5. Engagement civique et intégration sociale des immigrés

La part d’immigrés installés (plus de 10 ans de séjour) ayant la nationalité de leur pays d’accueil est supérieure à la moitié dans l’UE et environ aux deux tiers aux États-Unis. Elle est plus élevée : i) dans les pays européens où la population née à l’étranger appartient à des minorités nationales bénéficiant d’un accès automatique ou simplifié à la nationalité ; ii) dans les pays d’installation, la Suède et le Portugal, qui facilitent l’acquisition de la nationalité. Dans les pays où la double nationalité n’est pas légale (ou ne l’était pas jusqu’à récemment), le taux de citoyenneté des immigrés est beaucoup plus faible, en particulier au Luxembourg et dans beaucoup de pays d’Europe du Sud et baltes. Les femmes immigrées sont plus susceptibles de posséder la nationalité du pays d’accueil que leurs homologues masculins dans l’UE et l’OCDE (de 3 et 10 points de pourcentage, respectivement). Ce taux plus élevé chez les femmes s’explique en partie par le mariage avec des nationaux, une procédure qui facilite l’acquisition de la nationalité.

Entre 2010 et 2020, la part des immigrés installés ayant la nationalité a baissé dans un peu moins des deux tiers des pays – de 9 points de pourcentage dans l’UE. C’est en partie dû au durcissement des critères d’acquisition de la nationalité, notamment la maîtrise de la langue, et à l’évolution du profil des immigrés. Dans certains pays comme en République tchèque, cette baisse est aussi due à la mortalité des personnes âgées nées à l’étranger ayant obtenu automatiquement la nationalité lors de l’édification de la nation.

Les immigrés nés dans la même région que leur pays d’accueil en ont moins souvent la nationalité. Dans l’UE, seuls 45 % des immigrés d’un autre pays européen (voir le glossaire) possèdent la nationalité de leur pays d’accueil, ce qui s’explique par le principe de libre circulation entre les pays de l’UE qui est garanti par la législation européenne (voir indicateur 8.14). Aux États-Unis, seuls 52 % des résidents nés dans un pays de la région Amérique latine et Caraïbes possèdent la nationalité américaine, ce qui est en partie lié à la forte part d’immigrés en situation irrégulière de cette région. L’acquisition de la nationalité est généralement plus fréquente chez les personnes nées dans un pays en développement. Dans les deux tiers des pays, les Africains et les Asiatiques ont la plus forte part d’immigrés avec la citoyenneté. Les liens historiques influencent aussi l’acquisition de la nationalité, comme par exemple avec les immigrés africains et brésiliens au Portugal et les natifs de la région Amérique latine et Caraïbes aux Pays-Bas.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’OCDE et l’UE, en moyenne, 73 % des immigrés ayant la nationalité du pays d’accueil déclarent avoir participé aux dernières élections nationales, un taux inférieur à celui des natifs (autour de 80 %). La participation électorale est presque la même pour les deux groupes en Israël, dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, au Danemark et dans les pays d’immigration de longue date comme la France et le Canada. Dans environ la moitié des pays, elle est plus élevée chez les femmes que chez les hommes quelle que soit leur origine, et plus élevée chez les femmes immigrées que chez les hommes nés dans le pays aux Pays-Bas, en Autriche, en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni.

La participation aux élections des personnes nées dans le pays a progressé dans un peu plus de trois pays sur cinq par rapport à la période 2000-10, mais seulement dans la moitié des pays pour les personnes nées à l’étranger. Dans la plupart des pays, la hausse a en revanche été beaucoup plus marquée chez les immigrés que chez les personnes nées dans le pays, notamment en Espagne et au Danemark. En conséquence, l’écart de participation entre les personnes nées dans le pays et celles nées à l’étranger s’est réduit dans plus de la moitié des pays. À l’inverse, le taux de participation des électeurs nés dans le pays a augmenté par exemple en Suisse, au Royaume-Uni et en République tchèque, mais a diminué chez les immigrés, venant ainsi creuser l’écart entre les deux groupes.

