4. Fiscalité : informer pour sensibiliser

Il n’existe pas de méthode universelle pour sensibiliser les contribuables à l’impôt. C’est pourquoi les administrations fiscales font appel à des dispositifs très divers. Nombre d’entre elles ont mis en place des programmes visant à informer les contribuables sur certains enjeux et délais. Elles ont aussi créé ou participé à des projets afin d’entrer en contact avec eux en certains endroits, des salons par exemple, ou bien même chez eux, par l’intermédiaire de programmes télévisuels ou de magazines. Pour ne pas négliger ceux qui ne peuvent être joints par ces moyens et pour leur adresser des messages précis, elles ont également établi des programmes de communication, parfois avec la participation d’universitaires et de chercheurs.

Le chapitre 3 a examiné les programmes qui cherchent à assurer des relations suivies et profondes avec les contribuables, et s’efforcent pour cela d’instaurer un dialogue avec eux et (ou) de mieux leur faire comprendre le système fiscal ; celui-ci s’intéresse aux mesures de sensibilisation. Si, inévitablement, ces initiatives se recoupent parfois, il paraît utile d’établir une distinction entre celles étudiées au chapitre 3, qui portent généralement davantage sur les méthodes pédagogiques ou sur l’établissement de relations avec le fisc, et celles traitées ici, plutôt axées sur la communication et la sensibilisation des contribuables aux évolutions de la fiscalité.

L’annexe A expose plus en détail 53 des initiatives analysées dans ce chapitre.

Le système fiscal repose sur le respect spontané des obligations ; il faut donc veiller à ce que les contribuables soient suffisamment informés de la législation fiscale et de ses évolutions. La présente section présente les initiatives les plus répandues qui visent essentiellement à assurer la promotion du système fiscal, lesquelles font principalement appel aux médias, comme la télévision ou la radio, à Internet (réseaux sociaux compris), aux contacts directs et à des publications, ce qui leur permet de diffuser leurs messages à un large public.

La plupart des campagnes « publicitaires » portent sur la législation fiscale mais d’autres, notamment celles qui s’adressent au secteur informel, adoptent une approche différente. Certaines choisissent de sensibiliser aux avantages que les dépenses publiques rendues possibles par les impôts représentent pour la société. Dans plusieurs pays, les campagnes en faveur de la régularisation des activités informelles ne visent pas directement les entreprises de ce secteur, mais leurs clients ; elles cherchent à modifier leur comportement et les incitent à exiger des factures, obligeant ainsi les vendeurs à s’adapter. Quand les clients évitent de se fournir auprès du secteur parallèle, les vendeurs se mettent en conformité avec les lois fiscales.

Les contribuables ignorent souvent leurs droits et leurs obligations. En Afrique, la difficulté à obtenir des informations sur la fiscalité paraît corrélée à un plus faible consentement à l’impôt (OECD, 2019[1]) (Mascagni, Nell et Monkam, 2017[2]) ; dans ce cas, les campagnes médiatiques peuvent utilement contribuer à renforcer le civisme fiscal. L’administration fiscale peut y faire appel pour informer les citoyens des dispositions contenues dans le code général des impôts ou les tenir au courant des nouvelles lois. Ces opérations peuvent mobiliser un ou plusieurs moyens de communication ; elles permettent par exemple aux services fiscaux de nouer un dialogue avec les contribuables sur les réseaux sociaux et par l’intermédiaire de centres d’appels, et de leur expliquer à quoi servent les impôts et ce qu’ils financent.

Les campagnes peuvent porter sur des questions générales de civisme fiscal ou sur des textes législatifs particuliers qui sont soit nouveaux, soit peu respectés. Cela a par exemple été le cas en Israël, où l’Administration fiscale israélienne (AFI) a organisé une campagne pour inciter les contribuables à respecter la nouvelle législation, entrée en vigueur en 2019, interdisant l’utilisation d’espèces pour certains paiements et transactions. La campagne a été inaugurée en décembre 2018, notamment sous forme d’informations diffusées à la radio, à la télévision, sur Internet, dans la presse et sur les réseaux sociaux. Elle a aussi eu recours à des panneaux publicitaires et organisé des réunions avec les services des représentants fiscaux. Avant de donner le coup d’envoi à la campagne et d’assurer son financement, l’AFI a mené des entretiens et présenté la loi dans les médias.

Les programmes télévisuels et radiophoniques sont également utiles en ce qu’ils permettent d’atteindre différentes catégories de contribuables. Certaines administrations, comme l’Administration des recettes de Tanzanie (Tanzania Revenue Authority, TRA) et l’Autorité fiscale nationale de la Sierra Leone (National Revenue Authority, NRA), font appel aux chaînes de radio et de télévision nationales et locales pour atteindre le plus large public possible. Les chaînes nationales diffusent les informations, annonces et messages d’ordre général, qui concernent la majorité des contribuables ; les radios locales sont utilisées pour s’adresser à certains d’entre eux, dans une région ou un district donné. Comme le montre la section suivante, les services des impôts peuvent également faire appel à ces médias pour améliorer leur image.

