1. Tendances des recettes fiscales, 1965-2020

Les Statistiques des recettes publiques 2021 présentent des données détaillées permettant de comparer, à l’échelle internationale, les recettes fiscales perçues par tous les niveaux d’administration dans les pays de l’OCDE. La dernière édition fournit des informations définitives sur les recettes fiscales au cours de la période 1965-2019. En outre, des estimations provisoires relatives aux recettes fiscales pour l’année 2020 sont indiquées pour la plupart des pays de l’OCDE1.

Les nouvelles données de l’OCDE qui figurent dans les Statistiques des recettes publiques 2021 montrent qu’en moyenne les recettes fiscales exprimées en pourcentage du PIB (c’est-à-dire le ratio impôts/PIB) étaient de 33.5 % en 2020, soit une hausse de 0.1 point de pourcentage (p.p.) du PIB par rapport à 2019. La hausse modeste, en 2020, du ratio moyen des recettes fiscales au PIB des pays de l’OCDE est intervenue dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui s’est traduite par une baisse généralisée des recettes fiscales nominales tout comme du PIB nominal, mais dans une moindre mesure pour les recettes fiscales dans la plupart des pays, ce qui explique cette hausse. Le chapitre 2 de cette publication fournit des informations complémentaires sur la variation des recettes fiscales pour chaque pays, et pour différentes catégories d’impôts. Le ratio impôts/PIB a augmenté dans 20 des pays pour lesquels des données pour 2020 sont disponibles, et a diminué dans 16 autres. Les hausses comme les baisses enregistrées ont été d’ampleur similaire (0.7 point).

En 2020, les ratios impôts/PIB ont beaucoup varié (Tableau 1.1) d’un pays à l’autre, mais aussi par rapport à 2019. Les principales observations sont les suivantes :

  • En 2019, le Danemark enregistrait le ratio le plus élevé (46.5 %) et à l'exception des années 2017 et 2018, où le ratio de la France était plus élevé, ce pays affiche le ratio le plus élevé des pays de l’OCDE depuis 2002. La France avait le deuxième ratio le plus élevé en 2020 (45.4 %). Le Mexique enregistrait le ratio impôts/PIB le plus faible (17.9 %).

  • Sur les 36 pays pour lesquels on dispose de données se rapportant à 2020, le ratio des recettes fiscales rapportées au PIB a, depuis 2018, augmenté dans 20 pays et diminué dans 16.

  • Entre 2019 et 2020, la hausse la plus prononcée du ratio a été constatée en Espagne (+1.9 point). Cette évolution s’explique en grande partie par une hausse des recettes provenant des cotisations de sécurité sociale exprimées en pourcentage du PIB (1.5 point), qui fait suite à une diminution plus faible de ces recettes que du PIB (voir le chapitre 2 pour de plus amples informations). La deuxième hausse la plus marquée a été observée au Mexique (1.6 point), qui a enregistré des hausses dans toutes les grandes catégories d’impôt, tant en termes nominaux qu’en pourcentage du PIB. L’Islande est le seul autre pays affichant une hausse supérieure à 1 point (Graphique 1.2).

  • Le recul le plus marqué du ratio impôts/PIB entre 2019 et 2020 a été constaté en Irlande, avec 1.7 point. Cette baisse tient en grande partie au recul des recettes de TVA, suite à la réduction temporaire des taux de cette taxe en 2020 et au ralentissement de l’activité économique qu’a entraîné la pandémie de COVID-19. Elle s’explique aussi dans une moindre mesure par des baisses plus modestes des impôts sur le revenu, des cotisations de sécurité sociale et des impôts sur le patrimoine.

  • Des baisses supérieures à un point ont également été observées au Chili (1.6 point) et en Norvège (1.3 point). En Norvège, cette baisse s’explique par un net recul des recettes tirées de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (3.5 points), sous l’effet de modifications temporaires de la loi sur la taxation du pétrole visant à aider les compagnies pétrolières et gazières à mener à bien les investissements prévus, et de la possibilité d’imputer les pertes en 2020 sur les excédents taxés des deux années précédentes. Cette baisse a été compensée par des hausses dans toutes les autres catégories principales d’impôt.