Le fait d’être plus âgé et plus instruit est souvent associé à un taux accru de participation électorale chez les personnes nées dans le pays, mais l’écart avec les immigrés reste constant dans l’UE, indépendamment de ces facteurs. En effet, l’écart persiste entre les deux groupes quel que soit le niveau d’études, avec toutefois des exceptions. En Belgique par exemple, où le vote est obligatoire, au Royaume-Uni, en Estonie, en Israël et aux États-Unis, les immigrés peu instruits votent plus que leurs homologues nés dans le pays, tandis que l’inverse est vrai pour les personnes très instruites. L’écart de participation apparemment inexistant en France et en Slovénie entre les immigrés et les natifs s’explique par le taux de participation plus élevé des immigrés très instruits. Comme l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil (une condition nécessaire pour participer aux élections nationales), le fait de s’intéresser à la politique du pays d’accueil prend du temps. En conséquence, la participation électorale est déterminée par les immigrés installés, c’est-à-dire ceux qui vivent dans le pays depuis plus de 10 ans. Dans l’UE et l’OCDE, le taux de participation est inférieur de plus de 20 points de pourcentage chez les immigrés ayant déjà la nationalité du pays d’accueil mais qui y résident depuis moins de dix ans. Le taux de participation électorale des immigrés installés reste inférieur d’environ 4 points à celui des personnes nées dans le pays.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, la moitié des personnes nées dans le pays n’avait pas d’avis tranché à ce sujet en 2020. Un quart d’entre elles avait une opinion positive, un autre quart une opinion négative. C’est dans les pays nordiques et en Irlande que les réponses étaient les plus positives, contrairement à l’Italie et aux pays d’Europe centrale (sauf la Pologne et la Slovénie). Les points de vue sur l’immigration étaient globalement répartis de la même façon aux États-Unis et en Corée, quoique davantage polarisés dans le premier pays : en effet, respectivement, 38 % et 28 % des personnes nées dans le pays et âgées de 18 ans et plus étaient d’avis en 2021 que leur pays devait limiter l’immigration pour protéger leur mode de vie, tandis que 35 % et 29 % pensaient le contraire. De même, 35 % des personnes nées aux États-Unis souhaitaient voir baisser l’immigration, et 24 % affirmaient la nécessité de la renforcer. En Australie, 35 % des personnes nées dans le pays ont aussi déclaré en 2021 que leur pays comptait trop d’immigrés, et 16 % seulement qu’ils n’étaient pas assez nombreux. L’opinion est moins positive dans les pays d’Amérique latine, où plus de la moitié des répondants déclarent que l’immigration leur porte préjudice (jusqu’à 80 % en Colombie).

Les personnes nées dans le pays sont devenues plus favorables à l’immigration dans la plupart des pays dans les années 2010, alors que les économies se remettaient de la crise de 2007-08. Le sentiment de rejet s’est en revanche renforcé en Italie, en Suède et dans les pays d’Europe centrale. S’il est encore trop tôt pour évaluer l’impact de la pandémie sur la perception de l’immigration en Europe, l’enquête ayant été menée dans de nombreux pays européens avant la pandémie, il est possible de le faire en Australie, qui a limité les flux migratoires (sauf dans les secteurs essentiels). De fait, la part des personnes nées dans le pays qui jugent trop élevé le nombre d’immigrés a chuté de 14 points de pourcentage entre 2018 et 2021 pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2011.

