6. La participation de la jeunesse dans la vie publique en Tunisie

Les jeunes de moins de 30 ans représentent aujourd’hui près de la moitié de la population tunisienne (48 %) (Ministère des Affaires de la Jeunesse et des Sports, 2017[1]). Leur participation pleine et entière aux décisions publiques est donc essentielle afin que celles-ci répondent aux attentes et besoins d’une majorité des citoyens. Cela apparaît d’autant plus important que les jeunes ont à plusieurs reprises appelé les décideurs politiques à renforcer la prise en compte de leurs préoccupations dans leur gestion des affaires du pays. Selon une enquête de 2017 (ASDA’A Burson-Marsteller, 2017[2]), 85 % des jeunes des pays d’Afrique du Nord interrogés pensent que leurs gouvernements devraient faire plus pour répondre à leurs besoins, et seulement 54 % d’entre eux considèrent que leur gouvernement met en place des politiques axées sur la jeunesse.

La représentation des jeunes tunisiens et tunisiennes dans la prise de décision politique demeure limitée, leur intérêt à la politique est très faible, et leur confiance et participation dans les institutions politiques formelles que sont les partis politiques et les enceintes élues baisse, comme cela a été exposé dans les chapitres précédents.

Mais cette évolution ne signifie pas qu’ils ont cessé d’être impliqués dans toutes les formes institutionnelles d’engagement, par exemple en étant membre d’organisations déclarées de la société civile ou en participant à des consultations publiques. Elle n’indique pas plus que les jeunes ne s’intéressent pas et ne participent pas à la vie publique. Ces derniers font, en effet, de plus en plus entendre leurs voix d’une nouvelle façon dans le débat public ou sur les enjeux politiques nationaux et internationaux par le biais de canaux non institutionnalisés, et sous des formes variées telles que des activités sur le terrain (comme le bénévolat ou le volontariat), en manifestant dans la rue, ou en contribuant à des activités de bienfaisance ou de charité.

Capitaliser sur cette dynamique renforcerait, en conséquence, la participation des jeunes au processus décisionnel, aiderait à rétablir leur confiance dans les institutions publiques, soutiendrait l'efficacité à long terme des politiques publiques et contribuerait à répondre à leurs besoins. Cela passe par le développement des leviers de participation existant en Tunisie et qui seront présentés dans ce chapitre, dans un espace favorable à la participation des citoyens et en particulier des jeunes. En effet, les possibilités des jeunes de participer à la vie publique sont façonnées par un vaste écosystème constitué de règles, lois, institutions, politiques et pratiques. Rassemblées, elles forment l'environnement civique dans lequel la participation des citoyens en général, et celle des jeunes en particulier, peut être encouragée. L'écosystème n’est pas seulement défini et instauré par le pouvoir l'exécutif ; il l’est aussi par les pouvoirs législatif et le judiciaire, comme le reconnaît le concept de « l'État ouvert », introduit par la Recommandation du Conseil de l'OCDE sur le Gouvernement Ouvert (OCDE, 2017[3]).

Depuis 2011, la Tunisie a enclenché une dynamique de renforcement de la participation des citoyens à la fois dans le cadre du processus de décentralisation, de libération de la société civile, mais aussi avec son adhésion au Partenariat pour le Gouvernement Ouvert. Pour retrouver une relation solide entre les jeunes et les institutions publiques, le gouvernement tunisien doit aujourd’hui aller plus loin dans la protection et la promotion d’un espace civique permettant effectivement aux jeunes d’exercer pleinement leurs droits politiques et libertés civiles. L'espace civique étant défini comme l'ensemble des conditions juridiques, politiques, institutionnelles et pratiques nécessaires aux acteurs non gouvernementaux pour accéder à l'information, s’exprimer, s'associer, s'organiser et participer à la vie publique (OECD, 2020[4]).

Aussi est-il nécessaire que le gouvernement s’engage plus en avant dans la protection et la promotion d’un espace civique pour retrouver une relation solide entre les jeunes et les institutions publiques. Il devrait aussi veiller à ce que les règles, lois, institutions, politiques et pratiques permettent effectivement aux jeunes d’exercer pleinement leurs droits politiques et libertés civiles et soutenir l’amélioration du cadre juridique des associations.

Une relation solide entre les jeunes et les institutions publiques est également essentielle pour mobiliser leur soutien aux réformes structurelles entreprises par le gouvernement, susceptibles parfois de demander aux citoyens des sacrifices à court terme en échange de bénéfices à long terme, immédiatement moins tangibles (OECD, 2020[5]). Cela est d'autant plus crucial que les jeunes sont plus à même d’être affectés à long terme par les décisions prises aujourd'hui.

La représentation équitable des jeunes dans les institutions publiques est essentielle. Elle garantit, d’abord, que les décisions publiques tiennent compte de leurs réalités et perspectives, ensuite, que les choix politiques se fondent sur une variété d'expériences, compétences et points de vue, et enfin, que les résultats des politiques publiques répondent à leurs besoins et préoccupations. En outre, la participation active de certains jeunes dans les institutions publiques est de nature à servir de modèle et inspirer d'autres jeunes de la même tranche d'âge. Ces effets positifs d'une représentation équitable ont déjà été étudiés sous l'angle du genre (OECD, 2019[6]), et il a été démontré que l'égalité d'accès à la prise de décision et au leadership politique peut également avoir un impact positif sur les résultats économiques et sociaux. Par exemple, l'analyse de l'OCDE montre que les pays où la proportion de femmes parlementaires est plus élevée ont tendance à connaître des niveaux d'inégalités plus faibles et de confiance plus élevés dans le gouvernement (OECD, 2014[7]).

Cette logique peut dès lors être appliquée à la jeunesse en Tunisie pour encourager l’engagement politique des jeunes à la fois par des formes classiques de participation politique (par exemple, le vote ou l’appartenance à un parti politique) mais également au travers de nouvelles formes d’engagement, tels que la participation à des mouvements sociaux et autres initiatives innovantes.

Comme cela a été exposé précédemment, la participation des jeunes tunisiens dans les institutions politiques formelles reste à renforcer. Certes, l’instauration de quotas en faveur des jeunes pour les élections législatives et municipales est un pas important, mais leur présence à l’Assemblée des Représentants du Peuple reste faible, en comparaison avec leur poids démographique, comme le montre le Graphique 6.1.

Plus largement, les jeunes ont peu recours aux canaux de participation politique formels, comme le démontre leur faible taux de participation aux élections au cours des dernières années, notamment aux élections législatives de 2019 (Dahmani, Frida et Lafrance, 2019[8]).

Par l'intermédiaire de leurs sections de jeunesse, dirigées par de jeunes membres, les partis politiques offrent aux jeunes un levier essentiel de participation à la vie politique, d’intervention dans les procédures décisionnelles et commencer une carrière politique. Cependant, comme dans de nombreux pays à travers le monde, les jeunes tunisiens ne se sentent pas représentés dans les partis politiques (Schäfer, 2017[9]). En effet, et tel que mentionné dans le chapitre 2 de ce rapport, l’existence dans les grands partis politiques tunisiens de structures réservées aux jeunes n’empêche pas ceux-ci d’être généralement exclus des postes clés des appareils partisans et de se trouver souvent cantonnés à des missions secondaires, d’ordre logistique, technique ou administratif, sans prise réelle sur les décisions (Marzouk, 2016[10]). Si bien que les jeunes sont peu enclins à s’engager dans les partis politiques. Ainsi, dans une enquête de 2014, auprès de 1 700 jeunes de la région du Grand Tunis, seulement 3,3 % des interrogés ont indiqué être membres d’un parti politique (Jouili et Ben Salem, 2020[11]).

Cet attrait réduit des jeunes tunisiens pour l’adhésion aux partis politiques est partagé avec les jeunes des pays de l’OCDE comme le suggère une enquête de 2019 sur la gouvernance des affaires de la jeunesse. Par exemple, au Portugal, seulement 1 % des personnes âgées de 15 à 24 ans étaient membres d'un parti politique, contre 2 % de la population totale. De même, en Allemagne, 1,5 % des personnes âgées de 15 à 35 ans étaient membres d'un parti politique en 2018, contre 5 % de la population totale en 2014. La Norvège et la Suède connaissant des situations similaires, avec respectivement 6 % et 5 % de jeunes membres d'un parti (contre respectivement 7 % et 5,5 % de la population totale)1. Pour expliquer leur faible taux d’adhésion aux partis politiques, les jeunes soulignent principalement le manque d'ouverture de ceux-ci aux idées nouvelles et aux innovations (78 % des organisations de jeunesse interrogées dans l'OCDE) (OECD, 2020[5]).

Cette situation a conduit à un désintérêt majeur des jeunes tunisiens pour la politique, comme le montre le Graphique 6.2 : en 2019, plus de 60% des jeunes estimaient qu’ils n’étaient pas du tout intéressé par la politique, un résultat près de dix points supérieur à la moyenne nationale (52,16%), et plus du double de la moyenne des jeunes dans les pays de l’OCDE (26%) (OECD, 2019[12]) (Arab Barometer, 2019[13]).

La présence réduite des jeunes dans les institutions politiques classiques s’expliquerait, d’abord, par la crise de confiance dans les institutions politiques qui les pousse à se détourner d’elles, et ensuite, par les obstacles qu’ils rencontrent pour mener campagne en vue d’un poste politique dans leur parti ou dans une institution étatique. L'organisation d'une campagne s’avère, en effet, onéreuse, décourageant donc les jeunes aux revenus plus faibles que leurs aînés à se porter candidats à ces fonctions. Or, certains pays n’imposent aucune limite de dépenses électorales, et quand ils le font, le coût des campagnes reste souvent un obstacle à l’accès des jeunes aux élections. En Tunisie, en application du décret gouvernemental n° 2017-1275 du 23 novembre 2017, le montant des dépenses électorales par liste pour les élections législatives est plafonné en fonction de la taille et la densité des circonscriptions et ne peut pas dépasser cinq fois le montant de la subvention publique. Le montant maximal s’élèverait alors à 28 000 TND (environ 8 500 EUR) (République Tunisienne, 2017[14]). Ce montant peut toutefois s’avérer dissuasif pour de nombreux tunisien, dans la mesure où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Tunisie est au moment de la rédaction de ce rapport de 429,312 TND (environ 130 EUR), selon le régime horaire par semaine. Plusieurs pays de l’OCDE ont aussi instauré des plafonds aux dépenses électorales. Un candidat aux élections législatives en Nouvelle-Zélande, par exemple, est autorisé à dépenser un montant maximal de 25 000 NZD (environ 15 652 EUR) (OECD, 2016[15]).

