2. Stratégie, gestion et culture nécessaires à l’instauration d’un climat propice à l’innovation

La stratégie, l’exercice d’un leadership et la gestion sont autant d’éléments qui insufflent une dynamique à l’innovation et créent le climat porteur dans lequel les mentalités et les approches innovantes peuvent croître et prospérer. Ils établissent notamment un contexte propice à l’innovation, encouragent et stimulent la participation, favorisent l’instauration d’une culture où des idées novatrices sont produites et exploitées, et investissent dans les systèmes et processus auxiliaires.

Les réponses à l’enquête auprès des membres CAD, leurs documents internes et d’autres études attestent des efforts engagés pour concevoir, développer, mettre en œuvre et amplifier des solutions innovantes et créatives à l’appui de l’aide humanitaire et du développement. Dans certains cas, ces opérations se sont déroulées sur plusieurs décennies et s’appuient sur des efforts connexes (Encadré 2.1).

Si l’importance et l’utilité de ces activités sont incontestables, il ressort clairement des études de cas et de l’enquête menée auprès des membres que l’innovation a acquis une dimension stratégique et une portée institutionnelle plus formelles au cours de la décennie écoulée. L’innovation fait désormais partie intégrante, implicitement et explicitement, des ambitions institutionnelles des membres du CAD (20 enquêtés sur 24 ont répondu par l’affirmative). Le terme apparaît dans bon nombre, sinon dans la plupart, des stratégies et déclarations d’orientation de haut niveau, notamment les déclarations et discours ministériels, les livres blancs, les stratégies ministérielles, et les stratégies propres aux différents services, y compris ceux portant sur certains secteurs, pays et thématiques.

Ces références à l’innovation indiquent que celle-ci remplit différents rôles et fonctions dans les pays membres du CAD, et sert notamment à :

  • utiliser de manière plus efficace et efficiente des ressources rares

  • maximiser les retombées sur les bénéficiaires visés

  • tirer parti des nouvelles technologies, notamment, mais pas exclusivement, les innovations numériques

  • mobiliser les idées émanant d’autres sphères que celles du développement, en particulier du secteur privé, mais aussi des milieux scientifiques et universitaires

  • transformer certains domaines d’activité de la coopération internationale, et le fonctionnement du secteur dans son ensemble.1

Certains membres ont fait de l’innovation un objectif secondaire de leurs stratégies et politiques générales, et lui ont en outre consacré des déclarations qui énoncent des ambitions et des engagements institutionnels précis. Dans un tiers des cas environ, ceux-ci revêtent la forme de stratégies, politiques ou déclarations formelles portant spécifiquement sur l’innovation (Encadré 2.2). Certaines de ces déclarations stratégiques se rapportent à des domaines apparentés, comme le développement numérique, les technologies pionnières ou les données au service du développement.

Dans toutes les organisations ayant fait l’objet d’études de cas, on trouve de nombreux exemples d’appui de la hiérarchie au développement et à l’amélioration de l’innovation en vue d’atteindre les objectifs organisationnels et d’obtenir des résultats favorables aux communautés pauvres et vulnérables. Ces prises de position ont acquis une urgence nouvelle compte tenu des accords mondiaux présentés au chapitre 1. En particulier, l’innovation est plus que jamais jugée essentielle si la communauté internationale veut atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et répondre aux besoins mondiaux en matière humanitaire.

L’analyse des réponses à l’enquête montre que les membres du CAD sont parvenus à des stades distincts du développement stratégique de l’innovation, les nouveaux expérimentateurs figurant à une extrémité du spectre, les développeurs dynamiques, au milieu, et les intégrateurs établis à l’autre extrémité (Tableau 2.1).