Les publications sont un autre moyen de diffuser des informations sur la fiscalité. L’administration fiscale néo-zélandaise (Inland Revenue Department - IRD) publie le Multinational Enterprise Compliance Focus, dont la dernière édition date de 2019. Cette publication a pour objectif de signaler aux entreprises multinationales les priorités de l’IRD en matière d’observation des règles fiscales, et de montrer à la population et aux principales parties intéressées (les ministres par exemple) qu’elle applique un programme fiable de contrôle de la discipline fiscale, notamment par sa participation active à un programme mondial, le plan d’action BEPS. L’autorité fiscale nationale de la Sierra Leone a également créé un programme pour intensifier la campagne d’éducation des contribuables, qui consiste en la publication de directives aux entreprises sous forme de brochures, à l’installation de panneaux affichant des messages éducatifs, à l’organisation d’ateliers portant sur la fiscalité et à la mise en place de comptoirs d’information fiscale mobiles. Ces mesures visent à lutter contre l’indiscipline fiscale en informant les contribuables de leurs principales obligations et des mesures coercitives qui sanctionnent leur non-respect. Le projet a été mis en œuvre en partenariat avec Open Society Initiative West Africa (OSIWA), qui a apporté à l’administration fiscale néo-zélandaise les fonds nécessaires au financement de ses activités nationales dans ce domaine et effectué une évaluation du programme.

Outre les obligations, les administrations fiscales ont tout intérêt à expliquer comment les impôts sont dépensés et distribués. En expliquant aux contribuables l’utilité sociale des impôts, elles peuvent modifier la perception qu’ils en ont, laquelle accorde trop souvent une importance démesurée aux coûts sans tenir compte des avantages. Pour adopter une attitude plus coopérative, les citoyens doivent être conscients que la contribution aux impôts profite à tous - y compris à eux-mêmes. En France, le site web du ministère de l’Économie et des Finances et de la Relance (economie.gouv.fr) contient une rubrique spéciale qui explique en quoi l’argent versé par les contribuables profite à la société et l’usage qui en est fait1 (« À quoi servent mes impôts ? »).

Il est par ailleurs possible d’annexer ces renseignements aux formulaires de déclaration, ou de les intégrer à des programmes de plus grande envergure, une campagne d’information par exemple. Le message peut revêtir de nombreuses formes, graphiques ou textuelles, mais il est particulièrement efficace quand les contribuables se sentent concernés. Il est parfois utile, comme en Côte d’Ivoire (voir l’image ci-dessous), d’expliquer ce que les impôts financent dans le domaine des infrastructures - hôpitaux, écoles, routes, infrastructures sportives, etc.

Moins les contribuables ont confiance en l’État et ses institutions, plus il importe de leur communiquer des informations de cette nature, car elles peuvent créer un sentiment de responsabilité. Il convient donc de diffuser ce message aussi souvent que possible, par tous les moyens possibles.

Pour renforcer le civisme fiscal et lutter contre le secteur informel, l’administration fiscale peut recourir à divers types de campagnes, qui offrent d’autres moyens de communiquer avec les contribuables pour les amener à adopter un comportement bénéfique - en les encourageant par exemple à vérifier que les magasins établissent des factures, à payer leurs impôts en temps voulu et à adopter les numéros d’identification fiscale.

Les campagnes revêtent des formes variables, et comportent parfois des mesures destinées à encourager la population à adopter le comportement souhaité. C’est par exemple le cas lorsque la collecte de tickets de caisse peut donner lieu à un abattement fiscal ou à la participation à une loterie (Encadré 4.1). L’administration fiscale lituanienne (STI), par exemple, a créé une « loterie nationale des factures » visant les catégories de contribuables les plus enclins à la fraude (restaurants, services de VTC, stations thermales et marchés). L’autorité fiscale et douanière du Portugal (Autoridade Tributária e Aduaneira, ATA) a organisé un tirage au sort pour encourager le civisme fiscal, informer les citoyens et lutter contre la fraude fiscale. Cette tombola attribue un prix, au hasard, aux clients qui ont acheté des biens ou des services sur le territoire national et ont réclamé une facture sur laquelle figure leur NIF (numéro d’identification fiscale).

Dans ces cas, l’objectif premier n’est pas seulement d’informer les contribuables des règles ou des délais à respecter, mais de les convaincre de la puissance de l’action collective. Ces campagnes ont pour ambition d’atteindre le plus vaste public possible et de lutter indirectement contre le secteur informel, en incitant les contribuables-consommateurs à faire ce que les services fiscaux ne sont pas en mesure de faire, à savoir vérifier des milliers de reçus en d’innombrables endroits dans un délai limité.

La couverture d’une grande partie de la population pourrait poser un problème, mais la plupart des administrations fiscales y ont remédié en mobilisant plusieurs modes de communication. Les programmes de communication irlandais en sont l’un des nombreux exemples (Encadré 4.2). Une autre possibilité consiste à mener plusieurs campagnes par an, comme l’a fait l’administration fiscale malaisienne.

Modifier l’opinion de la population sur les impôts n’est pas tâche facile. Les programmes les plus probants, parmi ceux mis en œuvre par les administrations fiscales, sont ceux qui non seulement informent les contribuables de leurs droits et de leurs devoirs, mais le font sous une forme innovante. Cela consiste par exemple à expliquer aux contribuables, outre le fait qu’ils risquent des sanctions, les raisons pour lesquelles ils ont tout intérêt à payer des impôts. Ces programmes font appel à divers moyens de communication, adoptent une approche plus individualisée (visites et courriers personnels par exemple), ou organisent des campagnes d’incitation au civisme fiscal, comme des loteries et des actions de sensibilisation.

La sous-section suivante présente les deux problèmes les plus couramment rencontrés par les administrations fiscales pour mettre en application les mesures visant à informer les contribuables et à leur expliquer la fiscalité, et quelques stratégies efficaces pour y remédier.

