3. Axer le financement du logement sur l’efficience, la résilience et la décarbonation

Les marchés du financement du logement diffèrent à de nombreux égards selon les pays de l’OCDE1. La profondeur du marché hypothécaire, les caractéristiques des produits (telles que la durée d’amortissement, la présence d’emprunts en devises, le fait que les crédits soient assortis d’un taux fixe ou variable), le régime d’imposition, les mesures favorisant la souscription d’emprunts hypothécaires, le cadre macroprudentiel et les règles relatives aux saisies sont autant d’éléments qui varient d’une économie à l’autre. Ces caractéristiques structurent l’accès à la propriété et l’accessibilité financière du logement pour les propriétaires occupants. Néanmoins, devenir propriétaire n’est qu’une des voies pouvant être empruntées pour être bien logé : le marché privé locatif constitue une autre option envisageable, et les formes sociales et coopératives de logement peuvent également permettre aux catégories de population ayant des revenus modestes d’accéder à des logements de bonne qualité.

Le taux d’accession à la propriété varie considérablement suivant les pays de l’OCDE et les groupes sociaux. Le taux de propriétaires occupants est particulièrement élevé dans les pays d’Europe centrale et orientale (Graphique 3.1). Parmi les propriétaires occupants, la proportion de ceux qui remboursent un prêt hypothécaire est inférieure à un sur dix en Colombie, mais elle est d’environ un sur deux en Norvège, en Islande et aux Pays-Bas. En outre, le taux d’accession à la propriété est plus faible parmi les jeunes ménages, même si les écarts constatés entre catégories d’âge à cet égard varient considérablement d’un pays à l’autre (Graphique 3.2, partie A). En outre, le taux d’accession à la propriété est corrélé au revenu : les différences de taux de propriétaires occupants entre catégories de revenu sont particulièrement marquées aux Pays-Bas, en Norvège et en France (partie B). On observe des écarts de proportion d’emprunteurs hypothécaires similaires entre catégories de revenu (partie C). La charge financière des emprunts hypothécaires tend également â être plus lourde en proportion du revenu disponible pour les ménages modestes (Graphique 3.3).

Les marchés hypothécaires sont également très différents suivant les pays. La proportion de crédits hypothécaires à taux fixe a sensiblement augmenté au cours des dix dernières années, compte tenu de la baisse des taux d’intérêt observée dans la plupart des pays, qui a réduit l’attrait des prêts hypothécaires à taux variable. Par ailleurs, l’échéance moyenne des nouveaux crédits au logement varie suivant les pays (Graphique 3.4), tandis que la proportion de prêts hypothécaires libellés en devises a reculé.

Le système d’imposition contribue de manière sensible à déterminer la demande de logements (OCDE, 2022[3]). L’élément le plus important à cet égard est la déductibilité des intérêts d’emprunt hypothécaire. Les propriétaires occupants qui remboursent un prêt hypothécaire contracté pour acquérir leur logement bénéficient d’allègements fiscaux au titre de leurs intérêts d’emprunt dans 17 pays de l’OCDE sous la forme de déductions ou de crédits d’impôt (Tableau 3.1). Les taux marginaux d’imposition effectifs varient suivant les pays et tendent à être plus élevés lorsque les ménages sont fortement endettés (Graphique 3.5).

Il existe dans les pays de l’OCDE différents types d’aides aux emprunteurs hypothécaires destinés à faciliter l’accès au crédit au logement. Ainsi, aux États-Unis, l’Administration fédérale du logement (FHA, Federal Housing Administration) offre à 20 % environ des propriétaires une assurance plafonnée (Encadré 3.1), et diverses entreprises parapubliques interviennent sur le marché hypothécaire secondaire (voir ci-après). La Société coréenne de financement du logement joue un rôle similaire. La Nouvelle-Zélande est dotée d’un dispositif de garantie qui permet d’appliquer des quotités de financement (ratios prêt/valeur du bien) plus élevées que celles qui résulteraient en leur absence des marchés de capitaux. Onze autres pays mettent également en œuvre divers mécanismes de garantie. Les plans d’épargne axés sur l’achat d’un logement bénéficiant d’un régime fiscal préférentiel sont également assez répandus. Enfin, il existe des prêts hypothécaires subventionnés ou octroyés par les pouvoirs publics dans 14 pays.

Les autorités feraient bien de supprimer progressivement la déductibilité des intérêts d’emprunt hypothécaire dans les pays où elle existe. Dans la mesure où l’élasticité de l’offre de logements est imparfaite, cet allègement d’impôt est au moins en partie capitalisé dans les prix, ce qui bénéficie aux personnes déjà propriétaires de leur logement, qui sont généralement plus aisées que les acquéreurs potentiels, tout en réduisant les coûts d’emprunt. Les recettes fiscales supplémentaires découlant de la suppression ou du plafonnement de la déduction d’impôt accordée aux propriétaires occupants pourraient être utilisées pour réduire d’autres prélèvements distorsifs ou pour améliorer l’égalité des revenus après impôts, suivant les préférences sociales. D’autres instruments, tels que des assurances subventionnées ou des garanties de prêts hypothécaires, ont des effets de distorsion plus limités, mais ils risquent d’accentuer les risques de défaillance, allant de pair avec des coûts budgétaires non négligeables (Encadré 3.1). Les aides peuvent également être capitalisées sous la forme d’une augmentation des prix de l’immobilier, ce qui n’est pas souhaitable.

Pour toutes ces raisons, il serait légitime de réorienter le soutien des pouvoirs publics, qui vise aujourd’hui à promouvoir l’accession à la propriété, pour qu’il garantisse un accès inclusif à des logements de bonne qualité, en s’appuyant à la fois sur le logement social et abordable, les marchés locatifs privés et des marchés hypothécaires fonctionnant bien. Compte tenu de l’ampleur des ressources consacrées aux allègements fiscaux accordés aux emprunteurs hypothécaires, il est possible d’engager des réformes qui renforceront la stabilité financière, en réduisant les incitations à emprunter, amélioreront la situation des finances publiques et accroîtront l’offre de logements, via la construction de logements sociaux et abordables. La capacité des marchés locatifs privés d’offrir des biens immobiliers d’habitation abordables dépend de la mesure dans laquelle la réglementation permet de construire des logements (Molloy, 2020[6]) ; si l’offre n’est pas suffisamment flexible, il existe un risque que les investissements financiers réalisés dans le logement locatif puissent contribuer à porter les loyers à des niveaux élevés (Lima, 2020[7]).

La question de l’accessibilité financière du logement est problématique dans toute la zone OCDE, où elle a des répercussions importantes non seulement sur le bien-être, mais aussi sur le dynamisme économique et la compétitivité au niveau local. Les ménages à faible revenu sont soumis à des tensions financières croissantes par la montée des coûts de logement, malgré le fait que les coûts d’emprunt étaient très bas il y a peu encore. La précarité liée au logement est mesurée par le « taux de surcharge financière » liée au coût du logement, c’est-à-dire la proportion de la population appartenant au quintile inférieur de la distribution des revenus qui consacre au moins 40 % de son revenu disponible au logement. En moyenne, elle touche un quart des ménages de cette catégorie dans la zone OCDE. Les taux de surcharge financière liée au coût du logement sont plus faibles parmi les locataires à faible revenu, puisqu’ils s’établissent aux alentours d’un tiers sur le marché locatif privé et à 10-15 % dans le secteur du logement social subventionné.

