26. Turquie

Depuis les années 80, les transferts versés aux agriculteurs turcs constituent une part importante mais néanmoins déclinante des revenus agricoles, qui est passée de 31 % dans les années 90 à environ 15 % ces dernières années. L’essentiel de ce soutien a pour but d’influer sur le prix du marché des produits agricoles. En 2020, les mesures prises pour contrer la pandémie de COVID-19 ont modifié la composition du soutien. Elles ont fait augmenter l’estimation du soutien aux producteurs (ESP), qui est passée d’une moyenne de 15 % en 2017-19 à presque 20 % en 2020, mais est restée inférieure aux 24 % relevés en 2000-02.

Les prêts aidés ont considérablement progressé en 2020, ce qui a eu pour effet de porter les paiements au titre de l'utilisation d’intrants variables à hauteur de près de la moitié de l’ESP total, et d’inverser la tendance à la baisse observée au niveau du soutien total à l’agriculture en pourcentage du PIB. Les autres bonifications d’intérêt ont également progressé, donnant lieu à une augmentation des paiements fondés sur la formation de capital fixe, qui ont été multipliés par quatre par rapport à l’année précédente.

Le soutien des prix du marché (SPM) est assuré principalement pour le tournesol, les pommes de terre et la viande bovine, et passe par la réduction de la dette des exportateurs à l’égard des entreprises publiques. Le SPM tend à baisser depuis ces dernières années. Cela s’explique par la hausse des prix mondiaux consécutive à la pandémie de COVID-19 et la dépréciation de la livre turque qui se poursuit. D’après les estimations, le SPM a représenté en moyenne 54 % de l’ESP sur la période 2018-20, contre 78 % en 2000-02.

Le soutien aux services d’intérêt général (ESSG) comprend principalement des dépenses destinées aux infrastructures d’irrigation, des réductions de droits de douane et des injections de capitaux au profit des agences de commercialisation de produits agricoles. Les dépenses consacrées aux services d’intérêt général ont atteint en moyenne 2.6 % de la valeur ajoutée de l’agriculture turque en 2018-20, ce qui est inférieur aux chiffres relevés dans un grand nombre de pays de l’OCDE.

Le soutien total apporté au secteur, qui atteignait 4 % du PIB jusqu’en 2000-02, a diminué à mesure que l’agriculture a vu son poids reculer dans l’ensemble de l’économie. Il s’est établi autour de 1.4 % du PIB en 2018-20.

Le onzième Plan de développement, qui couvre la période 2019-23, définit un certain nombre d’objectifs à réaliser d’ici 2023, concernant notamment l’accroissement de la production de viande rouge et d’oléagineux, le remembrement des terres et le recours à l’irrigation. Ce plan prévoit des améliorations du système d’information agricole, une réforme de la réglementation relative à la protection et au remembrement des terres agricoles et la poursuite du développement de l’irrigation.

Des mesures particulières ont été prises en 2020 dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Les dates de clôture de certains programmes ont été repoussées pour faire en sorte que la production agricole nationale ne subisse pas inutilement les précautions prises au regard du COVID-19 ; de même, les remboursements de capital et d’intérêts dans le cadre des prêts bonifiés accordés aux agriculteurs ont été repoussés de six mois. Certaines échéances fiscales ont également été décalées, tandis que le versement des aides accordées aux agriculteurs a été anticipé.

En vue d’accroître le rendement, la qualité et la diversité de la production, des projets d’amélioration de la production végétale ont été mis en place dans 24 provinces, où des semis supplémentaires ont été rendus possibles durant la période estivale. Ces projets ont donné lieu à des subventions couvrant 75 % du coût des semences. En outre, des terres domaniales ont été mises à la disposition des agriculteurs afin d’accroître la production intérieure.

Les mesures aux frontières visant le riz paddy, le blé, l’orge et le maïs ont été remaniées en 2020 pour éviter toute interruption des approvisionnements intérieurs qui pourrait résulter des restrictions liées au COVID-19. Cette baisse des droits de douane a été prolongée au premier semestre 2021.

Pour la première fois, les abricots ont été intégrés à la liste de produits visés par les achats d’intervention. Les châtaignes et les figues de la province d’Aydın, le baklava de Gaziantep, les abricots de Malatya et l’huile d’olive de Milas ont rejoint le registre européen des appellations d’origine protégées et des indications géographiques protégées en 2020.

En coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Turquie a lancé une campagne nationale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaire intitulée Save Your Food et publié sa stratégie nationale de prévention, de réduction et de suivi des pertes et du gaspillage alimentaires ainsi que le plan d’action y afférent.

  • Le SPM constitue la principale forme de soutien aux agriculteurs. Il s’avère cependant relativement inefficace pour le soutien des revenus agricoles. Par ailleurs, on observe un certain retour en arrière au niveau du découplage entre les paiements à la surface et la production, qui avait été mis en place dans les années 2000. D’autres dispositifs tels que les paiements au titre de droits antérieurs s’avèreraient plus efficaces pour relever le niveau des revenus agricoles, tandis que les paiements au titre des calamités fondés sur les revenus peuvent permettre de réduire les risques.

  • Les entités de commercialisation de produits agricoles existantes ont régulièrement besoin d’être renflouées. Poursuivre sur la voie de la déréglementation et de la privatisation pourrait alléger le poids que représentent ces entreprises pour le budget de l'État et améliorer l’efficience de répartition des ressources au niveau de l’économie.

  • La Turquie alloue un pourcentage relativement faible de ses dépenses aux investissements dans l’innovation, à la fourniture de services aux exploitants pour les aider à améliorer leurs pratiques, et à l’enseignement et à la formation agricoles. Le pays devrait privilégier davantage ces services essentiels.

  • Le nouveau Marché agricole numérique (DITAP) représente une bonne approche à suivre pour aider les agriculteurs à accéder aux marchés et peut renforcer l’efficience d’allocation des ressources au niveau de l’économie. Il reste à voir l’influence que cette nouvelle plateforme exercera sur le rôle des entreprises économiques d'État et des unions des coopératives agricoles de vente. D’autres possibilités pour les acheteurs et les vendeurs de produits agricoles sont les bienvenues.

  • En vue d’améliorer la durabilité du secteur à long terme, il serait opportun de privilégier la concurrence ainsi que l’adaptation et la résilience au changement climatique plutôt que le volume et la qualité de la production. Par exemple, le fait d’avoir récemment mis l’accent sur une gestion plus efficace des ressources en eau plutôt que sur le développement des infrastructures d’irrigation pourrait permettre au secteur d’améliorer sa résilience face aux sécheresses.

  • La récente réattribution des terres publiques non utilisées aux agriculteurs pour faire face à la pandémie de COVID-19 ne vas probablement pas faire croître l’offre de produits alimentaires de manière significative. Le pays devrait veiller à ce que cette expansion de l’utilisation des terres ne soit pas source de problèmes sur le plan de la durabilité environnementale, et à ce que les terres soient attribuées de manière équitable et transparente.

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