La terminologie joue un rôle déterminant dans ce type d’échanges avec les contribuables car elle peut faciliter la compréhension de sujets complexes

L’administration fiscale norvégienne et l’Agence du revenu du Canada (ARC) se sont adaptées aux différents besoins de leurs publics en créant des parcours usagers - qui permettent de visualiser l’interaction optimale entre leurs services et les contribuables - et de tester la facilité d’utilisation de leurs services avec des représentants des publics ciblés. L’administration fiscale norvégienne a ainsi réussi à :

  • communiquer à certaines catégories de contribuables, les étrangers par exemple, les renseignements dont ils avaient besoin ;

  • réaliser des exercices d’évaluation des risques ;

  • simplifier et adapter le contenu de son site web et des publications destinées au public visé ;

  • mener des campagnes axées sur le public cible dans les centres des impôts et en ligne, y compris sur les réseaux sociaux.

La clé consiste à éviter le langage technique et à employer un vocabulaire simple et direct ; c’est pourquoi il convient de travailler en étroite coopération avec l’équipe responsable de la communication au sein de l'administration fiscale ou avec des partenaires extérieurs. Des guides ciblés, adaptés aux besoins des contribuables, peuvent compléter utilement l’accès aux codes juridiques et aux textes législatifs. Au Maroc, par exemple, l’administration fiscale intervient sur de nombreux réseaux sociaux et entretient quotidiennement des échanges avec les citoyens par la publication de vidéos et de messages leur expliquant en termes clairs les nouveautés fiscales, ainsi que leurs droits et obligations. Au Canada, l’ARC s’est engagée à utiliser un langage simple et a revu sa communication en conséquence. La Grèce publie de nombreux guides destinés à informer et à aider les contribuables.

L’élaboration de guides utiles s’inscrit dans le cadre de la discipline fiscale coopérative. L’axe essentiel en est le renforcement des relations entre l’administration fiscale et les contribuables, la première prenant envers les seconds un triple engagement de transparence, d’accessibilité et de réactivité.

M. KATSIPIS Ioannis, Directeur, Direction de la conformité fiscale, Autorité indépendante pour les recettes publiques (Grèce)

Pour que les campagnes d’information portent leurs fruits, les contribuables doivent y adhérer et prendre les mesures appropriées. Cette mobilisation est parfois difficile, la fiscalité n’étant pas toujours au centre de leurs préoccupations.

Ces approches sont très efficaces en ce qu’elles suscitent une attitude constructive chez les contribuables. Il convient de garder à l’esprit, dans le cadre des échanges avec les citoyens, que le recours à des arguments comminatoires et autoritaires pour encourager le paiement spontané des impôts risque d’avoir des effets inverses à ceux escomptés.

Plusieurs pays ont cherché à susciter les comportements souhaités. Comme indiqué à l’Encadré 4.1, l’administration fiscale slovène a créé une loterie pour inciter la population à vérifier les factures, démarche qui, à en juger par ses résultats, s’est avérée efficace.

De nombreuses administrations fiscales ont pour objectif d’instaurer une relation solide et constructive avec les contribuables. En Afrique, il apparaît qu’une perception plus positive de la légitimité de l’administration fiscale est l’élément le plus fortement corrélé à la disposition à payer des impôts (OECD, 2019[1]). Bon nombre de ces administrations font donc appel à des campagnes de communication pour modifier l’idée que les citoyens se font du système fiscal, mais sans les limiter à un sujet particulier. Les loteries, par exemple, suscitent l’intérêt des contribuables ; néanmoins, elles ne portent que sur un thème, et risquent de ne pas mobiliser longtemps leur attention.

Un moyen pour l’administration fiscale de bâtir une relation durable et constructive avec les contribuables est d’être présente dans leur vie quotidienne. Elle peut faire appel pour cela à des programmes télévisuels diffusés avant ou après le journal du soir, ou à des magazines qui présentent les questions fiscales sous une forme simple et ludique.

L’organisation de manifestations sur le thème du civisme fiscal est un autre moyen courant d’encourager le respect des obligations, surtout en période de déclaration. Ces manifestations, généralement annuelles, offrent à l’administration fiscale une bonne occasion de réunir les principales parties intéressées pour leur communiquer des messages sous une forme dynamique et plaisante. Souvent, elles supposent d’organiser d’activités récréatives pour les enfants et leurs parents, et d’apporter des renseignements et une assistance aux contribuables tout en se montrant disponible. Elles offrent l’occasion de féliciter les contribuables respectueux de leurs obligations, de remercier les agents de l’administration fiscale, et de mener des débats ouverts sur des questions fiscales.

L’intégration de la fiscalité dans la vie quotidienne peut rapprocher les contribuables de l’administration fiscale, et leur donner le sentiment que ses agents sont plus accessibles et compréhensifs. Dans plusieurs pays, principalement en Afrique, les services fiscaux conçoivent des programmes télévisuels consacrés à la fiscalité (Encadré 4.3).

Les magazines, qui peuvent également être distribués au domicile des contribuables, offrent un autre moyen d’établir ce type de relation ; c’est par exemple le cas du bulletin guinéen « Fisc-Info » ou de la revue togolaise « OTR Actu ». Une fois imprimés et distribués, les exemplaires du magazine peuvent aboutir dans le salon et être lus par plusieurs membres de la famille, ou par les amis et parents en visite. Les bandes dessinées sont particulièrement utiles pour éveiller l’intérêt des enfants et des jeunes adultes, et pour présenter simplement des sujets complexes. On en trouve dans le magazine ou dans des publications spécialisées, comme la BD « Enfants patriotes » au Nigéria. Il est également possible de transmettre régulièrement des messages enregistrés par baladodiffusion, comme le fait la Direction générale des impôts d’Indonésie.

