Résumé

Lorsque la crise a éclaté, la Malaisie était relativement bien préparée grâce aux efforts qu’elle avait déployés pour bâtir un cadre macroéconomique solide. Au cours des dernières décennies, la Malaise a fait preuve d’une remarquable volonté d'améliorer son économie et de relever ses défis sociaux. Cette volonté reste intacte, comme le montre son 12e Plan de développement pour 2021-25, qui constitue un socle pour accélérer les réformes.

Néanmoins, le choc provoqué par la pandémie de COVID-19 a été violent (Tableau 1.). Les pouvoirs publics ont rapidement imposé des restrictions strictes visant à contenir la première vague de contaminations en mars 2020, mais cela a entraîné l’une des plus fortes chutes de PIB dans la région. Après avoir géré la deuxième vague, la gestion de la troisième, en 2021, a nécessité de prendre à nouveau des mesures restrictives draconiennes, mais ciblées. Pour éviter les dommages économiques à grande échelle, des programmes de relance budgétaire ambitieux ont été mis en place et la politique monétaire a été assouplie.

L'économie devrait renouer avec la croissance. La vigueur des ventes de biens électroniques et d’équipements de santé stimule les exportations, et la demande intérieure bénéficie d'aides publiques. Pour autant, les risques sont principalement orientés à la baisse, justifiant des mesures macroéconomiques audacieuses le cas échéant.

La prudence passée a permis une réponse audacieuse de la politique budgétaire. Plusieurs trains de mesure d’urgence, équivalant à plus de 35 % du PIB, ont aidé les entreprises et les actifs les plus touchés, consolidant ainsi la confiance. Les aides financières ont été bien ciblées et rapidement déployées grâce à un système de distribution bien rodé. Un dispositif d’urgence de maintien dans l’emploi a permis d’atténuer la montée du chômage. Une campagne de vaccination rapide devrait contribuer à éviter de nouvelles vagues de contaminations, mais de nouvelles flambées du virus dues à ses mutations restent possibles. En conséquence, il ne faudrait pas lever les mesures budgétaires de soutien avant que la situation ne soit pleinement sous contrôle et la reprise bien engagée, tandis qu’il faudra réduire la dette publique en vertu d’une stratégie d’assainissement à moyen terme des finances publiques une fois la pandémie passée, en s’efforçant encore d’accroître les recettes.

La riposte monétaire a été rapide et les marges de manœuvre restent importantes. L’inflation globale rebondit après une forte baisse en 2020 due au recul des cours du pétrole. Néanmoins, les prévisions misent sur une inflation sous-jacente stable, et la politique monétaire devrait être très accommodante face à des risques majoritairement orientés à la baisse.

Des moratoires à grande échelle ont permis d'atténuer les difficultés financières des ménages et des entreprises touchés par la crise. Ces politiques se sont avérées efficaces, car les micro-entreprises et les PME forment l’essentiel du tissu économique du pays. L'augmentation du nombre de prêts non performants a été contenue, et les autorités de surveillance financière estiment que les volants de fonds propres sont suffisants. Cela étant, la poursuite de la pandémie entraînera davantage de fermetures d’entreprises dans les secteurs durement touchés, comme le tourisme et le commerce de détail.

La pandémie a mis au jour les lacunes de la protection sociale en Malaisie. La crise a durement frappé les catégories les plus vulnérables sur le marché du travail, notamment les femmes, les jeunes et les travailleurs les moins qualifiés. Les femmes ont été particulièrement exposées parce que beaucoup d’entre elles exercent une activité indépendante (Graphique 1.) et travaillent dans des secteurs où l’activité n’a pas encore pleinement repris, comme le tourisme ou le commerce de détail dont l’activité est soumise à des mesures plus restrictives. Les travailleurs indépendants, nombreux, ne sont pas bien couverts par le système de protection sociale, malgré les efforts récents des pouvoirs publics pour les inclure dans la couverture sociale, ce qui les expose à un risque de pauvreté.

Sous l’effet de l’essor des services en ligne, le nombre de travailleurs des plateformes augmente fortement en Malaisie. La plupart des travailleurs des plateformes, qui sont généralement indépendants, connaissent une situation précaire. L’État a étendu leur couverture de protection sociale, mais pourrait faire davantage.

