de la sécurité nationale et de la défense. Les cours informent notamment sur les menaces et offrent la possibilité de discuter de ces questions avec des représentants du gouvernement. Ce type d’initiative favorise une plus grande résilience de la société en sensibilisant les participants aux menaces et en les préparant à coopérer en cas de crise. Au-delà de cette sensibilisation, ils font des participants des ambassadeurs qui peuvent ensuite relayer les connaissances et les compétences ainsi acquises auprès des membres de leurs organisations respectives et du public.

Autre exemple pratique d’outil public et accessible de réfutation par anticipation : le jeu GoViral !, fruit d’une collaboration entre des chercheurs universitaires, le Cabinet Office britannique, l’Organisation mondiale de la santé et trois agences de conception du secteur privé. Le jeu expose les joueurs à des techniques de manipulation dans un environnement simulant la dynamique des médias sociaux afin qu’ils se rendent compte par eux-mêmes de la façon dont la mésinformation et la désinformation se propagent (voir Encadré ‎3.8). Ces méthodes de réfutation anticipative ont l’avantage d’informer le public sur les menaces et les techniques réelles de désinformation, sans pour autant mettre les pouvoirs publics en position de débattre de contenus spécifiques ou de se faire les arbitres de la vérité.

Malgré le consensus général sur la nécessité et l’intérêt de renforcer les compétences en matière d’éducation aux médias et à l’information, plusieurs difficultés se posent. Tout d’abord, l’efficacité des initiatives dans ce domaine est largement tributaire de la capacité des enseignants et des formateurs, ainsi que de la qualité des outils disponibles. La mise en place d’un système de formation des enseignants peut constituer un moyen de garantir la mise en œuvre cohérente des différentes initiatives. En France par exemple, le centre « CLEMI » forme chaque année quelque 17 000 enseignants à l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI, 2023[35]). Mais l’homogénéité de la formation à travers le système scolaire peut être plus difficile à assurer dans les pays dont le système éducatif est moins centralisé. D’un autre côté, une telle configuration peut aussi ouvrir la voie à davantage d’innovation et d’expérimentation, avec cependant le risque de différences de qualité entre les approches.

Le choix des partenaires menant les initiatives d’EMI financées en tout ou en partie par l’État devrait également être soigneusement réfléchi. Compte tenu de la diversité des acteurs potentiels, il est essentiel d’assurer un contrôle de la qualité, un suivi et une évaluation du rapport coûts/bénéfices, malgré la hausse des coûts administratifs que cela induit. Lorsque, en particulier, l’organisation de campagnes d’éducation aux médias est confiée à des partenaires, les pouvoirs publics doivent mettre en place des mécanismes efficaces pour garantir que le contenu, les méthodes et la qualité des produits sont conformes aux exigences générales, et que les actions sont à même de servir les objectifs stratégiques définis.

Les efforts d’EMI se heurtent en outre à la difficulté d’évaluer et de mesurer l’impact des actions entreprises. Les critères de mesure formels reposent généralement sur une obligation de rendre compte des résultats, par exemple en indiquant les différents événements ou autres types d’activités organisés, le public touché (en comptabilisant le nombre de vues sur le site Internet ou la plateforme sociale concernés, ou le nombre de participants à un événement), les heures de formations dispensées, et les mentions du projet dans d’autres médias. Mais, même lorsque ces mesures existent, elles peinent à rendre compte de l’impact réel du projet au regard des objectifs visés, ou de l’évolution dans le temps de la capacité à consommer l’information de manière critique et réfléchie. Or, sans une évaluation minutieuse, rien ne permet de savoir si les initiatives mises en œuvre modifient concrètement le comportement des participants ou si leurs effets sont durables. Et c’est encore plus vrai dans les contextes moins formels, lorsque la participation n’est pas obligatoire et peut être moins homogène.

Il apparaît donc nécessaire de disposer d’une méthodologie claire pour évaluer l’efficacité des activités d’éducation aux médias. En 2016, le Conseil de l’Europe a analysé 68 projets menés dans le domaine de l’éducation aux médias et constaté qu’un tiers d’entre eux ne contenait pas d’éléments de mesure (Conseil de l'Europe, 2016[36]). Au Royaume-Uni, la stratégie nationale d’éducation aux médias en ligne mentionne expressément la nécessité d’évaluations plus poussées dans ce domaine. Le document relève un « manque évident d’évaluation solide des dispositifs en matière d’éducation aux médias ». Lorsqu’elles existent, les évaluations sont souvent très limitées et utilisent des paramètres tels que le public touché, le nombre d’événements, des citations ou des auto-évaluations des participants, ce qui ne suffit pas pour évaluer l’impact des dispositifs sur l’amélioration des compétences numériques à long terme (Ministère du Numérique, de la Culture, des Médias et des Sports, 2021[37]).

En outre, les entités qui fournissent les prestations d’éducation aux médias disposent rarement du financement adéquat pour assurer le suivi et l’évaluation de leurs initiatives. Autre conséquence, les interventions sont souvent de courte durée et ne permettent pas de travailler avec les mêmes bénéficiaires sur une période suffisamment longue pour en déterminer l’efficacité. De nombreux aspects de la culture médiatique qui ont trait à la modification des comportements peuvent être difficiles voire impossibles à mesurer à court terme, s’agissant par exemple de déterminer si les utilisateurs sont ensuite capables d’appliquer de manière indépendante les connaissances acquises dans l’environnement en ligne « réel », et pas seulement dans un environnement contrôlé (Ministère du Numérique, de la Culture, des Médias et des Sports, 2021[37]).

De son côté, l’Autorité norvégienne des médias dresse tous les deux ans un état des lieux de la culture médiatique dans le pays. Son dernier rapport, publié en 2021, se basait sur un sondage d’opinion réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 2048 résidents norvégiens. Il en ressort que c’est aux segments les plus âgés (60 ans et plus) et les plus jeunes (16-24 ans) de la population que la désinformation pose le plus de difficultés ; en outre, alors que 50 % de la population déclare vérifier les informations auprès de sources de confiance, 18 % admet ne faire aucune vérification (Autorité des médias norvégiens, 2021[38]). (voir l’Encadré ‎3.9 pour d’autres exemples d’outils d’évaluation de l’éducation aux médias).