Les outils numériques sont une composante essentielle des méthodes éducatives visant à atteindre les jeunes générations. Une part toujours croissante de la vie se déroule en ligne, chez les jeunes générations notamment ; il faut donc mobiliser les jeunes par voie numérique, tant pour assurer l’accessibilité des programmes (surtout lorsqu’ils ne sont pas intégrés à l’enseignement scolaire) que pour promouvoir l’image d’une administration fiscale accessible, moderne et à la pointe de la technologie.

Les administrations fiscales expérimentent toute une gamme d’outils et de plateformes numériques innovants. Il s’agit par exemple de vidéos éducatives sur la fiscalité expliquant sous une forme ludique et simple les différentes catégories d’impôt et leur utilité (les vidéos Tax Facts au Royaume-Uni par exemple), ou encore de jeux en ligne interactifs illustrant en quoi les impôts agissent sur l’ensemble de la société (comme Spleiselaget en Norvège (Encadré 4.4), Taxcampus en Finlande et Madinati au Maroc). Des portails internet proposant du matériel pédagogique à l’intention des enfants ont également été mis au point (comme le portail TAXEDU de l’Union européenne et le Vergi Bilinci turc). Plusieurs administrations fiscales, conscientes de ce que le téléphone est l’instrument numérique privilégié d’une grande partie de la population, ont aussi créé des applications donnant accès à leurs outils (le Madinati marocain et le jeu Taxlandia de l’Union européenne par exemple). À l’extrémité la plus innovante du spectre, on trouve des approches comme le film d’animation publié par l’administration fiscale norvégienne sur YouTube, « Money Back on the Skætt », qui présente un rap sur les impôts.

Il est indispensable de mettre à jour et de renouveler les outils numériques. Les tendances et technologies en ligne évoluent rapidement ; les administrations fiscales doivent en tenir compte, non seulement au lancement initial de l’outil, pour veiller à ce qu’il suscite l’engouement du public visé, mais aussi par la suite, en passant régulièrement les outils numériques en revue pour s’assurer qu’ils continuent à l’intéresser.

Les manifestations organisées par les administrations fiscales dépendent du pays et des ressources disponibles. Si toutes sont différentes, elles présentent de nombreux traits communs. Les trois plus courantes sont les suivantes :

  • les journées de la fiscalité, comme la Journée des contribuables au Rwanda, la Journée nationale du contribuable en Sierra Leone, la journée de la fiscalité en Indonésie, et bien d’autres encore ;

  • les semaines de la fiscalité, comme celle qui est organisée en Turquie (Encadré 4.5) ;

  • les salons, comme le salon de la fiscalité du revenu au Bangladesh (Encadré 4.6).

Ces événements peuvent être organisés en un lieu unique ou, plus souvent, en de multiples endroits, dans tout le pays. Les administrations fiscales sont souvent subdivisées en centres des impôts locaux, fréquemment chargés d’organiser à leur niveau les événements qui, ensemble, constituent une manifestation nationale.

Les échanges entre les administrations fiscales et les contribuables peuvent revêtir différentes formes durant ces manifestations. Celles-ci ont pour principal avantage de fournir un environnement accueillant qui favorise un dialogue ouvert. Elles peuvent viser des publics d’enfants et de parents, par exemple, ou d’autres, plus spécifiques, comme les entrepreneurs.

Les activités les plus couramment proposées sont les suivantes :

  • exposés de hauts fonctionnaires (ministres par exemple) expliquant l’idée qu’ils se font du pays et du rôle de la fiscalité ;

  • remise de prix aux contribuables respectueux de leurs obligations et aux agents particulièrement méritants ;

  • échanges avec les contribuables dans une atmosphère cordiale ;

  • distribution de brochures et de publications produites par l’administration fiscale ;

  • organisation d’activités durant les manifestions, comme des concours ou des jeux pour les enfants.

Ces manifestations sont de courte durée mais, en comparaison à d’autres initiatives, nécessitent un temps de préparation et des moyens importants. Les administrations fiscales supportent tous les risques et coûts liés à leur organisation. Les agents doivent consacrer un temps considérable à leur planification, à leur organisation et à leur réalisation. Les coûts logistiques peuvent être élevés, selon le pays et le programme. Certains pays, comme le Bangladesh, y consacrent des ressources substantielles (Encadré 4.6). D’autres exemples de manifestations de cette nature sont la Journée nationale du contribuable au Burundi, les Journées nationales de l’information au Sénégal et le Festival de culture citoyenne « Le nombre fait la force » au Guatemala.

Partout, de nombreuses manifestations annuelles sont organisées dont le thème central n’est pas la fiscalité. Certaines offrent une tribune très adaptée aux services fiscaux, comme celles qui sont organisées à l’échelon national et parrainées par de hauts responsables du gouvernement. Il existe dans tous les pays un festival annuel de premier plan qui offre généralement à l’administration fiscale une bonne occasion d’intervenir. La Direction générale des impôts du Burkina Faso, par exemple, prend part à plusieurs manifestations tout au long de l’année (Encadré 4.7). L’administration fiscale peut aussi tenir des stands aux manifestations culturelles qui se tiennent dans le pays afin de communiquer des messages et des informations aux contribuables.