    Sur la dernière décennie, le ratio moyen impôts/PIB des pays de l'OCDE a été plus élevé en 2020 qu'en 2010, année où il s’établissait à 31.6 % du PIB en moyenne. Le ratio impôts/PIB a été plus élevé en 2020 qu'en 2010 dans 30 pays. C’est en République slovaque (6.7 points) et en Grèce (6.5 points) que les hausses ont été les plus marquées. Des augmentations supérieures à 5 points ont aussi été enregistrées en Corée, en Espagne, au Japon (données de 2019) et au Mexique. Depuis 2010, des baisses ont été observées dans les huit pays restants. La diminution la plus importante s’est produite en Irlande, où le ratio est passé de 27.7 % du PIB en 2010 à 20.2 % du PIB en 2020, en grande partie sous l’effet de l’augmentation exceptionnelle du PIB en 2015, bien que le ratio recettes/PIB ait continué de s'inscrire dans une tendance légèrement moins marquée à la baisse depuis 2015. La deuxième baisse la plus importante a été constatée en Norvège (3.2 points) et tient essentiellement au recul des recettes fiscales tirées de l’imposition des bénéfices des sociétés(Graphique 1.2)

Les évolutions du ratio des recettes fiscales rapportées au PIB s’expliquent par les variations relatives des recettes fiscales nominales et du PIB nominal. Si les recettes fiscales augmentent plus (ou baissent moins) que le PIB d’une année sur l’autre, le ratio impôts/PIB augmentera. Si, à l’inverse, les recettes fiscales augmentent moins que le PIB, ou baissent plus que le PIB, le ratio diminuera. Aussi, le ratio impôts/PIB ne signifie pas forcément que le montant total des recettes fiscales a augmenté en valeur nominale, voire même en valeur réelle.

En 2020, 20 pays de l’OCDE ont vu leur ration impôts/PIB augmenter par rapport à 2019. Néanmoins, cette augmentation s’explique par une hausse des recettes fiscales nominales dans seulement six de ces pays. Elle est due dans les quatorze autres, à une diminution des recettes fiscale comme du PIB (avec une baisse plus marquée pour le PIB). Sur les 16 pays de l’OCDE qui ont enregistré un recul de leur ratio impôts/PIB en 2020, seul le Danemark affichait des niveaux plus élevés de recette fiscales en valeur nominale par rapport à l’année précédente, mais cette hausse était légèrement inférieure à la croissance du PIB nominal. Onze de ces pays ont enregistré un recul de leurs recettes fiscales nominales comme de leur PIB nominal, avec une baisse plus marquée pour les recettes fiscales ; les quatre autres (Irlande, Chili, Hongrie et Luxembourg) ont vu leurs recettes fiscales nominales diminuer tandis que leur PIB nominal augmentait (Graphique 1.3). En outre, le Graphique 1.3 illustre les variations intervenues entre 2018 et 2019 en Australie et au Japon, où le ratio impôts/PIB n’est pas disponible pour 2020. Dans ces deux pays, les recettes fiscales nominales ont reculé tandis que le PIB a augmenté, entraînant un recul du ratio impôts/PIB.

La dernière année pour laquelle on dispose de ratios des recettes fiscales rapportées au PIB fondés sur des recettes fiscales définitives pour tous les pays de l’OCDE est 2019 (Graphique 1.4). Les chiffres montrent que ces ratios diffèrent sensiblement selon les pays :

  • En 2019, le Danemark enregistrait le ratio le plus élevé (46.6 %), suivi de la France (44.9 %). Cinq autres pays affichaient aussi des ratios impôts/PIB supérieurs à 40 % (Autriche, Belgique, Finlande, Italie et Suède).

  • Le Mexique affichait le ratio le plus faible, à 16.3 %, suivi de la Colombie (19.7 %), du Chili (20.9 %), de l’Irlande (21.9 %), de la Turquie (23.1 %), du Costa Rica (23.6 %) et des États-Unis (25.0 %). Aucun autre pays n’enregistrait un ratio impôts/PIB inférieur à 25 % en 2019, mais trois autres pays affichaient des ratios inférieurs à 30 % (Australie, Corée et Suisse).

  • Le ratio des recettes fiscales rapportées au PIB de la zone OCDE (moyenne non pondérée) atteignait 33.4 % en 2019. Il s’établissait à 33.5 % en 2018.

  • Par rapport à 2018, la charge fiscale globale a augmenté dans 18 pays membres de l’OCDE et a diminué dans 20.

  • L’augmentation la plus importante du ratio a été constatée au Danemark (2.4 points). Les hausses ont dans tous les autres pays été inférieures à un point de pourcentage.

  • Les plus fortes baisses ont été observées en Islande (1.6 point) et en Belgique (1.2 point).

Entre 2018 et 2019, les diminutions du ratio des recettes fiscales rapportées au PIB s’expliquent en grande partie par une baisse des recettes générées par les impôts sur les bénéfices des sociétés et les droits d’accise (0.1 point), compensée par une hausse des recettes générées par l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

Le coefficient moyen dans la zone OCDE a augmenté de 24.8 % à 33.4 % (soit une hausse de 8.6 points, la différence étant due à l'arrondi) entre 1965 et 2019 (Graphique 1.1).

