33. Un état des lieux des stratégies bilatérales de développement numérique

Ida Mc Donnell
Direction de la coopération pour le développement, OCDE
Marc Cortadellas Mancini
Direction de la coopération pour le développement, OCDE

Les auteurs tiennent à remercier Catherine Anderson et Marilyn Bachmann pour leur contribution à ce chapitre.

  • Le passage au numérique constitue une priorité stratégique explicite pour 12 membres du Comité d’aide au développement dotés de stratégies en la matière, tandis que six autres mentionnent l’importance du passage au numérique dans leur politique générale de coopération pour le développement.

  • La coopération internationale pour le développement dans le domaine du passage au numérique gagnerait à appliquer les bonnes pratiques, notamment en s’alignant sur les priorités nationales, en renforçant la coordination, en établissant une base de données probantes et en en tirant des enseignements.

Lors de la réunion ministérielle du Comité d’aide au développement (CAD) de 2020, les membres ont souligné combien il importait d’exploiter le potentiel des technologies et de la transformation numérique1 en se fondant sur des normes éprouvées et des méthodes établies dans le domaine de la coopération pour le développement, notamment une approche fondée sur les droits humains, la lutte contre les inégalités, l’engagement de ne laisser personne de côté et l’appui à l’éducation et à l’amélioration des compétences. Ils ont insisté sur la nécessité d’identifier les opportunités et les risques liés à la croissance du numérique, aux technologies fondées sur les données et aux biens publics numériques pour le développement (OCDE, 2020[1]).

Le Plan d’action de coopération numérique du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, a fourni une nouvelle orientation vers des stratégies plus globales pour toutes les parties prenantes – y compris les acteurs de la coopération pour le développement – axées sur les facilitateurs de la transformation numérique et de la collaboration, et appelant à la mise en place d’une architecture plus efficace pour la coopération numérique mondiale (ONU, 2020[2]). Le Plan d’action énonce huit objectifs : 1) atteindre la connectivité universelle d’ici à 2030 ; 2) promouvoir les biens publics numériques pour bâtir un monde plus équitable ; 3) assurer l’inclusion numérique pour tous, y compris les plus vulnérables; 4) renforcer les capacités numériques ; 5) assurer la protection des droits humains à l’ère numérique ; 6) encourager une coopération mondiale en matière d’intelligence artificielle ; 7) promouvoir la confiance et la sécurité numériques et 8) construire une architecture plus efficace pour la coopération numérique. Il sera difficile d’atteindre ces objectifs généraux partout, en particulier pour les acteurs de la coopération au développement qui cherchent à accompagner les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire dans leur transformation numérique.

Si moins de la moitié des membres du CAD se sont dotés de stratégies explicites pour mettre le numérique au service du développement, les pays qui investissent dans le passage au numérique semblent s’orienter vers des approches plus globales2. On observe également une volonté d’apporter un appui plus coordonné, comme en témoignent la nouvelle plateforme de l’Union européenne (UE) baptisée Digital4Development (D4D) (Encadré 33.1) et des alliances comme la Digital Impact Alliance (DIAL, s.d.[3]), laquelle vise à accélérer la transformation numérique nationale, à renforcer la coopération mondiale et à connecter, soutenir et développer des solutions éprouvées conformément aux Principes pour le développement numérique (s.d.[4])3.

Les acteurs du développement investissent de plus en plus dans les activités liées au numérique (voir le chapitre 40). Toutefois, comme le montre cet état des lieux, le passage au numérique n’est pas une priorité explicite pour la plupart des membres du CAD. Seuls 12 d’entre eux, qui comptent également parmi les principaux bailleurs de fonds de la coopération pour le développement liée au numérique, ont adopté des stratégies explicites en la matière. Les stratégies les plus récentes4 (depuis 2019) tiennent compte des liens entre les facilitateurs fondamentaux des transformations numériques (accès universel et abordable à l’internet, infrastructure numérique publique, cadre d’action et de réglementation, et compétences numériques) et l’utilisation des technologies numériques pour la prestation de services et dans tous les secteurs (Tableau 33.1).