Ces manifestations sont utiles aux services fiscaux dans la mesure où elles accueillent généralement de nombreux visiteurs et leur donnent la possibilité de se mettre à la disposition du public. L’Encadré 4.8 ci-dessous décrit la participation fructueuse de l'administration fiscale uruguayenne à une manifestation nationale.

Les manifestations et salons offrent également la possibilité d’instaurer une collaboration avec des célébrités et des personnalités influentes pour diffuser des messages de fond sur la fiscalité et le renforcement du civisme fiscal. L’autorité fiscale nationale de la Sierra Leone, par exemple, a établi des partenariats avec des acteurs et musiciens célèbres qui se sont fait les chantres du civisme fiscal. Pour promouvoir le civisme fiscal, elle a ensuite sélectionné certains spectacles et concerts en fonction du nombreux public de jeunes contribuables qu’ils mobilisent.

Lorsque les administrations fiscales participent à un événement existant, elles tirent généralement profit du large public que celui-ci peut mobiliser ; elles peuvent en revanche éprouver des difficultés à attirer des visiteurs quand elles organisent leur propre manifestation. Cette situation n’a rien de surprenant, toute nouvelle manifestation se heurtant à ce problème ; bien que cette difficulté s’atténue avec le temps, il existe des moyens d’y remédier.

Pour assurer une fréquentation élevée des manifestations et festivals consacrés à la fiscalité, une campagne d’information peut s’avérer utile. De fait, les services fiscaux peuvent faire appel à de nombreux instruments à cette fin. La manifestation peut être annoncée lors d’une émission télévisée régulièrement consacrée à ce thème, au cours d’un entretien avec le commissaire des impôts, ou sur les réseaux sociaux. Comme indiqué à la section précédente, le recours à plusieurs modes de communication produit les meilleurs résultats.

Comme dans le cas du Nigéria, les célébrités et les personnalités influentes peuvent accroître le rayonnement de la manifestation lorsqu’elles conseillent à leurs admirateurs et à leurs fidèles de s’y rendre. Elles doivent toutefois être choisies avec soin. Leur discipline fiscale doit être irréprochable, et leur public correspondre à celui que visent les services fiscaux.

Les administrations fiscales peuvent se heurter à des difficultés pour assurer la logistique nécessaire à l’accueil et au service de tous les participants.

Certaines administrations envisagent d’externaliser ces activités dans le cadre du festival qu’elles organisent. L’externalisation de l’organisation de manifestations, bien que jamais pratiquée à ce jour, peut réduire les problèmes logistiques. Cette option, quoique pratique, risque cependant d’augmenter les coûts.

Comme précédemment souligné, la participation à des événements existants offre un moyen de réduire les coûts puisqu’elle permet d’éviter la charge de travail liée à leur organisation. Lorsque l’administration fiscale estime qu’aucun évènement ne lui convient, elle peut envisager de s’associer à d’autres programmes d’éducation des contribuables pour en organiser conjointement. Cette démarche permet de partager les coûts et les efforts et de mettre en commun compétences et savoir-faire.

Dans certains cas, la communication de masse, les manifestations, les émissions télévisées et les magazines ne permettent pas d’atteindre certaines catégories de la population, notamment les plus vulnérables ou isolées. Dans d’autres, il faudra adapter le message aux besoins et aux intérêts d’une catégorie précise de contribuables pour qu’il soit compris et accepté.

De nombreuses administrations fiscales adaptent leur communication à leur public ; certaines vont même plus loin en s’associant à des spécialistes externes (généralement des universitaires ou des chercheurs) pour mieux cerner celui-ci. Des méthodes scientifiques sont appliquées pour produire des informations utiles qui permettent aux services fiscaux d’adapter leur comportement à leurs contribuables, et aux chercheurs de mieux appréhender le fonctionnement de la société. Ainsi, des études sur la portée de différents messages adressés aux contribuables permettent de définir les stratégies de communication que les services fiscaux devraient adopter et offrent dans le même temps aux universitaires un éclairage unique sur la façon dont la population reçoit un message donné.

Les chercheurs étudient depuis des siècles le mode de vie des populations. Ils ont accumulé une somme appréciable d’informations et de connaissances dont les administrations fiscales peuvent tirer profit. Eux-mêmes sont généralement désireux d’élargir leurs activités à de nouveaux champs et sont à ce titre intéressés par la capacité des administrations fiscales à mener des études d’envergure. Cette situation crée des synergies fructueuses qui produisent des connaissances nouvelles et intéressantes.

Une stratégie potentiellement efficace pour aider les contribuables et, dans le même temps, relever le niveau de civisme fiscal, consiste à cibler certaines catégories de la population et à leur fournir des informations adaptées. Il s’agira par exemple de conseils pour remplir la déclaration de revenus et d’explications sur les revenus à déclarer. Le groupe visé peut être constitué de n’importe quel sous-ensemble de la population présentant des besoins particuliers, comme les nouveaux entrepreneurs et les nouveaux contribuables. C’est l’approche qu’a retenue la Direction générale des impôts d’Irlande, qui organise un programme de communication destiné aux contribuables à l’impôt sur le revenu, aux nouveaux contribuables et aux contribuables assujettis au prélèvement à la source.

Les nouveaux entrepreneurs sont une population couramment visée par les administrations fiscales, qui les informent de leurs obligations fiscales. L’administration fiscale finnoise, par exemple, contacte par téléphone les entreprises nouvellement constituées pour leur expliquer comment et quand déposer leur déclaration et payer leurs impôts. L’autorité fiscale et douanière du Portugal renseigne aussi les nouveaux entrepreneurs par courriel.