Avant le premier choc pétrolier (1973-74), une croissance des revenus forte et presque ininterrompue a permis aux niveaux d’imposition d’augmenter dans tous les pays de l’OCDE. Les niveaux d’imposition ont augmenté automatiquement sous l’effet de la progressivité des barèmes de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Entre 1975 et 1985, la charge fiscale dans la zone OCDE a augmenté de 2.9 points. Après le milieu des années 70, le ralentissement de la croissance des revenus réels, combiné à l’augmentation du chômage, a limité la capacité des pouvoirs publics à prélever des recettes. Cependant, à partir de la profonde récession qui a suivi le second choc pétrolier (1980), les pays européens ont été amenés à augmenter leurs impôts pour financer la hausse des dépenses de sécurité sociale et s’efforcer de maîtriser les déficits budgétaires.

Après le milieu des années 80, la plupart des pays de l’OCDE ont sensiblement réduit les taux de leurs impôts sur le revenu des personnes physiques et sur les bénéfices des sociétés, mais l’incidence sur les recettes publiques des vastes réformes fiscales qui ont été engagées est restée limitée dans la mesure où, en même temps, la base de ces impôts était élargie par une réduction ou une suppression des déductions fiscales. En 1999, le taux moyen d’imposition dans la zone OCDE avait atteint 33.0 %, soit le niveau le plus élevé enregistré à cette époque. Il s’est ensuite légèrement replié entre 2001 et 2004, avant de repartir à la hausse entre 2005 et 2007, puis de retomber sous l’effet de la crise financière mondiale en 2008 et 2009. En résumé, la charge fiscale moyenne dans la zone OCDE a augmenté de 1.3 point entre 1995 et 2019 (Graphique 1.1).

La moyenne de l’OCDE masque de grandes variations des ratios nationaux. En 1965, les ratios des pays de l’OCDE étaient compris entre 10.6 % en Turquie et 33.7 % en France. En 2019, ces niveaux oscillaient entre 16.3 % au Mexique et 46.6 % au Danemark. La tendance continue à l’augmentation des niveaux d’imposition reflète le besoin de financer l’augmentation considérable des dépenses du secteur public dans presque tous les pays de l’OCDE.

Les structures fiscales sont mesurées par la part des principaux impôts dans les recettes fiscales totales. En 2019, les structures fiscales des pays de l’OCDE affichaient des différences. Dix-sept pays ont tiré l’essentiel de leurs recettes des impôts sur le revenu des personnes physiques et sur les bénéfices des sociétés, dix pays des cotisations de sécurité sociale, et onze pays des impôts sur la consommation (TVA comprise). En 2019, les impôts sur le patrimoine et les impôts sur les salaires jouaient un faible rôle dans la structure des recettes des pays de l’OCDE, tant en moyenne que dans la plupart des pays (Graphique 1.5).

Si, en moyenne, les niveaux d’imposition ont généralement augmenté, la structure fiscale ou le « dosage » des impôts a fait preuve d’une stabilité remarquable dans le temps. Néanmoins, plusieurs tendances se manifestent jusqu’en 2019 (dernière année pour laquelle on dispose de données concernant les 38 pays de l’OCDE). Ces deux approches sont examinées plus en détail ci-dessous.

En moyenne, en 2019, les pays de l’OCDE collectaient 33.1 % de leurs recettes fiscales via les impôts sur le revenu et les bénéfices (somme des impôts sur le revenu des personnes physiques et sur les bénéfices des sociétés). Ces impôts restent la principale source de recettes utilisées pour financer les dépenses publiques dans 17 des pays de l’OCDE, tandis que dans dix d’entre eux – Australie, Canada, Danemark, États-Unis, Irlande, Islande, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande et Suisse – leur part dans le total des impôts en 2019 excède 40 %.

Au sein de la catégorie des impôts sur le revenu et les bénéfices, la part de l’IRPP et de l’IS varie :

  • En 2019, les recettes issues de l’impôt sur le revenu des personnes physiques représentent en moyenne 23.5 % du total des recettes, contre 30 % environ au cours des années 1980. Dans cette baisse, deux points environ peuvent être attribués à l’inclusion dans la zone OCDE de pays d’Europe de l’Est et d’Amérique latine pour lesquels les données relatives aux recettes fiscales ne sont disponibles qu’à partir des années 90. Dans ces pays, les recettes générées par l’impôt sur le revenu sont relativement faibles, alors que celles liées aux cotisations de sécurité sociale ou à l’impôt sur les bénéfices des sociétés sont plus élevées, mais l’effet de l’inclusion de ces pays concerne seulement les données postérieures à l’année 1990.

