4. Conditions de vie des immigrés

Le revenu médian des ménages immigrés dans l’UE s’élevait à près de 18 000 EUR en 2020, soit moins que dans la zone OCDE (environ 22 000 EUR). Il correspond à environ 90 % du revenu médian des personnes nées dans le pays dans l’ensemble de l’UE, ainsi qu’en Australie et au Canada, et à moins de 86 % aux États-Unis et en Colombie. Dans la plupart des pays, le revenu des immigrés est inférieur à celui des personnes nées dans le pays, au moins 23 % de moins dans les pays d’immigration de longue date comptant de nombreux immigrés extracommunautaires (sauf en Allemagne), en Europe du Sud (sauf au Portugal) et en Suède. Dans l’UE, le revenu des immigrés extracommunautaires s’élève à 84 % de celui de leurs pairs nés dans l’UE. Le revenu médian des immigrés peu instruits est encore plus faible, correspondant aux deux tiers de celui de leurs pairs très instruits dans l’UE et à moins de la moitié aux États-Unis. Si, dans tous les pays, le revenu des ménages immigrés augmente avec le niveau d’études, le fait d’être très instruit ne permet pas de combler l’écart avec les personnes nées dans le pays. Dans l’UE, les immigrés ayant un niveau d’études très élevé affichent en effet des revenus inférieurs de 13 % à ceux de leurs pairs nés dans le pays (de 4 % aux États-Unis). En revanche, parmi les personnes ayant un faible niveau d’études, les immigrés affichent, par rapport à leurs homologues nées dans le pays, des revenus seulement inférieurs de 3 % dans l’UE, et même supérieurs de 4 % aux États-Unis.

Si les immigrés sont surreprésentés dans le premier décile de revenu et sous-représentés dans le dernier, leur situation s’est améliorée dans un pays sur quatre ces dix dernières années. Les plus fortes augmentations se trouvent en Finlande, en Grèce, au Royaume-Uni et au Portugal. Dans la plupart des pays, les cohortes d’immigrés arrivées ces dix dernières années figurent moins dans le premier décile de revenu et plus dans le dernier décile en 2020 que ces mêmes cohortes en 2010. Cette évolution a été particulièrement marquée au Portugal, en France et aux États-Unis.

En dehors de l’Europe (sauf Israël et Australie), les inégalités de revenu (ratio entre le 10ème et le 1er décile) parmi les immigrés sont en général plus profondes que parmi les natifs. Aux États-Unis, le pays de l’OCDE aux plus fortes inégalités de revenu, les revenus du dernier décile sont supérieurs à ceux du premier par un facteur de 7.1 parmi les immigrés, et de 6.5 parmi les natifs. Les inégalités de revenu sont plus marquées pour les immigrés dans les pays européens d’immigration de longue date, en Espagne et au Danemark. Elles sont plus faibles que celles des natifs dans environ un quart des pays, par exemple en Estonie et en Lituanie. Au cours de la dernière décennie, les inégalités de revenu parmi les immigrés se sont atténuées dans deux pays de l’UE sur cinq, mais dans une moindre mesure parmi les natifs.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, 26 % des personnes nées à l’étranger et 16 % des personnes nées dans le pays vivent dans une situation de pauvreté relative. L’écart est de même ampleur aux États-Unis (8 points de pourcentage), tandis qu’il est plus faible en Nouvelle-Zélande, dans les pays de l’OCDE d’Amérique latine et en Israël. Dans quatre pays sur cinq, les immigrés sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de connaître la pauvreté. En Europe, l’écart entre les deux groupes est profond dans tous les pays d’immigration de longue date (sauf en Allemagne), dans la plupart des pays d’Europe du Sud et dans ceux qui accueillent d’importants effectifs d’immigrés pour des raisons humanitaires, comme la Suède.