L’innovation est souvent formellement présentée comme un moyen d’intégrer les travaux des différents silos institutionnels. En réalité, ces derniers déterminent et limitent souvent les actions stratégiques en matière d’innovation. Les innovations dans le domaine de la santé mondiale, par exemple, comptent parmi les plus avancées dans la sphère du développement et de l’aide humanitaire, grâce aux investissements substantiels réalisés ces vingt dernières années par les donneurs bilatéraux et multilatéraux et par les fondations philanthropiques. Or, les enseignements dégagés de ces innovations n’ont généralement pas essaimé en dehors de ce sous-secteur, malgré l’intérêt considérable qu’ils présentent pour d’autres domaines.

Des cloisonnements sont aussi observables au sein des activités d’innovation et entre elles. Pour de nombreux agents qui ne travaillent pas directement dans le secteur, l’innovation s’inscrit dans un ensemble de termes souvent ambigus et interchangeables qui comprend le numérique, la technologie, la science, la recherche et les données. Il existe en outre de nombreux cloisonnements entre l’innovation et d’autres fonctions de l’organisation, notamment les domaines étroitement liés et qui se recoupent de la stratégie, de l’action publique, de la prospective et de l’apprentissage. Il serait profitable de mieux coordonner ces activités, notamment les programmes qui mobilisent l’ensemble d’un organisme, comme ceux visant à élaborer de nouvelles stratégies ou à renforcer le leadership face à l’incertitude et à la complexité.

Les nombreuses applications de l’innovation sont signe de réussite et témoignent de la diversité des éclairages que les innovations peuvent apporter à la définition des politiques et programmes humanitaires et de développement. Cela dit, l’innovation risque de devenir une simple formule, dont l’évocation récurrente au fil des déclarations stratégiques et des discours vise à séduire. Au niveau conceptuel, cet usage généralisé risque de diluer l’objectif stratégique : si tout est qualifié d’innovation, rien ne l’est en réalité.

Dans les pays étudiés, la recherche d’innovation a suivi de multiples orientations, idées et méthodes. Elle s’est traduite par des mutations fondamentales comme des changements progressifs ; elle a porté sur des technologies comme sur les comportements; enfin, elle a consisté en expérimentations liminaires comme en transformations systémiques de plus grande envergure. Elle a porté sur des problèmes spécifiques dans un domaine précis des activités humanitaires ou de développement (la santé, par exemple), et contribué plus généralement à modifier le fonctionnement de l’ensemble du secteur face à un problème donné (États fragiles, ou égalité femmes-hommes et autonomisation).

C’est là le résultat inévitable de la décentralisation opérationnelle et thématique dans les pays étudiés, phénomène observé dans d’autres domaines de travail des membres du CAD. Cette multiplicité peut désorienter le personnel qui s’interrogera sur ce en quoi l’innovation consiste exactement, son fonctionnement, ou les raisons pour lesquelles elle fonctionne. Cette réaction, bien qu’elle ne soit ni rare, ni forcément problématique, pose une difficulté dans les organismes qui n’en ont pas clairement formulé une définition commune. Cela a souvent été le cas avec l’innovation : toutes les études de cas font apparaître une multitude d’optiques diverses, mais l’orientation générale semble consister à laisser des milliers d’innovations s’épanouir plutôt que d’essayer de synthétiser ou d’intégrer les différentes approches.

L’élément commun aux différentes stratégies d’innovation examinées dans le cadre de l’exercice d’apprentissage entre pairs (PLE) sur l’innovation au service du développement est que bon nombre d’entre elles se fondent sur l’hypothèse implicite de « transmission de l’innovation » par les pays membres du CAD, par opposition à une « facilitation de l’innovation », menée en collaboration avec les partenaires dans les pays en développement et à leur profit.

Si les cadres dirigeants déploient un solide argumentaire à l’appui de l’innovation en tant que résultat, leur soutien au processus qui l’accompagne est généralement moins manifeste, surtout en ce qui concerne les questions liées à la prise de risques et à la gestion des échecs : ainsi, malgré les déclarations et discours favorables à l’innovation des instances dirigeantes, leur appui ne s’est pas toujours traduit par une adhésion globale aux nouveaux modes de travail et aux nouveaux comportements.