Trois aspects de la transformation numérique sont couverts dans les stratégies avec un degré de constance élevé entre les pays : 1) étendre l’accès à l’internet, le rendre plus abordable et améliorer les services numériques ; 2) soutenir des environnements propices afin d’exploiter le passage au numérique au niveau de l’ensemble de l’administration et de la société ; 3) intégrer systématiquement le passage au numérique – ou le « numérique par défaut » – dans tous les investissements sectoriels en se basant sur des données probantes. Les questions de confidentialité et de sécurité, de transparence et de normes ouvertes reviennent de façon récurrente dans toutes les stratégies.

Certains pays soulignent la nécessité d’accroître l’équité et l’inclusion en donnant accès à des services auparavant hors de portée des groupes marginalisés, comme les filles, les femmes et les personnes handicapées (voir les chapitres 35, 37 et 38). Dans deux de ses priorités en matière de développement numérique, le Danemark souligne la nécessité de se concentrer sur les femmes, les filles et les jeunes, et de les aider à participer à la transformation numérique (Danida, 2019[13]). L’Agence suédoise de coopération internationale au développement se concentre, quant à elle, sur les technologies de l’information et des communications dans les domaines de la gouvernance démocratique et du développement social (Ministère des affaires étrangères de Suède, 2018[14]). Les Pays-Bas placent l’appropriation locale et la conception conjointe au centre de leur collaboration avec la société civile et veillent à ce que les technologies numériques contribuent au bien public.

On observe une forte prise de conscience selon laquelle l’accès aux infrastructures publiques, comme l’électricité et les communications numériques, constitue une condition préalable à la transformation numérique. La stratégie de l’AFD souligne l’importance de « la décarbonation du numérique », au titre de laquelle l’investissement dans les deux transitions (numérique et énergétique) est une priorité explicite. Les stratégies et les financements liés au numérique (voir le chapitre 40) semblent mettre moins l’accent sur l’utilisation des technologies avancées (par exemple, l’intelligence artificielle et la technologie des chaînes de blocs), malgré l’importance croissante de ces outils dans l’économie et l’administration numériques. La Belgique se distingue par la place qu’elle accorde à des technologies numériques spécifiques en vue d’une plus grande inclusion économique et financière, ainsi qu’aux données massives et aux données ouvertes (FPS Foreign Affairs, 2016[15]).

Plusieurs stratégies soulignent l’importance des partenariats multipartites pour obtenir un plus grand impact et une économie numérique inclusive, la plupart des pays du Tableau 33.1 ayant adhéré aux Principes pour le développement numérique (s.d.[4]). Au niveau régional, onze membres de l’UE ont signé une lettre d’intention pour coopérer dans le cadre de la plateforme D4D (2020[16]).

Plusieurs autres pays du CAD mettent en avant l’importance du passage au numérique dans leur politique de coopération pour le développement5. Par exemple, la Finlande axe sa stratégie sur les questions de genre, d’éducation et de climat, et place le passage au numérique et la connectivité au centre de ses préoccupations (Gouvernement de la Finlande, 2021[17] ; Saldinger, 2021[18]). D’autres membres de l’OCDE, comme l’Estonie, sont favorables à une approche centrée sur l’utilisateur, sur la base de leur propre expérience de l’administration électronique, et partagent leur expertise avec des pays d’Europe du Sud-Est, d’Asie centrale et d’Afrique subsaharienne (Estonia:, 2021[19]) (voir le chapitre 12).

La transformation numérique peut nuire à la gouvernance dans des contextes où celle-ci est déjà faible. Les stratégies de coopération pour le développement en matière de gouvernance et de société civile peuvent compléter les stratégies de développement numérique dans le but de bâtir un avenir numérique inclusif. Pour que la coopération au développement puisse influer sur la transformation numérique, les stratégies et activités en matière de gouvernance et de société civile devront anticiper les conséquences imprévues – et les préjudices potentiels – de la transformation numérique sur les sociétés et les droits humains. Les partenaires au développement explorent donc les conséquences de la transformation numérique sur la société civile, l’espace civique, la gouvernance démocratique, les progrès du développement et la stabilité dans les États fragiles.

La communauté internationale de la gouvernance, y compris les membres du Réseau du CAD sur la gouvernance, s’interroge sur la manière de soutenir le passage au numérique et la transformation numérique, ainsi que la gouvernance relative à ces questions, dans le cadre du développement. Selon les premières recherches menées aux fins de l’étude Promoting the Digital Transformation of African Portuguese-Speaking Countries and Timor-Leste (2018[33]), l’APD semblerait la plus bénéfique lorsqu’elle cible la consolidation des capacités analogiques, l’accès aux solutions numériques par l’éducation et l’initiation aux TIC, et le soutien à un passage au numérique sécurisé et consensuel pour les documents publics (Encadré 33.2).