Ces dix dernières années, dans l’UE, le taux de pauvreté relative est resté stable parmi les personnes nées dans le pays, tandis qu’il a légèrement diminué parmi les immigrés. En dehors de l’Europe, il a baissé parmi les deux groupes (sauf aux États-Unis pour les personnes nées dans le pays). Dans un peu plus de la moitié des pays, la part des immigrés vivant dans une situation de pauvreté relative a diminué, comme c’est le cas aussi pour les personnes nées dans le pays. En revanche, le taux de pauvreté relative a fortement augmenté parmi les personnes nées à l’étranger aux Pays-Bas (+10 points), ainsi qu’en Suède et dans certains pays d’Europe centrale et orientale. Quasiment partout, l’évolution de la pauvreté relative des personnes nées à l’étranger, qu’elle soit positive ou négative, a été plus prononcée que parmi les personnes nées dans le pays.

Le fait d’avoir un niveau d’études élevé, et par conséquent de meilleures perspectives d’emploi (stable), réduit le risque de pauvreté relative, quoique dans une moindre mesure chez les immigrés que chez les personnes nées dans le pays. La pauvreté relative est plus fréquente parmi les personnes nées à l’étranger dans les pays où les populations immigrées sont majoritairement peu instruites ou originaires de pays hors UE. En conséquence, un tiers des immigrés de pays tiers vivent dans une situation de pauvreté, contre moins d’un quart de leurs homologues nés dans l’UE. Les immigrés peu instruits sont aussi plus susceptibles d’être pauvres (36 % dans l’UE). Toutefois, l’écart avec les natifs reste de même ampleur à tous les niveaux d’études (10 points environ). Ce constat est moins vrai en dehors de l’UE, l’écart entre les personnes très instruites nées à l’étranger et leurs homologues nées dans le pays ne dépassant pas 3 points de pourcentage aux États-Unis et au Royaume-Uni. En outre, 16 % des immigrés pourvus d’un emploi continuent de vivre en-deçà du seuil de pauvreté relative dans l’UE, soit deux fois plus que leurs homologues nés dans le pays. Un écart similaire est observé aux États-Unis (24 % contre 14 %).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, environ trois immigrés sur dix sont exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, contre moins d’une personne née dans le pays sur cinq. Ils se trouvent plus souvent dans cette situation dans la quasi-totalité des pays européens, notamment en Grèce et en Espagne, où cette part est de un sur deux. Le risque est supérieur de plus de 12 points de pourcentage pour les immigrés dans la plupart des pays d’Europe du Sud, certains pays d’immigration de longue date et les pays nordiques. Au Portugal, dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, ainsi qu’à Malte, où les immigrés ont en moyenne des niveaux d’études plus élevés, l’écart est faible voire nul. Les immigrés de pays tiers sont beaucoup plus AROPE que leurs pairs nés dans l’UE dans la quasi-totalité des pays européens. Dans l’UE, environ deux immigrés de pays tiers sur cinq sont concernés, contre seulement environ une personne née dans l’UE sur quatre.

Au cours de la dernière décennie, la part des personnes nées à l’étranger et nées dans le pays qui sont AROPE a baissé dans l’UE, de 1 et 3 points de pourcentage. Elle a diminué dans deux pays sur trois parmi les immigrés, et dans quatre sur cinq chez les natifs. Sauf dans certains pays d’Europe centrale et orientale où il y a eu des baisses, ainsi qu’à Chypre et en Irlande, elles ont été plus marquées parmi les immigrés. L’écart entre les deux groupes s’est ainsi réduit dans plusieurs pays, notamment en Finlande et en Islande. En revanche, dans certains pays d’Europe du Sud, en Suède, en Norvège, en France et aux Pays-Bas, la part des immigrés AROPE a augmenté, mais est restée inchangée parmi les personnes nées dans le pays.

