5. Australie

Le soutien de l’Australie aux producteurs agricoles (ESP) se classe parmi les plus bas des pays de l’OCDE ; il est estimé à 3.1 % des recettes agricoles brutes pour la période 2019-21, le soutien total à l’agriculture (EST) représentant 0.2 % du PIB.

Le soutien des prix de marché (SPM) pour les producteurs a pris fin en 2000, et les prix intérieurs des principaux produits agricoles de l’Australie sont à parité avec les prix mondiaux depuis lors. En 2019-21, les subventions aux intrants représentaient plus de la moitié du soutien aux producteurs. Une grande part de ces fonds a servi à financer des investissements sur les lieux d’exploitation, y compris à la suite d’événements préjudiciables. Le reste du soutien aux producteurs (30 % environ de l’ESP) a pris la forme d’indemnités versées au titre des calamités naturelles, de paiements de soutien des revenus et de programmes de lissage des revenus visant à remédier aux fluctuations de trésorerie, comme les dépôts de gestion agricole (Farm Management Deposits) et le dispositif d’étalement de l’impôt sur le revenu.

En 2019-21, la part de l’estimation du soutien aux services d'intérêt général (ESSG) s’est établie, en moyenne, à 2.6 % de la valeur de la production agricole, ce qui est bien plus élevé qu’à la fin des années 80 (0.7 %) et au début des années 2000 (1.9 %), mais inférieur à la moyenne de l’OCDE. L'Australie dispose d’un vaste système de connaissances et d'innovation agricoles, et consacre un quart environ du total de ses dépenses publiques destinées à l’agriculture au soutien de la recherche-développement (R-D), à l’innovation et aux services de vulgarisation (contre 6 % seulement dans la zone de l’OCDE). Pour l’essentiel, les dépenses restantes comprises dans l’ESSG correspondent au budget public alloué aux services d’inspection et de contrôle dans le domaine de la biosécurité ainsi qu’au développement et à la modernisation des infrastructures, principalement les infrastructures de l’eau.

En mai 2021, l’Australie a lancé la stratégie de mise en œuvre du Programme Ag2030, qui vise à ce que la production sortie des exploitations atteigne 100 milliards AUD (75.1 milliards USD) en valeur à l’horizon 2030. Cette stratégie s’articule autour de sept thématiques : les échanges et les exportations ; la biosécurité ; la bonne gestion des terres et de l’eau ; des chaînes d’approvisionnement solides et résilientes ; l’eau et les infrastructures ; l’innovation et la recherche ; et le capital humain. En octobre 2021, les pouvoirs publics ont publié la Déclaration de politique nationale sur l’innovation agricole (National Agricultural Innovation Policy Statement), qui définit quatre nouvelles priorités en matière d’innovation agricole, à savoir les exportations, la résilience face au changement climatique, la biosécurité et l’agriculture numérique.

Les programmes de préparation aux sécheresses ont très largement retenu l’attention des pouvoirs publics en 2021. Des fonds supplémentaires ont été consacrés aux services d'information climatique dans le cadre du fonds créé en prévision des sécheresses à venir, à l’élaboration d’indicateurs de sécheresse pour un nouveau système d’alerte précoce, ainsi qu’à l’achat d’équipements liés à l’eau et à leur installation dans les exploitations pour assurer une meilleure préparation aux épisodes de sécheresse.

En mars 2021, le gouvernement a présenté une feuille de route pour attirer, conserver, perfectionner et moderniser la main d'œuvre agricole (Australian Government Roadmap to Attract, Retain, Upskill and Modernise the Agriculture Workforce), qui a été suivie d'initiatives visant à créer des emplois dans le secteur de l’agriculture. En août 2021, les pouvoirs publics ont annoncé la mise en place du Programme australien de visas agricoles (Australian Agriculture Visa) pour pallier les pénuries de main-d'œuvre dans le secteur.