Les stratégies de la société civile peuvent également atténuer certains risques numériques. La société civile peut aider les pays à améliorer la gouvernance numérique, les droits humains et l’inclusion pour surmonter les risques liés au passage au numérique. Cela peut passer par le renforcement de la législation relative au numérique afin de la rendre conforme au droit international relatif aux droits humains, par le renforcement des capacités des responsables et de la société civile en matière de droits numériques, par l’examen des risques pour l’espace civique et par un engagement auprès des acteurs de la société civile qui ont recours au numérique, comme les mouvements sociaux (OCDE, 2020[39]). Pour les Pays-Bas, la société civile, en tant qu’autorité de surveillance et partenaire dans la conception et la mise en œuvre des technologies émergentes, doit contribuer à faire en sorte que la technologie numérique serve le bien public (voir le chapitre 35). La participation à des dialogues multipartites sur le développement, la réglementation et l’utilisation responsable de la technologie numérique reste essentielle. Les États-Unis se concentrent, quant à eux, sur les initiatives numériques à déployer en utilisant une approche systémique afin d’étendre les programmes liés au numérique, tout en tenant compte des menaces numériques croissantes qui planent sur l’espace civique (USAID, 2020[40]).

Les organismes internationaux de développement aident les organisations de la société civile (OSC) à renforcer leurs capacités numériques et à lutter contre les asymétries de pouvoir. Par exemple, le Danemark soutient les programmes de résilience numérique des OSC (Danida, 2021[41]) et USAID apporte son appui à la formation des journalistes et des militants menacés, facilite les campagnes de sensibilisation aux menaces auxquelles les utilisateurs d’internet sont exposés et finance des projets sur les politiques et de plaidoyer menés par la société civile pour promouvoir la liberté de l’internet (USAID, 2021[42] ; USAID, 2021[43]). Les Pays-Bas, l’UE, la Suède et le Royaume-Uni collaborent pour soutenir les OSC, notamment par le biais de l’Association pour le progrès des communications, un réseau international qui promeut l’inclusion numérique, les droits humains en ligne et la gouvernance de l’internet en tant que bien public mondial. Ces initiatives attirent l’attention sur le soutien numérique et d’autres programmes d’aide au développement contre les activités qui nuisent à la société civile, à l’espace civique et aux libertés (CHRGJ, ISER & Unwanted Witness, 2021[44]). En 2019, le ministère belge des Relations extérieures et de la Coopération au développement a organisé une conférence intitulée « Claiming Back Civic Space », qui portait sur la question de l’espace civique à l’ère numérique.

Dans le même temps, selon des organisations de la société civile comme Privacy International, les investissements et les projets de coopération pour le développement numérique doivent anticiper, évaluer et gérer les préjudices potentiels et les conséquences involontaires du passage au numérique (Privacy International, 2020[45]). Privacy International attire l’attention sur le risque d’un « soutien étendu à la surveillance dans les pays » ou « d’unités de sécurité équipées et formées pour utiliser des outils de surveillance controversés » qui renforcent l’autoritarisme numérique.

Avec l’adoption en juillet 2021 de la Recommandation du CAD sur le renforcement de la société civile en matière de coopération pour le développement et d’aide humanitaire, les membres du CAD reconnaissent qu’il faut faire davantage pour donner aux acteurs de la société civile les moyens d’optimiser leurs contributions à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et à l’engagement de ne laisser personne de côté, ainsi qu’à la protection et au renforcement de la démocratie et de l’espace civique, y compris à l’ère du numérique. Par exemple, les équipes de la société civile des membres du CAD n’ont pas encore exploré les partenariats avec les entreprises de technologie civique à but non lucratif, en particulier celles qui peuvent garantir que les pratiques commerciales adhèrent aux principes des droits humains avec des garanties renforcées pour la société civile et les libertés/espaces civiques en ligne. Grâce à une coopération plus étroite avec des entreprises technologiques non traditionnelles, les acteurs du développement peuvent également promouvoir le développement de « technologies civiques » – notamment par le biais de logiciels libres – dont la transparence favorise la protection des droits et valeurs. Par exemple, Votem (s.d.[46]) est un système de vote mobile qui permet à la fois d’inscrire les électeurs et de voter, et qui s’appuie sur un chiffrement de bout en bout reposant sur la technologie des chaînes de blocs. Des entreprises comme Kialo (s.d.[47]) rendent possible une communication en ligne de type débat grâce à une plateforme de discours délibératif conçue pour présenter des centaines d’arguments pour et contre sur un arbre d’argumentation dynamique.