Les difficultés liées au coût, au processus et à l’indépendance de l’évaluation des initiatives d’éducation aux médias, à l’information et aux outils numériques sont autant d’incitations à solliciter des partenaires et des experts extérieurs pour bénéficier de points de vue indépendants. À l’instar, par exemple, du Global Engagement Center du Département d’État des États-Unis, qui a soutenu le développement de deux jeux d’éducation aux médias et à l’information basés sur un navigateur Internet, et confié leur évaluation au Social Decision-Making Lab de l’Université de Cambridge, ce qui lui a permis de connaître leur efficacité et de procéder à des améliorations (Encadré ‎3.10).

À l’avenir, l’accent devrait être mis sur l’élaboration de méthodes permettant de mesurer l’impact de ces initiatives sur la capacité du public à participer de manière constructive à l’espace informationnel. Cela impliquera de suivre l’évolution dans le temps d’indicateurs généraux comme la sensibilité aux récits de désinformation et la confiance accordée aux communications officielles et aux institutions étatiques. Bien qu’il soit difficile (voire impossible) d’identifier un lien de causalité direct, ces indicateurs pourraient constituer des preuves de la réussite des initiatives. Ce type d’analyse serait particulièrement pertinent pour les projets à grande échelle qui s’adressent à une part importante de la population d’un pays. En effet, mettre davantage l’accent sur les analyses d’impact longitudinales permettrait d’établir des comparaisons par rapport à des données de référence et de mettre en lumière les changements intervenus au fil du temps dans la capacité des individus à consommer l’information en faisant preuve d’une réflexion critique.

L’analyse pourrait également s’appuyer sur le suivi du comportement spécifique des publics visés par une politique ou un projet. Elle pourrait inclure une étude de l’activité en ligne pour identifier les modifications intervenues dans les schémas de partage de contenus faux ou trompeurs à l’issue d’actions d’éducation aux médias et à l’information. Ces activités se heurtent toutefois à des limites évidentes, à commencer par le manque de transparence des plateformes de médias sociaux. Enfin, les mesures pourraient inclure des auto-évaluations du public cible à l’issue d’interventions ou d’activités, par exemple au moyen de questionnaires remis aux participants qui ont pris part à une initiative d’EMI.

Les efforts déployés collectivement pour renforcer la résilience de la société face aux phénomènes de mésinformation et de désinformation ont un autre objectif plus immédiat, qui est de sensibiliser les individus à l’existence de contenus faux et trompeurs. Dans un cadre démocratique où les informations émanant des pouvoirs publics sont soumises au regard critique de médias libres et indépendants, la fonction de communication publique peut contribuer pour beaucoup à accroître la résilience de la société face à la désinformation en donnant accès à des informations pertinentes en temps opportun. La fonction de communication publique est à distinguer de la communication politique qui est liée aux élections et aux partis politiques, aux débats politiques ou à la promotion de l’action gouvernementale en cours. Dans son acception moderne, on peut la définir comme la mission incombant à l’État de fournir des informations aux citoyens, de les écouter et de leur répondre au service de l’intérêt général (OCDE, 2021[41]). Les pouvoirs publics disposent de plusieurs leviers d’action pour atteindre cet objectif et sensibiliser la population tout en veillant à ce qu’elle ait accès à l’information.

  • Dans un environnement démocratique où la liberté et l’indépendance de la presse peuvent contester l’information officielle, une communication gouvernementale bien planifiée peut faciliter la prise de conscience par l’opinion des enjeux et menaces importants.

  • D’autre part, la collaboration avec des partenaires externes, dans un cadre libre et démocratique reposant sur des modèles de gouvernance adéquats, peut contribuer à accroître la résilience de la société face à la montée de la désinformation.

L’information ne se propage pas en vase clos : les médias traditionnels et les vérificateurs de faits, les plateformes en ligne, la société civile et les citoyens eux-mêmes sont des acteurs essentiels de la production et de l’amplification de contenus. En parallèle, les pouvoirs publics, la plupart du temps via la fonction de communication publique du centre de gouvernement ou de certains ministères, ainsi que par d’autres parties prenantes exerçant en permanence une saine fonction de contre-pouvoir, peuvent contribuer à sensibiliser à la diffusion de contenus faux et trompeurs et constituer des sources d’information fiables. Même lorsque les informations demeurent imprécises ou incomplètes, comme c’est souvent le cas en période de crise, le public demandera à être tenu au courant de tous les faits nouveaux : les pouvoirs publics devraient dès lors s’interroger sur les moyens d’anticiper les besoins des individus et d’y répondre du mieux possible avec objectivité et transparence tout en prévenant la propagation de rumeurs et de mensonges (OCDE, 2023[28]). La communication publique ne peut donc se concevoir sans une gouvernance exigeante et avertie qui veillera à ce qu’elle reste focalisée sur ses priorités, autrement dit qu’elle continue d’agir au service de l’intérêt général, d’encourager la citation des sources, de se détacher de la communication politique et de renforcer ses capacités et son professionnalisme. L’OCDE a effectué une analyse comparative des bonnes pratiques en la matière, dont elle a tiré un ensemble de Principes de bonne pratique sur l’utilisation de la communication publique contre la mésinformation et la désinformation (Encadré ‎3.11). Dans la plupart des pays de l’OCDE, la fonction de communication publique reste sous-estimée et trop peu employée comme source d’information, mais gagne progressivement de l’importance par rapport à la communication politique encore souvent privilégiée.

De même, le Centre d’excellence européen en matière de lutte contre les menaces hybrides a souligné combien il était nécessaire et important que les pouvoirs publics interviennent rapidement pour réfuter les mensonges et contrer la désinformation, travaillent avec la société civile, disposent d’équipes spécialisées, décrédibilisent les acteurs malveillants étrangers en employant l’humour et en diffusant des messages accessibles, ainsi qu’en échangeant avec leurs partenaires au sujet des bonnes pratiques en matière de lutte contre les menaces liées à la désinformation, dans un esprit d’apprentissage mutuel. Les réactions des pouvoirs publics et de la société civile ukrainiens à la désinformation russe, par exemple, sont riches d’enseignements pour la réflexion sur les moyens d’améliorer l’efficacité des interventions de communication stratégique (Kalenský et Osadchuk, 2024[42]).