La reprise économique risque de provoquer un rebond des émissions de carbone et d'autres dommages à l’environnement. Depuis la signature de l’Accord de Paris, la Malaisie progresse constamment dans la réduction de l’intensité de ses émissions de carbone, mais leur volume a augmenté en valeur absolue (Graphique 2.). La mise en place d’une taxe sur le carbone pourrait l’aider à faire en sorte que son économie soit moins dépendante du carbone. Après avoir accru le recours au charbon, le gouvernement veut désormais porter à 31 % la part de l’électricité produite à partir de sources renouvelables d’ici 2025 au plus tard. Malgré la petite superficie du pays, la forêt de Malaisie abrite l’une des biodiversités les plus riches au monde. Le gouvernement intensifie ses efforts pour préserver la forêt unique du pays et doit agir d’urgence.

La dynamisation de l’activité des entreprises est une nécessité pour orienter la reprise sur une trajectoire s’inscrivant dans la durée Depuis quelques années, des réformes sont progressivement mises en œuvre pour améliorer le climat des affaires. La Politique nationale de développement et de mise en œuvre de la réglementation a permis d’améliorer les cadres réglementaires en rationalisant les procédures applicables à l’activité des entreprises. La création d’une Autorité de la concurrence a permis d’harmoniser les règles du jeu et de garantir l’ouverture des marchés à la concurrence dans divers secteurs, et cette ouverture devrait aller plus loin.

Néanmoins, les réglementations et procédures demeurent restrictives par comparaison avec celles des pays de l’OCDE (Graphique 3.). Les pouvoirs publics ont la possibilité de continuer à alléger ces restrictions dans de multiples secteurs, comme le commerce de détail. Les entreprises privées, en particulier les jeunes entreprises, restent cependant assujetties à de lourdes formalités administratives. L’amélioration du régime de l’insolvabilité serait un autre moyen d’aider à restaurer la dynamique des entreprises. Le manque de collaboration entre les différents organismes publics demeure une entrave au dynamisme des entreprises, et les dispositifs réglementaires pourraient être plus transparents. La Malaisie a sensiblement progressé dans les domaines du renforcement de l’intégrité publique et de la lutte contre la corruption, y compris de la lutte contre le blanchiment de capitaux, et la dynamique de réforme ne doit pas faiblir.

Un certain nombre de PME, en particulier les micro-entreprises, n’utilisent ni l’informatique ni internet. La plupart des PME n’effectuent pas de transactions en ligne, ce qui a constitué un sérieux handicap pendant les périodes de confinement. Parce qu’un certain nombre d’entreprises commencent tout juste à utiliser les outils numériques, l’adoption d’un plan ambitieux en faveur de l’économie numérique en Malaisie au beau milieu de la pandémie est arrivée à point nommé.

La transformation numérique dope la productivité des entreprises, en particulier des PME, même si elle ne se concrétise que par de petites avancées telles que l’utilisation d’ordinateurs personnels (Graphique 4.). Indépendamment du plan en faveur de l’économie numérique, les PME, et surtout les micro-entreprises, ont grand besoin d’aides complémentaires pour le passage au numérique, et leurs salariés pourraient se voir proposer des solutions pour améliorer leurs compétences en la matière. D’autres réformes sur le marché du haut débit fixe peuvent favoriser une amélioration de la qualité et l’accès à des services plus abordables tant pour les entreprises que pour les consommateurs. Conjugués à la libéralisation continue des échanges, singulièrement dans le secteur des services, ces efforts aideront les PME à développer leurs activités au-delà des frontières nationales.

En Malaisie, la pandémie a contraint un grand nombre de travailleurs à télétravailler régulièrement depuis chez eux. L’expérience du télétravail n’a pas été mal vécue par la plupart d’entre eux selon une enquête réalisée dans la perspective de la présente Étude. Néanmoins, peu d’entreprises malaisiennes envisagent de passer au télétravail régulier après la pandémie, comparativement à ce que l’on observe dans d’autres pays où la plupart des entreprises ayant expérimenté le télétravail obligatoire se préparent désormais à en faire une pratique régulière. Lorsque la pandémie aura disparu, la pratique du télétravail à temps partiel s’imposera comme la nouvelle norme à l’échelle planétaire, car elle s’est révélée productive si elle est bien organisée.

Les pouvoirs publics peuvent œuvrer à l’instauration d’un environnement incitant les entreprises et les travailleurs à rechercher le télétravail. En Malaisie, l’absence d’infrastructure TIC est perçue comme un handicap majeur (Graphique 5.), et c’est pourquoi les investissements dans le numérique pourraient jouer un rôle important. La mise en œuvre du plan en faveur de l’économie numérique, conformément à ce qui est prévu, est primordiale pour le développement de cette infrastructure.

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