La plupart des pays de l’OCDE offrent au moins une certaine quantité de logements appartenant à l’État (Graphique 3.6). Néanmoins, sachant que ceux-ci représentent en moyenne environ 7 % du parc immobilier d’habitation, leur poids relatif est inférieur à celui des logements locatifs privés. De manière générale, les dépenses publiques d’aide au logement social locatif ont diminué en proportion du PIB (Adema, Plouin et Fluchtmann, 2020[8]).

Par rapport à la propriété, la location présente l’avantage de favoriser davantage la mobilité de la main-d’œuvre, ce qui contribue à approfondir le marché du travail. Cet avantage est cependant perdu dans le cas du logement (social) subventionné en raison d’effets de verrouillage, à moins qu’il n’aille de pair avec une transférabilité des droits d’accès à ce type de logement. Les allocations de logement constituent une autre option envisageable, mais elles sont capitalisées en partie dans les loyers. L’accessibilité financière du logement dépend également des règles d’occupation des sols et d’urbanisme (OCDE, 2021[9]), étant donné qu’un assouplissement des restrictions ouvre des perspectives de construction de logements correspondant plus étroitement aux évolutions socioéconomiques et démographiques (Phillips, 2020[10]).

Le logement fournit des services de consommation essentiels tout en constituant un investissement à long terme, une réserve de valeur et un bien pouvant être fourni en garantie. Son financement est un déterminant important des cycles économiques. Compte tenu du fait que les taux d’intérêt augmentent après une période prolongée de hausse rapide des prix des logements (Graphique 3.7), de l’ampleur de la dette des ménages et du fort effet de levier qui caractérise les établissements financiers, le rôle macroéconomique du financement du logement pourrait s’avérer particulièrement important. Par le passé, des déséquilibres similaires ont affecté la stabilité et la résilience des marchés de capitaux et provoqué des crises financières. Le déclenchement de la crise financière mondiale de 2007-2009 illustre on ne peut mieux ce type de conséquences. L’expérience montre que le coût économique de ces crises peut être considérable et rappelle que les pouvoirs publics doivent accorder une attention toute particulière aux risques associés à ce secteur.

Les mesures destinées à faciliter l’accès au crédit hypothécaire s’accompagnent souvent d’effets secondaires négatifs sur les prix de l’immobilier d’habitation, ainsi que sur la stabilité macroéconomique et financière, notamment lorsqu’elles favorisent un endettement excessif. Globalement, la dette des ménages varie sensiblement selon les pays de l’OCDE (Graphique 3.8, partie A) et l’évolution des prix des logements exerce sur elle une influence déterminante (partie B). Les autorités de nombreux pays interviennent sur les marchés hypothécaires en raison des risques financiers connexes, en particulier par le biais de règles macroprudentielles (voir OCDE (2021[9]) et l’Encadré 3.2 pour l’exemple de l’Italie). Celles-ci peuvent porter sur les emprunteurs, de manière à limiter leur endettement et à réduire les risques de défaillance, ou sur les prêteurs, de façon à limiter la prise de risques et à prévenir les effets de levier excessifs.

Les dispositions macroprudentielles utilisées dans ce domaine peuvent consister à plafonner les prêts au logement souscrits par les emprunteurs en proportion de leur revenu (ratio dette/revenu), le service de leur dette en proportion de leur revenu (ratio service de la dette/revenu) et le montant emprunté en proportion de la valeur du bien dont il finance l’achat (quotité de financement). Les plafonds applicables aux quotités de financement initiales varient de 50 % en Israël à 95 % en Finlande, au Canada, au Danemark et en Lettonie (Graphique 3.9). Les limites relatives au ratio service de la dette/revenu sont seulement recommandées dans certains cas, le dénominateur retenu varie (il peut s’agir du revenu brut ou du revenu net), et dans divers pays, les autorités permettent qu’une certaine proportion des crédits octroyés ne respecte pas le plafond prévu. Ces limites varient de 30 % du revenu en Colombie à 80 % en République slovaque (Graphique 3.10) et d’après les conclusions de travaux empiriques, elles sont plus efficaces pour restreindre la croissance du crédit que les plafonds applicables aux quotités de financement. Le plafonnement du ratio dette/revenu, qui présente l’avantage de ne pas être sensible aux variations des taux d’intérêt ni des prix des logements, a été plus rarement utilisé jusqu’ici (Van Hoenselaar et al., 2021[2]).

L’endettement hypothécaire crée également des risques pour les prêteurs et les détenteurs de prêts au logement reconditionnés. Les bilans des ménages sont aujourd’hui plus solides qu’avant la crise financière mondiale, mais les données agrégées peuvent masquer une forte hétérogénéité. Il subsiste des risques que la capacité de remboursement des emprunteurs à faible revenu puisse se dégrader, compte tenu du démantèlement des mesures d’aide au revenu liées à la pandémie, de l’accentuation de l’inflation et de l’augmentation des coûts de financement (OCDE, 2022[12]). Ces évolutions peuvent remettre en question l’efficacité des outils macroprudentiels destinés à prévenir les défauts de remboursement de crédit hypothécaire, comme les plafonds de ratio service de la dette/revenu ou de quotité de financement, mis en place à une période où les marchés du logement connaissaient une expansion rapide. Par conséquent, l’évolution des nouvelles défaillances d’emprunteurs devrait faire l’objet d’un suivi attentif, étant donné qu’une dégradation de la qualité de crédit des ménages pourrait déboucher sur des pertes substantielles pour les prêteurs hypothécaires et les détenteurs de titres adossés à des créances hypothécaires, qui auraient des effets négatifs sur la résilience du système financier.

La montée des taux d’intérêt entraînée par l’augmentation de l’inflation réduit la valeur des créances hypothécaires et des titres obtenus par reconditionnement de ces créances dans les bilans des établissements financiers, de sorte que la valorisation des actifs constitue un risque majeur à gérer pour les autorités macroprudentielles. Les instruments axés directement sur la santé des établissements financiers, tels que les exigences de fonds propres pondérées en fonction des risques et les plafonds de levier non pondéré en fonction des risques, sont adéquats pour faire face au risque de boucle de rétroaction négative pouvant être enclenchée par une réévaluation d’actifs. Ils doivent aller de pair avec une surveillance étroite des liens entre les banques et les détenteurs de titres adossés à des créances hypothécaires ayant recours à l’effet de levier. Par ailleurs, il faut prendre correctement en compte les risques associés aux crédits hypothécaires à taux variable et libellés en devises.

