Aidants informels
Les aidants informels sont une source majeure, et souvent la seule, de soins pour les personnes ayant besoin de soins de longue durée dans les pays de l’OCDE. Dans les 19 pays de l’OCDE analysés, environ 60 % des personnes âgées déclaraient ne recevoir que des soins informels (Rocard and Llena-Nozal, 2022[1]). Les soins informels sont prodigués par la famille les amis et les proches des personnes qui ont besoin d’aide dans leurs activités de la vie quotidienne. Du fait de la nature informelle des soins, il n’est pas simple d’obtenir des données comparables. Les données présentées dans cette section sont issues d’enquêtes nationales et internationales, mais ces dernières n’utilisent pas toutes les mêmes définitions, ce qui nuit à la comparabilité des données recueillies (voir l’encadré « Définition et comparabilité »).
Dans 25 pays de l’OCDE disposant de données comparables, plus d’une personne âgée de 50 ans et plus sur huit (13 %) a prodigué des soins informels – de 6 % en Lettonie à plus de 20 % en Autriche et en Belgique (Graphique 10.15). L’importance de l’aide varie cependant selon les pays. En moyenne, 8 % des répondants ayant répondu à l’enquête dans 25 pays de l’OCDE ont indiqué prodiguer des soins informels tous les jours, contre 6 % chaque semaine. Le pourcentage d’aidants intervenant quotidiennement est le plus élevé en Autriche (13 %), et le plus bas en République slovaque (3 %) et en Lettonie (3 %). S’agissant des aidants venant chaque semaine, le pourcentage le plus élevé est observé en Belgique (14 %), et le plus bas en Grèce, en Hongrie et en Lettonie (2 %).
Les aidants informels sont le plus souvent des femmes. Dans les 25 pays de l’OCDE, 60 % de ces aidants étaient des femmes (de 37 % en Suisse à 80 % en Hongrie) (Graphique 10.16). La proportion de femmes est particulièrement élevée dans les pays de l’OCDE du sud et du sud-est de l’Europe (plus de 70 % des aidants informels sont des femmes en Grèce, en Espagne et en Hongrie). En moyenne dans 23 pays de l’OCDE, 29 % des aidants au quotidien déclaraient être salariés ou indépendants (en plus des soins informels qu’ils prodiguent), d’environ la moitié des aidants en Suisse et aux Pays-Bas, à 10 % ou moins en Lettonie et en Hongrie (Graphique 10.17).
La prise en charge intensive peut avoir des effets négatifs sur l’état psychique et sur le taux d’activité, et conduire par exemple à une réduction des heures travaillées ou à une retraite anticipée. Pourtant, des politiques actives du marché du travail peuvent permettre de réduire la quantité de soins informels prodigués (Carrino, Nafilyan and Avendano, 2022[2]). Environ deux tiers des pays de l’OCDE ont mis en place des politiques visant à soutenir les travailleurs non professionnels et à alléger le fardeau des soins informels, comme des prestations en espèces versées aux aidants, aux personnes dépendantes, ou aux deux. En outre, environ la moitié des pays de l’OCDE prévoient divers types de congés rémunérés pour les aidants informels, mais qui ne remplacent pas nécessairement les pertes de salaire, et peuvent être nettement insuffisants lorsque la prise en charge s’inscrit dans la durée (Rocard and Llena-Nozal, 2022[1]). Il est probable qu’à l’avenir, les pays ne puissent plus autant compter sur les aidants informels pour constituer les principaux pourvoyeurs de soins de longue durée. La demande de soins de longue durée va s’accroître en raison du vieillissement de la population et des besoins de soins qu’il créera (voir la section « Évolution démographique »). Parallèlement, avec des familles de moins en moins nombreuses, une mobilité géographique accrue et la hausse des taux d’activité des femmes, les aidants informels seront de moins en moins nombreux. Les pays devront donc développer le secteur professionnel des soins de longue durée pour répondre aux besoins non satisfaits.
Les aidants informels sont définis comme les individus qui dispensent une aide à des parents, des amis ou des proches plus âgés, résidant ou non au domicile de l’aidant et ayant besoin d’aide dans leurs activités de la vie quotidienne. Les données présentées ici n’englobent que les personnes de 50 ans et plus, et sont issues d’enquêtes nationales pour l’Australie (Survey of Disability, Aging and Carers, SDAC), le Royaume-Uni (English Longitudinal Study of Ageing, ELSA), les États-Unis (Health and Retirement Survey, HRS) et d’une enquête internationale pour les autres pays européens (SHARE).
Les questions sur l’intensité des soins varient d’une enquête à l’autre. Dans l’enquête SHARE, il est demandé aux aidants à quelle fréquence ils prodiguent des soins et cet indicateur inclut les personnes assurant une prise en charge au moins une fois par semaine. Il est important de souligner que la pandémie de COVID-19 a peut-être aidé les individus à prendre conscience de leur rôle et à s’identifier en tant qu’aidant informel. Dans l’enquête ELSA, il est demandé aux sondés s’ils ont dispensé des soins au cours de la semaine précédente, ce qui est à peu près comparable à « au moins une fois par semaine ». Les questions figurant dans les enquêtes HRS et SDC sont moins comparables avec celles de SHARE. Dans l’enquête HRS, les aidants sont inclus s’ils ont assuré plus de 200 heures de soins au cours de l’année précédente. Dans l’enquête SDAC, un aidant est défini comme quelqu’un qui fournit une assistance informelle, en termes d’aide ou de supervision, à une ou des personnes âgées (65 ans et plus) ou présentant une incapacité. Cette assistance doit être continue, ou susceptible de l’être pendant au moins six mois. Les personnes qui s’occupent d’enfants handicapés ne sont pas prises en compte dans les pays européens mais le sont dans les données des États-Unis et de l’Australie. Cependant, les données des États-Unis incluent uniquement les personnes qui s’occupent de quelqu’un en dehors de leur ménage, tandis que l’Australie prend en compte l’ensemble des aidants informels (et uniquement les aidants principaux). De ce fait, il est possible que les données relatives à l’Australie et aux États-Unis ne soient pas comparables avec celles des autres pays.
Références
[2] Carrino, L., V. Nafilyan and M. Avendano (2022), “Should I Care or Should I Work? The Impact of Work on Informal Care”, Journal of Policy Analysis and Management, Vol. 42/2, pp. 424-455, https://doi.org/10.1002/pam.22457.
[1] Rocard, E. and A. Llena-Nozal (2022), “Supporting informal carers of older people : Policies to leave no carer behind”, Documents de travail de l’OCDE sur la santé, No. 140, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/0f0c0d52-en.