Si le niveau d’études fait fortement baisser le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, l’écart important entre les deux groupes persiste à niveau d’études élevé. Dans deux tiers des pays, même les immigrés très instruits sont au moins deux fois plus AROPE que leurs pairs nés dans le pays (18 % contre 8 % dans l’UE). Un autre facteur important est la durée du séjour. Les nouveaux arrivants sont confrontés à des obstacles particuliers sur le marché du travail et n’ont pas toujours pleinement accès aux allocations publiques. Ils sont par conséquent beaucoup plus défavorisés sur les plans économique et social, en particulier dans les pays nordiques et dans les pays européens d’immigration de longue date qui accueillent majoritairement des personnes de pays tiers. Dans la plupart de ces pays, l’écart entre les immigrés installés et les personnes nées dans le pays se réduit toutefois d’au moins 40 %.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, la part de propriétaires occupants parmi les personnes nées dans le pays est près de deux fois plus élevé que celui des personnes nées à l’étranger. Il est supérieur dans tous les pays (à l’exception de la Lettonie et de l’Estonie), les écarts les plus marqués (d’au moins 35 points) étant observés dans certains pays d’Europe du Sud, en Amérique latine et en Corée. Contrairement aux personnes nées dans le pays, les immigrés n’héritent pas du patrimoine immobilier de leurs parents dans le pays de résidence. En outre, ils se heurtent à divers obstacles pour accéder à la propriété, à savoir des moyens financiers plus limités, une méconnaissance du marché du logement dans le pays d’accueil et la discrimination à l’achat. Dans l’UE, malgré des moyens plus limités, les locataires nés à l’étranger sont à peine plus susceptibles que leurs pairs nés dans le pays (de 2 points de pourcentage) de vivre dans un logement loué à prix modéré. En effet, dans plus des deux tiers des pays, les locataires immigrés sont moins susceptibles que leurs homologues nés dans le pays de louer un logement à un prix inférieur à celui du marché. Une exception notable est la France, où sept locataires immigrés sur dix louent leur logement à prix modéré, par rapport à la moitié des locataires nés dans le pays.

Au cours de la dernière décennie, la part de propriétaires occupants parmi les immigrés a légèrement baissé dans l’OCDE (-1 point de pourcentage), mais a diminué de façon plus prononcée dans l’UE (-6 points). Il a baissé dans environ deux tiers des pays parmi les immigrés, notamment en Corée et dans les pays où la population née à l’étranger est vieillissante, par exemple en Bulgarie (-28 points) et en Pologne (-21 points). Il a aussi fortement diminué dans les pays qui ont récemment accueilli de nombreux immigrés pour raisons humanitaires, par exemple dans les pays nordiques. Dans le même temps, la part d’immigrés qui louent leur logement à prix modéré a augmenté dans un peu plus de la moitié des pays, tandis que celle des immigrés qui louent au prix du marché a augmenté dans les trois quarts des pays.

Le taux d’accession à la propriété augmente avec la durée du séjour dans le pays d’accueil, ce qui explique en partie pourquoi il est plus faible dans les pays qui comptent de nombreux immigrés récents. Toutefois, même les immigrés installés (plus de dix ans de résidence) restent beaucoup moins susceptibles que les personnes nées dans le pays d’être propriétaires de leur logement dans tous les pays (sauf en Estonie, en Lettonie et en Hongrie). Les immigrés extracommunautaires sont aussi moins susceptibles d’accéder à la propriété que leurs pairs nés dans l’UE (37 % contre 51 %).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’OCDE comme dans l’UE, plus d’un immigré sur six vit dans un logement surpeuplé, soit un taux qui est supérieur de 70 % à celui des personnes nées dans le pays dans l’UE. Dans la quasi-totalité des pays, les personnes nées à l’étranger sont plus susceptibles de vivre dans des logements surpeuplés que les personnes nées dans le pays. Dans deux tiers des pays, ce taux est au moins deux fois supérieur, et plus de trois fois supérieur dans plus d’un tiers des pays. Les écarts les plus profonds sont observés en Colombie, en Corée, dans les pays d’Europe du Sud (en particulier l’Italie et la Grèce), dans les pays nordiques et dans les pays européens d’immigration de longue date (notamment l’Autriche).