L’augmentation des fonds alloués au Dispositif pour une bonne gestion de la biodiversité en agriculture (Agriculture Biodiversity Stewardship Package) permettra d’accorder des paiements aux agriculteurs en vue de protéger, de gérer et d’améliorer la végétation endémique ; de mettre en œuvre un Dispositif australien de certification de la biodiversité agricole (Australian Farm Biodiversity Certification Scheme) ; et de créer une Plateforme nationale d’échange de certificats de bonne gestion (National Stewardship Trading Platform), qui mettra en relation des agriculteurs et des acheteurs dans le cadre de transactions touchant à la biodiversité. En vertu du projet pilote « Carbone + Biodiversité » (Carbon + Biodiversity pilot), fondé sur un mécanisme de marché, les agriculteurs perçoivent, en contrepartie d’une amélioration de la biodiversité, une rémunération cumulable avec les revenus pouvant être accordés au titre de projets de séquestration du carbone relevant du Fonds de réduction des émissions (Emissions Reduction Fund). La Stratégie nationale des sols (National Soil Strategy), lancée en mai 2021, définit de quelle manière l’Australie va valoriser, gérer et améliorer la qualité de ses sols au cours des 20 prochaines années. Cette stratégie vient compléter le Programme national des sols (National Soil Package), qui finance la recherche scientifique, la collecte de données et les services de vulgarisation relatifs aux sols pour la période 2021-25.

De nouvelles mesures en faveur de la biosécurité prévoient d’investir dans des dispositifs de pointe pour empêcher l’accès d’espèces nuisibles et des maladies (notamment la peste porcine africaine) au territoire australien, moderniser les systèmes informatiques et les outils d’analyse des données et renforcer les capacités de détection et de gestion des menaces internationales. Les financements accordés via le Programme d’assurance des exportations de produits laitiers (Dairy Export Assurance Programme) et les mesures prises dans le contexte de la pandémie de COVID-19 facilitent également l’accès aux marchés d’exportation. Ces dernières incluent le programme de lutte contre l’engorgement à destination des exportateurs de produits agricoles (Busting Congestion for Agricultural Exporters Package), qui vise à simplifier la réglementation des exportations et accélérer le déploiement des services numériques auprès des exportateurs, ainsi que l’Initiative pour le développement du secteur agro-industriel (Agri-Business Expansion Initiative), qui aide les agriculteurs à conserver, diversifier et élargir leurs marchés d’exportation. Des fonds supplémentaires ont été consacrés à la réforme des systèmes d’échange australiens, qui a reposé sur une simplification de la réglementation et la création d’un guichet unique dédié aux formalités commerciales. Le mécanisme d’assistance au transport aérien de marchandises (International Freight Assistance Mechanism) a été prolongé jusqu’en juin 2022 et assorti de mesures supplémentaires pour maintenir les filières d’approvisionnement internationales, qui sont perturbées par la pandémie de COVID-19.

L’accord de partenariat économique régional global (RCEP) conclu entre l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Australie, la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), le Japon, la Corée et la Nouvelle-Zélande est entré en vigueur en janvier 2022. Un nouvel accord commercial a également été signé avec le Royaume-Uni en décembre 2021 et devrait entrer en vigueur en 2022.

  • L’agriculture australienne pâtit de plus en plus du changement climatique, qui se traduit par une plus grande variabilité des précipitations et des températures ainsi qu’un accroissement de la fréquence des événements météorologique extrêmes. Le secteur de l’agriculture, qui produit 13 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’Australie, pourrait participer à la réalisation de l’objectif de zéro émissions nettes dans l’ensemble des secteurs de l’économie à l’horizon 2050. Il est certes visé par les objectifs de réduction des émissions fixés par l’Australie pour l’économie dans son ensemble, mais la définition d’objectifs propres à l’agriculture peut être utile pour cibler les efforts d'atténuation et mesurer les progrès. Les pouvoirs publics devront aussi agir plus énergiquement pour faire baisser les émissions de méthane, qui représentent 78 % des émissions agricoles totales de l’Australie. En rejoignant l’Engagement mondial sur le méthane, initiative volontaire à laquelle ont souscrit plus de 100 pays (dont 29 membres de l’OCDE) lors de la COP26, l’Australie signalerait qu’elle est consciente de la nécessité de réduire ses émissions de méthane d’ici à 2030 et agirait dans la logique des mesures qu’elle applique pour limiter les émissions imputables au secteur de l’élevage.