À l’avenir, la société civile doit s’engager dans des initiatives d’élaboration de politiques numériques aux niveaux international et national afin de proposer des pistes pour la sphère réglementaire et l’utilisation responsable des technologies numériques. L’initiative danoise Tech for Democracy réunit des représentants des pouvoirs publics, des organisations multilatérales, du secteur technologique et de la société civile.

Tous les acteurs du développement international cherchent à traduire les engagements et les stratégies de transformation numérique en écosystèmes numériques durables et en changements tangibles. Alors que la demande des partenaires en matière de coopération numérique augmente (voir les Chapitres 6 et 7), les budgets de l’APD doivent faire face à d’autres défis de développement accentués par la crise du COVID-19, les inégalités, les conflits et le changement climatique (Ahmad et Carey, 2021[48] ; OCDE, s.d.[49]). Les stratégies numériques au service du développement qui mettent l’accent sur l’intégration, le respect des libertés démocratiques et l’utilisation de solutions numériques pour accélérer le progrès sont confrontées aux mêmes difficultés que les autres domaines de la coopération au développement (PMCED, 2020[50] ; OCDE, 2019[51]). Comme l’indique le Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, la réussite suppose de s’appuyer sur des données probantes et de s’adapter au contexte, d’adopter une approche systémique, de s’aligner sur les priorités nationales et de se concentrer sur les résultats (OCDE, 2011[52])6. La coopération internationale pour le développement en matière de numérique pourrait en outre rendre davantage de comptes sur l’application des bonnes pratiques en matière d’efficacité (Miyamoto, 2020[53] ; Castella et al., 2021[20] ; Waugaman, 2016[54]).

L’extrait suivant du rapport From Principles to Practice: Implementing the Principles for Digital Development (Waugaman, 2016[54]) expose les enjeux :

« Si le potentiel est évident, il en va autrement de la réussite des milliers de projets qui ont vu le jour et qui utilisent la technologie pour combler les lacunes en matière d’accès. Les projets pilotes n’ont pas réussi à devenir des programmes évolutifs et durables. Les solutions réinventent trop souvent la roue au lieu de s’appuyer sur des plateformes, des infrastructures et des services partagés solides. Des applications et des services conçus à des milliers de kilomètres du lieu où ils sont utilisés ne répondent pas aux besoins des utilisateurs. La création d’outils et de systèmes faisant double emploi rend les données difficiles à consulter et à utiliser pour la prise de décision. [...] nous devons faire mieux, à la fois pour remplir la mission qui nous a été confiée et, surtout, pour répondre au mieux aux besoins des personnes que nous servons ».   
        

Des idées et des enseignements transposables se dégagent également de l’expérience acquise dans le domaine de la santé numérique, qui semble avoir fait des progrès dans l’identification des problèmes d’efficacité et des bonnes pratiques bénéficiant d’un large soutien. Par exemple, les Principes d’alignement des donateurs pour la santé numérique (Digital Investment Principles, 2018[55]), les recommandations de l’OMS sur les systèmes de santé numérique (2019[56]), la Stratégie mondiale pour la santé numérique de l’OMS (2021[57]) et des documents analogues publiés par l’UNICEF (2018[58]), l’OPS (s.d.[59]) et la Banque asiatique de développement (2018[60]) contribuent à faire avancer le débat actuel sur la santé numérique.

Une analyse comparative des études de cas sur la coopération pour le développement et des autres contributions de fournisseurs à ce rapport met en évidence des points communs stratégiques et opérationnels conformes aux objectifs internationaux en matière d’efficacité du développement. Ces points communs sont les suivants :

  • L’adhésion des dirigeants, les capacités institutionnelles et des orientations sont essentielles pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies numériques globales. Les exemples de la Norvège et du Royaume-Uni soulignent l’importance de sensibiliser les dirigeants, les équipes chargées de l’élaboration des politiques et les réseaux étrangers au rôle des technologies numériques dans le développement économique et social. Ils montrent qu’il est crucial de renforcer les capacités de conseil internes de leurs organisations en matière de développement numérique. Il faut développer un réseau de champions du développement numérique, de conseillers et de responsables de politiques et de programmes qui aident le ministère ou l’organisme en charge du développement à mieux intégrer systématiquement les solutions numériques.

