Résumé exécutif

La communication publique est une composante essentielle du processus d’élaboration des politiques publiques, et un pilier de la transparence. Elle permet d’informer les citoyens au sujet des décisions et actions des institutions publiques, tout en promouvant les services offerts aux usagers. Elle contribue par ailleurs au renforcement de la participation des parties prenantes à la vie publique, en leur permettant d’utiliser ces informations pour s’engager. À ce titre, et dès qu’elle est déployée de manière stratégique, la communication peut améliorer la confiance, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques ainsi que la qualité et la satisfaction des usagers vis-à-vis des services publics.

Les transformations technologiques, l’élargissement de l’accès à l’Internet, et la généralisation de l’usage des réseaux sociaux, ouvrent des possibilités nouvelles aux gouvernements pour une meilleure interaction avec les citoyens. L’administration marocaine adhère de plus en plus à cette dynamique, en mobilisant les technologies numériques pour offrir des services et en renforçant sa présence sur les réseaux sociaux et sur Internet. Au cours des dernières années, elle a également libéralisé de manière progressive le marché des médias, et introduit des réformes juridiques qui peuvent avoir d’importantes répercussions sur le rôle des médias en ligne et des réseaux sociaux dans le pays.

La récente entrée du Maroc au sein du Partenariat pour le Gouvernement ouvert (OGP) et la création d’un réseau des responsables de la communication par le ministère de la Réforme de l’Administration et de la Fonction publique, sont des avancées concrètes vers le renforcement des synergies entre ces deux domaines. Ce rapport montre que le pays a dorénavant l’opportunité de s’appuyer sur ces progrès pour amplifier les effets positifs de la communication publique sur la transparence et la participation. De fait, la plupart des personnes chargées de la communication au sein des ministères, interrogés par l’OCDE ne considèrent pas encore ces principes comme un objectif premier de leurs stratégies. Élaborer une stratégie gouvernementale pourrait permettre de les inscrire au cœur des initiatives de communication du gouvernement, et de mieux distinguer la communication publique et la communication politique.

Afin de favoriser cette évolution, il est décisif de fixer et disséminer des orientations et procédures à l’attention des communicateurs, pour les inciter à intensifier leurs interactions avec les citoyens, au travers notamment des réseaux sociaux. Près de la moitié des pays de l’OCDE ont d’ailleurs adopté de telles directives, selon une enquête de l’OCDE de 2017. Il est par ailleurs également important de renforcer les compétences des agents publics dans ce domaine afin de s’assurer d’une communication moderne. Dans le contexte du processus de régionalisation en cours, ces actions s’imposent tout particulièrement au niveau local.

L’adoption en 2018, d’une loi d’accès à l’information (AI) par le Maroc est un pas supplémentaire vers la transparence et représente une condition sine qua none pour plus de participation citoyenne. Il conviendrait donc de mettre en place les mécanismes et les structures institutionnelles utiles, aux niveaux central et local, afin de permettre aux journalistes et aux citoyens un accès réel à l’information publique. Le renforcement des capacités de mise en œuvre de cette législation aux échelles locale et nationale, ciblant les agents publics, la société civile et les journalistes, ira également en ce sens. Compte tenu de leur rapport direct avec les journalistes, les communicateurs publics peuvent jouer un rôle décisif dans le renforcement de la divulgation proactive de certaines informations, ainsi que de sensibilisation des journalistes à leurs droits. Un rapprochement à cette occasion entre les responsables de la communication d’une part, et les personnes en charges de l’accès à l’information tel que prévu par la loi d’autre part, serait crucial.

L’écosystème médiatique marocain a par ailleurs connu une transformation progressive, avec une phase de libéralisation entamée en 2002, puis des amendements du droit de la presse en 2016. Les médias en ligne et réseaux sociaux ont dans le même temps pris une grande importance, de même que le « journalisme citoyen » (dans lequel le public produit et diffuse des actualités en lieu et place des journalistes professionnels), et différents médias associatifs sont apparus, soit autant de canaux nouveaux ouverts à une participation des citoyens, à la production d’informations et aux débats publics. Bien que les changements légaux aient déjà consolidé la protection de la liberté de la presse, il est encore possible d’alléger certaines formalités administratives et réglementaires (en matière d’octroi des autorisations pour les portails en ligne d’actualités fondés par des citoyens par exemple).

Si les réseaux sociaux représentent un facteur de renforcement de la transparence et de la participation, il existe aussi des risques liés à la prolifération des discours de haine, la désinformation et la polarisation politique. Les programmes d’éducation aux médias, qui disséminent des capacités critiques décisives, et les initiatives de dialogue entre une multiplicité d’acteurs, qui entreprennent de s’accorder sur les meilleures réponses politiques, seraient d’utiles moyens d’amener ces plateformes à promouvoir une élaboration inclusive des politiques publiques. Au regard de l’importance du taux d’analphabétisme et du fossé numérique dans le pays, la télévision et la radio restent centraux, surtout pour les groupes sous-représentés et marginalisés. Renforcer les médias locaux et associatifs permettrait à tous les Marocains de tirer profit des efforts de communication du gouvernement et des évolutions du paysage médiatique.

Bien qu’il n’existe aucune réponse univoque aux défis posés par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux, le rapport insiste sur la nécessité d’une coordination et de synergies entre les efforts du gouvernement, des médias et des organisations de la société civile afin d’y répondre efficacement.

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