De plus, les stéréotypes traditionnels, dépeignant les jeunes comme de nouveaux arrivants sans l'expérience nécessaire pour prendre des décisions politiques, continuent de dominer le paysage politique et médiatique. Ainsi la composition des gouvernements dans certains pays de l'OCDE a donné lieu à des débats sur les compétences et l’expérience réelles de leurs plus jeunes membres. Les jeunes militants n'ont souvent pas non plus accès aux réseaux formels et informels dans lesquels les postes de direction sont choisis (OECD, 2020[5]).

Dès lors, en plus d’encourager de nouveaux canaux directs de manifestation et d’expression des besoins des jeunes, tels que les mécanismes délibératifs et de démocratie représentative (qui seront analysés plus en détail dans la suite de ce chapitre), le gouvernement tunisien pourrait envisager de mettre en place des mesures innovantes pour faciliter l’accès des jeunes aux structures politiques conventionnelles déjà existantes et les remobiliser.

D’abord, les règles d’inscription sur les listes électorales représentent parfois un obstacle considérable à la participation aux élections, en particulier pour les nouveaux électeurs, plus susceptibles de changer de résidence à un moment de transition dans leur vie. Pour ce motif, de nombreux pays de l’OCDE ont adopté diverses mesures pour faciliter l'inscription des jeunes sur les listes électorales. Aux États-Unis, par exemple, plusieurs États fédérés autorisent l’inscription sur les listes électorales des mineurs de moins de 18 ans de sorte qu’ils soient autorisés à voter immédiatement lorsqu’ils atteignent l’âge de vote. Cette mesure a eu directement une incidence positive sur le taux de participation électorale des jeunes (Holbein et Hillygus, 2016[16]). Au Royaume-Uni, l’inscription sur les listes électorales est désormais possible en ligne dans le but de faciliter et d’accélérer la démarche (Encadré 6.1). En France, les organisations étudiantes et les mouvements de jeunesse présents au Conseil Économique, Social et Environnemental national (CESE) et dans les Conseils Économiques, Sociaux et Environnementaux des Régions (CESER) ont proposé de faire évoluer le système démocratique et de l’adapter aux réalités de vie des jeunes. L’une des propositions concerne notamment l’assouplissement des règles d’inscription sur les listes électorales pour permettre aux citoyens de s’enregistrer jusqu’à 10 jours avant les scrutins et ainsi faciliter leur accès au vote (CESE, s.d.[17]).

Plusieurs pays comme l’Autriche et l’Ecosse – ainsi que l’Allemagne dans certaines provinces – ont introduit le droit de vote dès l’âge de 16 ans pour toutes les élections ou certaines d’entre elles. Des études ont montré que les jeunes de 16 et 17 ans votaient en plus grand nombre que les autres « premiers électeurs » de 18 et 19 ans et que ces nouveaux électeurs ne votaient pas de manière particulièrement différente que le reste de l’électorat (Fjeldavli, 2015[22]). Une expérience menée au niveau local en Norvège montre que le vote des plus jeunes pourrait également favoriser l’élection de jeunes candidats (Encadré 6.2).

Certains pays ont aussi adopté des mesures de vote obligatoire afin de garantir un taux de participation élevé aux élections, par exemple, l’Australie, la Belgique, le Luxembourg et la Turquie. L'Australie et la Turquie figurent parmi les pays de l'OCDE qui bénéficient de la participation la plus élevée pour tous les groupes de la population. Néanmoins, le vote obligatoire reste une mesure largement débattue pour des raisons théoriques (pour certains, il porterait atteinte au droit de s’abstenir et de montrer le mécontentement face aux options politiques proposées) et pratiques (il contribuerait à lutter contre l’abstention et le phénomène de "free riding"2 mais pose question sur la remise en cause des libertés individuelles des personnes qui ne souhaitent pas voter) (OECD, 2020[5]).

Certains pays ont instauré des initiatives innovantes pour encourager la participation électorale des jeunes grâce à des outils numériques comme la Norvège (Encadré 6.3). L’Estonie a été le premier pays au monde à avoir généralisé le vote en ligne au niveau national afin de faciliter et simplifier, entre autres, l’accès des jeunes au vote. Toutefois, ce type d’évolution de la législation électorale est susceptible de soulever des interrogations sur la sécurité et la transparence de la procédure et des résultats électoraux. De plus, la modification des modalités de vote n’a pas eu une influence significative sur la participation électorale en Estonie. En effet, il semblerait que cet outil facilite le processus de vote pour les électeurs déjà actifs plutôt que d’encourager la participation de nouveaux électeurs. Ainsi, la plupart des autres pays offrant le vote en ligne, notamment l’Australie, le Canada, la Suisse et les États-Unis, le font uniquement de manière limitée, par exemple, pour les citoyens, diplomates et militaires résidant à l’étranger ou bien les personnes en situation de handicap. Plusieurs pays comme le Royaume-Uni, la Norvège, la France, les Pays-Bas ou l’Espagne ont introduit ou généralisé le vote en ligne puis ont décidé de maintenir un scrutin physique (Applegate et Basysty, 2020[23]).

Plus largement, certains pays ont réfléchi à l’adaptation du système électoral aux besoins des jeunes. Comme cela est mentionné dans les propositions du CESE français, la mise en place d’autres mécanismes et initiatives, tels que le vote par correspondance ou l’installation ponctuelle de centres d’inscription dans les lieux de vie des jeunes (universités, médiathèques, centres commerciaux, maisons de jeunes), les rapprocherait du système électoral et favoriserait leur adhésion à ce dernier (CESE, s.d.[17]).

Dans ce sens, des initiatives similaires pourraient être instaurées en Tunisie, sous la forme d’expérimentations lors les prochaines élections municipales afin d’évaluer leur impact, et les généraliser à toutes les élections et sur tout le territoire si leurs résultats étaient concluants.

Les pays de l’OCDE et de la région MENA ont également développé des initiatives pour familiariser les jeunes avec la politique de façon plus adaptée à leur situation. En France, la mairie de Paris avait le projet de lancer une expérimentation dans 12 lycées à l’occasion des élections européennes de 2019 permettant aux élèves scolarisés de 16 à 18 ans de participer aux scrutins. L’initiative aurait constitué pour ces jeunes une première expérience de participation à la vie politique mais n’a pas pu aboutir. Dans la Confédération Helvétique, la Fédération Suisse des Parlements des Jeunes a lancé le programme Easynote pour promouvoir la participation politique des jeunes aux élections et votations. Destiné aux jeunes de 18 à 25 ans, ce site internet propose notamment des informations générales sur les votations et élections fédérales - comment et où voter, par exemple - ainsi que des articles sur des thématiques politiques actuelles. Les contenus sont présentés dans un format simple et neutre. Ils facilitent la compréhension de la politique et la rendent plus accessible aux jeunes. Le programme Easyvote est également accessible sur YouTube, Instagram, Facebook et Twitter (Easy Vote, s.d.[26]). Enfin, au Maroc, l’association SIMSIM participation citoyenne a développé la plateforme « Nouabook » permettant aux citoyens de communiquer en ligne avec les parlementaires. Les citoyens, dont les jeunes, accèdent de cette manière à de nombreuses informations sur les députés et leur adressent des questions écrites grâce à un formulaire ou en enregistrant une courte vidéo. Ils ont également la possibilité de voter pour les autres questions posées sur la plateforme afin d’augmenter leur visibilité et multiplier les chances d’obtenir une réponse (Nouabook, s.d.[27]). La Tunisie pourrait également envisager le développement de programmes de ce genre pour les différentes phases de la vie politique du pays.

Les citoyens demandent davantage d’ouverture de la part des autorités publiques et des mécanismes plus incitatifs de participation, tout en souhaitant avoir une place plus importante dans la prise de décision politique. Pour répondre à ces attentes, un nombre croissant de pratiques innovantes de participation citoyenne est en développement dans le monde (OCDE, 2020[28]).

Dans cet esprit, les autorités publiques encouragent ou contribuent de plus en plus aux processus de délibération représentatifs et aux initiatives de participation citoyenne d’associations, chercheurs, parlementaires et citoyens qui se sont démultipliées dernièrement pour aider à la résilience face à la crise sanitaire de la COVID-19. Il s’agit d'impliquer plus directement les citoyens, à un moment donné, dans la résolution des sujets d’intérêt majeurs pour eux, comme le climat. L’encadré 6.4, ci-dessous, présente l’exemple de l’Assemblée Citoyenne irlandaise, dont la composition reflète celle de la population du pays qui comptait, en 2016, 33,2 % de jeunes de moins de 25 ans (Central Statistics Office, 2016[29]). La sélection des membres de cette assemblée a été effectuée de manière aléatoire en partant du dernier recensement disponible ainsi qu’en prévoyant des quotas représentatifs du sexe, l’âge et la provenance de la population adulte irlandaise (The Citizens’ Assembly, s.d.[30]).

Les données recueillies par l’OCDE (OCDE, 2020[28]) montrent également que les processus de délibération représentatifs ont aidé les autorités publiques à prendre des décisions politiques très diverses, alors qu’elles se trouvaient dans une impasse et sans aucune solution évidente. Dans une période où les mécanismes de participation traditionnels s’avèrent moins efficients, les mécanismes délibératifs constituent une alternative innovante grâce à leur interactivité qui suscite l’intérêt des citoyens, dont les jeunes. Leur utilisation doit cependant, et dans tous les cas, demeurer cohérente et complémentaire avec les autres mécanismes de participation citoyenne et le bon fonctionnement de la démocratie représentative.

L’utilisation grandissante par les jeunes de canaux non institutionnalisés de participation et de dialogue avec les autorités publiques montre la nécessité de réformer, d’une part, la manière dont les politiques publiques sont élaborées, mises en œuvre, suivies et évaluées et, d’autre part, les modalités de participation des jeunes à l’action publique. Cela passe notamment par des efforts pour assurer la participation des jeunes tout au long du cycle des politiques publiques, et de manière globale et cohérente.

La participation des parties prenantes à la vie publique constitue un pilier de la bonne gouvernance et de la croissance inclusive (OCDE, 2016[31]). La Recommandation du Conseil de l'OCDE sur le Gouvernement Ouvert reconnaît que la participation des parties prenantes à l'élaboration des politiques « rend les pouvoirs publics plus redevables de leurs actes, qu’elle élargit les moyens d’action de la population et son influence sur les décisions, qu’elle renforce les capacités civiques, qu’elle enrichit les données probantes sur lesquelles fonder l’action publique, qu’elle réduit les coûts de mise en œuvre et qu’elle permet de mobiliser des réseaux plus larges au service de l’innovation dans l’action publique et dans la prestation des services publics » (OCDE, 2017[3]).