Le renforcement des capacités, la mise en place de mécanismes institutionnels et de cadres clairs ainsi que la formalisation des mesures prises et des définitions et lignes d’action adoptées peuvent faciliter le passage d’initiatives fragmentaires et ponctuelles en matière de lutte contre la mésinformation et la désinformation à des approches plus stratégiques et structurées (OCDE, 2021[41]). Dans cet ordre d’idées, les Règles de bienséance du Service de la communication du gouvernement britannique précisent que la communication gouvernementale doit être en rapport avec les responsabilités publiques, non partisane, objective et explicative, efficace et économique ; les dépenses associées, financées sur fonds publics, doivent également être justifiées (Gouvernement du Royaume-Uni, 2022[43]).

Les campagnes de communication publique et les sites web gouvernementaux peuvent être utilisés pour démentir les fausses informations qui circulent. La diffusion de messages clairs et adaptés contribue à toucher tous les segments de la société, notamment les groupes qui sont moins susceptibles d’avoir accès aux sources officielles ou de leur faire confiance. Il est donc essentiel à cet égard d’élaborer et de mettre en œuvre des campagnes de communication stratégiques et de s’assurer que des contenus fiables parviennent aux publics cibles pour empêcher la propagation d’éléments d’information faux ou trompeurs (OCDE, 2023[28]). Parmi les initiatives exemplaires visant les jeunes, on peut citer la campagne « Unstoppable Summer » menée en Nouvelle-Zélande, qui a produit des messages publicitaires télévisés et une courte vidéo musicale dans laquelle apparaissait le directeur général de la santé, diffusée avant des événements grand public (Gouvernement de la Nouvelle-Zélande, 2020[44]) (OCDE, 2023[45]). Dans le cadre de la riposte à la crise liée au COVID-19, de nombreux pays ont mis au point des dispositifs faisant appel à des messagers fiables, dont des médecins, des scientifiques et des membres de certaines communautés ou encore des influenceurs, pour présenter les informations pertinentes au moment voulu, sous une forme faisant autorité et non politisée, de manière à ce qu’elles atteignent le plus de franges possible de la population.

Les pouvoirs publics jouant un rôle névralgique dans la création et le partage de contenus mais aussi dans le suivi et dans la lutte contre la désinformation, ils devraient veiller tout particulièrement à ce qu’il ne puisse y avoir d’allégations ou de cas de politisation de leurs activités de communication ou d’abus de pouvoir dans ce domaine. La communication publique ne pourra renforcer l’intégrité de l’information que s’il existe des espaces informationnels ouverts et des médias libres et forts.

Un manque de transparence des activités de la fonction de communication publique peut également éroder la confiance. En particulier, les initiatives de communication publique visant à lutter contre la désinformation pourraient faire le jeu de certains acteurs qui pourraient accuser les pouvoirs publics de s’ériger en détenteurs de la vérité, voire d’employer eux-mêmes des techniques de désinformation. Face à l’évolution des modes de consommation de l’information, les pouvoirs publics ont par exemple travaillé avec des influenceurs en ligne pour mener des campagnes d’information et de sensibilisation auprès de publics qu’ils auraient peut-être eu du mal à atteindre par eux-mêmes. Tandis que la coopération des pouvoirs publics avec les influenceurs par le biais d’une exposition médiatique achetée ou pas peut être utile pour accroître la portée et l’inclusivité des messages, d’autres facteurs comme l’existence de lignes directrices claires, la transparence des activités et la supervision de la fonction de communication publique par des instances indépendantes permettront de créer les mécanismes de gouvernance requis pour instaurer la confiance (OCDE, À paraître[46]). Plus généralement, les principes du gouvernement ouvert et de l’accessibilité de l’information, notamment l’accès du public à des données ouvertes, peuvent contribuer à lever les obstacles qui empêcheraient les journalistes et la population d’avoir accès à l’information et de pouvoir s’entretenir avec les responsables publics.

Au-delà de la fonction de communication publique, il y a lieu d’examiner de plus près les relations des pouvoirs publics avec les plateformes en ligne, la société civile, les médias et les universitaires. La mise en place de canaux de communication ouverts entre ces différents acteurs peut être un moyen rapide et efficace de détecter les menaces et d’améliorer le fonctionnement des espaces informationnels (voir Encadré ‎3.12). Il peut également être important pour les institutions publiques de recevoir directement de la part des plateformes en ligne des informations actualisées sur la propagation d’éléments d’information faux et trompeurs, par exemple les opérations d’amplification concertées orchestrées par des acteurs hostiles ou les agissements de nature à perturber les élections ou mettre en danger la sécurité du public. Enfin, il ne faut pas oublier que les considérations relatives à la sécurité nationale rendent délicates la plupart des interventions visant à contrer les menaces liées à la désinformation : les pouvoirs publics risquent en effet de compromettre l’efficacité de leur action s’ils en dévoilent trop sur les menaces extérieures qui pèsent sur l’information ou sur les efforts déployés pour les combattre (OCDE, À paraître[46]).

Cela dit, les interactions des pouvoirs publics avec des partenaires extérieurs comme les plateformes en ligne, les médias et d’autres acteurs non gouvernementaux dans la lutte contre la mésinformation et la désinformation sont particulièrement délicates car les gouvernements pourraient être amenés à encourager la modération de contenus au-delà de leur pouvoir réglementaire et porter ainsi atteinte à la liberté d’expression.

Le travail avec des partenaires extérieurs pour détecter et démystifier certains types de contenus peut lui aussi poser des difficultés, pour des raisons similaires. Les vérificateurs de faits peuvent notamment être accusés de parti pris politique ; par ailleurs, s’ils bénéficient de financements directs ou d’une autre forme de soutien de la part des pouvoirs publics, ils risquent de se voir (ou de se sentir) contraints ou incités à protéger les pouvoirs publics ou à discréditer les opposants politiques. Des études ont mis en évidence des corrélations entre les affiliations politiques des vérificateurs de faits et leurs priorités et conclusions (Louis-Sidois, 2022[47]). Le risque que les vérificateurs de faits soient politisés ou perçus comme étant politisés a également été souligné dans les résultats d’une étude menée aux États-Unis qui a montré que les Américains avaient des avis partagés sur la question : tandis que la moitié d’entre eux estimait que les médias et autres organisations de vérification des faits étaient neutres dans leur analyse, 48 % affirmaient qu’ils avaient tendance à favoriser l’un des points de vue (Pew Research, 2019[48]).