Pour conduire leur politique, les autorités macroprudentielles, qui peuvent s’appuyer sur un vaste ensemble de données d’expérience accumulées à l’échelle internationale (Encadré 3.3), doivent prendre en considération la montée de l’inflation et des taux d’intérêt. Il faut donc que les autorités fassent preuve d’anticipation lors de la définition des plafonds réglementaires applicables aux ratios service de la dette/revenu, en intégrant la probabilité que les charges d’intérêts associées aux prêts à taux variable s’alourdissent parallèlement à la hausse des taux d’intérêt. Dans un environnement de montée de l’inflation et des taux d’intérêt, les crédits hypothécaires à taux fixe représentent des risques pour la stabilité financière fondés sur des canaux de transmission différents de ceux qui ont caractérisé la récente période de faible inflation et de taux d’intérêt bas. Dans la mesure où les salaires, les revenus du capital et le revenu disponible des ménages suivent au moins en partie l’inflation, il devrait devenir plus facile pour les ménages d’assurer le service des prêts à taux fixes au fil du temps, même si l’effet de contraction résultant du renchérissement de l’énergie et des produits alimentaires peut compliquer temporairement le remboursement des crédits hypothécaires et si certains de ces prêts devront à terme être renouvelés à des taux plus élevés.

Les procédures de saisie varient considérablement suivant les pays de l’OCDE. L’importance relative de la protection des droits des emprunteurs et des prêteurs détermine la façon dont la charge que représente une défaillance est répartie entre les ménages et les établissements émetteurs de prêts. L’OCDE a récemment mis au point un indicateur de réglementation des saisies, qui mesure l’importance relative de la protection des prêteurs et de celle des emprunteurs à partir de huit dimensions de la réglementation du crédit hypothécaire (Van Hoenselaar et al., 2021[2]). Les résultats obtenus pour 20 pays de l’OCDE et pays partenaires montrent que la Colombie et l’Italie ont les réglementations les plus favorables aux emprunteurs, tandis que la Suède et l’Autriche sont les deux juridictions les plus favorables aux prêteurs (Graphique 3.12).

Dans certains pays, la procédure de saisie peut débuter immédiatement après la première échéance impayée, tandis que dans d’autres, le délai d’ouverture de la procédure peut être nettement supérieur à un an. La durée des procédures varie de quelques semaines en Autriche et au Luxembourg à 120 semaines en moyenne en Italie. Cela accentue le risque qui pèse sur les prêteurs, étant donné que la qualité des garanties sous-jacentes est susceptible de se dégrader dans l’intervalle.

Il existe des procédures extrajudiciaires dans la moitié environ des pays considérés. Si des procédures judiciaires et extrajudiciaires coexistent, les secondes sont généralement les plus utilisées parce qu’elles sont plus rapides et moins coûteuses. Il n’existe des tribunaux spécialisés dans les faillites que dans cinq des pays examinés. La législation indique clairement que les débiteurs restent tenus de payer la fraction non remboursée du prêt dans neuf pays, et cette obligation peut s’appliquer dans cinq autres.

Les règles relatives aux saisies doivent établir un juste équilibre entre emprunteurs et prêteurs, car les cadres réglementaires qui penchent d’un côté ou de l’autre tendent à entraver le marché hypothécaire. Un cadre juridique autorisant l’utilisation de systèmes d’information sur la solvabilité des emprunteurs, qui permettent leur évaluation, présente également des avantages. Les juridictions caractérisées par une protection juridique plus forte et des systèmes d’information sur la solvabilité des emprunteurs de plus vaste portée ont généralement des marchés hypothécaires plus profonds.

Depuis la crise financière mondiale, la qualité de crédit des produits de financement immobilier structurés s’est globalement améliorée. Les titres adossés des créances hypothécaires classiques ne sont plus garantis par des crédits à risque (subprime) et « Alt-A », relativement risqués et de faible qualité. Cela tient au changement de perception des risques sur les marchés qui a fait suite à la crise, ainsi qu’au renforcement de la réglementation et de la surveillance des activités de titrisation. Dans l’ensemble, les autorités nationales et les organisations internationales ont réalisé des progrès considérables en matière d’identification et de compréhension des activités d’intermédiation financière et des risques connexes. Cela s’est traduit par une nette amélioration de la qualité de crédit des prêts hypothécaires accordés par les banques, mais au prix d’une certaine réduction de l’offre et, partant, d’une augmentation du coût de ces crédits, au moins à la marge. Néanmoins, le bas niveau des taux d’intérêt qui a perduré jusqu’à une date récente a constitué le facteur prédominant, conjugué à la faiblesse de l’offre de logements neufs, et de nombreux territoires ont connu une flambée des prix de l’immobilier, qui s’est accompagnée d’une envolée de l’endettement des ménages et des sociétés.

Parallèlement, les financements immobiliers ont connu un profond changement structurel, les produits structurés ayant cédé la place à des organismes de placement collectif et des établissements qui font jouer l’effet de levier et réalisent de la transformation de liquidité, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, depuis la crise financière mondiale. La faiblesse des taux d’intérêt qui a caractérisé les dix dernières années a renforcé l’appétence des investisseurs pour le rendement et étayé la croissance des organismes de placement collectif, notamment des sociétés d’investissement immobilier hypothécaire et des fonds communs de placement immobilier. Dans le même temps, le durcissement des exigences de fonds propres applicables aux activités de crédit hypothécaire, en vertu du dispositif réglementaire de Bâle III, a affaibli les incitations des banques à accorder des prêts pour financer des achats immobiliers, ce qui a ouvert la voie à une montée en puissance des émetteurs et des gestionnaires de crédits hypothécaires non bancaires, se substituant aux acteurs traditionnels du crédit hypothécaire bancaire. En Europe et ailleurs, les investisseurs institutionnels (notamment les sociétés d’assurance et les fonds de pension) et les fonds de placement ont manifesté un intérêt croissant pour le crédit immobilier, tout en acceptant les risques baissiers associés à divers chocs connexes.

Les marchés des financements immobiliers peuvent être vulnérables en cas de retournement du cycle du logement et compte tenu de la fragilité du secteur de l’immobilier commercial à la suite de la pandémie de COVID-19. L’orientation expansionniste des politiques monétaire et budgétaire ainsi que les mesures de renégociation de prêts qui ont suivi la pandémie ont atténué les problèmes qui se seraient posés avec acuité en leur absence, en particulier dans le secteur résidentiel, qui a bénéficié d’une forte protection (OCDE, 2020[16]). Quant aux prix de l’immobilier commercial, leur dynamisme s’est nettement réduit depuis le déclenchement de la pandémie, à la fois en raison de l’offre excédentaire d’espaces de bureaux, qui a résulté du vif développement du télétravail, et de la réduction de la fréquentation des magasins, due aux règles de distanciation sociale et à la tendance des individus à rester à leur domicile. En outre, les actifs immobiliers et, partant, les marchés des financements immobiliers sont exposés aux problèmes à moyen terme soulevés par les risques physiques et autres liés au changement climatique, qui peuvent entraîner une dégradation de la qualité de crédit des sociétés non financières et une perte de valeur des biens immobiliers fournis en garantie.