Les natifs sont plus positifs face à des questions plus précises sur les répercussions de l’immigration dans leur pays. Ils affirment davantage que l’immigration enrichit la culture du pays d’accueil, et plus encore dans les pays nordiques et les pays d’immigration de longue date. Dans la plupart des pays, ils sont plus positifs sur l’impact économique de l’immigration, quoique dans une moindre mesure. L’opinion est la plus positive au Portugal, en Allemagne, en Suisse, au Costa Rica et dans les pays nordiques, avec au moins 40 % de répondants favorables. L’Australie bat tous les records, 83 % des natifs étant d’accord pour affirmer que les immigrés sont un atout pour l’économie. En revanche, seulement un cinquième des Colombiens et un quart des Coréens estiment que l’immigration est positive sur l’économie ou le développement.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Deux natifs citoyens de l’UE sur cinq déclarent en 2021 interagir socialement au moins une fois par semaine avec des immigrés de pays tiers. Il s’agit pour une moitié d’entre eux d’interactions quotidiennes, et pour l’autre moitié d’interactions hebdomadaires. Un répondant sur cinq interagit une fois par mois et un sur dix une fois par an. Ces interactions ont pu être perturbées par le COVID-19. Le niveau d’interaction étant lié aux effectifs d’immigrés pays tiers vivant dans le pays, les pays d’Europe centrale et orientale, où la population immigrée est plutôt faible, n’ont qu’un nombre limité d’interactions. C’est dans les pays où la population née hors UE est importante qu’il y a le plus d’interactions, plus de 40 % des natifs ayant de tels échanges dans la plupart des pays nordiques, d’Europe du Sud et des pays d’immigration de longue date. Par rapport à la taille relative de leur population née hors UE, les pays d’Europe du Sud, l’Irlande et le Danemark comptent plus d’interactions que ce à quoi on pourrait s’attendre. À l’inverse, les pays baltes et la Croatie font état de peu d’interactions malgré une population née hors UE beaucoup plus nombreuse.

Plusieurs facteurs sociodémographiques déterminent les interactions sociales entre les personnes nées dans le pays et celles qui sont nées à l’étranger. Dans l’UE, par exemple, les jeunes, les hommes, les personnes instruites et celles qui occupent un emploi sont davantage susceptibles que le reste de la population d’interagir avec des immigrés non originaires de l’UE. La part de ressortissants de l’UE âgés de moins de 25 ans qui interagissent chaque semaine avec des immigrés extra-communautaires s’élève à 53 %, soit 22 points de pourcentage de plus que parmi les ressortissants de l’UE âgés de 55 ans ou plus. Le lieu de résidence est également corrélé à la fréquence des interactions sociales, la moitié quasiment des répondants déclarant échanger avec des immigrés dans les grandes agglomérations, où ces derniers sont concentrés, par rapport à moins d’un tiers en zone rurale, où ils sont sous-représentés.

Les citoyens de l’UE nés à l’étranger interagissent plus avec des immigrés de pays tiers que ceux nés dans le pays. Si 38 % des natifs interagissent chaque semaine avec des immigrés de pays tiers, 54 % des ressortissants de l’UE nés à l’étranger le font. Dans l’UE, les répondants nés dans le pays dont au moins un parent ou grand-parent est né à l’étranger interagissent plus que les autres chaque semaine avec ces personnes : environ 45 % des individus d’ascendance européenne et près de 55 % des individus d’origine non européenne. Les interactions sociales fréquentes avec des immigrés de pays tiers vont de pair avec une vision plus positive de l’immigration et de l’intégration. Les personnes qui interagissent chaque semaine avec des immigrés extra-communautaires sont davantage susceptibles de penser que le processus d’intégration donne de bons résultats (voir l’indicateur 5.8) et ont le sentiment d’être bien informées sur l’immigration et l’intégration. Les ressortissants de l’UE qui n’interagissent pas chaque semaine avec des immigrés non originaires de l’UE sont un tiers de moins susceptibles de considérer l’immigration comme une chance.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans deux pays sur trois environ, les personnes nées à l’étranger sont moins susceptibles que celles qui sont nées dans le pays de faire partie d’une organisation bénévole. L’écart est le plus prononcé en Estonie, dans la plupart des pays européens d’immigration de longue date, aux États-Unis et dans les pays nordiques. Il dépasse 15 points de pourcentage en Suède, en Suisse et en Allemagne. Si l’on exclut les organisations confessionnelles, la même tendance se dégage. Au Canada, en Italie, en Espagne et en République tchèque, en revanche, l’écart de participation à des organisations bénévoles entre les personnes nées à l’étranger et celles qui sont nées dans le pays est faible voire nul.