En 2023, Faktograf, organisation croate de vérification de faits, a publié les résultats préliminaires d’une enquête menée auprès de 41 grandes organisations européennes de vérification de faits, illustrant la polarisation de leur environnement de travail. Il ressort de cette étude que 90 % des organisations interrogées avaient connu une forme de harcèlement. Plus de trois quarts des organisations de vérification de faits interrogées (36 sur 41) avaient subi du harcèlement en ligne, souvent sous la forme d’agressions verbales. Parmi celles-ci, 70 % d’entre elles avaient été victimes de comportements hostiles répétés ou coordonnés et notamment de traque (stalking), de campagnes de diffamation, d’actes de divulgation d’informations personnelles (doxing) et de violences sexistes facilitées par la technologie, dont la désinformation fondée sur le genre. Enfin, 78 % des organisations ont confirmé qu’elles avaient été prises directement pour cible par des élus (Faktograf, 2023[49]). Dans des environnements fortement polarisés sur le plan politique, les relations des pouvoirs publics avec ces acteurs pourraient amplifier les risques et alimenter des accusations de censure et de partisanerie, ce qui nuirait autant aux pouvoirs publics qu’aux acteurs non gouvernementaux concernés.

Les mécanismes d’autorégulation mis en place par les médias, les organisations de la société civile et différents acteurs non gouvernementaux exerçant des activités de vérification des faits et d’autres activités connexes peuvent contribuer à atténuer ces difficultés. De ce point de vue, la participation active des professionnels des médias peut aider à faire en sorte que les autres initiatives de renforcement de l’intégrité de l’information reposent sur les normes de déontologie et l’expertise journalistiques. L’IFCN (International Fact-Checking Network, réseau international de vérification des faits) a ainsi élaboré un code de conduite signé par plus de 200 organisations de vérification des faits du monde entier (IFCN, 2023[50]). Le statut de signataire de l’IFCN ne peut être accordé aux organisations dont le travail éditorial est contrôlé par l’État, par un parti politique ou par un membre d’un parti politique. Il peut toutefois être octroyé aux organisations qui reçoivent un financement de l’État ou de sources politiques si l’assesseur de l’IFCN établit que le contrôle éditorial s’effectue sans aucune ingérence politique ou des pouvoirs publics. Les signataires s’engagent également à être impartiaux et neutres et à veiller à la transparence de leur financement et de leur organisation. Les engagements plus détaillés figurent dans le « Code de conduite européen des organisations indépendantes de vérification de faits » approuvé par le projet de Réseau européen des organisations de vérification de faits (soutenu par la Commission européenne) en août 2022. Ce code met l’accent sur l’impartialité politique et la transparence des activités des organisations (EFCSN, 2022[51]).

Les pouvoirs publics ont également la possibilité d’être plus transparents dans leur travail avec les plateformes en ligne. Bien que les décisions de retrait de contenus ou d’ajout de messages d’avertissement appartiennent aux plateformes, les pouvoirs publics peuvent par exemple signaler à ces dernières les contenus faux ou trompeurs. Il est indispensable d’assurer la transparence de ces échanges et de mettre en place des mécanismes à cet effet (Full Fact, 2022[52]). La transparence quant aux circonstances dans lesquelles les pouvoirs publics communiquent des informations aux plateformes en ligne et aux modalités de ces échanges peut contribuer à dissiper les craintes de l’opinion publique sur la question du respect de la liberté d’expression tout en permettant un contrôle externe de la nécessité de ces actions. Les pouvoirs publics pourraient également envisager de mettre en place des mécanismes de contrôle indépendants pour évaluer leurs actions dans cette sphère et s’assurer qu’elles ne limitent pas la liberté d’expression (OCDE, À paraître[46]).

Renforcer l’intégrité de l’information exige d’acquérir une compréhension plus fine des problèmes particuliers que l’action publique tente de résoudre. Alors que les pouvoirs publics s’efforcent d’améliorer leur capacité à lutter contre les menaces que constituent l’ingérence et la désinformation, et plus largement de renforcer les possibilités de la population à participer à un débat démocratique éclairé, il leur sera nécessaire de mieux comprendre quelles conditions favorisent, au sein de l’environnement informationnel, la démocratie et la participation active des citoyens (Wanless et Shapiro, 2022[4]). Travailler avec la population et les partenaires non gouvernementaux pour favoriser cette compréhension commune, renforcer la confiance et influer sur l’élaboration de l’action publique pour accroître son efficacité peut, en définitive, servir à promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie.

Les éléments suivants peuvent être utilisés comme bases du renforcement de la participation et de la mobilisation :

  • Des mécanismes de démocratie participative et délibérative peuvent permettre de fixer des priorités en matière d’action publique pour améliorer l’intégrité de l’information.

  • Des recherches bénéficiant de financements publics et possédant un périmètre et des objectifs clairs doivent être menées pour orienter le processus d’élaboration et de mise en œuvre de l’action publique.

Les pouvoirs publics peuvent également concevoir des initiatives participatives pour faciliter un dialogue plus vaste avec la population, les professionnels des médias, les plateformes, les universitaires et les associations concernant le renforcement de l’intégrité de l’information et la lutte contre la mésinformation et la désinformation. Bien structurées, ces initiatives peuvent améliorer la sensibilisation et permettre d’élaborer un programme d’action publique traduisant les priorités de l’administration tout en renforçant la confiance entre les personnes, la presse et les décideurs. Dans un domaine tel que l’intégrité de l’information, où l’examen par le public de l’ingérence de leur gouvernement dans l’espace informationnel joue à juste titre un rôle important, et alors que la confiance dans les institutions publiques est faible (OCDE, 2022[53]), il sera nécessaire de promouvoir l’éducation civique et d’associer les citoyens et les différents acteurs à l’élaboration de ces politiques.