C’est ce qui ressort tout particulièrement des cas où les hauts responsables attendent des résultats concrets et rapides des investissements dans l’innovation, et sous-évaluent le temps nécessaire pour que des idées prometteuses aient des effets positifs sur le développement. Parfois, leur engagement envers l’innovation est fluctuant et difficilement prévisible, et influencé par leurs points de vue personnels. Ces comportements peuvent donner l’impression que les activités d’innovation sont à la fois des « projets fétiches » et quelque peu éphémères.

La culture, les capacités et l’état d’esprit des organisations créent un contexte propice aux activités d’innovation. Une organisation qui favorise l’innovation est une organisation dont les employés sont habilités à innover, qui investit dans les compétences et les capacités pertinentes, individuellement et collectivement, et qui se montre fondamentalement favorable et tolérante vis-à-vis de la recherche et de l’expérimentation.

Dans les pays étudiés, deux des réflexions les plus couramment entendues par les équipes ayant participé à l’exercice d’apprentissage entre pairs sont les suivantes :

  • « Nous avons toujours été innovants – l’innovation a toujours été l’une de nos raisons d’être ».

  • « En fait, qu’est-ce que l’innovation ? Nul ne le sait ou n’est en mesure de l’expliquer ».

Cette apparente contradiction tient en partie à la situation de l’innovation dans le secteur plus généralement. Alors que la gestion de l’innovation existe depuis plus d’un siècle dans le monde de l’entreprise, elle est relativement nouvelle dans la sphère du développement et de l’aide humanitaire. Les « convertis à l’innovation » sont fermement convaincus de son potentiel à faire évoluer les pratiques et les résultats dans ces domaines. Il apparaît en tous cas que les innovations fructueuses peuvent transformer le secteur et les communautés pauvres et vulnérables partout dans le monde. Les pays étudiés signalent plusieurs « grandes victoires » historiques dues à l’innovation, qu’il s’agisse de campagnes comportementales ou de vaccins et d’innovations financières. De nombreux programmes, projets, et progrès techniques sont en cours dans les pays membres du CAD. Le personnel concerné fait preuve d’une passion, d’une motivation et d’un enthousiasme remarquables pour ces activités. Même quand ils ne participent pas directement au processus, de nombreux agents des organismes donneurs tirent une grande fierté de l’innovation quand elle porte ses fruits.

Cela dit, les membres du CAD ne font pas toujours systématiquement valoir l’importance et l’utilité de l’innovation au personnel et aux partenaires. Il est difficile de déterminer si l’innovation est ancrée dans les réalités organisationnelles ou si elle est déconnectée des tendances et des modes politiques.

Cela montre également qu’il n’existe pas de culture organisationnelle unique en matière d’innovation dans les pays membres du CAD. Au contraire, une multiplicité de cultures peut être observée – dont certaines encouragent l’innovation, et d’autres s’y opposent. Si l’on peut voir dans l’innovation une microculture naissante, la culture qui prévaut dans les organisations des pays membres du CAD ne favorise généralement pas la créativité et l’innovation, malgré quelques exceptions partielles (voir l’Encadré 2.3).

L’appétence de l’organisation pour le risque est un élément déterminant de l’efficacité des processus de gestion de l’innovation. Il ressort clairement des études de cas qu’elle varie considérablement selon les échelons et les services de l’organisation, et à l’intérieur de ces derniers. Il n’existe pas plus de « cadre unique de gestion des risques » que de culture unique de l’innovation. Les catégories et les niveaux de risque jugés acceptables dépendent plutôt des interprétations et de la capacité ou de la tolérance, individuelles et collectives. Des équipes et des services distincts ont des cultures et des points de vue différents en matière de gestion des risques, ce qui tient en partie aux « îlots » créés par des cadres dirigeants disposés à expérimenter des approches nouvelles et créatives.