D’autres catégories de contribuables ciblées par l’administration fiscale sont les commissaires aux comptes, les propriétaires fonciers et les travailleurs étrangers ; ce dernier groupe, qui constitue par exemple un secteur important de l’économie norvégienne, bénéfice des informations et des conseils professionnels de l’administration fiscale de ce pays. Celle-ci a recruté deux responsables linguistiques afin que les demandes de renseignement adressées en anglais à l’administration puissent toujours être traitées dans cette langue.

Les administrations fiscales cherchent aussi à s’assurer que chacun a accès aux renseignements nécessaires, en particulier les contribuables les plus précaires. L’Office togolais des recettes (OTR) organise, par exemple, des campagnes de sensibilisation pour renforcer la discipline fiscale de la population, avec l’appui financier de la Banque africaine de développement (Encadré 4.9).

Une autre stratégie consiste à organiser des séances d’information sur les pages officielles de l’administration fiscale sur les réseaux sociaux, comme l’a fait l’Agence roumaine de l’administration fiscale (NAFA). La NAFA a lancé ce programme suite à une enquête qui a montré que tous les contribuables n’utilisent pas les canaux numériques (sites web par exemple) pour déposer leur déclaration de revenus ou s’informer sur les dispositions fiscales. Suite aux réponses à l’enquête, la NAFA a également pris note que grâce à la traduction instantanée, qui permet aux usagers de prendre connaissance des informations dans la langue de leur choix, il était possible de communiquer avec les contribuables partout dans le monde et d’éviter ainsi la mésinformation.

Les acquis des sciences comportementales peuvent renforcer la portée des messages adressés aux contribuables. Ses enseignements ont été amplement exploités et évalués dans le domaine des lettres de rappel aux débiteurs. Il apparaît que la modification du format « type » de ces courriers, leur simplification et l’intégration de messages évoquant par exemple les normes sociales et faisant référence à un comportement minoritaire ont pour effet d’améliorer la réactivité des débiteurs et d’accroître le montant des recettes recouvrées.

Mascagni et al. (2017[2]) ont mené une expérience au Rwanda, en partenariat avec l’Office rwandais des recettes (RRA), dans le cadre d’un projet sur le civisme fiscal conduit par le Forum de l’administration fiscale africaine (ATAF) et le Centre international pour la fiscalité et le développement (ICTD). L’expérience n’a pas seulement porté sur le contenu des messages, mais aussi sur les moyens par lesquels ils étaient transmis afin de définir la méthode la plus opérante - rappel par courriel, par la poste ou par SMS. Il en est principalement ressorti que les méthodes fondées sur la persuasion amènent plus efficacement les contribuables à remplir leurs obligations que celles fondées sur la dissuasion. Les messages expliquant les avantages de la fiscalité (« En payant vos impôts, vous nous permettez d’éduquer nos enfants, de financer nos soins de santé, et d’assurer notre protection. Payez vos impôts. Bâtissez le Rwanda. Soyez fiers. ») et les rappels discrets (« La période de déclaration court jusqu’au 31 mars 2016 ») ont obtenu de meilleurs résultats que les messages préventifs (« Payez vos impôts en temps voulu et évitez amendes et sanctions »). L’étude a par ailleurs constaté que les courriels étaient le mode de communication le plus opérant, suivis des lettres et des SMS. L’un dans l’autre, l’expérience s’est traduite par une augmentation du taux de discipline fiscale comprise entre 16 % et 23,7 % (et une hausse du montant des impôts perçus de 6,8 milliards RWF, soit 8,3 millions USD environ).

Au Royaume-Uni, Hallsworth et al. (2017[3]) ont conduit deux expériences de terrain dont la première a permis de recouvrer 4,9 millions GBP au cours des 23 premiers jours, et la seconde 9,3 millions GBP. Les messages qui se sont révélés les plus efficaces dans les courriers de rappel sont ceux qui évoquaient une norme sociale et, surtout, attiraient l’attention sur la minorité qui ne la respectait pas (« Neuf personnes sur dix au Royaume-Uni paient leurs impôts en temps voulu. Vous faites actuellement partie de la très faible minorité de contribuables qui ne les ont pas encore payés. »). Les auteurs en ont conclu « qu’une approche incorporant les coûts moraux à la communication avec les contribuables présente un intérêt. Il est possible d’accroître ces coûts par des messages faisant allusion aux normes sociales (injonctifs et descriptifs), aux services publics et au devoir moral » (Hallsworth et al., 2017, p. 26[3]). Des expériences similaires ont été conduites en Belgique (Encadré 4.10).

Brockmeyer et al. (2019[4]) ont étudié une campagne menée au Costa Rica, où l’administration fiscale a adressé aux entreprises non déclarantes des courriels les invitant à déposer leur déclaration de résultat. La rédaction des messages s’est fondée sur les enseignements pertinents de la psychologie comportementale : ils ont été personnalisés et simplifiés, contenaient un appel à l’action dans un délai immédiat, fournissaient un lien au formulaire de déclaration et évoquaient les normes sociales (« Huit [contribuables] costariciens sur dix ont déposé leur déclaration de revenus pour 2014 »). Les auteurs ont constaté une progression de 21 % du taux de déclaration et une hausse de 15 USD du montant versé suite à leur envoi.