Les possibilités de participation et de mobilisation des citoyens et des parties prenantes s’appuyant sur les principes de la gouvernance ouverte et démocratique et se sont multipliées dans les pays membres de l’OCDE et au-delà au cours de la dernière décennie. En effet, la Recommandation de l’OCDE sur le Gouvernement ouvert indique qu’il faudrait « offrir à [tous les citoyens] des possibilités égales et réelles d’être inform[é]s et consult[é]s, et les associer activement à toutes les phases du cycle des politiques publiques » et « consentir un effort particulier pour toucher les groupes sociaux les plus concernés, vulnérables, sous-représentés ou marginalisés, en évitant, en parallèle, toute influence indue et toute captation de l’action publique » (OCDE, 2017[54]). À cet effet, le terme « citoyen » est utilisé pour désigner une personne de façon générale, et non dans le sens plus restrictif de personne juridiquement reconnue comme membre d’un État. Pour promouvoir le rôle des citoyens et de la société civile, les pouvoirs publics doivent créer les conditions favorables à la participation équitable, durable et substantielle de la société civile à l’élaboration de l’action publique (Forum sur l’information et la démocratie, 2023[55]). Les pays doivent également instaurer des règles du jeu équitables en accordant à toutes les parties prenantes un accès juste et équitable à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques (OCDE, 2010[56]).

La démocratie représentative, système dans lequel les citoyens expriment leurs préférences par l’intermédiaire de représentants élus, et la démocratie directe, qui permet aux citoyens de voter sur des sujets particuliers, sont les formes de participation les plus courantes. Au-delà de la représentation, la promotion de la participation citoyenne doit s’appuyer sur des méthodes permettant à la population de disposer du temps, des informations et des ressources nécessaires pour échanger et délibérer, produire des contributions de qualité et élaborer des recommandations individuelles ou collectives visant à renforcer l’ouverture de l’élaboration de l’action publique. Les appels à propositions en ligne, les consultations publiques et les tables rondes sont autant d’exemples de mécanismes participatifs. Par ailleurs, la création de mécanismes efficaces de démocratie délibérative rassemblant des groupes de personnes représentatifs afin de débattre de certains sujets et de nourrir la prise de décision avec des points de vue « représentatifs » peut améliorer les résultats en matière d’action publique, permettre aux décideurs de prendre des décisions difficiles et renforcer la confiance entre les citoyens et l’administration3 (OCDE, 2020[57]).

À l’heure actuelle, assez peu d’initiatives participatives sur les sujets liés à l’intégrité de l’information existent, indiquant vraisemblablement l’importance de continuer à renforcer la compréhension des tendances, des processus et de la clarté des éventuelles réponses publiques. Toutefois, même si cela est souvent considéré comme un sujet technique, identifier les politiques publiques liées au renforcement de l’intégrité de l’information est largement à la portée et dans l’intérêt de la population. Au-delà du cercle des universitaires et des autres parties prenantes comme la presse, les associations et le secteur privé, les consultations publiques peuvent contribuer à orienter et à soutenir les efforts de renforcement de l’intégrité de l’information.

En 2020, l’Irlande a créé la Future of Media Commission, organisme indépendant chargé de mener un examen à la fois large et complet des organes de radiodiffusion et de la presse écrite et en ligne du pays. Dans son rapport, la commission a notamment recommandé aux pouvoirs publics d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre la désinformation (voir Encadré ‎3.13), ce qui montre comment la mobilisation publique peut influer sur les actions et les interventions de l’administration. De la même façon, la France organise des États généraux de l’information, lancés en juillet 2023 à l’initiative du président de la République pour dresser un bilan des enjeux clés liés à la sphère de l’information et proposer des mesures concrètes susceptibles d’être déployées aux niveaux national, européen et international. Ce processus, mis en œuvre entre l’automne 2023 et l’été 2024, se conclura par l’élaboration d’une série de propositions visant à anticiper les évolutions futures de l’espace informationnel. Cinq groupes de travail sont chargés de concevoir ces propositions en s’appuyant sur les avis recueillis lors des assemblées citoyennes et des débats organisés en présentiel en France et dans le cadre d’une consultation en ligne menée par le Conseil économique, social et environnemental.

En 2022, l’Espagne a créé le Forum contre les campagnes de désinformation dans le domaine de la sécurité nationale, plateforme de collaboration public-privé qui vise à promouvoir le débat et la réflexion sur les risques liés aux campagnes de désinformation dans le domaine de la sécurité nationale.

La complexité de l’élaboration de l’action publique sur le renforcement de l’intégrité de l’information et la nécessité de faire face aux enjeux existants mettent également en évidence la valeur des initiatives de démocratie délibérative, qui représentent des outils prometteurs. La démocratie délibérative désigne la participation directe des citoyens à la prise de décision politique, qui va au-delà du choix de représentants dans le cadre d’élections. S’ils sont menés efficacement, les processus délibératifs peuvent améliorer les résultats en matière d’action publique, permettre aux décideurs de prendre des décisions difficiles et renforcer la confiance entre la population et les pouvoirs publics (OCDE, 2020[57]).

Par exemple, l’administration canadienne a travaillé avec des associations pour organiser trois assemblées citoyennes sur l’expression démocratique : 90 Canadiens ont travaillé bénévolement pendant 6 000 heures afin d’étudier la façon dont les pouvoirs publics devraient renforcer l’environnement informationnel dans lequel la population peut s’exprimer librement. Dans son rapport, élaboré grâce à la contribution des assemblées, la Commission canadienne sur l’expression démocratique a recommandé aux pouvoirs publics de créer un organisme de réglementation indépendant des services numériques, qui serait chargé d’élaborer des normes concernant l’utilisation sûre des services numériques et de contraindre les plateformes à mener régulièrement des évaluations des risques. Elle leur a également recommandé de nommer un envoyé spécial avec les missions suivantes : jouer un rôle d’agent de liaison à l’échelle internationale pour les questions liées à la désinformation ; favoriser le dialogue avec les plateformes de médias sociaux, les États étrangers et les organismes multilatéraux ; promouvoir la recherche interdisciplinaire qui examine la propagation de l’information ; et soutenir les efforts d’éducation aux médias et investir dans un journalisme de qualité aux niveaux national, régional et local (Assemblée citoyenne canadienne sur l’expression démocratique : Recommandations pour réduire les préjudices en ligne et protéger les droits de la personne au Canada, 2022[59]). Outre le rôle qu’ils jouent pour orienter l’élaboration de l’action publique, les processus délibératifs permettent également de lutter contre la polarisation et la désinformation. En effet, les recherches démontrent que la délibération peut être un moyen efficace de surmonter les divisions idéologiques, ethniques, ou religieuses entre les groupes (OCDE, 2020[57]).