Ces dix dernières années, le bénévolat des personnes nées à l’étranger a progressé dans la plupart des pays européens. Les plus fortes hausses ont été observées en Allemagne, à Chypre et en Slovénie. Dans ce dernier pays, l’écart s’est réduit entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans le pays. L’inverse est vrai par exemple dans les pays nordiques où, à l’exception de la Suède, les personnes nées à l’étranger ont aujourd’hui une moindre propension à faire du bénévolat qu’il y a 10 ans. Les plus fortes baisses ont été observées en Estonie, aux Pays-Bas et en Islande, où elles atteignent au moins 11 points de pourcentage.

Dans l’OCDE, les bénévoles immigrés sont plus susceptibles de s’impliquer dans des organisations religieuses que les personnes nées dans le pays (27 % contre 21 %). On ne relève cependant pas de différence pour ce qui est de la participation à des œuvres de bienfaisance, des groupes à but éducatif et des associations de consommateurs. En revanche, à l’exception des pays d’Europe du Sud et du Canada, les immigrés sont moins susceptibles de rejoindre des clubs sportifs ou des clubs de loisirs. Dans les pays nordiques et les pays d’Europe occidentale qui accueillent de longue date des immigrés (hormis la Belgique), l’écart de participation est supérieur à 8 points de pourcentage. Il en va de même pour les syndicats et les partis politiques, quoique dans une moindre mesure. La moindre propension des immigrés à faire du bénévolat peut être liée à des facteurs linguistiques, culturels et socioéconomiques. Le bénévolat est moins fréquent chez les personnes peu instruites, parmi lesquelles les immigrés sont surreprésentés. Toutefois, les immigrés de niveau d’éducation faible font plus de bénévolat dans l’UE que leurs homologues nés dans le pays, alors qu’on observe l’inverse parmi les diplômés du supérieur. S’agissant des personnes nées dans l’UE, ils sont presque toujours plus susceptibles de faire du bénévolat que leurs pairs nés en dehors de l’UE : 64 % contre 53 % à l’échelle de l’UE.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, 15 % des immigrés estiment faire partie d’un groupe victime de discrimination, cette part étant supérieure à 10 % dans plus de la moitié des pays. La discrimination autodéclarée par des personnes nées à l’étranger est particulièrement fréquente en Italie (21 %) et dans les pays accueillant de longue date de nombreux immigrés non originaires de l’UE (à l’exception de l’Allemagne), comme la France (20 %) ou les Pays-Bas (19 %). En revanche, elle est en général moins fréquente dans les pays d’Europe centrale et orientale (sauf en Estonie). Si l’on associe ces résultats à ceux de l’Eurobaromètre 2021, les pays où la discrimination perçue est la plus importante sont aussi ceux dans lesquels les ressortissants de l’UE estiment le plus souvent que la discrimination est un obstacle à l’intégration. La discrimination à l’encontre des personnes nées à l’étranger est très largement reconnue comme étant un problème en Suède, mais elle l’est moins en Autriche, en Estonie ou en République tchèque. En dehors de l’Europe, la part des immigrés qui déclarent avoir subi des actes de discrimination est la plus élevée en Corée, à 20 %, et au Canada, à 19 % (depuis le début de la pandémie). La discrimination au travail (qui n’est pas mesurée ailleurs) est en général plus faible aux États-Unis (11 %).