Ainsi, ce qui est jugé possible dans un pays ou un secteur, par exemple, peut être le fruit de l’impulsion donnée par les autorités à l’échelon national dans le premier cas, ou de celle donnée par un groupe de spécialistes du secteur dans le second. Ce phénomène est observable dans toutes les études de cas, où certains individus sont jugés avoir favorisé l’instauration d’un climat propice à l’innovation, la situation s’inversant après leur départ.

Les études de cas mettent en évidence un certain nombre de bonnes pratiques pour gérer les liens entre innovation et risques :

  • indiquer clairement qu’il est plus important de maîtriser les risques que de les limiter

  • moduler constamment l’appétence pour le risque

  • intégrer la gestion des risques à l’ensemble du cycle d’innovation, au niveau des projets comme des programmes

  • acquérir de nouvelles compétences en matière de gestion des risques

  • contrôler l’efficacité de la gestion des risques.

Dans le cadre de l’enquête et des études de cas, les membres du CAD ont évoqué diverses capacités et compétences nécessaires en matière de :

  • Connaissances et expérience en matière de développement et d’aide humanitaire : les innovateurs doivent avoir – ou être en mesure d’acquérir – une connaissance approfondie des enjeux et des problèmes auxquels les communautés pauvres et vulnérables sont confrontées, et bien mesurer les limites et les possibilités que présentent les approches existantes pour s’y attaquer.

  • Élaboration et gestion des programmes d’innovation : pour assurer la mise au point et le contrôle efficaces de nouveaux dispositifs de financement et d’autres mécanismes de soutien à l’innovation.

  • Appui technique à l’innovation : pour conseiller et soutenir les mandataires, les concepteurs de programmes d’innovation, les responsables et les innovateurs.

  • Compétences en matière d’innovation : pour recenser les problèmes, produire des idées et des propositions, exécuter et évaluer des projets innovants, mener des campagnes de communication et de sensibilisation pour diffuser les approches et les mettre à l’échelle, et établir une coopération et une organisation au service de l’innovation (conformément au cadre de capacités pour l’innovation utilisé pour l’exercice d’apprentissage entre pairs).

Les pays membres du CAD ont engagé des travaux, au niveau national et international, dans chacun de ces domaines afin de renforcer les compétences de leurs services et celles de leurs partenaires par différents moyens : formation formelle, accompagnement, mentorat et création de réseaux (Encadré 2.4).

La majorité des personnels des membres du CAD n’est pas encore convaincue de l’intérêt de l’innovation. Dans certaines organisations, une partie des hauts responsables et des agents en contact avec le public y est favorable, mais les échelons intermédiaires y sont insensibles. Dans d’autres, c’est le personnel des échelons intermédiaires qui est source de dynamisme et de créativité, alors que la direction et le personnel de première ligne sont plus partagés. Si la source de dynamisme au sein de la hiérarchie varie selon les organisations, il n’existe aucun environnement franchement propice à l’innovation, où celle-ci serait une composante pleinement acceptée des activités courantes.

En parallèle, les incitations fournies au plus haut niveau ne sont pas claires. Les appels à des solutions créatives et novatrices ne s’accompagnent pas toujours d’un appui aux nouveaux processus et modes de travail, et les processus existants ne permettent pas d’assurer une gestion robuste, systématique et viable de l’innovation. En conséquence, bon nombre d’agents voient sans doute encore dans l’innovation une activité « pour les autres, mais pas pour moi ».

Le débat sur l’innovation a été directement associé au débat sur les risques, mais principalement aux risques pour les bailleurs. Si l’on considère le cadre de gestion des risques de l’OCDE sous l’angle des donneurs (Graphique 2.1), il apparaît clairement que les risques liés à l’innovation peuvent s’inscrire dans le segment central (risques programmatiques), mais la possibilité qu’ils créent des risques institutionnels soulève aussi des inquiétudes. Ces différentes catégories de risques ne sont pas assez clairement définies en ce qui concerne l’innovation. Il est particulièrement important, lorsque l’on évalue la qualité et l’efficacité d’une nouvelle approche, d’analyser les risques du point de vue des membres du CAD, mais aussi d’examiner ceux que les approches innovantes présentent pour les utilisateurs finals et les institutions dans les pays où les programmes sont exécutés.