La recherche doit viser à mieux comprendre quelles conditions favorisent, au sein de l’environnement informationnel, des sociétés démocratiques saines et la participation active des citoyens (Wanless et Shapiro, 2022[4]). Les pays membres de l’OCDE ont répondu aux menaces pesant sur l’information en partie en finançant des activités de recherche pour analyser les tendances, notamment la vulnérabilité de différentes catégories de population face à la mésinformation et la désinformation, les modèles de consommation de contenu et les menaces liées aux acteurs étrangers qui produisent et diffusent intentionnellement des informations fausses et trompeuses. Les pouvoirs publics contribuent également à la recherche afin de mettre au point des méthodologies permettant d’évaluer l’efficacité des différentes mesures d’action publique telles que les campagnes de sensibilisation et les interventions réglementaires. Le Luxembourg, par exemple, soutient financièrement les activités de l’Université du Luxembourg qui consistent à réaliser des enquêtes pour l’instrument européen de surveillance du pluralisme des médias et le projet intitulé « Local Media for Democracy », dans le plein respect des principes de liberté académique et d’indépendance scientifique.

La recherche interne menée par ou pour l’administration peut jouer un rôle important pour faire en sorte que l’élaboration des politiques soit mieux étayée, en particulier si elle permet l’accès à des données sensibles, privées ou classifiées. Par exemple, l’administration canadienne, en partenariat avec l’OCDE et l’administration française, a mené une expérience pour analyser le comportement des Canadiens relatif au partage de différents types de contenu sur les médias sociaux, afin de mieux comprendre les groupes vulnérables et d’élaborer des solutions d’action publique innovantes pour atténuer la propagation de la mésinformation (voir Encadré ‎3.14).

Les résultats de la recherche ne sont peut-être pas diffusés publiquement par l’administration, mais ils peuvent jouer un rôle majeur pour renforcer la compréhension de la sphère de l’information. Par ailleurs, la coopération avec des chercheurs externes visant à produire des résultats publics permet aux pouvoirs publics de bénéficier d’éclairages et de conseils variés. À l’avenir, il sera essentiel de continuer à nouer des partenariats transparents, dotés de ressources adéquates et poursuivant des objectifs clairs.

L’Initiative canadienne de citoyenneté numérique vise par exemple à aider la population à comprendre la désinformation en ligne et son influence sur la société canadienne, et à bâtir une base de données probantes afin de permettre d’identifier des mesures potentielles et d’élaborer de futures politiques dans cet espace (voir Encadré ‎3.15 et (Gouvernement du Canada, 2023[61])). Aux Pays-Bas, le ministère de l’Intérieur et des Relations au sein du Royaume est l’un des partenaires du laboratoire AI, Media and Democracy Lab, né de la collaboration entre l’Université d’Amsterdam, l’Amsterdam University of Applied Sciences et le Research Institute for Mathematics & Computer Science in the Netherlands (CWI). Le laboratoire travaille aux côtés d’entreprises de presse et d’institutions culturelles pour renforcer les connaissances relatives au développement et à l’application d’outils d’intelligence artificielle (IA) générative. Il a reçu 2.1 millions EUR en 2022.

Les institutions de l’UE proposent également des modèles de financement à long terme de projets de recherche liés à la lutte contre la désinformation, particulièrement pendant le cycle de financement de l’initiative Horizon Europe (Commission européenne, 2023[62]). En effet, la lutte contre la mésinformation et la désinformation est l’une des principales priorités du cycle de financement actuel (2021-27) du programme Horizon Europe. Le projet vera.ai (2022-25), par exemple, doté d’un budget de 7 millions EUR, associe 14 organisations partenaires, notamment l’Union européenne de radio-télévision, la Deutsche Welle, des instituts de recherche, des universités, des entreprises privées et l’Agence France-Presse. Ensemble, ces partenaires souhaitent contribuer à la création de solutions fondées sur l’IA capables de mettre au jour et de neutraliser les techniques de désinformation sophistiquées (VERA.AI, 2023[63]).

Le financement par l’UE de l’Observatoire européen des médias numériques, qui met en relation les associations et les universitaires dans le cadre d’efforts communs pour renforcer l’intégrité de l’information, représente une autre mesure de soutien à la recherche, moins directe mais tout aussi importante. Lors de sa deuxième phase, le projet a financé la création de pôles de recherche nationaux et internationaux sur les médias numériques dans toute l’Europe, en apportant 11 millions EUR par l’intermédiaire du mécanisme pour l’interconnexion en Europe. Il existe actuellement 14 pôles régionaux de l’Observatoire européen des médias numériques, qui couvrent les 27 États membres de l’UE et la Norvège. L’un des volets les plus importants du travail de l’Observatoire européen des médias numériques est la recherche visant à planifier, à soutenir et à coordonner les activités de recherche sur la désinformation au niveau européen, notamment la création et la mise à jour régulière d’un fonds mondial d’articles scientifiques soumis à un comité de lecture et relatifs à la désinformation. De la même façon, le Canada a investi 4 millions USD (5.5 millions CAD) pour créer le Réseau canadien de recherche sur les médias numériques, qui rassemble plusieurs institutions de recherche canadiennes et a pour objectif de renforcer encore la résilience des Canadiens en matière d’information en étudiant comment la qualité des informations, y compris les discours de désinformation, influe sur les attitudes et comportements de la population et en soutenant les stratégies en faveur de la culture numérique des citoyens.