En outre les crédits hypothécaires émis par des établissements financiers non bancaires qui, au moins aux États-Unis, sont généralement de moindre qualité que ceux accordés par les banques, sont susceptibles d’être particulièrement vulnérables à de fortes augmentations de l’aversion pour le risque chez les investisseurs. Par conséquent, un recul des prix de l’immobilier, ou un choc se traduisant par une nette dégradation de la qualité de crédit des emprunteurs hypothécaires ou une réduction sensible de la valeur des biens immobiliers fournis en garantie, peut entraîner une baisse des cours des titres adossés à des créances hypothécaires (TACH), allant de pair avec des pertes, des remboursements de parts et des appels de marge pour un large éventail d’intermédiaires financiers et d’investisseurs. Bien que le marché des TACH soit international, il est dominé par les émissions réalisées aux États-Unis (Encadré 3.4). Une montée de l’aversion pour le risque chez les investisseurs pourrait enclencher des boucles de rétroaction telles que la réduction souhaitée de l’effet de levier entraînerait des turbulences sur les marchés des TACH ainsi que des défaillances et, in fine, une réduction de l’offre de crédit hypothécaire, une baisse des prix de l’immobilier et un affaiblissement de la croissance économique globale.

Les obligations sécurisées (covered bonds) sont des titres de créance émis par une banque ou un établissement de crédit hypothécaire et garanties par un « portefeuille de couverture » (cover pool) composé de prêts hypothécaires immobiliers et de titres de créance du secteur public. Bien que les obligations sécurisées constituent une source de financement garanti et peu coûteux, elles peuvent accroître les risques de refinancement auxquels la banque émettrice s’expose avec des sources de financement de gros non garanti. Contrairement aux titres adossés à des créances hypothécaires (TACH), qui sont constitués d’un ensemble donné de prêts hypothécaires sous-jacents transférés à une entité ad hoc, les obligations sécurisées exigent de la banque émettrice qu’elle conserve un portefeuille d’actifs de qualité servant de couverture aux obligations. Étant donné que le portefeuille d’actifs garantissant les obligations sécurisées doit être régulièrement reconstitué, les détenteurs de créances non garanties doivent assumer l’essentiel du montant cumulé des pertes sur prêts hypothécaires qui dépasse les fonds propres de la banque. Par conséquent, plus une banque émet d’obligations sécurisées, plus le risque lié à ses créances non garanties est grand, ce qui l’expose à un risque plus élevé de refinancement de sa dette non garantie. Les obligations sécurisées diffèrent, sur ce point, des titres adossés à des créances hypothécaires, dont le risque hypothécaire est transféré aux acheteurs de ces titres. Un financement accru par obligations sécurisées pourrait ainsi exacerber le risque de liquidité bancaire et accentuer les tensions sur les marchés du financement de gros non garanti. Le soutien monétaire et budgétaire sans précédent, conjugué aux mesures de renégociation des prêts prises à la suite de la pandémie, a permis de limiter les défauts de remboursement de prêts hypothécaires et de préserver la résilience des marchés des obligations sécurisées. L’effet de la croissance négative du crédit sur les prêts hypothécaires résidentiels qui composent le portefeuille d’actifs garantissant l’obligation a notamment été modeste. L’impact de la pandémie sur le rendement des actifs immobiliers commerciaux pourrait en revanche s’avérer plus important, mais l’exposition des portefeuilles de couverture à ces actifs est limitée.

Le marché mondial des obligations sécurisées a connu une expansion considérable au cours de la dernière décennie (Graphique 3.15). Les obligations sécurisées adossées à des prêts hypothécaires représentent l’essentiel de l’encours des obligations sécurisées. Si l’Europe domine les marchés des obligations sécurisées, ceux-ci se sont néanmoins développés à l’échelle mondiale au cours de la dernière décennie, notamment dans la région Asie-Pacifique, en Amérique du Nord et dans plusieurs économies émergentes. En 2020, les banques européennes restaient néanmoins les principaux émetteurs de ces instruments. Les émissions se sont toutefois taries pendant la pandémie, car une grande partie des aides publiques n’a pas été dépensée, ce qui s’est traduit par une augmentation de l’épargne des ménages sous la forme de dépôts bancaires, qui constituent une source de financement bancaire particulièrement peu coûteuse. Les marchés des prêts hypothécaires résidentiels de première qualité devraient être peu perturbés par le démantèlement des mesures de soutien publiques et réglementaires, mais l’on ne peut pas en dire autant des actifs immobiliers commerciaux.

Les sociétés d’investissement immobilier (REITs, real estate investment trusts) sont des structures de placement spécialisées qui tirent l’essentiel de leur revenu d’actifs liés à l’immobilier. Les REITs sont généralement spécialisées dans la détention d’actifs immobiliers physiques ou dans l’activité de prêt à des investisseurs ou promoteurs immobiliers. Elles émettent des titres assimilables à des actions qui donnent aux investisseurs accès à des investissements immobiliers plus liquides que des actifs immobiliers physiques. Durant la période prolongée de faiblesse des taux d’intérêt qui a suivi la crise financière mondiale, les REITs ont offert des possibilités d’investissement attrayantes car, dans de nombreuses juridictions, elles bénéficient d’un traitement fiscal favorable2, offrent des ratios de distribution de dividendes relativement plus élevés que ceux des actions et/ou proposent des investissements immobiliers diversifiés et liquides. Au cours de la dernière décennie, la capitalisation boursière mondiale du secteur des REITs a triplé (passant de 430 milliards USD en 2010 à plus de 1 300 milliards USD en 2021), les États-Unis représentant quelque 65 % de ce marché, même si une croissance rapide a aussi été enregistrée dans la région Asie-Pacifique (Encadré 3.5).

Depuis la crise financière mondiale, la faiblesse des taux d’intérêt et le durcissement de la réglementation bancaire3 ont contribué à l’essor des établissements de crédit hypothécaire non bancaires et des gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires faisant jouer l’effet de levier, principalement aux États-Unis (Encadré 3.6). Ces établissements de crédit hypothécaire non bancaires réalisent de la transformation de liquidité et d’échéances. Leur montée en puissance a eu plusieurs retombées positives : intensification de la concurrence ; allongement des échéances (de la part des compagnies d’assurance et des fonds de pension), réduisant ainsi la nécessité de transformer les échéances ; et diminution probable du caractère procyclique de l’offre (aucune monnaie n’étant créée), même si le faible nombre de données empiriques peut laisser penser le contraire (BRI, 2020[20]). Toutefois, ainsi qu’il a été indiqué plus haut, la qualité moyenne des crédits hypothécaires des établissements financiers non bancaires est généralement inférieure à celle des prêts des banques.

Les crédits fondés sur les technologies financières (crédits FinTech) se sont multipliés sur les principaux marchés du financement de l’immobilier, générant des gains d’efficience mais suscitant aussi d’éventuelles préoccupations concernant leur résilience financière. Le processus d’octroi des crédits a été rationalisé et automatisé par les nouveaux entrants, ce qui a permis d’accélérer les procédures d’approbation et de réduire les coûts, la fraude et les erreurs, au détriment toutefois d’une plus grande vulnérabilité face aux cyberattaques (Fuster et al., 2019[21]). Les crédits FinTech procurent une certaine commodité aux emprunteurs et permettent une évaluation plus précise des risques auxquels s’exposent les prêteurs. Les prêteurs traditionnels ont adopté certaines des innovations apportées par les FinTech, brouillant ainsi la distinction entre les deux types de prêteurs. Qui plus est, une certaine coopération a été mise en place ; ainsi, une banque peut conclure un contrat avec une FinTech pour que celle-ci lui fournisse l’infrastructure numérique nécessaire à l’émission de ses crédits hypothécaires. En 2020, les deux plus grands établissements de crédit FinTech comptaient à eux deux pour 30 % de l’ensemble des prêts résidentiels émis par les 25 premiers prêteurs aux États-Unis (qui représentaient les deux tiers du marché).

