Résumé

La pandémie de COVID-19 a mis un terme à la forte croissance économique observée sur la période 2016-19, qui a vu la Hongrie enregistrer de fortes hausses de l’emploi et des revenus réels et qui s’est traduite par le taux de chômage le plus faible observé depuis trente ans.

La Hongrie renoue avec une croissance vigoureuse (tableau 1). Le gouvernement a recouru à des mesures générales de freinage de la pandémie lors de la première vague puis à des mesures plus ciblées et sectorielles durant la seconde vague, donnant ainsi plus de champ à l’activité économique. Cette marge de manœuvre, conjuguée à l’augmentation de la demande internationale, a bénéficié à l’industrie manufacturière ainsi qu’à de nombreux secteurs de services, l’hôtellerie-restauration restant le secteur le plus touché. Grâce au déploiement rapide des campagnes de vaccination, la reprise s’est accélérée dès la mi-2021 sous l’effet de la libération de la demande non satisfaite et du renforcement de la demande extérieure. Malgré tout, le rythme et la vigueur de la reprise restent incertains en raison des séquelles que la très longue période de crise pourrait laisser sur l’économie. L'apparition de nouveaux variants pourrait aggraver les tensions sur le secteur de la santé et donner lieu à de nouvelles restrictions ainsi qu’à une baisse des dépenses intérieures.

Tout au long de la pandémie, le gouvernement a soutenu l’emploi et les revenus. La mise en place d’un nouveau dispositif de chômage partiel a été la principale mesure prise pour contenir la montée du taux de chômage. Les aides aux entreprises ont pris la forme d’un moratoire sur le remboursement des prêts, d'une réduction des taux d'intérêt, d'un allègement des cotisations de sécurité sociale et de subventions, autant de mesures qui ont contribué à un nombre de faillites historiquement bas. Néanmoins, le taux de défaut des remboursements de prêts accordés aux entreprises et aux ménages va sans doute augmenter et il faudra donc surveiller de près les facteurs de vulnérabilité des banques.

Les politiques budgétaire et monétaire ont une orientation expansionniste En 2020, la politique budgétaire discrétionnaire a atteint 5 % du PIB, ce qui, conjugué à l’atonie de l’économie, a creusé le déficit public (graphique 1). En 2021, le redressement économique et l’arrêt d’un grand nombre de mesures d’aide devrait réduire ce déficit d’½ point. À la faveur de la libération, au deuxième semestre, de la demande contenue, aucune nouvelle relance budgétaire à court terme ne devrait être nécessaire. À partir de 2021, les entrées annuelles de fonds de l’UE de l’ordre de 3½ pour cent du PIB soutiendront la croissance. Une fois que la reprise pourra s’auto-entretenir, la priorité budgétaire pourrait de nouveau consister à préparer les hausses qui s’annoncent des dépenses liées au vieillissement et à assurer la viabilité budgétaire. Si la banque centrale a maintenu à bon escient une orientation accommodante de la politique monétaire, les tensions inflationnistes n’en demeurent pas moins élevées.

La longue période de pandémie met à mal le bien-être de la population et menace l’inclusion sociale. Certains des coûts sociaux seront temporaires. D’autres auront des effets plus durables, notamment la hausse des violences domestiques et les dommages éducatifs causés par la difficulté à dispenser à tous les élèves un enseignement à distance de qualité.

Une plus grande cohérence des politiques publiques favoriserait une croissance plus durable Les performances environnementales relatives aux niveaux d’émissions requis pour atteindre les objectifs pour 2020 ont été généralement satisfaisantes. Cela étant, les progrès ont été insuffisants concernant la réduction des émissions de particules fines et le large recours à la pratique de la mise en décharge (graphique 2). Les mesures à prendre pour atteindre les objectifs d’émission plus ambitieux fixés pour 2030 et l’intensification attendue du transport routier amplifient les défis qui se posent en termes de politique environnementale. Celle-ci repose sur un ensemble de règles, de subventions et de taux d’imposition qui varient selon les secteurs et les activités. Certains prix de l’énergie, qui sont réglementés pour des raisons d’accessibilité financière, sont généralement maintenus à des niveaux inférieurs aux coûts, ce qui donne lieu à une répartition inégale de la charge et renchérit les mesures de réduction des émissions.