Au cours de la dernière décennie, le taux de surpeuplement des logements parmi les immigrés a augmenté de 3 points de pourcentage dans l’UE, alors qu’il a diminué de 3 points parmi les personnes nées dans le pays, venant ainsi creuser les inégalités. Le taux de surpeuplement des logements de natifs a augmenté de plus de 1 point de pourcentage dans seulement un pays sur cinq environ, tandis qu’il a augmenté dans trois pays sur cinq parmi les immigrés, en particulier en Italie, dans quelques pays nordiques et d’immigration de longue date accueillant de nombreux immigrés extracommunautaires. Il a en revanche diminué parmi les deux groupes au Portugal et dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale. Il a reculé seulement parmi les immigrés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Grèce, au Luxembourg et à Malte.

L’écart entre les deux groupes est le plus profond dans les pays où le faible revenu des immigrés restreint leur choix pour se loger, c’est-à-dire les pays accueillant les plus fortes parts d’immigrés de pays tiers, peu instruits ou récemment arrivés, et qui comptent aussi de nombreux locataires immigrés. Dans les pays européens d’immigration de longue date, en Suède et en Europe du Sud, le taux de surpeuplement des immigrés hors UE est en moyenne deux fois plus élevé que celui de leurs pairs nés dans l’UE. Dans l’UE, les immigrés récents vivent aussi près de deux fois plus que les immigrés installés dans des logements surpeuplés, et trois fois plus en Suède, l’un des pays affichant la part la plus élevée d’immigrés récents. Parmi les immigrés et les natifs, le taux de surpeuplement est plus élevé dans les biens loués que dans ceux en propriété, et il est plus de trois fois supérieur parmi les locataires immigrés dans l’UE et aux États-Unis. Dans la quasi-totalité des pays, quel que soit le mode d’occupation du logement, les immigrés vivent plus dans des logements surpeuplés que les natifs. En Finlande, à Malte et dans certains pays d’Europe centrale et orientale, les propriétaires nés à l’étranger sont cependant moins susceptibles de vivre dans un logement surpeuplé que leurs pairs nés dans le pays. Au Luxembourg, à Malte, en Lettonie et en Croatie, on fait le même constat pour les locataires immigrés par rapport à leurs pairs nés dans le pays.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, 26 % des immigrés et 20 % des personnes nées dans le pays vivent dans un logement de mauvaise qualité. Dans les trois quarts des pays environ, les immigrés sont plus susceptibles d’être mal logés, de 13 points de pourcentage en Espagne et de 10 points au Danemark et aux Pays-Bas. En revanche, les personnes nées dans le pays sont surreprésentées parmi les occupants de logements de mauvaise qualité à Chypre, en Bulgarie, en Croatie, dans les pays baltes, au Canada et en Australie. Un examen plus approfondi du mal-logement montre que les immigrés dans l’UE sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays d’être aux prises avec des défauts de construction majeurs (20 % contre 15 %) ou à un moindre accès aux équipements permettant de conserver une température confortable (10 % contre 5 %). Dans l’UE, 6 % des immigrés vivent dans des logements surpeuplés et de qualité médiocre, soit deux fois plus que les personnes nées dans le pays.

Ces dix dernières années, la proportion de mal-logés a baissé parmi les immigrés dans la moitié des pays environ, mais dans plus des deux tiers parmi les personnes nées dans le pays. La part des individus des deux groupes qui occupent des logements de mauvaise qualité a baissé par exemple en Italie, en Grèce et dans de nombreux pays d’Europe centrale et orientale dont la population est vieillissante. Les conditions de logement des immigrés se sont toutefois détériorées entre 2010 et 2020, mais sont restées stables parmi les personnes nées dans le pays en Espagne, aux Pays-Bas et en Norvège.