  • Les différences observées entre les pays sont considérables pour ce qui est de l’importance de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. En 2019, la part de cet impôt allait d’un minimum de 6.8 % en Colombie à 42.0 % en Australie et aux États-Unis et 52.1 % au Danemark (Graphique 1.5).

  • Les recettes provenant de l’impôt sur les bénéfices des sociétés représentaient entre 7 % et 9 % du total des recettes fiscales en moyenne au cours de la période 1965 à 2003. Elles ont ensuite augmenté pour atteindre un maximum de 11.3 % en 2007, avant de retomber à 9.0 % en 2010, tout de suite après la crise financière. Elles sont restées relativement stables, oscillant entre 9.0 % et 10.0 % du total des recettes fiscales jusqu'en 2018, avant de revenir à 9.6 % des recettes fiscales en 2020.

  • La part des impôts sur les bénéfices des sociétés dans les recettes fiscales totales affiche une dispersion considérable, de moins de 5 % environ (France, Hongrie, Italie et Lettonie) à plus de 20 % au Mexique (20.1 %), au Chili (23.4 %) et en Colombie (24.0 %) en 2019. Hormis la dispersion des taux légaux d’imposition des sociétés, ces différences sont au moins partiellement imputables à des facteurs institutionnels ou spécifiques aux pays, tels que :

    • La proportion des entreprises constituées sous forme de sociétés,

    • L’érosion de la base d’imposition des sociétés consécutive, par exemple, à des méthodes généreuses de calcul de l’amortissement et à des incitations fiscales,

    • Le caractère cyclique du système de l’impôt sur les sociétés, conditionné en partie par les dispositions relatives à la compensation des pertes,

    • Le degré de dépendance à l’égard des recettes fiscales tirées de l’exploitation de gisements pétroliers et/ou de minerais, et

    • D’autres instruments permettant de différer l’imposition des bénéfices.

En 2019, les cotisations de sécurité sociale représentaient 25.9 % du total des recettes fiscales en moyenne dans la zone OCDE. Elles étaient les plus élevées en République tchèque et en République slovaque (respectivement 44.2 % et 43.4 %). En revanche, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ne collectent pas de cotisations de sécurité sociale.

On observe par ailleurs de grandes différences entre les pays de l’OCDE pour ce qui est des parts relatives des cotisations de sécurité sociale versées par les salariés et par les employeurs (Graphique 1.7) :

  • Neuf pays (Chili, Danemark, Grèce, Hongrie, Israël, Lituanie, Luxembourg, Pologne et Slovénie mobilisent davantage de recettes grâce aux cotisations salariales de sécurité sociale, tandis que les autres pays en collectent davantage grâce aux cotisations patronales.

  • C’est en Lituanie que la part des recettes provenant des cotisations salariales de sécurité sociale est la plus élevée, puisqu’elle atteint 24.2 % du total des recettes. L’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, le Japon, la Pologne et la Slovénie) enregistrent également des recettes issues des cotisations salariales supérieures à 15 % du total des recettes fiscales. C’est au Danemark que cette part est la plus faible, à 0.1 % du total des recettes. Outre le Danemark, l’Estonie est le seul autre pays où les cotisations salariales de sécurité sociale généraient moins de 5 % du total des recettes.

  • L’Estonie est le pays où la part des recettes fiscales totales générées par les cotisations patronales de sécurité sociale est la plus élevée (33.3 %). Cette part dépasse également 25 % des recettes totales en République tchèque (28.3 %), en République slovaque (26.3 %) et en Espagne (26.0 %). Le Danemark et le Chili enregistrent les parts les plus faibles, respectivement à 0.03 % et 0.2 % du total des recettes.

  • C’est aux Pays-Bas et en Pologne que la part des cotisations de sécurité sociale acquittée par les travailleurs indépendants et les chômeurs dans le total des recettes fiscales est la plus élevée, à respectivement 7.8 % et 7.3 %.

Entre 1965 et 2019, la part des impôts sur le patrimoine a été ramenée de 7.9 % à 5.5  % du total des recettes fiscales en moyenne dans les pays de l’OCDE (Graphique 1.6). Les recettes provenant des impôts sur le patrimoine représentaient plus de 10 % des recettes totales au Canada, en Corée, en Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Par comparaison, les impôts sur le patrimoine ont représenté moins de 1 % du total des recettes en Estonie et en Lituanie.

  • La part des impôts sur la consommation (impôts généraux sur la consommation plus impôts spécifiques sur la consommation) a diminué de 38.4 % à 32.6 % entre 1965 et 2019 (Graphique 1.6).