En dépit de la réforme, les prélèvements fiscaux sur les revenus du travail restent élevés, ce qui ne favorise pas la croissance. Cette imposition toujours élevée réduit les incitations à travailler ou à changer d’emploi pour améliorer ses revenus. En revanche, les taux des impôts environnementaux et fonciers sont relativement faibles et de nombreuses exonérations en diminuent l’assiette. De même, le système de TVA se caractérise par un taux normal élevé et une multitude de taux réduits. Un rééquilibrage de la fiscalité moyennant une réduction et une plus grande harmonisation des taux et un élargissement de l’assiette, conjugué à un allègement de l’imposition du travail, améliorerait les incitations et accroîtrait l’efficacité du système.

Améliorer le redéploiement de la main-d’œuvre renforcerait la reprise L’impact de la pandémie sur le marché du travail a été contenu grâce à l’intervention du gouvernement. L’emploi repart à la hausse et le chômage recule tandis que l’inflation salariale reste relativement élevée. À l’arrêt des aides aux entreprises, les licenciements vont augmenter ; les nouveaux demandeurs d’emploi ne bénéficieront que de trois mois d’allocations de chômage et d’un soutien limité des services publics de l’emploi pour les aider à trouver de nouvelles offres d’emploi correspondant à leurs compétences. La mobilité géographique est freinée par les programmes de travaux d'intérêt public maintenant les chômeurs de longue durée, peu qualifiés, dans les régions les plus en difficulté. En outre, le vieillissement de la population entraîne une réduction et un vieillissement de la main-d’œuvre, ce qui rend d’autant plus nécessaire d’améliorer l’affectation des ressources de main-d’œuvre disponibles pour soutenir la croissance.

L’adéquation des compétences et des besoins du marché du travail est faible. La formation professionnelle donne principalement accès aux métiers traditionnels de l’artisanat et du commerce, alors que la demande de main-d’œuvre évolue vers des emplois plus qualifiés. L’obligation d’obtenir un agrément ou une certification pour exercer de nombreux métiers pèse également sur la mobilité professionnelle. En dépit des progrès accomplis, les élèves suivant des filières professionnelles sont peu nombreux à être en apprentissage et l’accès à un apprentissage de qualité en milieu professionnel est difficile. Dans le même temps, un grand nombre de diplômés du supérieur en sciences sociales et humaines peinent à trouver un emploi dans leur domaine, alors que le nombre d’ingénieurs et d’informaticiens diplômés est insuffisant. Cette situation explique que le nombre de sortants du système éducatif ne permette pas de faire face aux pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs en plein essor et que l’offre soit excédentaire dans les secteurs en repli.

Les perspectives professionnelles des diplômés sont bridées par la médiocrité des résultats de l’enseignement La moitié des diplômés de l’enseignement et de la formation professionnels occupe des emplois peu qualifiés ne correspondant pas au métier qu’ils ont choisi. Cela tient au fait que les compétences de base et génériques acquises dans le cadre de l’enseignement et de la formation professionnels sont médiocres à bien des égards, notamment au vu des lacunes dans les domaines de la compréhension de l’écrit, du calcul et des TIC, ce qui limite la capacité des élèves et étudiants à s’adapter à l'évolution des besoins du marché du travail. L’enseignement supérieur accorde peu d’attention aux compétences génériques, comme la résolution de problèmes, qui sont essentiels à la réussite des nouveaux diplômés sur le marché du travail. Un renforcement des compétences de base et génériques est indispensable pour développer l'adaptabilité des diplômés et pour assurer leur réussite professionnelle à long terme.

La mobilité professionnelle est également entravée par la rigidité du marché du logement. Les Hongrois vivent en très grande majorité dans des logements occupés par leurs propriétaires et la plupart des mesures de soutien au logement ont pour objectif l’accession à la propriété. Parallèlement, pour des raisons réglementaires, l’offre de logements ne répond pas à la hausse de la demande. Le marché du logement locatif privé est dominé par les baux à court terme, faute de réglementations conciliant davantage les intérêts des propriétaires et ceux des locataires.

La mobilité géographique est en outre freinée par le sous-développement des infrastructures de transport local. Les financements affectés à l’entretien des réseaux secondaires et tertiaires sont peu élevés, comme en témoigne la mauvaise qualité des routes locales. De même, les lignes ferroviaires et les services de bus sont sous-développés, ce qui augmente les coûts de transport supportés par les personnes résidant dans les zones rurales qui désirent se rendre dans les villes voisines offrant de meilleurs perspectives professionnelles.