Les conditions de logement sont en général meilleures dans les logements en propriété que dans les biens en location, en particulier lorsqu’ils sont loués à un prix modéré. Les immigrés étant sous-représentés parmi les propriétaires occupants dans la quasi-totalité des pays, ils sont plus susceptibles d’être mal logés. Parmi les locataires qui paient un loyer (en particulier à prix modéré), on observe un écart minime dans l’UE (moins de 2 points de pourcentage) entre les immigrés et les personnes nées dans le pays en termes de conditions de logement. Quant aux propriétaires de leur logement, l’écart est plus marqué mais reste relativement faible (3 points). Néanmoins, quel que soit le mode d’occupation du logement, les immigrés restent légèrement plus susceptibles d’être mal logés. En Suède, toutefois, la probabilité est la même pour les deux groupes, là encore quel que soit le mode d’occupation du logement, tandis qu’en Irlande et dans quelques pays d’Europe centrale et orientale, les immigrés sont moins susceptibles de vivre dans des logements de qualité médiocre (pour tous les modes d’occupation hormis l’hébergement à titre gratuit).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, le coût du logement est une très forte charge financière pour environ un locataire immigré sur cinq, contre un locataire natif sur huit. Si le taux de surcharge financière liée au coût du logement est plus élevé dans les pays non européens (sauf Australie), les immigrés ont aussi plus du mal à payer leur loyer, mais dans une moindre mesure. Cette précarité est moindre parmi les immigrés en Slovénie, en Nouvelle-Zélande et dans la plupart des pays nordiques. Les aides au logement réduisent l’écart avec les natifs de 2 points de pourcentage dans l’UE et le comblent en Nouvelle-Zélande. Si, dans certains pays de fortes populations immigrées, comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, les aides au logement divisent cet écart par deux, elles n’ont pas d’effet significatif dans la plupart des pays. Au Royaume-Uni, au Danemark et en Irlande, les immigrés ont en fait moins d’aides au logement bien que plus précaires financièrement.

Ces dix dernières années, si le taux de surcharge financière liée au coût du logement a diminué chez les immigrés et les natifs dans plus de la moitié des pays, la situation s’est plus améliorée pour les immigrés dans trois pays sur cinq. En Slovénie, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques ayant récemment accueilli de nombreux migrants humanitaires (sauf Danemark), le taux de surcharge financière a diminué chez les immigrés mais augmenté chez les natifs, venant combler l’écart observé en 2010. L’inverse est vrai par exemple en Allemagne, en Irlande et à Malte. En Suisse, en Lettonie, au Luxembourg, en France et aux États-Unis, les immigrés sont désormais plus accablés par leur loyer que les natifs, contrairement à 2010.

Dans la plupart des pays, l’accès plus large des personnes peu instruites aux logements à prix modéré ne compense pas les revenus plus faibles : elles sont plus accablées par le coût du logement que les personnes très instruites. Toutefois, l’écart entre immigrés et natifs est plus marqué parmi les plus instruits que les moins instruits dans les deux tiers des pays, sauf en France, en Allemagne et en Irlande. En Grèce et dans les pays nordiques (sauf Danemark), les immigrés peu instruits consacrent moins souvent 40 % de leur revenu à leur loyer que leurs pairs natifs, tandis que les diplômés du supérieur le font plus. Les pays nordiques (sauf Danemark) font partie des rares pays où les immigrés récents sont moins accablés par le coût du logement que les immigrés installés, bien qu’ils soient plus pauvres, ce qui montre les possibilités de logements abordables qu’offrent ces pays aux nouveaux arrivants. Dans l’UE, même avec des revenus plus faibles, les immigrés de pays tiers affichent un taux de surcharge financière liée au coût du logement qui est inférieur à celui de leurs homologues originaires de l’UE (17 % contre 21 %).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, 21 % des natifs et 15 % des immigrés déclarent ne pas pouvoir accéder facilement aux équipements de services dans la localité où ils vivent. Dans deux tiers des pays de l’UE, les natifs font état d’un accès plus difficile que les immigrés, de 23 points de pourcentage au Portugal et 10 points en Estonie. À l’inverse, les immigrés ont le plus de mal à y accéder en Croatie, en Italie, en Autriche, au Danemark et à Chypre, de 17 points en Croatie et de 9 en Italie. Les personnes nées dans l’UE signalent un peu plus souvent que les immigrés de pays tiers ces difficultés d’accès aux équipements de services. S’agissant des équipements de loisirs (espaces verts, cinémas, théâtres, centres culturels) et des transports publics, le constat général est le même dans l’UE, l’accès des immigrés étant moins difficile de 8 points.

