11. Costa Rica
Au Costa Rica, le soutien aux producteurs agricoles (ESP) s’est élevé à 4.9 % des recettes agricoles brutes en 2019-21, chiffre bien inférieur à la moyenne OCDE et en baisse par rapport aux 8.2 % de 2000-02. Le soutien à l’agriculture est presque entièrement (89 %) assuré par le soutien des prix du marché (SPM), l’une des formes de soutien susceptibles de générer le plus de distorsions de la production et des échanges, et correspond à des mesures aux frontières (droits de douane) et des mesures internes (prix intérieurs minimums). Les produits les plus soutenus comprennent le riz, la volaille, la viande porcine et le sucre. Du fait de la protection aux frontières et de l’intervention sur les marchés, les prix à la production ont été, en moyenne, de 5 % supérieurs aux cours mondiaux en 2019-21. Le reste du soutien aux producteurs (10.9 %) prend la forme de paiements pour services environnementaux et de subventions au capital pour les machines et le matériel agricoles.
Les dépenses consacrées aux services d'intérêt général (ESSG) ont représenté 1.3 % de la valeur de la production agricole en 2019-21. Ces dépenses ont enregistré une augmentation de 0.3 % depuis 2000-02 mais demeurent bien inférieures à la moyenne OCDE. En 2019-21, elles ont été réparties entre trois domaines : (1) le système de connaissances et d’innovation agricoles, et en particulier les services de vulgarisation agricole ; (2) le développement et l’entretien des infrastructures d’irrigation et des routes de campagne ; et (3) l’inspection et le contrôle. Le soutien total fourni au secteur (EST) s’est élevé à 0.5 % du PIB en 2019-21, une baisse sensible par rapport à 2000-02.
L’initiative Puente Agro a été mise en œuvre en 2021 dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté (Estrategia Nacional de Lucha contra la Pobreza) qui apporte un soutien dans les domaines des services de santé, de l’éducation, du logement, du travail et de la protection sociale aux zones rurales qui vivent dans une extrême pauvreté. Cette initiative vise à soutenir les agriculteurs en améliorant leurs processus productifs par la fourniture de matériel, d'intrants et d’une assistance technique.
En vertu d’une loi adoptée en 2021 qui vise à renforcer le contrôle budgétaire de l’administration centrale sur les organismes décentralisés, le ministère de l’Agriculture (Ministerio de Agricultura y Ganadería – MAG) exerce un plus grand contrôle et une plus grande supervision sur l’élaboration et l’exécution des budgets d’organismes tels que le Service national de la santé animale (Servicio Nacional de Salud Animal – SENASA), le Service phytosanitaire de l'État (Servicio Fitosanitario de Estado – SFE), l’Institut national d'innovation et de transfert de technologie agricole (Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria – INTA) et le Conseil national des clubs 4S (Consejo Nacional de Clubes 4-S – CONAC).
Le Plan national de décarbonation (Plan Nacional de Descarbonización ) du Costa Rica pour 2018-2050 vise à parvenir à des émissions nettes égales à zéro d’ici 2050 et à maintenir leur volume à un niveau maximal de 9.11 Mt éq. CO2 d’ici 2030. Le Plan inclut des stratégies de décarbonation de tous les secteurs, y compris l’agriculture. Cependant, les stratégies dans le domaine de l’agriculture sont axées sur l’amélioration des pratiques qui ont des répercussions sur les émissions, mais ne comportent aucun objectif d’atténuation spécifique pour le secteur.
Le soutien aux producteurs est principalement assuré au moyen de la protection aux frontières de certains produits – à savoir le riz, la volaille, la viande porcine et le sucre – ainsi que de prix minimums de référence pour le riz. Ce soutien fausse le marché intérieur et les échanges, et limite la concurrence, la productivité et la compétitivité. Le gouvernement devrait envisager de l’éliminer progressivement et de le remplacer par des paiements ciblés sur les producteurs qui en ont temporairement besoin.
La médiocre qualité et la faible couverture de l’infrastructure agricole constituent un frein important qui empêche le secteur de devenir plus efficient et plus réactif aux signaux du marché. Des investissements sont nécessaires pour accroître la productivité (irrigation et drainage, par exemple) et pour faciliter l’accès aux marchés (transports, distribution, installations frigorifiques, etc.).
Des capacités restreintes et une mauvaise allocation des ressources limitent l’efficacité des services de vulgarisation du Costa Rica, qui comptent pour 20 % de l’ensemble des dépenses publiques consacrées au secteur. Eu égard à l’importance de ces services pour le secteur agricole, des efforts devraient être déployés pour garantir une utilisation plus efficiente des financements, notamment en dispensant aux agents des services de vulgarisation une formation aux nouveaux systèmes de production et de gestion, en rationalisant et en réduisant la charge administrative imposée au personnel technique, et en assurant une meilleure coordination entre les organismes de recherche, les services de vulgarisation et les besoins des agriculteurs.
Les petits producteurs souffrent d’une faible productivité et d’un manque d’accès au crédit et aux outils financiers. En outre, des exigences strictes empêchent les petits agriculteurs de bénéficier des sources de crédit disponibles auprès des banques commerciales. Les programmes de crédit proposés par la banque nationale de développement et les organisations ou les coopératives agricoles pourraient être élargis, tout en évitant de créer un aléa moral, afin d’améliorer l’infrastructure financière et l’accès au crédit des petits exploitants.
Le Costa Rica a l’expérience de la mise en œuvre de politiques en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable, telles que l’amélioration des méthodes de culture et d’élevage à travers les mesures d’atténuation appropriées au niveau national (MAAN). Malgré cela, il reste encore une marge de progression. Le pays devrait mettre en cohérence ses efforts d’adaptation et d’atténuation du changement climatique avec ses objectifs de développement de l’agriculture. Une coordination entre la R-D et les services d’assistance technique permettrait d’accroître la sensibilisation des agriculteurs.