Dette brute des administrations publiques
Le niveau de la dette brute des administrations a d’importantes répercussions sur la stabilité des finances publiques et sur l’économie dans son ensemble. L’endettement public peut servir à financer des dépenses courantes ou à investir dans le capital physique, mais un coût est supporté sous la forme de charges d’intérêts et il convient de s’appuyer sur l’appréciation objective des lacunes en matière de capacités économiques, des besoins de développement des infrastructures et des priorités sectorielles ou sociales, ainsi que sur une analyse prudente des coûts et des avantages.
Les niveaux de l’endettement public ont fortement augmenté avec la crise de la COVID-19. En 2019, la dette brute des administrations publiques représentait en moyenne 109 % du PIB des pays de l’OCDE (graphique 2.8). En 2020, d’importants déficits budgétaires ayant été opérés pour riposter à la pandémie, elle a augmenté dans les 26 pays pour lesquels des données sont disponibles. Dans 19 d’entre eux, la dette a crû de plus de 10 % du PIB, une hausse très importante sur une seule année. À l’échelle des 22 pays membres de l’UE et de l’OCDE et pour lesquels des données sont disponibles (OCDE-UE), la dette brute des administrations publiques a progressé de 97 % du PIB en 2019 à 115 % en 2020. La plus forte augmentation est intervenue en Grèce (+36 points de pourcentage), pays également le plus endetté de tous ceux pour lesquels des données sont disponibles (236 % du PIB). C’est au Luxembourg que la progression a été la plus faible (+3 points de pourcentage), pays qui ressort par ailleurs comme le deuxième moins endetté de tous ceux pour lesquels des données sont disponibles (33 % du PIB) (graphique 2.8).
La dette brute des administrations publiques a également fortement augmenté en volume par habitant en 2020 (graphique 2.9). En 2019, la dette brute des administrations publiques par habitant s’élevait en moyenne à 56 961 USD (en parité de pouvoir d’achat ou PPA) dans les pays de l’OCDE. En 2020, elle a crû dans les 26 pays pour lesquels des données sont disponibles. Dans 22 cas sur 26, la hausse a dépassé les 3 000 USD PPA par habitant en termes nominaux, s’inscrivant en nette accélération par rapport aux niveaux de ces dernières années. À l’échelle des 22 pays qui sont membres de l’UE et de l’OCDE et pour lesquels des données sont disponibles (OCDE-UE) par exemple, entre 2007 et 2019, le rythme moyen d’augmentation de la dette brute des administrations publiques par habitant s’élevait à un peu moins de 2 000 USD PPA par an. En 2020, la hausse a atteint près de 5 400 USD PPA, portant la dette par habitant à un peu moins de 52 000 USD PPA.
83.5 % de l’ensemble de la dette publique des pays de l’OCDE est constituée de titres de créance, c’est-à-dire d’obligations d’État ou d’instruments similaires (graphique 2.10). C’est le cas à hauteur de plus de 50 % de la dette dans 33 des 37 pays de l’OCDE. Dans trois pays (Estonie, Norvège, Grèce), plus de 50 % de la dette publique est constituée de prêts (graphique 2.10).
Ces données sont tirées de la base de données des Statistiques de l’OCDE sur les comptes nationaux et de la base de données d’Eurostat sur les Statistiques relatives aux finances publiques, qui sont établies conformément au Système de comptabilité nationale (SCN). Le cadre du SCN 2008 est désormais en vigueur dans tous les pays de l’OCDE (voir l’Annexe A).
La dette est définie comme une sous-catégorie spécifique d’éléments de passif caractérisée par la nature des instruments financiers qu’elle englobe ou non. Généralement, elle est considérée comme l’ensemble des éléments de passif en vertu desquels un débiteur est tenu de verser à un créancier intérêts ou capital à une ou plusieurs dates futures. Tous les instruments de dette constituent des éléments de passif, mais certains de ces éléments, tels que les participations et les produits dérivés financiers, ne sont pas des instruments de dette. On obtient donc le montant de la dette en additionnant les éléments de passif suivants, pour autant qu’ils figurent au bilan financier des administrations publiques : numéraire et dépôts, titres de créance, emprunts, autres engagements (c’est-à-dire assurances, pensions, garanties standard, autres comptes à payer et, dans certains cas, droits de tirage spéciaux). Dans le SCN, la plupart des instruments de dette sont évalués au prix du marché lorsque c’est pertinent (mais il arrive que certains pays n’appliquent pas ce principe d’évaluation, notamment aux titres de créance).
Le traitement des engagements des administrations publiques au titre des régimes de retraite de leurs agents diffère selon les pays, ce qui rend toute comparaison internationale difficile. Certains pays de l’OCDE, tels que l’Australie, le Canada, la Colombie, l’Islande, la Suède et les États-Unis, comptabilisent les engagements au titre des pensions des agents publics, qu’ils soient provisionnés ou non, dans la dette publique. Pour ces pays, on calcule un ratio d’endettement public corrigé en déduisant les engagements non provisionnés au titre de pensions. On trouvera des précisions en suivant le StatLinks. La dette publique est ici comptabilisée en brut, c’est-à-dire non ajustée de la valeur des actifs publics. La définition de la dette employée dans le SCN et utilisée ici diffère de celle du Traité de Maastricht, qui sert à évaluer les situations budgétaires dans l’Union européenne (voir le graphique en ligne G.3 dans l’annexe G). Pour plus d’informations sur le calcul de la dette publique par habitant, voir Recettes des administrations publiques.
Pour en savoir plus
OCDE (2021), Sovereign Borrowing Outlook for OECD Countries 2021, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/4f246e82-en.
OCDE (2021), Going for Growth : Structural policies to deliver a stronger, more resilient, equitable and sustainable COVID-19 recovery, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/92b58feb-en.
Notes relatives aux graphiques
Les données pour l’Australie, le Canada, la Colombie, l’Islande, la Suède et les États-Unis sont rapportées sur une base ajustée (c’est-à-dire exclusion faite des engagements au titre de pensions non provisionnés).
Les données relatives à la Colombie, au Mexique et à la Turquie ne sont pas prises en compte dans la moyenne de la zone OCDE. Les données relatives à Israël et à la Corée portent sur 2018 et non 2019. Les données relatives au Brésil portent sur 2017 et non 2019.
2.8 et 2.9. Les données de 2019 pour l’Islande et celles de 2007 pour la Corée sont fondées sur des estimations de l’OCDE.
2.10. Les données sur l’Islande ne sont pas disponibles.
G.2. Taux de croissance annuel moyen de la dette réelle du gouvernement par habitant, 2007-19 et 2019-20 est disponible en ligne.