Annexe B. Méthodologie du SIGI Côte d’Ivoire

L’étude pays SIGI Côte d’Ivoire est menée par le Centre de développement de l’OCDE, en partenariat avec l’Institut National de la Statistique de Côte d’Ivoire (INS) et le Secrétariat Général de la Présidence de la République de Côte d’Ivoire, avec l’appui financier des fondations Jacobs et UBS Optimus à travers l’initiative Transformer l'éducation dans les communautés du cacao (TRECC).

L’objectif de l’étude est de recueillir des données et des éléments de preuve fiables sur l'égalité femmes-hommes en se concentrant sur les normes sociales et les pratiques, et d'aider les partenaires ivoiriens à améliorer les capacités statistiques et analytiques du pays. Pour atteindre cet objectif, le SIGI Côte d’Ivoire mobilise le cadre conceptuel global du SIGI mis au point par le Centre de développement de l’OCDE et l’adapte aux niveaux national et infranationaux (zones rurale et urbaines et districts ivoiriens) dans le but d’examiner les effets des institutions sociales discriminatoires (lois formelles et informelles, normes sociales et pratiques) sur l’autonomisation des filles et des femmes ivoiriennes. L’étude comprend un angle spécial sur l’éducation qui vise à mettre en évidence les liens entre les institutions sociales discriminatoires et les inégalités et écarts en matière d’éducation entre les hommes/garçons et les femmes/filles. Les résultats sont présentés sous formes de recommandations de politiques publiques contextualisées et concrètes pouvant aider le gouvernement ivoirien et toute autre partie prenante jouant un rôle clé à s’attaquer aux discriminations fondée sur le genre et à faire progresser l’égalité femmes-hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux.

Afin de réaliser une analyse fondée sur des données fiables et probantes des normes sociales, attitudes et pratiques discriminatoires, deux approches ont été utilisées :

  • Une approche quantitative composée d'une enquête ménage statistiquement représentative à l’échelle nationale et des districts ;

  • Une approche qualitative reposant sur l’analyse qualitative d’entretiens de groupes et d’entretiens individuels menés auprès d’informateurs clés.

Dans le but de mesurer l’effet des lois informelles, attitudes, normes et pratiques sociales discriminatoires sur les possibilités d’autonomisation des filles et des femmes, notamment en matière d’éducation, l’INS, avec le soutien technique de l’OCDE a mené une enquête ménage statistiquement représentative à l’échelle nationale, du milieu de résidence (urbain/rural) et des 14 districts ivoiriens.

La collecte des données de l’enquête ménage a eu lieu du 10 juin 2021 et le 9 juillet 2021, sous la direction de l’INS.

L'enquête ménage du SIGI Côte d’Ivoire se compose de deux questionnaires distincts, un questionnaire ménage et un questionnaire individuel. Dans chaque ménage sélectionné, le questionnaire ménage a d'abord été administré à une personne âgée de plus de 18 ans, avec une préférence pour le chef de ménage ou son conjoint/partenaire. Une fois terminé le questionnaire ménage, deux individus éligibles (une femme et un homme âgés de 16 ans et plus vivant dans le ménage) ont été tirés au sort pour répondre aux questionnaires individuels. Afin de prendre en compte la sensibilité des questions posées dans le questionnaire ménage, notamment en termes de violences subies, de choix liés à la santé de reproduction et de libertés politiques et civiles, les femmes enquêtées ont été systématiquement interviewées par des enquêtrices femmes tandis que les hommes enquêtés l’ont été par des enquêteurs homme.

En moyenne, les questionnaires des ménages ont été complétés en 60 minutes et les questionnaires individuels en 90 minutes. Lorsqu'une personne éligible sélectionnée n'était pas présente au moment de l'interview, l'agent désigné devait effectuer des visites de rappel par répondant absent pendant les deux jours sur place.

Les entretiens ont été menés en français et la collecte des données a été réalisée à l'aide du programme CSPro, permettant de charger les questionnaires sur des tablettes. Une fois l'entretien terminé, les enquêteurs ont utilisé une connexion internet mobile pour télécharger les informations recueillies sur le serveur de l’INS.

L’INS a assuré le suivi constant de la collecte tant en termes d’avancement que de qualité, notamment en ce qui concerne la cohérence et la vraisemblance des données collectées. Une mission d’encadrement a été effectué entre le 17 juin 2021 et le 24 juin 2021 afin d’assurer le bon déroulement de la collecte de données et de fournir un appui ponctuel afin de résoudre certaines difficultés techniques et logistiques rencontrées sur le terrain.

L’enquête ménage du SIGI Côte d’Ivoire s’appuie sur une méthodologie d’échantillonnage en grappes à deux degrés. Afin d’assurer la représentativité de l’échantillon au niveau national ainsi qu’au niveau des districts et du milieu de résidence, 28 strates ont été formées sur la base des données du census 2019. La stratification a été réalisée en séparant chacun des 14 districts en milieu urbain et rural, formant ainsi les 28 strates d’échantillonnage (Tableau A B.1).