À l’avenir, le rôle et l’incidence des groupes fermés et des messages partagés sur des services chiffrés comme WhatsApp devront être mieux compris. Ces plateformes proposent à leurs utilisateurs des fonctions utiles en matière de vie privée et de sécurité, mais peuvent aussi constituer des canaux très propices à la diffusion de mésinformation et de désinformation, alors que la nature privée et chiffrée du contenu rend sa propagation impossible à analyser (OCDE, 2022[64]). Un autre obstacle au soutien à la recherche dans ce domaine est que les outils de recherche, tels que les logiciels spécialisés ou les interfaces de programmation d’application, utilisés pour faciliter le partage de contenu et de données entre les applications ont souvent un coût prohibitif, en particulier pour les plus petits groupes de recherche dont le budget est limité. Les données des plateformes de médias sociaux sont aussi de plus en plus difficiles d’accès.

En réponse à ces enjeux, le règlement de l’UE sur les services numériques résout partiellement le problème de la disponibilité des données pour les chercheurs (comme évoqué plus en détail dans le Chapitre II). En particulier, l’article 40 du règlement prévoit que « les fournisseurs de très grandes plateformes en ligne ou de très grands moteurs de recherche en ligne fournissent, dans un délai raisonnable spécifié dans la demande, l’accès aux données à des chercheurs agréés qui satisfont aux exigences [définies], à la seule fin de procéder à des recherches contribuant à la détection, au recensement et à la compréhension des risques systémiques dans l’Union » (Union européenne, 2022[6]).

Un problème majeur concernant la recherche dans ce domaine est que les pouvoirs publics ne parviennent pas, dans de nombreux cas, à utiliser les données probantes collectées grâce à la recherche pour l’élaboration et la mise en œuvre de l’action publique. Les chercheurs et l’administration ont constaté un manque de cadres d’échange et de coopération entre les acteurs concernés aux niveaux national et international. Pour y remédier, l’administration française a soutenu l’Observatoire international sur l’information et la démocratie, créé sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin de compiler et de synthétiser les recherches existantes pour mieux comprendre la sphère de l’information et de la communication (voir Encadré ‎3.16. L’Observatoire international sur l’information et la démocratie).

Enfin, les décideurs peuvent avoir des difficultés à traduire les résultats de recherches universitaires en action publique concrète, ce qui montre qu’il est possible d’améliorer le retour d’information entre les chercheurs et l’administration afin de repérer, au sein de l’environnement informationnel, les conditions favorables à la démocratie et permettant de mesurer le succès des interventions d’action publique (Wanless et Shapiro, 2022[4]).

Renforcer la participation et la collaboration de la population, de la société civile et des travailleurs du secteur des médias sera essentiel à l’heure où les pays cherchent à renforcer l’intégrité de l’information, consolider la démocratie et instaurer la confiance. Une approche couvrant l’ensemble de la société et s’appuyant sur la protection et la promotion de l’espace civique, de la démocratie et des droits humains devra être adoptée étant donné le rôle fondamental que jouent les individus et les partenaires non gouvernementaux pour améliorer de l’intégrité de l’information.

Il est important de noter que les citoyens et les parties prenantes possèdent souvent une expérience, un capital humain et des qualifications pertinentes et nécessaires qui peuvent apporter une perspective complémentaire pour élaborer les politiques publiques ainsi que pour identifier les menaces en matière de désinformation et y faire face. Les acteurs non gouvernementaux peuvent aussi avoir plus de facilité à entrer en contact — et une plus grande expérience de travail — avec des groupes que les pouvoirs publics ont du mal à atteindre (par exemple, les migrants, les diasporas ainsi que d’autres populations minoritaires, marginalisées ou exclues socialement, qui subissent parfois de plein fouet une désinformation ciblée). Dans la mesure où les acteurs non gouvernementaux sont considérés comme des sources plus fiables que les institutions gouvernementales pour obtenir des informations sûres, la population peut aussi être plus réceptive à des projets et autres initiatives gérés par des associations.

Les pouvoirs publics progressent régulièrement dans ce domaine, instaurant de plus en plus des cadres permettant une collaboration et un partenariat réussis avec la population et les partenaires non gouvernementaux, en reconnaissant que certains groupes ont des besoins particuliers. Alors qu’ils essaient de mettre au point des approches multipartites, les pouvoirs publics devraient trouver l’inspiration dans les questions suivantes :

  • Comment les initiatives participatives mettant à contribution les citoyens et les parties prenantes non gouvernementales doivent-elles être conçues et menées à bien pour parvenir à une meilleure compréhension de la sphère de l’information et à l’élaboration de mesures de riposte efficaces ?

  • Quels sont les avantages et les éventuels inconvénients des partenariats et de la collaboration avec des partenaires non gouvernementaux, dont le secteur privé ? Comment les inconvénients ou les risques éventuels — pour les pouvoirs publics et pour les partenaires non gouvernementaux — peuvent-ils être atténués ?

  • Comment les pouvoirs publics peuvent-ils décider quelles initiatives visant à renforcer l’intégrité de l’information devraient être mises en œuvre en partenariat avec les associations, les médias, les universitaires et le secteur privé (pas uniquement les plateformes en ligne), et dans quels cas peuvent-ils — ou devraient-ils — agir seuls ?

  • Comment peut-on évaluer l’efficacité et l’utilité des initiatives qui, conçues pour renforcer l’intégrité de l’information, sont déployées à l’échelle de l’ensemble de la société ?

Par conséquent, pour améliorer la résilience de la société ainsi que la participation des citoyens et des parties prenantes en mettant en œuvre une approche pansociétale, les pouvoirs publics devraient envisager les actions suivantes :

  • Améliorer la compréhension par le public de ce qu’est un espace informationnel libre, propice à l’engagement démocratique, et accroître ses compétences pour l’utiliser. Les pouvoirs publics devraient s’assurer que la culture, l’éducation et les initiatives relatives à la vie civique, aux médias et au numérique font partie d’un effort plus général visant à améliorer la résilience de la société et mesurer l’efficacité des dispositifs. Les principaux piliers de la boîte à outils gouvernementale devraient être les suivants : promouvoir l’éducation aux médias et à l’information dans les programmes de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, concevoir des programmes de formation à l’intention des enseignants, réaliser des analyses d’impact des programmes d’éducation aux médias et à l’information (notamment des études longitudinales), et enfin soutenir la recherche afin de mieux comprendre la vulnérabilité de certains groupes de population à l’égard du danger de la désinformation, et de mieux cibler les programmes d’éducation aux médias et à l’information.