Parmi les autres types de prêts immobiliers non bancaires, on peut citer les prêts entre pairs ou le financement participatif par prêt, les prêts octroyés directement par des plateformes de financement et le financement participatif immobilier. Les émissions de ces types de prêts ont été suspendues ou réduites au premier semestre de 2020, à la suite du choc provoqué par la pandémie de COVID-19, mais elles semblent s’être redressées depuis. Les nouvelles technologies de prêt peuvent apporter des gains d’efficience en faisant diminuer les frais de gestion, en améliorant la précision des évaluations qui sous-tendent les transactions hypothécaires et en réduisant la fraude. Les plateformes numériques FinTech sont toutefois elles aussi exposées aux menaces externes et aux risques de cyberattaques ; les consommateurs sont donc davantage susceptibles de subir des pertes et d’autres préjudices, tels que la fraude par des tiers.

Le niveau élevé d’endettement des établissements financiers non bancaires et l’importante transformation de liquidité comportent des risques (Encadré 3.7). En outre, la performance de ces établissements dépend également des prix de l’immobilier, de la qualité et de la diversification de leurs actifs, de leur dépendance à l’égard des marchés de financement de gros, parfois volatils, des vagues périodiques de demandes de remboursement de parts et des liens entretenus avec d’autres marchés de capitaux.

Il faudrait évaluer l’efficacité des instruments de réglementation applicables aux sociétés d’investissement immobilier hypothécaire (mREITs) et aux fonds communs de placement immobilier (REMFs) afin de déterminer s’il est nécessaire d’adopter une approche plus globale, fondée sur les risques, en matière de réglementation des établissements de crédit hypothécaire non bancaires et des gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires. Il conviendrait de remédier aux vulnérabilités naissantes sans remettre en cause les avantages des financements de marché. L’enjeu principal consiste à déterminer si suffisamment d’instruments existent pour inciter les établissements de crédit hypothécaire non bancaires faisant jouer l’effet de levier à être attentifs aux risques de liquidité et de transformation d’échéances, afin que puissent être évités des effets d’entraînement cycliques dispensables sur le reste du système financier et la sphère réelle de l’économie (Encadré 3.8). Outre des mesures visant à atténuer le risque de demandes de remboursement coordonnées ayant un effet préjudiciable, l’importante asymétrie de liquidité donne à penser qu’il faut élargir l’éventail des outils de gestion de la liquidité pour permettre aux REMFs d’absorber les sorties d’investisseurs sans recourir à des suspensions de remboursement de parts (FMI, 2021[26]). L’Irlande offre un exemple de réformes pouvant être prises pour réglementer les fonds de placement immobilier en vue de renforcer la stabilité financière (Encadré 3.9).

En ce qui concerne les mREITs, les difficultés de gestion de la liquidité sont liées à l’asymétrie d’échéances et au risque de refinancement de la dette, qui s’expliquent par l’utilisation de financements garantis à court terme et/ou de lignes de crédit bancaire à court terme renouvelables aux fins du financement de TACH et de prêts hypothécaires à plus long terme. Le recours à des outils de gestion des risques pour renforcer leur capacité d’absorption de pertes et améliorer leurs positions de liquidité permettrait notamment d’atténuer leur sensibilité aux appels de marge.

Aux États-Unis, les établissements de crédit hypothécaire non bancaires et les gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires sont réglementés à des fins de sécurité et de solidité du système financier, et soumis à des exigences de fonds propres et de liquidité. Bien que ce secteur ne présente pas de risque de créance sur le fonds d’assurance des dépôts, les difficultés financières qu’il est susceptible de rencontrer peuvent constituer une menace de taille pour la résilience du système financier, à la fois directement et indirectement du fait de ses liens avec le système bancaire classique. En 2019, la Conference of State Bank Supervisors (CSBS) et l’American Association of Residential Mortgage Regulators (AARMR) ont conjointement publié des procédures d’examen de la sécurité et de la solidité de tous les établissements financiers, qui ont depuis été appliquées, dans leur intégralité ou en partie, par la plupart des États fédérés (CSBS, 2019[28] ; CSBS, 2021[22]).

Bien que ces normes prudentielles méritent d’être saluées, les modèles de normes prudentielles applicables aux gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires au niveau des États (Final Model Standards) pourraient être encore renforcés. Plus précisément, les normes réglementaires en matière de fonds propres ne sont pas définies selon une approche fondée sur les risques s’agissant des actifs des établissements de crédit hypothécaire non bancaires, contrairement au cadre réglementaire des banques, qui prend en compte de nombreux facteurs. En outre, les exigences de liquidité ne tiennent pas compte de la maturité et de la capacité des facilités de crédit de l’établissement, de l’efficacité de ses stratégies de couverture ou encore des particularités de son modèle d’activité. Par ailleurs, l’exigence supplémentaire de liquidité de 200 points de base applicable aux entreprises parapubliques lorsque les impayés atteignent un certain niveau peut obliger les gestionnaires non bancaires à lever davantage de fonds alors même qu’ils connaissent peut-être déjà des difficultés financières. Des exigences contracycliques seraient préférables. Dans ce contexte, il est à craindre que les exigences réglementaires applicables aux établissements de crédit hypothécaire non bancaires et aux gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires ne soient pas tout à fait adéquates au regard des risques posés par ces entreprises. Il faudrait tenir compte d’autres facteurs de risque pertinents pour définir les exigences de fonds propres et de liquidité applicables aux établissements de crédit hypothécaire non bancaires et aux gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires. Toutefois, si les autorités de réglementation décèlent des vulnérabilités croissantes dans un établissement particulier, elles peuvent décider, au cas par cas, de durcir les exigences de fonds propres et de liquidité afin d’atténuer les risques et les retombées propres à cet établissement qui seraient susceptibles de menacer la résilience du secteur et peut-être au-delà. Il semble donc nécessaire de poursuivre les efforts pour élaborer et mettre en œuvre divers outils permettant de remédier aux facteurs de vulnérabilité des établissements et gestionnaires de prêts hypothécaires. Une évaluation de l’utilisation et de l’efficacité de ces outils permettrait en outre de s’assurer qu’ils contribuent à atténuer les prises de risques excessives en matière de liquidité et d’endettement, et qu’ils améliorent la résilience en période de difficulté.

