Résumé

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fixe des objectifs ambitieux pour les populations, la planète et la prospérité. Où en sont les pays de l’OCDE dans la réalisation des ODD ? Quel impact la pandémie de COVID-19 a-t-elle eu sur leurs progrès ? Et dans quel mesure les angles morts qui subsistent pèsent-ils dans l’appréciation portée sur les progrès des pays de l’OCDE ? Le présent rapport de l’OCDE, Un chemin court et sinueux jusqu’à 2030 : Mesurer la distance à parcourir pour atteindre les cibles des ODD, vise à aider les pays membres à évaluer leur situation actuelle au regard des ODD, à apprécier dans quel sens ils ont évolué récemment et à quel rythme, et à repérer les domaines dans lesquels ils doivent faire davantage d’efforts. Il met aussi en lumière les travaux statistiques à mener, en montrant ce que nous ignorons encore et à quel point ces inconnues peuvent entraver à la fois la réalisation des ODD et la détermination des lacunes à combler en priorité.

À moins de dix ans de l’échéance, les pouvoirs publics doivent agir plus vigoureusement pour concrétiser le Programme 2030. Jusqu’à présent, la zone OCDE considérée dans son ensemble a déjà rempli 10 des 112 cibles pour lesquelles il est possible de mesurer ses performances et 18 autres sont proches d’être atteintes (principalement des cibles portant sur la satisfaction des besoins élémentaires et la mise en place d’instruments et de cadres d’action). Mais il reste beaucoup à faire. Il apparaît notamment que 21 cibles sont loin d’être atteintes et que les pays semblent partis pour n’en remplir aucune. En particulier, ils pourraient faire beaucoup mieux dans plusieurs domaines clés, pour que personne ne soit laissé pour compte, pour rétablir la confiance à l’égard des institutions et pour réduire les pressions sur l’environnement. Cela étant, le Programme 2030 est par essence une initiative mondiale et les pays de l’OCDE devraient aussi poursuivre leurs efforts au-delà de leurs frontières.

Les pays de l’OCDE devraient favoriser l’inclusion. Dans les pays de l’OCDE, un habitant sur huit est en situation de pauvreté monétaire, et dans la plupart d’entre eux, la pauvreté n’a pas reflué durant les dernières décennies. Par ailleurs, de nombreux groupes, dont les femmes, les jeunes adultes et les migrants, affrontent des difficultés plus importantes que le reste de la population. Par exemple, malgré des progrès significatifs, les droits et les opportunités des femmes restent limités dans la sphère privée comme dans la sphère publique. En outre, les inégalités ont tendance à être aggravées par des comportements préjudiciables à la santé comme la malnutrition ou le tabagisme, plus répandus parmi les catégories socioéconomiques modestes, ainsi que par les disparités en matière d’éducation.

Si la pandémie a souligné l’importance de la confiance pour la démocratie, les pays de l’OCDE sont encore loin d’avoir atteint les cibles qui s’y rapportent. La confiance et la transparence sont essentielles à toute société pour pouvoir absorber les chocs et s’en remettre rapidement. Pourtant, les données disponibles montrent que la confiance dans les institutions est depuis longtemps orientée à la baisse dans les pays développés. La confiance à l’égard des pouvoirs publics est l’expression de diverses interactions économiques, sociales et politiques entre ceux-ci et les citoyens. À l’aune des cibles relatives aux aspects critiques pour la confiance que sont notamment l’accessibilité, la responsabilité, la transparence et la diversité dans les institutions publiques, les progrès des pays de l’OCDE restent insuffisants.

Les pressions environnementales augmentent. La délocalisation à l’étranger d’activités de production polluantes ou grosses consommatrices de ressources a permis aux pays de l’OCDE de progresser dans quelques domaines. Le recours aux ressources physiques pour soutenir la croissance économique reste toutefois important, et de nombreux matériaux utiles continuent d’être éliminés sous la forme de déchets. Sur le front du climat, bien que les émissions de gaz à effet de serre aient, dans une certaine mesure, été découplées de la croissance de la population et du PIB, elles continuent d’augmenter dans certains pays. De plus, malgré l’engagement pris par les pays du G20 d’éliminer progressivement les subventions inefficaces aux énergies fossiles, les grandes économies continuent de soutenir la production et la consommation de ces combustibles. Quant à la biodiversité, si certaines évolutions en matière de protection des écosystèmes sont encourageantes, les menaces qui pèsent sur elle continuent de croître. Ainsi, aucun des 21 objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique arrivés à maturité en 2020 n’a été atteint par l’ensemble des pays de l’OCDE.

Les progrès des pays de l’OCDE en direction des cibles définies dans le Programme 2030 ont été sérieusement entravés par le déclenchement de la pandémie de COVID-19, à partir de la fin 2019. En novembre 2021, on dénombrait plus de 2.3 millions de décès dus au COVID-19 dans les pays de l’OCDE. Au-delà de ce lourd bilan humain, la crise causée par la pandémie est à bien des égards sans précédent.

La récession provoquée par la pandémie de COVID-19 a été la plus grave – mais aussi la plus brève – que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Les pays de l’OCDE ont fait de leur mieux pour répondre à la crise à l’échelle et avec la célérité requise, mais la plupart des gouvernements n’étaient pas préparés à l’affronter. La pandémie a aussi exacerbé certaines faiblesses structurelles qui affectent de longue date les pays de l’OCDE, ébranlé les institutions et mis sous pression les sources de financement public.

La pandémie a toutefois suscité quelques évolutions positives. La contraction de l’activité économique qu’elle a provoquée s’est traduite par une amélioration temporaire de l’état de l’environnement. La crise du COVID-19 a en outre conduit les gouvernements des pays de l’OCDE à reconsidérer certaines idées reçues au sujet du rôle des politiques macroéconomiques et à prendre en conséquence des mesures budgétaires d’une ampleur jamais vue depuis plus de 50 ans. Les plans de relance adoptés par la plupart d’entre eux offrent une occasion de reconstruire en mieux et de renforcer la résilience systémique afin de faire face aux chocs futurs.

Il est primordial que tous les pays aient la capacité de suivre les progrès accomplis au regard des ODD pour que le Programme 2030 soit couronné de succès, et pour que chacun puisse s’assurer que les mesures de relance prises dans le contexte du COVID-19 s’accordent avec les ODD. Un défi que doivent encore relever les gouvernements des pays de l’OCDE consiste à s’attaquer aux nombreux angles morts qui empêchent d’appréhender pleinement le chemin déjà parcouru vers la réalisation des ODD. Les données manquantes influencent l’évaluation des progrès accomplis au regard du Programme 2030 – à défaut de bien les cerner, on risque d’aboutir à des conclusions biaisées. Par exemple, si le cadre de mesure relatif aux ODD est incomplet, qu’il n’est pas actualisé ou qu’il ne couvre pas tous les segments de la population, les déductions quant à l’efficacité des politiques publiques peuvent s’en trouver faussées. Il en va de même si les outils de diagnostic ne permettent pas d’obtenir une évaluation complète des tendances les plus récentes, tout particulièrement en ces temps d’incertitude. On dispose certes de données pour 136 des 169 cibles, mais certaines de ces données ne permettent pas d’apprécier correctement les résultats obtenus jusqu’à présent ni l’évolution des performances dans le temps. Au-delà de la disponibilité, de nombreuses autres carences – concernant par exemple l’actualité ou la granularité des données – influencent la compréhension des progrès accomplis au regard du Programme 2030.

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