  • Mettre en œuvre des lois sur l’accès à l’information et des normes relatives à un gouvernement ouvert (notamment l’accès public à des données ouvertes) afin de réduire les obstacles auxquels se heurtent les journalistes et les citoyens pour accéder aux données publiques et aux agents publics.

  • Renforcer les capacités et travailler avec des partenaires dans tous les pans de la société (notamment les universitaires, les associations, les médias et les plateformes en ligne) afin de contrôler et d’évaluer les changements survenus dans la sphère de l’information et les impacts produits sur cette dernière par l’action publique. Au-delà des mesures des résultats, les efforts pour comprendre les effets de la désinformation et des mesures prises pour la combattre devraient aussi inclure le suivi des changements survenus au fil du temps au regard d’autres indicateurs, par exemple les comportements et la vulnérabilité à l’égard des discours relevant de la mésinformation et la désinformation.

  • Fournir des lignes directrices claires et transparentes ainsi que des mécanismes de supervision pour ce qui concerne la collaboration des pouvoirs publics avec d’autres acteurs, de façon à garantir que lorsque les autorités ont une relation de coopération, financement ou toute autre forme de coordination ou de soutien avec les activités des partenaires non gouvernementaux sur les questions ayant trait à l’intégrité de l’information, les administrations publiques ne peuvent exercer une influence indue sur les travaux de ces acteurs ou restreindre leur liberté d’expression. Des règles, exclusions ou décisions opaques pourraient créer de la méfiance dans le processus. Ces lignes directrices et mécanismes de supervision sont particulièrement utiles pour éviter la politisation — réelle ou perçue comme telle — de la coopération des pouvoirs publics avec les acteurs non gouvernementaux.

  • Renforcer les capacités de la fonction de communication publique, encore insuffisamment développée, afin qu’elle joue un rôle constructif en fournissant des informations en temps utile permettant la sensibilisation aux menaces, mais aussi en instaurant une gouvernance plus solide pour elle-même, en éliminant les informations à caractère politique. Sur le court terme, cette fonction peut être une importante source d’information, y compris en période de crise. À long terme, le fait de renforcer les capacités de cette fonction pour fournir aux citoyens les compétences nécessaires pour mieux comprendre l’environnement informationnel (par exemple avec la technique du « pre-bunking » ou réfutation par anticipation), peut être très utile pour améliorer la résilience de la société.

  • Renforcer les mécanismes permettant d’éviter les conflits d’intérêts réels ou présumés dans le cadre de la fonction de communication publique. La gestion transparente, responsable et professionnelle de la fonction de communication publique peut apporter la garantie que cette fonction joue un rôle important en fournissant en temps utile des informations permettant d’accroître la sensibilisation aux défis et aux menaces, et peut assurer une communication proactive contribuant à renforcer la résilience de la société face à la propagation de fausses informations.

  • Améliorer la compréhension de la sphère de l’information en soutenant les activités de recherche visant à mieux comprendre les tendances en matière de consommation d’informations et de contenus, les menaces que représentent et les tactiques qu’utilisent les acteurs étrangers diffusant des informations fausses et trompeuses, ainsi que les méthodes permettant d’évaluer l’impact des mesures d’atténuation des risques. Accroître les opportunités et les mécanismes permettant aux chercheurs de contribuer au processus d’élaboration des politiques publiques.

  • Concevoir et mettre en place des mécanismes participatifs efficaces avec les citoyens, les journalistes, les médias sociaux, les universitaires et les associations dans le but d’établir les priorités d’action ainsi que de clarifier les besoins et les opportunités concernant le renforcement de l’intégrité de l’information. La consolidation de l’engagement démocratique, notamment par l’organisation d’assemblées citoyennes délibératives, autour de la conception et la mise en œuvre de politiques relatives à l’intégrité de l’information sera également utile aux efforts plus généraux visant à accroître la résilience des démocraties.

  • Communiquer sur la collaboration de l’administration publique avec des partenaires non gouvernementaux tels que des journalistes, des universitaires, le secteur privé et les associations. Les activités et les résultats de cette collaboration, y compris au regard du financement, les objectifs de la coopération et son impact sur les décisions relatives aux contenus devraient être clairement identifiables par le public. De la même manière, le public devrait être en mesure de déterminer si une campagne de communication, une activité d’éducation aux médias ou un travail de recherche est financé ou influencé par les institutions publiques.

  • Prendre des mesures pour clarifier les sources de financement, afin d’atténuer les risques que des groupes se livrant à une ingérence malveillante n’accèdent à des données ou ne parviennent à trafiquer l’espace informationnel d’un pays.

  • Atténuer les risques encourus par les agents publics, les universitaires, les associations, le secteur privé et d’autres acteurs engagés dans des initiatives relatives à l’intégrité de l’information lorsqu’ils deviennent les cibles de campagnes de désinformation, de menaces diverses et de harcèlement. Si nécessaire, prévoir des mesures appropriées pour protéger les droits humains des personnes concernées.

Références

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[6] Union européenne (2022), Règlement (UE) 2022/2065 du Parlement européen et du Conseil du 19 octobre 2022 relatif à un marché unique des services numériques et modifiant la directive 2000/31/CE (règlement sur les services numériques), Office des publications de l’Union européenne, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32022R2065.

[7] Union européenne (2018), Directive (UE) 2018/1808 du Parlement européen et du Conseil du 14 novembre 2018 modifiant la directive 2010/13/UE visant à la coordination de certaines dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la fourniture de services de médias audiovisuels (directive «Services de médias audiovisuels»), compte tenu de l’évolution des réalités du marché, Office des publications de l’Union européenne, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32018L1808.

[27] Van der Linden, S. (2023), Foolproof: Why we fall for Misinformation and How to Build Immunity, 4th Estate.

[63] VERA.AI (2023), Project Summary: Facts & Figures, https://www.veraai.eu/project-summary (consulté le 19 octobre 2023).

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Notes

← 1. Pour de plus amples informations, voir : https://www.mk.gov.lv/lv/media/14255/download

← 2. Pour de plus amples informations, voir : https://futureofmediacommission.ie/

← 3. Pour plus d’informations, voir OCDE (2022[65]), OECD Guidelines for Citizen Participation Processes.

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