  • Les stratégies de développement numérique devraient prendre en compte le risque de renforcement de l’exclusion. Les projets sectoriels reposant sur des volets numériques excluent les personnes qui n’ont pas accès à un téléphone portable ou qui n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour accéder aux données mobiles (Castella et al., 2021[20]). En outre, lorsque l’internet est interrompu, les programmes numériques sont bloqués, ce qui doit être pris en compte dans la conception des programmes et des projets (ibid). La Corée du Sud souligne qu’il est important de se familiariser avec l’environnement réglementaire du pays avant de déployer des projets numériques (voir le Chapitre 36).

  • S’engager à assurer l’interopérabilité du système. Les projets numériques ont tendance à ne pas déboucher sur des programmes évolutifs et durables, notamment lorsqu’ils font double emploi au lieu de s’appuyer sur des plateformes, des infrastructures et des services partagés solides (Waugaman, 2016[54]). Des systèmes fragmentés et incompatibles entraînent des dysfonctionnements, des perturbations et des coûts importants pour la société. La communauté internationale du développement doit cesser d’investir dans des systèmes cloisonnés et s’efforcer de surmonter les obstacles en parvenant à aligner les priorités des pays partenaires et le financement du développement international (voir le Chapitre 34). Parmi les problèmes de transparence figurent la difficulté d’accéder aux informations de base sur les systèmes numériques existants des pays partenaires et la capacité à gérer les coûts de transaction élevés de la coordination (USAID, 2020[40]).

  • La demande est forte en matière de partage des connaissances entre pairs, et cette stratégie fonctionne. Pour accompagner la transformation numérique, il faut s’attacher à renforcer les capacités afin de permettre un changement technologique durable (voir le Chapitre 12). Pour la Colombie et le Royaume-Uni, l’identification, la création et l’exploitation de partenariats stratégiques en matière de politiques et de connaissances sont essentielles pour soutenir la transformation numérique. Forte de ses connaissances et de son expérience en matière de coopération internationale, la JICA s’associe à des entreprises technologiques japonaises afin de proposer à ses partenaires des solutions numériques éprouvées (Sawaji, 2021[22]).

  • S’associer pour établir des diagnostics et mieux utiliser les outils existants. Plusieurs fournisseurs bilatéraux, organisations multilatérales et autres organismes réalisent des diagnostics numériques, financent et utilisent des plateformes et des indices de connaissances. Le partage des données et le soutien apporté aux diagnostics multilatéraux peuvent atténuer le risque de prolifération et de doublons.

  • Renforcer la coordination et privilégier l’appropriation locale. Une évaluation de la stratégie numérique pour le développement de la Belgique a mis en évidence le risque que l’offre excessive de projets numériques ne fragmente les activités. Les exigences que les projets imposent aux publics cibles risquent de réduire la visibilité et l’efficacité des programmes et des projets (Castella et al., 2021[20]). L’étude de cas consacrée aux Pays-Bas fait ressortir la valeur de l’appropriation locale et de la conception conjointe avec les utilisateurs pour répondre aux besoins de ces derniers. Selon Waugaman (2016[54]), il faut mettre en place des groupes de travail techniques dans les pays pour veiller à la cohérence des politiques et des interventions dans l’ensemble des secteurs du développement, qui utilisent les normes et ont des conceptions de programme flexibles. Toujours selon ce rapport, l’absence de politiques spécifiques ou d’expertise du personnel en matière de confidentialité des données numériques et de cybersécurité constitue un obstacle à la collaboration entre les donneurs.

  • Financement à long terme. Au nombre des défis structurels figure la brièveté des cycles de financement face au caractère persistant des problèmes que le financement du développement cherche à résoudre (Waugaman, 2016[54]). Selon l’AFD, la coopération pour le développement doit créer des modèles de financement qui construisent et renforcent les biens communs numériques de sorte que l’accès à l’information et aux outils perdure sur le long terme.

