Sécurité des soins intensifs – complications chirurgicales et traumatismes obstétricaux

La sécurité des patients, c’est-à-dire la prévention des atteintes à la santé au cours des activités de soins, reste une question urgente dont les coûts socioéconomiques sont considérables dans les pays de l’OCDE. Selon les estimations, jusqu’à 13 % des dépenses de santé sont consacrées au traitement des patients ayant subi un dommage corporel pendant les soins, sachant que la majorité de ces dommages pourraient être évités si les protocoles de sécurité et les recommandations pour la pratique clinique étaient respectés (Slawomirski and Klazinga, 2022[1]). Pour réaliser des progrès durables en matière de sécurité des soins et atteindre les objectifs du Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-30 de l’OMS, il est essentiel de mettre l’accent sur la promotion d’une culture de la sécurité des patients (voir la section « Sécurité des soins intensifs – culture sur le lieu de travail et vécu des patients ») et sur l’amélioration à la fois des processus et des résultats (voir la section « Résultats déclarés par les patients en matière de soins intensifs ») (OMS, 2021[2]).

La chirurgie pour fracture de la hanche est généralement pratiquée en urgence ; par conséquent, une intervention pratiquée à un stade précoce, à savoir dans les 48 heures, peut améliorer considérablement les résultats chez les patients et limiter le risque de complications. De nombreux facteurs, dont le nombre de blocs opératoires dont disposent les hôpitaux, le flux et l’accès ainsi que les interventions ciblées, influent sur le délai d’intervention chirurgicale.

Dans les pays de l’OCDE, plus de quatre patients sur cinq (80 %) admis pour une fracture de la hanche ont subi une intervention chirurgicale dans les 48 heures en 2021, cette proportion allant de 99 % en Islande à 47 % au Portugal (Graphique 6.20). Par rapport à 2011, la proportion de patients dont l’intervention chirurgicale a été pratiquée à temps a augmenté en 2021 de plus de 20 % en Israël et en Italie, des pays qui ont commencé à suivre cet indicateur de qualité afin de promouvoir la pratique d’une intervention à temps en cas de fracture de la hanche, tandis que les taux ont diminué au cours de la même période en Lituanie et en Estonie. Entre 2019 et 2021, la Türkiye et la Lituanie ont enregistré des baisses substantielles associées à des contraintes de capacité pendant la pandémie (OCDE, 2023[3]).

L’arthroplastie, souvent recommandée comme traitement de dernier recours de l’arthrose en cas d’échec des interventions non chirurgicales, comporte des risques d’embolie pulmonaire (EP) et de thrombose veineuse profonde (TVP) postopératoires. L’EP et la TVP sont à l’origine de douleurs inutiles, d’une perte de mobilité, voire de décès dans certains cas, mais les anticoagulants ainsi que d’autres mesures permettent de les éviter.

Le Graphique 6.21 illustre l’importante variation des taux d’un pays à l’autre en 2021, une variation allant de 57 cas d’EP ou de TVP pour 100 000 sorties d’hôpital en Italie à 1 192 pour 100 000 en Australie. Cette variation peut s’expliquer par plusieurs facteurs tels que les différences en matière de pratiques de diagnostic et de codage. Dans certains cas, un taux élevé tiendra à un système plus complet de surveillance de la sécurité des patients et à une culture de la sécurité des patients fondée sur la transparence, et non à une moindre qualité des soins. De nombreux pays ont signalé des taux plus élevés en 2021 qu’en 2019, une situation probablement liée à l’évolution du type de pathologies traitées, la priorité étant devenue l’arthroplastie pour les patients exposés à des risques plus élevés et confrontés à une baisse de la capacité en matière de soins intensifs.

Une grave déchirure périnéale lors d’un accouchement par voie basse est un événement indésirable portant gravement atteinte à la sécurité des patientes qui nécessite souvent une intervention chirurgicale et peut engendrer des complications telles que des douleurs périnéales et l’incontinence. Bien que la prévention ne soit pas toujours possible, une gestion appropriée de l’accouchement et des soins obstétriques de grande qualité peuvent réduire la fréquence des déchirures (Wilson and Homer, 2020[4]).

Le Graphique 6.22 montre que les taux de traumatismes obstétricaux varient d’un pays à l’autre en ce qui concerne les accouchements assistés, allant de moins de 2 % en Lituanie, en Israël et en Pologne à plus de 10 % au Canada, aux États-Unis et au Danemark. L’incidence des traumatismes lors des accouchements non assistés varie de moins de 0.5 % en Pologne, en Lituanie, au Costa Rica et en Lettonie à plus de 3 % au Danemark, en Islande et au Canada. Les différences entre les pays, notamment l’exhaustivité et la transparence du système de surveillance de la sécurité des patients, les taux de césariennes, les pratiques de codage, les fortes variations d’une année sur l’autre dans les pays où le nombre d’accouchements assistés est très faible ainsi que le taux d’utilisation des données administratives par rapport aux données des registres obstétriques, influent sur les taux.

Références

[3] OCDE (2023), Ready for the Next Crisis? Investing in Health System Resilience, Études de l’OCDE sur les politiques de santé, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/1e53cf80-en.

[2] OMS (2021), Global patient safety action plan 2021-2030: towards eliminating avoidable harm in health care, Organisation mondiale de la santé, https://apps.who.int/iris/handle/10665/343477.

[1] Slawomirski, L. and N. Klazinga (2022), “The economics of patient safety: From analysis to action”, Documents de travail de l’OCDE sur la santé, No. 145, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/761f2da8-en.

[4] Wilson, A. and C. Homer (2020), “Third‐and fourth‐degree tears: A review of the current evidence for prevention and management”, Australian and New Zealand Journal of Obstetrics and Gynaecology, Vol. 60/2, pp. 175-182, https://doi.org/10.1111/ajo.13127.

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