Cela est confirmé par l’analyse des données des enquêtes de l'OCDE sur la gouvernance des affaires de la jeunesse, telle que présentée dans le Graphique 6.3 (OECD, 2020[5]). Elle montre que, lorsque les organisations de jeunesse ont été davantage impliquées dans le cycle politique, elles se déclarent plus satisfaites des performances du gouvernement dans tous les domaines du service public (tels que les transports, la santé, le logement et l'emploi, etc.). La consultation systématique d’un large éventail de parties prenantes du secteur de la jeunesse tout au long de la formulation, de la mise en œuvre, du suivi et de l'évaluation, est ainsi essentielle pour que les stratégies nationales et les politiques publiques en faveur de la jeunesse produisent les effets escomptés.

Pour ce motif, toutes les institutions de l'État doivent être sensibles aux préoccupations des jeunes et leur donner l'occasion de s'engager (OCDE, 2019[32]). L’engagement et la participation des jeunes au cycle d’élaboration des politiques et services publics ne devraient donc pas être limités aux politiques et programmes qui leur sont directement destinés. En effet, comme souligné ci-dessus, les questions sur la jeunesse sont de nature transversale et les politiques gouvernementales dans leur ensemble ont des incidences directe ou indirectes sur elles. Plusieurs pays de l’OCDE ont ainsi mis en place des initiatives de consultation et d’engagement des jeunes portant sur un large éventail de thématiques et problématiques d’importance pour les jeunes (Encadré 6.5).

Dans la logique de la reconnaissance du rôle majeur des jeunes dans l’action publique, les mesures instaurées en Tunisie pour encourager leur participation au cycle d’élaboration des politiques publiques visent surtout à les informer et les consulter. Mais, le gouvernement tunisien aspire aussi à impliquer les jeunes dans l’identification des priorités politiques et des services publics, la conception et la rédaction des mesures et l’évaluation de leur impact. De la même manière, il souhaite tenir compte des particularités de certains groupes de jeunes. La Tunisie est ainsi le seul pays de la région à posséder un mécanisme destiné spécifiquement à impliquer les jeunes détenus dans les établissements pénitentiaires dans l’action publique3.

Cependant, les études réalisées au cours des dernières années montrent qu’en Tunisie, comme dans de nombreux autres pays (OCDE, 2017[35]), les jeunes rencontrent des obstacles à participer à l’élaboration des politiques publiques et des services publics. Les informations recueillies pour ce rapport soulignent notamment le manque de capacités des parties prenantes de la jeunesse à participer à ces processus, l’absence d’obligation des administrations à impliquer les jeunes dans ceux-ci, et la méconnaissance de l’intérêt de cette participation. De plus, lorsque des initiatives de participation citoyenne ouvertes à tous sont prévues, les jeunes restent souvent peu informés de leur existence et des occasions de participation.

Pour accroître et maximiser l’impact de la participation citoyenne des jeunes, en plus de moyens suffisants et adaptés consacrés, les pouvoirs publics doivent avoir dans une conception globale et intégrée de leur action. Les mécanismes de cette participation doivent être cohérents et complémentaires avec le système général de participation des citoyens. Dans ce sens, les parties prenantes nécessitent d’établir un cadre cohérent garantissant la compréhension commune des éléments essentiels de la participation sous la forme d’un document général. Ce cadre contribue à une approche intégrée de la participation des jeunes dans les instances gouvernementales et avec les collectivités locales, tout en aidant à préciser ses formes et outils. Notamment, lors de la planification de la participation des jeunes, les autorités publiques doivent convoquer ou associer l’ensemble des parties prenantes. Elles définiront clairement, dès le départ, les objectifs de la participation, les résultats escomptés et leur prise en compte dans la décision publique, ainsi que les outils appropriés et les moyens humains et financiers nécessaires (OCDE, 2017[35]). Ce processus peut, par ailleurs, s’appuyer sur les organisations de la société civile contribuant aux initiatives de participation citoyenne. Cette planification doit également prévoir des mécanismes de suivi et évaluation pour une amélioration continue des initiatives. De cette manière, les jeunes seront en mesure de faire partie intégrante du cycle des politiques publiques et disposer des outils nécessaires pour contrôler, superviser et prendre part aux décisions publiques nationales et locales.

Plus largement, la mise en place d’une vision globale, stratégique et cohérente de la participation des jeunes tout au long du cycle des politiques publiques passe par l’activation des leviers présentés dans la suite de ce chapitre.

Les recherches de l’OCDE (OECD, 2020[5]) montrent qu’ à travers les engagements pris dans le cadre des politiques de la jeunesse et des stratégies nationales, les gouvernements peuvent renforcer le rôle des ministères dans l’améliorer la participation des jeunes au cycle politique. Parmi les pays de l’OCDE, ces objectifs de participation figurent souvent dans les stratégies nationales pour la jeunesse : 75 % des pays de l’organisation ayant mis en place cette stratégie nationale s'engagent à promouvoir la participation des jeunes au cycle politique, comme la Slovénie. Par ailleurs, 41 % des pays de l’OCDE ont inclus des engagements concernant la participation des jeunes dans leurs lois nationales sur la jeunesse.

Dans ce sens, en Tunisie, sur le modèle de l’inclusion de la participation des jeunes à la vie politique et aux affaires publiques comme un axe stratégique de la Vision Sectorielle de la Jeunesse 2018-2020, l’inclusion d’un pilier relatif à la participation dans la prochaine stratégie nationale de la jeunesse assurerait, d’une part, la pertinence et la cohérence des cadres de participation des jeunes et, d’autre part, la prise en compte de leurs avis dans la décision publique.

Pour aller plus loin, la Tunisie pourrait envisager le développement de documents d'appui tels que des lignes directrices et des manuels destinés aux décideurs publics. Il serait toutefois à noter que ces documents restent peu répandus parmi les pays de l’OCDE : seulement 9 % des entités chargées de la jeunesse dans ceux-ci ont élaboré des manuels à l'intention des décideurs sur la manière d'associer systématiquement les jeunes au cycle des politiques publiques.

Selon la Recommandation du Conseil de l'OCDE sur le Gouvernement Ouvert, le gouvernement ouvert est « une culture de gouvernance qui promeut les principes de transparence, d’intégrité, de redevabilité et de participation des parties prenantes, au service de la démocratie et de la croissance inclusive » (OCDE, 2017[3]). Il tend à renforcer l’efficacité et la responsabilité des modes de gouvernance publique. Il promeut la transparence de l’action publique et son ouverture à de nouvelles formes de consultation et de participation citoyenne. Le gouvernement ouvert vise à améliorer l’intégrité publique, combattre la corruption et à utiliser les nouvelles technologies et le numérique pour renforcer la démocratie, promouvoir l’innovation et stimuler le progrès.

Les initiatives et stratégies du gouvernement ouvert représentent donc une opportunité importante pour renforcer la participation des citoyens à la vie publique, et plus particulièrement des jeunes. En effet, les initiatives en la matière doivent déployer des efforts spécifiques « en vue d’atteindre les groupes les plus concernés, vulnérables, sous-représentés, ou marginalisés de la société » (OCDE, 2017[3]). En tant que groupe, les jeunes sont vulnérables et sous-représentés ; ils ont à ce titre vocation à bénéficier d’une attention particulière dans les initiatives et stratégies pour un gouvernement ouvert mettant la participation citoyenne au cœur de l’action publique.

Dans ce sens, accorder plus de place aux jeunes dans les initiatives du Partenariat pour le Gouvernement Ouvert (PGO), à tous les niveaux, améliorerait leur compréhension des enjeux de l’action publique et favoriserait l’exercice actif de leur citoyenneté. La Tunisie a rejoint le Partenariat du Gouvernement Ouvert (PGO) en 2014. Elle est devenue ainsi le premier pays nord-africain et le deuxième pays arabe, après la Jordanie, à démontrer sa volonté de promouvoir la transparence, l’ouverture et la redevabilité de l’action publique (OCDE, 2016[36]). Comme plusieurs pays membres du PGO, elle a choisi de prendre des engagements destinés spécialement pour la jeunesse dans son plan d’action national de ce partenariat. Ces pays ont souligné de cette manière leur engagement et contribuent à la meilleure inclusion des jeunes dans les réformes transversales visant la modernisation de l’action publique (Encadré 6.6).

Dans son deuxième plan d’action du PGO (2016-2018), la Tunisie a intégré un engagement spécifique à la participation des jeunes et au développement d’outils pour exprimer leurs aspirations et faire entendre leur voix auprès des fonctionnaires et des décideurs politiques concernant les différentes politiques et programmes publics. Deux mesures étaient prévues dans cet engagement : i) la mise en place d'une plateforme électronique pour l’expression des jeunes sur les services publics les concernant, la formulation de questions et le signalement d’éventuels problèmes ; et, ii) la création de conseils locaux de la jeunesse dans cinq communes pilotes (Sfaxi, 2018[38])

L’instauration de ces mesures n’ayant pas été achevée pendant le deuxième plan d’action, l’engagement 10 du troisième plan d’action du PGO pour la période 2018-2020 s’appuie sur les résultats du deuxième plan d’action en la matière (République Tunisienne, 2018[39]). Ce troisième plan d’action contient également plusieurs engagements promouvant la participation citoyenne de manière plus générale (Encadré 6.7). La Tunisie est, d’ailleurs, le seul pays de la région à avoir défini un engagement spécifiquement dédié à la jeunesse dans son plan d’action du PGO.

L’élaboration par la Tunisie du quatrième plan d’action national du PGO pour 2021-2022 a débutée en octobre 2020. Sa première phase de la consultation publique, notamment, a fourni une série de propositions sur la transparence et la gestion des ressources naturelles, la participation publique et le gouvernement ouvert au niveau local ainsi que la numérisation des services administratifs et l’amélioration de leur qualité, sujets clés du gouvernement ouvert (Présidence du Gouvernement, 2021[41]).

À l’achèvement du présent rapport, la Tunisie était engagée dans la deuxième phase de consultation pour l’élaboration du quatrième plan d’action national du PGO. Durant celle-ci, tous les citoyens et les institutions, par une plateforme du Portail « e-participation publique », relevant de la Présidence du Gouvernement, seront invités à donner leur avis sur la version préliminaire de ce Plan. Celle-ci devrait contenir un engagement sur la jeunesse prévoyant des mécanismes d'intégration de la jeunesse dans la formulation des politiques publiques et le suivi de leur application. Ces dispositions sont destinées à permettre aux jeunes d'adapter les plans d'action nationaux dans les régions en coopération avec les parties concernées, en particulier les autorités territoriales, tout en travaillant à leur application dans la même approche participative. (République Tunisienne, s.d.[42]).