La part de personnes nées à l’étranger qui vivent dans des zones d’habitation dégradées est plus importante que celle des personnes nées dans le pays. Dans l’UE, la part des immigrés qui font état d’au moins un problème majeur (nuisances sonores, mauvaise qualité de l’air, présence de déchets ou circulation dense) est supérieure à celle des personnes nées dans le pays (19 % contre 15 %). Ce constat est particulièrement vrai dans les pays d’immigration de longue date, comme les Pays-Bas, où l’écart est de 13 points de pourcentage, et en France et au Royaume-Uni, où il est de 6 points dans les deux pays. Dans à peu près un quart des pays, en revanche, les personnes nées dans le pays sont plus susceptibles d’être aux prises avec un problème majeur dans leur cadre de vie local, notamment s’agissant de la circulation intense. Parmi les immigrés, ceux qui sont nés en dehors de l’UE sont aussi susceptibles que leurs pairs nés dans l’UE de signaler au moins un problème important.

Dans l’UE, les immigrés sont plus susceptibles de vivre dans des quartiers dégradés au sein de grandes zones urbaines (voir l’indicateur 2.4). Si ces zones d’habitation bénéficient généralement d’un meilleur accès aux équipements que les zones rurales (où les personnes nées dans le pays sont surreprésentées), les citadins sont aussi plus susceptibles d’être confrontés à des problèmes majeurs tels que les nuisances sonores, la mauvaise qualité de l’air, la présence de déchets ou la circulation. Dans la plupart des pays, le fait de prendre en compte la densité de population d’une zone d’habitation réduit les différences entre les personnes nées dans le pays et les immigrés en termes à la fois d’accès aux équipements de services et de nuisances potentielles à proximité du logement. En réalité, pour ce qui est de l’accès aux équipements, le fait de tenir compte de la densité de population de la zone d’habitation et des horaires de travail réduit encore les différences. En outre, les personnes nées dans le pays étant plus susceptibles d’occuper un emploi dans de nombreux pays, il se peut qu’elles aient du mal à accéder aux équipements de services si leurs horaires habituels de travail coïncident avec les horaires d’ouverture de ces services.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

En 2020, dans la moitié des pays, notamment en Suisse, en Estonie et dans les pays d’immigration de longue date accueillant de nombreux migrants de pays tiers (sauf Allemagne et Royaume-Uni), la part de natifs se déclarant en bonne santé est plus élevée que celle des immigrés. En Autriche et en Belgique, l’écart est dû surtout aux immigrés de pays tiers, qui se déclarent en moins bonne santé. Dans l’autre moitié des pays, les immigrés déclarent être en meilleure santé ou dans le même état de santé que les natifs, par exemple en Norvège, aux États-Unis et dans les pays où la population immigrée est façonnée par les migrants de travail, comme l’Australie, le Canada et les pays d’Europe du Sud (sauf Espagne).