  • Pendant cette période, la composition des taxes sur les biens et services s’est profondément modifiée. Les impôts généraux sur la consommation ont vu leur importance en tant que source de recettes s’affirmer rapidement, notamment pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui est prélevée dans 37 des 38 pays de l’OCDE.3

  • Les impôts généraux sur la consommation représentent 21.0 % des recettes fiscales totales, contre seulement 11.9 % au milieu des années 1960. En 2019, elles provenaient principalement de la TVA (20.3 % du total des recettes fiscales) (Graphique 1.6).

  • La montée en puissance de la taxe sur la valeur ajoutée a contribué à compenser la diminution de la part des impôts spécifiques sur la consommation, tels que les droits d’accise et les droits de douane.

  • Entre 1975 et 2019, la part des impôts spécifiques sur la consommation (surtout sur le tabac, les boissons alcoolisées et le carburant, ainsi que certaines taxes environnementales) a été réduite de près de moitié, passant de 17.7 % à 9.5 % du total des recettes. En 2019, les droits d’accise constituaient la principale catégorie et généraient 7.2 % du total des recettes (Graphique 1.8).

  • Les taux des impôts sur les produits importés ont fortement baissé dans tous les pays de l’OCDE, ce qui s’explique par la tendance générale à la suppression des obstacles aux échanges.

  • Néanmoins, des pays tels que le Costa Rica, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, le Mexique, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la Slovénie (entre 11 % et 15 %) et la Turquie (19.3 %) collectent encore une fraction relativement importante de leurs recettes fiscales totales grâce aux taxes sur des biens et services spécifiques.

Cette section examine la part relative des recettes fiscales attribuées aux différents sous-secteurs des administrations publiques en 2019. Les sous-secteurs sont les suivants :

  • Administration centrale

  • Collectivités régionales ou provinciales (pays fédéraux ou régionaux uniquement)

  • Collectivités locales

  • Caisses de sécurité sociale

  • Autorité supranationale (pays de l’UE uniquement)

Les directives suivies pour attribuer ces parts des recettes aux différents niveaux d’administration s’appuient sur la version finale du Système des comptes nationaux de 2008. Ces directives sont examinées dans l’Étude spéciale S.1 de l’édition 2011 des Statistiques des recettes publiques de l’OCDE.

Huit pays de l’OCDE ont une structure fédérale. Dans ces pays, en 2019, les administrations centrales ont perçu 53.0 % des recettes totales en moyenne. Viennent ensuite les caisses de sécurité sociale, qui constituent un sous-secteur de l’administration centrale et qui ont reçu 21.4 % des recettes totales, suivies des collectivités régionales ou provinciales (17.7 %) et des collectivités locales (7.7 %) (Tableau 1.3). Toutefois, on constate des variations considérables par rapport à ces moyennes dans les différents pays :

  • En 2019, dans les huit pays fédéraux de l’OCDE, la part des recettes de l’administration centrale variait de 29.3 % en Allemagne à 80.8 % en Australie.

  • En 2019, la part des collectivités régionales ou provinciales s’échelonnait entre 2.0 % en Autriche, 4.1 % au Mexique, 10.6 % en Belgique et 39.5 % au Canada. La part des collectivités locales était comprise entre 1.7 % au Mexique et 14.6 % aux États-Unis et 15.7 % en Suisse.

  • Entre 1975 et 2019, la part des recettes de l’administration fédérale a reculé de plus de 14 points en Belgique, et de cinq à six points au Canada et aux États-Unis.

  • La part des recettes de l’administration fédérale a augmenté en Autriche de 13 points environ. Il y a eu peu de changement en Australie et au Mexique.

  • Sur les sept pays fédéraux dotés de caisses de sécurité sociale, cinq ont vu la part des recettes de ces caisses augmenter entre 1975 et 2019. Les exceptions sont le Canada et le Mexique, où la part des recettes a légèrement diminué entre 1975 (1980 pour le Mexique en raison de la disponibilité des données) et 2019.

La Colombie et l'Espagne sont constitutionnellement des pays non fédéraux, mais avec une structure politique très décentralisée, et très variable selon le niveau d’administration. En 2019, la part des recettes en Colombie de l’administration centrale s’élevait à 73.0 %, contre 5.0 % pour les collectivités régionales et 12.5 % pour les collectivités locales. En 2019, la part des recettes en Espagne de l’administration centrale s’élevait à 40.2 %, contre 15.4 % pour les collectivités régionales et 9.2 % pour les collectivités locales.