Dans certains pays membres, les risques expérimentaux associés à la recherche sont tolérés et acceptés parce qu’ils ne sont pas liés à des programmes particuliers. Dans d’autres, on voit dans l’intégration de la recherche aux programmes un moyen d’atténuer les risques. Pour certaines organisations, les risques liés aux approches programmatiques innovantes sont indissociables des risques institutionnels en matière de réputation et de contrôle.

Des inquiétudes s’expriment notamment quant au risque que peuvent présenter les concepts et les idées innovants compte tenu de l’état d’esprit actuel des médias vis-à-vis de l’aide et du contexte politique national chez de nombreux membres du CAD. Craignant de faire l’objet de critiques injustes, de nombreux membres du CAD sont devenus plus sensibles aux perceptions extérieures. Cela n’amène pas toujours les donneurs à limiter la place de l’innovation en tant que produit, mais justifie leur souci de ne pas être vus comme « menant des expériences avec l’argent du contribuable », ce qui augmente leur aversion au risque et les incite à privilégier les solutions habituelles plutôt que les mesures novatrices. Paradoxalement, alors que l’appétence pour l’innovation semble croître, la disposition à l’appuyer ouvertement en tant que processus paraît diminuer. Certains membres du CAD se sont attaqués directement au problème – un exemple intéressant étant la façon dont le ministère britannique du Développement international (DFID) a défini deux nouvelles catégories de risques associés aux éventuels inconvénients que présente l’absence d’innovation (Encadré 2.5).

Dans le secteur privé, il est entendu que les innovateurs performants sont ceux qui s’emploient activement et systématiquement à supprimer les freins et les obstacles à l’innovation ; dans ce domaine, la capacité d’initiative est aussi importante que la gestion. Les membres du CAD admettent quant à eux que les bons dirigeants créent un climat propice à l’innovation, mais souhaitent intégrer cet élément, d’une manière ou d’une autre, à l’architecture institutionnelle. C’est peut-être là une vision erronée des facteurs qui font que l’innovation est efficace : ce sont précisément les aspects humains de l’innovation qui doivent être renforcés et placés au centre du programme d’innovation. Comme le relèvent toutes les études de cas, il n’y a pas d’innovation sans humains.

Il est généralement admis que tous les programmes ou effectifs techniques ne seront pas innovants, mais peu de mesures sont prises pour remédier à cette situation dans les différentes sphères professionnelles. Ces compétences sont généralement transmises dans le cadre de méthodes d’apprentissage tacite, notamment le mentorat et l’apprentissage par la pratique.

La mise en service d’innovations et la conception et la gestion de programmes sont des domaines auxquels des consultants extérieurs et des universitaires apportent souvent leur concours, de même que les spécialistes internes de l’innovation. Des mécanismes voient le jour qui réunissent les gestionnaires de fonds spécifiques pour qu’ils mettent en commun leurs expériences et les enseignements dégagés ; le Sida Challenge Fund Learning Group en est un bon exemple. En particulier, les arbitrages entre l’apprentissage et l’obligation de rendre compte auxquels sont confrontés tous les responsables de programmes chargés de superviser un portefeuille d’investissements prennent toute leur acuité dans le cadre des activités d’innovation, où il faut prendre davantage de risques et les administrer correctement.

Les équipes spécialisées dans l’innovation dans les pays examinés concilient généralement la mise en service des innovations et la gestion des programmes d’une part, et les activités de conseil technique d’autre part. D’ordinaire, les organisations n’investissent pas dans ces compétences. En particulier, les investissements dans les capacités organisationnelles en matière de conseil et d’assistance techniques n’ont pas pris en compte la demande potentielle des différents organismes, de sorte que les équipes spécialisées font face à une charge de travail excessive.