La part de personnes nées à l’étranger et de personnes nées dans le pays qui se déclarent en bonne santé a augmenté dans la plupart des pays au cours de la dernière décennie, bien que cela ne soit pas le cas au Royaume-Uni ou aux États-Unis. En Estonie et dans certains pays d’Europe du Sud, la part d’immigrés se déclarant en bonne santé a beaucoup plus augmenté que celle des personnes nées dans le pays. En revanche, les immigrés ont déclaré être en moins bonne santé et les personnes nées dans le pays en meilleure santé dans environ un quart des pays.

Des facteurs tels que l’âge (dont le présent indicateur tient compte), le niveau d’études et les comportements dans les pays d’origine et d’accueil (voir l’indicateur 0) influencent l’état de santé et sa perception. Les immigrés récents ont également le sentiment d’être en meilleure santé dans tous les pays (sauf en Belgique, en Suisse et en Grèce). Cette situation peut s’expliquer par le fait qu’ils sont généralement en meilleure santé que la population générale de leur pays d’origine (ce que l’on appelle « l’effet de l’immigrant en bonne santé », qui s’estompe avec le temps). L’état de santé perçu varie aussi fortement en fonction du genre, quoique dans une moindre mesure en dehors de l’Europe. Les femmes (immigrées notamment) sont moins susceptibles que les hommes de se déclarer en bonne santé dans la quasi-totalité des pays. Les disparités entre les genres sont particulièrement marquées parmi les immigrés en Norvège, au Portugal et dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale. En Irlande et au Royaume-Uni, où l’on n’observe pas de différence entre les femmes et les hommes nés dans le pays en matière d’état de santé autodéclaré, les femmes immigrées sont moins susceptibles d’au moins 5 points de pourcentage de se déclarer en bonne santé que leurs homologues masculins. Les personnes peu instruites (quel que soit leur pays de naissance) sont également beaucoup moins susceptibles de se déclarer en bonne santé que leurs homologues très instruites. Toutefois, dans la plupart des pays où les immigrés sont moins susceptibles de se déclarer en bonne santé que les personnes nées dans le pays, cette situation persiste quel que soit le niveau d’études, même si l’écart est beaucoup plus faible parmi les diplômés du supérieur en Suisse, aux Pays-Bas et en France ; et inversé en Lituanie.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

La part des personnes en surpoids varie fortement d’un pays à l’autre et entre immigrés et natifs. Dans la moitié des pays environ, la prévalence du surpoids est bien plus faible chez les immigrés que chez les natifs. On peut citer par exemple les pays nordiques (sauf la Suède), Malte et les États-Unis. Dans l’autre moitié des pays, notamment les pays baltes, la Slovénie et la France, les immigrés sont plus en surpoids que les natifs. En Italie, en Irlande ou en Allemagne, il n’y a pas d’écart significatif entre les deux groupes.

Le risque de surpoids dépend de l’alimentation quotidienne, laquelle est liée aux comportements et à la culture dans les pays d’origine. Toutefois, comme l’alimentation dans les pays de résidence entre aussi en jeu, l’incidence du surpoids augmente généralement avec la durée du séjour dans les pays où la prévalence est forte, tandis qu’elle diminue dans ceux où la prévalence est faible. Dans la quasi-totalité des pays, les personnes peu instruites sont plus souvent en surpoids que les personnes très instruites, qu’elles soient nées dans le pays ou à l’étranger. Dans l’UE, parmi les personnes peu instruites, le surpoids touche davantage celles qui sont nées dans le pays que celles qui sont nées à l’étranger, même si la prise en compte de la structure d’âge plus jeune chez les immigrés permet de combler l’écart. Aux États-Unis, en revanche, les immigrés peu instruits sont plus susceptibles d’être en surpoids que leurs pairs nés dans le pays. De plus, si l’on s’intéresse aux différences entre les genres, les hommes sont plus en surpoids que les femmes, quel que soit leur lieu de naissance. Dans la quasi-totalité des pays européens, l’écart entre les femmes et les hommes est particulièrement marqué parmi les personnes nées dans l’UE.