Par ailleurs, les initiatives portant sur les conseils locaux de la jeunesse et la plateforme électronique devraient continuer à être soutenues au titre du nouveau plan d’action pour le PGO. L’expérience des conseils locaux de la jeunesse sera notamment évaluée dans le but de préparer un projet de loi les institutionnalisant. La plateforme dédiée aux jeunes doit encore, quant à elle, être développée et mise en place, le ministère chargé des affaires de la jeunesse ayant déjà rédigé le cahier des charges en lien avec l’UNESCO.

Dans le futur, il sera essentiel d’assurer la cohérence entre les prochains plans d’action nationaux pour le PGO et les stratégies et politiques nationales de la jeunesse. Pour aller plus loin que des simples engagements politiques en faveur des jeunes, le gouvernement tunisien pourrait les associer au processus de cocréation et dans le comité de pilotage du PGO tunisien, qu’il conduit avec la société civile, en vue des prochains plans d’action du gouvernement ouvert. Leur participation à la formulation des engagements pourrait également intervenir dans les régions désireuses d’établir leur propre plan d’action, sur le modèle d’autres pays de la région MENA comme le Maroc et sa région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (OCDE, 2020[43]).

Enfin, pour garantir l’intégration des principes du gouvernement ouvert dans la conception et la mise en œuvre de politiques publiques destinées aux jeunes, les agents publics doivent bénéficier des moyens d’acquérir les compétences nécessaires en matière d’approche participative, ainsi que de transparence, d’intégrité, et de redevabilité publiques.

L’accès à l’information pour tous les citoyens et la mise en place d’une communication publique adaptée constituent des prérequis essentiels à une meilleure participation au cycle des politiques publiques et à l’amélioration de l’engagement éclairé dans la vie publique. Éléments clés du gouvernement ouvert, ils offrent l’occasion, d’abord, d’accéder aux informations, documents et procédures de leurs administrations, ensuite, d’utiliser ces informations pour leur participation à la prise de décision.

Ils sont particulièrement importants pour les jeunes : en ayant accès à une information complète, objective, claire, fiable, et communiquée d’une manière adaptée à leurs besoins et attentes, ils se trouvent en mesure de jouer un rôle plus actif dans la vie et le débat publics ainsi que dans la préparation, l’adoption et le contrôle des politiques publiques.

Le droit d'accès à l'information et aux données publiques est un élément clé de la mise en œuvre des principes du gouvernement ouvert. En général, l'objectif de la législation sur l'accès à l'information est de faciliter l'accès du public aux données détenues par le gouvernement et les autorités publiques. L'accès à l'information est donc une condition de la bonne gouvernance, de la transparence, de la compréhension des politiques publiques par les citoyens et de leur participation à l'élaboration du processus (OCDE, 2019[44]).

Lorsque les jeunes ont aisément accès à des informations de qualité, ils sont plus susceptibles d'être mieux informés et de jouer un rôle plus actif dans le débat public, surtout dans les domaines importants à leurs yeux pendant cette période de transition vers l’âge adulte.

La Tunisie a, au cours des dernières années, grandement amélioré sa législation sur d’accès à l’information et progressé vers plus d’ouverture et transparence. Dès 2011, elle a adopté plusieurs décrets-lois facilitant l’accès aux documents des organismes publics et la liberté d’expression et des médias. Elle a ainsi rompu avec la centralisation de l’information et le secret qui caractérisaient le régime prérévolutionnaire et est devenue le deuxième pays de la région MENA à introduire une législation sur l’accès à l’information (OCDE, 2019[44]).

En 2014, la nouvelle Constitution tunisienne a réaffirmé le droit à l’information. Ses articles 31 et 32 garantissent la liberté d’opinion, pensée, expression, information, publication et le droit à l’information. L’article 35 prévoit que les partis politiques, les syndicats et les associations mettent en œuvre le principe de transparence budgétaire. L’article 65 dispose que les lois relatives à « l’organisation de l’information, de la presse et de l’édition » ont le statut de lois organiques, affirmant ainsi l’importance des médias, y compris des médias sociaux, en tant que vecteurs de diffusion de l’information. L’article 139 du même texte ajoute, enfin, que les collectivités locales doivent adopter les instruments de démocratie participative et les principes de gouvernance ouverte (République Tunisienne, 2015[45]).

La loi n° 2016-22 du 24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’information réitère les principes consacrés dans la Constitution. Elle établit le principe que les organismes publics, les personnes privées chargées d’une mission de service public et les entités recevant des financements publics sont tenues de publier, actualiser et mettre à disposition du public de manière régulière l’information qu’ils détiennent (République Tunisienne, 2016[46]). Cette loi, plus avancée que la législation de nombre de pays de l'OCDE à plusieurs égards4, représente une étape importante vers une transparence accrue. En particulier, elle limite les exceptions à l'accès à l'information et instaure une autorité destinée à garantir et encourager l'accès à l'information. Pour les jeunes tunisiens, ces dispositions créent les conditions d’un accès beaucoup plus aisé à l’information, que celle-ci soit mise à leur disposition de façon proactive par les entités légalement concernées par cette obligation, ou qu’elle leur soit délivrée en réponse à une demande.

Afin de mettre en œuvre le droit à l’information à tous les niveaux, il est désormais nécessaire de renforcer les capacités des institutions nationales et locales tunisiennes. Les analyses de l’OCDE montrent, en effet, que la diffusion de l’information reste limitée, notamment au niveau local, et que les organismes publics manquent souvent de capacités ou se montrent réticents à appliquer les dispositions de la législation (OCDE, 2019[44]). À cet égard, il est nécessaire, d’abord, de les sensibiliser à l’importance de cette démarche et, ensuite, de les soutenir dans le renforcement de leurs capacités pour répondre aux demandes d’accès à l’information qui leur sont adressées et publier utilement les données correspondant aux attentes prioritaires des acteurs des politiques de jeunesse.

Il est par ailleurs essentiel de donner aux jeunes un accès facilité aux informations qui les concernent, surtout dans les domaines importants à leurs yeux pendant cette période de transition vers l’âge adulte. Pour leur permettre d’absorber ces informations, en faire un usage concret et jouer un rôle plus actif dans la société, celles-ci doivent être pertinentes, précises, bien communiquées, présentées en temps utile, faciles à comprendre, accessibles et réutilisables.

L'accès à des données ouvertes (open data) et leur utilisation permet également aux jeunes de participer à la vie publique et de garantir la redevabilité du gouvernement, comme le reconnaissent la Recommandation du Conseil de l'OCDE sur le Gouvernement Ouvert (Principe 7) (OCDE, 2017[3]) et la Recommandation du Conseil de l'OCDE sur les Stratégies de Gouvernement Numérique (Principe 3) (OCDE, 2014[47]). Selon l’association Open Knowledge International, « une donnée ouverte est une donnée qui peut être librement utilisée, réutilisée et redistribuée par quiconque, sujette seulement, au plus, à une exigence d’attribution et de partage à l’identique (Open Data Handbook, s.d.[48])».

Dans les pays de l'OCDE, les jeunes utilisent des données gouvernementales ouvertes pour promouvoir leurs aspirations et exprimer leurs besoins et leurs préoccupations. En France, par exemple, les jeunes ont exploré l'utilisation de données ouvertes pour développer des projets visant à améliorer l'accès des citoyens à l'information et à la vie associative. Les candidats sélectionnés pour participer à l’Open Data Youth Camp en 2015 ont créé notamment des plateformes électroniques pour faciliter la création d'entreprises, trouver des opportunités d'emploi dans le quartier utilisateurs et aider les cyclistes à identifier les meilleurs itinéraires cyclables de leur ville (Etalab, 2015[49]).

La Tunisie est l’un des pays de la région MENA les mieux classés par le classement de l’Open Data Barometer (Open Data Barometer, 2016[50]). La Tunisie a adopté le décret gouvernemental n° 2021-3 du 6 janvier 2021, relatif aux données publiques dans le but notamment d’organiser la gouvernance et la gestion de la publication des données publiques en phase avec les objectifs du gouvernement en termes de gouvernement ouvert et de participation citoyenne à l’élaboration, le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Il s’applique à l’ensemble des organismes publics concernés par la loi sur l’accès à l’information. Il engage notamment les institutions publiques à publier leurs données sur le portail national des données ouvertes (République Tunisienne, 2021[51]).

Cependant, le niveau de mise en œuvre et l’impact des politiques en matière de données ouvertes en Tunisie reste à renforcer (The World Wide Web Foundation, 2016[52]). L’existence de plusieurs plateformes de données ouvertes gérées par des institutions publiques différentes s’avère un obstacle à la facilité d’accès à l’information. Au niveau local, une enquête réalisée par l’OCDE (OCDE, 2019[44])montre que si la majorité des autorités locales publie certaines informations sous forme de données ouvertes, une certaine confusion perdure autour de la question des données ouvertes, et sur la manière de les publier pour qu’elles soient accessibles et réutilisables.

Afin de permettre l’accès des jeunes à des données nombreuses, de qualité et qui les intéressent, les autorités publiques tunisiennes devraient approfondir, d’une part, leurs efforts de publication de données au format ouvert, d’autre part, l’identification des données intéressant les jeunes, et enfin, la diversification et la mise à jour régulière des données collectées et publiées.

Par ailleurs, la mutualisation des données publiques ouvertes et offertes sur les différentes plateformes ou la création d’un portail gouvernemental, complet et à jour, constituerait une étape stratégique pour faciliter l’accès des citoyens et des jeunes aux données. Pour cela, il est enfin essentiel que les fonctionnaires soient formés à la collecte, la gestion et la publication proactive de données.

Un autre élément fondamental de la participation des jeunes est l’utilisation d’une communication adaptée à leurs besoins et caractéristiques à la fois pour leur fournir des informations pertinentes, échanger effectivement avec eux, et contribuer à leur plus grand engagement dans la vie publique.

