Résumé

Au cours des vingt dernières années, l’intérêt porté à la réalisation du potentiel de l’innovation dans le développement international et l’action humanitaire, et les investissements qui y ont été consacrés, ont considérablement progressé. Les investissements dans des approches et des technologies nouvelles – des vaccins aux traitements de la malnutrition en passant par les services bancaires en ligne – ont transformé la vie des populations pauvres et vulnérables. On a vu apparaître de nouvelles méthodes et de nouveaux outils, de nouvelles équipes et de nouveaux départements, de nouvelles collaborations et de nouveaux partenariats, de nouveaux principes et de nouvelles méthodes de travail – de même qu’une prise de conscience selon laquelle le secteur doit faire plus qu’appeler à l’innovation : il lui faut s’atteler à innover lui-même.

Le présent rapport synthétise les idées et les enseignements qui se dégagent d’un exercice d’apprentissage entre pairs sur l’innovation au service du développement afin de mieux comprendre ce qui doit être fait différemment si l’on veut concrétiser le Programme 2030. Il présente des recommandations à l’intention des donneurs et de ceux qui, dans le secteur au sens large, souhaitent faire en sorte que les bienfaits de l’innovation profitent aux populations pauvres et vulnérables partout dans le monde.

Les efforts d’innovation déployés par les membres du Comité d’aide au développement (CAD) se caractérisent par un certain nombre de points forts :

  1. 1. De nombreux efforts à visée transformatrice à l’appui du développement et de l’action humanitaire s’inspirent déjà d’une réflexion sur l’innovation et des approches qui y sont associées – allant de l’argent liquide dans les contextes humanitaires et de la microfinance jusqu’à la recherche de nouveaux vaccins.

  2. 2. Pour les membres les plus avancés dans ce domaine, les efforts d’innovation deviennent plus structurés, systématiques et orientés sur les objectifs, en particulier à l’échelle des projets et des programmes.

  3. 3. Différentes équipes se sentent en capacité de faire leurs de nouvelles approches, pratiques et idées, et la terminologie et les concepts de l’innovation sont aujourd’hui plus largement utilisés.

  4. 4. De nombreux efforts sont entrepris en vue de renforcer l’innovation au service du développement en tant que bien public mondial, et le réseau de l’International Development Innovation Alliance (IDIA) réunit un grand nombre des principaux acteurs du paysage de l’aide aux fins de la constitution de réseaux de relations et d’apprentissage collectif.

On relève également plusieurs axes d’amélioration :

  1. 1. Il faut définir plus clairement les objectifs et les ambitions assignés à l’innovation au service du développement tant au niveau institutionnel qu’au niveau sectoriel : quel est le but de l’innovation, comment fonctionnera-t-elle et pourquoi a-t-elle de l’importance ?

  2. 2. Les lacunes – en termes de stratégie, de gouvernance, de management, de coordination et de processus – devraient être abordées dans l’optique de renforcer la cohérence interne, la longévité des institutions, l’apprentissage collectif ainsi que les externalités et la durabilité du programme d’action pour l’innovation.

  3. 3. Les dispositifs organisationnels doivent être consolidés – de façon à améliorer les signaux, les exigences et les accords entre les différentes unités et équipes internes favorables aux mêmes transformations institutionnelles.

  4. 4. Des efforts plus résolus sont nécessaires dans les domaines de la collecte de données probantes et de l’apprentissage, de la gestion des risques, des enseignements à tirer et de la gestion des portefeuilles, ou du déploiement à l’échelle – efforts qui, pour certains, sont déjà en cours.

  5. 5. L’absence de véritable action durable aux côtés des pays en développement est un problème diffus, qui devrait être traité directement et collectivement de sorte que les efforts d’innovation soient plus pertinents et mieux adaptés, et qu’ils s’appuient sur les meilleures idées proposées partout dans le monde.

Les membres du CAD devraient, chacun, envisager d’appliquer les recommandations suivantes pour leurs organisations :

  • Définir de façon plus claire et plus explicite une vision et une stratégie communes pour l’innovation.

  • Mettre en place des incitations claires et définir quels sont les moteurs de l’innovation, en s’assurant que l’ensemble des membres du personnel ont aisément accès à cette information.

  • Faire de l’innovation la cible de campagnes explicites de changement organisationnel.

  • Améliorer la gouvernance de l’innovation au niveau des instances dirigeantes.

  • Élaborer des trames narratives plus cohérentes et plus courageuses sur les risques liés à l’innovation.

  • Prendre en considération le rôle des partenaires en place, ainsi que des acteurs dans les pays en développement et venant de ces pays.

  • Investir dans les compétences d’innovation pour les membres du personnel à différents niveaux.

  • Donner plus de force à la réflexion, à la collecte de données probantes, à la documentation, aux données et à la communication et les rendre plus systématiques.

  • Faire de l’inclusion des utilisateurs finaux et des acteurs locaux un critère essentiel des analyses.

  • Établir des processus plus solides d’intégration de l’innovation dans les programmes de développement et d’action humanitaire.

  • Investir dans des processus de co-création avec des partenaires nouveaux et existants en relation avec des défis complexes et insolubles.

Les membres du CAD, considérés collectivement, pourraient prendre en considération les recommandations suivantes, en collaboration avec les réseaux en place, notamment l’IDIA :

  • Œuvrer à la mise en place d’un groupe de leaders champions de l’innovation au service du développement.

  • Mettre en place un « pôle » ou une plateforme pour mettre en commun, coordonner et faire vivre les activités à l’appui de l’innovation parmi les membres du CAD et au sein de la sphère du développement dans son ensemble.

  • Développer un discours/une déclaration communs à l’échelle mondiale sur le rôle de l’innovation dans la sphère du développement et de l’aide humanitaire.

  • Étudier le potentiel d’approches à l’échelle de l’ensemble des membres du CAD pour suivre et apprendre des efforts d’innovation menés par chacun.

  • Amener les acteurs des pays en développement à jouer un rôle plus central dans l’écosystème de l’innovation au service du développement.

  • Œuvrer, en collaboration étroite et dans le cadre de partenariats rapprochés, avec les principaux réseaux et acteurs de l’innovation, sur les plans tant externe qu’interne.

  • Faciliter les efforts conjoints parmi les membres du CAD à l’appui d’une innovation radicale, qui permette l’anticipation et à visée transformatrice.

  • Investir en vue de renforcer le suivi, l’évaluation et l’apprentissage des efforts d’innovation.

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