D’autres comportements sont des facteurs de risque importants pour la santé. Dans la plupart des pays, les immigrés sont plus susceptibles de fumer du tabac tous les jours, par exemple, que les personnes nées dans le pays. Dans plus des trois quarts des pays, les personnes nées dans l’UE sont plus susceptibles de le faire que les personnes nées dans le pays. Les écarts les plus marqués entre les personnes nées dans le pays et les personnes nées à l’étranger sont observés en Autriche, en Slovénie, à Chypre et à Malte. S’agissant de la consommation de tabac des immigrés, on observe de fortes disparités entre les genres, bien plus que parmi les personnes nées dans le pays. En effet, dans les deux tiers des pays, les hommes nés à l’étranger sont plus nombreux que leurs homologues nés dans le pays à fumer tous les jours, tandis que l’inverse est vrai chez les femmes dans la plupart des pays. Aux Pays-Bas, par exemple, les hommes immigrés sont presque deux fois plus susceptibles que leurs homologues nés dans le pays de fumer quotidiennement, tandis que les femmes immigrées sont légèrement moins susceptibles de le faire que leurs homologues nées dans le pays.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

En 2020, la part des immigrés qui faisaient état de besoins médicaux non satisfaits dans l’UE était analogue à celle des personnes nées dans le pays (environ 5 %). Il en va de même en Australie, où aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes. En réalité, les écarts étaient faibles (moins de 1.5 point de pourcentage) dans la plupart des pays. Toutefois, les immigrés étaient beaucoup plus susceptibles de faire état de besoins médicaux non satisfaits en Belgique et en Croatie (de 4 points de pourcentage environ), et en Estonie (de 5 points). Au Canada, les personnes nées dans le pays étaient légèrement plus susceptibles de faire état de besoins non satisfaits. Dans l’UE, les immigrés extracommunautaires et ceux arrivés au cours des dix dernières années étaient légèrement plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de déclarer des besoins médicaux non satisfaits. En outre, les personnes nées à l’étranger étaient plus susceptibles (11 %) de faire état de besoins non satisfaits de soins dentaires que les personnes nées dans le pays (8 %), et les immigrés récents (15 %), non originaires de l’UE (14 %) et peu instruits (13 %) l’étaient encore plus.

Entre 2010 et 2020, la part (corrigée par l’âge) des immigrés et des natifs ayant des besoins médicaux non satisfaits a un peu diminué dans l’UE. Si la situation s’est améliorée parmi les deux groupes dans la plupart des pays (en particulier en Lettonie, Croatie et Allemagne), les besoins médicaux non satisfaits ont fortement augmenté parmi les deux groupes en Pologne (de 10 et 12 points de pourcentage) et en Estonie (de 10 points pour les deux). Ils ont aussi augmenté de 5 points chez les immigrés en Belgique.

Dans la quasi-totalité des pays, les ménages immigrés (dont tous les responsables sont nés à l’étranger) sont moins susceptibles que les ménages natifs d’avoir recours aux services de santé (77 % contre 83 % dans l’UE). Ils se rendent également moins chez le dentiste ou l’orthodontiste (44 % des ménages immigrés contre 46 % des ménages natifs). Les immigrés se heurtent généralement à des obstacles plus nombreux pour se soigner, eu égard par exemple à la maîtrise de la langue, aux connaissances en matière de santé, aux contraintes financières ou encore peut-être au droit d’accès aux soins. En conséquence, dans tous les pays de l’UE, à l’exception de Chypre, les immigrés sont plus en difficultés financières pour se soigner que les personnes nées dans le pays (36 % contre 30 % dans l’UE). En effet, dans l’UE, ils sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de faire état de difficultés financières pour payer des soins d’urgence (26 % contre 24 %), des soins de santé mentale (39 % contre 35 %) et des soins dentaires (43 % contre 37 %).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

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