Selon le rapport de l’OCDE Voix citoyenne en Tunisie (OCDE, 2019[44]), une meilleure communication de la part des autorités publiques permet aux citoyens, dont les jeunes, d’acquérir les informations sur les politiques publiques ou les réformes en cours qui sont utiles à leur prise de décision éclairée et donc à leur participation dans la société. Des citoyens informés sont, en effet mieux, équipés pour bénéficier des opportunités offertes par l’État et pour accéder aux services qu’il fournit. En plus de l’accès instantané à l’information, une bonne communication publique offre également aux citoyens l’occasion d’interagir de manière plus étroite avec les autorités. Enfin, elle facilite l’acceptation et l’appropriation des mesures mises en place par le gouvernement.

Dans ce sens, une communication qui prendrait en compte les habitudes de consommation de média des jeunes favoriserait leur participation dans la vie publique. Elle consoliderait la légitimité des décisions politiques, la confiance des jeunes dans les institutions politiques et le gouvernement et leur satisfaction vis-à-vis des services publics et des mesures et programmes mis en œuvre. Un tel ciblage stratégique de la communication à destination des jeunes apparaît comme particulièrement important dans les pays où la jeunesse représente un groupe d’âge important de la population, comme en Tunisie.

Pour garantir l’efficacité d’une stratégie de communication, il convient, dans un premier temps, d’identifier le public visé et l’obtenir des informations sur lui, par exemple, ses attentes et besoins, sa familiarité avec le sujet évoqué ou son mode d’accès privilégié à l’information (OCDE, 2019[44]). Ainsi, les autorités publiques tunisiennes à tous les niveaux analyseraient les perceptions et les attitudes des jeunes sur des questions et politiques spécifiques, leur façon de consommer l’information et de communiquer, les canaux qu'ils utilisent et les diverses tendances à l’intérieur de ce groupe hétérogène. Elles pourraient aussi mobiliser les institutions de jeunesse et les acteurs intermédiaires (associations, écoles, organisations de jeunesse et autres) afin qu’ils assurent la veille et facilitent l’identification des préoccupations des jeunes, l’anticipation des sujets de débat et le début du dialogue.

Plusieurs projets actuellement en discussion ou mis en œuvre faciliteraient l’accès à l’information pour les jeunes ou l’échange de celle-ci entre eux et les autorités publiques. L’État tunisien avait ainsi envisagé développer des bases de données spécifiques sur les questions de jeunesse. La première de celles-ci aurait été alimentée par les ministères, des institutions et des organismes de la jeunesse ; la deuxième aurait réuni des informations sur les adhérents des maisons de jeunes, les bénéficiaires de la « carte jeune » et les jeunes appelant le numéro vert du centre d’orientation. Un réseau national d’information des jeunes devait également être créé, regroupant les points jeunes qui seront installés dans les maisons de jeunesse et les relais régionaux d’information pour les jeunes. Néanmoins, ces initiatives n’ont pas vu le jour en raison des changements de priorités et d’orientations des gouvernements successifs au cours des dernières années.

Enfin, la plateforme électronique intégrée de communication avec les jeunes qui sera développée au titre du plan d’action national pour le Partenariat pour un Gouvernement Ouvert contribuera à l’amélioration de la communication du gouvernement dans son ensemble (Présidence du Gouvernement, 2018[53]).

Il est primordial, dans un deuxième temps, de choisir les outils, moyens et formes de communication adaptés au public ciblé. Les gouvernements et les ministères chargés des affaires de la jeunesse ont, en effet, la responsabilité d’adapter leur langage et outils de communication aux jeunes et de rendre l’information plus accessibles. Dans les pays membres de l’OCDE, les sites web restent la plateforme la plus utilisée par les ministères chargés des affaires de la jeunesse pour partager des informations sur leur travail et pour permettre l'accès aux programmes et services publics (95 % des pays couverts par le dernier rapport de l’OCDE sur les affaires de la gouvernance de la jeunesse) (OECD, 2020[5]). Cependant, au cours des dernières années les gouvernements ont instauré des mesures de plus en plus innovantes pour informer et communiquer avec les jeunes, avec, par exemple, des plateformes en ligne ou le développement d'applications pour téléphones mobiles (Encadré 6.8).

Le ministère chargé des affaires de la jeunesse en Tunisie pourrait partant travailler à l’adaptation de ses messages à un jeune public, à travers notamment la simplification du langage utilisé et le recours à des contenus visuellement attractifs qui incitent à l’interaction. Les jeunes seraient alors encouragés à consommer l’information publique et à s’engager dans un dialogue avec les autorités publiques. Ces efforts sont déjà mis en place au niveau local. La plupart des communes tunisiennes ayant participé à l’enquête de l’OCDE (OCDE, 2019[44]) déclarent recueillir des informations au sujet de leurs publics ciblés (64 %) et adapter leurs messages, notamment à l’attention des jeunes, montrant l’importance donnée à la jeunesse à tous les niveaux dans le pays.

Les autorités publiques tunisiennes pourraient également adapter le contenu des sites officiels aux différentes tranches d’âge et porter une plus grande attention à l’interactivité de leurs sites officiels à travers une mise à jour fréquente, l’utilisation de photographies et de vidéos ainsi que l’intégration de liens vers les réseaux sociaux, de sondages ou autres mécanismes participatifs.

En plus d’adapter le contenu de la communication publique à destination des jeunes, les autorités tunisiennes devraient développer et adapter leur présence et leur activité sur les canaux de communication les plus utilisés par la jeunesse. Ces nouveaux outils numériques facilitent la participation et l’accès à l’information, tout en instaurant une proximité et une interaction rapides, directes et continues entre les utilisateurs, à grande échelle (OCDE, 2019[44]). Leur multiplication, notamment des réseaux sociaux, représente pour les pouvoirs publics une chance de premier ordre pour informer la jeunesse et établir avec elle un dialogue renouvelé.

Selon une étude menée en 2019 pour Shabab Live (ShababLive et Arab World for Research and Development, 2019[56]), 96 % des jeunes tunisiens utilisent les réseaux sociaux quotidiennement ou au moins 5 à 6 fois par semaine. D’après la même étude, 63 % des jeunes dans le monde arabe consomment l’actualité à traverse les réseaux sociaux. Dans ce sens, le ministère chargé des affaires de la jeunesse, et plus généralement toutes les administrations tunisiennes, pourraient renforcer leur présence sur les différents réseaux sociaux, en proposant du contenu régulièrement dans le but de fidéliser les jeunes utilisateurs et de créer une communauté en ligne forte, informée et engagée.

En Tunisie, comme dans la plupart des pays de la région MENA, le gouvernement utilise d’ores et déjà des outils de communication spécifiques pour informer les jeunes des programmes, politiques et services qui leur sont dédiés. En plus de son site web officiel, le ministère chargé des affaires de la jeunesse est présent sur les réseaux sociaux. La page Facebook du Ministère compte ainsi en février 2021 plus de 276 000 abonnés et poste régulièrement des informations mises à jour (Facebook, 2020[57]). L’Observatoire National de la Jeunesse est, quant à lui, présent sur les réseaux sociaux et sur une application disponible sur Playstore, en plus de son site web (E-Market, 2020[58]). Le ministère chargé des affaires de la jeunesse serait de son côté bien inspiré d’améliorer sa présence sur Instagram et YouTube, qui sont avec Facebook les trois plateformes les plus populaires du pays (Northwestern University in Qatar, 2019[59]). En effet, ses comptes n’avaient, en mars 2021 respectivement que 7 et 215 abonnés, le premier ne possédant pas encore de contenu, et le deuxième n’ayant pas connu d’activité depuis 2018 (Youtube, 2018[60]).

Afin d’unifier les procédures et l’approche dans la communication en ligne par les autorités publiques à tous les niveaux de gouvernement, le développement de contenus numériques sur les sites internet officiels et sur les réseaux sociaux devrait se fonder sur une véritable stratégie de la communication numérique. Cette dernière définirait les modalités de présence en ligne, des procédures claires et unifiées pour l’élaboration et la validation des informations et messages officiels numériques (OCDE, 2021[61]). Ce serait également une occasion pour répertorier et préciser les différents formats (par exemple, écrits, visuels, audiovisuels), ainsi que les types d’outils et de canaux de communication innovants adaptés (par exemple, presse, site web, réseaux sociaux) à utiliser selon le message, le contexte et le public.

Pour améliorer les échanges avec les jeunes sur ces plateformes, l’administration devrait accompagner ses efforts d’utilisation des moyens numériques par le renforcement des capacités numériques de ses agents, grâce notamment à des formations aux outils et à la maîtrise des médias sociaux.

Une stratégique sur la communication numérique encouragerait la création d’espaces numériques interactifs et la dynamisation des sites officiels actuels. Elle assurerait la mise à jour des contenus, la fluidité de l’utilisation et le suivi des échanges à travers un back-office permanent et rendrait plus aisé le dialogue avec les jeunes. Elle soutiendrait et encadrerait également le développement de l’activité du gouvernement sur les canaux de communication utilisés par les jeunes, tels que les réseaux sociaux, afin de rendre l’information publique plus accessible et communiquer plus largement avec eux sur les opportunités de consultation et de participation. Les réseaux sociaux servent, en effet, tant de canal d’information à destination des jeunes que de moyen de consultation et de collecte de données sur leurs attentes et besoins. Les travaux de l’OCDE (OCDE, 2019[62]) montrent notamment que les réseaux sociaux sont susceptibles de constituer une source d’information clé pour les décideurs publics dans l’identification des grandes tendances concernant les préoccupations des jeunes, anticiper leurs attentes et leurs besoins, et préparer les réponses qu’ils peuvent y apporter. Enfin, alors que la désinformation est devenue aujourd’hui un véritable phénomène sociétal, une présence renforcée des autorités publiques sur Internet et les médias sociaux contribue à limiter la circulation de fausses nouvelles atteignant les jeunes, ce qui s’avère essentiel dans les périodes de crise comme le montre la situation actuelle et les conséquences de la pandémie de COVID-19 (OCDE, 2020[63]).

De nombreux pays membres de l’OCDE ont ainsi développé l’utilisation de ces nouveaux canaux de communication à tous les niveaux (Encadré 6.9). En France, la ville de Bordeaux est, par exemple, présente activement sur Facebook tandis qu’en Grèce, le gouvernement a mobilisé des YouTubeurs pour sensibiliser et engager les jeunes dans la lutte contre la corruption. Cette campagne a suscité l’intérêt des jeunes en raison du format et la plateforme de communication utilisés et des figures publiques y ayant pris part, enregistrant un succès important lors de son lancement.

