Sécurité des soins intensifs – culture sur le lieu de travail et vécu des patients

Il est possible d’utiliser les mesures de la culture de la sécurité des patients du point de vue des soignants ainsi que le vécu en matière de sécurité déclaré par les patients, les indicateurs classiques de sécurité des patients (voir l’indicateur « Sécurité des soins intensifs – les complications chirurgicales et les traumatismes obstétricaux ») et les indicateurs de résultats sur le plan de la santé (voir, par exemple, l’indicateur « Mortalité après un infarctus aigu du myocarde ») pour donner une vision holistique de l’état de la sécurité au sein des systèmes de santé.

L’adoption par les soignants d’une culture positive de la sécurité des patients se traduit par des perceptions communes de l’importance de la sécurité, une transparence et une confiance accrues, des niveaux plus élevés de responsabilité partagée, ainsi qu’une confiance accrue dans les initiatives de sécurité organisationnelles et nationales. Un nombre croissant d’études révèlent qu’une culture positive de la sécurité des patients est associée à un certain nombre d’avantages, notamment l’amélioration des résultats sur le plan de la santé et du vécu des patients, ainsi que de la productivité organisationnelle et de la satisfaction du personnel (de Bienassis et al., 2020[36]). Les modèles améliorés de gouvernance de la sécurité des patients et les investissements dans l’amélioration de la culture de la sécurité des patients ont un impact non négligeable et durable sur les résultats (G20 Health & Development Partnership, 2021[34]). Le Graphique 6.25 illustre deux domaines du questionnaire « Hospital Survey on Patient Safety Culture », dont l’objectif est que le personnel hospitalier fournisse des informations sur les aspects de leur environnement de travail et de savoir si ce dernier contribue à garantir la sécurité des patients. La sécurité des transferts et des transitions est liée aux perceptions du personnel quant à savoir si des informations importantes sur les soins prodigués aux patients sont transférées d’une unité hospitalière à l’autre et lors des changements de quart. La perception positive que le personnel a de la sécurité des transferts et des transitions varie de 54 % en Slovénie à 32 % en Belgique et en Écosse (Royaume-Uni). En moyenne dans les pays de l’OCDE, moins de la moitié du personnel hospitalier interrogé estime que les transferts et les transitions sont suffisants. Le Graphique 6.25 montre également qu’à peine plus de la moitié des soignants ont une perception globalement positive de la sécurité des patients, ce qui signifie que selon eux, les procédures et les systèmes adoptés sur leur lieu de travail permettent de prévenir efficacement les erreurs et qu’il n’y a pas de problèmes de sécurité des patients (OCDE, à paraître[37]).

Le point de vue des patients est également essentiel pour rendre les systèmes de santé plus sûrs et davantage centrés sur la personne. Compte tenu de l’importance du point de vue des patients, l’OCDE a élaboré un instrument d’enquête pilote visant à mesurer le vécu de la sécurité rapporté par les patients (OCDE, 2019[38]) , et plusieurs pays de l’OCDE ont testé cet instrument. Pour renforcer les systèmes de santé fondés sur l’avis de la population, quelques pays de l’OCDE ont commencé à utiliser systématiquement les indicateurs du vécu de la sécurité rapporté par les patients. Ainsi, la Pologne utilise ces indicateurs dans le cadre de son mécanisme d’agrément des prestataires, et l’Allemagne s’en sert comme l’un des éléments d’un projet de signalement des incidents.

Selon l’enquête 2020 du Commonwealth Fund, la proportion de patients ayant rapporté des expériences d’erreurs médicales au cours des deux dernières années a varié de 3 % en Allemagne à 13 % en Norvège en 2020. Parmi les patients hospitalisés, la proportion était de 5 % au Nouveau-Brunswick (Canada) et en Estonie et de 9 % en Pologne (Graphique 6.26). Le Nouveau-Brunswick (Canada) et la Pologne ont évalué la comparabilité des taux d’incidents rapportés par les patients et ont constaté que les données rapportées par les patients étaient comparables aux données recueillies dans les dossiers médicaux. Cependant, il convient de noter que les deux sources de données peuvent ne pas prendre en compte certains types de préjudices. Ainsi, il est possible que les patients ne signalent pas de préjudices physiques si ces derniers ne sont pas immédiatement identifiables (contrairement à la douleur et à l’infection) et si un prestataire ne les informe pas de leur apparition. Les dossiers médicaux peuvent ne pas inclure des préjudices tels qu’une mauvaise communication, la détresse et l’inquiétude, bien que la réponse aux besoins informationnels et émotionnels des patients soit essentielle pour la sécurité des soins et leur centrage sur la personne.

Parmi les différents types d’incidents liés à la sécurité des patients, les incidents liés aux médicaments sont les plus fréquemment rapportés dans les différents pays. La proportion de personnes ayant déclaré avoir reçu un mauvais médicament ou une mauvaise dose de la part d’un médecin, d’un infirmier, d’un hôpital ou d’un pharmacien au cours des deux dernières années était comprise entre 3 % en Australie et 7 % en Norvège (Graphique 6.27). En Pologne, 3 % des patients hospitalisés ont signalé des incidents liés aux médicaments. Ces données doivent être interprétées avec prudence : elles peuvent être sous-déclarées, les patients ne connaissant pas nécessairement toutes les causes d’erreur médicale.

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