Le financement du logement a un rôle essentiel à jouer dans la réduction des émissions du secteur résidentiel, et cet effort nécessitera des investissements coûteux (Chapitre 2). Les établissements de crédit hypothécaire peuvent soutenir la décarbonation du logement à différents stades :

  • Pour les nouvelles constructions, les prêteurs hypothécaires peuvent tenir compte du fait que la construction de logements conformes à des normes compatibles avec l’objectif de neutralité carbone se traduira par une baisse des dépenses d’énergie récurrentes et éliminera le risque que les propriétaires doivent réaliser ultérieurement de coûteuses rénovations. Ces deux facteurs améliorent respectivement les flux de trésorerie et la valeur des garanties déposées par les emprunteurs, ce qui améliore aussi la qualité du crédit. Des certificats de performance énergétique transparents et fiables favoriseraient le recours à des prêts de construction intégrant le moindre risque associé à la haute qualité environnementale d’une construction.

  • Le même constat vaut pour les logements anciens : des certificats fiables permettraient aux banques de procéder plus facilement à un rehaussement de crédit à la suite d’une amélioration de l’efficacité énergétique du bien, compte tenu, là encore, de ses effets sur la valeur des garanties et les flux de trésorerie de l’emprunteur.

  • Il n’existe à l’heure actuelle aucun marché du crédit pour la rénovation. Le montant requis pour la rénovation d’un logement individuel est bien plus faible qu’un prêt hypothécaire, ce qui complique la couverture des frais administratifs et autres frais d’émission. Le marché du crédit à la consommation est en outre inadapté au financement de la rénovation : l’échéance de remboursement des rénovations est généralement plus longue que celle des prêts à la consommation, et le risque accru associé à un crédit à la consommation se traduit par des taux d’intérêt élevés qui peuvent rendre les investissements dans la rénovation non rentables. Des informations fiables et transparentes sur la performance énergétique des logements rénovés permettraient, là encore, de faire prendre conscience aux prêteurs des avantages spécifiques que présentent les crédits à la rénovation énergétique, par rapport aux crédits à la consommation, notamment la réduction des futures factures d’énergie et l’accroissement de la valeur du logement. Une telle avancée créerait des conditions plus propices au développement de marchés actifs pour le financement de la rénovation.

Divers systèmes d’évaluation environnementale des bâtiments (SEEB) ont été mis au point afin de fournir les informations nécessaires pour favoriser la prise en compte des objectifs environnementaux dans le secteur du bâtiment. Les SEEB correspondent généralement à des normes définies par des tiers, dont l’adoption est facultative et qui sont fondées sur le jeu du marché ; ils renseignent les investisseurs immobiliers et les détenteurs d’obligations immobilières sur la performance d’un bâtiment existant ou d’un projet de construction du point de vue de la durabilité et de l’environnement. Si un bien immobilier affiche une classe énergétique élevée, son prix tend à être plus élevé (Taruttis et Weber, 2022[29] ; Copiello et Donati, 2021[30] ; Fuerst et al., 2015[31] ; Hyland, Lyons et Lyons, 2013[32]). Les éléments attestant leur effet sur les prêts au logement sont toutefois plus rares, bien qu’un lien entre une plus grande efficacité énergétique et une moindre probabilité de défaut de paiement ait été constaté dans une étude des données sur les prêts hypothécaires au logement aux Pays-Bas (Billio et al., 2021[33]). Il ressort par ailleurs d’études réalisées sur les prêts hypothécaires commerciaux aux États-Unis (prêts pouvant financer des bureaux ou des immeubles d’habitation collectifs) que le risque de défaut est plus grand si les emprunteurs font face à des coûts énergétiques plus élevés (Mathew, Issler et Wallace, 2021[34]) et que ce risque diminue sensiblement une fois que les bâtiments financés obtiennent une certification énergétique (An et Pivo, 2018[35])).

Étant donné le large impact de l'immobilier sur l’environnement et le climat, les normes de classification des obligations vertes reposent sur plusieurs catégories qui sont utilisées pour définir les projets immobiliers verts éligibles (Encadré 3.11). Les effets sur l’environnement du secteur immobilier peuvent être mis en évidence tout au long de la chaîne de valeur économique, qu’il s’agisse des effets sur l’occupation des sols, l’approvisionnement en matériaux, la longueur et l’ampleur des chaînes d’approvisionnement, la demande de transport et d’infrastructure, l’énergie, la pollution de l’eau et la biodiversité, la santé et le bien-être des occupants, ou encore de l’impact communautaire. Les projets immobiliers verts éligibles devraient contribuer à la réalisation d’un ou plusieurs des cinq objectifs environnementaux globaux suivants : (i) atténuation du changement climatique, (ii) adaptation au changement climatique, (iii) conservation des ressources naturelles, (iv) conservation de la biodiversité, et (v) prévention et maîtrise de la pollution (ICMA, 2021[38]). Si la réalisation de deux de ces objectifs procurerait directement des bénéfices sur le plan climatique, pour d’autres, le bénéfice climatique serait un effet secondaire.

Il conviendrait de compléter les objectifs environnementaux globaux par un ensemble de mesures quantitatives et de critères qualitatifs permettant d’évaluer l’impact exact des projets de construction verte sur la réalisation des objectifs environnementaux et des objectifs de transition climatique. L’International Capital Market Association (ICMA) a élaboré des orientations générales et des définitions spécifiques pour appréhender et illustrer les bénéfices pour l’environnement et la durabilité des projets de construction verte, établies à partir de sept référentiels essentiels, à savoir : (i) les logements neufs, (ii) les logements rénovés, (iii) la consommation d’énergie, (iv) la consommation d’énergie primaire, (v) la consommation finale d’énergie, (vi) la superficie brute des bâtiments et (vii) les mécanismes de certification (ICMA, 2020[39]).

Cependant, la diversité des SEEB et des méthodologies publiées qui sont actuellement employés pour comptabiliser les émissions de GES et la réduction des émissions de carbone associées aux projets de construction est telle qu’il est compliqué d’arriver à une cohérence parfaite des mesures utilisées pour l’établissement de rapports. Globalement, l’efficacité de ces cadres à l’appui de la réalisation des objectifs de transition climatique pourrait se trouver limitée par l’absence d’une méthodologie solide alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. En outre, le fait qu'il n’existe pas d’ensemble complet de mesures quantitatives axées sur les objectifs de réduction des émissions de carbone peut représenter un obstacle de taille à la contribution des actifs immobiliers et des produits de financement de l’immobilier sous-jacents à une transition climatique efficace et harmonieuse.

Les marchés de la finance durable se sont considérablement développés dans le monde ces dernières années. Les émissions de titres de dette durable se sont chiffrées à 1 600 milliards USD en 2021, soit huit fois le montant atteint en 2017. Les obligations vertes à elles seules représentaient 450 milliards USD, mais leur essor a cependant été plus modéré que celui d’autres formes de dette durable (Graphique 3.17, Partie A). Les marchés des titres de dette verte sont principalement des marchés européens, la Chine et les États-Unis venant compléter le reste du tableau (Graphique 3.17, Panel B). En outre, une part non négligeable (près de 30 % en 2021) des produits de l’émission de titres de dette verte servent à financer des bâtiments écologiques (OCDE, 2022[42]).