Les vingt-huit autres pays de l’OCDE ont une structure unitaire. Dans ces pays, 63.2 % des recettes en moyenne provenaient de l’administration centrale, tandis que les caisses de sécurité sociale généraient 25.5 % des recettes et que 10.9 % étaient recouvrées par les collectivités locales. Dans les pays unitaires de l’OCDE :

  • La part des recettes de l’administration centrale en 2019 se situait entre 32.6 % en France et 93,1 % en Nouvelle-Zélande.

  • La part des collectivités locales variait de 0.8 % en Estonie à 35.5 % en Suède.

  • Entre 1975 et 2019, la part des collectivités locales a augmenté de 5 points ou plus dans six pays – Corée, France, Islande, Italie, Portugal et Suède. Une diminution de la part des collectivités locales de 5 points ou plus a été enregistrée dans trois pays – Irlande, Norvège et Royaume-Uni.4

  • Entre 1975 et 2019, la part des caisses de sécurité sociale a progressé de 7 points ou plus dans quatre pays – Corée, Finlande, France et Japon – tandis qu’elle enregistrait des baisses du même ordre de grandeur dans quatre autres pays – Italie, Norvège, Portugal et Suède.

Le Graphique 1.9 montre la répartition des recettes de l’administration centrale et des administrations infranationales pour chacune des principales catégories de recettes fiscales. Pour les pays à structure fédérale et régionale, le niveau infranational englobe les recettes perçues à la fois par les collectivités régionales et locales. Le Graphique 1.9 montre que :

  • Dans pratiquement tous les pays de l’OCDE, les recettes de l’administration centrale proviennent essentiellement des impôts sur le revenu et des impôts sur les biens et services, tandis que les impôts sur le patrimoine ne représentent qu’une part négligeable.

  • Au niveau infranational, les recettes issues des impôts sur le patrimoine procurent une part des recettes totales beaucoup plus élevée qu’au niveau central, et représentent plus de 90 % du total dans quatre pays (Irlande, Israël, Grèce et Royaume-Uni).

  • À l’inverse, la part des impôts sur le revenu et des impôts sur les biens et services est plus faible au niveau infranational, à l’exception de la Finlande, du Luxembourg et de la Suède, où plus de 90 % des recettes perçues par les administrations infranationales proviennent des impôts sur le revenu.

Les vingt-deux États membres de l’UE qui sont également membres de l’OCDE collectent des impôts pour le compte de l’Union européenne (UE), tout comme le faisait le Royaume-Uni avant 2020. Ces impôts se composent principalement des droits de douane et des contributions au fonds de résolution unique5. Ces deux impôts sont collectés pour le compte de l’UE par les administrations fiscales nationales et sont inclus dans le total des impôts sous les rubriques 5123 et 5126 au niveau SUPRA de l’administration. En outre, ils sont mentionnés pour mémoire séparément des chiffres principaux, car ils représentent un impôt prélevé par l’UE et perçu par les administrations nationales.6

Le Tableau 1.5 indique le niveau des impôts perçus pour le compte d’organisations supranationales dans les pays de l’UE qui sont également membres de l’OCDE, en distinguant les pays de l’UE qui sont membres de la zone euro et ceux qui ne le sont pas.

En 2019, c’est en Belgique et aux Pays-Bas que le total cumulé des paiements perçus pour le compte de l’UE a été le plus élevé en pourcentage du PIB (plus de 0.4 %). Des niveaux supérieurs à 0.2 % du PIB ont également été observés en Estonie, en Grèce, en Lituanie, au Luxembourg, en Espagne et en Allemagne. Dans tous les autres pays de l’UE également membres de l’OCDE, les recettes perçues pour le compte de l’UE représentaient entre 0.1 et 0.2 % du PIB. Les droits de douane constituaient la principale source de ces recettes dans tous les pays à l’exception de la Finlande, de la France et du Luxembourg.

Il existe deux types de crédits d’impôt qui s’appliquent aux impôts sur le revenu (revenu des personnes physiques et bénéfices des sociétés) :

  • Les crédits d’impôt non récupérables (ou non remboursables) ne peuvent être utilisés que pour réduire ou éliminer le montant de l’impôt à payer. Ils ne peuvent donner lieu à un versement sous forme d’avantage monétaire au profit des contribuables, qu’ils soient imposables ou non. Ils sont donc équivalents aux abattements ou déductions fiscales.

  • Au contraire, il existe deux sortes de crédits d’impôt récupérables (ou remboursables). L’une sert à réduire, voire éliminer, le montant de l’impôt à payer de la même manière qu’un crédit d’impôt non remboursable. L’autre peut donner lieu à un paiement direct au récipiendaire sous forme monétaire dès lors que le montant de l’avantage fiscal dépasse celui de l’impôt à payer.