  • Les fonds investis dans le développement et la commercialisation de technologies de réduction des émissions ciblent, à raison, la baisse des émissions de méthane liées à l’élevage. Cependant, on ignore encore dans quelle mesure ces technologies pourront être déployées à grande échelle dans le cas des exploitations de bovins et ovins élevés à l’herbe. Pour aider le secteur de la viande à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030, il conviendra de mettre en place toute une panoplie de mesures (subventions, taxes sur les émissions, normes et règlements) afin d’inciter les agriculteurs à se doter de nouvelles technologies à faibles émissions.

  • Le Fonds de réduction des émissions (Emissions Reduction Fund – ERF) soutient des projets qui visent à réduire ou éviter les émissions de GES (y compris d’origine agricole) ou à stocker le carbone. En l’absence de dispositif national de tarification du carbone, un déploiement plus large de l’ERF, qui a eu jusqu’à présent des effets limités, pourraient contribuer à réduire davantage les émissions du secteur de l’agriculture.

  • Quand bien même le système de crédits carbone australiens (Australian Carbon Credit Units – ACCU) a bonne réputation tant au niveau national qu’international, des questions se posent quant à l’additionnalité de certains crédits, notamment ceux liés à des projets de régénération naturelle ou à l’abandon de projets de déforestation. Des mesures visant à renforcer la confiance à l’égard de la transparence et de l’intégrité des ACCU devront être prises pour alimenter la confiance dans l’ERF et sa capacité à aider l’Australie à atteindre ses objectifs de réduction des émissions.

  • L’Australie a un faible niveau de soutien à son secteur agricole. Les cadres d’action en vigueur mettent l’accent sur l’ouverture du marché, le renforcement de la résilience et les investissements dans des projets d’intérêt public, notamment la R-D dans les infrastructures hydrauliques et la biosécurité.

  • Les pouvoirs publics ont pour défi majeur de veiller à maintenir la viabilité économique de l’agriculture australienne dans un contexte de pénurie de plus en plus importante en ressources naturelles. Lancé en 2019, le Plan d’intervention, de résilience et de préparation en cas de sécheresse (Drought Response, Resilience and Preparedness Plan) s’inscrit dans une démarche globale visant à renforcer la résilience et la préparation aux sécheresses sur le long terme tout en offrant un filet de sécurité aux agriculteurs et aux communautés confrontés à des difficultés financières.

  • Des aides sont également prévues pour la modernisation des infrastructures hydrauliques et une gestion plus efficace des ressources en eau tant au niveau des exploitations qu’à plus grande échelle, au niveau des bassins hydrographiques. Dans le bassin Murray-Darling, la récupération de l’eau, rendue possible par la modernisation des infrastructures, devrait relever le niveau des résultats environnementaux obtenus tout en permettant de suivre précisément les effets d’une irrigation plus performante en termes d’augmentation de la consommation d’eau et de diminution des volumes restitués.

  • La R-D est une composante essentielle des services d’intérêt général fournis au secteur, tandis que les services de vulgarisation et l’enseignement agricole reçoivent moins de financements. Le fonds créé en prévision des sécheresses à venir (Future Drought Fund) et le Programme national d’innovation agricole (National Agricultural Innovation Agenda) englobent tous deux la production et l’adoption d’innovations. Les services de transfert de connaissances devraient faire l’objet d’une attention continue, car ils facilitent l’adoption des innovations par les agriculteurs, ce qui accroît la productivité et la durabilité, et peut renforcer la capacité de gestion des risques sur les exploitations.

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