Parallèlement au renforcement de leur présence sur le web et internet, les autorités publiques tunisiennes ne devraient pas négliger les moyens de communication de masse traditionnels, qui ne peuvent pas être complétement remplacés par des formats en ligne. En effet, selon une enquête auprès des jeunes tunisiens publiée en 2019, 65 % et 64 % d’entre eux écoutent et regardent, respectivement, très souvent ou régulièrement, la radio et la télévision (ShababLive et Arab World for Research and Development, 2019[56]). Les échanges en présentiel sont également essentiels pour toucher les groupes de jeunes les plus marginalisés.

Il est donc primordial d’assurer un réseau institutionnel capable d’agir comme interlocuteur privilégié des jeunes dans les efforts de communication du gouvernement à leur égard. Des efforts ont été entrepris dans ce sens au sein des organismes de la jeunesse gérés par le ministère chargé des affaires de la jeunesse.

Les intermédiaires, tels que les maisons de jeunes, les associations de jeunes, les conseils de la jeunesse, les militants, mais aussi les écoles et les universités, sont en mesure d’aider le gouvernement à atteindre un public plus large de jeunes et à adapter les informations diffusées à leurs attentes spécifiques. L’Observatoire National de la Jeunesse a également, dans ce sens, un rôle important à jouer. De plus, des approches traditionnelles telles que des tables rondes et des services de conseil, compléteraient des formes plus novatrices d’engagement, surtout dans les zones rurales isolés et les zones urbaines marginalisées où les jeunes ne sont pas forcément des utilisateurs réguliers d’Internet.

Dans certaines maisons de jeunes existent aussi des unités d’information et de relation avec les médias assurant le rôle d’intermédiaires entre les maisons, les médias et le grand public. Elles fournissant aussi des informations sur les missions et activités des maisons de jeunes (OCDE, 2019[44]). Ces initiatives sont restées, cependant, à un stade peu avancé, notamment par manque de moyens financiers et de difficultés de coordination entre les différents ministères (OCDE, 2018[66]).

De plus, l’instauration de pôles d’information pour les jeunes sur l’ensemble du territoire tunisien constitue un exemple de la volonté publique de s’adapter aux attentes nouvelles de ces usagers en matière de communication. Le ministère chargé des affaires de la jeunesse avait ainsi créé un centre pilote d’information et d’orientation pour jeunes pilote à Radès. Doté d’un studio d’enregistrement, il donnait l’occasion aux jeunes de s’exprimer par le biais d’une radio-web et d’une WebTV dont ils définissaient la ligne éditoriale. Plus généralement, il avait pour but de faciliter l’accès à l’information des jeunes, notamment sur les services les concernant particulièrement et de les orienter vers les services du ministère concerné si nécessaire. Si l’objectif était la mise en place de sept pôles pour toucher tout le territoire tunisien, il n’a pas été atteint et le projet n’a pas été pérennisé. Le ministère chargé des affaires de la jeunesse offre, par ailleurs, des formations audiovisuelles à l’Académie de formation des jeunes pour ceux et celles souhaitant acquérir des connaissances et des compétences sur ces sujets (OCDE, 2018[66]) (OCDE, 2019[44]).

Ces efforts apparaissent essentiels alors que les jeunes semblent actuellement avoir un accès limité aux informations communiquées par le ministère chargé des affaires de la jeunesse. Par exemple, beaucoup d’eux ne connaissent pas le fonctionnement des bureaux de l’emploi qui leurs sont spécialement destinés (OCDE, 2018[66]). De même, les jeunes vivant dans les zones rurales continuent à rencontrer des difficultés pour accéder aux informations publiques pertinentes pour eux.

L'OCDE a élaboré un guide à l'intention des décideurs politiques afin de les soutenir dans leurs efforts de communications dans leur ensemble (Encadré 6.10).

De nombreux mécanismes spécialement conçus pour participation des jeunes, notamment au niveau local, existent aujourd’hui en Tunisie, par exemple, les conseils locaux pilotes de la jeunesse ou les initiatives de budget participatif présentés précédemment dans ce rapport. La participation des jeunes aux décisions et aux débats sur la vie publique nécessite d’être organisée, pérenne et accessible au plus grand nombre. Pour que les jeunes aient pleinement les droits et les moyens d’être des citoyens actifs et d’influer sur les décisions publiques, elle ne peut pas dépendre d’initiatives ponctuelles. Elle requiert d’être formalisée, voire institutionnalisée, comme les conseils locaux de la jeunesse, abordés dans les chapitres 2 et 4.

Cette dynamique s’insère dans l’évolution globale des modes de dialogue privilégiant davantage la réciprocité, des formats plus innovants et des mécanismes de participation propres aux jeunes. Des hackathons et des concours d’idées en présentiel et sur les réseaux sociaux y trouveraient aussi leur place.

Les différents mécanismes consultatifs et outils créés dans le cadre de la décentralisation et instaurés par le Code des Collectivités Locales offrent de nouvelles chances d’engagement des citoyens dans la vie publique au niveau infranational. L’accès des jeunes à ces mécanismes de participation locaux leur donne l’occasion d’entrer en contact direct avec les décideurs politiques, ce qui reste rare aux plus hauts échelons de gouvernement.

Les jeunes sont, bien entendu, en mesure de prendre pleinement part aux nombreux mécanismes intégrant dans les collectivités locales les citoyens à la prise de décision. Ils sont habilités, en tant que citoyens, à intervenir dans les initiatives de participation citoyenne ainsi qu’aux référendums susceptibles d’être organisés au sujet de tout projet de développement et d’aménagement du territoire de la collectivité. Ils peuvent aussi participer aux réunions publiques sur des questions liées aux affaires courantes de la collectivité. Ils ont également le droit d’assister et intervenir en tant que citoyens ou représentants de la société civile lors des séances de travail des conseils communaux et régionaux (République Tunisienne, 2018[68]). Enfin, les jeunes doivent être représentés en tant que groupe d’âge spécifique au sein des commissions thématiques des collectivités locales.

Afin que ces opportunités soient connues et donc saisies plus largement par les jeunes, il convient d’accompagner leur développement par une communication large et adaptée. Le manque d’information des jeunes concernant ces opportunités constitue, en effet, une des entraves principales à leur utilisation, comme les données recueillies par l’OCDE lors de ses missions pour ce projet le montrent. Les autorités publiques auraient notamment intérêt à proposer des outils de sensibilisation sur ces différents mécanismes, mis en ligne sur les réseaux sociaux et sur les sites Internet institutionnels pour maximiser leur visibilité auprès des jeunes. Afin de renforcer l’impact de cette campagne de communication sur la jeunesse, ces outils pourraient être présentés sous forme de capsules vidéos ou bien d’infographies. Par ailleurs, et comme mentionné ci-dessus, il est essentiel de mobiliser les associations de jeunes et autres intermédiaires, tels que les maisons de jeunes, les établissements d’enseignement primaire et secondaire et les universités, afin de toucher tous les jeunes, y compris ceux qui ne sont pas des utilisateurs réguliers d’Internet.

La création d’opportunités de participation pour les citoyens au niveau local n’est cependant pas suffisante pour associer efficacement les jeunes à l’élaboration des politiques publiques et des services publics. Mettre en place une approche participative dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques requiert des compétences spécifiques, telles que la négociation ou la médiation (OCDE, 2020[43]). Il est nécessaire que les agents publics soient sensibilisés sur les bénéfices d’une approche participative et jouissent de formations dans ce domaine. Il importe aussi de soutenir plus largement le changement de culture et de pratiques, notamment dans les collectivités locales.

Dans ce sens, les autorités tunisiennes pourraient aussi proposer différents supports de formation sur l’approche participative et plus spécifiquement le dialogue avec les jeunes. Des modules seraient dispensés dans les écoles d’administration, des formations continues proposées aux élus et fonctionnaires ou intégrées dans les manuels ou dans les codes de conduite distribués dans les administrations.

La participation des jeunes à l’action publique passe aussi par l’acquisition d’une culture de l’engagement et de la participation dès le plus jeune âge. L’enseignement civique et à la citoyenneté – à l’école et en dehors – ainsi que l’engagement associatif sont des vecteurs de participation publique essentiels qui méritent d’être renforcés pour contribuer pleinement à améliorer la participation des jeunes.

Selon le rapport OCDE Comment va la vie ? Mesurer le bien-être, (OCDE, 2020[69]), l’éducation civique se concentre sur les connaissances des individus et la compréhension des institutions et des processus formels de la vie civique (comme le fait de voter aux élections) tandis que l’éducation citoyenne se focalise sur la connaissance et la compréhension des opportunités de participation et d’engagement dans la société civique (par exemple, la consommation éthique), qui sont importantes pour la démocratie. L’éducation à la citoyenneté tend donc à avoir une portée plus large que l’éducation civique (Eurydice, 2017[70]).

L'éducation civique et à la citoyenneté est importante pour permettre aux jeunes de comprendre le fonctionnement de l'espace civique et du système politique et d'identifier les possibilités de s'engager dans la vie publique dès le plus jeune âge. L'éducation à la citoyenneté met l'accent sur la capacité des jeunes à comprendre et à exercer leurs droits et leurs devoirs, à adopter des valeurs et des attitudes démocratiques et à acquérir les compétences nécessaires pour communiquer, réfléchir de manière critique et participer à la prise de décisions.

La Recommandation du Conseil de l'OCDE sur l'Intégrité Publique reconnaît dans ce sens l'importance de conduire « des campagnes de promotion de l'éducation civique en matière d'intégrité publique auprès de la population et en particulier dans les écoles » (OCDE, 2017[71]). Cela rejoint les conclusions d’un rapport de l'OCDE sur l'éducation à l'intégrité selon lequel l'éducation des enfants et des jeunes dans le domaine de l'intégrité et de la lutte contre la corruption, et plus largement sur les autres problématiques sociétales, aura une influence positive sur le comportement futur des citoyens (OCDE, 2018[72]).

Renforcer l’enseignement de l’éducation civique et à la citoyenneté tout au long du parcours scolaire développerait les connaissances et les compétences globales nécessaires aux jeunes pour s’engager dans la vie publique.

Au cours des dernières années, de nombreux pays membres de l’OCDE ont inclus ou renforcé l’éducation à la citoyenneté dans les programmes scolaires nationaux. Dans la communauté française de Belgique, en Estonie, Finlande, France et Grèce, l’éducation à la citoyenneté est même une matière à part entière obligatoire pour tous les niveaux de l’enseignement général (Eurydice, 2017[70]).L’approche la plus répandue reste l’intégration de l’éducation à la citoyenneté dans d’autres matières ou domaines d’apprentissage obligatoires, ou bien dans le programme scolaire de manière transversale (Eurydice, 2017[70]). À cet instar, les approches de la communauté germanophone de Belgique et de la Norvège en matière d’éducation à la citoyenneté sont présentées dans l’Encadré 6.11.