Ces montants peuvent paraître impressionnants au premier abord, mais ils le sont beaucoup moins si l’on tient compte : 1) du fait que l’évolution de l’urbanisation à l’échelle mondiale témoigne de la nécessité de construire quelque 13 000 bâtiments par jour pour suivre le rythme de la croissance démographique d’ici à 2050 ; 2) des dernières estimations (datant de 2019) de la chaîne de valeur mondiale de la construction et de la rénovation de bâtiments, dont moins de 3 % pourraient mériter un label vert (152 milliards USD sur 5 800 milliards USD) ; et 3) de la valeur des actifs immobiliers mondiaux, soit 310 000 milliards USD (0.05 %). Les obligations vertes et les TACH ont représenté 1.5 % seulement du total obligations classiques et des nouveaux prêts hypothécaires accordés en 2021.

Parmi les différents types d’actifs de crédit verts, les titres adossés à des actifs (ABS) verts englobent les titres adossés à des créances hypothécaires (TACH) immobilières. Ces cinq dernières années, les marchés des TACH verts ont connu une forte expansion, en particulier aux États-Unis et, dans une moindre mesure, sur d’autres grands marchés de TACH, y compris en Europe, en Chine et en Australie. Aux États-Unis, les marchés de TACH verts sont principalement alimentés par les émissions d’entreprises parapubliques et de municipalités, à l’origine destinées à financer des logements collectifs, mais finalement utilisées pour financer également des logements individuels. Cependant, leur expansion a été beaucoup plus lente que celle du marché des TACH dans sa globalité, et leur part a été ramenée à 0.3 % seulement en 2021 après avoir atteint un point culminant, soit 1.4 %, en 2017. L’activité a même été plus limitée encore dans le reste du monde. Les sociétés d’investissement immobilier ont elles aussi émis des obligations vertes, au départ surtout en Europe ; récemment, on a toutefois pu observer une croissance rapide de ce marché en Amérique du Nord, essentiellement pour financer des bâtiments à usage commercial.

De nombreuses plateformes de négociation d’obligations sont entrées sur le segment des obligations vertes, notamment en Europe et en Asie, mais aussi en Amérique latine. Certaines agences de notation ont créé des indices pour les obligations vertes, à commencer par Standard and Poor’s en 2014, même si aucun de ces indices ne concerne les obligations vertes émises par des émetteurs du secteur immobilier. Au fur et à mesure de l’amélioration des normes visant à promouvoir la neutralité carbone des actifs immobiliers et de l’expansion du marché, les indices sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la levée de certains des obstacles auxquels se heurtent les investisseurs institutionnels. Plus précisément, ces indices permettront aux investisseurs de mieux évaluer les performances des produits de financement vert de l’immobilier et le risque associé, et aideront les gestionnaires de fonds à rendre compte des performances comparées de leurs placements en obligations destinées au financement vert de l’immobilier.

Après une décennie de croissance, les marchés du financement vert de l'immobilier demeurent modestes comparés aux marchés du financement classique de l’immobilier. Plusieurs difficultés se présentent lorsqu’il s’agit d’aligner les pratiques en matière de financement vert de l’immobilier sur les objectifs de durabilité, notamment l’absence de définitions communes, de normes, de données de qualité et de produits financiers, autant de facteurs qui amoindrissent la capacité des acteurs du marché et des instances de réglementation de recenser, de suivre et de gérer les risques et les opportunités. C’est pourquoi il faudra redoubler d’efforts pour promouvoir les investissements dans des projets immobiliers verts afin d’opérer la transition vers un parc immobilier bas carbone et d’atteindre les objectifs climatiques définis dans l’Accord de Paris.

Pour que la finance verte contribue à la décarbonation et à la réalisation d’autres objectifs environnementaux dans le secteur immobilier – économies d’énergie, lutte contre la pollution atmosphérique, limitation de l’utilisation de l’eau et traitement approprié des eaux usées, notamment –, la mission la plus importante des pouvoirs publics consiste à instaurer des conditions propices à un développement rapide de ce marché en expansion. Jusqu’ici, le marché a pu éclore à la faveur d’une multitude d’initiatives d’évaluation environnementale émanant principalement du secteur privé, mais cette mosaïque d’actions dispersées n’a pas permis d’aboutir à la normalisation, ni à l’intégration des marchés au niveau mondial qui auraient favorisé l’émergence et l’approfondissement des divers marchés par-delà des frontières, et ainsi ouvert la possibilité d’exploiter toutes les économies d’échelle existantes et de surmonter la fragmentation qui a entravé les progrès. Faute de progrès rapides, il semble peu probable que l’objectif de parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050 inscrit dans l’Accord de Paris puisse être atteint, que ce soit dans le secteur immobilier ou dans l’ensemble de l’économie.

Il pourrait se révéler justifié de prendre des mesures pour renforcer l’alignement des actifs immobiliers verts sur la trajectoire de la transition vers une économie bas carbone. Elles pourraient être principalement axées sur le renforcement des cadres régissant les obligations immobilières et les prêts hypothécaires verts afin d’améliorer les outils, les méthodologies et les produits existants, d’éviter la fragmentation du marché du financement de l’immobilier et d’accompagner une transition climatique harmonieuse. L’adoption de principes et de bonnes pratiques au niveau sectoriel pourrait notamment apporter une contribution non négligeable à l’instauration de règles du jeu équitables sur ces marchés, et au renforcement de leur cohérence et de leur intégrité à l’appui de la décarbonation des actifs immobiliers.

Le déploiement et le partage de pratiques exemplaires, en particulier pour la classification, la fixation des prix et la titrisation des instruments financiers, concourrait également au déploiement d’instruments de financement vert de l’immobilier. Les investisseurs pourraient ainsi appréhender plus facilement les bénéfices climatiques à attendre de ces produits, et ils seraient mieux armés pour recenser, suivre et gérer les risques et opportunités associés. Compte tenu de l’appétance de plus en plus vive pour les actifs immobiliers verts, les orientations et incitations émanant des pouvoirs publics en faveur de l’émission d’obligations immobilières et de TACH verts pourraient apporter une contribution significative à la satisfaction des besoins de liquidités du secteur financier au niveau national et encourager l’essor des marchés du financement vert de l'immobilier. Ce serait par ailleurs un moyen d’adresser les bonnes incitations aux investisseurs et de faciliter l’accès aux marchés, et ce faisant, d’insuffler un véritable élan au développement de ces derniers.

Une intensification de la coopération internationale entre les instances de réglementation des marchés, les banques centrales et les acteurs du marché est également indispensable pour promouvoir la comparabilité internationale et l’alignement des actifs immobiliers verts sur la transition vers une économie bas carbone ainsi que pour accroître l’efficience des marchés, en réduire la fragmentation et en renforcer l’intégrité. La comparabilité des SEEB est une condition sine qua non de l’efficience et de l’efficacité des cadres de gestion des risques qui favorisera l’équité des règles du jeu et procurera aux investisseurs la confiance nécessaire pour devenir des acteurs à part entière sur ces marchés mondiaux en plein essor. Le bon fonctionnement des marchés du financement vert de l'immobilier sera primordial pour pouvoir répondre aux besoins de financement considérables suscités par le défi de la transition climatique et pour accompagner l’avènement d’une intermédiation financière résiliente au service de l’économie réelle.