Références

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[48] Ahmad, Y. et E. Carey (2021), La coopération pour le développement durant la pandémie de COVID-19 : une analyse des chiffres de 2020 et des tendances à suivre en 2021, Éditions OCDE, https://www.oecd-ilibrary.org/sites/554efa98-fr/index.html?itemId=/content/component/554efa98-fr.

[60] BAD (2018), Guidance for Investing in Digital Health, https://dx.doi.org/10.22617/WPS179150-2 (consulté le 8 décembre 2021).

[37] Banque mondiale (2016), World Development Report 2016: Digital Dividends, https://www.worldbank.org/en/publication/wdr2016 (consulté le 10 novembre 2021).

[26] BMZ (2019), Digital technologies for development, Ministère fédéral de Coopération et de Développement économiques (Allemagne), https://toolkit-digitalisierung.de/app/uploads/2021/07/BMZ-Strategy-Digital-Technologies-for-Development-1.pdf.

[23] CAO (2016), The 5th Science and Technology Basic Plan, http://wwwa.cao.go.jp/notice/20191101notice.html (consulté le 8 décembre 2016).

[20] Castella, C. et al. (2021), « Digital for development » (D4D), Étude complémentaire : Quels sont les développements liés au contexte de la Covid-19, https://diplomatie.belgium.be/sites/default/files/ey_etude_d4d_covid19_rapport_final_complet_20210927.pdf.

[44] CHRGJ, ISER & Unwanted Witness (2021), Chased Away and Left to Die, Center for Human Rights and Global Justice, New York, https://chrgj.org/wp-content/uploads/2021/06/CHRGJ-Report-Chased-Away-and-Left-to-Die.pdf.

[12] Commission européenne (2021), « Global Gateway » : jusqu’à 300 milliards d’euros pour la stratégie de l’Union européenne visant à développer des liens durables dans le monde, https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_21_6433 (consulté le 9 décembre 2021).

[6] Commission européenne (2021), Programmation conjointe en matière de coopération au développement, https://ec.europa.eu/info/aid-development-cooperation-fundamental-rights/human-rights-non-eu-countries/ensuring-aid-effectiveness/joint-programming-development-cooperation_fr (consulté le 8 décembre 2021).

[9] Commission européenne (2020), « #SmartDevelopmentHack announces nine winning solutions », International Partnerships, https://ec.europa.eu/international-partnerships/news/smartdevelopmenthack-announces-nine-winning-solutions_en (consulté le 10 décembre 2021).

[16] Commission européenne (2020), Équipe d’Europe : lancement de la plateforme Digital4Development destinée à contribuer à un avenir numérique équitable dans le monde entier, https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_20_2321 (consulté le 4 novembre 2021).

[7] Commission européenne (2018), Une boussole numérique pour 2030 : l’Europe balise la décennie numérique, https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:12e835e2-81af-11eb-9ac9-01aa75ed71a1.0005.02/DOC_1&format=PDF (consulté le 4 décembre 2021).

[29] Commission européenne (2017), Digital4Development: mainstreaming digital technologies and services into EU, https://futurium.ec.europa.eu/en/Digital4Development/library/digital4development-mainstreaming-digital-technologies-and-services-eu-development-policy?language=fr.

[11] D4D Hub (2021), Launch of D4D Hub Latin America and the Caribbean, https://d4dhub.eu/lac-event (consulté le 9 décembre 2021).

[8] D4D Hub (2020), site web D4D Hub de l’UE, https://d4dhub.eu/.

[41] Danida (2021), The Tech for Democracy initiative, https://um.dk/en/foreign-policy/tech-for-democracy-2021/.

[13] Danida (2019), TechVelopment: Approaches and Digitalisation. Tech and Digitalisation in Danish Development Cooperation in 2019, https://um.dk/en/~/media/um/danish-site/documents/danida/techvelopment%20-%20approach%20and%20narrative.pdf.

[35] Dener, C. et al. (2021), GovTech Maturity Index, Banque mondiale, Washington, D.C., https://doi.org/10.1596/978-1-4648-1765-6.

[27] DFID (2018), Digital Strategy 2018-2020: Doing Development in a digital world, Department for International Development (UKAID), https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/701443/DFID-Digital-Strategy-23-01-18a.pdf.

[3] DIAL (s.d.), Our Vision and Mission. Accelerate national digital transformation to reach everyone, everywhere, https://digitalimpactalliance.org/home/who-we-are/vision-mission/ (consulté le 9 décembre 2021).