  • Au premier degré du tirage, des zones de dénombrement (ZD) ont été tirées de façon aléatoire et systématique dans chaque strate. Au total, 168 ZD ont été sélectionnées pour être dénombrées au niveau national, soit 6 ZD dans chaque strate et 12 ZD par district. Une ZD représente un ensemble d’îlots contigus ou ensemble de campements qui abritent environ 1 000 personnes, ce qui correspond à 250 ménages en moyenne.

  • Au second degré du tirage, un tirage aléatoire de 25 ménages a été effectué dans chaque ZD, correspondant à environ 10% des ménages présents dans une ZD donnée. Au total, cela correspond à 4 200 ménages tirés aléatoirement, dont 2 100 ménages en milieu urbain et 2 100 ménages en milieu rural (Tableau A B.1). Chaque ménage échantillonné a été visité et enquêté. Dans chacun d’entre eux, le chef du ménage ou tout autre membre du ménage âgé d’au moins 18 ans ou plus étaient éligibles pour répondre au questionnaire des ménages. Les agents de collecte de données ne devaient enquêter que les ménages présélectionnés. Aucun remplacement n'a été autorisé pour les ménages non répondants afin d'éviter tout biais.

  • Un troisième degré du tirage a été effectué par la sélection aléatoire et systématique, dans chaque ménage visité, de deux individus – un homme et une femme – âgés d’au moins 16 ans dans le but d’administrer les questionnaires individuels.

Parmi les 4 200 ménages échantillonnés, 3 882 ont participé et répondu au questionnaire ménage, ce qui représente un taux de réponse de 92% (Tableau A B.2). L’abandon de l’entretien (37%), suivi du refus de participation (30%), d’une autre raison (29%) et de l’absence temporaire (3%) constituent les principales raisons pour lesquelles l’enquête ménage n’a pas pu être administré auprès de 319 ménages.

En ce qui concerne l’enquête individuelle, le taux de réponse s’établit à 60%, avec 5 077 individus sur les 8 400 attendus qui ont participé, dont 2 636 hommes et 2 441 femmes. Parmi ces 5 077 personnes, 3 834 (76%) ont répondu à toutes les questions tandis que 1 243 personnes (26%) n’ont pas terminé le questionnaire individuel (Tableau A B.2).

À l’issue de la collecte des données, les processus de nettoyage, de pondération et de validation des données ont été effectué par l’INS, en collaboration étroite avec l’OCDE, entre juillet 2021 et janvier 2022.

L'analyse des données par l'OCDE ainsi que la rédaction du rapport Institutions sociales et égalité femmes-hommes en Côte d’Ivoire ont commencé début décembre 2021 et se sont terminées fin mars 2022. En parallèle, l’INS a produit le Rapport d’enquête SIGI Côte d’Ivoire.

Afin de contextualiser les résultats de l’enquête ménage du SIGI Côte d’Ivoire, une étude qualitative a été mise en place. Cette enquête qualitative du SIGI Côte d’Ivoire vise à mettre en lumière :

  • Le lien entre les normes sociales et les attitudes discriminatoires à l’égard des filles et des femmes dans les groupes ethnoculturels touchés par le phénomène.

  • Les nuances des attitudes discriminatoires en fonction du milieu de résidence (urbain versus rural) et par appartenance ethnique et religieuse.

  • Le rôle des normes sociales dans la persistance des inégalités sociales entre les femmes et les hommes, notamment en matière d’éducation, de violence, d’accès aux ressources productives et financière, etc.

L’enquête qualitative du SIGI Côte d’Ivoire a été conduite par une d’une équipe de recherche pluridisciplinaire composée de sociologues (chef d’équipe), de socio-anthropologues et de communicologues, sous la direction du Dr Landry Niava, maître-assistant en sociologie politique et en inégalités sociales à l'Université Jean Lorougnon Guédé et spécialiste en analyse qualitative. La collecte des données qualitative a eu lieu en juin 2021.

La sélection des régions d’étude s’est faite à partir de trois critères :

  • L’appartenance ethnoculturelle et linguistique

  • Le taux brut de scolarisation par district (TBS)

  • Le nombre de cas de grossesse adolescente par district

Les Directions régionales de l'éducation nationale (DREN) et les Inspections de l’enseignement primaire et préscolaire (IEP) des chefs-lieux de ces districts, ont permis la sélection des différentes localités. Sur la base de ces éléments et de consultation menées avec les Directions régionales de l'éducation nationale (DREN) et les Inspections de l’enseignement primaire et préscolaire (IEP) des chefs-lieux des districts concernés, 17 quartiers et 18 villages ont été enquêtés dans 8 départements regroupant les 4 aires ethnoculturelles (Graphique A B.1) :

  • Abidjan (brassage ethnoculturel)

  • Abengourou (Akan)

  • Duékoué (Krou)

  • Minignan et Mankono (Mandé du Nord)

