Résumé

Cette publication dresse un état des lieux de la gouvernance des affaires de la jeunesse en Tunisie et fournit des recommandations opérationnelles pour accompagner les acteurs de la jeunesse tunisiens dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et services publics qui répondent pleinement aux besoins des jeunes. Ces recommandations s’articulent autour de cinq axes :

Si le cadre en faveur de la jeunesse tunisienne est aujourd’hui relativement abouti, il pourrait néanmoins être renforcé dans certains domaines.

En réponse à la participation limitée des jeunes dans le processus électoral et à leur faible représentation dans les institutions politiques et administratives classiques, le gouvernement tunisien pourrait compléter et améliorer le cadre légal et réglementaire et établir de nouvelles mesures destinées à pallier cette réalité, notamment de la façon suivante :

  • Mettre en place des politiques et des programmes de sensibilisation des jeunes sur l’importance de leur contribution à la prise de décision politique.

  • Engager des discussions avec les partis politiques sur les mesures susceptibles d’améliorer la présence des jeunes en leur sein.

  • Institutionnaliser les conseils locaux de la jeunesse en tant qu’instances de consultation des jeunes au niveau local.

Depuis 2016, la Tunisie s’est engagée dans le processus d’élaboration d’une stratégie nationale intégrée pour la jeunesse (SNIJ), destinée à établir une feuille de route multisectorielle à long terme des politiques publiques pour ce public.

Pour cela, en 2016, le ministère de la jeunesse a accompli un travail considérable de collecte et d’analyse des données sur la jeunesse, impliquant à la fois des jeunes, leurs familles et tous les acteurs des politiques de la jeunesse, qui a conduit à réunir plus de 35 000 réponses. Celles-ci dessinent un panorama exhaustif de la jeunesse du pays et constituent un socle solide pour l’élaboration complète d’une stratégie intégrée fondée sur des données probantes. Cet effort n’a toutefois pas abouti, et a été substituée par une Vision sectorielle pour la jeunesse. Afin de poursuivre l’élaboration de cette stratégie et de garantir son succès, le gouvernement tunisien pourrait :

  • Achever l’élaboration de la stratégie nationale intégrée dans les prochains mois, en actualisant et en exploitant les données recueillies lors du dialogue sociétal sur la jeunesse de 2016.

  • Mettre en place un mécanisme de pilotage intégré de la SNIJ, qui assurerait l’élaboration, le suivi et l’évaluation, mais également la planification et le suivi budgétaire.

  • Faire participer les acteurs bénéficiant d’une solide expertise des politiques de la jeunesse dans l’élaboration de la SNIJ.

  • Définir clairement les catégories d’âge et le public ciblés, ainsi que les actions et les mesures envisagées pour chaque axe de la stratégie.

  • Impliquer formellement les structures locales existantes en matière d’accompagnement des jeunes dans la mise en œuvre des politiques publiques à destination de la jeunesse.

  • Inscrire la SNIJ dans le processus de décentralisation en cours en Tunisie en prévoyant une mise en œuvre territoriale de celle-ci.

  • S’appuyer sur le cadre de l’OCDE relatif aux critères de qualité de ces stratégies pour la jeunesse (OCDE, 2020[1]).

Les politiques de jeunesse, et en particulier leur aspect multisectoriel, reposent sur la capacité des différentes parties prenantes, tant au niveau national que local, à se coordonner pour faciliter la mise en œuvre et la complémentarité des différentes mesures adoptées. Dans ce sens, le gouvernement tunisien pourrait :

  • Engager une réflexion sur la modernisation de la gestion des ressources humaines de la jeunesse, en mettant l’accent sur le développement des capacités du personnel notamment au niveau infranational.

  • Consolider la coordination institutionnelle horizontale et verticale, à travers un dialogue périodique rassemblant toutes les parties prenantes aux politiques de la jeunesse des différents niveaux de gouvernement.

  • Prévoir un document budgétaire unique pour une politique transversale portant sur la jeunesse, qui soit annexé au projet de loi de finances.

  • Consolider le rôle et les moyens des institutions chargées de l’examen et l’adoption des politiques de jeunesse au niveau national, notamment la Commission sur la jeunesse, les affaires culturelles, l’éducation et la recherche scientifique de l’Assemblée des représentants du peuple, et encourager leur rôle d’expert en la matière.

  • Consolider les attributions et les moyens des institutions de la jeunesse au niveau infranational, et notamment les maisons de jeunes. Garantir la pleine opérationnalisation et l’institutionnalisation des instances de consultation des jeunes au niveau local.

L’introduction d’une perspective sensible à la jeunesse dans la formulation des politiques publiques est un moyen essentiel pour répondre de manière appropriée aux attentes des jeunes. Il existe de nombreux outils de gouvernance innovants permettant aux gouvernements d’aligner leur politiques et services sur les besoins des jeunes et d’analyser leur impact potentiel sur cette partie de la population. La Tunisie a été pionnière dans l’introduction du budget participatif au niveau local, ainsi que la publication de budgets-citoyen.

Elle pourrait envisager de :

  • Capitaliser sur les outils et mécanismes existants pour systématiser leur utilisation, et favoriser le développement d’un processus budgétaire prenant en compte les dépenses publiques axées sur la jeunesse et dont l’information lui est accessible.

  • Renforcer les capacités des décideurs publics à anticiper l’impact de nouvelles lois et règlements sur les différents groupes de la population en fonction de leur âge, leur sexe ou encore de leur région.

  • Renforcer la collecte et la mise à disposition de données ventilées par âge et par sexe en optimisant notamment le recours aux organismes de collectes de données et d’informations existant en Tunisie.

La confiance limitée des jeunes dans les partis politiques et les institutions publiques, ainsi que les divers obstacles auxquels ils se heurtent pour faire entendre leurs voix réduisent leur participation dans les structures et les processus décisionnels existants. Pourtant, les jeunes tunisiens manifestent de manière croissante leur intérêt sur les sujets d’intérêt général, ils cherchent à faire entendre leurs voix par des canaux nouveaux, variés et non institutionnalisés.

Dans ce contexte, le gouvernement tunisien pourrait :

  • Reconnaître, protéger et promouvoir l’espace civique en tant qu’environnement propice à la relation des jeunes avec les institutions publiques.

  • Mettre en place des mesures incitatives et des formes de participation innovantes pour remobiliser l’intérêt des jeunes et faciliter leur participation à la prise de décision politique.

  • Repenser de façon globale la participation des jeunes, et notamment les plus vulnérables tels que les jeunes femmes ou les jeunes en milieu rural, tout au long du cycle des politiques publiques à travers une planification stratégique et cohérente des opportunités de participation, une information et une communication adaptée à une participation avisée, et le renforcement des mécanismes de participation ad hoc et institutionnalisés existants pour soutenir une évolution globale des modes de dialogue vers plus de régularité, de réciprocité et des formats plus innovants.

  • Soutenir l’acquisition d’une culture de l’engagement et de la participation dès le plus jeune âge à travers le renforcement de l’enseignement civique et à la citoyenneté - à l’école et en dehors – ainsi que de l’engagement associatif.

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