Globalement, le perfectionnement des compétences a en grande partie porté sur des champs spécifiques de l’innovation, permettant au personnel de mieux comprendre comment les processus d’innovation fonctionnent et la façon de les mettre en œuvre. Des investissements ont également été effectués dans des domaines de compétences apparentés, comme la conception agile orientée sur l’utilisateur, etc. (comme indiqué à l’Encadré 2.4). De manière générale, toutefois, ces dispositifs de développement des compétences et des capacités en matière d’innovation ont été occasionnels et limités par le manque de ressources. Les organisations examinées ont davantage investi dans la mise en place de programmes et d’activités, et moins dans les capacités nécessaires pour être innovantes.

Pour ces raisons, la structure et le financement actuels de ces activités risquent de créer un système à deux vitesses, composé d’une part de spécialistes de l’innovation aux connaissances pointues, d’autre part de généralistes au savoir limité. La capacité d’innovation doit s’inscrire dans une vision plus large, qui ne se limite pas à la formation. Il existe de nombreux moyens et possibilités d’améliorer l’apprentissage formel et informel, et d’établir des mécanismes institutionnalisés pour renforcer les compétences du personnel. On citera notamment :

  • le mentorat d’innovateurs et de leaders et catalyseurs d’innovation

  • l’apprentissage par la pratique dans le cadre de projets et de programmes d’innovation

  • les échanges de personnel entre secteurs et avec des organisations extérieures

  • l’apprentissage entre projets faisant l’objet d’investissements majeurs dans l’innovation.

Références

[5] AFD (2019), PLAY : un atelier qui accélère vos projets innovants d’intrapreneurs, Agence française de développement, Paris, https://www.afd.fr/fr/actualites/play-un-atelier-qui-accelere-vos-projets-innovants-dintrapreneurs (consulté le 1 janvier 2020).

[4] Eriksson, C., B. Forsberg et W. Holmgren (2004), Organisation Cultures at Sida, Agence suédoise de coopération internationale au développement, Stockholm, http://www.sida.se/contentassets/abd946b4bbfc4725aea2aa04002a1807/organisation-cultures-at-sida_2527.pdf (consulté le 1 janvier 2020).

[3] Gouvernement de l’Australie, Ministère des Affaires étrangères et du Commerce (2018), Innovation Strategy 2018-21, Ministère des Affaires étrangères et du Commerce, Barton, ACT, https://d3qlm9hpgjc8os.cloudfront.net/wp-content/uploads/2018/07/03095158/DFAT-Innovation-Strategy-FINAL.pdf (consulté le 1 janvier 2020).

[1] SIDA (2019), Successful Support for Cholera Vaccines Saves Thousands, Agence suédoise de coopération internationale au développement, Stockholm, http://www.sida.se/English/press/current-topics-archive/2019/successful-support-for-cholera-vaccines-saves-thousands (consulté le 1 January 2020).

[2] Unitaid (2018), Unitaid : l’innovation au service de la santé mondiale, Rapport annuel 2016-2017, Unitaid, Vernier, Suisse, https://unitaid.org/assets/Unitaid_Rapport-Annuel-2016-2017.pdf (consulté le 1 janvier 2020).

[6] Williams, G., A. Burke et C. Wille (2014), Development Assistance and Approaches to Risk in Fragile and Conflict Affected States, OCDE, Paris, http://www.oecd.org/dac/conflict-fragility-resilience/docs/2014-10-30%20Approaches%20to%20Risk%20FINAL.pdf (consulté le 1 janvier 2020).

Note

← 1. Ces rôles et fonctions figurent à fréquence plus ou moins égale dans les stratégies et déclarations relatives à l’innovation des membres.

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