La méthode employée par l’OCDE pour le classement des crédits d’impôt récupérables est décrite dans les paragraphes 25 et 26 du Guide d’interprétation. Elle prévoit que seule la fraction du crédit d’impôt récupérable qui sert à réduire ou éliminer le montant de l’impôt dû par un contribuable doit être déduite dans la déclaration des recettes fiscales. Elle est appelée « composante fiscale » ou « élément de dépense fiscale » du crédit d’impôt. À l’inverse, la fraction du crédit d’impôt qui excède le montant de l’impôt dû par ce contribuable et qui lui est payée est considérée comme une dépense et n’est pas déduite dans la déclaration des recettes fiscales. Cette partie est appelée « composante transfert » ou « élément de transfert ».

Le Tableau 1.6 livre des informations sur les crédits d’impôt récupérables en 2019 pour les pays qui les déclarent dans les Statistiques des recettes publiques 2021 (bien qu’il soit possible que certains pays accordant des crédits d’impôt récupérables n’apparaissent pas dans ce tableau). Ce tableau indique le montant des crédits d’impôt récupérables et de leurs deux composantes, ainsi que les résultats de l’utilisation des chiffres pour calculer le montant des recettes fiscales et les ratios recettes fiscales-PIB. Le Tableau 1.6 fait également ressortir deux traitements possibles :

  • La « comptabilisation en chiffres nets », qui assimile les crédits d’impôt récupérables à des dispositions fiscales, de telle sorte que la totalité du crédit d’impôt réduit le montant des recettes fiscales déclarées, comme le montrent les colonnes 4 et 7.

  • La « comptabilisation en chiffres bruts » en est l’exact opposé ; elle considère la totalité des crédits d’impôts récupérables comme des dépenses directes, de sorte que, comme le montrent les colonnes 6 et 9, ni l’élément de transfert, ni l’élément de dépense fiscale ne sont déduits des recettes fiscales. C’est l’approche suivie par le Manuel de statistiques des finances publiques (MSFP) du FMI et par le système des comptes nationaux (SCN).

Le Tableau 1.6 montre cependant que, à quelques exceptions près, le choix de la méthode de comptabilisation des crédits d’impôt récupérables n’a qu’une faible incidence sur le ratio recettes fiscales-PIB. Dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, l’écart entre les ratios calculés sur la base du solde net et du montant brut n’est supérieur ou égal à un point qu’en Allemagne, aux États-Unis, en France, et au Royaume-Uni et il est compris entre un demi-point et un point en Australie, au Canada, en Italie, en Nouvelle-Zélande et en République tchèque.

Un tableau fourni pour mémoire7 dans les Statistiques des recettes publiques 2020 décrit le financement des prestations de sécurité sociale dans les pays de l’OCDE. Contrairement aux prestations d’aide sociale, qui sont financées par les recettes des administrations publiques, les prestations de sécurité sociale sont financées par des cotisations à la sécurité sociale ou à des régimes d’assurance privés, ou par d’autres sources de financement préaffectées. Ces sources de financement comprennent :

  • Les recettes fiscales affectées au financement des prestations de sécurité sociale :

    1. 1. Cotisations de sécurité sociale (CSS, catégorie 2000 dans la classification OCDE)

    2. 2. Autres impôts affectés aux prestations de sécurité sociale

  • Les recettes non fiscales affectées au financement des prestations de sécurité sociale :

    1. 3. Cotisations facultatives à l'administration

    2. 4. Cotisations obligatoires au secteur privé

Le Graphique 1.10 montre la part relative de chacune de ces sources dans le financement des prestations de sécurité sociale au sein des pays de l’OCDE. Le graphique est basé sur les données fournies par les pays pour inclusion dans tableau fourni pour mémoire pour les Statistiques des recettes publiques 2020.

Les impôts représentent la principale source de financement affecté aux prestations de sécurité sociale, principalement par le biais des cotisations de sécurité sociale. Ensemble, les cotisations de sécurité sociale et les autres impôts affectés représentent plus de 90 % du financement des prestations de sécurité sociale dans 26 pays de l’OCDE, et 100 % dans 11 autres pays. Dans les neuf pays restants de l’OCDE, les cotisations obligatoires au secteur privé représentent une part plus importante du financement de ces prestations, avec 80.0 % au Chili, 68.8 % en Colombie, et 52.6 % en Suisse, et une part plus modeste en Islande, au Mexique et en Israël. Rares sont les pays où la part des contributions volontaires est importante : celles-ci représentent plus de 10 % du financement uniquement au Royaume-Uni et au Danemark.