[55] Digital Investment Principles (2018), The Principles of Donor Alignment for Digital Health, https://digitalinvestmentprinciples.org/ (consulté le 1 décembre 2021).

[19] Estonia: (2021), Overview of Estonian development cooperation, https://vm.ee/en/overview-estonian-development-cooperation.

[15] FPS Foreign Affairs (2016), Note stratégique - Digital for Development (D4D) de la Coopération belge au développement, https://www.enabel.be/sites/default/files/note_strategique_d4d.pdf.

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[34] Haldrup, S. (2018), Digitising public service delivery: opportunities and limitations, https://www.opml.co.uk/blog/digitising-public-service-delivery-opportunities-and-limitations (consulté le 10 novembre 2021).

[47] Kialo (s.d.), site web Kialo, https://www.kialo.com (consulté le 3 décembre 2021).

[30] KOICA (2021), KOICA Digital ODA Business Promotion Strategy, https://www.koica.go.kr/koica_kr/7889/subview.do.

[24] METI (2018), Guidelines for Promotion of Digital Transformations Formulated, https://www.meti.go.jp/english/press/2018/1212_003.html (consulté le 8 décembre 2021).

[31] Ministère des Affaires étrangères (Norvège)` (2019), Digital transformation and development policy, https://www.regjeringen.no/en/dokumenter/meldst11_summary/id2699502/?ch=1.

[28] Ministère des Affaires étrangères (Pays-Bas) (2019), Digital Agenda for Foreign Trade and Development Cooperation (BHOS), https://www.government.nl/documents/policy-notes/2019/07/31/digital-agenda-for-foreign-trade-and-development-cooperation-bhos.

[14] Ministère des affaires étrangères de Suède (2018), Strategy for Sweden’s global development cooperation in sustainable economic development 2018-2022, https://www.government.se/4940d6/contentassets/2636cd52742a4a29827b936e118a5331/strategy-for-swedens-global-development-cooperation-in-sustainable-economic-development-2018-2022.pdf.

[10] Ministère des Postes et des Télécommunications du Sénégal (2016), Stratégie Sénégal Numérique 2016-2025, https://www.sec.gouv.sn/sites/default/files/Strat%C3%A9gie S%C3%A9n%C3%A9gal Num%C3%A9rique 2016-2025.pdf.

[53] Miyamoto, K. (2020), Overview of digital transformation and how development co-operation contributes so far, OCDE, Paris.

[21] Murigande, C. (2019), A Transition to Innovation will Transform Africa, https://www.jica.go.jp/english/publications/j-world/c8h0vm0000f4ng2q-att/1907_08.pdf (consulté le 4 décembre 2021).

[1] OCDE (2020), Compte rendu succinct de la 52e Réunion à haut niveau du CAD – 1082e réunion du CAD, qui s’est tenue les 9 et 10 novembre 2020, https://www.oecd.org/officialdocuments/publicdisplaydocumentpdf/?cote=DCD/DAC/M(2020)10/FINAL&docLanguage=Fr.

[39] OCDE (2020), « Digital transformation and the futures of civic space to 2030 », Documents d’orientation de l’OCDE sur le développement, n° 29, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/79b34d37-en.

[51] OCDE (2019), Coopération pour le développement 2019 : Un avenir plus juste, plus vert et plus sûr, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/71a10470-fr.

[33] OCDE (2018), Promoting the Digital Transformation of African Portuguese-Speaking Countries and Timor-Leste, OECD Digital Government Studies, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264307131-en.

[52] OCDE (2011), Busan Partnership for Effective Development Co-operation - Fourth High-Level Forum on Aid Effectiveness, Busan, Republic of Korea, 29 November - 1 December 2011, Best Practices in Development Co-operation, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/54de7baa-en.

[49] OCDE (s.d.), Coopération pour le développement 2021 : Pour une transformation numérique juste, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/a512ab8e-fr.

[57] OMS (2021), Stratégie mondiale pour la santé numérique 2020-2025, https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/344250/9789240027558-fre.pdf?sequence=1&isAllowed=y.

[56] OMS (2019), WHO Guideline: Recommendations on digital interventions for health system strengthening, https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/311941/9789241550505-eng.pdf?ua=1.

[2] ONU (2020), Groupe de haut niveau sur la coopération numérique, https://www.un.org/fr/sg-digital-cooperation-panel (consulté le 28 novembre 2021).