Entre 2010-14 et 2016-20, la part des immigrés qui estimaient appartenir à un groupe victime de discrimination a augmenté de 2 points de pourcentage dans l’UE, principalement parmi les femmes. Les immigrés originaires d’Afrique forment non seulement le groupe le plus susceptible de faire état d’actes de discrimination, mais ils sont aussi aujourd’hui beaucoup plus enclins à le faire qu’il y a 5 ans (+ 5 points de pourcentage). En dehors de l’Europe, la discrimination perçue par les immigrés a légèrement reculé aux États-Unis et en Australie, mais elle a progressé au Canada et en Nouvelle-Zélande, notamment chez les femmes.

La perception de la discrimination diminue généralement avec l’âge et la durée de séjour dans le pays. En Europe, les immigrés de pays tiers sont plus de deux fois plus susceptibles que leurs homologues nés dans l’UE (9 % contre 19 %) à considérer faire partie d’un groupe victime de discrimination. La discrimination perçue est particulièrement forte chez les immigrés d’Afrique du Nord et subsaharienne dans l’UE et au Canada, tandis qu’en Australie elle est la plus forte chez les immigrés d’Amérique latine et d’Asie. Les actes de discrimination sont moins fréquents chez les immigrés qui possèdent la nationalité du pays d’accueil, ont un niveau d’études élevé et occupent un emploi. Enfin, si les femmes immigrées font moins état d’actes de discrimination que leurs homologues masculins dans l’UE et aux États-Unis, c’est l’inverse au Canada et en Nouvelle-Zélande.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Dans l’UE, les immigrés déclarent avoir plus confiance que les personnes nées dans le pays dans la police (61 % contre 54 %) ; le parlement, dans une moindre mesure (30 % contre 20 %) ; et le système juridique (45 % contre 33 %). La situation est similaire en dehors de l’Europe, où les immigrés ont partout plus confiance dans les institutions publiques, notamment le parlement (sauf Israël). Dans les deux tiers des pays, les immigrés ont plus confiance que les personnes nées dans le pays dans la police et le système juridique, et se fient plus au parlement dans cinq pays sur six. L’écart de confiance dans la police entre natifs et immigrés est particulièrement marqué aux États-Unis, à Chypre et dans quelques pays d’Europe centrale et orientale. Pour ce qui est du système juridique, il est le plus large au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Espagne et en Belgique (au moins 15 points de pourcentage). Les immigrés font moins confiance que les natifs à la police et au système juridique en République tchèque et dans les pays baltes, qui affichent un faible niveau de confiance générale. Dans les pays nordiques où le niveau de confiance est élevé, les immigrés ont également moins confiance dans ces institutions que les natifs.

Entre 2002-10 et 2012-20, la confiance dans les institutions publiques a progressé pour les deux groupes dans l’UE, quoique légèrement plus chez les personnes nées à l’étranger. La part des personnes nées dans le pays et des personnes nées à l’étranger qui font confiance à la police a augmenté d’environ 7 points de pourcentage, tandis que la confiance dans le parlement (3 points) et le système juridique (4 points) a augmenté elle aussi. Chypre et l’Espagne sont parmi les exceptions, la confiance dans le système juridique et le parlement ayant diminué tant chez les immigrés que chez les personnes nées dans le pays. La confiance des deux groupes a aussi reculé aux États-Unis dans tous les types d’institutions – en particulier le Congrès.

Des recherches montrent que les immigrés ont plus confiance dans les institutions du pays d’accueil en raison de leur défiance vis-à-vis de la situation dans leur pays d’origine. Cet effet s’estompant avec le temps, la confiance est plus faible chez les immigrés installés que chez les nouveaux arrivants dans près de quatre pays sur cinq. En termes de confiance dans les institutions, l’écart entre femmes et hommes est constant : les femmes, quel que soit leurs pays de naissance, font moins confiance au parlement ou au système juridique que les hommes, d’environ 5 points de pourcentage. Si les immigrés peu instruits font légèrement moins confiance que leurs homologues très instruits aux institutions du pays d’accueil (61 % contre 65 %, pour la police par exemple), l’écart entre les natifs est plus profond (50 % contre 61 %).