Le Graphique 1.11 montre les ratios impôts/PIB (comme dans le Tableau 1.1 et le Graphique 1.4), à la fois hors financement préaffecté aux prestations de sécurité sociale (c’est-à-dire les ratios impôts/PIB diminués des cotisations de sécurité sociale et autres impôts préaffectés) et financements hors impôts préaffectés aux prestations de sécurité sociale inclus (c’est-à-dire les ratios impôts/PIB - cotisations de sécurité sociale et autres impôts préaffectés compris- plus les cotisations obligatoires au secteur privé et les contributions volontaires au secteur public).

Les pays où la part des régimes de sécurité sociale financés par des contributions non fiscales préaffectées est la plus importante sont la Suisse (8.2 % du PIB), le Chili et l’Islande (6.1 % dans les deux cas), ce qui influe sensiblement sur leur classement :

  • La Suisse affiche un ratio impôts/PIB relativement faible, à 27.4 %, mais son ratio combiné se situe à peu près à mi-chemin dans la distribution de l’OCDE ;

  • L’Islande a un ratio impôts/PIB de 34.8 %, qui la place dans le tiers supérieur des pays de l’OCDE, et un ratio combiné de 41.0 %, ce qui est le huitième ratio le plus élevé de la zone OCDE.

  • Le Chili a le troisième ratio impôts/PIB le plus bas et le sixième ratio combiné le plus faible.

La déduction des fonds affectés au financement des prestations de sécurité sociale du ratio impôts/PIB n’affecte pas l’Australie, le Danemark et la Nouvelle-Zélande, où les prestations sont financées en dehors de la fiscalité générale. Le Graphique 1.11 montre que c’est en France que la part des fonds préaffectés aux prestations de sécurité sociale est la plus grande, à 24.5 % du PIB, comme l’indique l’écart entre les points les plus élevés et les points les plus bas du graphique. La Belgique, l’Islande, la République slovaque et la Suisse se situent juste après la France, avec des parts comprises entre 15 % et 18 % du PIB.

Notes

← 1. Dans les Statistiques des recettes publiques 2021, les données provisoires concernant l’Australie et les cotisations de sécurité sociale au Japon ne sont pas disponibles pour l'année 2020.

← 2. En 2016, l’Islande a perçu des recettes provenant de contributions à la stabilité, de nature exceptionnelle, acquittées par des entités qui exerçaient des activités de banque commerciale ou de caisse d’épargne par le passé, et qui cessaient leurs activités. Les recettes provenant de ces contributions ont entraîné une augmentation particulièrement forte des recettes fiscales en 2016. Le ratio islandais des recettes fiscales rapportées au PIB est ainsi passé de 35.1 % en 2015, à 50.3 % en 2016, avant de se replier à 37.1 % en 2017. Il en est résulté un niveau artificiellement élevé de 33.6 % du ratio moyen impôts/PIB de la zone OCDE en 2016. Sans ces recettes exceptionnelles en Islande, la moyenne du ratio des recettes fiscales rapportées au PIB aurait été de 33.2 %, soit une augmentation de 0,3 point par rapport à 2015.

← 3. Les expressions « taxe sur la valeur ajoutée » et « TVA » désignent toute taxe nationale qui présente les caractéristiques fondamentales d’une taxe sur la valeur ajoutée, quel que soit son nom ou son acronyme, par exemple « taxe sur les produits et services » (« TPS »).

← 4. Pour 1975, veuillez consulter le Tableau 1.4 des Statistiques des recettes publiques 2021.

← 5. Le Fonds de résolution unique (FRU) a été mis en place en 2015 et les pays de la zone euro sont tenus de l’alimenter par des contributions en vertu du mécanisme de résolution unique (Règlement (UE) no 806/2014). Les contributions sont versées sur une base ex ante et transférées au Fonds de résolution unique par les autorités nationales. Jusqu'à présent, des contributions ont été collectées pour la période 2015-2020.

← 6. De plus, les fonctionnaires européens payent un impôt sur le revenu et des cotisations de sécurité sociale directement à l’Union européenne. Ces recettes ne sont prises en compte ni dans les données ni dans les totaux des recettes fiscales figurant dans cette publication, dans la mesure où elles ne sont ni versées à, ni collectées par, une administration nationale. Néanmoins, un compte pour mémoire figurant à la fin du tableau par pays correspondant au chapitre 5 donne, pour deux des pays qui comptent le plus de fonctionnaires européens (la Belgique et l’Italie), un aperçu de l’importance de ces paiements.

← 7. Le financement des prestations de sécurité sociale est présenté dans le tableau 4.77 en données comparables (pourcentage du PIB) et dans le tableau 5.39 en monnaies nationales.

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