[59] OPS (s.d.), 8 Principles for Digital Transformation of Public Health, https://www.paho.org/en/ish/8-principles (consulté le 9 décembre 2021).

[36] Pathways for Prosperity Commission (2019), The Digital Roadmap: How developing countries can get ahead. Final report of the Pathways for Prosperity Commission, https://www.bsg.ox.ac.uk/sites/default/files/2019-11/The_Digital_Roadmap.pdf.

[50] PMCED (2020), Enhancing Effectiveness to Accelerate Sustainable Development. Accelerate Sustainable Development, https://www.effectivecooperation.org/system/files/2020-06/Global-Compendium-of-Good-Practices-Document.pdf.

[4] Principes pour le développement numérique (s.d.), À propos des principes, https://digitalprinciples.org/fr/about/ (consulté le 8 décembre 2021).

[45] Privacy International (2020), Surveillance Disclosures Show Urgent Need for Reforms to EU Aid Programmes, https://privacyinternational.org/long-read/4291/surveillance-disclosures-show-urgent-need-reforms-eu-aid-programmes (consulté le 1 décembre 2021).

[18] Saldinger, A. (2021), Q&A: Finland’s new focus on digitalization in development, https://www.devex.com/news/q-a-finland-s-new-focus-on-digitalization-in-development-100327.

[22] Sawaji, O. (2021), Digital Transformation for Development: Japan’s Contribution, https://www.japanjournal.jp/diplomacy/international-cooperation/pt20201124142044.html (consulté le 8 décembre 2021).

[38] Shahbaz, A. et A. Funk (2021), Freedom on the Net 2021: The Global Drive to Control Big Tech, Freedom House, https://freedomhouse.org/report/freedom-net/2021/global-drive-control-big-tech#Regulation (consulté le 10 novembre 2021).

[5] UE (2021), Team Europe, https://op.europa.eu/s/vbxy (consulté le 10 décembre 2021).

[58] UNICEF (2018), UNICEF’s Approach to Digital Health, https://www.unicef.org/innovation/media/506/file/UNICEF's%20Approach%20to%20Digital%20Health%E2%80%8B%E2%80%8B.pdf (consulté le 8 décembre 2021).

[43] USAID (2021), Accounting for risks: A need for safeguarding in digital ecosystems, https://www.usaid.gov/usaid-digital-strategy/02-accounting-for-risks (consulté le 8 décembre 2021).

[42] USAID (2021), Supporting Vibrant Civil Society & Independent Media, https://www.usaid.gov/democracy/supporting-vibrant-civil-society-independent-media.

[40] USAID (2020), A Vision for Action in Digital Health, https://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/USAID-A-Digital-Health-Vision-for-Action-v10.28_FINAL_508.pdf.

[32] USAID (2020), Digital Strategy 2020-2024, https://www.usaid.gov/usaid-digital-strategy.

[46] Votem (s.d.), site web Votem, https://votem.com/ (consulté le 3 décembre 2021).

[54] Waugaman, A. (2016), From Principle to Pratice: Implementing the Principles for Digital Development. Perspectives and Recommendations from the Practitioner Community, https://digitalprinciples.org/wp-content/uploads/From_Principle_to_Practice_v5.pdf.

Notes

← 1. Voir les définitions dans le Guide du lecteur.

← 2. Pour plus de détails sur l’évolution des stratégies de coopération au développement, voir les études de cas figurant aux chapitres 34-39 de ce rapport.

← 3. Les Principes pour le développement numérique ont été approuvés par 288 acteurs du développement depuis 2012 et offrent un cadre qui peut être appliqué à la programmation en matière de développement afin d’optimiser l’efficience, l’efficacité et la durabilité des investissements dans les solutions numériques. Voir : https://digitalprinciples.org/fr/.

← 4. La JICA est incluse dans ce décompte, car elle est en train de mettre à jour sa stratégie de développement numérique.

← 5. Six membres du CAD (Australie, Canada, Finlande, Luxembourg, Slovénie et Suisse) mentionnent le passage au numérique dans leur politique générale.

← 6. Pour un aperçu des principes de Busan pour l’efficacité du développement et de la manière dont le Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement optimise l’efficacité de toutes les formes de coopération pour le développement au bénéfice des populations, de la planète, de la prospérité et de la paix, voir : https://www.effectivecooperation.org/.

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