Le salaire minimum augmente rapidement. La croissance du salaire minimum est importante pour améliorer les revenus des plus pauvres. Cela étant, sa rapide revalorisation par rapport aux autres salaires limite les perspectives professionnelles des personnes peu qualifiées et des chômeurs de longue durée et incite moins les travailleurs peu qualifiés des régions le plus en difficulté à chercher ailleurs un emploi mieux rémunéré.

Les perspectives professionnelles des femmes pourraient être améliorées par un développement de l'offre de services de garde d'enfants. Le taux d’activité des femmes avoisine celui des hommes mais l’écart salarial hommes-femmes se creuse avec l’âge. Cette évolution est due à la longue durée des congés de maternité que de nombreuses mères prennent en totalité. En outre, les femmes consacrent un nombre bien plus élevé d’heures de travail non rémunéré que les hommes à des tâches ménagères et à l’éducation des enfants.

La croissance à long terme de la productivité est faible. Le dynamisme de l’investissement des entreprises a donné lieu à un rebond conjoncturel de la croissance de la productivité. Néanmoins, la croissance de la productivité moyenne a été peu élevée ces dix dernières années (graphique 3). De plus, malgré une hausse récente de la productivité, il existe toujours d'importants écarts sous-jacents entre les entreprises étrangères à forte capitalisation qui investissent beaucoup et se livrent concurrence sur les marchés mondiaux et les entreprises hongroises peu capitalisées, peu productives et qui investissent peu, dont l’activité est centrée sur le marché intérieur et qui n’ont guère de lien avec les chaînes d'approvisionnement internationales.

Les entrées et sorties d’entreprises sont relativement faibles, signe d'une concurrence peu intense. De ce fait, les entreprises peu productives ont pu conserver des parts de marchés disproportionnellement importantes et le redéploiement des ressources vers les entreprises à forte croissance a été ralenti, ce qui a pesé sur la croissance de la productivité de l’économie dans son ensemble et freiné une convergence plus rapide des revenus.

Le cadre réglementaire favorable à la concurrence n’est guère utilisé. L’autorité de la concurrence n’est pas suffisamment active dans des domaines exposés à un risque élevé de collusion, puisqu’elle ne réalise que peu d’études de marché et ne rend que peu de décisions. Elle n’a ainsi rendu qu’un petit nombre de décisions dans le domaine des marchés publics et ce, en dépit du nombre élevé d’irrégularités signalées par la Commission européenne. Cet état de fait s’explique par l’insuffisance des financements dont elle dispose pour faire respecter la loi et pour retenir ses experts très spécialisés. En outre, pour des motifs tenant à des intérêts stratégiques nationaux, d’importants secteurs sont exemptés des obligations de surveillance incombant à l’autorité de la concurrence.

Des taxes sectorielles sont appliquées, notamment aux secteurs de l’énergie, de la finance et du commerce de détail. Ces taxes entravent l’arrivée de nouveaux entrants et l’investissement alors que les sorties du marché sont ralenties par la lenteur et le coût des procédures de faillite.

L’intervention de l’État dans les industries de réseau est massive. Le secteur de l’énergie est dominé par des quasi-monopoles publics. Dans le secteur des télécommunications, la récente attribution des nouvelles fréquences radio pour les réseaux 5G aux opérateurs historiques a renforcé la concentration du marché et encore amoindri les pressions concurrentielles.

Le cadre officiel de lutte contre la corruption a été renforcé ces dernières années. Cela étant, le niveau de corruption perçue reste une préoccupation revêtant un caractère pluridimensionnel et plusieurs problèmes restent encore à régler, comme le renforcement de la confiance dans les institutions et l’amélioration des procédures de passation des marchés publics. Une surveillance efficace est indispensable dans le domaine de la lutte contre la corruption afin d’assurer un meilleur usage des ressources publiques, notamment un recours efficient aux procédures de marché lors du déploiement d’investissements publics, ainsi qu’en vue de favoriser une dynamique des entreprises plus vigoureuse.

La transformation numérique est lente. L’adoption des technologies numériques par les petites entreprises et le secteur public est à la traîne par rapport à d’autres pays (graphique 4). Les prix de l’internet mobile, qui limitent l’utilisation du haut débit mobile, constituent un problème. En outre, les entreprises utilisent moins qu’ailleurs le haut débit. Le faible niveau de préparation au numérique entrave le déploiement de nouvelles technologies et l’intégration dans des chaînes d'approvisionnement nationales et internationales. Le secteur public peut jouer un rôle important en se plaçant en première ligne de l’adoption des nouvelles technologies.

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