Ces résultats sont extrêmement utiles. Ils démontrent d’une part que les approches incitatives fondées sur des méthodes de recherche permettent de renforcer le civisme fiscal et que des messages inspirés des acquis de la science comportementale parviennent à sensibiliser le contribuable. Elles sont d’autre part extrêmement économiques et offrent aux administrations fiscales un moyen commode d’accélérer et d’augmenter les paiements, et de donner une image favorable de leurs services. Selon les termes de Mick Moore,

« Ces nouvelles techniques sont ingénieuses. Leur utilisation fait paraître les gouvernements intelligents, mais peut de fait les rendre plus intelligents, tout au moins lorsqu’il s’agit de communiquer avec les contribuables. Les États peuvent percevoir un surcroît de recettes en incitant les contribuables à mieux respecter leurs obligations, sans pour autant les irriter ou les troubler - et même, peut-être, en suscitant chez eux une légère empathie à l’égard des percepteurs. » (Moore, 2019[5]).

L’avantage de la collaboration avec des universitaires tient à ce que les expériences et, dans ce cas, les essais contrôlés randomisés, permettent de définir aisément quelle approche est la plus adaptée au public visé et, partant, celle qui aura l’incidence la plus forte. Des vérifications sont également indispensables pour voir si les effets des interventions sont de courte durée ou s’ils se prolongent, même à plus long terme. Qui plus est, le soutien des chercheurs à la conception et à l’évaluation du projet n’a pas de prix pour une administration fiscale.

La recherche ethnographique est une autre méthode scientifique susceptible d’apporter des éclairages essentiels sur les besoins de certaines catégories de contribuables (Encadré 4.11). Elle peut procurer des informations détaillées que les données chiffrées ne fournissent pas. Elle peut par exemple contribuer à l’analyse approfondie de la dynamique de l’économie parallèle, ou mettre en évidence les besoins essentiels de certaines catégories de contribuables. De fait, elle fournit des informations précieuses sur le comportement des contribuables et permet aux administrations fiscales de mieux les connaître, mais aussi de mesurer l’effet des mesures appliquées et de comprendre les raisons qui expliquent leur réussite ou leur échec.

Le recours à l’ethnographie exige des moyens spécifiques. Les administrations fiscales doivent comprendre le fonctionnement de la recherche ethnographique et définir clairement ce qu’elles attendent et n’attendent pas des chercheurs. Elles doivent être en mesure d’expliquer le résultat qu’elles souhaitent obtenir dans le cadre de l’étude et consacrer des moyens financiers et logistiques au projet.

Les administrations fiscales doivent en priorité optimiser la portée des campagnes d’information pour que les messages adressés aux contribuables ne passent pas inaperçus. Certains segments de la population, qui ont rarement été en contact avec elles, appellent une attention particulière. Dans de nombreux pays, des campagnes innovantes visant ces catégories de contribuables s’imposent.

La solution la plus courante à ce problème consiste aller à la rencontre des contribuables. Les unités mobiles, par exemple, permettent d’entrer en contact avec eux et de les informer de leurs droits et obligations fiscales, comme on le verra au chapitre 5.2.

Outre les modes de communication habituels des services fiscaux - sites web, réseaux sociaux, et centre des impôts - il est parfois utile de confier la diffusion de l’information à d’autres organismes. C’est ce que fait l’Administration fiscale de la République de Slovénie, qui a travaillé en collaboration avec le Bureau de communication du gouvernement au cours de la première année d’une campagne incitant la population à vérifier les factures.

Les chercheurs ont parfois besoin de renseignements couverts par le secret fiscal pour réaliser leurs études. C’est là un point important car la violation du secret fiscal peut donner lieu à des poursuites.

Pour parer à ce problème, les chercheurs et les services fiscaux doivent déterminer ensemble le champ de l’étude. Des réunions préalables doivent être organisées afin de définir le type de renseignements nécessaires pour que l’étude produise des résultats utiles aux administrations fiscales comme aux milieux de la recherche.

Dans le cadre d’un protocole d’étude, les chercheurs peuvent mettre au point des outils quantitatifs ou qualitatifs, des questionnaires par exemple, dont les services fiscaux assureront l’administration. Ces derniers peuvent sélectionner les contribuables pertinents au moyen des informations couvertes par le secret fiscal, leur envoyer le questionnaire, recueillir les réponses et établir des résultats anonymisés sous la forme convenue avec le chercheur.

L’évaluation est une composante importante de chaque initiative car elle est l’unique moyen d’en définir les retombées. Sont-elles positives ? Certaines sont-elles indésirables ? Quelle est leur ampleur ? Les contribuables en sont-ils satisfaits ?

Les initiatives décrites ici visent à obtenir des effets bénéfiques directs à court terme, parfois sur une très grande échelle, ce qui rend l’évaluation de leur impact difficile. Seul un petit nombre d’entre elles ont bénéficié d’évaluations formelles. Ainsi, alors que dix des 27 campagnes d’information ont fait l’objet d’une évaluation, deux seulement ont été conduites par des organismes externes, soit moins d’un quart.

Les évaluations servent souvent à recueillir des données chiffrées, comme l’audience d’une émission télévisée ou le nombre de brochures distribuées au cours d’une manifestation. Celle portant sur le projet irlandais PAYE (Encadré 4.12), par exemple, a permis de mesurer les effets directs à court terme. Néanmoins, elle ne suffira sans doute pas à mesurer pleinement l’efficacité du programme, ses autres retombées éventuelles, et la façon dont il est perçu par les contribuables.

Il faut prévoir l’évaluation des retombées d’un programme. Il convient, lors de la conception d’un programme, de définir les outils nécessaires pour apprécier son efficacité. L’évaluation est une activité en soi, à laquelle des ressources doivent être consacrées.