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[5] Ministère des Finances Canada (2017), Équilibrer la répartition des risques dans le système canadien de financement du logement.

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[10] Phillips, L. (2020), « Decentralisation and inter-governmental relations in the housing sector », OECD Working Papers on Fiscal Federalism, n° 32, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/2d3c3241-en.

[19] SEC (2020), U.S. credit markets interconnectedness and the effects of the COVID-19 economic shock, Securities Exchange Commission, Division of Economic and Risk Analysis, https://www.sec.gov/files/US-Credit-Markets_COVID-19_Report.pdf.

[29] Taruttis, L. et C. Weber (2022), « Estimating the impact of energy efficiency on housing prices in Germany: Does regional disparity matter? », Energy Economics, vol. 105, p. 105750, https://doi.org/10.1016/j.eneco.2021.105750.

[2] Van Hoenselaar, F. et al. (2021), Mortgage Finance Across OECD Countries, Documents de travail du Département des Affaires économiques de l’OCDE, n° 44, Éditions OCDE, Paris, décembre, https://doi.org/10.1787/f97d7fe0-en.

[36] Whole Building Design Guide (2022), Green building standards and certification systems, https://www.wbdg.org/resources/green-building-standards-and-certification-systems.

← 1. Ce chapitre repose sur trois rapports qui contiennent davantage d’informations et des références complémentaires (OCDE, 2021[25] ; OCDE, 2022[42] ; Van Hoenselaar et al., 2021[2]).

← 2. À titre d’exemple, les REITs domiciliées aux États-Unis sont exonérées de l’impôt fédéral sur les sociétés si elles distribuent chaque année au moins 90 % de leur bénéfice net imposable à leurs investisseurs.

← 3. En janvier 2020, les règles de Bâle III ont toutefois été assouplies (OCDE, 2021[25]).

← 4. En juillet 2021, les autorités de réglementation financière des États américains ont approuvé des mesures visant à améliorer la solidité financière des gestionnaires non bancaires de prêts hypothécaires.

← 5. Les titres de transfert du risque de crédit (CRT, Credit Risk Transfer) ont été créés à la lumière des orientations formulées en 2013 par l’Autorité fédérale américaine du financement du logement (FHFA, Federal Housing Finance Agency) pour réduire les risques pesant sur entreprises parapubliques et, in fine, sur les contribuables américains. Le principal des titres de type CRT n’est pas garanti, et les tranches de rang inférieur sont fortement subordonnées. Bien que les titres CRT soient détenus par divers acteurs, notamment des fonds spéculatifs, des sociétés d’investissement immobilier hypothécaire, des fonds communs de placement immobilier, des banques, des compagnies d’assurance et des sociétés d’investissement, l’actionnariat est concentré. À la fin de 2019, Fannie Mae et Freddie Mac avaient émis des titres CRT sur un portefeuille de prêts hypothécaires pour maisons individuelles de 3 500 milliards USD et souscrit une assurance hypothécaire indépendante couvrant un portefeuille de 1 600 milliards USD supplémentaires. Au début mars 2020, les craintes des investisseurs concernant l’imminence d’un événement générateur de pertes importantes a entraîné la fermeture du marché des titres CRT. Freddie Mac a toutefois recommencé à émettre des titres CRT en juillet, et Fannie Mae au début 2021.

← 6. Les établissements de crédit hypothécaire non bancaires financent leurs activités en combinant des obligations vendues à des particuliers, des prêts de gros, des opérations de titrisation, des lignes de crédit à court terme renouvelables (warehouse lines) et via leur propre bilan (avec le soutien d’investisseurs en obligations et en actions). Ils peuvent recourir à diverses structures de financement s’appuyant sur un ensemble diversifié d’investisseurs : banques, gestionnaires d’actifs traditionnels, fonds spéculatifs, gestionnaires de patrimoine de familles fortunées (family offices) ou particuliers fortunés. Si certaines sociétés ont émis des actions cotées en bourse, la plupart restent détenues par des capitaux privés.

← 7. Ils doivent notamment continuer à assurer la gestion des prêts renégociés ou faisant l’objet d’une saisie des biens fournis en garantie.

← 8. Le principe I.B. du Cadre d’action publique de l’OCDE pour une réglementation financière efficace et efficiente souligne l’importance de la transparence du paysage financier pour toutes les parties prenantes.

← 9. En 2017, le Conseil de stabilité financière (CSF) a publié des recommandations pour remédier aux vulnérabilités structurelles des activités de gestion d’actifs (Recommendations to Address Structural Vulnerabilities from Asset Management Activities). En 2018, l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) et ses membres ont publié deux rapports, lun présentant des recommandations sur la gestion du risque de liquidité dans les fonds de placement collectif (Recommendations for Liquidity Risk Management for Collective Investment Schemes), et l’autre les bonnes pratiques en matière de gestion de la liquidité et des risques dans les fonds ouverts (Open-ended Fund Liquidity and Risk Management – Good Practices and Issues for Consideration).

← 10. Le « swing pricing » est un mécanisme d’ajustement de la valeur liquidative des fonds qui permet aux gestionnaires d’ajuster à la baisse la valeur liquidative d’un fonds lorsque les sorties dépassent un certain seuil. Les gestionnaires de fonds peuvent ainsi répartir les coûts de transactions en servant au mieux les intérêts de tous les investisseurs et assurer un traitement plus équitable en faisant supporter les coûts de transactions aux investisseurs sortants plutôt qu’à ceux restant dans le fonds.

← 11. L’immobilier commercial recouvre tout bien immobilier générateur de revenus, existant ou destiné à la promotion immobilière, logements locatifs y compris ; ou tout bien existant ou en cours de construction détenu par ses propriétaires afin d’y exercer leur activité commerciale ou à toute autre fin ou activité.

← 12. L’analyse de ces fonds par la CBI repose en grande partie sur une enquête, menée en 2020, exclusivement consacrée aux fonds de placement immobilier irlandais (intitulée « Deep Dive Survey »), ainsi que sur des données réglementaires et statistiques recueillies régulièrement par la banque centrale.

← 13. La durée de validité d’un CPE est de 10 ans et celle d’un label ENERGY STAR de 12 mois. Une fois la période de validité écoulée, le propriétaire qui souhaite conserver cette certification doit passer à nouveau par le processus de demande et d’évaluation pour démontrer que son bien présente toujours un niveau élevé de performance énergétique.

← 14. La LMA représente le marché des prêts syndiqués en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.

← 15. Les emprunteurs bénéficiant du programme Flat 35S (ouvrant droit à un type particulier de crédits Flat 35) qui acquièrent des logements satisfaisant à des critères d’efficacité énergétique définis par l’Agence japonaise pour le financement du logement bénéficient également d’une réduction du taux d’intérêt. Cette réduction dépend du soutien budgétaire accordé par l'État et, depuis août 2015, elle est de 0.6 % pour les cinq premières années (le chiffre de 0.6 % est exceptionnel ; il était de 0.3 % dans le cadre des précédents programmes de relance économique).

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