En Tunisie, comme dans le reste de la région MENA, de nouveaux programmes dans le domaine de l'éducation civique et à la citoyenneté ont vu le jour au lendemain des soulèvements populaires de 2011. Le gouvernement tunisien a depuis entrepris de vastes efforts pour assurer une éducation civique de qualité pour ses jeunes, à travers d’abord des changements dans le programme scolaire pour passer d'un programme en éducation civique uniquement informatif à un programme axé sur le savoir, le savoir-faire et le savoir-être (UNICEF, 2017[73]).

L’éducation civique est enseignée en tant que matière à part entière durant notamment les cycles primaire, préparatoire et secondaire (de 6 à 18 ans) (République Tunisienne, 2017[74]) Sont abordés dans le cadre de l’éducation civique des thèmes tels que les droits humains, les mécanismes nationaux et internationaux de protection des droits de l’homme, les droits, devoirs et responsabilités des citoyens, ou plus largement les valeurs humaines (tolérance, coopération, solidarité), les régimes politiques et le rôle du citoyen dans un régime démocratique (Berrached, s.d.[75]). L’enseignement de cette matière se fonde sur une méthode pédagogique qui privilégie la participation active des élèves dans les différentes étapes de l’apprentissage, à travers notamment la mise en place de travaux de groupes et l’utilisation d’études de cas.

Cependant, l'éducation civique et citoyenne ne doit pas être un simple exercice théorique et se limiter à des discussions en classe. La participation des étudiants à la gestion de l'école, par l’intermédiaire, par exemple, des conseils des élèves, le service communautaire et les activités extrascolaires, leur offre un espace pour mettre en pratique les compétences et les valeurs requises pour favoriser l'engagement civique. Cela est confirmé par une étude sur le sujet de la Commission Européenne (2017[76]) selon laquelle « les activités éducatives qui sont effectuées hors des classes ont un impact important sur les élèves, [auxquels] il importe de garantir […] un large accès aux possibilités existantes, et quel que soit le degré de difficulté ».

De nombreux pays membres de l’OCDE ont ainsi mis en place des initiatives d’éducation à la citoyenneté dans le cadre scolaire et extrasolaire pour compléter l’enseignement théorique dispensé à l’école. Par exemple, les États-Unis ont généralisé dans la plupart des États la réalisation d’un nombre minimum définis d’heures de volontariat (community service) comme un des requis nécessaires pour conclure le cursus scolaire secondaire. Ainsi, dans l’État de Washington, le réseau des écoles publiques de Seattle prévoit un minimum de 60 heures de volontariat (Seattle Public Schools, 2020[77]). D’autres pays développent des programmes combinant différents outils pour encourager la participation citoyenne des jeunes. La province canadienne du Québec a, par exemple, développé l’initiative « Par ici la démocratie » qui informe les jeunes sur les rouages des institutions démocratiques et parlementaires (Encadré 6.12).

La Tunisie met elle aussi en place des programmes d’activités à la fois dans le cadre scolaire et en dehors de l’école pour permettre aux jeunes d’exercer activement leur citoyenneté. Le Ministère de l’Éducation Nationale a ainsi créé, dès 2012, des clubs de citoyenneté et des droits de l’homme dans plusieurs écoles primaires et secondaires du pays. Certains l’ont été en partenariat avec des organisations de la société civile et des organismes internationaux comme l’Institut arabe des droits de l’homme, l’Organisation internationale ERIS ou le Centre de développement sociétal et d’autonomisation (Berrached, s.d.[75]). Le programme comptait 18 clubs en 2017. Ces clubs sont animés par des enseignants bénévoles formés au préalable sur une période de 3 à 5 jours. Ils offrent aux jeunes un espace d’innovation et d’échange autour de thématiques telles que la lutte contre la violence, l’intolérance et la discrimination ou encore le vote. Les échanges dans ce cadre extrascolaire cherchent à développer l’analyse critique des élèves et à promouvoir la participation des enfants et des jeunes dans la vie publique par le biais de projets de citoyenneté menés en partenariat avec des organisations de la société civile locales. Ils permettent également de renforcer les compétences des enseignants en matière d’éducation civique et citoyenne (UNICEF, 2017[73]).

Néanmoins, certains défis limitent encore l’éducation civique et à la citoyenneté pour les jeunes tunisiens et tunisiennes dans le cadre scolaire. D’abord, le temps scolaire est dédié en priorité aux disciplines scolaires, au détriment des activités de vie scolaire. De plus, il existe un décalage entre le programme en matière d’éducation civique tel qu’inscrit dans les textes et ce qui est réellement enseigné. Enfin, la formation initiale du personnel enseignant en matière d’éducation civique et à la citoyenneté est encore trop limitée (Berrached, s.d.[75]). En ce qui concerne les clubs de citoyenneté et des droits de l’homme, la fidélisation des membres représente également un défi à leur activité et à leur impact, la participation des élèves mais aussi des enseignants encadrants se faisant sur la base du volontariat (UNICEF, 2017[73]) (Ennaïfar, s.d.[79]). La nature et le nombre d’activités mises en place au sein des clubs reste largement tributaire de l’adhésion et de l’engagement du chef d’établissement au projet, ce qui crée d’importantes disparités sur le territoire tunisien (Ennaïfar, s.d.[79])

En vue de renforcer la place de l’éducation civique et à la citoyenneté dans l’éducation formelle, les autorités publiques tunisiennes pourraient ainsi renforcer d’abord la formation initiale du corps enseignant sur cette matière. En plus de fournir aux enseignants les compétences et connaissances nécessaires pour offrir aux jeunes un enseignement civique adapté et de qualité, cette évolution sensibiliserait davantage le personnel scolaire sur l’importance de l’éducation civique et à la citoyenneté et la nécessité de ne pas négliger l’apprentissage des compétences de vie au profit des connaissances fondamentales (UNICEF, 2017[73]).

Pour répondre à la numérisation croissante de tous les aspects de la vie, les écoles et les enseignants doivent désormais pouvoir doter les jeunes de compétences pour naviguer sur Internet et s’engager en ligne et hors ligne en tant que jeunes et citoyens actifs et informés. Un module sur l’éducation aux médias pourrait être inclus à la fois à cet enseignement ainsi que dans le programme scolaire d’éducation civique et à la citoyenneté pour donner aux jeunes la capacité l'information de manière critique. Par ailleurs, les enseignants, et plus largement tout le personnel évoluant dans le milieu scolaire, doivent également être en mesure d’acquérir durant leur formation initiale les compétences nécessaires pour former les jeunes à la pratique des médias.

Enfin, les initiatives périscolaires instaurées dans le cadre des clubs de citoyenneté et des droits de l’homme devraient être harmonisées et liées avec les programmes scolaires, de sorte à éviter des interventions dispersées et à unifier l’action en matière d’enseignement civique et à la citoyenneté au niveau national. Cela pourrait passer par l’élaboration de documents d’orientation accompagnant la mise en œuvre des activités périscolaires, comme dans de nombreux pays membres de l’OCDE (Commission Européenne, 2017[76]). Les autorités tunisiennes pourraient également généraliser la présence des clubs de citoyenneté et des droits de l’homme dans tout le pays et renforcer les moyens alloués aux établissements scolaires pour leur gestion et leur développement afin de renforcer leur rôle dans l’acquisition d’une culture citoyenne et d’engagement chez les jeunes.

Dans la continuité de l’éducation civique et à la citoyenneté, le bénévolat, et plus généralement l’action associative, s’avère une des formes les plus vives d’engagement citoyen qui contribue également à l’éveil à la participation citoyenne. Le bénévolat est un outil puissant pour lutter contre l'exclusion sociale, promouvoir le développement personnel, cultiver le sens civique et renforcer la résilience sociétale (OECD, 2020[5]). Cela est particulièrement important pour les jeunes puisque les opportunités d’apprentissage informel et non formel6 associées à la participation à des activités de bénévolat concourent au développement de la personnalité, des aptitudes et des compétences qui leur seront utiles dans leur transition vers l’âge adulte et plus largement dans leur vie. Le bénévolat et l'engagement des jeunes par le biais d’associations et organisations de la société civile contribue également au développement national, en plus de nourrir leurs compétences personnelles.

Pourtant, le volontariat (formel) des jeunes en Tunisie reste limité par rapport aux autres économies de la région MENA et aux pays de l'OCDE (Graphique 6.4).

Comme déjà traité dans les chapitres précédents, depuis 2011, de nombreuses avancées règlementaires offrent un cadre particulièrement favorable à l’engagement des jeunes dans le milieu associatif. Toutefois, les dispositions légales sur le statut des activités de bénévolat et volontariat n’ont pas été révisées depuis 2010 et la mise en œuvre de ce cadre juridique reste difficile. À la suite du dialogue national de 2016, le gouvernement s’était engagé à créer un cadre incitatif pour l’engagement volontaire des jeunes, au travers d’une Agence Nationale du Volontariat et d’une loi sur le statut de volontaire. À ce jour, un projet de loi a été préparé par l’Observatoire National de la Jeunesse, mais n’a pas encore été débattu au plus haut niveau. L’achèvement d’un tel processus permettrait de renforcer le cadre normatif et institutionnel relatif à l’engagement associatif en Tunisie et de structurer et développer les opportunités de bénévolat et de volontariat qui existent pour les citoyens, dont les jeunes.

Les organisations de la société civile ont un rôle clé à jouer pour encourager le bénévolat chez les jeunes. Les organisations de jeunesse représentent des intermédiaires importants entre les autorités publiques et les jeunes et peuvent offrir un espace sûr pour les jeunes dans leur acquisition de nouvelles compétences. Les pays doivent donc chercher à mettre en place des structures gouvernementales adaptées à l’apparition et l’épanouissement de mécanismes et de projets qui soutiennent les organisations de jeunesse.

Parmi les pays membres de l’OCDE, les ministères chargés des affaires de la jeunesse et les autres parties prenantes qui travaillent en lien avec la jeunesse instaurent des mécanismes de soutien en faveur des organisations de jeunesse. Dans plus de 80 % des pays membres, les gouvernements apportent une aide financière aux organisations de jeunesse. Une part importante d'entre eux fournit également un appui éducatif et technique (OECD, 2020[5]).