Bon nombre des initiatives décrites dans ce chapitre ont donné lieu à une amélioration remarquable de la culture fiscale des contribuables et de leur disposition à respecter spontanément leurs obligations. Les initiatives mises en œuvre par l’Office togolais des recettes (OTR) se sont traduites par une diminution du taux de non-observation des obligations fiscales et une consolidation de ses liens avec les contribuables, les craintes de ces derniers à son égard s’étant dissipées. L’Administration fiscale norvégienne a noté, dans sa réponse à l’enquête, que l’évaluation de ses initiatives a confirmé la réalisation de ses principaux objectifs, à savoir la diffusion d’informations et de conseils professionnels en vue d’offrir des services de qualité, d’informer, d’éduquer et de promouvoir une culture du civisme fiscal.

Ces programmes ont aussi des effets cumulatifs, car des échanges constructifs avec les contribuables permettent d’assurer une relation durable et permanente avec eux. L’Agence fiscale suédoise a ainsi constaté qu’après avoir communiqué aux nouvelles entreprises des informations concernant les obligations relatives aux déclarations à effectuer et la démarche à suivre à cet effet, 99 % des participants à une enquête ont déclaré qu’ils s’appuieraient sur cette documentation pour créer leur entreprise.

Lorsque les services fiscaux font appel à des méthodes scientifiques pour améliorer leurs relations avec les contribuables, le résultat est double. Comme précédemment indiqué, c’est d’abord pour eux un moyen d’augmenter leurs recettes. Par ailleurs, ils acquièrent une connaissance approfondie de la population nationale ; les chercheurs tirent profit de ce savoir, et peuvent axer leur étude sur des groupes bien définis.

Les approches scientifiques présentent l’avantage d’intégrer les outils d’évaluation à la méthodologie. Comme indiqué supra, elles ont obtenu des résultats substantiels en matière de recouvrement des impôts. Elles sont aussi un moyen pour les services fiscaux d’appuyer la recherche nationale en offrant de nouveaux créneaux aux chercheurs.

Cela dit, leur utilisation est récente, et il est encore trop tôt pour en évaluer les résultats à long terme. Cette constatation n’amoindrit en rien les avantages qu’elles offrent à court terme, mais des études longitudinales de leurs conclusions s’imposent.

La communication de messages adaptés aux contribuables peut améliorer l’idée qu’ils se font de l’administration fiscale. Il importe de communiquer avec les contribuables et de leur fournir toutes les informations dont ils ont besoin pour appréhender pleinement leurs droits et obligations et s’y conformer spontanément. Bon nombre des programmes décrits ont eu des répercussions favorables, non seulement sur le plan du civisme fiscal et des connaissances et compétences en la matière, mais aussi de l’image que les contribuables ont des autorités fiscales (et, partant, du gouvernement). L’administration fiscale du Burkina Faso a ainsi découvert, en participant à différentes manifestations organisées dans le pays, que certains contribuables redoutaient d’avoir affaire à elle. Ces manifestations ont été l’occasion idéale de remédier à cette situation.

L’incidence des manifestations et des salons est difficile à évaluer, car la collecte de données concrètes à ce sujet est parfois problématique. Les administrations fiscales doivent donc s’efforcer de mener davantage d’enquêtes pour obtenir des informations en retour et établir les profils des participants, et être ainsi en mesure d’entrer en contact avec les catégories de contribuables qui n’ont pas été correctement visées.

Les administrations fiscales estiment que les manifestations consacrées à la fiscalité ont une incidence positive sur la culture et le civisme fiscaux. Celles qui ont conduit ce type de programme ont constaté une amélioration de leur image. Les célébrités aussi exercent généralement une influence favorable sur leur public. Dans les pays en développement en particulier, les journées des contribuables peuvent mettre l’accent sur l’utilité des impôts, qui contribuent au développement du pays. Les manifestations et festivals organisés avant la date limite de déclaration des revenus peuvent contribuer à élargir l’assiette fiscale et à augmenter les recettes. Le Bureau national des recettes du Bangladesh, par exemple, a procédé à une évaluation interne du salon qu’il organise en se fondant sur les informations communiquées par ses agents, les contribuables et les parties prenantes, ainsi que sur les comptes rendus des médias. Il en a conclu que le salon a considérablement amélioré les connaissances des contribuables et renforcé leur sentiment d’une obligation morale à payer spontanément leurs impôts.

L’encadré 4.13 présente des déclarations d’administrations fiscales qui ont constaté une amélioration de leurs relations avec les contribuables après avoir mis en œuvre les programmes décrits dans ce chapitre.

Références

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[3] Hallsworth, M. et al. (2017), « The behavioralist as tax collector: Using natural field experiments to enhance tax compliance », Journal of Public Economics, vol. 148, pp. 14-31, https://doi.org/10.1016/J.JPUBECO.2017.02.003.

[2] Mascagni, G., C. Nell et N. Monkam (2017), One Size Does Not Fit All: A Field Experiment on the Drivers of Tax Compliance and Delivery Methods in Rwanda.

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[7] OECD (2019), Tax Administration 2019 : Comparative Information on OECD and other Advanced and Emerging Economies, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/74d162b6-en.

[1] OECD (2019), Tax Morale : What Drives People and Businesses to Pay Tax?, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/f3d8ea10-en.

Note

← 1. Elle peut être consultée à l’adresse suivante : https://www.aquoiserventmesimpots.gouv.fr/

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