Rôle des centres de gouvernement et des ministères de la Santé dans la lutte contre la mésinformation et la désinformation

La circulation de l’information entre les autorités publiques, les citoyens et les parties prenantes est une composante indispensable des sociétés ouvertes et inclusives. Cependant, la capacité du public à mettre à profit et partager les informations fiables dont il dispose est limitée par la prolifération des contenus faux et trompeurs, à la fois en ligne et hors ligne. Aussi les pouvoirs publics doivent-ils être attentifs à l’importance de la communication publique en tant que moyen de promouvoir la transparence et de désamorcer les problèmes dus à la mésinformation et à la désinformation.

Bien que le problème de la mésinformation et de la désinformation soit antérieur à l’apparition du COVID-19, la propagation massive d’informations trompeuses et erronées depuis le début de la pandémie entrave la mise en œuvre des politiques et des mesures sanitaires en brouillant et noyant les messages officiels, en aggravant la méfiance à l’égard des vaccins et en contrecarrant les efforts déployés pour juguler la pandémie. Il est essentiel que les pouvoirs publics mettent en place une communication publique rapide, transparente et proactive pour prévenir et combattre la propagation des contenus trompeurs. Les autorités nationales ont utilisé la communication publique pour faciliter l’application des mesures de politique publique ; dans le contexte du COVID-19, elles ont souvent concentré leurs efforts sur l’amélioration du respect des mesures sanitaires (par exemple, lavage des mains, port du masque, mesures de freinage, distanciation physique, etc.). Plus généralement, la communication publique est également importante pour comprendre le public, l’éduquer et dialoguer avec lui.

Malgré des efforts répandus pour réagir à la mésinformation, il ressort des données recueillies que plusieurs pays de l’OCDE et non-Membres ne disposent pas de la structure institutionnelle nécessaire pour apporter une réponse à ce problème. En 2019, seulement 11 des 27 centres de gouvernement (CoG) des pays de l’OCDE et pays participants, plus le Costa Rica, avaient adopté des documents officiels pour guider leurs ripostes à la mésinformation et à la désinformation (Graphique 4.8). Dans leurs réponses à l’enquête, rédigées en 2020, deux pays, la Norvège et l’Autriche, ont indiqué qu’ils étaient en train de préparer des documents d’orientation, en partie en réponse à la crise provoquée par le COVID-19. Ces documents peuvent comprendre des stratégies, plans, boîtes à outils ou orientations applicables à l’ensemble de l’administration publique ou à un ministère particulier. Par exemple, l’Estonie édite chaque année des plans d’action interministériels visant à renforcer la résilience face aux attaques informatiques ; et le Royaume-Uni a mis au point la boîte à outils RESIST, qui indique aux chargés de communication et autres responsables concernés comment repérer les contenus problématiques et y faire face. En 2019, seulement 4 des 18 ministères de la Santé (MH) ayant participé à l’enquête avaient adopté des documents de ce type ou étaient couverts par des documents applicables à l’ensemble de l’administration publique. Il est donc permis de penser que ces institutions étaient moins bien préparées pour faire face à la vague de mésinformation sur la santé qui déferle depuis le début de la pandémie (Graphique 4.8).

Face aux défis complexes suscités par la mésinformation et la désinformation, les pouvoirs publics doivent apporter des réponses pluridisciplinaires. Dans cette optique, 19 CoG de pays de l’OCDE sur 24 (79 %), plus le Costa Rica, ont consulté des parties prenantes telles que médias, organisations de la société civile, instituts universitaires, organisations intergouvernementales ou encore entreprises technologiques sur les moyens de contrer la désinformation. Les parties prenantes les plus couramment consultées par les CoG sont les instituts universitaires et de recherche. Une proportion plus réduite de ministères de la Santé – 8 MH de pays de l’OCDE sur 17 (47 %), plus celui de la Roumanie – ont consulté au moins l’une de ces parties prenantes (tableau 4.9).

Pour en savoir plus

Matasick, C., C. Alfonsi et A. Bellantoni (2020), « Les mesures de gouvernance publique face à la désinformation : Comment les principes de gouvernement ouvert peuvent éclairer les choix stratégiques », OECD Working Papers on Public Governance, n° 39, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/a4000a8c-fr.

OCDE (2020), « Transparence, communication et confiance: Le rôle de la communication publique pour combattre la vague de désinformation concernant le nouveau coronavirus », Les réponses de l’OCDE face au coronavirus (COVID-19), Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/1d566531-fr.

Wardle, C. et H. Derakshan (2017), Information Disorder: Towards an Interdisciplinary Framework for Research and Policy Making, Conseil de l’Europe, DGI(2017)09.

Notes relatives aux graphiques

L’Espagne, la Finlande, la Grèce, l’Islande, le Japon, le Luxembourg et le Portugal ont fourni des données pour les ministères de la Santé, mais pas pour les centres de gouvernement. L’Allemagne, l’Autriche, la Corée, l’Estonie, la France, Israël, l’Italie, la Lettonie, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie et la Slovénie ont fourni des données pour les centres de gouvernement, mais pas pour les ministères de la Santé.

4.8. Le cercle extérieur représente les données relatives aux centres de gouvernement, et le cercle intérieur celles relatives aux ministères de la Santé.

4.9 Cette question n’est pas applicable aux centres de gouvernement de l’Allemagne, de l’Australie et des Pays-Bas, ni au ministère de la Santé de l’Islande. Parmi les autres catégories de parties prenantes sélectionnées par les répondants figurent, entre autres, les forums internationaux et les réseaux sociaux.

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