  • Ferkessédougou, Boundiali et Bouna (Gur)

La population enquêtée comprend deux cibles principales :

  • La cible primaire est composée d’enfants (12-14 ans), d’adolescents (15-17 ans), de jeunes (18-24 ans), de parents d’élèves et de seniors (65 ans et plus). Un certain nombre de caractéristiques supplémentaires telles que la situation scolaire des moins de 25 ans (scolarisé, déscolarisé ou jamais scolarisé), le genre (masculin ou féminin), le milieu de résidence (rural ou urbain) ainsi que l’appartenance ethnoculturelle et linguistique (Akan, Gur, Krou et Mandé du nord) ont permis de diversifier les participants dans chaque catégorie composant la cible primaire.

  • La cible secondaire comporte différentes catégories d’informateurs clés, à savoir les responsables communautaires et religieux, les experts de la direction de l’égalité et de l’équité, et les experts de l’éducation – les enseignants, les directeurs d’école primaire, les chefs d’établissement, les éducateurs, les experts des DREN et des IEP, etc.

Trois types d’entretien ont été mis en œuvre.

  • L’entretien contextuel afin d’effectuer une immersion rapide dans les localités visitées et de comprendre le contexte culturel, social et économique en lien avec les normes sociales et les disparités de genre dans l’éducation en Côte d’Ivoire. Cet entretien est essentiel pour contextualiser les questions lors des entretiens avec les différents acteurs interrogés.

  • L’entretien individuel (EI) mené auprès des autorités administratives, religieuses, coutumières ainsi qu’auprès des leaders communautaires, avant la réalisation des entretiens de groupe, afin d’accélérer l’immersion dans la communauté et de mieux préparer ces derniers.

  • L’entretien de groupe (EG) mené auprès de la cible primaire, à savoir les enfants [12-14 ans], les adolescents [15-17 ans], les jeunes [18-24 ans], les parents, les seniors ainsi que certaines cibles secondaires – notamment les enseignants.

Les principaux thèmes abordés au cours de la collecte des entretiens de groupe ou individuels ont portés sur :

  • Les perceptions autour du statut matrimonial de la jeune fille et sa scolarisation.

  • La division du travail et des responsabilités au sein des ménages et des communautés entre les femmes et les hommes.

  • Le partage du pouvoir et les prises de décision au sein des ménages et des communautés.

  • Les inégalités d’accès aux ressources foncières et aux activités économiques.

  • Les normes traditionnelles matrimoniales comme norme discriminatoire pour la scolarisation de la jeune fille.

  • L’accès à la santé de la reproduction et le maintien des filles à l’école.

  • Les violences communautaires et scolaires productrices de disparité de genre.

Au total, 104 entretiens ont été réalisés, dont 79 entretiens de groupe avec les enfants, adolescents, jeunes, parents, seniors et enseignants et 25 entretiens individuels avec les experts en éducation, la direction de l’égalité et de l’équité ainsi que les leaders communautaires et religieux (Tableau A B.3 et Tableau A B.4).

Les données collectées ont été analysées en quatre grandes étapes : l’analyse rapide, la transcription des entretiens, le dépouillement par la technique de l’analyse thématique et l’analyse approfondie.

  • L’analyse rapide, en tant qu’analyse préliminaire, permet d’enrichir les entretiens qui vont suivre à travers les relances appropriées et de faciliter l’élaboration des nœuds pour la codification. La réalisation de cette articulation méthodologique repose sur l’analyse des prises de notes durant les entretiens et des découvertes issues de la session de débriefing entre les assistants de recherche et le chef d’équipe.

  • La transcription a consisté à écouter les fichiers audio des entretiens individuels et de groupes et à les transcrire sous version Word de manière intégrale, en respectant des normes précises afin de garantir la confidentialité des informations personnelles des participants. Afin de respecter le calendrier des activités, cette activité a été réalisée pendant que la collecte se déroulait.

  • Une fois la phase de transcription achevée, la codification a consisté à créer une base de données à partir des 104 fichiers audio transcrits en procédant au dépouillement de chaque fichier Word. Ceux-ci ont été importées dans un tableau Excel pour une analyse thématique qui a permis de traiter les données recueillies en repérant les tendances spécifiques pour chaque question. Après la saisie et l’apurement des données sur les caractéristiques sociodémographiques (sexe, âge, occupation professionnelle, niveau d'instruction, situation matrimoniale, milieu de résidence, groupe ethnique, etc.) des 485 participants, un tri à plat (analyse descriptive) a été réalisé pour rendre compte de la distribution des fréquences des variables analysées au sein de la population à l’étude.

  • Une analyse approfondie a ensuite été réalisée. Cette analyse taxonomique associée à l’analyse textuelle systématique des données a permis de mettre en évidence les dimensions structurelles et idéologiques des réalités évoquées par les participants en relevant les tendances pour présenter les situations particulières afin de mettre en exergue les significations des signes et des symboles.

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