Délais d’attente avant une chirurgie élective

Les longs délais d’attente avant une chirurgie élective (non urgente) sont un problème de longue date dans un certain nombre de pays de l’OCDE ; ils retardent les bénéfices attendus du traitement, ce qui fait que les patients continuent d’endurer souffrance et handicap. La pandémie de COVID-19 a encore accentué le problème, car les interventions non urgentes ont souvent été reportées pendant les périodes de flambée épidémique.

Les délais d’attente sont le fruit d’une interaction complexe entre la demande et l’offre de services de santé. La demande de services de santé et de chirurgie élective est déterminée par l’état de santé de la population, l’évolution des technologies médicales (dont la simplification de nombreuses procédures, comme les opérations de la cataracte), les préférences des patients et la part des frais laissés à la charge de ces derniers. Cela étant, les médecins jouent un rôle central dans la décision d’opérer ou non un patient. Du côté de l’offre, la disponibilité de chirurgiens, d’anesthésistes ou d’autres personnels de santé présents dans les équipes chirurgicales ainsi que l’existence des équipements médicaux nécessaires ont une incidence sur les taux d’activité chirurgicale.

Les données présentées dans cette section portent sur trois interventions chirurgicales pratiquées en grandes quantités : la chirurgie de la cataracte, l’arthroplastie de la hanche et l’arthroplastie du genou. En 2019, parmi les 15 pays disposant de données comparables, plus de 60 % des patients sont restés plus de trois mois sur liste d’attente pour une opération de la cataracte au Costa Rica, en Norvège, en Estonie et en Finlande (bien que les délais d’attente en Norvège soient surestimés par rapport aux autres pays pour cette opération chirurgicale et les deux autres – voir l’encadré « définition et comparabilité »). La proportion de patients attendant plus de trois mois était relativement faible (20 % maximum) en Hongrie, en Italie et au Danemark (Graphique 5.33, partie gauche). S’agissant de l’arthroplastie de la hanche, la part des patients restant sur la liste d’attente pendant plus de trois mois variait de 10 % au Danemark, et 30 % environ en Suède et en Italie, à plus de 70 % au Chili, en Estonie, au Costa Rica et en Norvège (Graphique 5.34, partie gauche). Des tendances similaires sont observées s’agissant des arthroplasties du genou (Graphique 5.35, partie gauche) : au Chili, en Estonie, au Costa Rica, au Portugal et en Norvège, plus de 80 % des patients sont restés sur liste d’attente pendant plus de trois mois, alors que cette part était beaucoup plus faible au Danemark (14 %) et en Italie (28 %).

Les gouvernements de nombreux pays ont pris diverses mesures avant la pandémie de COVID-19 pour réduire les délais d’attente, lesquelles étaient souvent accompagnées de financements supplémentaires, avec un succès mitigé. La politique la plus courante reste l’instauration d’un délai d’attente maximal, qui peut être utilisé pour mobiliser les efforts visant à rapprocher l’offre et la demande de diverses manières (OCDE, 2020[27]). S’agissant des trois interventions chirurgicales, entre 2014 et 2019, la part des patients attendant plus de trois mois n’a pas changé de manière substantielle voire a augmenté dans la majorité de ces 15 pays. Certains pays constituent des exceptions, avec des améliorations importantes au Danemark, en Pologne et en Hongrie pour les trois types d’intervention, ainsi qu’en Finlande en ce qui concerne les arthroplasties de la hanche et du genou. Depuis la fin des années 2000, le Danemark a opté pour le plafonnement des délais et pour le choix du professionnel de santé par le patient. Le délai d’attente garanti a été ramené de deux mois à un mois en 2007, et les Danois se sont vu accorder en parallèle la possibilité de choisir eux-mêmes l’établissement qui les prendra en charge. Dans le cadre de ce dispositif, si l’hôpital prévoit qu’il ne pourra pas respecter le délai garanti, le patient peut se tourner vers un autre établissement public ou privé. En Hongrie, des objectifs spécifiques ont été fixés en vue de la réduction des délais d’attente. Pour ce faire, le gouvernement a adopté de nouvelles dispositions législatives et règlementaires sur la gestion des listes d’attente, a mis au point un système en ligne permettant de suivre la situation en temps réel, a prévu des financements supplémentaires pour réduire certains délais d’attente et a encouragé une réorientation des patients vers les professionnels de santé dont les délais d’attente sont plus courts. En Pologne, un financement supplémentaire est accordé depuis 2018, et les patients peuvent avoir accès plus facilement aux informations sur les délais d’attente afférents aux différents types d’intervention grâce à un site Internet dédié. De plus en plus de Polonais souscrivent une assurance maladie privée afin d’obtenir un accès plus rapide aux services des hôpitaux privés (OCDE, 2020[27]).

Les premières données pour 2020 montrent l’effet néfaste qu’a eu la pandémie de COVID-19 (Graphique 5.33, Graphique 5.34, Graphique 5.35, parties droites). Pour les trois interventions, en 2020, les délais d’attente se sont rallongés dans les sept pays disposant de données (la Nouvelle-Zélande, la Suède, la Hongrie, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie). Dans ces pays, le nombre médian de jours d’attente inscrits sur la liste a augmenté en moyenne de 30 jours pour une opération de la cataracte, de 58 jours pour une arthroplastie de la hanche et de 88 jours pour une arthroplastie du genou, par rapport à 2019.

Références

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