En Tunisie, les organisations de la société civile ont joué un rôle primordial dans la révolution de 2011 et dans l’affermissement de la démocratie. Avant la révolution, 10 000 associations existaient, dont seulement une dizaine était considérée comme indépendante. Depuis 2011, le nombre d’associations dans ce pays croît de manière considérable dans tous les domaines et a atteint plus de 23 000 associations en 2020 (Centre d’Information de Formation d’Etudes et de Documentation sur les Associations, 2020[80]).

Toutefois, le nombre d’association agissant pour de la jeunesse reste faible. En 2020, seulement 404 associations – soit 1.7 % des associations existantes – sont considérées comme destinées spécifiquement aux jeunes (Centre d’Information de Formation d’Etudes et de Documentation sur les Associations, 2020[80]). De même, selon une autre enquête, seulement 6.3 % des jeunes sondés déclaraient faire partie d’une association (Jouili et Ben Salem, 2020[11]). Ces chiffres sont en deçà de la moyenne des pays de la région MENA, où 9 % des jeunes font du bénévolat dans une organisation de la société civile chaque mois, soit un niveau d'engagement civique des adolescents et des jeunes de la région parmi les plus faibles du monde (UNICEF, 2019[81]). À titre de comparaison, en 2019, 22 % des jeunes des 24 pays membres ayant participé à l’enquête de l’OCDE sur la gouvernance des politiques de jeunesse (OECD, 2020[5]) ont déclaré avoir fait du bénévolat au cours du mois précédent.

Dans la continuité de la dynamique associative enclenchée depuis quelques années, la promotion et la valorisation du bénévolat parmi les jeunes encouragerait le développement de leur rôle actif dans la société. Cependant, il semble que le soutien du gouvernement tunisien aux organisations de la jeunesse pour promouvoir l‘action associative reste limité. Les données recueillies pendant l’élaboration de ce rapport montrent que le ministère chargé des affaires de la jeunesse fournit un appui financier, technique et organisationnel et à la formation aux associations et organisations de jeunesse, en plus de promouvoir leurs activités. Cependant, pour l’année 2019, seuls 100 000 TND provenant du Ministère des Affaires de la Jeunesse et des Sports tunisien étaient alloués au volontariat, soit 0.7 % de son budget total (qui était d’environ 140 millions TND pour l’année 2019) (Ministère de la Jeunesse et des Sports, 2019[82]). Renforcer la part destinée à la promotion du volontariat dans le budget du ministère chargé des affaires de la jeunesse aiderait les organisations de jeunesse à assumer pleinement leur rôle d’enceinte d’apprentissage et d’engagement des jeunes.

Par ailleurs, les études de l’OCDE (OECD, 2020[5]) soulignent que l’instauration de stratégies et de programmes nationaux de bénévolat pour les jeunes, lorsque des ressources financières et humaines adéquates y sont allouées, contribue à promouvoir le volontariat des jeunes. Dans les pays dépourvus de ce type de programmes, les jeunes sont en moyenne moins impliqués dans le bénévolat que la population totale. En revanche, dans les pays en disposant, les jeunes font en moyenne plus de volontariat que la population totale.

C’est notamment le cas dans 22 pays membres de l’OCDE. Parmi eux, la Belgique, la France et le Royaume-Uni ont, par exemple, développé des programmes nationaux pour à la fois à promouvoir le bénévolat – ainsi que le volontariat rémunéré en France – et donner accès aux jeunes plus facilement aux opportunités de bénévolat présentes dans tout le pays (Encadré 6.13). Certains pays membres ont également fait de la promotion du bénévolat et de la participation des jeunes à des activités associatives un axe prioritaire de leur stratégie nationale de la jeunesse. Enfin, conscients que le bénévolat des jeunes peut s'attaquer aux causes profondes de la marginalisation et favoriser la cohésion sociale, plusieurs pays membres de l'OCDE ont aussi adopté des « lois sur le bénévolat » ou « lois sur les associations » pour garantir le droit du bénévolat, réglementer le statut des volontaires et permettre aux organisations de jeunesse de recevoir des subventions du gouvernement pour soutenir les programmes et activités de bénévolat. L'Estonie et l'Australie ont ainsi élaboré une stratégie nationale sur le bénévolat des jeunes afin de soutenir, d'encourager et de reconnaître officiellement le bénévolat dans la société. En conséquence, un programme national favorisant le bénévolat en Tunisie contribuerait à accroître l’engagement des jeunes dans l’action associative.

Les autorités publiques tunisiennes pourraient renforcer le développement d’initiatives de promotion et de renforcement du bénévolat à tous les niveaux grâce à une plus grande mobilisation des associations de jeunesse, mais aussi des acteurs institutionnels, et notamment des maisons de jeunes et des autres structures de la jeunesse. En plus de faciliter l’accès des jeunes à l’information concernant les opportunités existantes d’engagement associatif, la mobilisation des acteurs de la jeunesse autour des autorités publiques soutiendrait le renforcement du rôle de ces acteurs comme vecteur de développement de la citoyenneté active des jeunes tunisiens.

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[77] Seattle Public Schools (2020), Graduation Requirements, https://www.seattleschools.org/academics/college_career_readiness/graduation_requirements (consulté le 24 août 2020).

[54] Servicio Público de Empleo Estatal (2018), ¿Qué es Garantía Juvenil?, http://www.sepe.es/HomeSepe/Personas/encontrar-trabajo/Garantia-Juvenil/que-es-garantia-juvenil.htm (consulté le 19 août 2020).

[38] Sfaxi, E. (2018), Independent Reporting Mechanism (IRM): Tunisia End-of-Term Report 2016-2018, https://www.opengovpartnership.org/wp-content/uploads/2020/08/Tunisia_End-of-Term_Report_2016-2018_EN.pdf.

[56] ShababLive et Arab World for Research and Development (2019), Combler le fossé : Les jeunes et les médias traditionnels (TV/Radio) dans les pays arabes, https://shabablive.com/enquete/ (consulté le 19 août 2020).

[9] Sigrid Faath (dir. pub.) (2017), Les partis politiques tunisiens : fragmentés, autocentrés et à la recherche d’un profil, https://www.kas.de/c/document_library/get_file?uuid=ae804fc7-3fe9-f437-f789-5f779e980fd9&groupId=252038.

[30] The Citizens’ Assembly (s.d.), About the Members, https://www.citizensassembly.ie/en/what-we-do/about-the-members/.

[21] The Electoral Commission (2017), Electoral registration at the June 2017 UK general election Report on the UK Parliamentary general election held on 8 June 2017, https://www.electoralcommission.org.uk/sites/default/files/pdf_file/Electoral-registration-report-July-2017.pdf.

[52] The World Wide Web Foundation (2016), Tunisia: Country Details, https://opendatabarometer.org/country-detail/?_year=2016&indicator=ODB&detail=TUN.

[81] UNICEF (2019), MENA: Generation 2030, Investing in children and youth today to secure a prosperous region tomorrow, https://www.unicef.org/mena/media/4141/file/MENA-Gen2030.pdf.

[73] UNICEF (2017), Analytical Mapping of the Life Skills and Citizenship Education in MENA, https://www.unicef.org/mena/reports/analytical-mapping-life-skills-and-citizenship-education-mena (consulté le 20 août 2020).

[19] Youth Wiki (s.d.), Youth Policy in Scotland, https://national-policies.eacea.ec.europa.eu/youthwiki/chapters/united-kingdom-scotland/overview.

[18] Youth Wiki (s.d.), Youth Policy in the United Kingdom, https://national-policies.eacea.ec.europa.eu/youthwiki/chapters/united-kingdom-england/overview.

[20] Youth Wiki (s.d.), Youth Policy in Wales, https://national-policies.eacea.ec.europa.eu/youthwiki/chapters/united-kingdom-wales/overview.

[60] Youtube (2018), mjs tunisie, https://www.youtube.com/user/MJSTN2011/videos?view=0&sort=dd&flow=grid (consulté le 20 août 2020).

Notes

← 1. Les jeunes désignent les personnes âgées de 16 à 24 ans en Norvège et de 18 à 24 ans en Suède.

← 2. Le phénomène de « free riding » ou « passager clandestin » en sociologie électorale correspond au choix de certains non-votants de profiter des avantages qu’offrent la démocratie (pacification de la société, État de droit, etc.) sans s’impliquer dans la vie politique. Ceux-ci bénéficient donc du fait que d’autres citoyens s’engagent en politique, mais leur choix n’est pas reproductible par le plus grand nombre, au risque de remettre en cause le fonctionnement de la démocratie.

← 3. OCDE (à venir), Youth Empowerment in the MENA region, Éditions OCDE, Paris

← 4. Dans les pays l’OCDE, presque tous les gouvernements garantissent l’accès à l’information au niveau du gouvernement central et de l’exécutif. 70 % incluent les autorités territoriales et moins de 50 % fournissent un accès à l’information des organes législatifs, judiciaires et autres. En ce qui concerne la publication proactive, tous les pays de l’OCDE publient de manière proactive l’information, et pour 72 % d’entre eux, c’ceci est une obligation légale pour certaines catégories d’information (comme les documents budgétaires, les rapports annuels et les rapports de contrôle). (OCDE (2019), Voix citoyenne en Tunisie : Le rôle de la communication et des médias pour un gouvernement plus ouvert, Examens de l'OCDE sur la gouvernance publique, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264306622-fr.). L'analyse menée conjointement par le Centre for Law and Democracy et Access Info Europe indique que la Tunisie dispose d'un des cadres juridiques les plus solides au monde en matière d'accès à l'information, se classant au 13ème rang sur 128 pays. Ce classement est basé sur un système de notation qui comprend des indicateurs sur le droit d'accès à l'information, sa portée, les procédures de demande d'information, les exceptions et les refus, les recours, les sanctions et les protections, ainsi que les mesures de promotion (Centre for Law and Democracy, 2020[87])

← 5. Le mot vlog désigne un contenu de communication à vocation de carnet, de journal ou d'agenda, réalisé sur support vidéo et généralement posté sur les réseaux sociaux.

← 6. L’apprentissage informel découle des activités de la vie quotidienne liées au travail, à la famille ou aux loisirs. Il n’est ni organisé ni structuré (en termes d’objectifs, de temps ou de ressources). L’apprentissage informel possède la plupart du temps un caractère non intentionnel de la part de l’apprenant. L’apprentissage non-formel est intégré dans des activités planifiées qui ne sont pas explicitement désignées comme activités d’apprentissage (en termes d’objectifs, de temps ou de ressources) mais qui comportent un important élément d’apprentissage. L’apprentissage non formel est intentionnel de la part de l’apprenant (https://oce.uqam.ca/apprentissage-formelinformel- non-formel-des-notions-difficiles-a-utiliser-pourquoi/).

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