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

En 2021, 47 % des ressortissants de l’UE estiment que l’intégration des immigrés de pays tiers donne de bons résultats dans leur pays. Les points de vue étaient très différents selon les pays, sans qu’aucune tendance commune ne se dégage parmi les pays accueillant des populations globalement similaires. Par exemple, seul un quart des répondants estiment que l’intégration donne de bons résultats en Suède, soit beaucoup moins que dans d’autres pays ayant récemment accueilli un grand nombre de personnes pour raisons humanitaires. De même, environ un tiers des personnes interrogées ont exprimé une vision positive de l’intégration en Lettonie et en France, ce qui reste beaucoup moins que dans d’autres pays baltes et d’autres pays d’immigration de longue date. En revanche, la plupart des répondants ont une vision positive de l’intégration dans des pays comptant de nombreux travailleurs immigrés non originaires de l’UE, comme l’Irlande ou quelques pays d’Europe centrale, bien que cela ne soit pas le cas dans toute l’Europe du Sud, l’Italie et la Grèce affichant des points de vue plus négatifs. La vision de l’intégration est presque toujours plus positive au niveau local que national, environ trois ressortissants de l’UE sur cinq la considérant comme un processus réussi dans leur ville ou leur localité. Les divergences de points de vue sur l’intégration aux niveaux national et local sont les plus marquées dans la plupart des pays d’immigration de longue date (en particulier en France et en Belgique), en Suède et en Autriche.

Différentes catégories socioéconomiques partagent des points de vue très similaires sur l’intégration réussie des immigrés non originaires de l’UE dans leur pays. Dans l’UE, on observe peu de différences en fonction du genre, de la situation professionnelle et du niveau d’études. Toutefois, les répondants de moins de 25 ans et ceux qui déclarent vivre dans une grande ville ont une opinion beaucoup plus positive de l’intégration que les répondants âgés et ceux qui vivent dans des agglomérations de plus petite taille ou en zone rurale. D’une manière générale, les ressortissants de l’UE qui ont le sentiment d’être bien informés ou qui interagissent plus fréquemment avec des immigrés extra-communautaires ont une vision positive de l’intégration. Il en va de même des ressortissants de l’UE d’ascendance étrangère.

Dans les deux tiers des pays, la conception de l’intégration des immigrés à l’échelle nationale était plus positive en 2021 que quatre ans auparavant. C’est en Allemagne et dans la plupart des pays d’Europe centrale que l’opinion a le plus évolué, la part des répondants ayant une vision positive de l’intégration des immigrés non originaires de l’UE ayant augmenté d’au moins 8 points de pourcentage. Elle est en revanche beaucoup moins positive aujourd’hui en Croatie, en Slovénie, en Autriche et en Finlande. Une majorité (53 %) de ressortissants de l’UE estiment que leur gouvernement national ne fait pas assez pour promouvoir activement l’intégration des immigrés, et 69 % que les actions en faveur de l’intégration constituent un investissement nécessaire à long terme.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Quel que soit l’indicateur considéré, la plupart des ressortissants de l’UE ont une perception inexacte de l’évolution de l’intégration des immigrés au cours de la dernière décennie. S’agissant du pourcentage d’immigrés occupant un emploi (assimilé au taux d’emploi), la plupart des répondants dans un quart des pays de l’UE estiment que l’évolution qu’ils perçoivent correspond à l’évolution réelle, tandis qu’ils en ont une vision plus positive en Grèce, à Chypre et aux Pays-Bas seulement, et moins positive dans près de 3 pays sur 5. Dans l’UE, seuls 39 % des répondants envisagent ce phénomène dans leur pays tel qu’il évolue dans la réalité, tandis que 52 % en ont une vision moins positive, et 9 % plus positive. Ce dernier profil se retrouve souvent dans les pays d’Europe du Sud (sauf en Espagne et au Portugal), dans lesquels le taux d’emploi des immigrés non originaires de l’UE a chuté, ou est au mieux resté stable. Dans beaucoup de pays d’Europe centrale et la plupart des pays d’immigration de longue date, en revanche, où le taux d’emploi a en réalité augmenté, la plupart des répondants ont une vision du phénomène moins positive que l’évolution réelle (les trois quarts des répondants en Hongrie, en France et en Lettonie). Les pays dans lesquels l’évolution perçue de l’emploi des immigrés se rapproche le plus de la réalité sont l’Irlande, le Portugal, Malte et l’Estonie.

Le fait d’étudier séparément les femmes et les hommes immigrés modifie légèrement la perception faussée de l’évolution du taux d’emploi des immigrés de pays tiers. Les ressortissants de l’UE pensent que l’évolution du taux d’emploi des hommes et des femmes non originaires de l’UE est similaire, alors que l’emploi des hommes a en pratique progressé dans un nombre légèrement plus important de pays. Dans l’UE, 48 % des répondants envisagent l’évolution du taux d’emploi des hommes non originaires de l’UE de façon moins positive que ce qu’elle est en réalité, alors que pour celui des femmes, ils ne sont que 42 %. En Espagne, la plupart des répondants pensent que l’évolution du taux d’emploi des hommes nés en dehors de l’UE est moins bonne que dans la réalité, et celle du taux d’emploi des femmes meilleure. Aux Pays-Bas, où l’emploi des femmes et des hommes nés en dehors de l’UE est resté stable, la moitié des répondants estiment que la situation professionnelle des femmes non originaires de l’UE s’est améliorée. S’agissant des hommes non originaires de l’UE, seul un tiers des répondants partagent cet avis.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

S’agissant du taux de pauvreté des immigrés de pays tiers, les ressortissants de l’UE avaient le sentiment qu’il avait évolué plus positivement qu’il ne l’avait fait en réalité. Cette perception était celle de 40 % des répondants, tandis que pour 41 % elle était conforme à la réalité et que pour 19 % elle était moins bonne que la réalité. Dans la quasi-totalité des pays où le taux de pauvreté des immigrés non originaires de l’UE a augmenté au cours des dix dernières années, la plupart des répondants ont perçu cette hausse comme étant moins importante que dans la réalité, en particulier en Lituanie, en Espagne et en Italie. Dans les pays d’Europe du Sud, où le taux de pauvreté des immigrés extra-communautaires a chuté, cette baisse était conforme à la perception de la plupart des répondants. Toutefois, d’autres pays qui ont connu un tel recul sont moins conscients de cette évolution. En Pologne et en Finlande, par exemple, l’évolution a été perçue par les répondants de façon moins positive que l’évolution réelle.

Le niveau d’études des personnes nées à l’étranger, y compris en dehors de l’UE, s’est amélioré ces dix dernières années (voir l’indicateur 3.1), sous l’effet de nouvelles entrées de personnes plus instruites. Dans la plupart des pays, les répondants ne reconnaissent toutefois pas l’augmentation observée de la part d’immigrés de pays tiers très instruits. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, en particulier, ainsi qu’en France, un tiers des répondants au plus savent que le niveau d’études des immigrés non originaires de l’UE a progressé ces dix dernières années. Et la part globale de ceux qui en ont conscience n’est que de 39 % à l’échelle de l’UE. La perception est plus proche de la réalité dans un tiers seulement des pays, notamment en Europe du Sud.

Contrairement aux immigrés adultes, les résultats scolaires des enfants d’immigrés nés dans le pays n’ont progressé ces dix dernières années que dans un tiers des pays de l’UE et sont restés relativement stables dans la plupart des autres pays. Dans l’UE, 38 % des répondants connaissent les évolutions observées dans leur pays ; ils sont tout autant (38 %) à indiquer que les résultats scolaires des enfants d’immigrés se sont améliorés, tandis que seuls 24 % pensent qu’ils ont baissé. Les répondants des pays d’Europe du Sud et de la plupart des pays nordiques estiment que les résultats scolaires ont évolué de façon plus positive qu’ils ne l’ont fait en réalité. Cette perception est particulièrement vraie dans les pays où les résultats (tels que mesurés dans les scores du PISA) ont le plus baissé : en Grèce, en Finlande, aux Pays-Bas et en Hongrie, environ 7 répondants sur 8 ont en effet une vision plus positive de l’évolution. En revanche, dans la plupart des pays d’immigration de longue date (à l’exception de la Belgique et des Pays-Bas), en Suède et en République tchèque, où les résultats scolaires des enfants d’immigrés se sont considérablement améliorés, la plupart des répondants ont perçu négativement cette évolution. C’est dans les pays qui accueillent une faible population immigrée, comme les pays baltes et les pays d’Europe orientale, que la perception des évolutions est la plus juste.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

Les facteurs sociaux que la population de l’UE juge importants pour la bonne intégration des immigrés de pays tiers sont les mêmes dans pratiquement tous les pays de l’UE. Parler la langue officielle du pays est le facteur d’intégration le plus important ; il est cité par 85 % des répondants dans l’UE. En Finlande, toutefois, l’acceptation des valeurs et des normes de la société d’accueil se place juste devant la maîtrise de la langue, ce facteur d’intégration revêtant aussi de l’importance dans d’autres pays (77 % des répondants dans l’ensemble de l’UE). Ce critère important d’intégration est en effet autant susceptible d’être cité que n’importe quel facteur économique, comme la contribution au système de protection sociale ainsi que le niveau suffisant d’études et de qualification pour trouver un emploi. Dans une moindre mesure, le fait d’avoir des amis est également important pour les deux tiers des répondants de l’UE environ. Partager les traditions culturelles du pays d’accueil est toutefois jugé moins important, moins de 50 % des répondants estimant ce facteur indispensable à l’intégration dans moins d’un tiers des pays, notamment surtout dans les pays nordiques, en Allemagne et aux Pays-Bas. Ce facteur est considéré comme essentiel dans les nouveaux pays d’immigration, comme les pays d’Europe du Sud, la Hongrie et l’Irlande.

Dans environ la moitié des pays de l’UE, les deux tiers au moins des répondants estiment que les efforts insuffisants déployés par les immigrés eux-mêmes sont l’un des principaux obstacles à leur intégration dans la société d’accueil. Cette idée est particulièrement répandue en Europe du Sud (en particulier en Grèce), en Finlande et aux Pays-Bas. Dans les pays d’immigration de plus longue date (par exemple la France, la Suède et les Pays-Bas), en revanche, la discrimination à l’encontre des immigrés est considérée comme un obstacle encore plus important à leur intégration. Dans l’UE, environ deux tiers des répondants considèrent la discrimination, les efforts d’adaptation insuffisants et la forte concentration des immigrés dans certaines zones comme des obstacles majeurs à l’intégration. Pourtant, aucun de ces problèmes n’est perçu comme étant aussi important que la recherche d’emploi, laquelle est citée par les ressortissants de l’UE comme le principal obstacle à l’intégration des immigrés. Si au moins 3 répondants sur 5 considèrent le manque d’interactions entre les immigrés et les ressortissants du pays d’accueil ainsi que la représentation négative des immigrés dans les médias comme étant des obstacles à l’intégration, ces chiffres restent systématiquement inférieurs à ceux des autres obstacles susmentionnés.

Les notes et les sources sont consultables dans leurs StatLinks respectifs.

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